Abbaye de Saint Illidàn

Au nord, entre Ephtéria et Balaïne, Aspasie est déposée en bordure de fleuve. Plaque tournante du commerce, c'est également une ville très prisée pour sa beauté sereine et ses plages paisibles.

Image

Abbaye de Saint Illidàn

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 23:33

Messages recopiés de l'ancien forum


Précédemment : Non loin d'Aspasie.
Image

Selena de Lusignan :
    Les cloches sonnaient la huitième heure de la soirée. Le soleil avait disparu, remplacé par les éclats pâles de la lune. Les torches étaient allumées dans les ruelles qui commençaient à se faire désertes. Les soldats de jour de la garnison du seigneur Manôlis effectuaient leurs dernières rondes avant d'être remplacées par les veilleurs de nuit. La main gauche sur le pommeau de leur épée et l'autre tenant une lanterne, les militaires étaient attentifs au moindre signe suspect.

    Devant l'abbaye, deux grandes statues à l'effigie d'Alrik se tenaient sur un promontoire. Une volée de marches menait au portail de l'édifice flanqué de pilastres et de hauts reliefs représentant la divinité dans différents moments de son histoire passée et vénérée par les prêtres. Trois portes étaient ouvertes laissant sortir les quelques croyants qui venaient faire leurs dernières offrandes et prières. Un imposant vitrail arborait les couleurs du royaume et diffusait son éclat sur toute la place de l'abbaye. Un moine accompagna les derniers pèlerins et s'apprêta à fermer les portes. Il fut bientôt rejoint par ceux qui s'étaient attelés à faire sonner les cloches. Tous portaient une bure marron foncé et étaient chaussés de bottes de la même couleur. Leurs vêtements étaient ceints d'une ceinture à laquelle pendaient deux ouvrages peu épais et richement décorés.

Archélas Ages :
    Sur les pavés de l'une des grandes allées d'Aspasie, les pas précipités de la jument sonnaient et leur écho allait se répercuter sur les façades crayeuses des maisons. La pluie avait cessé enfin mais les rues n'en étaient pas moins glissantes et parsemées de flaques reflétant les rayons de la lune. À cette heure tardive et par ce froid, rares étaient les individus osant encore s'aventurer dehors et pourtant, les soldats furent bientôt alertés par le galop d'un cheval et, surtout, par le bruit horrible du bois raclant le sol et s'accrochant sur les aspérités des pavés. L'embarcation provoquait parfois des crissements à vous vriller les tympans et vous faire grincer des dents grâce à quelques grains de sables restés accrochés entre les planches.

    Les épées furent tirées hors de leurs fourreaux dans un bruit clair et les lames étincelèrent dans la nuit :

    « Halte ! Qui va là ?!! » hurla l'un des soldats.

    Sa voix inquiéta ses compagnons d'arme qui se rapprochèrent afin de lui prêter main forte. Il y eut un grognement de protestation, puis les sabots ferrés ripèrent en envoyant quelques étincelles mourir dans la nuit et Nemesis s'arrêta, les naseaux dilatés et sanglants, épuisée par l'effort. De gros nuages de vapeur s'échappaient de sa bouche ouverte sous la douleur infligée par le mors et une multitude de gouttes de pluies allèrent ruisseler, se perdant dans l'écume chaude et fumante sur son poitrail.

    « Archélas Ages, capitaine au service de sa Majesté. »

    Les soldats eurent un mouvement de surprise. Archélas Ages ? Jamais entendu parler ! Cependant, à y regarder d'un peu plus près, l'homme semblait bien être qui il prétendait. Le harnachement de son cheval, pour commencer, avait tout de royal, contrairement à l'accoutrement de son cavalier. Puis la cape tomba, repoussée d'un geste et chacun pu reconnaître l'uniforme de l'armée du Roy Livian. Archélas sauta à terre et alla s'enquérir de l'état de santé de celle qu'il avait transbahutée jusqu'ici. Ayant perdu beaucoup de sang, elle était presque aussi pâle que la voile dans laquelle le jeune homme l'avait enveloppée. Inquiet, Archélas la souleva avec mille précautions et se dirigea vers l'Abbaye sans un regard pour les soldats restés plantés là.

