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Messagepar Phèdre Janowski » 14 Juin 2010, 15:57

Il n'y eut qu'un léger déplacement d'air quand la porte du laboratoire coulissa, sans un bruit. Si quelqu'un s'était déjà trouvé là, violant ainsi les règles de sécurité drastiques instaurées par le Professeur P. Janowski, il aurait ensuite entendu le claquement sec et nerveux des talons de cette dernière résonner dans l'espace aseptisé.
Toujours aussi silencieusement, la porte se referma derrière Phèdre qui fit des yeux le tour du laboratoire afin de s'assurer que rien n'avait bougé. Il aurait été absurde - et particulièrement déroutant - que l'on parvienne à entrer ici durant son absence; le système de déverrouillage à reconnaissance rétinienne ne s'activait qu'avec elle et, pour autant qu'elle le sache, personne n'était encore parvenu à lui arracher un œil. Malgré tout, Phèdre ne se sentait jamais tranquille et sa paranoïa l'avait poussée à mémoriser au millimètre près la position des différents objets de son laboratoire. Chaque matin elle effectuait le même rituel qui consistait à mesurer très précisément les écarts entre ces mêmes objets afin de s'assurer que rien n'avait été déplacé durant la nuit.
Ce matin-ci, Phèdre avait le visage encore plus grave que d'ordinaire. Ses traits étaient tendus et ses yeux cernés laissaient deviner que sa dernière nuit avait été très mauvaise. Elle était soulagée de n'avoir rencontré personne en arrivant - quoiqu'à cette heure matinale il aurait été étonnant que beaucoup de ses collègues patrouillent déjà dans les couloirs. Et quand bien même les aurait-elle croisés, sans doute se serait-elle contenté d'ignorer leurs salutations ou d'y répondre par un grognement signifiant qu'il valait mieux la laisser tranquille pour l'instant. Après l'événement, ou devrait-on plutôt dire le "non-événement" de la nuit passée, elle n'était vraiment pas d'humeur à se faire faire la conversation.

Alors qu'elle prenait place à son bureau, la jeune scientifique jeta négligemment son sac sur la chaise d'à côté. Un léger cliquetis lui fit baisser les yeux au sol: sur le carrelage blanc uniforme et glacial venait de tomber une toute petite cassette. Phèdre s'en saisit d'un geste vif et jeta un coup d'œil machinal à la porte vitrée pour vérifier qu'aucun spectateur gênant ne l'observait. Tout aussi rapidement, elle enfonça l'objet au fond de sa poche et se saisit de son sac qu'elle se mit à fouiller. La cassette ne pouvait avoir glissé que de ses affaires et elle était bien sûre de ne pas l'y avoir mise elle. Elle ne l'avait d'ailleurs encore jamais vue; il s'agissait simplement d'une cassette audio, de celles qu'on glisse dans un dictaphone pour prendre des notes orales. En tant que scientifique elle en possédait bien sûr plusieurs, mais toutes étaient marquées d'une date et d'un nom d'expérience au stylo rouge. L'étiquette de celle-ci était vierge.
Après avoir constater qu'aucun autre objet suspect se trouvait dans ses affaires, Phèdre tenta de s'efforcer d'oublier sa trouvaille pour se mettre au travail; elle devait attendre le soir, l'abri sûr de son appartement, pour prendre connaissance du message. Elle avait bien une idée de qui le lui adressait, mais quant à savoir comment cette personne s'y était prise pour qu'il se retrouve en sa possession sans qu'elle ne s'en rende compte, c'était une autre histoire et une histoire qu'elle n'apprécierait sans doute que très moyennement. Phèdre jeta un oeil à sa poche puis entreprit de vérifier l'état des compteurs. Un second coup d'oeil et la main qui se pose dessus pour en tâter le contenu avant de se saisir d'un stylo et d'effectuer quelques calculs routiniers. Puis la main qui lâche le stylo et retourne se serrer sur la poche... De tout évidence, il ne servait à rien d'insister: tant qu'elle ne connaîtrait pas le contenu exact de la cassette, elle n'arriverait à rien. Phèdre lâcha un long soupir plaintif et ouvrit un des nombreux tiroirs de son bureau. Tout était rangé avec une telle minutie que rien ne s'y trouvant ne pouvait se perdre. Son dictaphone était en place, à côté d'une série d'autres cassettes déjà pleines. Consciencieusement, elle y introduit celle qui venait de tomber de son sac et s'arrêta net. Non. Ici, ça n'était pas possible. Elle se leva, se dirigea jusqu'aux toilettes où elle s'enferma. Et appuya sur "play".

