Barbares, nous voici !

Les plaines recouvrent la grande majorité du territoire Nideylien. Fertiles et verdoyantes ou au contraire arides et hostiles, elles s'étendent sans trouver d'autre barrage que les montagnes ou le désert. Par ici, si vous aimez crapahuter dans l'herbe !

Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 06 Juin 2011, 00:19

Les Winghox commerçaient les peaux de bêtes à foison et la jeune femme se demandait sous quelle forme elle serait le plus en sécurité ? Archélas faillit partir d'un nouveau sermon avant de finalement se venger sur la viande dans laquelle il mordit furieusement. L'idée même que sa féline puisse finir en descente de lit lui donnait envie de raser le village. Évidemment, il n'était pas au courant de l'aversion naturelle de ces barbares pour leurs voisines, ni du fait que les villageois risquaient de prendre Ceithli pour l'une des leurs. Alors, mâchonnant d'un air boudeur, il préféra changer de sujet.

« Guttenvald est une petite ville et honnêtement, nous avons eu bien du mal à nous débarrasser de la vingtaine d'imbéciles heureux qui nous sont tombés dessus... Tu imagine si nous avions du nous battre contre Guttenvald entière ? Et ils ne sont qu'humains, alors un village plein à craquer de Winghox... autant affronter Drakmonniss une seconde fois. »

Il ajouta les branches qu'il avait récoltées pour son feu dans celui que Ceithli avait allumé afin de l'attiser, puis il tailla encore quelques part de volaille, diminuant chaque fois la quantité de viande à cuire et leur appétit. Mais alors qu'il s'apprêtait à tendre sa part à la jeune femme, elle disparut hors de sa vue et il tressaillit de sentir ses mains sur sa nuque. Non, ce n'était pas le moment. Non, il ne s'en sentait pas capable dans son état. Malgré tout, ça ne l'empêchait pas d'y penser...

« Ne t'inquiète pas pour mon rapport. J'ai l'habitude de les faire à l'oral, souvent à Manôlis, et de ne les mettre par écrit que plus tard. Je saurai me souvenir des détails. »

Et même s'il ne voulait pas se l'avouer, il n'avait pas tellement l'intention de retourner voir Livian d'Ephtéria. Chaemil étant réputé être l'un de ses amis, quelle que soit la raison de sa mort, Archélas devinait que ce serait à lui qu'elle serait reprochée et il n'avait pas envie de finir ses jours dans les geôles des arènes. D'un autre côté, il n'avait pas tellement le choix. Un ordre restait un ordre. Peut-être puiserait-il suffisamment de courage en lui lorsqu'il se sera enfin remis de ses blessures, physiques comme psychiques. Car il avait beau être un soldat habitué des combats et de la mort, se retrouver face à la terreur des océans laissait quelques traces.

« Tu n'auras qu'à conserver l'apparence que tu veux tant que nous serons à l'extérieur de la ville, mais je préfère que tu te présente en tant que femme si nous entrons. Je veux rentrer au royaume avec toi. Entière. Ta peau sur le dos dans la mesure du possible. »

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 06 Juin 2011, 00:56

Déposant un dernier baiser dans la nuque du soldat, elle se rendit compte que finalement, elle lui faisait encore de l'effet malgré tout ce qui s'était passé puisqu'il frissonna et signala qu'il tenait à ce qu'elle rentre avec lui. Rentrer où? Au royaume? Comment ça? Elle haussa les épaules et s'installa à nouveau à côté de lui et serra ses mains l'une contre l'autre.

"Je vais surement rester humaine, sauf lorsqu'il faudra chasser. Je préfère essayer d'avoir cette apparence le moins possible, bien que je ne pense pas risquer grand chose avec les winghox, ils ne sont pas vraiment du genre à courir vite, les peaux que j'ai pu voir semblaient plus appartenir à des loups ou des ours, donc pas de proie bien rapide, je devrais pouvoir fuir... malgré tout, je ne veux pas tenter le diable"

Elle se leva finalement et commença à rassembler les affaires près du sac, elle se demandait si Archélas voulait finalement se reposer une journée de plus, ce ne serait peut être pas plus mal et maintenant qu'il n'y avait plus la compétition avec Chaemil, ils pouvaient prendre leur temps, aussi revint-elle vers lui pour prendre son menton délicatement dans ses mains et le fixer droit dans les yeux

"Écoute, nous sommes encore assez loin du village pour l'instant de ce dont je me souviens, nous ne sommes pas sur leur terrain de chasse car je n'ai pas vu de marques humaines pendant ma chasse, donc à part les teignes, nous ne risquons pas grand chose ici..."

