par Benedikt » 04 Avr 2014, 23:59
Benedikt resta figé comme une statue, une expression d'horreur sainte peinte sur son visage alors qu'il regardait Vrass se faire attraper par un porte-manteau qui avait l'intention de l'emmener gentiment au lit.
C'était sans doute la première chose qu'il voyait Vrass se faire rabattre le clapet comme ça. Mais là encore, il n'avait pas vraiment eu le temps de faire ou dire quoique ce soit, en fait. Comme quoi, on a beau être un winghox, parfois...
« Il... Il dort juste, hein ? » demanda le petit botaniste, qui n'avait pas vraiment le courage de râler sur le vieil homme après ce qu'il venait de faire. Si c'était pour finir dans le même état, pas la peine, hein. l’Hermite lui jeta un regard amusé.
« Mais bien sûr, tu me prends pour qui ? »
Benedikt enfourna une bouchée de légumes et de champignons qui lui évitait d'avoir à ouvrir la bouche. Pour sûr, celui-là n'aurait pas eu de problèmes à faire manger ses gamins s'il en avait eu. Le botaniste lui aurait probablement demandé de faire une visite à l'orphelinat d'Ephtéria s'il n'était pas à moitié indigné et à moitié terrifié. Et pour être honnête, lui n'avait rien contre le vert et n'avait pas envie de se coucher le ventre vide. Cela ne l'empêcha pas de jeter des coups d’œil régulier autour de lui et à l’Hermite, comme s'il n'arrivait pas à se décider quoi dire, quoi faire, quoi penser.
« Quoi, tu veux que je fasse le marchand de sable pour toi aussi ? » demanda finalement le vieil homme avec ce petit sourire qui ne disait pas grand chose à part qu'il n'avait pas l'intention de vous tuer, quand même, promis.
« Non, non, c'est bon ! » s'empressa de répondre le petit botaniste qui disparut immédiatement dans le couloir qui menait aux étages. Pour réapparaître deux secondes plus tard.
« Il va vraiment se réveiller demain matin, n'est-ce pas ? »
C'était peut-être étrange de demander, mais flûte, vu comme il avait dû descendre dans les abîmes la dernière fois qu'il n'arrivait pas réveiller Vrass, c'était histoire de se rassurer qu'il préférait poser des questions. La réponse ne tarda pas à revenir :
« Mais oui, bien sûr qu'il se réveillerait demain matin ! Maintenant file avant que je te rajoute une queue de lapin, je veux aller me coucher, moi, vous m'avez crevé. »
Évidemment, mentionner une queue de lapin qui s'assortirait aux oreilles qu'il n'avait plus était bien suffisant pour faire fuir aussitôt le petit botaniste dans le couloir. Il rejoignit leur chambre où dormait le winghox à poing fermés après s'être perdu dans quelques pièces et couloirs, et entreprit de déshabiller le tatoueur qui était du coup étalé tout habillé sur les couvertures. Ce ne fut pas une partie de plaisir quand Vrass était lourd comme une pierre et qu'en plus, il fallait soulever un bras ou un pied en même temps qu'enlever un quelconque vêtement, mais le petit botaniste finit éventuellement par pouvoir se mettre au lit lui aussi pour se blottir sous la couette.
Le lendemain matin n'allait pas non plus mettre le tatoueur de bonne humeur. Le premier appel qui retentit dans la maison réveilla bien Benedikt, mais ce dernier se contenta d'enfouir son visage contre le ventre du tatoueur. Le deuxième le fit grogner. Au troisième, la porte de la pièce s'ouvrit brusquement et le cadran entier du lit disparut ; laissant le matelas tomber par terre avec eux dans un grand fracas. Le botaniste plongea sous la couette persuadé que la maison était en train de s'écrouler, mais une seconde après, on la leur volait aussi, la couette en question.
Benedikt se redressa pour apercevoir le vieil homme dans l'encadrement de la porte et se précipita aussitôt sur les draps un peu plus loin pour se recouvrir, lui et ses joues cramoisies.
« Ah, pas la peine d'être si pudique, enfin, je te jure, on dirait une donzelle le jour de ses noces ! Un cul vu n'est pas perdu, comme on dit. Pas contre, le temps, ça se perds, alors hop, debout, maintenant, et vite ! »
Le botaniste n'eut qu'un seul espoir à ce moment-là, c'est que Vrass soit encore assez enchanté par l'Hermite pour se réveiller doucement ; parce que là, il allait pas apprécier ce genre de matin, tiens...