Il n'y eu rien qu'un long silence durant d'interminables secondes puis un grésillement suivit d'un sifflement aigu et enfin on se mit à parler. Elle connaissait cette voix, il s'agissait bien de celle qu'elle s'attendait entendre: une voix grave, rocailleuse, si mâle qu'elle aurait pu faire fantasmer n'importe qu'elle midinette du moment que celles-ci ignoraient à quel genre de personnage elle appartenait.

"Monsieur Doe! Je sais que vous n'êtes pas surpris de m'entendre. Je sais aussi que vous n'avez pas beaucoup aimé cette petite... "découverte" parmi vos affaires. Ne prenez surtout pas cela comme une incursion dans votre vie privée, je ne marche pas ainsi, mais il fallait un moyen simple et sûr de vous transmettre ce message. Je ne voulais pas vous paraître grossier hier soir, soyez-en sûr. Je tiens à m'excuser pour le lapin que je vous ai posé, mais il aurait été trop dangereux pour moi de venir. Il n'y a eu aucune fuite, ne vous tracassez pas pour cela, seulement... disons que le secteur s'est soudainement trouvé moins sécurisé pour moi. Ha ha. On m'a cependant rapporté que vous n'étiez pas très prudent... Vous n'auriez pas dû demander après moi, c'était vraiment très stupide de votre part. En particulier dans un quartier comme celui-ci pour un... "jeune homme" comme vous. Ha ha ha! Mais je ne vous en veux pas... cette fois-ci! Vous devriez faire plus attention la prochaine fois, prenez cela comme un conseil d'ami. Ha ha. Il y aura un autre rendez-vous. La marchandise est prête et je suis certain que de votre côté le paiement l'est tout autant. Je vous recontacterait. A bientôt... Monsieur Doe"

Phèdre leva la tête: face à elle, le miroir des toilettes lui renvoyait le reflet d'un visage écarlate de rage. Comment avait-il osé... Comment avait-il fait! Elle était restée sur ses gardes toute la soirée, pas un seul instant elle n'avait été vigilante. Et comme si cela ne suffisait pas de glisser des messages dans ses affaires, il la faisait espionner! On lui avait probablement rapporté le moindre de ses gestes, de ses mots, de ses clignements d'yeux!
Et croyait-il vraiment que son stratagème était prudent? Il pouvait bien lui reprocher son manque de discrétion, tiens! N'importe qui aurait pu trouver cette cassette avant elle, et malgré son pseudonyme masculin qui était sensé écarter les soupçons de sa personne, le fait qu'elle se soit trouvée dans son sac l'aurait mise bien à mal.
Elle éjecta nerveusement la cassette du dictaphone, la laissa tomber à terre et l'écrasa de sa chaussure. Elle lui donna de nombreux coups de talons jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une masse informe qu'elle jeta avec rage dans les toilettes avant d'en tirer la chasse. Ca, c'était prudent au moins. Puis après avoir pris soin d'inspirer quelques profondes goulées d'air, Phèdre sortit de sa cachette improvisée pour s'en retourner à son bureau et, si son état le permettait, à son travail.

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Messagepar Lawrence William Hayner » 15 Juin 2010, 18:40

Il n'avait plus remis les pieds dans l'immense infrastructure de l'Atlas IV depuis la fin de ses études, et en éprouva une bizarre sensation de nostalgie rien qu'à en reconnaître l'odeur des Spathyphillum envahissant le hall. Ça n'avait pas changé ! Toujours aussi moderne. Toujours aussi froid malgré les plantes vertes.. Toujours aussi impeccable. Toujours autant de monde. L'endroit rêvé pour avoir vent des potins les plus croustillants de toute la Basse-Ville... l'enfer pour tout agoraphobe...