    « Par Alrik ! Ne me viendrez-vous pas en aide ?! Ouvrez-moi ces portes ! » ordonna t-il brusquement.

    Il fut promptement obéit et pu s'engouffrer avec grand fracas dans l'édifice jusque là aussi silencieux qu'une tombe. Les prêtres se retournèrent aussitôt, à la fois effrayés et scandalisés par cette entrée aussi bruyante qu'irrespectueuse ! Pourtant, lorsque leurs regards croisèrent le corps ballotté de la jeune femme, tous se mirent en mouvement en même temps, portés par leur volonté de venir en aide à ceux qui en faisaient la demande silencieuse. Comme une fourmilière qui s'agite toute à coup, l'Abbaye s'anima et chacun s'affaira à pas pressés, qui ramenant des bandages et autres linges propres (et secs), d'autres des bassines d'eau bouillante et des alcools désinfectants à vous en faire tourner la tête. Peu de mots furent échangés que déjà, Archélas était attiré à part et prié de se changer, tandis que la jeune femme disparaissait dans une pièce isolée, accompagnée par des femmes prévenantes et attentionnées.

    Quelques bruits de pas encore, puis ce fut de nouveau le silence...

Selena de Lusignan :
    Alors que les femmes s'affairaient à soigner les plaies de Selena, un horrible cri de douleur jaillit de sa gorge lorsqu'on appliqua un linge imbibé d'alcool. Les guérisseuses sursautèrent et reculèrent tous de plusieurs pas. Elles contemplèrent d'un air dépité la jeune capitaine qui avait l'air d'avoir repris connaissance. De nouveaux cris retentirent, des cris déchirant l'âme et qui résonnèrent longtemps dans la pièce au plafond extrêmement haut. Les femmes reprirent leur travail, l'une d'entre elle s'approcha du visage de Selena et murmura d'une voix posée qui, néanmoins ne cachait pas son anxiété:

    " Calmez-vous! Vous êtes à l'abbaye Saint Illidàn à Aspasie. Nous sommes là pour vous soigner. "

    Selena transpirait de partout. Des gouttes de sueur perlait sur son visage meurtri. Sa respiration était un râle rauque saccadé. De sa bouche s'échappait de grandes quantités de sang qui coulaient sur des chiffons déjà imbibés de rouge. Un nouveau cri retentit lorsqu'une des femmes appliqua un linge qui gouttait encore d'alcool sur son visage. La capitaine n'était pas inconsciente, elle était réveillée depuis qu'elle avait été transportée dans un frêle esquif. Seulement, elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux ni à bouger ses membres. Une guérisseuse coupa le tissu qui recouvrait la cuisse ensanglantée depuis plusieurs minutes déjà et le retira, dévoilant une longue estafilade rouge qui laissait voir à travers la chair, l'os. Les muscles étaient déchirés et bientôt, quelqu'un appela :

    " Nous avons besoin d'un médecin! Vite! "

    Une des personnes se leva et courut à grandes enjambées vers la porte et en sortit bruyamment, ameutant les quelques moines qui parlaient entre eux. Bientôt, la jeune femme qui était partie revint avec un homme vêtu d'une simple bure et chaussés de sandales qui claquaient sur le sol à chaque pas. On remplaça le tissu qui recouvrait la jambe et Selena émit un gémissement que la blessure fut mise à l'air libre pendant un court instant. Le médecin, qui était en fait un simple moine ayant quelques aptitudes à recoudre les plaies, s'attela à rapprocher les deux parois ensanglantées de la cuisse et réclama ensuite du fil à coudre ainsi qu'une aiguille qui lui furent apportées rapidement.

    " Il faut qu'elle se rendorme ou qu'on l'empêche de ressentir la douleur car cela va être extrêmement désagréable d'autant plus que le muscle a été bien entamé. " lança-t-il à l'intention d'une des jeunes femmes qui l'entouraient.

