Se jeter dans la gueule des Protéus

À l'embouchure du Liek se situent d'immenses marais. Synonyme de puanteur et de mort pour beaucoup, ils ont pourtant un certain charme lorsque l'on sait se taire et observer leur écosystème fragile...

Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 05 Déc 2012, 14:20

Levant la main pour refuser le carnet, Archélas commençait à regretter de s'être mis torse nu à présent qu'il était la proie d'une armée de moustiques.

« Merci mais le papier brûle trop vite et ne fait pas de braise. Je trouverai d'autres branches en faisant mes tours de garde. »

Il se leva alors afin de fouiller ses poches plus facilement, et en sortit son petit flacon de lotion Citronelle dont il se recouvrit généreusement. En se rasseyant, il épia le vol de quelques moustiques qui l'évitèrent soigneusement, ce qui le fit sourire. Décidément, l'efficacité des potions de Belladona l'épaterait toujours ! Et pour une fois, l'application n'avait rien de douloureux. Du coup, il se versa encore un peu de lotion sur les mains et alla en appliquer sur les paupières des Anticus en faisant semblant de leur caresser la tête. Depuis qu'ils étaient entrés dans les marais, il avait remarqué que les deux montures étaient les proies des mouches, et au moins cela leur offrirait quelques heures de répit.

Revenant s'asseoir, il cuisina ensuite les tranches de Flabo dont lui et Shell se gavèrent littéralement, silencieux et ravis de cette pause largement méritée. Ce fut donc le ventre plein que l'Élite alla se coucher tandis qu'Archélas passait la nuit à fouiller les environs à la recherche d'un peu de bois à brûler. Il en profita pour sécher une nouvelle fois ses flèches que son séjour dans l'eau n'avait pas épargnées et se débarrassa des empennages abîmés pour les remplacer par de jolies plumes de Flabo. Il se retrouva donc avec des flèches aux fesses pistache liserées d'ardoise, pas tout à fait viriles mais bien plus précises. De temps à autre, il levait les yeux vers les Anticus qui mâchonnaient une touffe de mousse en surveillant les alentours. Leurs grandes oreilles remuaient parfois lorsqu'une luciole s'y perchait. Enfin, il se décida à aller réveiller son acolyte lorsqu'il sentit la fatigue l'écraser.

Shell intercepta-t-elle son regard presque suppliant qui – s'il avait encore été sous le coup de son sortilège – lui aurait fait dire quelque chose comme « tu me le prête, dis, s'il te plaît » ? Toujours fut-il qu'elle lui proposa son Ronçamac... et que le soldat ne se fit pas prier pour aller s'y allonger, totalement épuisé. Le soldat ne tarda pas à ronfler bruyamment, la respiration gênée par toute l'eau qui s'était engouffrée dans son sinus lors de sa presque noyade, ignorant totalement le vol des chauve-souris comme celui des crapauds... Et même s'il avait été éveillé, aurait-il seulement aperçu le serpentement silencieux de l'Anaconda qui glissait vers eux ?

Le reptile dissimulé dans l'eau vaseuse se rapprochait comme un tronc mort. Lui aussi, possédait une vision thermique, l'ennui étant que contrairement à Shell, son sang était froid... mais davantage intéressé par l'homme endormit que par la Mechanima et les Anticus qu'il avait vu bouger, il se hissa souplement sur la berge et resta immobile quelques instants, comme s'il cherchait à se faire oublier, avant de reprendre ses sillons jusqu'au Ronçamac.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Shell Covald » 06 Déc 2012, 11:11

Les moustiques... il fallait croire que le métal, l'huile et autres composants électroniques avaient tendance à les faire fuir, car la méchanimae n'avait pas spécialement senti les morsures et piqûres de ces bestioles. Nullement gênée par la partielle nudité du soldat, elle s'était contenté de découper le Flabo afin qu'ils puissent avoir un bon repas dans l'estomac.

Lorsqu'il fut temps pour elle de surveiller le campement, la jeune femme commença un petit tour d'horizon, cherchant surtout du bois sec pour le feu et elle regrettait presque de ne pas avoir fait de meilleurs achats lorsqu'elle était encore à la Basse Ville. Elle se souvenait d'une pierre ou d'une poudre qui permettait de faire un vrai feu de camp, ou encore d'une poudre qui protégeait des créatures dangereuses environnantes ! Oui, il y avait bien des choses qui auraient pu leur être utiles, et elle gardait précieusement ces idées dans un coin de sa tête pour la prochaine fois qu'elle partirait en mission!

Au bout d'un moment, après avoir shooté dans un crapaud qui avait fait un joli vol plané jusqu'à l'étendue d'eau la plus proche, elle se décida à revenir vers le feu, passant en vision infrarouge pour ne pas être éblouie par la lumière des flammes avec la vision nocturne, elle prit une branche pour faire bouger les braises et tenter de le dynamiser un peu, elle n'avait trouvé que quelques brindilles sèches qu'elle ajouta même si elle doutait fort que ce soit très utile! Regardant autour d'elle, elle ne voyait qu'Archélas bien pelotonné dans le hamac, ignorant donc le reptile qu'elle ne pouvait pas voir de cette manière. Soupirant, elle se redressa, car si elle venait à s'asseoir, elle risquait fort de s'endormir malgré ses efforts! Et se remit à marcher, passant en vision nocturne à nouveau, elle regarda autour d'elle pour voir que les herbes bougeaient près du soldat.

Fronçant les sourcils, elle commença à s'approcher doucement... ce mode de vision était loin d'être précis, et elle se demandait même si elle n'avait pas rêvé! Elle ferma malgré tout son œil valide pour ne plus être dérangé par les images réelles de la nuit et ne voir qu'en vert - si on pouvait dire ça ainsi - mais l'anaconda avait arrêté de bouger lorsqu'il avait détecté les propres mouvements de la jeune femme. Malgré tout, elle continua à s'avancer, un œil toujours fermé donc elle était obligée de marcher lentement pour ne pas perdre l'équilibre!

Mais la bête sembla comprendre le danger, et finalement tourna la tête vers elle et c'est là qu'elle le repéra! Écarquillant les yeux devant la taille imposante, elle s'approcha rapidement des affaires d'Archélas pour prendre son épée et se tourner de nouveau vers le serpent qui avait eu le temps de s'approcher! Elle était quand même assez douée à l'épée pour s'être entraînée à l'escrime mais le poids était tout de même légèrement différent et elle tenta une estoque rapide mais le serpent semblait plus doué qu'elle, ce qui fait qu'il se déplia d'un coup sec et s'enroula autour de son bras, obligeant la jeune femme à tomber à genoux sous son poids imposant!


«Ah...» - ce n'était pas le genre de cri qu'une minette apeurée aurait poussé, juste une exclamation de surprise et peut être un peu de peur sur le coup, alors que sa main de chair essayait d'attraper le cou de l'anaconda pour l'empêcher de continuer à s'enrouler autour de son bras mécanique! Mais elle avait moins de poigne sur cette main et c'était donc bien plus difficile pour elle! Tentant de se relever histoire de donner du fil à retordre à la bête, elle se mit à serrer des dents «Lâche moi sale bête!»

Elle en était presque à espérer qu'il tente de mordre sa joue métallique et se casse les dents, le problème était que les anacondas n'étaient pas le genre à mordre! Ils étouffaient et déjà, il continuait de grimper sur son bras, alourdissant toujours plus de son poids alors que Shell tentait de garder l'appui sur sa jambe métallique pour ne pas tomber à genou à nouveau et lui faciliter la tâche! Mais il s'approchait trop vite de son cou et la façon dont il était enroulé ne lui permettait pas de plier le bras pour l'attraper de sa main métallique! Saleté!!

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 03 Jan 2013, 00:05

J'espère que c'est pas trop incohérent, j'ai eu du mal à me concentrer... et à m'y remettre !


Tout occupé à dormir du sommeil du juste, Archélas ne remarqua pas une seule seconde la présence du serpent. Pour sa défense, l'animal était particulièrement silencieux, et Shell montait la garde. Autant dire que c'est en toute confiance que le soldat lui avait confié la sérénité de son repos, lui même en ayant fait autant quelques heures plus tôt. En réalité, le lieutenant s'était couché en estimant que si danger il devait y avoir, le claquement des fouets des Anticus seraient la première alerte susceptible de le réveiller. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était que même les montures ne verraient pas le danger tant il était sournois.

Et ainsi le danger fut-il sur les deux aventuriers avant même que l'un ou l'autre ait le temps de le voir venir !