Quelques bancs disposés en cercle autour d'un jardinet envahi d'Asparagus accueillaient les visiteurs épuisés par une trop longue attente à l'accueil. Will les observa un moment en faisant la queue. Des mères de famille dont les enfants indisciplinés couraient ça et là en poussant de grands cris de guerre rougissaient de honte, incapables de maîtriser leur progéniture, et balbutiaient de vagues excuses. Là, tout près, d'autres se contentaient d'une désinvolture résignée, faussement indifférentes au raffut, et d'autres encore serraient dents et poings pour ne pas se lever et fiche une volée aux bambins insupportables. Will sourit. Quelques années plus tôt, il n'aurait sans-doute pas apprécié ce tableau à sa juste valeur, comme aujourd'hui. Mais des années à observer avaient affinés sa vision de la race humaine, et il s'amusait à présent de leurs travers, curieux et attentif, sans porter le moindre jugement. Son regard bleu balaya le hall. Devant lui, un mince bureaucrate serrait contre lui sa serviette noire en épiant les faits et gestes de ses voisins proches. Là, un employé rondouillard passait inlassablement la serpillère d'un air absent, tandis que plusieurs employés se plaignaient d'avoir à salir derrière lui. Ah ça non, ça n'avait pas changé ! Toujours aussi mal organisé ! Il était tôt et pourtant, la grogne montait déjà des files d'attente. Sur le côté, les employés passaient par de grandes portes bien loin d'être dérobés, sans ralentir leur allure. Eux n'étaient pas contraints à une impitoyable attente et disparaissaient prestement dans les cabines de sécurité, d'où ils ne ressortaient que moyennant leurs empreintes digitales. Puis ils ressortaient de l'autre côté de la « douane » et s'engouffraient dans les ascenseurs, direction leur bloc de travail. Ah ! Will avait eu droit à ce traitement de faveur lorsqu'il avait été étudiant. Aujourd'hui, simple visiteur, il devait faire la queue comme tout le monde.

Il avisa les parois du prestigieux vaisseau. Ni tableaux, ni posters, ni affiches. Impeccables. Ils étaient faits de divers alliages au moins aussi inoxydables que les gardiens des lieux, postés à chaque portique de sécurité, leur regard perçant vous sondant en un millième de seconde comme s'ils vous déshabillait. Will avança, souriant à l'air soulagé du petit homme devant lui lorsqu'il fut autorisé à passer, puis se fut son tour. Il présenta son laisser passer et toute une série d'autorisations signées du département scientifique lui-même, plus quelques hautes autorités dont l'évocation seule l'avait amusé. Quelques vérifications plus tard, il passa sous l'arche au métal blanc qui le scruta au plus profond de lui-même de son œil de machine impudique et rejoignit un homme qui lui faisait signe. Il se présenta comme son « guide » et lui serra vigoureusement la main, comme ces hommes qui veulent à tout prix prouver qu'ils ont de la poigne, pour en imposer. Le jeune homme lui rendit son salut poliment et le suivit, presque intimidé. Il n'avait jamais eu l'occasion d'arpenter ces couloirs là mais ils n'étaient pas bien différents de ceux de la section universitaire. À vrai dire ça n'avait rien d'étonnant, tout le vaisseau était bâtit sur la même base. Il dû faire un effort mental pour mémoriser le chemin. À droite, à gauche, deux fois à droite, troisième à gauche. Nul repaire visuel autre que des couloirs austères, et il regretta que les concepteurs n'aient pas pensés à tracer des lignes au sol ou à dessiner un énorme logo à chaque intersection. Ça aurait été bien pratique pour se repérer ! Comme ce tag immense au dos de l'usine 46, dans la Basse-Ville Nord. Il représentait un gros chien poursuivi par une meute de souris absolument adorables, et était devenu une référence pour quiconque indiquait son chemin aux égarés de passage. Bref... une grosse fleur rouge taguée sur l'un des murs de l'Atlas IV ne serait pas du luxe, pour s'y retrouver, pensait Will chemin faisant. Il se demanda même comment faisait son guide pour ne pas se perdre. Si ça se trouve, il allait n'importe où en priant d'arriver un jour à destination ? Tous les chemins menaient à Rome, selon une expression Terrienne plus que désuète...

