L'ombre des chênes

Bruyantes ou silencieuses, sombres ou clairsemées, enchevêtrées de ronces ou paradis... les forêts de Nideyle ne manquent pas d'attrait. Attention, les prédateurs n'y sont pas rares !

Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 01 Avr 2010, 19:59

ATTENTION
Les messages suivants s'adressent à un public averti (scènes de violence, érotisme). Âmes sensibles, s'abstenir.


A la simple idée de devoir se battre avec les deux étalons pour les faire embarquer, Zlata maugréa dans sa barbe. Il allait falloir leur bander les yeux, les entraver pour qu’ils ne ruent pas et s’accrocher aux rênes lors de la traverser pour ne pas chavirer. Zlata avait déjà emprunté des barges astalanes et elle éprouvait de sérieux doutes face à l’étanchéité de pareil navire. Même elle ferait du meilleur ouvrage ! De plus ils leurs faudraient soudoyer le passeur à cause de Quilbeeg et Zlata refusait purement et simplement d’être mêler à pareil attrape guigne. Non seulement la Winghox tenait à sa réputation dans certains milieux, mais en plus elle préférait ne pas croupir en prison le reste de sa vie, après tout ce qu’elle avait traversé, c’eut était trop bête.

Elle se tourna pensivement vers le campement et s’appuya sur la croupe d’Hevonen qui semblait décidé à bouder. Quilbeeg avait l’air penaud devant la perdrix maigrelette et Kjeld, qui fixait le vide avec application, semblait…agacé ? Oui c’était bien le mot, ou las peut être. Pourtant de ce qu’elle avait put voir, pour pousser le jeune métisse à bout il faillait y aller ! La mercenaire était certes fort peu au fait des subtilités du comportement humain mais les nombreuses piques de Kjeld n’étaient pas dures à interpréter.

Finalement peut être valait t’il tout simplement mieux se débarrasser du blondinet. La cornue tira sur sa pipe en songeant. L’épaisse fumée bleuâtre s’éleva pour se mêler à la brume omniprésente où se dessinait vaguement la silhouette des troncs. Zlata songea à partir au grand galop sur leur monture, mais elle n’avait pas encore manger et cela la titiller un peu tout de même. Elle pouvait aussi l’attacher à un arbre, mais la corde se faisait rare, de plus le laisser mourir de faim ou être dévoré par les bêtes était inutilement cruel. Rester la solution la plus extrême mais la plus évidente…l’exécuter, tout simplement. De toute façons, sur Phorior, un pareil boulet serait mort depuis longtemps. Peut être était ce là le message du dragon de tout à l’heure. Quoique, il avait parlé de son paternel, elle ne voyait pas le rapport.

La Winghox reporta son œil bleu sur le feu déjà mourrant qui peinait sur le bois vert tandis que Quilbeeg, bon gars, cherchait à le ranimer en soufflant doucement dessus. Cela lui servirait de prétexte. Zlata vérifia que sa dague était bien accrochée à sa ceinture et lança aux garçons :

« Je vois chercher du bois. »

Elle commença à s’enfoncer dans la forêt et jeta sans se retourner :

« Quilbeeg, rend toi utile. Viens. »

Elle l’entendit se précipiter pour la rejoindre, ses fers cliquetant, c’était quand même un bon bougre, la guerrière songea qu’il aurait du choisir le métier de tavernier ou ménestrel plutôt que de jouer les rebelles. Elle marchait lentement, beaucoup plus qu’à l’ordinaire en tout cas, pour permettre au condamné de la suivre. Les ronces humide craquaient sous leurs bottes et ils pataugaient dans la boue de grandes ornières profondes et récentes.