Le premier assaut de l'anaconda lui valu non seulement de s'approprier un bras entier de sa victime, mais en plus de la jeter à genoux et ainsi la faire tomber à sa portée. Le cri qu'elle poussa alors secoua à peine le sommeil d'Archélas qui la rêva en train de raviver le feu avec hargne, et c'est avec un ronflement de goret qu'il s'enroula dans la toile du ronçamac tout en se retournant pour adopter une meilleure position. Le serpent, lui, usait de sa force nonchalante pour resserrer son étreinte. Lentement mais sûrement, grand muscle lisse sur lequel l'Élite n'avait pas la moindre prise, il s'était rapproché jusqu'à entraver l'une des jambes de sa victime et glissait insidieusement sur son bassin.

Dans son mouvement toutefois, le reptile heurta le pied du ronçamac qui fut brièvement secoué. À l'intérieur, Archélas ouvrit un œil tout ensommeillé sans bouger, jusqu'à entendre le chuintement de l'herbe piétinée et les grognements de Shell qui semblait très aux prises avec... avec quoi ?

Se retournant brusquement, le soldat en fut quitte pour retourner le ronçamac et se retrouver face contre terre en moins d'une seconde. Surpris quelques instants, il se redressa toutefois rapidement, porté par l'adrénaline. Ce qu'il vit lui fit écarquiller les yeux autant que Shell avant lui. Jamais il n'aurait imaginé qu'un serpent aussi gros puisse exister !

« Eh !!! »

Son cri attira l'attention des Anticus qui semblèrent se rendre compte à retardement du danger et se jetèrent à l'eau en même temps, fuyant les lieux du combat. Archélas, quant à lui, s'arma de son fidèle couteau et sans réfléchir un seul instant, ouvrit en deux l'assaillant de l'Élite comme une gigantesque gousse de vanille ! Résultat : l'anaconda lâcha prise et s'entortilla sur lui même, envoyant une nouvelle fois le soldat au sol en lui fauchant les jambes à force de s'agiter sous le coup de la douleur. En guise de défense, le lieutenant lui donna quelques coups de pieds peu convaincus - le postérieur dans l'herbe n'étant pas une position idéale.

« Raaah !!! Achevez-moi ce truc... » Lança-t-il à Shell en voyant qu'elle avait sa rapière.

Mais avant même de vérifier qu'elle se débarrassait bel et bien de ce nouveau prédateur, un cri déchirant glaça le sang du soldat qui fit volte-face – sur les fesses – et lança un regard affolé en direction des deux Anticus. Dans l'obscurité, grâce à la lumière que diffusaient les lucioles, il eut l'occasion de voir les deux montures immergées jusqu'au cou. Nageant jusqu'à l'autre rive après la frayeur causée par l'anaconda, elles venaient pourtant de bifurquer drôlement dans leur nage, un peu à l'image d'un essaim qu'un jet de pierre disperse. Sur ses pieds en un bond, Archélas mis aussitôt la main sur son arc en sentant venir un nouveau danger. Définitivement, ils n'auraient pas la paix !

« Vous voyez quelque chose avec vos yeux magiques ? »

Sans attendre de réponse, il engagea une première flèche et banda son arc, le regard attentif. L'Anticus de Shell venait de décrire un demi cercle très serré et revenait dans leur direction en nageant si vite qu'il semblait galoper sous l'eau avec un désespoir évident. Sa monture à lui était repartie sur un angle de quatre-vingt dix degrés, et c'était d'elle que provenait le cri d'alerte qu'il avait entendu. Elle tourna la tête dans leur direction en cherchant son camarade d'infortune du regard, puis bifurqua à nouveau avant de disparaître tout à coup sous la surface ! Le cœur battant, Archélas observait la scène sans oser y croire... et pourtant, quelque chose venait bel et bien d'entraîner son Anticus par le fond ! Quelques secondes plus tard, un gros remous agita la surface lisse du marais et l'Anticus refit surface... ou plutôt seulement sa tête. Manifestement, quelque chose le retenait et l'empêchait de nager correctement, le noyant presque à chaque tentative qu'il faisait pour gagner la rive. Ses oreilles immenses plaquées en arrière, on le voyait faire des efforts inconsidérés pour se maintenir à la surface et tenter de les rejoindre. Il disparaissait parfois, puis réapparaissait dans un gros bouillon en se débattant de toutes ses forces.

Et tout occupé à viser un ennemi invisible sous la surface vaseuse du marais, Archélas ne se soucia pas le moins du monde du signal de détresse émis par la balise tant recherchée... à deux pas à peine derrière son Anticus qui bravait la noyade, et se rapprochant lentement... mais sûrement !

Pardon, j'ai été un peu vite sans m'expliquer. L'Anticus d'Archélas se serait fait attrapé par un Proteus, pour l'instant invisible car sous la surface du marais. Ce serait ce même Proteus qui aurait avalé la balise de détresse que cherche Shell. J'espère que ça ira, sinon n'hésite pas à me dire, j'éditerai sans problème.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Shell Covald » 07 Jan 2013, 21:13

Tu n'avais pas besoin de préciser, j'avais très bien compris avec tes descriptions ♥

Décidément, ce séjour avait vraiment le chic pour tourner en eau de boudin! Il fallait croire que la poisse d'Archélas avait tendance à s'étendre sur tous ceux qui restaient à proximité de lui, car depuis le début de leur aventure, on ne pouvait pas dire que les bonnes surprises se suivaient! Entre les crocodiles, les transformations en lézard, puis les changements hormonaux, et maintenant un gros serpent qui était en train d'essayer de l'étouffer!! Non mais oh!

Fort heureusement, le soldat se relevait rapidement, usant de son petit couteau pour ouvrir la bête dans le sens de la longueur et alors que la créature se tortillait de douleur! La jeune femme ne sentait presque plus son bras sur le coup tellement le serpent s'était enroulé avec force! Mais ce n'était pas encore fini, alors elle changea rapidement la rapière de main afin de couper la tête d'un geste vif de sa main d'acier! La scène semblait s'être déroulée au ralenti, la tête s'envolait dans les airs, laissant une giclée de sang derrière son sillage alors que les Anticus prenaient la poudre d'escampette!

Tournant la tête vers le marais, elle s'approcha rapidement d'Archélas pour voir comment ils allaient pouvoir les récupérer

«Le sort de Sayah ne doit-il pas les inciter à revenir vers nous?» - après tout, le soldat avait bien demandé à ce qu'ils les ramènent à bon port non? D'ailleurs, à partir du moment où elle le lui signala, l'Anticus revenait vers eux, Sheli s'avança pour récupérer la bride du sien alors que l'autre semblait pris de panique et s'enfonçait totalement dans l'eau! Écarquillant les yeux, elle vint battre des cils pour essayer de voir ce qu'il se passait grace à la vision infrarouge

«Il y a une grosse masse qui semble être accrochée à lui et...» elle tira rapidement son Anticus de l'eau alors qu'elle entendait les bip de la balise qui s'accentuaient de plus en plus! Elle récupéra son PDA et se rendit compte que désormais, la balise était juste à côté d'eux! «... et la balise doit y être accrochée aussi!»

Elle aida son Anitcus pour aller le laisser sur la berge derrière eux, puis essaya de s'approcher en tendant sa main d'acier vers la bride de l'autre pour l'aider, mais il semblait atrocement souffrir et elle ne réussit pas à l'atteindre jusqu'à ce qu'il réussisse à se libérer enfin, sa queue sortait violemment de l'eau avec un léger sillage de gouttes de sang derrière lui, preuve qu'il avait du blesser quelque chose de vivant... qui sortit juste après lui!

«C'est quoi ça???» - une gueule immense, une langue démesurée et un truc tout ce qu'il y a de plus effrayant! La jeune femme ne s'attendait pas vraiment à tomber sur ce genre de créature en arrivant ici! Elle se tourna rapidement vers Archélas, de toute évidence, cette chose était particulièrement agressive et ils se retrouvaient avec une rapière, un couteau et un gant muni de griffes? Ah oui, il y avait aussi l'arc et les flèches, aussi la jeune femme prit une profonde inspiration avant de reprendre la parole

«Votre arc! On ne va pas s'attaquer à cette chose au corps à corps!» - surtout qu'elle l'ignorait, mais le poison que le proteus secrétait avait de quoi les tuer rapidement! En attendant, elle commença à s'approcher pendant que la bête grimpait sur la berge, elle essayait de le contourner jusqu'à se rendre compte qu'elle ne voyait pas la balise!

«Je... crois bien qu'il a avalé la balise! On n'a pas le choix, il faut le tuer...» mais elle ne se rendait pas encore bien compte à quel point leur vie était en danger à présent!

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 12 Jan 2013, 23:46

J'espère que ça fait pas grosbill :$ Je ne tue pas le machin... je l'abîme un peu c'est tout... Si ça ne va pas, comme d'hab' tu me dis et j'édite.


