Il ne faut pas trop longtemps pour que le gosse se mette à ouvrir les yeux, visiblement, il lui faut un peu de temps pour émerger, aussi je le laisse un peu se redresser, m'éloignant pour m'approcher de la fenêtre, cherchant un restaurant ou autre chose où on pourrait manger. La première phrase signifiant qu'il n'a que du thé m'a suffit, je suis pas un dromadaire, je bois pas de l'eau chaude au petit déjeuner et qu'on vienne pas me dire que le thé c'est pas de l'eau chaude où je penserais qu'on me prend pour un con. Ça n'a aucun goût le thé bordel! J'arrive à apercevoir une pancarte avec une baguette de pain et une tasse dessinées, j'en déduis que ça doit surement être ce genre de taverne qui fournit le ptit déj avant de me tourner vers le gamin qui n'est plus là.
L'eau coule dans la salle de bain, il doit surement se rafraichir un peu. J'en profite pour me pencher afin de récupérer mon t-shirt et m'assoir ensuite pour enfiler mes bottes. Il aurait fallu que je change de chaussettes mais bon je vais pas faire le difficile, si je me retrouve avec les pieds ampoulés, ce ne sera pas la fin du monde non plus, et puis je doute d'en arriver là pour une seule journée. De retour dans la pièce, le gamin me sort qu'il n'a que des fruits pour déjeuner? Sérieusement? C'est un lapin ou quoi?
«Tu penses bien. Allez, on s'arrache, je te paie un vrai ptit déj digne de ce nom. Et si tu veux prendre qu'une pomme, à ta guise.» - clin d'œil amusé alors que je me lève et m'étire longuement. Vérifiant que tout est en place, si j'ai bien mes ores sur moi, les petits pots de baume en poche, je me dirige vers la porte avant de réaliser qu'il est toujours en pyjama. M'appuyant donc sur la porte, je croise les bras en signe que je l'attends, bien que j'en profite pour le reluquer un peu. Maintenant que je suis en pleine possession de mes moyens, j'avoue que je le vois sous un autre angle, et mon regard se fait un peu plus perçant. J'essaie de me souvenir de nos conversations de la veille, il me semble qu'il a parlé d'être au goût de quelqu'un, si je lui sors qu'il est à mon goût, il se passe quoi? Ce serait aussi simple? À voir, il faudra que j'essaie la bonne vieille méthode du rentre dedans pour voir - sans mauvais jeu de mot, quoi que!
Lorsqu'il est prêt, je sors tranquillement, les bras ballant pour descendre les quatre étages. Est-ce que je remonterai après? C'est pas dit, le problème serait que je ne me vois pas le ramener chez moi alors que le deal c'était justement que je le raccompagne chez lui. Ça semble assez compromis finalement et je vais devoir réfléchir de façon stratégique à la question. J'aime assez cette sensation, ce sentiment de séduction, devoir y mettre du mien pour parvenir à mes fins. En général, c'est tellement plus facile et c'est nettement moins amusant! Tournant la tête à gauche et à droite pour me repérer afin de retrouver le restau, j'entends un bruit vrombissant et me tourne pour voir une moto se cabrer alors que son propriétaire fait le fanfaron avant de la pousser à fonds les manettes. C'est con les jeunes parfois. Haussant les épaules, je fais signe au gosse de me suivre jusqu'à retrouver la fameuse pancarte, poussant la porte, l'odeur des œufs et du pain me vrille les narines et j'affiche un sourire satisfait.
«Aaah! Là je sens que je vais bien manger!»
Rapidement, je cherche une table, prenant la carte, je me prends une formule breakfast: toasts, beurre, œufs, bacon et café! Parfait, c'est tout ce dont j'ai besoin! Je laisse le gamin prendre ce qu'il veut - visiblement ils proposent des fruits donc ça devrait lui aller - et moi, je m'étire encore de satisfaction.
«Bon sang, ça m'a fait un mal de chien, mais ce baume est vraiment efficace! Plus la moindre douleur!» - premier message subliminal? Surement me connaissant.