Elle fit semblant de s’accroupir pour rajuster sa botte et ordonnant à Quilbeeg de continuer d’un mouvement péremptoire de la tête. Il l’a dépassa en contournant un baliveau à la recherche de bois sec. La mercenaire se releva silencieusement, le regard fixé sur le gamin. Sa dague chuinta imperceptiblement quand elle l’a sortit du fourreau. Elle bondit soudain sur sa victime. Entravé par ses chaînes, victime de l’effet de surprise, il n’eut même pas le temps de se retourner. La lame aiguisée entama sans mal les tissus tendres du coup, jusqu’à l’os que Zlata sentie résister sous sa main. La blessure était profonde, mortelle. Quilbeeg s’effondra dans un râle plus semblable à un gargouillis. En quelque seconde tout fut finit. La brume était toujours là mais les ronces semblaient maintenant couvertes de fruits rouges incongrus en cette saison.

Zlata soupira. Pour évacuer la pression et reprendre son calme. Le plus dure n’était pas encore passé, elle aller devoir expliquer à Kjeld. Mais d’abord il lui fallait finir de décapiter sa victime, sa tête était mise à prix et passer à côté de pareil occasion serait stupide. Le jeune homme avait beau être rechercher vivant, il était toujours de récupéré une partie de la récompense.

Elle accomplit donc sa besogne en regrettant de ne pas avoir la francisque du métis, emballa la tête dans la tunique de Quilbeeg et se rendit au cours d’eau afin de se rafraîchir un peu. Aussi frustre soit t’elle, Zlata n’aimait pas manger les mains sale.

Elle regagna finalement le camp et posa son butin à l’écart sans mot dire. A Kjeld de voir s’il voulait plus d’explication.

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 03 Avr 2010, 17:05

L'oreille tendue, notre métis écoutait avec attention tout murmure susceptible de le renseigner sur les réactions ou l'humeur de Zlata. Que pensait-elle de son raisonnement ? Il baissa les yeux sur le feu. Son raisonnement était égoïste, et puis voilà tout ! Pour faire taire la honte insidieuse qui s'immisçait en lui, il souffla doucement sur les braises, cherchant à revigorer ces flammes décidément peu décidées à prendre. Et son Dieu Dragon là, ça lui aurait écorché une patte de leur avoir allumé un feu ? Il leva prudemment les yeux vers le ciel, regrettant aussitôt ses pensées. C'est qu'il ne faudrait pas qu'il revienne... et pour cela, mieux valait éviter de le provoquer, même si à son sujet, Kjeld avait proféré bien pire ! Il frissonna. Maudit feu ! Maudit temps ! Il se redressa, l'air songeur, et ses yeux s'attardèrent sur la mousse au pied des chênes sur laquelle Quilbeeg avait été déposé. Il se leva, renonçant à une réponse de Zlata mais gardant tout de même une oreille attentive, au cas où. Accroupit près des troncs, il arracha l'humus doucement, dégageant les racines de la terre qui s'y était empêtrée. Ça ne serait pas utile immédiatement, mais une fois séché, il n'y avait rien de mieux pour allumer un feu. Il en profita pour ramasser quelques écorces, quelques brindilles, et enfourna le tout dans sa besace, rampant en position accroupie d'un point à l'autre du campement à la recherche de choses utiles. Du coin de l'œil, il vit le jeune homme souffler à son tour sur les braises et haussa les épaules d'un air contrarié. Ça partait d'une bonne intention, mais allez savoir pourquoi, ça agaçait notre hybride. Et ça l'agaça d'autant plus lorsqu'il entendit la voix de Zlata s'élever pour réclamer Quilbeeg. Kjeld se redressa d'un bond. Pourquoi Quilbeeg et pas lui ?

