par Thanel » 21 Nov 2010, 01:04
Notre monde courait à sa perte. La sédentarisation de ce monde courait à sa propre perte, et je ne pouvais me résoudre à pénétrer ces villes high tech, scientifiques et trop élaborées pour respecter la Mère Nature. J'avais besoin de comprendre, de réfléchir. Quoi de mieux que la forêt?
Mes doigts couraient sur la surface rugueuse des arbres. S'établissait entre moi et chacune des plantes de cette concentration intelligente de vie une véritable rapport. Les Morphes, peuple racine du monde, sentaient les arbres. Sourire. Si seulement ces guerres qui se préparaient pouvaient épargner les créations végétales. Pouvaient épargner les animaux, le ciel, la terre. Pouvaient ne jamais exister, et mourir suite à leurs naissance belliqueuses. Retourner du néant, disparaître dans le noire...
Mon échine s'installa contre les courbes rassurantes et partageuses d'un chêne. Cette forêt était d'or. Le vent insonore faisait soulever des feuilles brunes du sol, les faisant léviter, et dansantes, passer devant mes yeux, comme des rêves, des pensées. La forêt était esprit, et communion. Je fermais les yeux, concentrant peu à peu mon corps sur l'Esprit Nature du lieu. De vivre en communion avec la foret.
Des rumeurs de conversations, comme des sifflements, me parvinrent... y avait il des créatures autres qu'animales présentes dans la forêt?
Me levant lentement, je sentis les mouvement ondulatoire de la foret sous mes gestes. Chacun accompagnait l'autre. Le vent me guidait sur le corps sensuel et mystérieux de la forêt. Sous mes pas, les feuilles se déplacèrent, et les branches au dessus de moi effleuraient le vide plein de l'air oxygéné. Je devinais les mouvements furtifs des signes de vie, tapis dans chaque recoins de la foret. Chaque signe de vie, ou presque. Je tendis les bras, et mes épaules suivirent le même mouvement qu'un plongeur. Avant même le contact avec le sol, mon organisme avait muté en animal. Je n'étais plus bipède, et la forêt m'évoluait ainsi, différemment. Mes prunelles étudiaient les contrastes plus marquées. La foret était vivante, comme un gigantesque animal avec qui je partageais le souffle. Le souffle de la Nature...
Ma queue se mit à balancer, oscillante, quand je débouchais en silence d'entre les arbres d'or. Deux êtres, opposées, s'étudiaient en discutant. L'une d'elle, je reconnus une Orphe, désignait un point qui, humain, m'aurait été invisible. Une île? J'eus un frémissement de gorge instinctif, qui eut pour résonnance un grognement fusant d'entre mes babines. Les deux êtres se tournèrent vers moi et j'étudiais en la fille blonde ma paire. Une Morphe, ses yeux entièrement noirs en témoignaient pour elle. Je m'approchais. Mes pattes, délicates, soulevèrent sur ma route un sillon parmi les feuilles. Le silence. La distance me séparant des deux créatures fut rapidement dévorée. Mes prunelles allaient d'une femelle à l'autre. Sous forme de lion, je ne pourrais rien faire...
Mes épaules, mes cervicales et mes hanches, ce fut comme si elles étaient aspirées vers l'arrière. Je me retrouvais agenouillé sur la petite berge, la main posée sur la hanche. Silence.
_Je peux aider?
{C'est bon?}
Edit Seby : oui merci.