J'étais totalement incapable de comprendre ce que je pouvais ressentir. Cette jalousie était en train de me bouffer, mais c'était pas après lui que j'en avais, c'était après l'autre. J'arrivais à comprendre ce qu'il voulait dire, des années à se laisser faire, des années à se laisser manipuler, toucher, tripoter, sous le coup de l'alcool, son corps avait simplement gardé ses anciens réflexes, moi aussi ça m'arrivait de les avoir encore, mais je tiens trop bien l'alcool pour que ça dégénère.. mais j'en voulais à la terre entière sauf à lui au final. Je m'en voulais à moi d'être parti, j'en voulais à cet enfoiré de l'avoir embarqué en sachant très bien qu'il était pris, j'en voulais à ces connasses de journalistes qui m'avaient incité à partir comme ça, à cet événement qui m'avait amené là bas, à ces abrutis d'organisateurs qui ne l'avaient pas laissé rester avec moi pour qu'il soit à cette fête où il a trop bu...
Je le sentais près de moi, inquiet, pour sûr qu'il avait de quoi être inquiet, on ne m'avait jamais trompé moi, je n'avais jamais eu de relation pour que ça arrive! Et au fond, il ne m'a même pas trompé, je juge que c'est pas quelques baisers volés qui font une trahison! Surtout que c'est pas vraiment lui qui a embrassé l'autre donc il n'a pas grand chose à se reprocher.
Je sens son hésitation et je n'aime pas ça, je n'ai jamais aimé cette impression que je pouvais lui faire peur, même si là, en soit, c'est pas trop moi qui lui fais peur, il a juste peur que je le foute dehors.
Je tendais le bras pour mettre ma main sur sa nuque, écartant les jambes pour me mettre en tailleurs et le rapprocher ainsi de moi, j'avais trop de choses en tête, j'étais incapable de réfléchir
«C'est pas ta faute... c'est la mienne, et celle de ce type. Désolé mais lui, si je le retrouve, je te jure que je le démonte.» - il n'y avait rien qu'il puisse dire ou faire qui pourrait changer ça. Benedikt avait vaguement l'excuse de l'alcool et n'avait visiblement pas fait grand chose à part se laisser faire, l'autre savait très bien ce qu'il faisait, il n'a pas de circonstance atténuante! Je comptais bien scruter les journaux à la recherche de sa photo et trouver ensuite son nom et son adresse.
Il pouvait sentir que je tremblais encore par la colère et mon cœur battait très vite, mais comme bien souvent, son odeur avait pour mérite de me calmer un peu, surtout ses cheveux fraîchement lavés et je fermais donc les yeux, cherchant encore à me calmer davantage sans grand succès
«Je sais pas ce que je veux. J'en veux à la terre entière de pas avoir pu empêcher ça... mais j'arrive pas à t'en vouloir à toi, je m'en veux de t'avoir laissé là bas. Et le pire c'est que pas un moment tu me l'as reproché»
Il aurait pu pourtant. Si j'étais pas content, j'avais qu'à pas partir. Ça aurait été facile pour lui de le dire...
«Je t'ai laissé le choix... tu pouvais rentrer avec moi ou rester... je crois que je suis en colère de savoir que tu as préféré passer la soirée à boire avec de parfaits inconnus plutôt qu'avec moi.» - oui, ça aussi ça me mettait hors de moi en fait. C'est pour ça que je ne suis pas resté là bas à attendre qu'il sorte. Je le repoussais alors, le regard sombre en réalisant que ce point avait son importance. Il n'avait pas voulu revenir avec moi, il avait préféré rester avec eux. Je posais à nouveau ma tête contre le mur pour fixer le plafond, l'air dépité... au fond, je me trompe peut être, peut être qu'il n'a jamais voulu rester et qu'il a agi ainsi pour que je le foute dehors?
«Tu veux t'en aller c'est ça?» - c'est aussi ce qu'il m'a proposé toute à l'heure, je me rends compte que c'est peut être ce qu'il veut. Je plonge alors un regard sombre dans le sien, la colère continuant de bouillir alors que je réalise que je passe peut être pour un con depuis toute à l'heure - «En fait, tu veux partir, mais t'as la trouille que je t'en empêche?» - là je sens que ça va mal finir...