Archélas ne s'était jamais penché sur la question du comportement des montures louées à Sayah. Leur murmurait-il à l'oreille qu'elle devait rester avec eux tout le temps de la mission ? C'était le genre de détail qui n'était pas précisé à la location... et connaissant le vendeur au sang froid, toutes les mauvaises surprises étaient à envisager à ce sujet ! Seulement le soldat n'eut pas vraiment l'occasion de s'attarder sur la question. Occupé à viser un point invisible dissimulé dans l'eau, il entendit Shell s'agiter à côté de lui et lui annoncer que sa balise semblait être accrochée... à sa monture ?

« À moins que vos balises soient capables d'entraîner un Anticus par le fond, je doute que celle que vous cherchez soit responsable de la détresse du mien... » Répondit-il d'une voix blanche.

Non pas qu'il ait envie de chuchoter, mais concentré sur sa cible et le cœur battant à tout rompre à l'idée de ce qui allait surgir des eaux, il n'était plus capable que d'un ton froid, presque absent. L'Élite venait de parler d'une grosse masse, et Archélas pensa aussitôt à un crocodile. C'était bien leur genre de noyer leurs proies sans se presser, et l'homme grimaça au souvenir des dernières paroles du lieutenant. Tel que la situation se présentait, il y avait de fortes chances que le reptile ait avalé la balise ! Il faudra donc s'en débarrasser, et lui avec ses flèches, le chatouillera à peine. Ce qui l'ennuyait surtout, c'était le carnage qu'ils ne cessaient de semer sur leur chemin. Combien de créatures avaient-il éliminées depuis qu'ils étaient ici ? Certes pour sauver leurs vies... mais tout de même...

Laissant la jeune femme s'occuper des Anticus, le soldat restait concentré, prêt décocher sa flèche à la seconde même où le crocodile ferait surface. Tout près de lui, sa monture avait pris appui sur la berge et tirait tant bien que mal sur ses antérieurs, la tête basse, sans parvenir à hisser son arrière-main hors de l'eau. Du coin de l'œil, Archélas pu même voir des bouillons de sang près de la cuisse immergée de l'animal qui donnait de grands mouvements d'épaules pour sortir... en vain... Et lorsque toute résistance céda enfin et que l'animal pu s'extirper du piège dans lequel il était pris, la flèche du soldat siffla, comme partie toute seule.

En réalité, c'était un peu le cas. Stupéfait de voir surgir ni plus ni moins qu'un monstre derrière son Anticus, c'est un sursaut effrayé qui avait motivé son tir. Et tout comme il avait raté le jaguar la veille, il rata le Protéus à l'instant. Engageant aussitôt un second projectile, il n'entendit plus les réflexions de Shell qu'en fond sonore, l'adrénaline le gagnant à une allure folle à mesure que la panique le gagnait. La seconde flèche ripa sur le front de la créature qui tourna sa tête vicieuse vers lui, manifestement mécontente de l'accueil réservé. Preuve en fut la gueule immense qu'elle ouvrit, déployant une rangée impressionnante de dents dont deux crocs totalement effarants ! Gueule qu'elle referma avec un cri strident aussitôt que la troisième flèche tirée par le soldat alla s'y planter.

« Il ne nous lâchera pas ! Attention à son venin ! »

À y repenser, son Anticus avait très certainement dû en faire les frais... mais refusant de s'attarder sur les détails pour le moment et mu uniquement de ses réflexes, Archélas recula prudemment tout en engageant une autre flèche. Sans perdre de temps, visant au mieux et concentré comme jamais, il décocha projectile sur projectile qui – lorsqu'ils atteignaient leur cible – se fichaient dans la chair tendre du Protéus... et le rendait fou de rage ! Au point même qu'il n'eut bientôt plus d'yeux que pour le soldat qui l'agressait et qu'il finit par se précipiter dans sa direction sans lui laisser le temps de réarmer son arc ! Pris de court, le lieutenant laissa tomber ses flèches et porta la main à son fourreau d'un geste machinal et malheureusement fatal, car sa rapière ne s'y trouvait plus !

Le temps pour lui de réaliser qu'il était piégé, il s'empêtra les pieds dans le feu de camp, offrant à la bête sanguinaire qui lui faisait face une belle opportunité de se jeter sur lui. Tombant lourdement sur le dos, il eut à peine le temps de voir la gueule immense du Protéus s'ouvrir, déployer ses dents, et se refermer sur ses jambes comme un piège à collet, lui arrachant un cri de douleur. Il sentit, le long de ses mollets, la rangée de dents s'enfoncer dans ses muscles et lui arracher la peau. L'espace d'une seconde, il faillit en perdre connaissance avant de se reprendre. Parvenant à mettre la main sur son couteau qu'il avait eu la bonne idée de fourrer dans sa poche après avoir ouvert l'anaconda, il se redressa à la force de ses abdominaux et se mit à marteler la tête de son prédateur comme un fou furieux, envoyant des gerbes de sang de tous côtés.

La terreur et l'idée même qu'il allait y rester l'obligeaient à agir vite... et n'importe comment, il fallait l'avouer. Mais dans sa position, il n'avait pas trop le temps de réfléchir ! En fait, son bras commençait déjà à s'engourdir... et c'est les larmes aux yeux que le soldat continuait de frapper avec un désespoir aussi évident que celui de son Anticus quelques minutes plus tôt...

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Shell Covald » 16 Jan 2013, 18:50

Décidément, mais dans quoi s'était-elle embarqué??? Jamais on ne lui avait dit qu'elle devrait passer son temps à affronter de telles créatures, et maintenant qu'elle voyait pour la première fois un Protéus, Shell se disait qu'effectivement, il était surement normal que le soldat précédent ait perdu sa balise dans un endroit pareil avec tous les dangers que cela impliquait!

Débarrassée du serpent, elle en avait encore mal au bras à cause de son poids! Au moins, sa main d'acier n'avait pas été endommagée, et elle regarda alors la créature sortir de l'eau en ouvrant une gueule tout simplement immense! Non mais la bouche semblait plus grande que la tête elle-même! C'était possible ça? Et voilà qu'Archélas lui signalait qu'en prime, cette saloperie pouvait les empoisonner? Bon sang, et dire que la balise était dans le ventre de ce monstre! Elle remarqua que le soldat cherchait son arme, et elle se précipita rapidement pour venir planter la rapière dans l'arrière train de la bête au moment même où elle plantait ses crocs dans son mollet! Trop tard, le pauvre allait grandement souffrir suite à sa propre erreur de jugement!

C'était une faute grave dans son régiment, aussi elle reprit rapidement son sang froid, analysant la situation pendant qu'Archélas massacrait la bestiole à la tête avec son couteau qui coupe tout! Elle arma son poing d'acier en faisant ressortir les griffes pour commencer à son tour à frapper les flancs de la bête et l'inciter à lâcher! Elle ouvrait grand la gueule, hurlant à la mort suite aux nombreux assauts des deux attaquants! À présent, Archélas pouvait la voir telle qu'elle était réellement, froide, calme, posée quelque soit la situation! Elle cherchait le point faible de la bête, et lorsqu'elle ouvrit grand la gueule pour la mordre, elle y enfonça rapidement son poing d'acier histoire de lui casser les crocs! Malheureusement, seule sa main était protégée et non son bras entier, et elle put sentir sa chemise se déchirer légèrement au moment où elle était griffée par une canine un peu trop saillante! Mais au moins les crochets étaient brisés et le Proteus s'éloignait pour hurler!

Elle en profita alors pour empoigner plus fermement l'épée d'Archélas et la planta pile poil au niveau de la gorge, la transperçant de part en part avant de reculer pour tomber à terre tout en tenant son bras blessé... elle avait l'impression de voir flou, une certaine nausée s'emparait d'elle pendant qu'elle se souvenait du poison! C'est alors qu'un truc étrange s'approcha d'elle, une sorte de pointe acérée rappelant un harpon et d'un geste vif, elle réussit à s'en saisir de sa main artificielle et se rendre compte qu'il s'agissait ni plus ni moins de la langue de la créature!

Celle-ci étant en train d'agoniser, elle donna un bon coup de pied sur la gueule tout en tirant pour lui arracher la langue! Puis elle recula encore, rampant sur le dos pendant que la douleur à son bras augmentait de plus en plus!
«A... Archélas... est-ce que... vous avez quelque chose pour contrer ce pois..» - elle ne réussissait pas à terminer sa phrase! Elle n'arrivait plus à parler, comme si son corps se paralysait peu à peu! Bon sang, dans quel pétrin ils s'étaient fourrés encore ces deux là à présent? Au moins, le monstre était sur le point de mourir, mais d'une certaine manière, eux aussi non? Fixant le ciel au-dessus de sa tête, elle essayait tant bien que mal de lutter! Depuis son accident, elle s'était toujours dit qu'il n'y aurait jamais pire douleur que celle qu'elle avait vécu lors de l'explosion et après son opération, et pourtant là, c'était comme si chaque millimètre carré de son corps se tétanisait, et elle commençait même à serrer les dents avec une telle force qu'elles pourraient bien éclater!

