Je n'étais pas son genre ? Si je n'étais pas le type de femme de ce vieux bourru, qu'est-ce qu'il pouvait bien aimer ? Après tout, je devais être l'une des rares personnes avec qui il arrivait à converser sans trop de problème. Bien entendu, qu'il est envie de se faire la malle ▬et pas nécessairement s'en aller, mais aussi à coup de poing▬ à la moindre occasion devait être bien présente, mais hormis ses collègues avec qui il était peut-être forcé d'être par moment et ceux qui le rafistolait à chaque fin de mission, il ne devait pas y avoir beaucoup de monde sur la liste. Et puis, bien qu'il ne le dirait probablement jamais, je devais être l'une de ses rares amies. Enfin, venant de lui ce n'était pas vexant après tout, et en fait, de sa part je crois qu'il y avait vraiment très peu de chose qui pouvait me blesser…
Mais visiblement, il n'allait tout de même pas s'attarder non plus. C'est vrai qu'il devait encore retourner à la Basse-Ville, et cela lui prendrait un temps certain. Je me demandais si il rentrerait à l'aide d'une monture, même si il était plus exécrable que n'importe lequel de ces animaux. Je le voyais bien plus faire tout le trajet à pied, en courant, et en massacrant quelques bestioles sur son chemin avec comme unique prétexte qu'il devait se passer les nerfs. Enfin, quand à sa dernière question, je commençais à rentrer chez moi tout en lui répondant.
« J'aide là où je peux. » Ce n'était pas une réponse très précise, et il n'allait probablement pas l'apprécier. « Initialement, je suis venue me « terrer » ici comme tu pourrais le penser, uniquement car j'aime ces lieux. C'est… bien plus reposant que les Ghettos. » Mais bien sûr, ça ne répondait toujours pas à sa question, sauf que j'aimais à le faire mariner. « Mais sinon, je ne fais pas grand chose. On me considère comme une noble, mais si je dois mettre la main à la pâte pour gagner de quoi vivre, je ne m'en prive pas. C'est bien mieux que de déléguer cela à quelqu'un, on est plus satisfait. » Mais il devait comprendre ça, lui qui était un homme d'action.
J'entrais donc à l'intérieur de chez moi, et je le guidais directement vers la cuisine. Les servantes étaient habituées à ce que je m'en occupe, aussi elles n'étaient pas là pour le moment, elles viendraient simplement pour nettoyer le temps que nous mangions, comme toujours… Je lui intimais donc de s'asseoir sur un tabouret, là où il pouvait, puis je sortais quelques ustensiles de cuisine, continuant là où je m'étais arrêtée.
« J'essaie donc d'aider là où il y a besoin d'aide. Et là où je pourrais utiliser un peu de mon savoir. Et parfois, il arrive que je joue un peu de musique ou que je chante… »
Mais je doutais fortement qu'il aurait envie d'entendre ma voix, il trouverait probablement que cela était bien trop fort pour ses senseurs… Il ne devait certainement pas apprécier les choses à leur juste valeur.