    Il n'y eut pas de réponse. Le moine commença à réciter une litanie qui appelait Alrik à sauver une de ses filles puis enfonça l'aiguille dans la chair. Selena poussa un énorme cri qui fit trembler la voute même de l'abbaye. Au fur et à mesure que les doigts agiles du médecin refermaient la blessure, la douleur diminua légèrement. Ceci fait, il commença à appliquer un onguent cicatrisant à base de cerises, et autres fruits et herbes sur la plaie ce qui tira un nouveau gémissement à la blessée. Puis, le moine récita de nouvelles litanies et pria avec ses soeurs avant de s'attaquer aux dommages de la tête. Lorsqu'on retira le bandage, il découvrit avec horreur que gauche n'était plus dans son orbite et que le crâne se voyait à travers la chair à vif de la jeune fille. Il refit son travail avec la même dextérité dont il avait fait preuve durant la précédente intervention puis s'en alla rapidement dans les latrines afin de dégurgiter.

    L'odeur qui se répandait dans la salle était écoeurante. Une odeur de sang, de cadavre et de putréfaction combinée à celle de l'alcool et de chair brûlée pour faciliter la cicatrisation émanait du corps. De nombreuses soeurs durent sortir également afin de ne pas dégurgiter et d'autres commencèrent à laver le corps meurtri de Selena avant de l'habiller d'une tunique blanche qui était ceinte à la taille par une simple ceinture en toile bleue. Après avoir souffert de nombreuses heures, la jeune femme commençait à l'ignorer même si elle suffoquait encore beaucoup.

Archélas Ages :
    Archélas était enfin parvenu à se sécher entièrement et avait enfilé les vêtements propres apportés par un jeune prêtre lorsqu'il sursauta, surpris par des hurlements soudain. On n'avait pas idée de pousser pareils cris dans un lieu sacré ! Réajustant sa chemise de flanelle blanche, il se contenta d'un hochement de tête, se souvenant des plaies qu'il avait pu observer chez la jeune femme trouvée sur le bateau échoué et ramenée jusqu'ici. Ce n'était pas bien étonnant de l'entendre hurler de douleur mais tout de même, elle y allait un peu fort. Sortant de sa petite pièce isolée, le jeune capitaine portait ses bottes détrempées à la main et marchait pieds nus sur le marbre blanc et froid de l'Abbaye. Apercevant quelques jeunes femmes effectuer des allers-retours pour le moins précipités vers la provenance de ces cris, il les interpella à travers les travées.

    « Ne pouvez-vous pas la faire taire, ses cris s'entendraient jusqu'à Ephtéria que je n'en serais pas étonné. Bâillonnez-là donc ! »

    Il n'eut, pour toute réponse, que des regards affolés.

    Les prêtres de Saint Illidàn restés près du chœur interrompirent leurs prièrent et levèrent la tête, oscillant entre une expression outrée et approbatrice. Il fallait bien l'admettre, la jeune demoiselle hurlait comme un porc qu'on égorge et un peu de silence serait le bienvenue... L'un des hommes de foi agenouillés près de l'Autel sembla reconnaître Archélas et se leva afin d'aller à sa rencontre. Oui. Il avait déjà vu cet homme ici. Il s'en rendait compte à mesure qu'il s'en approchait.

    « N'allumerez-vous pas de Cierge ce soir ? » demanda t-il avec douceur.

    Le jeune capitaine le dévisagea avec surprise mais sans animosité cependant.

    « Certainement. » répondit simplement Archélas en se dirigeant vers l'Autel.

    Il y alluma effectivement deux Cierges, deux petites flammes représentant l'espoir vacillant mais jamais éteint en son cœur. Chaque jour qu'Alrik faisait, Archélas espérait retrouver la trace de ses deux hommes disparus sans laisser la moindre trace derrière eux. Il battit des paupières, chassant ses sombres pensées et revenant à la réalité des cris de douleur que la jeune femme continuait de lâcher, au risque d'en faire éclater les vitraux. Le capitaine fit une grimace, agacé par le bruit et se tourna vers le prêtre qui était venu vers lui.

    « Je passerai la nuit à l'auberge et reviendrai demain au matin. Prenez soin de la jeune fille... puisse t-elle se briser la voix avant de briser vos tympans ! » conclu t-il sèchement, entre humour et humeur.

