par Vrass Rannveig » 15 Mar 2011, 13:25
Un sourire étira mes lèvres alors qu'il continuait à poser ses questions. Il avait vraiment l'air d'un enfant à qui on devait apprendre la vie et je me félicitais vraiment de ne pas en avoir. Mais bon, je me dis qu'une fois qu'il sera sorti de ma vie, je n'aurai plus JAMAIS à agir en petit papa gentil.
La femme était partie, l'horloge de la machine indiquait qu'il restait moins d'une dizaine de minutes, mais de toute manière il faudrait transvaser le tout dans le séchoir, donc le temps ne va même pas pouvoir me sauver la mise
«Il faut que je t'explique depuis le début... déjà, nos maisons ne sont pas en pierre ou en bois, elles sont en béton et en tôles. Et ça, ce n'est pas quelque chose que l'on trouve dans la nature, il faut le fabriquer. Et ça, tout le monde ne peut pas le fabriquer, c'est très compliqué, et ce n'est pas nous qui décidons de construire les maisons dans ces matériaux... ce sont... on va dire que c'est le chef des ghettos qui décide, un peu comme Manôlis dans certaines villes de Nideyle, ou encore le roi»
On va éviter de commencer à parler politique et gestion sinon j'ai pas fini
«Donc on ne peut pas construire nos maisons nous-mêmes, on est obligés de demander à des gens qui savent le faire, et donc de les payer pour ça. Et on ne peut pas, on n'a pas les moyens, c'est très cher! Alors des gens riches paient d'abord pour nous, et après ils nous proposent de vivre dans ces maisons en échange d'argent tous les mois. On n'a pas vraiment le choix en fait, c'est notre manière de vivre, on nous l'impose si tu préfères. Tout comme on n'a pas le droit de creuser nous même un puits pour avoir de l'eau, les lois ici l'interdisent, on doit forcément utiliser celle que notre chef nous propose et payer pour en avoir. C'est comme ça, on n'a pas le choix, c'est un peu nos taxes à nous»
Je baisse les yeux et doit me retenir de rire devant la manière dont il fixe maintenant le linge en train de se rincer et de s'essorer en tournant vraiment très vite
«Après, on a toujours vécu comme ça, la plupart des gens d'ici n'ont jamais vu les autres villes de Nideyle, et au final, ils aiment cette vie. Ils aiment ces machines qui nous facilitent la vie, le fait de ne pas avoir à se déplacer pour écouter quelqu'un jouer de la musique, de pouvoir être tranquillement chez soi sans supporter des gens qui parleraient en même temps, de pouvoir laver son linge sans se fatiguer, pouvoir prendre une douche chaude ou un bain quand ils en ont envie, ne pas avoir froid l'hiver car ils ont le chauffage. Oui, tout ça, ça se paie, mais ils sont contents d'avoir ce confort et je ne pense pas qu'ils aimeraient avoir à travailler tout aussi dur, mais pour ne pas avoir ces commodités en rentrant chez eux...»
Sans oublier l'hygiène, franchement, passez quelques jours ailleurs que dans les ghettos et vous puez le fauve pendant une semaine et il faut y aller au karscher pour se décrasser. Je me lève et vais pour ouvrir la machine à laver pour le transvaser dans le séchoir. Puis je vais mettre à nouveau des ores dans l'appareil qui me donne un nouveau jeton pour ainsi lancer le mode de séchage. Je me tourne vers le gosse
«Et ça, maintenant, c'est pour sécher le linge plus vite. Pas besoin de perdre du temps à l'étendre et que le soleil fasse le boulot, au moins on peut mettre notre linge rapidement. Ça produit juste de l'air chaud et fait encore tourner le linge pour que ça aille plus vite en aspirant l'eau »
Je retourne m'assoir et remets mes mains derrière ma tête... faut croire que je suis plus patient que je ne le pensais... d'un autre côté, quand on passe une après-midi entière sans bouger à faire un tatouage, je suppose qu'on peut passer une heure à expliquer la vie à un môme... mais faut pas non plus me demander de faire ça tous les jours!