Dans les ténèbres du poison

Bienvenue dans le monde de l'immatériel, également appelé le royaume des morts... N'ayez crainte, laissez-vous guider. Ni rêve, ni réalité, qui sait si votre voyage dans cette sphère spectrale ne sera pas sans retour...?

Dans les ténèbres du poison

Messagepar Shell Covald » 18 Jan 2013, 14:13

Précédemment
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Jamais l'Élite n'avait ressenti pareille douleur! Le poison avait beau s'infiltrer par de petites blessures, rapidement elle avait senti chacun de ses muscles se tétaniser et elle se retrouvait donc aussi raide qu'un piquet avant de tourner les yeux vers Archélas qui lui tendait l'Esuna. Dans un ultime effort, elle se rendait compte qu'en essayant de se concentrer sur autre chose que sa tétanie, elle parvenait à bouger un peu, et elle prit donc les deux petits bouts de pâte pour en prendre un dans sa bouche et le mâcher... serrant l'autre dans sa main, elle vit l'anticus gravement blessé pas très loin d'elle, sa cuisse avait été meurtrie par les crocs du proteus, et comme il se débattait comme un diable, les plaies étaient encore plus ouvertes et saignaient avec une certaine abondance.

Mais la pauvre bête ne bougeait déjà plus à cause du poison, et Shell dut tendre le bras pour réussir à glisser le petit morceau de pâte dans sa bouche pour l'obliger à le manger! Malheureusement, elle n'eut pas vraiment le temps de voir s'il avait réussi à le manger ou non, car elle finit par serrer les dents avec un peu plus de force et tomba finalement inconsciente.

Était-elle morte? Elle ne savait pas vraiment, mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se rendit compte qu'elle ne ressentait plus la moindre douleur. Se redressant, elle se rendait compte qu'elle était toujours dan le marais aux lucioles, sauf que l'environnement était... différent. Déjà, les anticus n'étaient plus là, le proteus non plus, mais Archélas était bien là et visiblement en pleine forme tout comme elle.

«Où sommes-nous?» - les lieux avaient quelque chose de féerique, les arbres brillaient comme s'ils étaient phosphorescents, l'eau ne dégageait plus la moindre odeur nauséabonde, au contraire, elle était claire et pure comme du cristal... la jeune femme s'en approcha et regarda son bras pour se rendre compte que ses vêtements étaient intacts! Plus de trace de boue, plus de déchirure suite à ses combats que ce soit face au serpent ou au proteus...

Elle ne comprenait vraiment pas ce qu'il se passait, aussi elle se tourna vers Archélas à nouveau

«On est mort?» quoi que d'un autre côté, si elle était morte, pourquoi le soldat serait avec elle? Après tout, ils n'étaient pas vraiment liés, ou alors peut être que c'était une sorte de transition parce qu'il était mort en même temps qu'elle seulement? Il y eut une sorte de hennissement et elle se tourna pour voir un anticus galoper un peu plus loin, en pleine forme lui aussi... est-ce que c'est celui qui avait été empoisonné aussi? Comment savoir, à ses yeux, ils se ressemblent tous! En tout cas, elle était un peu perdue sur le coup, même si ça ne se voyait pas sur son visage.

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Archélas Ages » 16 Fév 2013, 23:41

Les yeux clos, le souffle précipité par la panique, Archélas sentait ses sens tourner et les sons s'étouffer tandis qu'une sueur froide se glissait le long de sa colonne vertébrale. L'angoisse davantage que le poison le paralysait membre après membre et lui écrasait la poitrine comme s'il ne pouvait plus respirer. La chaleur pesante de cette fin d'été faisait remonter les pires odeurs du marais, l'assommant encore un peu plus à mesure que les secondes s'égrenaient... jusqu'à ce que tout s'éteigne.

Bientôt, il ne ressentit plus ni douleur ni étouffement, et se risqua à rouvrir les yeux prudemment, mais ce qu'il vit le laissa interdit quelques secondes.