Mais avant qu'il ait pu trouver une quelconque réponse à cette question, le jeune garçon s'était levé et accourait déjà comme un toutou, ses chaînes tintant joyeusement derrière lui. Kjeld retînt un grognement. D'accord, il n'était pas Winghox, mais il avait envie de grogner de mécontentement ! Et puis d'abord, si, il était à demi Winghox ! Alors il grogna ! Ça n'avait pas grand chose à voir avec les sons que pouvaient produire Zlata, mais curieusement, ça le soulagea. Pour dire la vérité il se sentit parfaitement ridicule, ce qui lui fit oublier sa contrariété passagère... Puis, décidant qu'il ne se laisserait pas faire si facilement, il regagna le feu. La branche sur laquelle la perdrix avait été piquée s'était enflammée et la viande faisait courbé le bois fragilisé, menaçant de s'échouer dans les flammes et de tout éteindre. Alors le jeune homme la retira de son perchoir et entreprit de reprendre les choses en main. Il planta deux branches à la vague forme d'un « y » de part et d'autre de ce qui était sensé être un feu et finit par trouver un bâton suffisamment costaud pour soutenir le poids de l'animal sans plier. Il prit le plus vert qu'il trouva, s'assurant ainsi qu'il ne brûlerait pas, puis ferma les yeux et se concentra. Ce qu'il s'apprêtait à faire n'était pas bien compliqué, mais pour lui, cela relevait de la torture. Il prit une profonde inspiration, rouvrit les yeux et se lança. D'un geste hésitant, il enfonça sa pique dans le gosier de la défunte volaille – renonçant à l'embrocher par l'autre côté – espérant ainsi la traverser de part en part. Problème : d'un point de vue anatomique, tout n'était pas dans l'alignement qu'il aurait tant souhaité ! Du coup, il se heurta à une résistance à peine l'estomac de la bestiole dépassé, et il dû prendre sur lui pour forcer le passage jusqu'à l'embrocher tout à fait. Lorsque ce fut fait, il déposa le tout au dessus du feu, un goût amer dans la bouche.

Décidément, il ne s'y ferait jamais... Et si ce Quilbeeg n'avait pas tourné autour de Zlata avec tant d'insistance, il n'aurait probablement jamais fait l'effort d'un tel exploit ! Il soupira. Ils tardaient à revenir et Kjeld commençait à émettre quelques doutes, voir de francs soupçons. Et s'ils étaient partis ? Juste tous les deux ? Laissant Kjeld ici, tout seul, comme on abandonne son vieux chien lorsque l'on sait qu'il est sur le point de mourir ? Son cœur se mit à battre... oui, évidemment ! Il n'était qu'un fardeau. Il ne savait même pas monter à cheval et passait son temps à faire des mauvais rêves comme un gosse traumatisé. La tête basse, il souffla doucement sur les braise, entre rage et résignation.

Et puis il se retourna tout à coup, surpris par des bruits de pas. Zlata revenait, mais par un chemin différent de celui qu'elle avait emprunté en partant. Quelques perles translucides s'étaient accrochées à son menton, signe qu'elle était allée se désaltérer, sans doute. Pas de bois dans ses bras, mais un petit paquet roulé sur lui-même. On aurait dit la tunique de Quilbeeg, et Kjeld tressaillit. Et pourquoi est-ce qu'il avait fait tomber sa tunique, au juste ? Avec un froid pareil ? Ils n'avaient tout de même pas été batifoler dans le fleuve, tous les deux ? Il regarda Zlata s'asseoir, l'air ahuri, ou blessé, ou les deux, mais son visage était fermé et il ne sut rien deviner. Il se redressa, étirant son dos qui le faisait souffrir après cette sieste désagréable, embarrassé par cette situation. Il attendit, mais Zlata n'ouvrit pas la bouche. Dans sa tête quelques scénarios peu avouables le torturaient. Quilbeeg avait accepté de partir, mais en échange... En échange il s'était servit. Kjeld jeta un coup d'œil furtif vers Zlata, sans oser la sonder avec trop d'insistance. Un mélange de suspicion, de dégoût et d'une jalousie qu'il n'était plus en mesure de gérer se lisaient aisément sur son visage contrit.
Il attendit encore... et il fini par craquer...