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 16 Jan 2013, 22:02

Les gestes d'Archélas se faisaient de plus en plus lents et lourds. Comme si ses muscles mêmes refusaient de lui obéir davantage, il se voyait faiblir et sentait le paysage tourner autour de lui. En réaction à l'assaut de l'Élite, il répliqua par un cri de douleur plus intense encore que le précédent. Sous le coup de la surprise en effet, le Proteus avait serré la mâchoire, enfonçant plus profondément ses dents dans les chairs du soldat au point que ce dernier cru entendre ses os craquer. Puis, débarrassé de son adversaire partit s'occuper de Shell, il recula sur les fesses, s'écroulant sur le dos lorsque ses bras s'affaissèrent sous lui.

À peine assez conscient pour entendre les bruits provoqués par la créature ou la jeune femme, le lieutenant tâtonna tant bien que mal dans l'herbe, se concentrant sur son sens très amoindrit du toucher. Il ne parvint à atteindre sa poche qu'au prix d'un effort inconsidéré, ses battements de cœur le rendant presque sourd. Écrasé au sol comme s'il n'était plus capable de supporter son propre poids, il tira son kit de suture et quelques plumes en pleurant presque de rage, avant de coincer entre ses doigts raides la petite pâte achetée chez Belladona.

« Esu... na... »

Lui qui avait espéré que l'Élite – ayant été mordue plus tard – aurait été capable de prendre les choses en main devait bien se rendre à l'évidence... à moins de faire un effort, ils étaient partis pour y rester tous les deux, et bien plus vite que prévu ! Laissant sa tête rouler sur le côté, il sépara maladroitement la pâte antipoison en trois petits morceaux à peu près égaux et porta le premier à sa bouche avant de revenir à sa position de départ. Étalé sur le dos, il força comme s'il devait soulever trois fois son poids du bout des bras pour tendre la main vers Shell et lui tendre les deux bouts restants.

« Pour... vous... et l'Anticus aussi... Vous pouvez... lui jeter...? »


*°*°*°*°*°*°*°*°*
La suite : Dans les ténèbres du poison

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 06 Mar 2013, 13:48

Précédemment : Dans les ténèbres du poison
*°*°*°*°*°*°*°*°*

Sur le coup, Archélas ne sut pas quoi répondre mis à part un « et pourquoi pas ? ». À y repenser, à aucun moment il ne s'était posé la question sur la raison qui l'avait poussée à partager l'Esuna. Il s'était juste souvenu qu'il en avait, et qu'ils étaient trois à avoir été empoisonnés. La réponse de Shell en revanche, le laissa dubitatif. Apparemment, l'Élite réfléchissait beaucoup là où lui agissait surtout en suivant un instinct pas toujours de bon conseil.

« Il avait été mordu aussi... Commença-t-il, avant de jeter un regard un peu coupable vers le lieutenant. Il n'aurait pas l'air très crédible en tant que soldat s'il se contentait de cette explication, alors il improvisa. Et puis je suis blessé je crois, et je vais avoir besoin d'aide pour rentrer... et d'une monture... »

En fait, il commençait à en avoir assez de toutes ces questions. Il voulait revenir au marais, remonter sur son Anticus et retourner voir Ceithli à Aspasie ! Il se tourna donc vers l'endroit où était supposé reposer son corps, écoutant d'une oreille distraite les recommandation de l'Élite. Plonger dans une forme éthérée rappelant un Pelel'je ne lui disait pas grand chose, mais surtout, il sentait de drôles de picotement lui chatouiller les pieds. Il baissa alors les yeux pour remarquer que ses jambes brillaient jusqu'à devenir presque translucide, mais plutôt que de trouver le phénomène inquiétant, il esquissa un sourire satisfait. Est-ce qu'il suffisait de vouloir survivre pour se réveiller sain et sauf dans ce marécage ? Il ferma les yeux et se concentra sur la question, un peu comme lorsqu'il formulait un vœu dans l'un des puits à souhaits de Nideyle. Jusqu'à ce que....

« AH !!! »

Rouvrant brusquement les yeux, Archélas resta quelques longues secondes immobile et hébété de douleur. Ses jambes le brûlaient horriblement, et une pluie diluvienne s'abattait sur lui, l'obligeant à battre des cils régulièrement. L'esprit encore confus, il tourna la tête et dû faire un effort anormal pour comprendre où il se trouvait. La pluie avait arrosé le Ronçamac de l'Élite, et ce dernier avait développé ses longues branches jusqu'à entourer totalement le petit îlot sur lequel ils se trouvaient. Comme s'ils étaient en cage, protégés des prédateurs alentours. Près de lui, son kit de suture qu'il avait extirpé de sa poche en cherchant l'Esuna, son canif de camping, l'herbe avachie et les traces de lutte. En tournant la tête à la recherche de Shell, il vit les deux Anticus côte à côte, l'un soutenant son compagnon dont la cuisse ensanglanté tremblait encore.

Forcément, le soldat n'avait pas imaginé que s'ils survivaient au poison du Protéus, les blessures infligées par ses dents, elles, seraient toujours présentes... et bien présentes ! Grimaçant de douleur, il parvint à rouler mollement sur le côté avant de se redresser sur un coude et de se mettre assis au prix d'un effort démesuré. Il était trempé par la pluie, ses cheveux collant ses joues et gouttant dans ses yeux. La bonne nouvelle étant que l'eau avait plus ou moins nettoyé ses plaies. Aussi repoussa-t-il les pans arrachés de son pantalon avec précautions. Ce n'était pas joli à voir. Les crocs du Protéus ne l'avaient pas épargné... mais à force, il commençait à avoir une certaine habitude des plaies béantes. C'est donc très calmement qu'il mit la main sur son kit de suture, prêt à se rafistoler. Il coupa tout de même un fil assez long et sortit une aiguille et un fil pour Shell, au cas où elle serait blessée...

« Finalement, c'était plus agréable d'être à moitié mort... » Plaisanta-t-il d'une voix fatiguée.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Shell Covald » 07 Mar 2013, 00:18

Un pas en avant dans cette aura de lumière et la douleur en son bras redevint des plus violentes! Serrant les dents, la jeune femme agrippa son poignet pour contenir ses cris, le temps de se réhabituer à son retour à la vie... près d'elle gisait encore la langue pointue du proteus et roula sur le côté pour regarder l'étendue des dégâts. Archélas était aussi réveillé, l'anticus au loin se tenait aux côtés de son compagnon, blessé et ils semblaient tous protégés par une étrange prison de racines et la jeune femme mit du temps à comprendre qu'il s'agissait du ronçamac qui avait eu sa dose de flotte.

Prenant une profonde inspiration, elle se maintint assise quelques secondes avant de voir le soldat commencer à se soigner. Pour sa part, elle cligna plusieurs fois des yeux afin de se placer en vision thermique d'abord, mais il n'y avait pas d'autre trace de vie qu'eux et elle repassa en vision normale avant de se lever, se tenant encore le bras pour le moment. Elle tourna à peine la tête lorsqu'il déclara qu'il préférait être aux portes de la mort plutôt qu'ici et elle se surprit elle-même à esquisser un sourire

«Vous n'avez pas tort. Malgré tout, je doute que nous aurions conservé l'image d'un marais de fées pendant très longtemps, le paradis se serait vite transformé en enfer une fois que nous aurions renoncé à revenir.» du moins, c'était ce qu'elle supposait. En aucun cas la mort ne pouvait être un havre de paix.

Elle s'approcha de l'anticus pour regarder sa blessure, elle était tout de même assez vilaine et devait donc la nettoyer, mais honnêtement, elle ne se voyait pas utiliser l'eau croupie pour ça! Ce serait risquer de lui donner une infection supplémentaire. Elle dégaina donc la griffe de son gant pour couper l'une des lianes du ronçamac et comme elle le pensait, celle-ci était gorgée d'eau, purifiée par la plante elle-même et elle commença donc à la presser au-dessus de la blessure de l'anticus qui frissonna mais de toute évidence cela lui faisait du bien et la jeune femme fit donc de même sur son bras avant de soupirer d'un certain soulagement.

Elle aurait probablement besoin de recoudre sa plaie elle aussi, mais elle laissait Archélas s'occuper de lui-même en priorité. Elle trouva alors son PDA par terre et le ramassa pour voir s'il marchait toujours. Heureusement que ces trucs étaient justement conçus pour résister à tous les chocs! Elle l'actionna pour vérifier où se trouvait la balise, et effectivement le bip semblait désigner le proteus et la mechanimae s'approcha donc du soldat en tendant le bras
«je vais avoir besoin de votre couteau qui coupe tout.»