Tout ça pour dire que notre pauvre jeune homme s'efforçait de retenir sa route comme il pouvait, usant de mémoire pure plutôt que de mnémotechnique. Si son « ordre de mission » disait juste, il devrait revenir souvent... et pour être franc, ça l'angoissait d'avoir à se retrouver seul, livré à ce dédale de couloirs semblables. Il visualisa tout de même les grandes plaques chiffrées encore en place, qui faisaient d'avantage figure de pièces de musée que de véritables numérotations. Refaire le chemin mentalement lui promettait une belle migraine ! Et puis enfin, son accompagnateur s'arrêta et le planta devant une porte fermée. Il se retourna tout juste, s'assurant vaguement qu'il n'avait pas perdu son visiteur en cours de route, et disparu au détour du premier couloir, comme s'il avait déjà quelqu'un d'autre à aller surveiller de près... Will en eut un frisson... Il n'y avait pas que la structure de l'Atlas IV à être froide... et il n'eut même pas le temps de dire au revoir que l'autre avait déjà décampé.

Il frappa doucement aux portes mécaniques, mais n'obtint aucune réponse. Personne ? Il était encore tôt et il n'espérait pas passer le portique si vite, il était donc sans-doute un peu en avance sur elle. Elle ne devait pas être bien loin. En attendant, il rangea calmement ses accréditations, les pliant avec soin jusqu'à leur donner une taille adéquate pour être enfournées dans sa poche.

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Messagepar Phèdre Janowski » 19 Juin 2010, 08:40

Alors qu'elle s'en retournait au laboratoire à peu près calmée, le coeur ne cognant que très légèrement plus fort que d'ordinaire dans sa poitrine, Phèdre rencontra sur son chemin quelques uns de ces employés mornes, de ces êtres errant inlassablement dans les couloirs de l'Atlas à la recherche d'on ne savait quoi, avec dans leur yeux cet air résigné qu'avaient tout ceux qui traînaient là depuis trop longtemps.
Le vaisseau était hanté par ces fantômes insipides qu'on croisait régulièrement sans parvenir à distinguer ceux que l'on ne voyait qu'une fois par mois de ceux devant qui l'on passait tous les jours, tant ils se ressemblaient, tant ils étaient fades.
C'était notamment pour cette raison que Phèdre aimait à exagérer sa démarche rapide et sèche, sa posture droite et sa mine grave. Par delà le fait que cela lui donnait un air affairé qui évitait souvent qu'on vienne l'importuner, il lui semblait se procurer ainsi un caractère que les autres, de toute évidence, n'avaient pas et elle se sentait aussitôt moins transparente qu'eux.
Cependant, elle n'était pas mécontente de l'agitation que ces spectres traînaient avec eux ce matin-là. Le calme et la solitude n'étaient appréciables que dans certaines circonstances, se sentir entouré pouvait être rassurant, en particulier lorsque l'on redoutait certaines rencontres...

Elle entendait encore la voix fraîchement écoutée raisonner dans sa tête; elle n'avait jamais apprécié cet homme, même si elle n'avait pas encore vraiment eut affaire à lui directement. Il s'était présenté une fois à elle mais très brièvement, masqué et se tenant à une distance raisonnable avant de disparaître et de laisser, comme toujours, le soin à ses sbires de conclure l'affaire. Mais elle aurait pu reconnaître sa voix parmi une infinitude d'autres; la voix du "Ripper", un pseudonyme qu'elle jugeait ridicule et prétentieux et qui, selon elle, devait de ce fait parfaitement coller à l'homme qui se cachait derrière. Elle aussi avait été contrainte à choisir un faux nom. Ces gens-là connaissaient précisément l'identité de leur clients, mais ils jugeaient plus prudent de conduire tous leurs entretiens en utilisant des identités factices. Et pour une fois, Phèdre n'était pas contre.

Plongée dans ses raisonnements, elle tourna au coin du couloir et fut aussitôt sortie de ses pensées. Elle s'arrêta net et fit deux pas en arrière afin de disparaître à la vue de la jeune personne qui se tenait debout devant la porte du laboratoire et qui, selon toute apparence, attendait. L'attendait elle, peut-être. Les événements survenus un peu plus tôt la firent d'abord penser au Ripper et son sang se glaça, mais elle se reprit vite.
Non. Il aimait surprendre et déstabiliser les gens mais il ne se risquerait pas à envoyer quelqu'un ici, pas à cette heure-ci tout du moins, il y avait beaucoup trop de monde. Et puis elle venait d'avoir son message de toute façon, il attendrait sûrement un peu avant de reprendre contact.
Phèdre se risqua à un autre coup d'oeil et conclut définitivement que ce jeune homme n'avait pas de lien avec son contact. Il n'avait rien à voir avec les hommes endeuillés par la perte de leur matière grise qui travaillaient pour lui. Ni d'ailleurs avec la plupart des personnes que l'on pouvait voir à l'intérieur de l'Atlas. Il était plus jeune que la plupart d'entre eux et ne trimballait par sur lui cet air vide et inconsistant.
Qui cela pouvait-il être...
Elle chercha quelques brèves secondes dans sa mémoire au cas où ils se seraient déjà rencontrés avant de se décider à aller poser directement la question.