« Et Quilbeeg ? »

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 27 Avr 2010, 13:57

Tiens, voilà qu’il se mettait lui aussi aux phrases courtes. Zlata regarda son compagnon de voyage avec ahurissement, haussant les sourcils et lui jettant un regard de pur incompréhension. Etait il aveugle à ce point pour ne pas voir le sang maculant la tunique de Quilbeeg ? En tout cas il n’avait pas l’air en forme. Enfin moins gaillard que Zlata qui elle laissait doucement la pression de son assassinat retomber. La Winghox avait surtout craint d’être rouillée, au final pour une mercenaire elle avait encore rarement eut à tuer des hommes et encore moins à assassiner. La blonde ne cacher d’ailleurs jamais à ses « employeurs » qu’elle n’excellait pas dans ce domaine comme le prouvait son œil perdue. Heureusement Quilbeeg n’avait pas de cornes, s’était déjà ça, songea elle avec cynisme.

Le plus dur restait hélas encore à faire puisque Kjeld n’avait apparemment pas comprit ce qui s’était passé. Peut être n’était il pas assez soupçonneux ? Zlata, peu douée en matière de conversation humaine ne savait trop que faire. Comme d’accoutumer dans ce genre de circonstance elle passa brièvement en revue ses possibilités.

La borgne pouvait tout d’abord simplement ignorer la question et entamer son repas. Kjeld n’avait après tout qu’à ouvrir les yeux et puis elle avait faim et la perdrix semblait presque cuite. Elle pouvait aussi tourner autour du pot en essayant de lui faire comprendre à demi-mot que Quilbeeg était zigouillé et offert au bonheur des rats. Cependant la Winghox n’aimait guère la rhétorique qu’elle jugeait hypocrite et inutilement compliqué. Elle pouvait aussi dire crûment à Kjeld ce qu’il en était du blondinet.

Finalement Zlata opta pour une solution intermédiaire, elle coupa une cuisse à la perdrix, notant au passage que Kjeld avait bricolé une efficace rôtissoire, et déclara en désignant vaguement de la tête la tunique :
« Il est là. »
Elle commença à manger en réalisant que la méthode employé n’était finalement pas la plus subtile. Et puis zut, personne n’avait jamais dit qu’un Winghox fils de dragonne devait faire dans la dentelle !

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 04 Mai 2010, 14:53

Aveugle ? Non. La brume était épaisse et le tissu imbibé d'eau s'était assombrit. Avait-il vu le sang ? Peut-être. À vrai dire, il n'y avait que peu prêté attention, tout occupé qu'il était à repousser les idées ahurissantes qu'il se faisait. Ça l'énervait – même s'il ne voulait pas l'admettre – que ce sale petit malotru s'invite à leur voyage. À cause de Quilbeeg, ils avaient bien failli se faire réduire en bouillie par cet Artégal Machinchose, une véritable armoire à glace qui ne demandait qu'à briser les os de tout Astalan... À cause de Quilbeeg, ils avaient dû reprendre la route trop tôt, ne s'accordant finalement que peu de répit. À cause de Quilbeeg, ils avaient été agressés par des soldats, avec les conséquences désastreuses que cela avait eu. Alors du Quilbeeg, il n'en voulait plus ! Indigestion ! Certes, ce n'était pas de sa faute, mais tout de même. Des gens tels que lui qui portaient la poisse, Kjeld s'en passait volontiers. Mais non, voilà qu'un dragon gigantesque se posait tranquillement sous leur nez et leur déposait le boulet de service dans les pattes. S'en était trop. D'autant qu'il s'était mis à jouer les gentils toutous avec Zlata. Non mais et puis quoi encore ? Ses chaînes étaient encore un problème. Il était, à lui tout seul, un problème. Et même si Kjeld n'avait pas l'âme d'un assassin, abandonner cet individu à son triste sort ne lui aurait causé aucun cas de conscience...