Elle attendit donc qu'il le lui tende avant de se pencher sur le ventre de la bête et commencer à l'ouvrir. C'était tout de même plus facile que d'ouvrir une teigne! N'hésitant pas à plonger ses mains dans les entrailles, elle en sortit ce qui semblait être le crâne d'un chat - ou de n'importe quel félin - ainsi que des viscères qui pouvaient être un peu tout et n'importe quoi, des intestins ou autres joyeusetés. Mais finalement elle sentit quelque chose de dur et de carré et en le retirant, elle trouva enfin la fameuse balise.
«Mission accomplie...» elle essuya la sueur sur son front à l'aide de son poignet, évidemment, elle se mit du sang partout, puis elle se tourna vers Archélas pour voir dans quel état il se trouvait, puis elle actionna son PDA à nouveau pour voir où se trouvait la prochaine balise

«La prochaine balise semble être tout à l'Ouest de Nideyle. Nous allons devoir retourner à la Basse Ville pour prendre un peu de repos et se soigner avant d'y aller. Mais... vous n'êtes pas obligé de m'accompagner. Je pense avoir mis suffisamment votre vie en danger.»

Elle n'aurait qu'à lui demander une adresse ou quoi que ce soit et elle lui transmettrait la moitié de la récompense pour la recherche de ces balises. Enfin, il pouvait aussi vouloir l'accompagner, mais après un tel épisode, il était plus que probable qu'il veuille retrouver sa femme et son enfant. D'autant qu'un peu plus au Nord, au bord du Liek, un autre membre de l'Escadron cherchait la raison pour laquelle celui-ci était à sec. Il serait probablement un meilleur partenaire de voyage bien que probablement moins drôle.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 07 Mar 2013, 03:55

Le jeune homme esquissa un sourire fatigué à la réponse de l'Élite. Pour sa part, même s'il avait trouvé ce pont entre la vie et la mort très agréable comparé à la douleur qu'il ressentait à l'instant, il se disait qu'à la longue, un tel endroit devait vite devenir ennuyeux. En réalité, il préférait ressentir la souffrance physique et envisager toutes les expériences qu'il avait encore à vire plutôt que de mourir d'ennui dans un Paradis trop moelleux, trop parfait... et sans le moindre intérêt. Peut-être était-il un brin masochiste, mais en attendant Archélas ne concevait pas une vie sans aventure ni mésaventure, justement parce ce que c'étaient ces épreuves qui faisaient de la vie ce qu'elle était.

Concentré sur ses jambes dont il recousait chaque entaille en tremblant - malgré l'habitude, ce n'était jamais évident de se recoudre soi-même - il ne fit pas trop attention aux allées et venues de Shell. C'est d'ailleurs presque surpris qu'il lui tendit son couteau, avant de la regarder faire. D'une part cela lui accordait un moment de répit pour se remettre de ses émotions, et d'autre part l'instant lui rappelait sa propre expérience lorsqu'il avait dû récupérer la tête de Chaemil dans l'estomac d'une Teigne. En réalité, ce dernier souvenir lui donna le cafard... car à présent qu'il y repensait, il lui restait encore quatre têtes à rapporter à Manôlis de Banba...!

« Comment va votre bras ? C'est celui qui est en métal ? » s'enquit-il en remarquant tout à coup les gestes de Shell.

En posant la question, il se demanda comment il était possible que l'Élite puisse ressentir de la douleur dans une partie de son corps qui n'était pas constituée de chair et de sang. Mais avant même d'attendre une quelconque réponse, il se leva péniblement pour rejoindre son Anticus. La pluie avait cessée mais tout était encore détrempé, y compris le pelage des deux montures. Pour la sienne en revanche, une bonne partie de la cuisse n'était pas maculée que d'eau... et le sang coulait abondamment le long des tendons, malgré la pluie et le soin qu'avait apporté Shell à nettoyer le tout. Le lieutenant grimaça, autant de douleur vis à vis de ses propres plaies aux jambes que d'empathie pour l'animal que le Protéus n'avait décidément pas épargné. Pourtant, il n'eut guère le temps de s'occuper de lui que déjà, il faisait volte face pour planter son regard contrarié sur la jeune femme.

« Non, j'ai dit que je vous accompagnais, alors je vous accompagne. Nos vies ont été mises en danger par les mauvaises farces de Sayah davantage que par vous. Ne vous en faites pas pour moi... mais... si vous n'êtes pas pressée... j'aimerai revoir mon épouse avant de continuer. Je suis en mission depuis un certain temps maintenant, et... C'est important que je retourne la voir. Nous louerons d'autres montures pour la seconde balise, je doute que la mienne puisse se traîner si loin. En réalité, je doute même de pouvoir la ramener jusque chez Sayah... » admit-il en baissant la voix.

À ces mots, il se tourna de nouveau vers l'Anticus salement blessé, fixant la cuisse à vif en se mordant les lèvres. Puis il boitilla jusqu'à son kit de suture et revint vers l'animal afin de recoudre ce qu'il pouvait des lambeaux de peau qui pendaient ça et là. Sur sa monture, l'opération fut beaucoup plus rapide et assurée que sur lui-même et heureusement, car mécontent des piqûres infligées par l'aiguille, la jolie biche commença à montrer des signes de nervosité.

Silencieux, Archélas termina ses derniers points avant de reprendre d'un air absent.

« Si ce n'est pas indiscret, quelle est cette dette que vous avez envers votre armée ? Ce n'est pas courant de leur devoir quelque chose. Est-ce qu'ils ont fait quelque chose pour vous en particulier, qui nécessite que vous leur rendiez un tel service ? »

Bien entendu, il n'avait pas réalisé qu'il pouvait s'agir d'une dette financière, et non d'un service.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Shell Covald » 07 Mar 2013, 12:57

Alors qu'elle s'occupait de rincer son bras avec l'eau du ronçamac, Archélas lui demanda l'état de son bras, pensant qu'il était en métal comme le reste de sa main, elle se tourna alors légèrement vers lui en hochant simplement de la tête
«Mon bras n'est pas en métal, seule ma main l'est. Mais ça ira, ne vous en faites pas, j'en ai vu d'autres.» raison pour laquelle justement elle se retrouvait à moitié cyborg!

Par la suite, elle s'était occupée de retirer la balise du corps du proteus, à ses côtés gisait encore la langue qu'elle avait arrachée à la bête, une substance visqueuse semblait en couler, probablement encore ce fameux poison? Elle décida de récupérer la langue comme trophée, se disant que peut être le venin pourrait être revendu au marché noir. Elle n'était pas le genre à faire des affaires, mais Jockta en revanche était un spécialiste en la matière, autant l'aider un peu à rembourser sa dette à celui-là car il était probablement celui qui avait le plus de mal à s'en acquitter.

Voyant l'état de l'anticus, la jeune femme estima qu'il était préférable de faire une pause dans leur quête, histoire qu'ils prennent du repos et qu'ils soignent leurs blessures. Elle proposa donc à Archélas de retourner d'abord à la Basse Ville, en précisant même qu'il n'était pas obligé de l'accompagner pour la balise suivante dans la mesure où elle l'avait déjà bien mis en danger. Après tout, elle avait cru comprendre que le soldat avait une compagne, une épouse en réalité, et même si elle ignorait que cette Ceithli attendait un enfant, il était plus que probable qu'Archélas souhaitait être avec elle lorsqu'il serait temps de donner le biberon à son fils ou à sa fille. Mais contre toute attente, le soldat montra un certain honneur à finir sa mission puisqu'il exprima sa volonté de l'accompagner tout de même.

Il avait cependant une requête, celle de retourner voir son épouse avant. De toute manière, comme il le signalait, il doutait fort que son anticus puisse le porter encore bien longtemps. Il n'aurait qu'à siffler Némésis une fois sorti des marais et la jeune femme irait ramener les deux montures à elle seule. Après tout, la bête blessée pourrait surement marcher si elle n'avait pas un poids sur son dos.

«Très bien. Nous nous séparerons dès notre sortie des marais. Vous n'aurez qu'à rappeler votre jument, je m'occuperai des anticus auprès de ce Sayah. Par la suite, je vous attendrai à l'entrée Nord des Ghettos pour que nous puissions repartir...»