Elle prit une profonde inspiration, puis recula pour serrer de nouveau ses mains l'une contre l'autre

"Je pense que nous devrions nous reposer encore aujourd'hui. Nous avons un peu plus de temps devant nous, d'accord? Nous avons été assez blessés par tout ça et... il vaut mieux que nous soyons en forme avec ce qui nous attend..."

Elle prit la tente délicatement pour ne pas se blesser d'avantage les mains, puis elle fit le geste comme si elle devait de nouveau la déplier pour le reste de la journée et de la nuit. Non pas qu'elle attendait quelque chose de romantique là dedans, elle n'avait pas eu à faire une longue chasse et ses courbatures tiraient d'un peu partout sur son corps, même si elle essayait de ne pas le montrer... elle ne voulait pas passer pour un poids, Archélas ne se rendait probablement pas compte de la pression qu'elle mettait elle-même sur ses épaules pour ne pas le décevoir, mais il valait mieux pas qu'il le sache après tout...

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 06 Juin 2011, 13:26

Le visage coincé entre les mains de la jeune femme, Archélas ne bougea pas d'un cil. Curieusement il trouvait reposant de se laisser dicter ce qu'il devait faire. L'exercice se révélait plus facile que lorsqu'il devait décider lui-même pour deux avec la crainte constante de faire les mauvais choix. Se jeter sur Chaemil à main nues en avait fait partie par exemple...

« D'accord... mais... pas ici. Les restes des corps vont commencer à se décomposer et à sentir mauvais, et j'avoue que j'ai un peu peur du genre de charognards que ça pourrait atirer. Je préfèrerai qu'on s'éloigne un peu. »

Joignant le geste à la parole, il s'étira légèrement avant de prendre la main de Ceithli pour ranger leur affaires à deux. C'est seulement à ce moment là qu'il se rendit compte qu'elle était blessée également, ce qui le fit pousser un nouveau « Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? » scandalisé. Il planta ses turquoises dans le regard sans fond de sa féline, l'air incrédule. Évidemment qu'elle n'avait rien dit, la connaissant elle devait se sentir coupable pour tout ce qui n'était pas de sa faute, c'était tout à fait son genre... Alors avant qu'elle ait le temps d'ouvrir la bouche pour prétendre qu'elle allait bien, il l'embrassa. Une manière comme une autre de s'excuser pour sa maladresse, sinon son incompétence à la protéger correctement.

« J'espère que ce tatouage d'ortie est efficace... »

Et si ce n'est pas le cas, il y aura un Winghox à subir sa vangeance.

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 06 Juin 2011, 14:12

Ainsi donc, ils allaient devoir bouger un peu, aussi Ceithli revint vers lui en lui tendant la tente pour qu'ils la rangent ensembles, et ce fut à cet instant qu'il remarqua les écorchures sur ses mains provoquées par les frottements du bâton pour allumer le feu

« Ce ne sont que des écorchures, il n'y a pas de risques que ça s'infecte... ce n'est rien, je t'assure »

Elle se sentait un peu honteuse de lui avoir caché ça, mais elle voyait bien qu'il s'inquiétait pour elle en permanence et elle soupira alors doucement en prenant ses mains dans les siennes, puis en lui embrassant doucement les doigts

« J'ai... l'impression que tu t'inquiètes en permanence pour moi, et que c'est la raison pour laquelle tu as sauté sur Chaemil comme ça... j'avais toujours pensé que je serais une source d'ennuis pour toi et jusqu'à présent, j'ai l'impression que tout a confirmé. Que ce soit sur le bateau quand tu as passé la nuit en cale à cause de l'autre idiot, ou ton emportement sur ton supérieur, et maintenant là, je vois que pour quelques écorchures encore tu t'inquiètes pour moi et... j'ai peur qu'à force tu ne te soucies pas assez de toi et qu'il t'arrive malheur »

Elle rougit doucement alors qu'elle le laissait mettre la sacoche sur son dos. Elle était pieds nus et il serait probablement plus pratique qu'elle se transforme, mais elle voulait pouvoir lui parler encore un peu, aussi marcha t'elle à ses côtés pour s'éloigner de cet endroit rapidement. Elle n'osait pas trop parler maintenant et elle se contentait donc d'avancer aussi loin qu'il le souhaitait, lui indiquant juste dans quelle direction se trouvait le village pour qu'ils restent tout de même dans le bon alignement. Elle se pinçait les lèvres à l'idée de l'avoir vexé, et elle se sentait triste en réalité car elle pensait ce qu'elle disait, et elle se disait qu'il y avait peu de chances pour qu'il accepte qu'elle reste à ses côtés à l'avenir, même si elle avait clairement prouvé être capable de se débrouiller toute seule. Elle regarda un moment le sac et eut un regard triste