Il se pencha sur le feu et souffla, feignant de s'occuper à autre chose qu'à l'énervement. D'ailleurs, il était tellement concentré à se calmer qu'il ne remarqua même pas l'état nerveux de Zlata, pourtant assise à côté de lui. Il pouvait d'ailleurs s'en justifier en prétextant que de toutes les façons, la Winghox n'était jamais de bonne humeur. Un peu plus, un peu moins, quelle différence ? Il n'y prêtait plus attention et n'écoutait ses grognements que d'une oreille distraite. Boudant la perdrix, il entreprit de se nourrir de noisettes. C'était de saison, même si c'était la plaie à décortiquer... au moins ça l'occupait, même si ses mains tremblaient encore un peu trop à son goût. Et puis lorsque Zlata lui désigna la tunique roulée en boule, certifiant que Quilbeeg s'y trouvait, Kjeld fit tomber les coques qu'il avait dans les mains.

« Vous plaisantez ? »

La questions revêtait les tons curieux de la supplique, comme s'il priait d'avantage pour que cette affirmation soit effectivement une plaisanterie. Les yeux ronds, il dévisageait Zlata sans vouloir comprendre, et sans vouloir jeter ne serait-ce qu'un seul coup d'œil vers le petit « paquet ». D'ailleurs, il ne voulait même pas savoir ce que la tunique cachait. Une main, un bras, ou pire encore...? Kjeld se leva, ses yeux malgré lui fixés sur le tissu. Effectivement, il y avait du sang... un peu trop à son goût même... et ça le reprenait, cette subite envie de vomir ses trippes.

« Vous n'avez pas fait ça ? Vous l'avez tué ? Mais... vous... »

Il tituba sur quelques pas. Vous quoi, d'ailleurs. Il n'en savait rien. Et si la queue d'un démon avait poussé entre les fesses de Zlata, ça ne l'aurait même pas étonné...

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 09 Juin 2010, 22:00

Allons bon ! Il n’allait tout de même pas lui reprocher d’avoir agit avec logique, efficacité et justesse ! Zlata était orgueilleuse mais pas prétentieuse mais il semblait quand même évidant qu’achever Quilbeeg était la meilleure chose à faire. Achever, oui c’était bien le terme. Non seulement il aurait été monstrueux de le planter seul en pleine forêt – et Zlata avait beau ne pas être une sainte, elle n’avait jamais versé dans la torture - mais en plus, étant donné son extraordinaire talent quasi-divin à se chopper toutes les embrouilles possibles et inimaginables, il serait probablement mort dans d’atroces souffrances, de façons ridicule (l’honneur est primordiale pour un bon Winghox) et en emportant tous ceux qui l’avaient approché de près ou de loin. Son assassinat relevait presque du salut public songea Zlata avec ironie. Finalement peut être que ce taré de Roy avait mis la tête du blond à prix non pas pour une quelconque répression vis-à-vis des rebelles mais pour éviter au pays de sombrer dans la déchéance et le chaos.

Bon ensuite il était vrai que conserver la tête pouvait sembler un peu malsain pour un regard extérieur, mais après tous il y avait une récompense à la clé et même en pleine mission la Winghox ne refuser pas un extra. La cornu était du genre pragmatique, à la limite de l’opportunisme, et cracher sur quelques pièces n’était pas dans ses moyens. De toute façons ils seraient vite débarrassé du crâne, Gutenvald n’était plus si loin. Non la seule difficulté était que l’on risquait de lui piquer sa preuve nécessaire pour prouver qu’elle s’était bien chargé de Quilbeeg. Elle devrait peut être aussi faire face à la misogynie pathologique des soldats Astalans, mais pour ce point là elle avait bien compté sur un coup de main de Kjeld qui se serait rendue à la milice à sa place moyennant un pourcentage. Enfin, vu comme cette histoire tournait, la mercenaire risquait de faire le reste de la route en solitaire. Bon il fallait quand même remettre un peu en état le jeune homme en face d’elle, sinon il lui faisait une syncope dans la minute et Zlata n’avait aucune connaissance particulière en bouche à bouche. Sur Phorior pour calmer quelqu’un on lui criaient dessus un bon coup et si nécessaire, on lui collait une belle baffe : la blonde espérait ne pas avoir à en arriver là.