Se redressant de toute sa hauteur, elle avança à pas rapides et bruyants jusqu'au garçon.
-"Qui êtes-vous?" lança-t-elle un peu plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu avant même que l'idée de saluer et de se présenter n'ait eu le temps de se frayer un chemin jusqu'à son esprit.
Les relations humaines ne faisaient pas partie des arts qu'elle maîtrisait mais elle faisait des efforts constants pour paraître plus agréable qu'elle ne l'était sans doute en réalité. Ce n'était pas que le fait de passer pour une brute primitive mal élevée la gênait vraiment, mais soigner ses relations pouvait un jour, qui sait, se réveler utile.
Phèdre donnait généralement une assez mauvaise première impression et celle-ci ne s'améliorait par la suite que dans de rares cas, généralement chez les naïfs qui étaient persuadées que la race humaine était fondamentalement bonne et qu'il fallait accepter chacun tel qu'il est sans le juger. Ou chez les idéalistes qui se nourrissaient de fictions idiotes et avaient finit par assimiler bêtement le fait que tout être au premier abord bourru cachait en réalité un coeur d'or et était prêt à se sacrifier pour ses amis avant le générique de fin.
On la considérait le plus souvent comme quelqu'un de réservé, un peu maladroite avec ses semblables, mais on l'estimait pour sa froideur qu'on prenait pour du sérieux et pour son indifférence qui passait aisément pour de la retenu ou de la politesse.
Rivant son regard sur celui de l'inconnu, elle reprit plus doucement.
-"Puis-je vous aider?"
Ça lui semblait déjà mieux. Une esquisse de sourire aurait sans doute fait encore mieux passer les choses mais la mécanique des zygomatiques lui était encore trop étrangère.

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Messagepar Lawrence William Hayner » 01 Juil 2010, 15:41

J'espère ne pas faire de bourdes, je n'y connais rien en psychologie et j'écris par rapport à ce que j'ai compris à travers divers articles trouvés sur le net. Tiens je vais en profiter pour t'embêter un peu :011: Est-ce que tu peux éditer ta fiche pour y indiquer la source de ton avatar et remplir le profil de Phèdre stp.


Tout occupé à observer les murs austères du vaisseau, Will inspira profondément. Il se remémorait avec une certaine angoisse les jours précédent. Il n'y avait pas si longtemps encore, il officiait dans un petit cabinet de la Basse-Ville, loin des grands pontes et de leurs petits secrets détestables. Jusqu'à ce que l'un d'eux ne débarque, et lui fasse comprendre qu'il en allait de son intégrité physique qu'il fasse ce que l'on voulait bien lui dire. Autant dire qu'il avait hésité, pris d'une subite envie de se rebeller et d'envoyer tout ces pingouins en costard aller voir ailleurs s'il y était, mais bientôt, la curiosité l'avait titillé. À vrai dire, la proposition lui ouvrait des perspectives auxquelles il n'avait pas encore songé. Et puis, pensait-il, il serait toujours temps de laisser tomber si vraiment le métier devenait barbant en compagnie des « Atlantes d'en haut », comme certains les appelaient. Psychanalyser des hauts fonctionnaires... pourquoi pas ? Sauf qu'il n'était pas psychanalyste mais psychologue. Beaucoup ne faisaient pas la différence. Lui n'analysait personne, il se contentait d'écouter et de laisser ses patients réfléchir par eux-même. Bien différent de ses confrères qui se permettent de penser à votre place et d'analyser chacun de vos gestes, chacune de vos paroles, posant sur vous des regards inquisiteurs. Porter des jugements sur les autres, ça ne l'intéressait pas. D'ailleurs, il avait bien conscience qu'aucun individu ne se dévoilait jamais vraiment en venant à ce type de séance. Tous gardaient une part de secret. C'était humain, les secrets. Et ça laissait des blancs dans un parcours que William se refusait de remplir à l'aide d'analyse préfabriquées.

