Benedikt eu presque envie d'attraper Vrass pour le garder près de lui, d'autant plus encouragé par les effets qu'avait sur lui le regard bicolore de ce dernier et ses mains posées sur lui. Mais il le laissa s'éloigner pour l'accompagner au rez-de-chaussée.
« Non, j'ai déjà tout pris ! Je suppose qu'on pourras penser à manger après, ce n'est pas si loin et il est encore tôt. » répondit-il.
Il laissa à Vrass le soin de les guider hors des Ghettos - et le plus vite possible, ne put s'empêcher de souhaiter le botaniste -, puis l'entraîna à travers la Basse-ville jusqu'aux quartiers chics. Les hommes en costumes qui passaient et les bâtiments à l'architecture soignée suffisaient à percevoir clairement le changement d'ambiance. On leur lançait maintenant des regards beaucoup plus curieux ; bien évidemment, sans avoir l'air de mendiants, il était assez visible qu'ils n'avaient pas leur place ici. Benedikt s'arrêta brusquement au bout d'un immeuble qui semblait ne jamais finir et se glissa dans une ruelle apparemment dédiée à présent au local à poubelle, jusqu'à une porte blanche, puis sortit un fin crochet en métal de sa poche et mit un genoux par terre pour le glisser dans la serrure, attentif aux déclics qui lui montrerait la bonne voie.
« Promis, je ne vais pas mettre longtemps, celle-là je la connais. Mais elles sont beaucoup compliquées à ouvrir ici qu'à Ephtéria, alors la première fois, j'ai failli laisser tomber ! »
Un sourire satisfait s'étala sur son visage lorsqu'il arriva à ses fins et qu'il ouvrit la porte sur une cage d'escalier sans aucune autre décoration qu'un panneau d'instructions en cas d'incendie. Il se retourna vers Vrass avec un air désolé.
« Heu, là, on a encore quelques étages à monter. »
Par quelques étages, il entendait en vérité exactement vingt-et-un, mais c'était trop décourageant de le dire à voix haute, aussi il se contenta d'entraîner Vrass à travers les marches sans fin. Il ne s'arrêta que lorsqu'il ne leur fut plus possible de continuer, et ouvrit la dernière porte qui laissa un vent soudain s’engouffrer.
Ils se trouvaient sur le toit de l'immeuble. L'endroit avait été plus ou moins transformé en jardin pour les locataires, il y avait même de la pelouse et de petites allées en gravier, mais il semblait être un peu délaissé depuis.
« Voilà ! » annonça Benedikt en se retournant pour voir la réaction du tatoueur. Il était essoufflé, la monté restait longue même s'il commençait à être habitué aux escaliers interminables, et il avait encore un peu mal partout. Il s'approcha du bord pour désigner un morceau d'horizon.
« Ici, on peut voir presque toute la ville, je crois. Par là, il y a mon immeuble, et chez toi, c'est sans doute... » Il se tourna vers la gauche « ...dans ces environs ! » Il fit volte-face et montra l'Atlas IV « Et là, il y a ce gros machin qui vient de je-ne-sais-où. »
Le dôme semblait si proche qu'on avait l'impression de pouvoir le toucher du doigt, mais il était pourtant encore bien haut au-dessus de leur tête.