Elle s'était bien rendu compte qu'il était inutile de donner un point de rendez-vous précis dans les ghettos tellement c'était le bazar pour s'y retrouver. Et dans la mesure où l'homme vivait clairement dans le Nord, lui désigner cette entrée était probablement la plus proche pour lui. Elle arracha sa manche qui était de toute manière couverte de sang - et de poison, pour envelopper la langue du proteus et ranger soigneusement son paquetage, elle en profita au passage pour arracher les crocs, utilisant sa main d'acier ainsi que le couteau d'Archélas pour se faire, après tout, ils devaient eux aussi contenir une bonne dose de venin et elle espérait que son orphe renard en tirerait un bon pris.

La plaie était encore assez vilaine, il fallait le reconnaître, mais elle n'avait rien pour se soigner correctement, aussi elle arracha son autre manche pour s'en servir de bandage improvisé, puis elle regarda son PDA pour avoir une petite idée de l'endroit où se tenait la prochaine balise

«Je crois que nous allons devoir filer loin vers l'Ouest par la suite. Il n'y a pas un désert là bas? Il faudra probablement prévoir une bonne gourde et de bonnes provisions cette fois» car s'ils avaient pu se nourrir en chemin en venant ici, ce serait probablement bien plus difficile une fois dans le désert. À moins qu'ils aient la chance de tomber sur cette mystérieuse cité mouvante, Hermesis? Après tout, un crabe géant devait bien apprécier le sable et pouvait donc se trouver quelque part là bas.

Enfin pour l'heure, il fallait quitter cet endroit. La jeune femme attendait le dernier moment pour mettre le sec sur son ronçamac puisqu'il les protégeait pour le moment. Tout le reste de ses affaires était emballé et elle tendit donc son couteau à Archélas pour le lui rendre
«Dès que vous êtes prêts, nous repartons.» lui dit-elle d'un ton calme, signe qu'il pouvait tout de même prendre son temps.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 08 Mar 2013, 17:43

Occupé à recoudre les morceaux de chair de l'Anticus, Archélas eut un demi sourire à la réflexion de l'Élite. Lui aussi en avait connu d'autres... une réponse toute faite de soldat sans doute. Il tourna pourtant la tête en entendant la suite, mais préféra terminer ses points avant de répondre. Rangeant fil et aiguilles dans son kit de suture, il s'essuya les mains sur son pantalon détrempé. Il adressa ensuite quelques caresses à sa monture restée sage pendant toute l'opération alors qu'il réfléchissait. Laisser Shell seule pour terminer sa mission restait impensable, il en allait de sa fierté de mâle dominant... et pourtant ! L'envie de revoir Ceithli le rongeait depuis trop longtemps pour qu'il refuse la proposition du lieutenant de se rejoindre plus tard.

Malgré tout, l'idée qu'elle ramène elle-même son Anticus blessé l'ennuyait un peu. Sayah n'allait sûrement pas apprécier qu'on lui rapporte une monture dans cet état là. Mais encore une fois, l'avantage était que l'Élite mettrait un peu plus de temps à rentrer en traînant un animal boiteux derrière elle... ce qui laisserait tout loisir à Archélas de passer une voir deux journées avec son épouse. Banba était à peu de choses près à égales distances avec la Basse-Ville depuis les marais...

« C'est d'accord. Finit-il par répondre en se retournant vers l'Élite occupée à serrer un garrot autour de son bras. Dites bien à Sayah que je paierai pour l'Anticus, s'il veut. Et que je suis désolé. Il saura me retrouver de toute façon. Nous nous retrouverons dans la taverne des Ghettos, je pense pouvoir me rappeler du chemin. Pour ce voyage dans le désert, j'ai une outre vendue par Sayah. Elle contient jusqu'à cinquante litres d'eau et ne pèse vraiment pas grand chose, je la remplirait bien avant de partir. Nous pourrons aller faire quelques achats ensembles aussi, si vous voulez. »

Il s'était rapproché tout en parlant, fouillant son kit de suture comme s'il cherchait un billet dans un portefeuilles.

« Laissez-moi recoudre ça. Ce n'est pas bon les garrots, le sang doit circuler, sinon vous risquez de perdre votre bras. »

Joignant le geste à la parole, il commença donc à suturer avec soin - et avec une certaine dextérité acquise par habitude - puis retira le garrot en fronçant les sourcils alors qu'il vérifiait que le sang ne coulerait plus.

« Il nous reste de la viande de crocodile et de Flabo, si ça ne vous ennuie pas, j'aimerai qu'on se repose un peu avant de repartir. Le Ronçamac nous protège de toute façon, et le jour n'est pas encore levé. »

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Shell Covald » 09 Mar 2013, 03:26

Le programme semblait donc établi. Archélas allait partir directement pour Banba ou Aspasie ou toute autre ville du Nord où pouvait se trouver son épouse à l'heure actuelle pendant que la mechanimae retournerait à la Basse Ville, faisant un crochet à l'animalerie pour ramener les anticus en espérant que Sayah ne pose pas trop de problème à la livraison. Après tout, est-ce que ça ne faisait pas partie des risques de la location que les montures se retrouvent blessées en cours de route? Il n'y avait pas de système de caution apparemment, en tout cas, la jeune femme n'avait rien laissé de tel aussi elle supposait que le reptile ne pourrait pas faire grand chose une fois qu'il se retrouverait avec ses bêtes dans les pattes.

Enfin, pour le moment, elle s'apprêtait à rager le ronçamac, n'ayant même pas réalisé qu'il faisait encore nuit avec toutes les lumières environnantes, entre les lucioles qui éclairaient les environs et les deux lunes, on aurait presque pu se croire en plein jour. Mais Archélas la rappela à l'ordre et lui proposa de recoudre son bras. Il parlait de garrot, mais elle avait surtout fait un bandage, bien que serré maladroite d'une seule main ce qui donnait effectivement l'impression qu'elle avait fait cela pour couper la circulation du sang, aussi il n'avait pas tort, la recoudre serait probablement plus efficace et elle se laissa faire docilement. Ne cillant même pas chaque fois qu'il venait planter l'aiguille dans sa chair, elle était probablement habituée à pire.

C'est alors qu'elle se souvint qu'il lui avait posé une question à laquelle elle n'avait pas répondu. Elle avait seulement hoché de la tête lorsqu'il avait proposé de se reposer un peu, mais elle avait - plus ou moins volontairement - omis de répondre concernant sa dette envers l'Escadron. Malgré tout, il n'était pas très poli de le laisser en plan à ce sujet aussi elle prit une profonde inspiration avant de se tourner vers lui

«Concernant cette histoire de dette, sachez que très peu de membres rejoignent l'Escadron de leur plein gré. Et si certains d'entre eux l'ont fait à l'origine, on se retrouve rapidement obligés de les servir à cause des ores qu'ils investissent en nous.» elle baissa les yeux sur sa main d'acier, ne pouvant pas la bouger puisqu'il était justement en train de s'occuper de ce bras là «au départ, je les ai rejoint parce que je pouvais leur être utile. Je connaissais les armes probablement mieux que personne, et toutes les armes en prime. Je savais les fabriquer, les réparer, les modifier pour les rendre plus efficaces. J'ai monté doucement les échelons jusqu'à avoir ma propre équipe pour combattre les Squames du Fléau...» pourquoi lui racontait-elle tout ça? Simplement parce qu'il le lui avait demandé. Elle n'avait rien à cacher «mais un jour, j'ai eu un accident. Une vilente explosion m'a désarçonnée alors que j'étais dans les airs. J'ignore comment j'ai fait pour survivre à ma chute, je crois que l'un de mes hommes m'a rattrapée. Mais lorsque je me suis réveillée, la moitié de mon visage m'avait été arraché, ma main et ma jambe n'étaient plus qu'un tas de ferraille pas encore totalement au point et je me retrouvais donc avec des frais d'hospitalisation tellement faramineux que rien de ce que je possédais ne pouvait permettre de rembourser.»

Elle ouvrit et ferma la main, faisant par la même occasion légèrement rouler les muscles de son bras sans que ça ne dérange trop le soldat «L'Escadron a donc payé pour que je sois entièrement rafistolée. Et désormais, je vais probablement passer ma vie toute entière à devoir leur rembourser ce que je leur dois en faisant de mon mieux pour remplir chaque mission qu'ils me confient.» elle tourna alors les yeux vers Archélas, ne cherchant même pas à provoquer la pitié ou autre, elle ne faisait que raconter son histoire, rien de plus

«Beaucoup de membres de l'Escadron sont dans le même cas que moi. Il est bien trop rare de ne pas être blessé en cours de mission sur Nideyle, et chaque fois que l'on doit être hospitalisé, notre dette s'allonge plus vite qu'on n'arrive à la rembourser. Seuls les meilleurs, ceux qui savent se débrouiller pour être le moins blessé, peuvent se vanter de voir cette dette se réduire.» et sans vouloir se vanter, elle en faisait partie. Son mode de vie lui permettait de mettre beaucoup plus d'argent de côté que bon nombre des membres de l'Escadron. Elle ne faisait pas la fête, n'avait pas de compagnon à entretenir, ne cherchait pas à se vêtir à la dernière mode ni à s'acheter des bijoux ou autres accessoires onéreux. Son argent n'allait que dans la nourriture - et encore, elle mangeait souvent au réfectoire - à payer le loyer de sa minuscule chambre et donc à rembourser sa dette.