Il soupira, cherchant à se débarrasser du flot de souvenirs que lui imposaient ces murs propres et froids. Ses études, il les avaient suivies ici avant de se retrouver « parachuté » dans la Basse-Ville. Une chute vertigineuse faisant suite à la volonté de son père de lui couper les ponts. Puisque son fils chéri ne faisait pas ce que son paternel exigeait de lui, il n'avait plus aucune raison de l'aider. Bizarrement, ça avait soulagé le jeune homme qui ne s'en sentait depuis que plus libre de ses mouvements et de ses choix... Ah ! Il n'était pas là pour faire une étude psychologique de lui même !

Débauché, donc, par tout un groupe d'individus à l'air louche... et il avait accepté, sans réelle volonté de se battre contre des moulins à vent. Will prenait ce qui venait, comme une petite bête opportuniste, l'esprit ouvert à toute nouvelle expérience. Il aimait écouter les autres et voir de quelle manière ils se redressaient de leurs douleurs. Non pas qu'il soit bercé dans le voyeurisme, mais il aimait apprendre, comprendre, se remettre en question et découvrir des points de vue si différents d'un individu à l'autre. Pour un même événement subit, il ne connaissait aucun de ses patients qui y ait réagit de la même façon, et il se fascinait de cette faculté qu'avait l'esprit humain à s'adapter, dans des mécanismes d'auto-défense tantôt complexes, tantôt d'une simplicité effarante. Oui, indéniablement, ce métier était fait pour lui. Et alors qu'il en arrivait à cette conclusion, des claquements sur le sol à la modernité épurée le tirèrent de ses pensées. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire discret mais franc, sans fausse politesse. Il l'avait reconnue, la femme du dossier qu'on lui avait mis sous le nez. Phèdre Janowski, scientifique. Même visage froid que sur la photo au papier glacé, glacé comme son ton à son égard. Le sourire de William s'élargit. Ouh... elle lui plaisait déjà...! D'un point de vue purement professionnel, cela va sans dire.

« Enchanté, se présenta-t-il en tendant chaleureusement la main, Docteur Hayner. »

Il marqua une courte pause, conscient que la majorité des personnes à qui l'on imposait un psychologue le prenait bien souvent fichtrement mal... Les détails de son métier viendraient donc un peu plus tard... d'ici quelques secondes, le temps pour Phèdre d'assimiler le peu d'informations implicites. Oui, c'était bien elle qu'il était venu voir. Docteur en quoi ? Elle le saurait bien assez tôt.

« J'ai été mandaté par le conseil de l'ordre des médecins, mais peut-être serait-il préférable de parler de tout cela à l'intérieur ? »

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Messagepar Phèdre Janowski » 14 Juil 2010, 09:56

La jeune scientifique se confortait dans son idée qu'elle n'avait encore jamais vu traîner cet homme dans les parages de l'Atlas. Cependant, elle ne pouvait pas en être sûre, vu le peu d'attention qu'elle accordait aux masses défilant dans les couloirs de l'ancien vaisseau. Elle n'aurait de toute façon pu identifier avec certitude que ses collègues proches, ceux qu'elle était amenée à voir tous les jours ou presque. Elle imagina toutefois qu'il n'était pas là pour rien. Un nouveau? Pourquoi Diable lui fourguerait-on un nouveau entre les pattes? Il était déjà assez compliqué pour elle d'évoluer entre les divers énergumènes qu'elle rencontrait quotidiennement au sein de cette ville qu'elle aimait à juger rongée par le vice (et elle se savait ne pas être la dernière à participer à cela).
L'homme en question lui tendit une main sur laquelle elle loucha légèrement avant de se décider à la serrer ; il allait de toute façon falloir qu'elle se désinfecte à nouveau après cette sortie hors du laboratoire aseptisé.
Il se présenta comme étant docteur. Ha! Ca lui faisait un belle jambe, de nos jours on pouvait être docteur en toutes sortes de choses, allant des plus utiles aux plus ridicules. En gros, elle n'en savait pour l'instant pas plus sur l'identité de cet homme. Puis quand il lui annonça avoir été mandaté par l'ordre des médecins son cerveau se mit à tourner à toute allure. De mémoire, elle n'avait jamais eu affaire à ces gens là et elle voyait d'ailleurs mal pour quelle raison elle aurait dû. Phèdre, déjà méfiante, prit l'option de laisser sa prudence se décupler.
Elle retint un grognement. Cela ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout, de laisser entrer cet inconnu dans son laboratoire, cependant il semblait avoir à lui parler et la conversation n'allait pas s'éterniser dans le couloir (à portée des oreilles de tout le monde et de n'importe qui). Au moins, le laboratoire était pour elle un terrain connu, voire l'unique endroit où elle se sentait à peu près chez elle, ce qui ne pouvait présenter que des avantages.