« Evidemment que je l’ai tuer, grogna t’elle en jetant un os au feu. Tu ne vas quand même pas me scier les cornes avec ça alors que tu as fait pire hier. Soit logique, c’était le mieux à faire. »

En plus elle avait d’autre préoccupation en tête plus importante que de culpabiliser sur un mort de plus.

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 11 Juin 2010, 17:01

Kjeld allait répondre quelque chose lorsque la réplique de Zlata remit à sa place sa fierté mal placée. Interloqué, il en fut quitte pour ravaler la réplique – peu intelligente de toute façon – qu'il s'apprêtait à lui asséner. Oui, bon, d'accord. Peut-être bien qu'il avait fait pire... mais il ne s'en souvenait pas ! D'ailleurs, il n'avait aucune envie de s'en souvenir... Il recula d'un pas, le visage curieusement fermé. Depuis qu'il connaissait la jeune femme, il avait fait d'immenses progrès sur le chemin pour apprendre à se comprendre... seulement ce qu'il découvrait ne lui plaisait pas. Le cauchemar qui l'avait réveillé en sursauts quelques minutes plus tôt en était un parfait exemple. Non. Il n'était pas comme cela. Ce n'était pas possible. Et pour d'obscures raisons, il se mit à en vouloir à Zlata de ce qu'il avait pu déjà faire de mal par le passé... Il la regarda, amer. Devait-il se rasseoir et lui pardonner ce crime ? Il hésitait. Ce n'était pas si difficile. Combien de fois avait-il pardonner à son tuteur de l'avoir tabassé jusqu'à plus soif ? Au moins la Winghox ne s'en prenait pas à lui. Oui. Mais elle avait tué un innocent quand-même. Quilbeeg le méritait-il ? Non. Kjeld serait-il le suivant ? Peut-être. Il n'avait pas envie de lui pardonner. Il n'avait même pas envie de comprendre ses raisons. Trop longtemps, il s'était plié à ce jeu de la soumission. Aujourd'hui, il ne voulait plus. Il voulait vivre. Vivre sans risquer de se faire démembrer pendant son sommeil par une guerrière mal lunée !

« Peut-être que j'ai tué ces soldats, je ne m'en souviens pas. Peut-être aussi qu'ils le méritaient, mais Quilbeeg, lui, ne nous avait rien fait. Et si vous comptez nettoyer Nideyle de tous ceux qui entravent votre route, alors peut-être la nôtre devraient-elle se séparer ici...? »

Pensait-il ce qu'il disait ? Oui. Curieusement, il en ressentit un pincement au cœur, mais il fut incapable d'en déterminer les raisons précises. Zlata le décevait. Beaucoup. Elle ne l'amusait plus à présent, elle lui faisait peur. Et dire qu'il avait du sang de ce peuple dans ses veines... ah ! Il se serait laissé aller à une saignée sur le champ si cela avait pu le « purifier »...

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Zlata Bolt » 31 Juil 2010, 04:14

Je suis vraiment désolé pour cette attente inexusable et je ne te cache pas qu'écrire ce court post a été un vrai chemin de croix. Mais au moins c'est fait, j'espère être plus inspirée sur la prochaine réponse.