Archélas ayant terminé, la jeune femme regarda son travail, il est vrai qu'il était plutôt doué
«et vous venez de m'éviter de rallonger un peu plus ma dette. Je vous remercie.» car oui, si son bras était soigné, elle n'aurait plus qu'un médecin à voir pour un léger check up, sans avoir besoin de se rendre à l'hôpital. Regardant autour d'elle, la jeune femme désigna le ronçamac du menton «mangez un morceau puis allez vous reposer. Je prendrai le premier quart de garde.»

Ce n'était peut être pas nécessaire puisque le ronçamac les protégeait de ses lianes, mais rien ne disait qu'un prédateur ne pourrait pas se faufiler tout de même, tel un serpent comme ça avait été le cas un peu plus tôt. Elle prit un morceau de Flabo qu'elle mordit comme s'il s'était s'agit d'un bout de viande séchée, puis regarda autour d'eux à l'aide de sa vision nocturne. Elle repensait à cette histoire de gourde qui permettait de stocker des litres et des litres d'eau sans peser le moindre poids. Inutile de dire qu'elle trouvait cela fascinant et qu'elle irait surement faire un tour chez Sayah tout de même pour voir s'il n'y aurait rien d'intéressant pour la route. Il existait un parasol qui permettait de rester au frais lorsqu'on était dessous, ce serait sûrement bien d'en avoir un pour la traversée du désert. Elle bâilla légèrement en mettant sa main devant sa bouche, il lui tardait de quitter cet endroit en tout cas, mine de rien, elle avait eu sa dose de marécage.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 09 Mar 2013, 21:51

Archélas fronça une nouvelle fois les sourcils alors qu'il était concentré sur la suture de l'Élite. Dans les réponses qu'elle lui donnait, il y avait certains mots dont il n'appréciait pas particulièrement la signification. Au hasard, le fait que son armée - l'Escadron - investisse des Ores dans ses soldats.

« La dernière fois que j'ai entendu parler d'investissement, il s'agissait d'une machine à tisser que mon père avait acheté. C'est un peu étrange d'entendre cette expression pour parler de soldats, et en l’occurrence, d'êtres humains. »

Il coupa les fils du premier point et piqua un peu plus loin pour refermer une entaille plus profonde que les autres, puis son regard se reporta machinalement sur les parties du corps que la jeune femme mentionnait dans son récit. La jambe - il ne savait plus laquelle - la main, le visage... Et s'il avait d'abord trouvé merveilleux toute cette technologie plus au point que les jambes de bois, savoir à présent qu'elle était loin d'être gratuite faisait retomber son enthousiasme sur le sujet. À y réfléchir, Shell avait tout d'une prisonnière. Lui qui se plaignait des missions harassantes que ses supérieurs lui donnaient se trouvait bien chanceux tout à coup. Au moins avait-il encore la possibilité de renoncer à son devoir s'il le souhaitait, là où l'Élite devrait servir jusqu'à la fin de sa vie, s'il avait bien suivit ses explications.

« Est-ce que c'est comme ça pour tous les Mechanimae ? C'est pour ça qu'on vous confie les missions les plus dangereuses et que vous y perdez vos balises ? »

L'évocation de Fléau et de ses Squames n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd, et malgré sa fierté personnelle, Archélas ne pouvait pas cacher qu'il était impressionné. D'autant que le lieutenant semblait parler de ce type de mission comme s'il ne s'agissait que d'une formalité dans son quotidien... Haussant finalement les épaules après que Shell l'ait remercié pour la suture, il se leva sans oser la contredire encore quant aux tours de garde.

« Je vous laisse le kit de suture au cas où. N'hésitez pas, je vous l'ai peut-être déjà dit mais le fil est inépuisable. »

Puis il alla s'asseoir et mangea sans appétit un morceau de Flabo que la pluie avait détrempé, renonçant à redémarrer le feu totalement noyé. Enfin, il retourna s'allonger dans le Ronçamac et rabattit le tissu autour de lui en lançant d'un ton aussi enjoué que son état de fatigue le lui permettait que Sayah avait dû le tailler dans de la toile d'Axo - tout comme sa pèlerine - car il n'était pas humide. Et sans attendre la réaction de la jeune femme, il s'endormit comme une masse.

Il ne se réveilla que lorsque Shell vint le secouer, récupéra sa rapière en grommelant vaguement et prit le second quart. Rien ne vint perturber leur nuit, si ce ne fut le vol chaotique de quelques chauve-souris. Les lucioles brillaient toujours, immobiles après la pluie, et l'air frais empêchait autant que possible les remontées nauséabondes du marais. Lorsque petit à petit les lueurs dorées s'éteignirent unes à unes, Archélas guetta le lever du soleil au-dessus de la ligne dodues des arbres de la mangrove, et lorsqu'il fit suffisamment jour pour y voir distinctement, commença à ramasser ses affaires. Les viandes avaient passé à cause de l'humidité, il faudrait donc trouver autre chose pour le petit déjeuner.

Son regard se posa ensuite sur le Ronçamac dont il hésitait à réveiller la protégée. En attendant, il récupéra les quelques flèches encore plantées dans la gueule du Protéus puis se rassit afin de se tresser une sorte de carquois avec des feuilles de jonc.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Shell Covald » 09 Mar 2013, 22:33

L'histoire de son entrée dans l'Escadron n'était pas des plus gaies évidemment, mais Shell ne se souciait pas vraiment de l'aspect que pouvait avoir son anecdote au sujet de son passé, malgré tout, Archélas semblait presque mépriser ce genre d'actions et pourtant, c'était probablement le meilleur moyen pour l'Escadron de s'entourer des meilleurs.

«Je ne sais pas s'il en est de même pour tous... mais je suppose oui. Malgré tout, comme je vous l'ai dit, certains s'engagent aussi par choix... et il est possible que parmi eux, il y en ait de familles suffisamment aisées pour qu'ils n'aient pas de dette envers l'Escadron.» c'était une possibilité, mais elle n'en savait rien. Elle ne connaissait pas tous les membres des diverses unités, et elle ne connaissait pas non plus leurs familles. Shell n'était pas le genre de femme à s'intéresser à la vie des autres.

Le soldat avait terminé de la guérir et lui fit don de son kit de suture. Il vint lui préciser que le fil était inépuisable et elle fronça les sourcils avant de le regarder de haut en bas.

«Je ne peux accepter. J'irai m'en acheter un moi-même s'il le faut.» après tout, elle avait pu remarquer que le soldat avait une fâcheuse tendance à se blesser assez souvent! Aussi elle estimait qu'il en aurait plus besoin qu'elle, mais elle avait suffisamment de connaissances des hommes pour savoir qu'il valait mieux éviter de dire cela à voix haute.

Il s'était levé pour rejoindre le ronçamac, celui-ci était parfaitement sec aussi il devait être en mesure de prendre un repos réparateur. De son côté, Shell ne se sentait pas plus fatiguée que cela, son petit séjour dans le coma avait peut être pu lui permettre de se reposer? Elle ne le savait pas trop, et s'était donc levée pour s'approcher du corps du Proteus. Elle se tenait là où était son corps à son réveil, là où elle avait vu ces petites sphères de lumière vaporeuse. Que se serait-il passé si l'anticus n'avait pas bondi avant eux? Auraient-ils deviné que c'était de cette manière qu'il fallait procéder?

Elle s'approcha de la bête blessée, posant sa main de chair sur le chanfrein tout en le regardant droit dans les yeux. Ces bêtes avaient quelque chose de vraiment majestueux, et elle se surprenait presque à les admirer. Une petite envie d'en adopter un peut être, pourquoi pas celui-ci à qui elle devait la vie d'une certaine manière? Elle se demandait si elle pourrait le laisser à l'animalerie la plupart du temps puisqu'elle ne pourrait pas non plus trop s'en occuper, mais d'une certaine manière, elle enviait peut être le soldat. Il avait sa monture qui lui était fidèle, une femme qui l'attendait quelque part, et si elle l'ignorait encore, un enfant à naître. Shell avait toujours rejeté tout cela, s'enfermant dans sa solitude depuis son accident. Avoir perdu la plus grande partie de son corps lui avait semblé être comme si elle avait perdu une partie de son âme. Elle n'était plus qu'un soldat, une machine, la main d'acier de l'Escadron. Et pourtant, Archélas était lui aussi un soldat mais il gardait sa conscience et son âme d'homme.