-"Mais bien sûr, Monsieur Hayner".

Tant qu'elle ignorerait qui il était exactement et quel genre de docteur il prétendait être, elle se contenterait de l'appeler "Monsieur".

Phèdre s'approcha du système de sécurité ultra perfectionné qui faisait sa fierté et le laissa effectuer un scan rétinien. Presque aussitôt les portes du laboratoires s'ouvrir dans - ce qui était sans doute sa deuxième fierté - un silence reposant. Elle s'y engouffra la première ; politesse ou non, il était hors de question que qui que ce soit entre là-dedans avant elle! Puis elle s'effaça sur le côté (bien que l'ouverture ait été assez grande pour laisser passer trois personnes côte à côte) et fit de la tête signe à Hayner de la suivre.

-"Je vous laisse prendre place", dit-elle en désignant d'un geste vague les quelques chaises de bureau également disséminée autour d'elle.
Phèdre resterait debout, comme si la position pouvait la rendre plus vulnérable.
-"Et m'exposer les raisons les raisons qui vous amène..." annonça-t-elle en serrant les dents.

Tout en parlant, Phèdre dévisagea Hayner. Il était peut-être assez joli garçon mais... elle ne l'appréciait déjà pas.

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Messagepar Lawrence William Hayner » 16 Juil 2010, 19:43

Étant donnée ton absence, je me permets de faire sortir William de ce RP afin de le débloquer et de pouvoir jouer avec d'autres membres.


« Et je vous en remercie. » lui rendit William avec un sourire.

Point d'ironie dans sa voix, bien que d'autres auraient certainement apprécié d'en faire usage devant le ton peu avenant qu'affichait la jeune femme. Il était simplement soulagé de ne pas voir la porte lui claquer sous le nez. Il entra donc, prudent comme s'il entrait sur le territoire de chasse d'un dangereux prédateur, jetant un rapide coup d'œil au mobilier qu'on lui présentait. Mais il se garda bien de s'asseoir, conscient qu'il ne fallait pas crier victoire trop vite. S'il en jugeait par la première approche, son travail ne serai pas de tout repos. Alors il se tourna face à elle, à distance respectable toutefois, et laissa la porte glisser jusqu'à se refermer tout à fait. Étaient-ils à l'abri des oreilles indiscrètes ? Peut-être. Il hésita sur la marche à suivre. Au pire, que risquait-il ? Des insultes ? Une colère ? Une mandale ? Il verrait bien...

« Excusez-moi, je n'ai pas complété ma présentation volontairement. Je suis docteur en psychologie. Vos supérieurs pensent que vous pourriez avoir besoin de vous confier après les décès consécutifs d'un enfant que vous suiviez, puis de votre collaborateur, le professeur Piotr Jacobs. »

Il voulu continuer sur sa lancée, mais il se força à marquer une pause, comme pour laisser le temps à Phèdre d'avaler l'information. Une information que son petit doigt lui soufflait qu'elle ne serait pas appréciée... Malheureusement pour lui, un homme en complet veston sortit tout droit d'un mauvais film de contre espionnage fit irruption au même moment.

« Docteur Lawrence William Hayner ? On m'a chargé de vous escorter vers la sortie, il semble qu'il y ait eu un malentendu. Si vous voulez bien me suivre. »

William écarquilla les yeux de stupeur, mais face au visage peu avenant de son nouvel interlocuteur, il préféra s'exécuter sans discuter. Il serra chaleureusement la main de Phèdre et s'excusa avec un sourire avant de suivre son escorte très spéciale dans les couloirs interminables de l'Atlas IV.


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