Mes yeux se ferment. L'odeur de métal, de rouille, d'humidité anormale...tout se mélange dans ma tête, symbiose suffocante, pour un morphe.
Je soupire. Et voilà. J'ai réussis à atteindre la ville. J'ai réussis à atteindre les Minkar. Je ne m'éterneriserais pas là dessus. Je leurs ai donnés mes...coordonnées, si on peut appeler ça comme ça...
Je ne sais même plus si c'est vraiment ce que je veux faire. Voleur. J'ai le profil parfait, silencieux, discret, rapide...mais mon totem se répugne à l'idée que je puisse m'abaisser ainsi. Je suis Lion, me murmure t'il, je dois grandir autrement.
Mes paupières se rouvrent. Le ciel, à des millions de kilomètres au dessus de cette monstrueuse bulle de protection imaterrielle...et bien, m'est inaccessible. Je ne peux que le deviner, en scrutant la bulle assombri par le déluge de la pluie, d'une fin d'après midi mélancolique. Je dors sur rien, ne mange que ce que je trouve dans les poubelles, voir je chasse les rats... ma vie ne me mène à rien pour le moment.
Assis sur les ruines en feraille d'une maison dévastée, je regarde autour de moi. Le quartier est sombre, silencieux. Je me mets à songer aux arbres noueux, ennivrants d'un arôme doux, sauvage. A mon enfance parmi les Loups. Sourire. Mon enfance. Est elle perdue, pour que j'y pense avec tant de nostalgie? N'ai-je pas 17 ans? L'âge où tout est accessible, tout devient possible et réalisable, quelques soient les rêves? Quel était le mien, avant de venir ici?
Ma main attrape un morceau de gouttière. Des morceaux de peinture ou je ne sais quoi tombe comme des écailles orangées dans ma paume. Cette ville est pourrie. Toute les villes sont pourries, pour ne pas laisser vivre la Nature à la place. En plus de ces guerres irraisonnées qui se préparent à éclater... impensable. Saitan était il au courant de tout cela? Surement.
Je relève le visage. Curieux. J'ai cru entendre un bruit. Fronçant les sourcils je me concentre de nouveau sur le morceau de métal. Comment est il synthétisé? Créé? Je connaissais le forgeron des Loups. Mais cet élément là...serait-ce de l'acier? Ou de l'aluminium, ce qui expliquerais la souplesse du métal, et la corrosion. Soupir.
Là, je relève la tête. Je suis sûr d'avoir vraiment entendu quelqu'un. Je serres les lèvres. On ne peut pas être tranquille? Je tends une jambe dans le vide.
Mes yeux scrutent la pénombre. Tssssss, je ne vois rien, sous forme humaine. Mais en même temps...supposons qu'il s'agisse de mon imagination...je n'aimerais pas le fait de m'être déshabillé pour rien.
Ma poitrine s'abaisse au rythme d'un soupir théâtral. Si c'est un Minkar, je lui apprendrais mes nouvelles relations. Si c'est quelqu'un d'autre, bah...je lui dirais bonjour, non?
Mes jambes se balancent dans le vide, séparant le toit et le sol, soit approximativement...quatre mètres? Facilement? Sourire. J'aime bien grimper ces maisons de fer et de rouille. Les volets grinçants, les tuiles rugueuses... c'est toute une forêt, quelque part. Une forêt juste un peu différente.
Le vent vient secouer mes mèches sombres. Il faudrait que je songe à trouver un endroit fixe pour dormir. Le quartier Ouest n'est pas très acceuillant, et traverser toute la ville peut se révéler lassant, lorsqu'on découvre la sédentarisation.
J'ai croisé des Morphes. Deux. Un chien et une pie. Le chien était un vieil homme vigourerux qui m'a salué avant de disparaitre sous sa forme canine dans une ruelle truffée de poubelles et autres débarras à ordure. La pie était une jeune fille aux cheveux ébouriffés, avec de grandes cernes violettes, soutirant de son regard déjà sombre, une mysticité morbide.
Merde, il y a vraiment quelqu'un! Je gronde en plissant mes yeux vers la rue sombre. Mes poils se dressent peu à peu sur mon corps. Presque instinctivement, -presque-, mes épaules rejettent la veste, afin d'être avantagé en cas de mutation. Un homme sort de l'ombre, les yeux masqués par d'épaisses lunettes sombres.
Mon grondement s'intensifie.