De l’incompréhension. C’est tout ce que Zlata parvenait à ressentir. Elle aurait pu être déçut que Kjeld la repousse soudain ainsi. Ou alors blessée par ses paroles. Elle aurait aussi put se mettre en colère et faire ravaler ses paroles au gamin à coup de tric –quoiqu’elle était plutôt de genre à taper pour faire réagir plutôt que taire. Mais non rien de tout ça. Simplement cette total et inébranlable incompréhension. Comment pouvait il dire ça par les cornes du dragon des mers ? A croire qu’il avait toujours vécut dans le confort et l’oisiveté pour n’avoir jamais tué par nécessité. Elle ne songeait évidemment pas à la légitime défense mais bien à une attaque, c’était légion courante chez les Winghox surtout dans les tavernes après que plusieurs fûts de bière eurent été vidés. A moins qu’il n’ai trop de principes, ça devait plutôt être ça, ouais. Elle en avait un paquet elle aussi, mais ils étaient légèrement différents de celui du métisse.

Zlata n’avait pas envie de s’expliquer. Trop de mots. Mais Kjeld était sacrement remonté au point de vouloir partir de son coté. Bon déjà c’était stupide parce qu’il s’était engageé dans ce voyage pour qu’elle lui serve plus ou moins de guide dans le sud. Et en plus même s’il était agaçant sur certain point, elle l’aimait bien ce gamin… il lui soufflait moins dans les bronches que la moyenne pour tout dire. La Winghox avait beau mieux supporter la solitude que quiconque, il était tout de même plus sécurisant de voyager en groupe. Quoique, Kjeld avait faillit la tuer en lui fonçant dessus à cheval ! Mais bon il restait quand même moins dangereux que l’autre blond. En parlant de lui, il était peut être temps de répondre à son compagnon de route :

« Quilbeeg n’avait pas « rien fait », si ça avait été le cas, il n’aurait pas été recherché par l’armée. » Nul trace de mépris ou de condescendance dans ces paroles, ce n’était pas son genre, par contre on pouvait sentir de l’agacement derrière le ton calme de la guerrière. D’autant plus que son argument n’était pas vraiment valable puisque les soldats n’était eux-mêmes qu’un ramassis de malfrat sans scrupule ayant la bénédiction du Roy.

« C’était un nid à embrouille qui n’aurait cessé de nous attirer des ennuies. Il aurait été impossible d’emprunter un bac avec lui et les Guttenvaldois sont maladivement méfiant. Et je n’avais pas envie de le planter là comme ça pour qu’il crève de faim une semaine plus tard. Ca aurait était cruel et surtout lâche. Au moins on est tranquille et le reste du monde aussi. »

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Re: L'ombre des chênes

Messagepar Kjeld Ares » 31 Juil 2010, 12:19

T'inquiète. Je ne t'ai pas tellement donné matière à répondre non-plus, et puis c'est toujours un peu difficile de se remettre dans le bain après une absence. Je me permets de faire avancer un peu le récit, les absents ayant toujours tort, j'en ai marre de les attendre. Si tu veux, on peut clore ici et reprendre à Guttenvald, vu que pour le coup, je nous en rapproche vite-fait :012:


Que pensez-vous qu'il se passa dans la tête du gamin ? Pas grand chose à vrai dire. Le parcourait comme un frisson une crainte sourde. Il savait qu'il avait été trop loin et que la sanction ne tarderait pas à tomber. Masochiste ? Non. Sa réaction première partait d'une bonne intention – bien qu'un peu irréfléchie sur les bords – mais après coup, il la regrettait. C'était un peu le risque, lorsque l'on grandissait « enfermé » dans l'autorité d'un autre. Les limites étaient floues, et il ne savait pas ce qui lui était autorisé de dire, ou de faire, ou non. Ses mains tremblaient, et il s'en voulu d'être incapable de se contrôler. Les récents évènements le portaient sur les nerfs, et la fatigue accumulée n'arrangeait en rien sa stabilité émotionnelle – pour peu qu'il en ait une. Maudis cauchemars ! Maudis temps ! Il frissonna, réalisant après coup que la brume le frigorifiait. Mais son regard n'avait pas lâché Zlata, prêt qu'il était à parer un éventuel assaut. Un assaut qui n'eut jamais lieu. La jeune femme semblait fatiguée, ou désintéressée... ou les deux ? Et lorsqu'elle prit la parole, Kjeld se mit à rougir jusqu'aux oreilles. Elle avait raison, en un sens. Peut-être. Il ne savait plus. S'il avait eu une mère, il l'aurait appelée au secours... on ne le refera pas, le petit. Et puis tout compte fait, il se rassit, épuisé par la bataille intérieure qu'il se livrait.