Au-dessus de lui, un ciel étoilé, clair, illuminé par les deux lunes de Nideyle. Tout autour, l'herbe avachie et la boue avaient disparues au profit de joncs et de roseaux se balançant paresseusement. Enfin, l'eau croupie était à présent limpide, et ce fut ce dernier constat qui le fit se lever d'un bond. Les yeux écarquillés, il observait les yeux sans comprendre. Où étaient le Ronçamac, les Anticus, le feu et leurs adversaires ? Disparus ! Envolés ! Seul brillait devant lui un marais aux allures de lac des fées... Tant et si bien que la voix de Shell le fit sursauter, et qu'il se retourna d'un bloc avec un air ahuri. Où étaient-ils ? Il n'en avait précisément aucune idée. En fait, il avait espéré que l'Élite réponde à cette question plutôt que de la poser. Aussi secoua-t-il la tête comme pour signifier son incompréhension, laissant son regard s'attarder sur ce paysage étrange, et l'Anticus occupé à bondir comme un cabri !

S'ils étaient morts ? Il dévisagea Shell un instant. C'était une possibilité... même s'il devait avouer qu'elle ne lui plaisait pas vraiment...

« Je ne sais pas... Répondit-il en balayant le tertre des yeux. Vous l'avez eu, le Proteus...? »

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Alrik » 17 Fév 2013, 00:14

http://nideyleforum.free.fr/illustrations/rp/cyborg_sheetah.jpgCheetah Rider by *0Corcoran

À quelques pas, marchant à pattes de velours sur la surface des flots comme un Messie, c'est un animal bien curieux qui vint rejoindre nos deux aventuriers. Tout de métal vêtu, l'allure élancée du guépard, il restait silencieux et observait la scène comme un prédateur hésitant. Il venait de faire halte au beau milieu de ce qui devait être la partie la plus profonde du marais et d'où avait surgit le Proteus. Léger sur l'eau, le regard artificiel fixé sur ses invités pour qui il avait fait l'effort de la métamorphose. La mécanique chère à l'Élite, le guépard cher au lieutenant. Oui, Alrik était d'humeur facétieuse parfois.

« C'est une excellente question. » Ronronna-t-il comme un moteur... ou comme un chat.

Puis, certain d'avoir attiré l'attention de ses hôtes, il reprit sa marche féline, décrivant un large arc de cercle pour rejoindre le tertre où avaient eu lieu les derniers évènements. Son regard phosphorescent soutenant ceux des deux soldats, il fit une courte pause à quelques pas, les fixant tour à tour.

S'asseyant dans l'herbe, sa queue métallique s'enroulant autour de ses pattes fines, l'animal mécanique cligna des yeux. Un vent léger se leva alors, mettant en évidence quelques particularités que les deux jeunes gens n'avaient pas encore remarqué jusque là. Pour les aider à comprendre, l'Infinitude tournait la tête et laissait traîner son regard dans la direction concernée.

Près de l'endroit où aurait dû se trouver le Ronçamac, une sorte de nuage sombre semblait traîner dans l'herbe comme un grand serpent, et Alrik vit celui des deux qui vivait en Païlandune reculer en croyant reconnaître un Squame de Fléau. Il tourna lentement les yeux, observant à présent la même masse, plus large cette fois, échouée plus loin. Mais de part et d'autre de celle-ci, deux autres effluves éthérées dansaient mollement dans l'herbe. Blanches comme des rais de lumière, immobiles comme deux corps translucides.

« Qu'en pensez-vous, humains...? »

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Shell Covald » 18 Fév 2013, 10:28

Décidément, on pouvait dire qu'ils attiraient vraiment la poisse ces deux là! Et le pire était que si en temps normal, la jeune femme aurait pu trouver une solution tout en gardant son calme, là elle comprenait bien qu'il se passait quelque chose qui allait au-delà de ce qu'elle pouvait connaître!