« Il faudra que je me change. Mon père m'a dit que les winghox étaient en guerre avec les Tenaag'i, des amazones guerrières, si je me mets une jupe longue, ils ne pourront pas me prendre pour l'une des leurs car ce n'est pas du tout leur style vestimentaire...»

Ou comment détourner un peu la conversation. Ils avaient marché un petit moment déjà et le soleil déclinait doucement, annonçant le milieu de l'après-midi. Ils pouvaient s'arrêter là s'il le souhaitait ou se rapprocher encore de la plage, elle préférait lui laisser la directive, ne sachant pas trop qu'il préférait presque lorsque c'était elle qui décidait...

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 06 Juin 2011, 19:16

Définitivement, il était plus facile d'obéir à un ordre direct que d'avoir à réfléchir aux remontrances que lui faisait Ceithli. Archélas soupira comme si cela pouvait l'aider à assimiler ce nouveau point de vue, avant de se lever et de ranger le matériel sans un mot de plus. Il insista toutefois pour passer de l'eau froide sur les paumes de la jeune femme et sécher à l'aide d'un pan de son uniforme qu'il ne se sentait pas le courage d'enfiler. Puis il chargea le sac sur son épaule valide et tous deux se mirent en route lentement. Le soldat n'était pas pressé. Plus encore, il était suffisamment mal en point pour renoncer à ramper à quatre pattes derrière les buissons pour ses observations. Ceithli avait raison : à présent qu'ils n'avaient plus de concurrent, ils avaient le temps. Il était donc plus prudent - et plus intelligent - d'attendre d'être en meilleure forme pour s'acquitter de cette mission. Peut-être même qu'ils pourraient faire demi-tour et trouver refuge auprès des marins quelques temps, mais cela les obligerait à revenir sur leurs pas et il n'était pas dit qu'ils n'aient pas déjà levé le camp.

« Je sais que je te l'ai déjà promis au moins dix fois, mais tu as raison, je devrais te faire davantage confiance. Tu n'as pas eu besoin de moi pour te défendre contre cet homme à l'oreille en moins... et tu n'as pas eu besoin de moi pour te défaire des deux soldats qui s'en prenaient à toi pendant que Chaemil et moi nous battions comme des chiffonniers. D'ailleurs, j'ai cru comprendre que tu avais remporté le tournoi des Hiéras alors que je me suis fait sortir au premier tour... je suis un imbécile, excuse-moi. »

Ce devait être l'un de ces fameux principes inculqués depuis son tout jeune âge. Quelque chose comme une règle absolue disant que les hommes étaient plus valeureux, plus forts et plus courageux que les femmes qui nécessitaient d'être protégées de tout. Ce ne serait ni le premier ni le dernier principe à voler en éclat face à Ceithli.

« D'un autre côté j'ai bien peur de te tenir un peu trop à toi pour ne pas m'inquiéter... mais... je peux essayer... »

Il lui fit un sourire, tentant de détendre un peu l'atmosphère. Malgré la fatigue, marcher lui faisait du bien et consumait mollement le stress accumulé. Chemin faisant, il ramassait parfois des brindilles ou des morceaux de mousse sèche qu'il entassait dans ses poches. Puis après quelques heures, il bifurqua vers l'est afin de se rapprocher des plages, expliquant que les meutes préfèreraient sans-doute les plaines gorgées de gibier aux plages pauvres en nourriture. Accessoirement, leurs muscles à tous les deux apprécieraient davantage le confort du sable que les racines et les cailloux inopportuns cachés sous la tente.

« S'ils sont en guerre contre un autre peuple, reprit-il en fronçant les sourcils d'un air soucieux, alors ils doivent posséder des structures et une organisation militaire. Il faudra se montrer prudent aux abords de la ville. Ils auront peut-être même des sentinelles. »

Après un silence, il décréta qu'il était fatigué et posa le sac avant de repartir en quête de bois pour le feu. S'étant approvisionné en combustible pour le démarrer, il s'efforça de l'allumer lui-même, serrant les dents sur la coupure à sa main droite et sur les élancements de son épaule. Le vent du large le dispensa de s'essouffler et les flammes furent assez rapides à se créer. Satisfait, il se redressa avant de poser un regard sur Ceithli.

