Précédemment :
Adamance S (Basse-Ville)C'était l'aube, les rayons rougeoyaient légèrement sur le Dôme, il faisait à peine jour. Il faisait frais, mais le ciel promettait une belle journée. Je courais, m'accrochant aux anses de mon sac, collées contre mes omoplates. Je courais à en perdre haleine, aussi vite que je le pouvais.
"Pourvu qu'il soit encore là, pourvu qu'il soit encore là...", pensais-je.
Mes pieds frappaient vivement le sol.
Tap,cling,tap,cling,tap,cling,tap,cling,tap,cling... A l'extrémité du quartier, les rues étaient encore pour la plupart désertes et il n'était pas difficile pour moi de me frayer un chemin. Mais quand je commençai à me rapprocher du cœur du quartier industriel, la population se faisait plus dense. De nombreux hommes et femmes affluaient, chacun marchant de bon train vers son lieu de travail. Je dû ralentir le rythme à contre-cœur.
Tap, cling, tap, cling, tap, cling, tap, cling....
Tout en avançant le plus rapidement possible, me frayant un passage entre les passants, je cherchai dans ma tête un itinéraire différent, qui me ferait contourner le centre industriel et gagner du temps. Comme le parc siégeait en plein centre de la Basse-ville, ce n'était pas si compliqué. Je virai alors à gauche, me dirigeant vers le quartier ouest.
J'avais tout empaqueté, tout prévu. Du reste, je n'avais pas pris tant de choses que ça, juste l'essentiel. Deux vieux carnets et de quoi noter, quelques produits de base dans des éprouvettes enroulées dans des tissus afin qu'elles ne se brisent pas, un peu d'eau quelques gâteux secs, quelques vêtements et tout mon argent. Rien de plus. Le strict minimum.
J'étais affolée. Et s'il était déjà parti ? Le soleil n'était pas tout à fait levé, mais n'avait-il pas dit qu'il partait très tôt ? QUe ferais-je alors, s'il était partie ? Aurais-je le cran de partir seule ? Je ne pouvais définitivement pas retourner chez moi, pas après le discours que j'avais fait à mes frères la veille. Non, maintenant c'était sûr, je partais. Avec ou sans Ch'ip, bien que j’espérais du plus profond de mon cœur que ça serait avec.
"Pourvu qu'il soit encore là, pourvu qu'il soit encore là..."Je quittai enfin la zone surfréquentée du quartier sud. Je pus reprendre ma course de plus belle.
Tapclingtapclingtapclingtapclingtapclingtapcling...J'étais essoufflée, mon talon droit commençait à m'élancer à force de rebondir contre le sol.
"Ne tombe pas maintenant, c'est pas le moment !"Je traversai le quartier et arrivai enfin au centre de la ville. Je m'arrêtai devant les portes du parc, à bout de souffle, prenant appui contre la grille.
"Ne t'arrête pas là enfin, t'y es presque !", me dis-je pour m'encourager.
Je restai tout de même un moment à reprendre mon souffle, étant consciente que je ne pourrais faire un pas de plus si je ne récupérais pas un minimum d'oxygène. Au bout d'une ou deux minutes, je repris un rythme cardial normal et entrai dans le parc.
Une question amusante vint s'imposer à mon esprit alors que je m'avançai dans le grand jardin. Comment retrouver un arbre parmi les arbres ? Certes cet arbre avait une forme plus humanoïde que les autres, mais s'il dormait, il devait sûrement être immobile, et donc rien, à moins l'observation de chaque arbre, ne pouvait m'indiquer au premier coup d'oeil où il était. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin !
Une seule solution s'offrait donc à moi. Faire la poissonnière.
"Ch'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip ? T'es là ? Houhoooooooooooouuuuuuu ! CH'IIIIIIIIIIIIIP ?"Je me mis à crier en déambulant dans le parc, et tant pis pour les grasses mâtinés des habitants alentour.