Le soldat demanda si elle avait eu le proteus, et elle vint hocher de la tête, sans vraiment le regarder malgré tout

«Je crois oui. La dernière chose dont je me souviens, c'est lui avoir arraché la langue. Et avec ce que vous lui aviez donné comme coups juste avant, il doit être en train d'agoniser quelque part.» mais où? Il n'y avait plus aucune trace ici, plus de campement, plus de traces de leur combat, le serpent n'était plus là non plus, ni son anticus à elle. C'est alors qu'il y eut un bruit, et si Archélas n'avait plus sa rapière, la jeune femme se rendit compte qu'elle ne portait plus son gant muni de griffes non plus! Elle regarda sa main artificielle quelques secondes sans comprendre avant de lever les yeux vers la chose qui s'approchait d'eux

«On dirait... une machine?» - l'envie de démonter le guépard pour voir de quoi il était fait était bien tentante sur le coup, mais la jeune femme fut d'autant plus surprise de l'entendre parler! Elle se figea donc, suivant le regard de la bête sur des ombres tout autour d'eux. Il y en avait des noires, l'une prenant la forme d'un serpent de fumée et l'autre, plus grosse au moins de la taille du Proteus un peu plus loin et la jeune femme recula alors d'un pas en ramenant instinctivement le creux de son coude sur son nez! Elle aussi connaissait les squames, elle était justement chargée de les détruire, mais elle n'avait pas de mage à portée de main pour ça! Cependant, les formes ne bougeaient vraiment pas, aussi elle se détendit légèrement avant de voir les deux autres formes blanches à côté

«Des Pelel'jes?» - elle n'en avait jamais vu de ses yeux, elle n'avait lu que des livres sur eux, mais la description correspondait. Évidemment, les descriptions concernaient le monde physique, et pas l'endroit où ils se tenaient actuellement ce qui faussait toutes analyses! Elle se tourna alors vers Archélas pour voir s'il comprenait mieux qu'elle ce qu'il se passait. Elle n'avait jamais vraiment cru à l'Au-Delà ou aux limbes ou n'importe quelle autre magie avant de le rencontrer. Elle assimilait à peine les pouvoirs du Shaman, alors aller lui dire que les formes blanches représentaient leur âme de l'autre côté et que les noires étaient celles de leurs ennemis serait un peu trop pour le moment pour son esprit rationnel...

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Archélas Ages » 23 Fév 2013, 23:30

Distrait par les bonds joyeux de son Anticus miraculeusement en aussi bonne santé qu'eux, Archélas intercepta l'acquiescement de l'Élite à sa question et... se figea lorsqu'un guépard mécanique vint leur rendre une petite visite ! Les yeux ronds de stupeur, il failli se pincer afin de vérifier qu'il ne rêvait pas... d'autant que l'animal leur adressait la parole comme s'il était normal pour un félin métallique de parler...

« … vous savez, il paraît qu'en cas de poison violent, l'Esuna provoque des évanouissements... et comme nous l'avons partagé en trois, il se peut que nous soyons en plein délire... »

Ou alors ils étaient bel et bien morts et erraient quelque part dans les Abysses, en attendant qu'une Infinitude vienne les guider vers le paradis, ou vers l'enfer. Où irait-il, lui, après le meurtre de Chaëmil ? C'était bien joli d'être croyant et d'allumer des cierges au cours de ses voyages... mais il n'en restait pas moins un meurtrier à ses heures. Ordres ou non... il tuait... et tout à son constat, il demeura immobile, observant le guépard comme s'il était normal de voir un guépard mécanique parlant marcher sur l'eau...!

« Des Pelel'je et des Squames, vous croyez ? Mais son regard restait accroché à la forme longiligne où aurait dû se trouver le Ronçamac. Ou bien des âmes mortes et des âmes vivantes...? Ça semble correspondre au serpent, ici... et là au Proteus... et là... à vous, à mon Anticus, et à moi. Raisonnait-il à voix haute en désignant chaque forme éthérée d'un geste du menton. Mais... je ne vois pas votre Anticus à vous... Ou alors... »

Ses sourcils se froncèrent alors qu'il réfléchissait de plus belle. Ou alors il s'agissait des âmes destinées à aller en enfer - en toute logique, les nuages sombres – et celles autorisées à monter au paradis – les plus claires. Et donc... le soldat fut presque soulagé de voir que la forme supposée correspondre à son âme à lui était justement claire. C'était donc que quelque part, il était parvenu à se racheter ?

