L’ait sec était brûlant et chargé de poussières à cette heure de la journée où le soleil atteignait son zénith. Peinant dans le sable qui cédait sous son poids, un grand cheval clair avançait résolument en soufflant bruyamment pour chasser les grains insinués dans ses naseaux. Posté sur la crête d’une dune pentue, son cavalier et lui devait résister aux courants d’airs chauds bondissant au dessus des reliefs et arrachant de grands rideaux de sable qu’ils dispersaient dans le ciel. Le cavalier stoppa pour observer le campement dressé un peu plus loin. La veille le général Hétep Ir Kaha avait entamé un long périple vers N’Qâta sous les ordres de la Reyne Naphret. L’armée avait du stopper en fin de matinée pour éviter de voyager aux heures les plus chaudes, en compensation leurs marches ne s’arrêterait que tard dans la nuit.
Le cavalier défi le foulard rouge entourant sa tête et dégagea ainsi sa face couverte d’un fin pelage clair. Il s’agissait de Neith Képhis, la dame Oryx et accessoirement le maître d’écurie d’Ohime Quinah. Elle fit volter son cheval et entama de biais la descente, glissant plutôt que marchant, la dune se mit à chanter. Petite elle s’échappait souvent dans le désert pour écouter le son des avalanches de sables et les provoquer elle-même avant de découvrir qu’à cheval, c’était encore mieux. Les raanai ne s’aventurant jamais aussi près de la ville elle n’avait jamais vraiment comprit l’inquiétude de ses précepteurs pour ces excursions.
Tête découverte, le soleil se faisait plus cruel, mais Neith préférait être immédiatement reconnaissable à son arrivé au camp, tous y perdraient moins de temps et on ne l’obligerai pas à enlever un hypothétique casque à corne. La dame Oryx avait déjà assez soupé de cette méprise. De toute façon ses long cils noirs protégeaient sa cornée tandis qu’en pinçant simplement légèrement ses naseaux elle empêchait le sable d’envahir ses poumons. Nul autre demi-dieu ne devait être plus adapté au désert qu’elle. Mis à part, peut être, le scribe Inéni à tête de chameau, mais il ne devait pas souvent voir les dunes enfermé dans un bureau toute l’année à noircir des papyrus. Quel ennuie !
Zaharath parvint afin à l’abord du camp, soufflant comme dans une forge et Neith vida aussitôt les étrillés en saluant respectueusement les gardes à l’entrée. Tandis que leurs comparses sommeillaient sous des tentures, eux devaient rester à leur poste et subir les coups de l’astre solaire, c’était une tache difficile que peu d’hommes était capable d’accomplir. Un Meph Djinn s’approcha pour saisir la bride de l’étalon. Le paisible animal ne broncha pas, mais ce fut la demi-déesse qui refusa avec calme:
« Je te remercie pour ta sollicitude mais je m’occupe toujours moi-même de Zaharath l’ineffable. Va quérir de l’eau pour lui et fait prévenir le général de mon arrivé. Nous t’attendrons là bas. »
Le soldat s’inclina et s’en fut aussitôt vers la tente centrale, Neith suivant plus lentement. Un autre homme saisit un seau de cuir et se rendit à la fontaine. D’autre soldas vinrent aussitôt les remplacer. La dame oryx jugea le balai fort bien maîtrisé. Elle parvint à la tente, il n’était guère difficile de se tromper car l’abri de toile était le plus grand du camp, et attendit la décision du Général. Il ne l’a recevrai pas nécessairement, d’autant plus qu’elle n’avait aucun message à lui transmettre, mais de part leur position hiérarchique respective, elle se devait de se présenter à sa porte pour recevoir les ordres du guerrier faucon.
On lui apporta l’eau, liquide toujours précieux au milieu du désert et elle abreuva son cheval en lui présentant le seau comme une offrande. Pendant cet instant il n’y aurait rien pour la détourner de son travail. Tous le savaient et il aurait fallut que la vie de la Reyne elle-même soit menacée pour que le maître d’écurie Neith Képhis laisse un cheval non pansé en plan.