    Puis il sortit, portant toujours ses bottes à la main, la plante de ses pieds nus effleurant le marbre qu'une jeune femme s'efforçait d'essuyer après les souillures causées par le sang de Selena.

Selena de Lusignan :
    La nuit passa à une vitesse extrêmement lente, torturant la jeune femme à chaque seconde lui tirant des grimaces de douleur et quelques gémissements. Plusieurs fois dans la soirée, une femme vint plusieurs fois regarder son état et prit la peine de changer les bandages. Les cloches sonnaient chaque heure de la nuit et berçaient l'âme des moines et soeurs qui récitaient leurs litanies mais retentissaient comme celles mortuaires qui annonçaient le décès d'une personne importante de la société Astalane. Son sommeil fut tourmenté par divers cauchemars retraçant l'horreur qu'elle avait aperçut dans l'océan, cet oeil étincelant et effrayant de même que cette énorme queue à la peau écaillée qui avait déclenché le naufrage de son navire et la douleur qui lui rongeait l'esprit. Jamais elle n'avait perdu le navire que lui avait confié le noble à qui elle avait sauvée la vie. Malgré les nombreux dommages, Selena s'était toujours débrouillée dans les chantiers navals pour demander marins d'effectuer des réparations de fortune ou aux constructeurs de changer un mât endommagé ou une voile déchirée. Jamais elle n'avait voulu laisser le Phoenix choir dans l'eau, ni n'avait voulu abaisser la bannière royale du Roy Livian.

    Les heures s'écoulèrent bientôt sans gémissements. La douleur s'estompait mais au moindre mouvement, elle se réveillait telle un félin attendant discrètement sa proie esquisser un mouvement pour lui bondir à la gorge. Le médecin qui avait recousu les plaies vint bientôt voir sa patiente et souleva délicatement sa tête pour lui faire boire une gorgée d'eau. Il changea une nouvelle fois le tissu qui recouvrait la jambe recousue. Il fut heureux de voir que l'onguent avait fait son effet et avait mit fin à l'hémorragie. Cependant, il grimaça une nouvelle fois en découvrant l'orbite vide en retirant le bandage qui entourait la blessure à la tête. Il ne put s'empêcher de demander quelle serait la réaction de la jeune capitaine lorsqu'elle se rendrait compte qu'elle était borgne. Comme la blessure avait cessé de saigner, il sortit un cache oeil noir de sa bure et l'ajusta sur le visage de Selena.

    Bientôt, les cloches sonnèrent neuf heures. Les portes de l'abbaye Saint Illidàn s'étaient ouvertes pour les pèlerins qui venaient de loin faire leurs prières et réciter leurs litanies faisant l'éloge d'Alrik. Selena reposait toujours sur un lit en marbre recouvert de plusieurs draps afin de faire un semblant de couche, semblable à un lit mortuaire, prête à accéder son destin... Sauf que Alrik en avait décidé autrement. La jeune femme respirait mieux depuis quelques temps et ne poussait plus de cris de douleur... Saint Illidàn avait retrouvé son silence, uniquement perturbé par les bruits de pas des moines et des pèlerins ainsi que par les cloches sonnant chaque heure de la journée.

Image
La suite : L'auberge du Moulin à Paroles.

Avatar de l’utilisateur
Maître du Jeu
Compte multifonction

Crédit: Fermé

Re: Abbaye de Saint Illidàn

Messagepar Alrik » 30 Mar 2009, 00:00

Les allées et venues de prêtres se firent moins fréquentes. L'effervescence provoquée par l'urgence des soins à apporter s'était dissipée. La jeune femme ne braillait plus ou bien n'y prêtait-on plus tout à fait la même attention. Dans la Nef, les jeunes femmes avaient lessivé le sol qui brillait à présent, lustré et ciré jusque dans ses moindres recoins. Il ne restait plus, en témoignage de toute l'agitation de la nuit, que de rares effluves d'alcool mêlées aux odeurs de cire fondue sur les chandeliers. Le couple de Cierges allumés par Archélas quelques heures plus tôt brûlaient toujours d'une flamme vacillante et la plupart des prêtres et des prêtresses étaient couchés. Ils se devaient de se consacrer à un sommeil réparateur pour affronter la journée du lendemain, journée qui commençait aux premières lueurs du jour. Et si les occupants silencieux de l'Abbaye avaient eu un mal fou à s'endormir – les hurlements de Selena n'étant pas très propices au repos – ils s'étaient à présent tous assoupis.