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Alrik » 23 Fév 2013, 23:31

« Les Abysses sont un pont entre le royaume des morts et celui des vivants. Considérez-moi comme votre passeur. Ce qui se trouve de l'autre côté, vous seul le choisissez. »

De nouveau, son regard mi-félin, mi-machine, se planta sur les deux individus hébétés face à lui. L'un à l'esprit enfantin prêt à croire en n'importe quelle magie, l'autre à l'esprit rationnel prête à disséquer une Infinitude pour en comprendre le fonctionnement. Différents mais semblables, égoïstes mais altruistes... et c'était précisément ce qui avait attiré Alrik à leurs côtés. Qui étaient donc ces deux humains, qui partageaient en trois un Esuna prévu pour un seul ? En trois... car l'animal – si souvent considéré comme moins intelligent et non prioritaire – n'avait pas été oublié. Voilà qui méritait le déplacement, non ?

« Dites-moi, ce qui vous retient. Montrez-moi le chemin que vous souhaitez arpenter. Les iris artificiels se fixèrent tour à tour sur l'un et sur l'autre, s'amusant de les voir se poser un millier de questions, réfléchir à ses devinettes et se remettre en question. Quelle attache affective justifierai que vous reveniez ? Pensez-vous réellement que l'ensemble de vos actes puissent prétendre mériter une seconde chance ? Qu'en est-il de votre conscience ? N'êtes-vous pas remplaçable ? Votre absence ne serait-elle pas susceptible de résoudre bien des conflits ? Dites-moi, ce qui vous retient. »

Autour de lui, comme un jeune faon débordant d'énergie, l'Anticus bondissait en produisant de grands ronds dans l'eau. En fait, son pelage se mit à scintiller, puis à briller vivement, et la petite forme éthérée supposée le représenter s'agita sur son emplacement. Débordant d'enthousiasme, l'animal se précipita aussitôt dans sa direction et se désintégra littéralement dans une pluie d'étincelles sitôt qu'il entra en contact avec ce que Archélas avait appelé son « âme ». Parce que les animaux ne se posaient pas autant de questions existentielles, il leur était plus facile de retrouver le bon chemin...

Quant aux deux soldats, Alrik avait hâte de les entendre plaider en leur faveur. Les humains se justifiaient toujours pour pouvoir rentrer chez eux... prévisibles et ennuyeux. Le Païlandais allait probablement invoquer son épouse et son enfant ; mais ce qui intéressait notre guépard mécanique... c'était l'Élite ! Prétendre vouloir rentrer pour rembourser sa dette, ça lui plairait assez !

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Shell Covald » 24 Fév 2013, 14:54

Dans un premier temps, Archélas avait effectivement pensé à des squames et des pelel'jes, mais finalement il se rabattit sur la possibilité qu'il s'agisse d'âmes. Ceux qui étaient morts pouvaient représenter ces ombres pourpres alors que les vivants apparaissaient sous cette forme éthérée. Cependant, comme le disait Archélas, il y avait un petit problème vis à vis de cette théorie, c'était que l'anticus de la mechanimae ne se trouvait nulle part.

«Lui était en pleine forme, il n'a pas été touché par le poison, c'est peut être pour ça qu'il n'est pas visible.» conclusion logique qui fut confirmée par le guépard mécanique qui s'approcha par la suite. Il leur expliqua effectivement qu'ils se trouvaient sur une sorte de pont qui reliait la vie à la mort, et qu'ils étaient donc les seuls à décider du chemin qu'ils allaient emprunter. Parlant par énigme, il semblait les mettre au défi de prouver leur valeur à savoir s'ils méritaient de vivre ou de mourir. Cependant pour la jeune femme, cette question n'avait pas vraiment de sens, elle-même ne voyait pas grand intérêt à la vie finalement.

«Il n'y aura personne pour me pleurer, ni personne pour être heureux de ma mort. Je n'ai guère de but si ce n'est celui de vivre pour découvrir encore d'autres choses sur ce monde que je ne connais que trop peu.» elle se tenait juste là, devant le guépard sur le bord de la rive, n'imaginant même pas qu'elle pourrait peut être tout autant marcher dans l'eau et donc qu'à cet instant, elle vivait probablement une expérience unique, mais rien ne disait qu'elle s'en souviendrait lorsqu'elle retournerait dans le monde des vivants - si elle y retournait.

