Précédemment :
Comme chien et chatArchélas se calma un peu lorsque Ceithli lui affirma plaisanter. Tout à coup, il se sentait un peu idiot d'avoir réagit aussi vivement... mais il ne pouvait pas s'en empêcher ! L'idée seule qu'on puisse vouloir du mal à son épouse le rendait nerveux, agité... et le mettait de méchante humeur. Répondant au sourire de sa compagne par un regard désolé, il termina sa commande auprès de Benedikt et le salua poliment avant de se diriger vers la porte. Son pied butta d'ailleurs dans l'écuelle, et c'est en se mordant la langue qu'il se retrouva dans la rue, tout à coup bien embêté de réaliser qu'il avait été un chien durant quelques heures. Oh, l'expérience n'avait pas été si désagréable... mais il se souvenait très clairement de l'agacement de son épouse, féline dans l'âme.
Était-ce le souvenir qu'elle allait conserver de lui alors qu'il devait repartir en mission ? Malgré tout, ses inquiétudes s'envolèrent comme par enchantement lorsqu'il retrouva Nemesis à l'extérieur. Les passants pouvaient bien les regarder de travers, ça lui était totalement égal.
« Oui, je pense qu'il sera mieux à la maison. Comme nous tous en fait... cette ville n'est pas faite pour nous. Il lui caressa doucement la joue, un regard déjà rempli de regrets posé sur elle.
Prends soin de toi d'accord ? Fais bien attention si tu sors, et reste éloignée de la garde de Livian. N'hésite pas à demander à Hogan si tu as besoin de quoi que ce soit. Il est beaucoup plus agréable que mon père, tu verras. »Prenant une profonde inspiration, il laissa ensuite le solitaire du Destin les guider jusqu'à l'hôpital. Nemesis s'arrêta à l'entrée tandis que tous les deux entraient dans le hall. Ils jetèrent à peine un œil aux patients occupés à faire la queue aux guichets et se faufilèrent dans les couloirs comme s'ils connaissaient le chemin par cœur. Manifestement, Euthalie avait encore une fois changé de chambre puisqu'ils se retrouvèrent à un étage qui leur était totalement inconnu. Un peu inquiet de ne rien reconnaître, Archélas se détendit pourtant en reconnaissant le policier posté à l'entrée et le salua d'un sourire sincèrement reconnaissant auquel Viktor oublia de répondre. En fait, il semblait fatigué de ses nuits blanches.
« Mes parents vont retourner à Ephtéria. Se sentit obligé d'expliquer le soldat.
Vous pouvez retourner dormir, je pense que vous en avez besoin. Merci encore pour votre aide.
_ Je bouge pas tant qu'ils sont là. » Se contenta pourtant de répondre le policier d'une voix rauque.
Archélas n'insista pas. Il avait fini par comprendre que les Atlantes n'étaient pas du tout familiers de la magie de Sayah. Inutile de se fatiguer à expliquer que ses parents et son épouse allaient bientôt disparaître comme par enchantement pour se retrouver à Ephtéria d'un battement de cil. Viktor s'en rendrait compte tout seul, et c'est pour cette raison que le jeune homme le fit entrer, même si le policier n'y consentit qu'à contre cœur.
« Bonjour papa. Mais Démétrien se contenta d'un hochement de tête. Il tenait toujours la main de son épouse et d'après ses traits tirés, n'avait pas dû trouver le sommeil depuis la veille.
Ceithli va te ramener à la maison. Elle a une perle de Sayah. Mais avant, j'ai un service à te demander. »Retrouvant sa détermination et ses gestes sûrs, le soldat alla ouvrir la fenêtre et siffla avant de se retourner vers son père. Il fouilla ensuite son sac à la recherche de son gant de fauconnier qu'il lui tendit, et se pencha de nouveau à la fenêtre afin de scruter les environs du regard. En bas, Nemesis slalomait entre les voitures jusqu'à s'arrêter docilement juste sous leur fenêtre. Il allait vraiment falloir leur apprendre à répondre à des sifflements différents...
« Là ! » S'exclama Archélas en se reculant.
Démétrien leva légèrement le poing et réceptionna l'oiseau de proie en écarquillant les yeux. Viktor, lui, fit une réflexion assez cinglante à propos de cirque et de ménagerie avant de croiser les bras d'un air contrarié.
« Elle a une bague qui fait médaillon sanglant, tu vois. Si je la siffle elle me retrouve, mais elle ne connaît pas la maison. J'aimerai que tu l'emmène pour qu'elle s'habitue un peu à vous. Je la rappellerai plus tard. Ça lui permettra de mémoriser le chemin.
_ Je vois...
_ Je vous enverrai des nouvelles. À Ceithli pour lui dire où je suis, et à toi pour te rendre compte de mes essais. Si ça ne fonctionne pas, tu seras le premier à le savoir. Je te le promets.
_ D'accord. » Ponctua Démétrien qui ne semblait plus en mesure d'aligner davantage que deux mots.
Un peu hésitant, Archélas préféra laisser son père réfléchir encore un peu à ses paroles et entraîna Ceithli dans la petite salle de bain attenante en prétextant vouloir lui parler, ce qui fit sourire le policier de façon assez déplaisante. On ne lui faisait pas, à lui, le coup de l'aparté privé.
« Ceithli... je suis désolé pour tout ça. De devoir repartir, et de te laisser seule avec mon père alors que tu as besoin de moi. Je te promets de t'écrire souvent... et... Je voudrais que tu fasse la même chose. Ce n'est pas grave si tu dis du mal de mon père dans tes lettres, mais j'aimerai que tu te confie... que tu ne tourne pas en rond. Tu ne le laissera pas mal te parler, hein ? Et fais confiance à Hogan. Tu peux, je me porte garant pour lui. »Et pour conclure sur ces dernière recommandations, il l'embrassa tendrement, prenant tout le temps qu'il lui fallait pour savourer ce dernier contact à l'abri des regards indiscrets. Et s'il ne revenait pas ? Et si Ceithli se faisait prendre ? Et si sa mère ne survivait pas ? Et si tous ses efforts se révélaient vain ? S'il n'était pas possible de rendre son âme à quelqu'un ?
« Je t'aime... » Murmura-t-il en lâchant à peine les lèvres de la jeune femme.