Le combiné dans une main, l'autre sur les touches, l'officier composait rapidement le numéro des urgences, se demandant s'ils allaient le croire… Certes, un accident était si vite arrivé et pouvait surtout arriver n'importe où et n'importe quand, mais là c'était tout de même assez gros. Enfin, ils ne pouvaient pas refuser de venir en aide à une personne en danger de mort, en particulier si c'était un soldat qui faisait directement la demande. La seule chose qui pourrait être étrange était qu'il faisait ça sur une ligne non-prioritaire, mais dans la mesure où il venait de passer en cour martial, il n'avait pas encore pût récupérer ses effets personnels, il devait encore faire ses preuves après tout… Alors au final, peut-être appréhendait-il seulement l'idée de se retrouver au téléphone avec une aide médicale, puisqu'après tout, autrefois il n'était vraiment pas du genre à aider les gens, mais plutôt à les achever…
Finalement, il pouvait entendre une voix de l'autre côté du fil, féminine, et il s'éclaircit rapidement la gorge en jetant un rapide regard en direction du corps pour le moment inerte.
« Bonsoir. Nous aurions besoin d'une ambulance dans le quartier Sud-Ouest de la Basse-Ville, à l'herboristerie. Nous avons un blessé grave et deux personnes en état de choc. Appelez également une patrouille de Police. Merci. » Sans grande surprise, il avait été très formel. Il aurait pût donner son matricule de soldat pour être sûr que l'on en vienne à le croire, mais c'était remettre en cause le devoir de ces médecins, aussi il n'en avait rien fait. Il lui demanda simplement de rester sur les lieux jusqu'à ce que les secours arrivent et car on allait prendre sa déposition, et il acquiesça simplement, mêlant sa voix au geste puisque l'on ne pouvait le voir. Il reposa ensuite le combiné alors que l'assistant de la boutique semblait avoir trouvé une meilleur solution que celle qu'il avait proposé. En soit, il avait surtout dit ça pour qu'il fasse quelque chose, et qu'il ne reste pas ainsi à essayer de panser une blessure qui n'était même pas encore refermée. Non pas qu'il avait de mauvaises intentions, bien au contraire, mais c'était simplement un peu maladroit, et il fallait d'abord penser à stopper l’hémorragie… Enfin, à l'avenir il se promènerait sans doute plus souvent avec une trousse de premier soin, ne serait-ce que pour pouvoir désinfecter des plaies et éventuellement recoudre quelqu'un.
Le Cortesian avait décidé de s'en aller, et en soit le soldat l'avait regardé d'un air assez suspicieux… En général, les gens avaient tendance à rester sur le scène, même s'ils se mettaient un peu à l'écart car la vue d'un corps en sang pouvait parfois leur être désagréable, et que ce n'était surtout pas respectueux pour la victime. Mais là, qu'il s'en aille de cette façon alors que l'affaire n'était pas encore réglée, et surtout qu'il dise quelque chose comme « Merci » au lieu de « Bon courage » au vue de la situation était clairement suspect pour le fauve. Sans doute avait-il quelque chose à se reprocher, mais l'Officier n'y accorda pas plus d'importance que ça, après tout il avait quelque chose de plus important sur les bras et même s'il était étrange, il n'avait commis aucune infraction en soit. Au mieux, il aurait simplement pût le contrôler pour vérifier son identité, mais cela n'aurait sans doute pas donné grand chose.
Pour le moment, il n'avait donc rien d'autre à faire que d'attendre les secours, aussi il jeta un dernier coup d'œil vers ceux qui accompagné la victime puis observa l'herboriste. Désormais, il ne restait plus qu'à espérer, et il s'approcha de la porte de la boutique pour les voir arriver. En fait, il l'ouvrit même pour accueillir les ambulanciers ainsi que les forces de l'ordre, essayant de se conduire en citoyen modèle alors que c'était une chose qu'il n'avait jamais apprit à faire. Mais au dernier moment, il jugea le pour et le contre, se demandant s'il ne devait pas plutôt surveiller aussi bien la victime que les deux personnes qui l'avait amenée là. Il opta simplement pour le juste milieu, restant au niveau de l'embrasure de la porte en attendant, simplement…
C'est alors que l'homme encapuchonné arrivait un peu brusquement, manquant même de lui rentrer dedans en hurlant mentalement qu'ils arrivaient. Oh ? C'était une conduite plutôt exemplaire, la plupart des gens auraient peut-être simplement prit leurs jambes à leur cou en préférant sauver leur peau, et même si c'était dangereux d'avoir procédé ainsi puisqu'il y avait toujours les personnes que ces malfrats recherchaient dans la boutique, c'était sans compter sur la présence d'un ancien soldat d'élite de l'Escadron. Et puis, la Police n'allait pas tarder à arriver non plus, aussi il allait simplement devoir tenir jusque là… En fait, non. Ils allaient devoir tenir. Il ne pouvait plus se permettre de travailler en solitaire, c'était prendre le risque que les citoyens, aussi malhonnêtes soit-ils, se retrouvent de nouveau en danger. D'ailleurs, il trouvait cela stupide de la part des bandits : s'ils voulaient tuer parce qu'ils n'avaient pas de rembourser leurs dettes de jeu, ils allaient simplement perdre de l'argent, mais il ne fallait pas trop réfléchir non plus sur ce sujet, après tout, des hommes aussi mauvais étaient forcément stupides…
Posant sa main sur l'épaule du Cortesian, il eût un semblant de sourire. Mais contrairement à ceux qu'il avait avant sa perte de mémoire, celui-ci ne donnait pas vraiment l'impression d'être malsain, mais plutôt amical et sincère, et ce même s'il donnait toujours l'impression de mélanger l'expression de non pas un, mais deux hommes.
« Je vous remercie pour votre coopération. » Disait-il calmement, prêt à en découdre avec ceux qui allaient arriver, car il sentait bien qu'ils ne venaient pas pour faire un tennis… « Je risque toutefois d'en avoir encore besoin, même si vous êtes libre de ne pas vous frotter au danger. » Mais en ayant posé sa main sur son épaule, et ce même s'il était recouvert d'un vêtement couvrant entièrement son corps, il pouvait bien sentir qu'il était assez musclé, et donc qu'il devait en toute logique savoir se battre. Et puis, sa carrure correspondait à celle d'un homme qui était assez athlétique, du moins, c'est ce qu'il espérait… Pour le moment, il jeta un dernier regard vers l'assistant de l'herboristerie, ne sachant pas si celui-ci savait se battre, et surtout s'il allait pouvoir : après tout, il avait son propre combat à mener avec la victime, un affrontement peut-être même encore plus incertain, celui de maintenir l'individu en vie… « Priez pour nous. » Annonça t-il simplement alors qu'il sortait de la boutique pour se frotter aux problèmes qui arrivaient. Il jeta un bref coup d'œil vers le ciel, et il pouvait voir qu'il pleuvait au-dessus du dôme, mais l'eau ne faisait que glisser sur cette immense protection, ruisselant jusqu'à atteindre le sol. Le ciel semblait alors se déchirer, un grondement retentissant au bout de quelques secondes. S'agissait-il de la colère d'Amroth ? En tout cas, cette pluie plus l'orage rendait vraiment la situation idéale pour se battre…