Ainsi donc je devrais passer une crème par dessus cette marque sur ma peau ? Il fallait s'y attendre d'un côté, et je redoutais déjà le contact poisseux qui risquait d'être particulièrement désagréable, en plus d'être froid. Enfin, j'imaginais que c'était encore une désagrément nécessaire pour avoir l'apparence que je désirais, et je soupirais alors doucement en remettant mes cheveux dans mon dos, souriant légèrement alors que j'avais l'impression que son regard était passé de mon visage à ma poitrine. Il revînt alors avec ma demande, et pendant que je bois je l'entends siffler. J'aurais peut-être préféré que ce soit moi qu'il siffle d'un côté, mais je pouvais alors voir un chien dévaler les escaliers jusqu'à finalement se diriger vers la sortie. En soit les canidés ne m'avaient jamais dérangés, j'étais au-dessus de ces querelles chiens-chats, et si une personne était agréable je savais l'apprécier à sa juste valeur. Néanmoins, si je pensais ainsi, cela était bien trop souvent à sens unique, et cela ne pouvait que me désoler au plus haut point… Enfin, je trouvais son nom assez étrange, surtout peu commun, mais après tout peut-être n'était-ce pas lui qui l'avait choisit. Mais je me désintéresse rapidement de cette créature, le Winghox était pour moi bien plus intéressant…
« Vous traitez toutes vos clientes comme des Princesses ou j'ai droit à un traitement de faveur ? » Perspicace ? Peut-être, mais si je n'étais pas encore partie c'est que cela ne me dérangeait pas, et j'apportais de nouveau mes lèvres sur le verre afin de me désaltérer, et quand j'eus terminée, je venais déposer celui-ci sur le comptoir, tenant toujours le Tee-Shirt de ce jeune homme à la main. Je pliais alors rapidement celui-ci afin de le mettre à côté, simple habitude, j'avais toujours eu un peu de mal avec le désordre, et je m'approchais alors des escaliers jusqu'à ce que j'entende de nouveau sa voix.
« Cela sera suffisant. » Je disais cela d'un ton déjà plus neutre, peut-être que j'avais considérée cela comme une insulte ? « Une véritable œuvre ne se fait qu'en une fois. » Je disais cela comme pour appuyer mes propos, même si je savais que ce n'était pas tout à fait vrai. Mais de mon point de vue c'était souvent les œuvres les plus réussies, l'inspiration restant la même sur le moment, alors qu'en deux fois les traits pouvaient être différents, les nuances de couleur légèrement changeantes. Parfois cela avait du bon, mais dans la mesure où j'étais la toile, la sculpture, la partition, je n'avais pas spécialement envie de prendre le risque d'être « ratée », même si il semblait bien connaître son métier.
Dès lors, j'étais alors montée à l'étage là où il me l'avait précisé, ne refermant même pas la porte de la salle de bain derrière moi, là encore, l'habitude. Et puis, comme je le lui avais dis un peu plus tôt, je n'avais pas à me cacher de quoi que ce soit, je n'avais pas honte de mon apparence et je pouvais même dire que j'en étais fière, alors pour le moment je laissais simplement mon unique pièce de vêtement tomber sur le sol et j'entrais dans la cabine de douche, tournant le robinet afin de laisser s'écouler une eau un peu trop chaude qui me fît légèrement gémir. Mais après quelques secondes, j'avais enfin trouvée la bonne température, et je soupirais doucement en m'exaltant presque du contact agréable de l'eau qui ruisselait sur ma peau. Il n'y avait pas à dire, ce qu'il manquait vraiment dans Éphtéria, c'était ça. Bien sûr, j'essayais parfois de me rappeler les sensations d'une douche en demandant à mes servantes de laisser s'écouler des seaux d'eau sur moi, mais cela restait malgré tout bien différent, et le plus agréable était encore de chercher une cascade dont le courant ne serait pas trop fort afin que je puisse me laver en dessous. Enfin pour le moment je savourais tout simplement l'instant, jusqu'à finalement commencer par avoir froid, aussi je sortais donc en saisissant une serviette à l'endroit où il me l'avait indiqué, me séchant brièvement, j'aimais tout aussi ressentir l'humidité sur mon corps s'évaporer au fur et à mesure que je patientais, et je redescendais alors. Si un client arrivait ? Il avait dit que c'était assez calme aujourd'hui, même si cela n'empêchait rien, mais au moins son client serait satisfait de ce qu'il verrait et voudrait sans doute revenir. Bien sûr, se pourrait être un gros lourdeau qui chercherait à me faire des avances, mais je n'aurais qu'à me montrer très expressive pour lui faire comprendre que je n'étais pas intéressée. Et puis j'imaginais que ce Vrass n'irait pas laisser une telle chose se produire, du moins pas dans son établissement : il me regardait avec bien trop d'insistance pour me considérer simplement comme une cliente. Je retourne alors rapidement dans la salle où j'avais laissée ma robe afin de saisir la somme nécessaire à son travail, et je déposais les pièces brillantes sur le comptoir.
Je ne m'avançais toutefois pas trop vers la sortie, l'on pourrait me voir de l'extérieur et ça je ne le souhaitais pas vraiment. Aussi, retournant m'asseoir sur la table, je le regardais calmement, sans aucune animosité, ce qui, me semblait-il, n'était pas vraiment son cas. Ah oui, cette fois-ci j'étais parfaitement dévêtue.
« Et maintenant ? »