«Attrape ce qui te passe par la main!» - je me tournais pour voir ce qu'il trafiquait, remarquant qu'il croquait dans une pâte comme ça, crue, ce qui me fit marrer alors que je baissais les yeux sur son tatouage - «Ça y'est? Tu te prends vraiment pour une loutre à présent?»
Je rajoutais un peu de vin à la sauce et je remuais doucement à présent pour ne pas écraser les boulettes de viande, lorsque l'eau se mit à bouillir, j'ajoutais les pâtes tout en baissant la puissance de la plaque et en me retrouvant à remuer tantôt l'un, tantôt l'autre. Puis j'éteignais le feu de la sauce avant de continuer à remuer les pâtes avant de les goûter. Lorsqu'elles étaient prêtes, je les égouttais avant de lui montrer un placard - «Tiens les assiettes sont là! Il faudrait mettre la table!»
Je venais prendre ensuite le verre qu'il m'avait servi et je le lui tendais pour qu'on puisse trinquer, puis je venais boire une gorgée avant de sortir un grand saladier, j'y jetais les pâtes d'abord, puis je mettais la sauce par-dessus avant de prendre une grande cuiller et une fourchette pour remuer le tout. Je venais poser le saladier sur la table lorsque j'entendis la porte d'entrée
«Mr Rannveig?» - je plongeais mon regard surpris dans celui de Benedikt avant de me tourner vers le four pour voir l'heure... qui passe à cette heure ci? Ce n'est pas un client, c'est super rare que j'en ai aussi tard. Je venais attraper un torchon pour m'essuyer les mains, et je m'avançais, le gars portait un costume plutôt élégant, le genre psy ou fils de riche
«Oui c'est moi. C'est pourquoi?» - je faisais un signe de tête à Benedikt pour qu'il vienne avec moi, je me doutais qu'il aurait souhaité se planquer, mais là ce n'était pas un client c'était évident
«Vous êtes Vrass Rannveig»
«Oui, c'est moi» Je venais me mettre derrière le comptoir alors qu'il s'avançait pour poser sa serviette par dessus.
«Vous connaissez une certaine Meicha Volare?» - j'écarquillais les yeux avant de froncer les sourcils, je venais alors prendre mon livre de comptes pour regarder, sur le coup, le nom ne me disait rien, mais je pouvais le voir apparaître avec un tatouage de deux dauphins au creux des reins
«Oui, pourquoi? Il y a un problème avec son tatouage?» - d'après les dates, ça remontait à 6 ans! Je n'étais pas encore un tatoueur officiel, du moins je n'étais pas encore sous la protection de Sayah et je restais donc dans les ghettos. Les tatouages n'avaient pas d'effets, ce n'était que décoratif, et je me souvenais donc forcément de son visage, elle était plutôt jolie et forcément, ça avait fini comme souvent.
«Non, Monsieur. Mais elle est décédée il y a trois jours.» - j'ouvrais la bouche d'un air déconfit, ça ne pouvait pas être à cause du tatouage, s'il y avait eu une infection ou autre, elle serait morte bien avant
«Euh... ben je suis désolé pour elle. Mais quel rapport ça a avec moi?»
«Elle vous a désigné comme son unique légataire... elle n'avait aucune famille.» - ah oui! je me souviens! C'est ce qui nous avait rapprochés d'ailleurs - dans le même lit j'entends - je lui avais dit que je n'avais plus personne et elle m'en avait un peu parlé. Bon quoi donc, une histoire d'héritage?
«Et elle me laisse quoi?» - mon visage n'était pas du tout intéressé, je voulais juste qu'il dégage rapidement, au fond, j'en n'avais rien à faire. Et franchement, je la trouvais un peu tarée de me désigner moi alors que j'ai juste couché avec elle une nuit!
«Elle vous confie la garde de son fils. De votre fils...»
Là par contre, j'écarquillais les yeux et sentais presque mes jambes se dérober sous moi
«Vous rigolez????»
«Non. Il s'appelle Nathan, et je peux vous garantir que quand on le voit et quand on vous voit, c'est bien votre fils...» - il sortit alors une photo pour me le montrer, un petit garçon d'environs cinq ans, les cheveux rouges et des yeux vairons... la peau mate et pourtant, il avait le nez et la forme du visage de sa mère... je tremblais un peu, je me doutais qu'un jour ça arriverait mais pas que ça me concernerait! En tout cas oui, du premier coup d'œil, on voyait bien que j'étais son père, même s'il n'avait pas hérité de mes cornes - «Il est pour le moment dans un orphelinat de la Basse Ville. Sachez que vous n'êtes pas obligé d'accepter de le recueillir, vous pouvez aussi demander à ce qu'il reste à l'orphelinat et qu'il soit adopté par d'autres personnes.»
Il me laissa alors sa carte sur le comptoir - «Voici mes coordonnées, vous pouvez garder la photo. J'aurais besoin d'une réponse sous une semaine maximum. Il y aura beaucoup de papiers à remplir quelle que soit votre réponse.»
Je ne disais rien, je tendais la photo à Benedikt pour avoir les mains libres afin de m'appuyer sur le comptoir, l'homme était déjà parti. Je devais avoir le teint bien pâle... qu'est-ce que j'allais faire?