« Peut-être... » admit-il de mauvaise grâce et d'une voix penaude.

Il fouilla ses poches à la recherche des noix qu'il avait cueillies et occupa le reste de la soirée à s'esquinter les ongles sur les coques et à grignoter comme un écureuil, refusant de toucher à la perdrix qu'il jugea avoir suffisamment martyrisée comme ça. Au moins le problème du repas à partager ne se posait plus... et lorsque Zlata fut rassasiée – lui, il n'avait que l'appétit coupé comme bien des fois – ils reprirent la route en silence.

Le chemin fut plus long que prévu, à cause de la brume qui jouait à estomper les contours et à avaler les chemins. Dans un sens, ça les arrangea un peu, la Winghox ayant souligné à plusieurs reprises leur petite altercation avec les soldats. Kjeld pensa d'ailleurs qu'elle prenait un malin plaisir à lui asséner ce souvenir à la figure, mais il ne disait rien, par habitude. Le pont qu'ils souhaitaient emprunter était gardé par des soldats, mais lorsqu'ils virent la tête de Quilbeeg que Zlata leur agita sous le nez ils les laissèrent passer sans poser d'avantage de question, médusés qu'ils étaient. Nul autre obstacle ne vînt entraver leur progression qui se faisait tantôt à cheval, tantôt à pieds lorsque leurs fesses étaient décidément trop douloureuses ou leurs jambes trop impatientes de retrouver leur utilité. Au fil des heures, Kjeld acquis un peu plus d'assurance à chevaucher, tant que cela se faisait au pas tout du moins. Au trot, il rebondissait comme un sac de pommes de terre mal ficelé, provoquant des mouvements d'humeur de son baie cerise – plus noir qu'autre chose par ce temps exécrable. Au galop, il parvenait encore à conserver un semblant d'équilibre qui fit beaucoup rire Zlata. Il se couchait ni plus ni moins sur l'encolure et enroulait les crins de l'animal autour de ses poignets, serrant les dents – et les fesses – et priant à la fois Alrik, Amroth et Drakmonniss de s'en sortir vivant. Et il devait bien y en avoir un dans le lot qui veillait sur lui, parce qu'il était toujours en un seul morceau lorsqu'ils arrivèrent aux abords de Guttenvald.

La forêt s'était faite plus dense, et la route principale, quoi que large, était particulièrement inconfortable. Kjeld connaissait les lieux pour s'y être rendu quelque fois, en quête de légendes mystérieuses. Il n'y était jamais resté bien longtemps toutefois, faute à l'inhospitalité légendaire des villageois. Non. Ce n'était décidément pas un mythe. Les Guttenvaldois étaient exécrables.

Et puis, pourtant boudeur depuis quelques temps, le jeune homme mit soudain pied à terre sans autre avertissement qu'un « Oh ! » enthousiaste, et se mit à courir à travers un bosquet clairsemé. Son cheval le regarda s'éloigner d'un air tout à fait perdu, le suivant des yeux, et des oreilles.

« Des vaches ! » s'exclama-t-il comme un gosse.

Il venait d'enjamber une clôture sommaire et vidait à présent son outre des quelques gouttes d'eau qu'elle contenait encore, envisageant de la remplir de lait, souriant comme un bienheureux...


*°*°*°*°*°*°*°*°*
La suite : Y'a une chouette ambiance

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