J'étais un peu surpris de la manière dont réagissait Ciara, mais après tout c'était probablement mieux ainsi : déjà que la belle plante était en état de choc, me retrouver avec deux personnes tétanisées sur place n'aurait vraiment pas était simple. Non, je ne considérais pas Belladona comme un boulet, je trouvais normal qu'elle soit apeurée après tout, mais je n'aurais probablement pas sû gérer la situation si elle avait été autre. L'avantage des humains été qu'après tout, ils restaient la plupart du temps des monstres, ce qui m'aurait presque fait sourire, mais au vue de la situation on aurait pût croire que je trouvais la mort de ce pauvre homme amusante, et je serais moi-même passé pour encore plus ignoble que je ne l'étais déjà.
Il y avait une chose qui me dérangeait vraiment avec la petite : j'avais beau eût lui dire de faire attention, de ne pas laisser ses empreintes, elle ne m'avait pas écouté. Tant pis, ce serait elle qui aurait des problèmes, pas nous. Moi, j'en avais déjà assez comme ça pour m'en rajouter, et même si j'aurais normalement dû prévenir d'une quelconque manière que ce Morphe avait été tué afin d'éviter que les soupçons se portent sur moi, je ne pouvais de toute manière pas me rendre en ville. Puis après tout, il y avait eût un monstre à Guttenvald, et même si les marques laissaient sur son corps n'étaient pas celle des créatures que nous avions vus, le temps que les gens écartent cette hypothèse nous serions bien loin, normalement. Puis pourquoi irais-je utiliser des dagues sur lesquels il y aurait mes empreintes alors que j'avais des griffes capables de trancher avec plus de précision que ça ? Il aurait donc été stupide de m'accuser. De toute manière, cela ne me concernait pas, et cela ne m'avait jamais concerné : nous étions simplement arrivé ici pour constater les dégâts, et en tant qu'amnésique je ne pouvais pas connaître cette personne, sa maison était vide donc je n'aurais rien pût vouloir lui voler, et c'était un léger détour dans la direction que nous voulions prendre. Belladona, elle, elle était une plante et elle avait probablement dûe voir plus d'un cadavre au cours de son existence : des restes de champ de bataille, de simple tombes improvisées, ne serait-ce que des corps d'animaux, et même si ils ne pensaient pas vraiment le spectacle devait être tout aussi épouvantable que pour un humain, bien que l'état de choc restait probablement différent, même si ce n'était que psychologique. Vraiment, il y avait plus de raison d'accuser un habitant de la ville sombre que l'un d'entre nous.
Nous reprenions la marche le plus tranquillement possible. Ciara avait dit que cet homme aurait pût soigner ma blessure, aussi j'imaginais qu'il avait probablement des bandages chez lui, mais je ne pouvais plus faire demi-tour désormais, ou alors il aurait fallut que je laisse la jeune plante seule quelques instants avec Ciara car je ne voulais pas lui imposer de nouveau ce spectacle, mais je ne faisais pas encore assez confiance en la petite pour laisser ma compagne seule avec elle, en particulier si elle était encore choquée par ce qu'elle venait de voir : un peu de bourrage de crâne et elle serait parfaitement capable de la faire partir. Les enfants sont bien plus mâlins qu'il n'y paraît en général, aussi c'était peut-être pour cela que j'avais du mal à les apprécier. Pour le moment je devais donc simplement garder un œil sur elle, car même si il y avait plus de chance qu'elle s'en prenne à moi qu'à Belladona, je ne savais strictement rien de cette fille. D'ailleurs, sa réaction en ayant vu le cadavre du Morphe était surprenante, et même si cette hypothèse était tirée par les cheveux, elle pouvait très bien nous avoir amené là bas pour nous plumer, comme par exemple nous tuer pendant que nous étions déconcentrés par le cadavre. Si c'était bien le cas, dommage pour elle, j'étais totalement insensible à ce genre de chose, considérant la mort comme quelque chose de naturel, bien qu'il s'agissait là d'un meurtre.
Enfin, j'admettais moi-même que cette hypothèse était bien peu probable, et il y avait autant de chance que ce soit le cas que l'on puisse porter les soupçons du meurtre de ce Morphe sur moi.
Le fait que la nymphe végétale ne disait plus rien me dérangeait un peu : il lui arrivait d'être un peu pessimiste, aussi pouvait-on sans doute dire que mentalement elle était fragile, et je ne savais pas vraiment à quoi elle pouvait penser à l'heure actuelle. Je laissais alors mes doigts glisser entre les siens, le contact de sa peau étant plus sec, je soulevais alors sa main pour regarder avec attention son corps, soupirant doucement sans rien dire, passant alors son bras autour de mon cou pour ensuite placer mes mains sous ses genoux et dans son dos et la soulever. Pourquoi ne disait-elle pas lorsqu'elle fatiguée ? Soit car elle était trop épuisée pour pouvoir parler, soit car elle ne voulait pas nous ralentir, ou bien alors il s'agissait juste de la nuit qui approchait. Qu'importe, pour le moment j'étais parfaitement capable de servir de moyen de transport, et ce n'était pas comme si elle était lourde, loin de là.
Le problème était surtout que c'était moi qui commençait à fatiguer à mesure de marcher ainsi sans manger, sans parler que j'étais blessé. J'étais encore capable de marcher un peu, mais il faudrait bien que je sois raisonnable à un moment donné, même si je préférais m'éloigner le plus possible de notre dernière position…