«En revanche, tant que je suis en vie, il y a des choses que je peux accomplir. Des gens que je peux protéger, des dangers que je peux écarter. Choses que je ne peux faire une fois morte.» au final, Shell n'était pas le genre à lutter ou supplier pour avoir la vie sauve. Le guépard lui avait posé une question, elle y avait répondu un point c'est tout. Elle n'allait pas argumenter davantage, surtout qu'au final, il demandait une attache affective et elle n'en avait aucune. L'idée de rembourser sa dette était effectivement une question d'honneur, cependant depuis son entrée dans l'Escadron, il y avait toujours eu la perspective qu'elle meurt en mission donc ce n'était pas vraiment un argument à ses yeux. Elle aurait péri au cours d'une mission donc il n'y avait rien de déshonorant à cela.

Elle se tourna vers l'anticus qui bondit pour sauter dans les effluves éthérées qui devaient correspondre à son corps, mais elle doutait fort que ce soit aussi simple pour eux et qu'il suffise juste de faire de même, sinon le guépard ne se serait pas soucié de poser ces questions. En tout cas, vivre ou mourir, elle estimait que ça ne dépendait que d'elle, hors sa mission n'était pas terminée aussi elle commença à tourner le dos à l'animal de métal afin de se diriger également vers l'endroit où devait se trouver son corps. Elle attendit tout de même de voir ce qui allait se passer avant de se jeter dedans.

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Archélas Ages » 05 Mar 2013, 15:43

Archélas hocha la tête à la remarque de l'Élite. Effectivement - et comme le souligna le guépard mécanique quelques secondes plus tard - s'ils se trouvaient à l'intersection du monde des vivants et de celui des morts, peut-être était-il normal que tout ne leur apparaissent pas de la même manière. C'était le cas de l'Anticus indemne de Shell par exemple, mais aussi des innombrables lucioles supposées se trouver là. Puis le cœur du soldat se serra lorsqu'il vit sa monture disparaître dans une explosion d'étincelles lumineuses. Avait-il survécu ou bien au contraire avait-il succombé à ses blessures ? Après tout, l'animal avait une masse corporelle bien supérieure à la leur et n'avait eut droit qu'à un tiers de leur Esuna... d'autant qu'il avait été attaqué avant eux.

Arraché de ses réflexions par les questions du guépard, Archélas reporta son attention sur lui. Le lieutenant venait d'énoncer les raisons pour lesquelles elle estimait mériter de revenir parmi les vivants avec un calme et une objectivité déconcertant. Lui en revanche, ne sut pas quoi dire, et se sentit épié lorsque les yeux phosphorescent du félin se posèrent sur lui.

En pesant le pour et le contre, le jeune homme estimait qu'il y avait davantage de raisons contre que pour.

Ce qui le retenait ? Ses émotions. Égoïstement, il ne voulait pas quitter ses attaches affectives : ses parents, Ceithli, et cet enfant qu'il n'arrivait toujours pas à réaliser être le sien ou devoir venir au monde. Nideyle se porterait-elle mieux en son absence ? En tous les cas, elle ne s'arrêterait pas de tourner ! Quant aux proches autour de lui, oui, sans doute auraient-ils bien moins de soucis s'il n'était pas là pour leur en créer. Qu'avait-il encore à accomplir ? Quelques meurtres, commandés par Manôlis. Rien de très vertueux. Seulement de nouveau, il repensa à sa famille et ne sut se résoudre à les laisser seuls.

« J'ai confiance dans le jugement des Infinitudes, et je n'ai pas l'intention de contester leur choix. Cependant si c'est à moi de choisir, alors je veux rester auprès de mes proches. Décider maintenant de ne pas revenir reviendrait à les abandonner. »

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Alrik » 05 Mar 2013, 17:28

Immobile sur la surface chatoyante des flots, Alrik observait les deux jeunes gens, laissant délibérément traîner un long silence. Sa manière à lui d'instaurer un certain suspens, sans doute. Les réponses qui venaient de lui être donner l'amusait. L'un comme l'autre avaient au moins un point commun : le sentiment que leur présence sur Nideyle n'était pas essentielle. Malgré tout, aucun des deux n'avait l'air décidé à mourir, et ce paradoxe suffisait à donner envie à notre Infinitude de les titiller encore un peu. Car il y avaient encore un point qui l'intriguait.

