QUÊTE : Échidna sur l'échine

Leurs pieds s'étalent en de curieux éboulis enchevêtrés de pins et de pavots... et puis là-haut, pour les plus courageux, les roches coupantes, les fragiles ancolies, les habiles mouflons, les éternelles neiges, et l'écho de vos pas dans un silence savoureux.

QUÊTE : Échidna sur l'échine

Messagepar Maître du Jeu » 31 Oct 2009, 19:52

Ils avaient été repérés, Winghox à la discrétion pachydermique au milieu des bois. Leurs pieds mal assurés avaient fait craquer une branche, pour ne pas dire un tronc, et les comparses s'étaient retournés d'un seul mouvement vers le fautif, menaçant de lui enfoncer ses propres cornes dans les yeux pour avoir oser les faire repérer ! En face, le groupe de Tenaag'i avait à peine tressaillit. En quelques bonds affolés, comme ces biches suitées qui disparaissent derrière un buisson, elles se dispersèrent, prête à en découdre. Plus rapides et plus agiles que ces brutes épaisses de Winghox, elles n'étaient pas du style à se laisser intimider. Ils allaient voir ce qu'il en coûte, d'oser venir fouler leurs terres ! Les arcs contre les sabres, la beauté douce et voluptueuse contre la force brute et bestiale.


BAMMM


Un second craquement, plus lugubre celui-ci, s’éleva depuis les profondeurs de la forêt et figea tout le monde. Les flèches restèrent engagées, les sabres dans leurs fourreaux... Homme cornus comme femmes vipères, leurs regards s'étaient tournés vers l'adret où la cime des arbres tanguait dangereusement...


BAMMM


D’après le frémissement du sol, c’était du lourd ! Les oiseaux s'envolèrent, mouvement de panique dans la forêt et, sous les yeux médusés des deux peuples aux prémices d'un combat sans merci, un cerf traversa la clairière en quelques bonds affolés, plus terrifié par son poursuivant que par ceux qui l'attendaient là... Toute attention était tournée vers la provenance de ces bruits sourds et angoissants.


BAMMM


Doucement, les troncs grincèrent, comme s’ils étaient bousculés.

Silence.

Quelques corbeaux s’envolèrent en croassant de terreur, laissant derrière eux un nuage de plumes sombres. Chacun retenait son souffle... ce n’était pas bon. Ce n'était pas bon du tout ! Le soleil était haut dans le ciel de Nideyle, et un rai de lumière irradiait un pan de l’orée de la forêt, éblouissant les sens. Le temps semblait suspendu, et puis...


BAMMM


Les buissons frissonnèrent...

BAMMM


« Oh oh... » étrangla un Winghox tout à fait paniqué à présent.

Un Dragon ? Non. Juste une lointaine cousine : une Wiverne ! Ils tressaillirent, la gorge sèche. La bête avait crevé la barrière d’arbustes la séparant des deux petits groupes, apparaissant soudain et jetant un froid embarrassé sur la clairière. Ses petits yeux horriblement perçants les observait avec une férocité mal contenue. En réalité, un Wiverne ne perd pas son temps à contenir sa férocité... Le grand reptile agita sa queue pourvue d’un dard venimeux, fouettant l’air comme un chat qui s'apprête à se jeter sur sa proie. Longue de près de quatre mètres cinquante – de la tête à la queue – la créature aux reflets brun sombre laissa échapper un grognement sourd, profond, inquiétant, comme un souffle caverneux. Elle semblait se faire la réflexion qu’il y avait un peu trop d’agitation à son goût sur son territoire. Elle regarda tour à tour les Tenaag'i, jolies et farouches, et les Winghox qui la vénéraient, comme ils vénéraient toutes les créatures cousines de leur Infinitude. Elle souffla, préparant un fulminant assaut. Les épargnerait-elle si personne ne bougeait ? Il ne fallait pas trop y compter...

En temps normal, la créature aurait probablement fait demi-tour... Mais bien entendu, les temps n'étaient plus normaux depuis que les flacons avaient été brisés, loin, loin au nord... Et la Wiverne déploya brusquement ses ailes, découvrant une envergure diabolique de près de six mètres ! Elle poussa un sifflement de rage, puissant et rauque, si perçant que tous durent porter leurs mains à leurs oreilles. C’est qu’il avait du coffre, l’animal ! Dans sa gueule grande ouverte, les poignards de ses dents acérées scintillèrent dans la lumière du jour, puis sa mâchoire se referma dans un claquement sourd et la bêtise de la Wiverne n’ayant d’égal que son agressivité, elle attaqua de front, jetant son dévolu sur les Winghox qui en restèrent abasourdis.

Pourtant, de manière assez inattendue, elle ne prit pas son envol et se contenta de fondre sur ses proies au pas de charge. Il aurait été bien plus aisé pour elle de prendre de l'altitude et de faucher tout ce petit monde sur un même passage, mais voilà, ça aurait également été bien moins amusant !

« Wiverne ! Avait crié un Winghox comme si l’information avait pu être d’une quelconque aide. Puis il s'était ravisé, réalisant que son intervention orale n’était d'aucune utilité. Attention à sa queue !!! »

Mais trop tard arriva sa mise en garde, que deux Tenaag'i s'empalaient déjà sur l'appendice pourvu d'un horrible dard. Les deux peuples ennemis, à contre cœur, s'allièrent pour cette bataille à laquelle ils se livrèrent entièrement, au péril de leur vie, cela allait sans dire. Les lames sifflèrent, entaillant les tendons lorsque leurs propriétaires se trouvaient suffisamment proche, effleurant à peine l'écorce d'écailles parfois sur laquelle les flèches rebondissaient. Ils s'acharnèrent longtemps, plus imposants en nombre, moins en puissance et en rage, angoissés à l'idée que la nature puisse se vanter d'un comportement si incohérent. Que se passait-il, que les bêtes les plus terribles sortaient de leurs nids et attaquaient sans raison ? Leurs hurlements résonnèrent longtemps et la clairière émeraude devînt bientôt une grande tâche pourpre que les vautours guettaient dans leur vol silencieux. Les heures passèrent à s'épuiser au combat et lorsqu'il ne resta plus qu'une poignée de Tenaag'i et un homme Winghox salement amoché, la Wyverne s'écroula enfin, terrassée.

Les rescapés se lancèrent des regards étonnés et, tout à coup, tous la virent. Petite forme sans consistance, nuage de poussière, âme légère, le Pelel'je délaissait le corps mutilé de son hôte. Il flotta un instant comme s'il narguait les deux peuples qu'il venait d'amputer de ses meilleurs guerriers, et guerrières, et glissa mollement vers le nord, disparaissant au fond des bois.

Échidna venait de lancer les hostilités !

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