Benedikt sourit légèrement sans rien dire, le nez dans les cheveux rouges de Vrass qui ne semblais pas vouloir le lâcher. Puis il finit par l'embrasser et s'habilla avant de l'emmener en bas fermer la boutique. Serré contre lui, le botaniste finit enfin par répondre ;
« Oui. Parce que tu vas me promettre de lui expliquer, de lui laisser un moyen de te retrouver s'il veux te revoir quand il seras plus grand, et il voudras sûrement, et de l'aider s'il a un jour des ennuis. Ce gamin va être adopté, juste parce que j'en ai envie et que je l'ai décidé. Mais je veux être sûr, au cas où, qu'il ait quelqu'un sur qui compter, même s'il ne le voit pratiquement jamais. Et même s'il reste à l'orphelinat jusqu'à ce qu'il en parte de lui-même. Et je sais que tu es d'accord avec moi, n'est-ce pas ? »
Il mentait un peu, il voulait en être certain plus qu'il n'en était certain. Mais ils changèrent de décors avant que Vrass n'ait le temps de répondre. Le botaniste leva la tête vers le ciel, intrigué par l'absence de pluie alors qu'il avait remarqué que l'averse n'était pas encore finie à travers la fenêtre de la chambre du tatoueur quand il était encore là-bas. Ah oui, le Dôme. Benedikt ne l'avait pas remarqué mais il ne pleuvait pas à la Basse-ville, sauf quand on voulait qu'il pleuve. C'est-à-dire dans les jardins de Bellevue, très souvent. Dans le reste de la ville, pas quand ce n'était pas vraiment nécessaire. Il s'étonna lui-même d'avoir été si distrait et de ne s'être jamais posé de questions sur les changements brusques de la météo quand il travaillait là-bas. C'est sûr qu'il y avait énormément d'autres choses qui retenait son attention, en ville.
Refusant de lâcher complètement Vrass, pour les mêmes raisons qui avait motivé celui-ci quelques minutes plus tôt, il attrapa sa main et l'emmena jusqu'à chez lui. Un homme au sourire narquois, appuyé contre un mur, interpella Benedikt alors qu'ils rentraient dans le hall de son immeuble.
« Alors tu n'en veux toujours pas, gamin ? »
Le botaniste se retourna et haussa les sourcils avant de comprendre qu'il avait déjà vu l'homme en question de nombreuses fois, avec toujours la même question à la bouche.
« Non, toujours pas. » dit-il avec un sourire. La même réponse avait été aussi faite tant de fois que c'était presque devenue une plaisanterie entre eux.
Il monta quelques étages et attendit d'être sûr qu'on ne pouvait plus l'entendre d'en haut.
« Heu, il y a pas mal de vendeurs, ici, et ce qu'il vendent est pas trop... légal, je crois. Je le vois souvent, lui. » expliqua-t-il à Vrass.
Benedikt s'arrêta et passa une main sur le visage aux traits tirés du tatoueur.
« Viens, j'en ai pas pour longtemps, promis, après on rentre. »