Seul remuait encore ce personnage étrange, dont les pas feutrés glissaient à peine sur le marbre de Saint Illidàn. Il n'avait pas grand chose en commun avec les autres moines et, pour tout dire, personne ne l'avait réellement vu arriver. Il était là pourtant, comme s'il avait toujours été présent mais que personne ne l'avait remarqué. Debout dans un coin d'ombre et les bras croisés sur son torse, il observait Selena, tout à la fois attentif et amusé. La situation de la jeune femme n'était pourtant pas à envier et – il fallait l'admettre – ne prêtait pas vraiment à sourire. L'homme, cependant, trouvait fascinant qu'un être aussi faible qu'un Astalan ai pu survivre face à la toute puissante Drakmonniss.

« Voilà qui mérite un peu d'attention... » murmura t-il pour lui même.

Décroisant les bras, il s'approcha de la victime à pas silencieux, surgissant de l'ombre comme un prédateur mais sans la moindre précipitation. Une longue chevelure cuivrée flottait derrière lui comme le sillage d'un navire pourfendant les flots et ses yeux luisaient d'un éclat irréel, à l'image de ces éclairs qui avaient déchiré le ciel de Nideyle quelques heures plus tôt. Ciara elle-même n'aurait pas reconnue son Infinitude tant son apparence physique était différente de celle qu'elle avait choisit de lui montrer à l'époque.

À l'aide de gestes lents et appliqués, l'homme ôta chaque bandage, chaque tissu, chaque compresse méthodiquement, sans tenir compte des éventuelles réactions de la jeune femme. Par ailleurs, cette dernière semblait terrassée par la douleur au point d'avoir succombé à un mauvais sommeil. L'un de ceux qui vous soustrait malgré vous à une réalité trop éprouvante, sans vous procurer la moindre sensation de repos à votre réveil. Les plaies avaient été désinfectées et recousues mais suintaient malgré tout, laides à voir. Un sourire se dessina sur les lèvres de celui qui s'improvisait soigneur. Un tel niveau de médecine auraient fait pâlir d'effroi ses Monteris et, les imaginer ouvrir de grands yeux horrifiés face à cette boucherie lui arracha un gloussement amusé...

Il y eut un long silence, à peine perturbé par les crépitements des torches allumées ça et là. La main droite effleura alors la jambe de Selena et, comme si le soleil se levait dans sa paume, une lueur diffuse s'en échappa, jusqu'à en devenir tout à fait aveuglante. Comme un souffle invisible, la lumière chassa les nombreuses mèches aux reflets de cuivre, les faisant virevolter autour de lui. Puis la lueur s'éteignit enfin, de la même manière qu'un tison tombé hors de l'âtre. Alrik sourit et déplaça sa main sur l'orbite vide avant de procéder de la même manière : lumière douce, puis crue et blafarde, génératrice d'un vent contenu et, enfin, l'obscurité subite. Lorsqu'il eut terminé, il se recula doucement et disparu tout à fait dans l'ombre d'un angle. Les cloches venaient de sonner neuf heures et les bruits de pas, dans la Nef, se firent entendre. Sur sa couche, Selena n'était plus bardée que d'une longue cicatrice douloureuse à la cuisse et son œil avait fait place à une cavité creuse sur laquelle se refermait proprement les paupières.

Le sang ne coulait plus, les chairs n'étaient plus à vif... mais combien de temps lui faudrait-il pour cicatriser, dans son esprit et enfin reprendre connaissance ?

Avatar de l’utilisateur
Alrik
Infinitude
Infinitude

Crédit: 32.00 Ore(s)


Retourner vers Aspasie, au chant des moulins

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 2 invités

cron