« Oui ! » s'exclama le botaniste avec déjà des étoiles dans les yeux. « Je pourrais cuisiner des légumes et des fruits qui viennent de la maison ! »
Benedikt roula sur le dos et se redressa pendant Vrass lui promettait de l'accompagner. « Hé, comme si j’attirais les ennuis ! » - À bien y réfléchir, c'était plutôt ces deux-là ensembles qui attiraient les foudres d'Alrik & d'Amroth, mais c'était généralement parce qu'ils étaient ensemble qu'ils arrivaient à s'en dépêtrer, aussi c'était peut-être aussi bien. Benedikt se releva et s'étira comme il pouvait avant de se mettre à rire.
« Un métallophone avec des pouvoirs démoniaques, de quoi tu parles, héhé. Mais de toutes façons, je voulais le prendre, je ne veux pas qu'ils m'en donnent un autre, je m'en fiche, je veux celui-là sinon je pourrais m'en construire un autre. »
Ils ressortirent dehors dans le petit vent frais de l'automne qui commençait à s'installer, Benedikt refusant de se plaindre du poids de son sac qui appuyaient sur son épaule de peur que Vrass décide de le porter à sa place. En revanche, le botaniste avait bien l'intention de laisser ce dernier les conduire au puits à souhait, parce que s'ils comptaient sur ses talents en orientation, ils allaient y passer la journée. Mais il ne leur fallut que vingt minutes pour rejoindre celui des Ghettos, placé entre une décharge illégale et une rangée de bâtiments à moitié abandonnés. Il était facile de voir qu'ils étaient aux limites des Ghettos, il n'y avait plus aucune trace de la propreté douteuse de la Basse-ville et on voyait bien le Dôme, d'ici, même s'il était encore impossible de distinguer autre chose qu'une énorme masse en forme de lune, comme une gigantesque bulle de savon posé là.
Benedikt se mit à sourire à cette dernière pensée, et s'arrêta devant le puits en pierre couvert de graffitis. Bon, il avait intérêt à bien formuler son vœu ; il était bien placé pour savoir que les dieux étaient, si on voulait le dire gentiment, facétieux. Le botaniste déposa les morceaux qui restaient de son instrument sur le rebord du puits, puis joignit ses mains ensemble et ferma les yeux en réfléchissant, murmurant pour lui-même :
« Alrik, je voudrais retrouver mon métallophone dans l'état où il l'était... avant. Avant qu'il ne soit cassé. »
Le botaniste rouvrit les yeux, seulement pour les plisser avec suspicion en direction du puits. Il venait de faire deux pas en arrière inconsciemment et jeta un coup d'oeil à Vrass. Il fallait espérer qu'il ne leur arrive rien d'idiot ou de dangereux simplement une demande aussi triviale, parce qu'il allait se faire bien engueuler sinon, tiens, non seulement par le tatoueur mais probablement aussi par lui-même !