Cela était trop loin de la jeune femme à présent, elle appréciait sa vie telle qu'elle était, avec ses risques et ses moments de paix. Elle appréciait se retrouver seule dans sa petite chambre avec un livre à lire. Oui, même si elle enviait un peu le soldat, elle était tout de même satisfaite de ce qu'elle avait.

Ce fut au tour d'Archélas de prendre le relais, elle ne se sentait pas spécialement fatiguée, mais elle s'endormit tout de même assez vite, jusqu'à ce que les lueurs de l'aube traversent ses paupières et la tirent de sa torpeur. Le soldat était en train de bricoler quelque chose, un carquois apparemment pour ses flèches. C'était une bonne idée. Elle se leva avant de se rendre compte que leur nourriture était pratiquement pourrie, et elle sortit donc deux barres de céréales et s'approcha de son compagnon de route pour lui en tendre une

«Je sais que vous n'aimez pas trop ça, mais d'ici que nous trouvions quelque chose de comestible à manger, cela pourra vous permettre de tenir.»

Il était temps de repartir à présent. Elle utilisa le sel pour que toutes les racines du ronçamac se rétractent avant de le rouler soigneusement et le mettre dans la sacoche de son anticus. Ils allaient poursuivre à pied, c'était préférable pour éviter que la monture blessée ne souffre d'un passager. S'ils demeuraient sur leurs gardes, ils allaient pouvoir profiter de calme durant tout le trajet jusqu'à sortir enfin de ce marais maudit... une fois sur les plaines, le soldat pourrait rappeler sa monture, et il serait donc temps de se séparer.

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Archélas Ages » 10 Mar 2013, 13:49

Jetant un regard intéressé sur la barre énergétique que lui tendait l'Élite, Archélas l'accepta sans rechigner et mordit dedans de bon cœur. Contrairement à celle qu'il avait déjà goûté, celle-ci était plus sucrée - peut être même un peu trop - et avait le goût des céréales et des fruits secs. Il passa d'ailleurs quelques longues minutes à essayer de retirer les morceau d'avoine soufflée d'entre ses dents tandis que la jeune femme remballait son Ronçamac. Lorsqu'elle fut fin prête, il se leva, s'étira, et prit une profonde inspiration tout en observant les alentours. C'était étrange d'y voir à plusieurs mètres après avoir passé la nuit dans la « bulle » du Ronçamac.

« Bien... maintenant que nous ne sommes plus victimes d'un sort, je suggère qu'on file en silence... » Sourit-il à mi voix.

Pour illustrer ses propos, il boita jusqu'à son Anticus et passa quelques minutes à l'encourager par des caresses, l'obligeant ensuite à le suivre en le tirant par la bride. Docile, l'animal se mit en route, son postérieur droit s'affaissant sous lui à chaque pas. Ses immenses oreilles plaquées en arrière en signe d'effort, il s'engagea lentement dans l'eau profonde, le soldat agrippé à son cou tant il craignait de se noyer. Bon sang ce qu'il détestait l'eau ! Surtout lorsqu'il n'avait pas pieds, et davantage encore après avoir vu un Protéus en surgir quelques heures plus tôt. C'est donc le cœur battant à tout rompre qu'il avança jusqu'à avoir de l'eau au niveau des hanches, puis de la poitrine, s'encourageant intérieurement en se focalisant sur sa monture et la manière dont il pouvait l'aider à progresser sans se fatiguer.

Autant dire qu'il ne se préoccupa pas vraiment de Shell, trop occupé à sauver les apparences. Certes, il avait le tatouage du dauphin - changé en Tecoluta - qui lui permettait de respirer sous l'eau, mais tant qu'à faire, il préférait ne pas avoir à s'en servir. Heureusement, plus léger dans l'eau, son Anticus le ramena sur l'autre rive sain et sauf, et s'il eut du mal à s'extirper de la vase avec une jambe en moins, ils parvinrent tout de même à se hisser au sec afin de reprendre la route. Lents mais silencieux.

Pendant de longues minutes, Archélas chercha du regard les lucioles endormies parmi les hautes herbes, mais renonça bien vite. La chaleur de la journée commençait à s'installer, faisant remonter les odeurs de putréfaction et attirant sur eux toute une armée de moustiques affamés. Les chassant rageusement du revers de la main ou les écrasant sur sa joue ou l'encolure de son Anticus, le soldat s'arrêta brusquement devant un buisson, les yeux écarquillés.

« On dirait un buisson aux Argus... » S'étonna-t-il auprès de Shell comme s'il lui demandait de confirmer.

Chose inutile puisque une vingtaine de papillons bleutés butinaient ça et là. Sur les grosses branches creuses et souples, quelques grappes offraient leurs fruits gorgés de ce sucre si particulièrement alcoolisé qu'il était interdit sur tout Nideyle. Hésitant un instant, le soldat fini par aller cueillir une baie qu'il proposa aussitôt à sa monture. Un peu surprise, cette dernière ne se fit pourtant pas prier et la mâchonna avec délice, fouillant ensuite les poches du soldat pour en débusquer d'autres.

« Sayah ne sera pas content d'apprendre que j'ai rendu ivre l'une de ses montures, mais ça l'aidera peut-être à avancer sans trop souffrir... » Se justifia-t-il en cueillant d'autres baies.

Il en donna une bonne dizaine à l'Anticus et glissa le reste dans les fontes de Shell. Puisque ce serait à elle de ramener l'animal à la Basse-Ville, autant qu'elle les ai sur elle. Et lorsqu'il eut fini de dépouiller le pauvre buisson, il se remit en route... sa monture titubant légèrement derrière lui...

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Re: Se jeter dans la gueule des Protéus

Messagepar Shell Covald » 11 Mar 2013, 01:29

Visiblement, le soldat avait tout de même une légère préférence pour les barres de céréales sucrées que les barres énergétiques censées représenter le goût d'un repas complet. Au moins aurait-il quelque chose dans l'estomac, et ils pouvaient donc reprendre la route pour gagner les plaines et espérer pouvoir voyager tranquillement. La jeune femme jeta un coup d'œil à la monture blessée, son envie de l'acheter grandissait chaque fois qu'elle le voyait et pourtant elle ne dit rien pour le moment, estimant qu'elle s'en soucierait lorsqu'elle serait de retour à la Basse Ville.

Il fallait d'abord traverser l'étendue d'eau d'où était sorti le proteus, aussi la jeune femme réajusta sa tenue avant de prendre la bride de son anticus pour le tirer dans l'eau. Ils avançaient prudemment mais cette fois-ci, aucun prédateur ne s'approcha d'eux, probablement parce que la jeune femme ayant farfouillé dans les entrailles d'une des créatures les plus dangereuses du coin, portait encore son odeur sur elle. Peu d'animaux devaient avoir envie de se frotter à un proteus après tout!

Elle avait plus de mal qu'Archélas à avancer à cause de sa jambe artificielle, qui malgré le tatouage de l'aigrette restait tout de même plus lourde que l'autre, mais finalement ils s'extirpèrent sans dommages de ce marécage pour ensuite se remettre en marche. La jeune femme avait sortit son PDA pour faire un gros zoom arrière afin de repérer la direction de la Basse Ville pour gagner du temps, mais pendant le trajet, le soldat s'arrêta après avoir repéré des petites baies qu'il semblait connaître et qui, visiblement, donnait une sensation d'ivresse à qui en consommait.

«Est-ce que ce n'est pas dangereux pour sa santé?» demanda la mechanimae sans pourtant manifester la moindre once de compassion ou d'inquiétude pour l'animal. Mais visiblement, Archélas agissait ainsi pour que l'anticus ne souffre pas trop de sa blessure et la jeune femme ne dit donc rien de plus.

Il leur fallut encore trois heures de plus pour sortir du marais et il faisait une chaleur étouffante à ce moment là. La jeune femme essuya la sueur qui coulait à flot sur son front et sa nuque avant de regarder autour d'elle, appréciant tout de même de ne plus être dans cet ignoble marécage

«Je crois que lorsque je retrouverai le fleuve avec son eau claire, je plongerai dedans toute habillée...» - et peu importe qu'il y ait des crocodiles ou autres, elle en avait bien besoin de toute manière. Cependant, ses projets risquaient de tomber à l'eau vu la direction qu'elle s'apprêtait à prendre. Archélas allait peut être faire encore un petit bout de route avec elle, mais ensuite il risquait de bifurquer droit vers le Nord pour partir soit vers Aspasie, soit vers Banba. Elle se demandait s'il voulait appeler son cheval dès maintenant et lui laisser l'anticus ou s'il voulait marcher encore, mais tant qu'à faire, la première solution devait être la meilleure.


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