« 'falut Maxens ! » Lança-t-il à l'attention du patron du bar, sa clope se dandinant comme si elle allait tomber.
Il eut droit à un bref signe du menton du dénommé Maxens, occupé à astiquer ses verres tout en épiant la clientèle. Au milieu de la grande salle, une quantité impressionnante de petites tables à peine prévues pour deux accueillaient les solitaires ou les couples pressés. Au plafond, les spots jetaient sur eux des taches de couleurs chaleureuses visibles depuis la rue, l'immense baie vitrée laissant libre la vue sur ce lieu convivial. Un peu en retrait, une scène accueillait les musiciens de passage, distillant leur art au milieu du brouhaha ambiant. Plus loin encore, dissimulées derrière le mur aveugle servant d'étai aux vitres et fermé par des paravents un peu trop kitch, des banquettes au cuir rouge et de plus grandes tables disposées dans les coins. Ambiance feutrée, lumière tamisée, fausses serveuses et vraies soubrettes. Autant dire que l'établissement n'était pas conçu pour les repas familiaux !
Au bar, quelques âmes fraîchement célibataires noyaient leur chagrin au fond d'un alcool plus solide que leur fierté. Les yeux vagues, l'équilibre incertain en haut de leur tabouret perchoir... Le petit homme rond manqua de se retrouver avec l'un d'eux à ses pieds, mais contourna avec une habileté forcée par l'habitude l'individu qui semblait chercher la sortie sans la trouver.
« Fous-moi ça dehors... » Se contenta d'intimer le patron à un videur qui avait l'air de s'ennuyer.
Tom pinça plus fort les lèvres alors qu'il ouvrait le panneau d'affichage à l'aide de son passe. Sa cigarette se tordit méchamment.
« Nouvelle mission ?
_ Ouai, un truc de trésor enfoui. » Marmonna le gros homme en épinglant l'annonce.
Bien en évidence pour que même le plus abruti ne puisse pas la rater. Satisfait de son travail, il referma la vitre à clé et fit demi-tour sans même s'inquiéter de savoir si son papier était punaisé bien droit. Mine de rien, il avait d'autres bars à visiter. Colleur d'affiche, non mais franchement. Si encore ces imbécilités de trésor existaient réellement, il pourrait se lancer, devenir riche, arrêter ce boulot minable et dépenser son argent comme n'importe quel ivrogne de ce bar. Mais non, il n'y croyait pas. Il laissait ça à d'autres. Des rêveurs, des naïfs, il y en aurait bien assez pour venir s'agglutiner devant la vitre à peine qu'il serait sortit.