« Pourquoi avoir partagé l'Esuna ? »

Son regard se planta d'abord sur Archélas. D'habitude, en pareille circonstance, les humains se contentaient de ne sauver que leur propre vie. Or Alrik trouvait étrange ce comportement qui avait poussé un Païlandais à moitié arriéré à se dire qu'il n'était pas tout seul, et ce même au pire moment de sa vie. Autre détail étonnant, la façon dont l'Élite s'était démenée pour faire avaler sa part de l'Esuna à l'Anticus. Celle-là, il fallait avouer qu'aucun humain ne la lui avait encore jamais faite ! Se soucier de la vie de son prochain était déjà plutôt bizarre en soi... mais celle d'un animal, considéré comme un objet dans la majorité des cas... depuis quand se souciait-on ?

Sans attendre de réponse, le guépard se releva souplement. Il sentait que l'un comme l'autre étaient décidés à retourner dans le monde des vivants. Deux têtes de mules ! Et il pourrait bien essayer de les retenir autant qu'il voulait, comme il l'avait précisé lui-même, c'étaient à eux de traverser vers la direction qu'ils avaient choisie. Oh, bien sûr, en tant qu'Infinitude il pouvait s'amuser à faire d'eux ce qu'il voulait... mais de temps en temps, se montrer indulgent lui changeait les idées.

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Re: Dans les ténèbres du poison

Messagepar Shell Covald » 05 Mar 2013, 20:16

La jeune femme avait exprimé son opinion, c'était au tour d'Archélas à présent de justifier de sa vie auprès de cet étrange animal. Évidemment, pas une seule seconde Shell n'avait eu à l'esprit qu'il pourrait s'agir là d'une Infinitude puisqu'elle n'y croyait pas. Elle pensait surtout qu'il s'agissait là d'une manifestation de son esprit, qu'elle était simplement en plein délire à cause du poison et que finalement tout cela n'était que le fruit de son imagination et de ses craintes les plus profondes.

Le guépard lui demanda alors pourquoi avoir sauvé l'anticus, et la réponse de la mechanimae aurait peut être un caractère bien plus égoïste qu'il n'aurait pu le penser

«Avancer dans ces marécages est déjà bien périlleux, alors poursuivre avec une seule monture au lieu de deux aurait été du suicide. Je n'ai fait que prendre mes précautions pour que nous nous en sortions vivants.» - inutile donc de voir là dedans un quelconque altruisme. La jeune femme n'avait vu là que le côté pratique de la situation - «par ailleurs, nous n'avons fait que louer cet anticus, je ne pouvais me permettre de prendre le risque d'avoir une dette envers Sayah Cordelius en plus de celle que j'ai déjà envers l'Escadron.»

Comme ça c'était dit. En tout cas pour l'heure, le guépard finissait par tourner les talons et s'éloigner d'eux, visiblement satisfaits de leurs réponses. La jeune femme se tourna donc vers Archélas, gardant un air plutôt neutre malgré le côté des plus surréalistes de la situation
«Nous devrions suivre votre anticus. De toute évidence, il faut plonger dans ces vapeurs dorées pour retrouver nos corps.» - ou mourir. C'était quitte ou double n'est-ce pas? Mais la jeune femme ne voyait pas l'intérêt de rester ici plus longtemps. En revanche, il valait probablement mieux ne pas se louper de corps! Serait-il possible que son âme se retrouve dans le corps d'Archélas et inversement? En tout cas, elle se souvenait très bien être la plus proche du proteus, aussi elle savait quelle aura lui correspondait. Elle s'en approcha donc, et une fois qu'elle fut suffisamment proche, elle leva les yeux vers le soldat

«Croyez-vous que nous nous souviendrons de tout cela une fois de retour dans ce marécage?» - ils ne le sauraient probablement jamais. Si la mémoire devait leur faire défaut, ils auraient simplement l'impression de sortir d'un drôle de rêve, et s'ils s'en souvenaient... la jeune femme se demandait si elle y croirait seulement.

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