« Je ne te propose pas de poisson...? »

Une autre façon de lui demander d'aller chasser... sans le lui demander.

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 07 Juin 2011, 22:48

Pendant qu'ils marchaient en se rapprochant de la plage, la féline avait croisé les bras dans son dos pour réfléchir tout en écoutant les paroles du soldat. Elle eut un sourire un peu gêné lorsqu'il parla de sa victoire au tournoi des hiéras, mais il était évident qu'elle avait montré qu'elle savait se défendre. Malgré tout, même le meilleur combattant pouvait un jour tomber au combat et elle comprenait qu'il ne puisse s'empêcher de s'inquiéter pour elle

"Je suppose que c'est normal que tu t'inquiètes pour moi, tout comme je m'inquiète pour toi aussi lorsque nous sommes séparés... je suis désolée, je suppose que cela fait partie de ces choses avec lesquelles on doit vivre lorsque l'on tient à quelqu'un"

Elle-même n'avait jamais eu de relation durable de la sorte, ni aussi intense du point de vue des sentiments, alors elle découvrait pas mal de choses de son côté aussi. Finalement ils avaient gagné la plage, Archélas semblait persuadé que les winghox avaient bel et bien une armée, cependant pour sa part, elle les voyait plutôt comme des gens qui s'entraînaient eux mêmes, les parents forment leurs enfants dès le plus jeune âge, des choses de ce genre. Elle avait pensé ainsi en voyant combattre Zlata qui n'avait pas une technique vraiment propre, mais plus dans le genre "brute de décoffrage", ce qui lui laissait à penser qu'il n'y avait pas vraiment une formation derrière tout ça, mais bel et bien un apprentissage par la vie. Enfin il ne s'agissait que d'une supposition, et après avoir vu Metild combattre également, elle en avait eu la même conclusion.

Une fois installés, Archélas voulut allumer un feu de lui-même et elle le laissa faire. Non pas qu'elle craignait de se blesser, mais elle ne voulait pas qu'il croit qu'elle faisait tout et qu'il était inutile. Elle prit une profonde inspiration en buvant un peu d'eau alors qu'il lui demandait si elle voulait du poisson... enfin la phrase était plutôt tournée sur le fait qu'il leur serait difficile à tous deux d'en pêcher, aussi elle crut déceler une demande de partir chasser. Elle lui sourit doucement, essayant de jouer son jeu


"Pourquoi pas, ça changerait, malheureusement, je suis totalement nulle pour la pêche! Je pense que tant que nous ne serons pas rentrés dans une ville, nous n'allons pas pouvoir manger de poisson. Je suis désolée, je vais plutôt partir chasser"

En s'excusant ainsi, elle espérait qu'il comprendrait que non, justement, elle ne savait pas tout faire non plus, et elle avait besoin de lui. Non pas pour faire des choses à proprement parler, mais il est probable que ses nerfs auraient lâchés depuis bien longtemps s'il n'avait pas été là, et l'adrénaline qui avait grimpé en elle pendant le combat était principalement due à son envie de le protéger, son instinct de prédateur avait pris le dessus sur l'instinct de survie qui lui aurait plutôt dit de fuir, s'il n'avait pas fallu le sauver. Elle ne le lui dirait pas évidemment, mais elle ne voulait pas qu'il se sente coupable.

Elle s'approcha pour l'embrasser et se plaça derrière lui pour se déshabiller. De nombreux hématomes avaient fait leur apparition maintenant que le temps s'était un peu écoulé, vestiges surtout de l'attaque de Drakmoniss. Elle se transforma et partit chasser. Dans la mesure où elle avait pris de la volaille le matin même, elle essaya de trouver de la viande rouge et elle dut s'éloigner un peu pour trouver un phacochère. Proie particulièrement dangereuse, mais celui là était encore petit et avait à peine de petites défenses. Elle se tapit, fondant du mieux possible dans son environnement avant de se lancer dans une pointe de vitesse pour lui sauter dessus par le côté et rouler avec lui jusqu'à viser la gorge et le tuer sur le coup. Elle attendit quelques secondes, se délectant du sang qui coulait dans sa gueule avant de s'approcher des parties génitales et de les arracher rapidement. Elle ne savait pas si c'était nécessaire pour les phacochères, mais c'était le cas pour les sangliers si l'on ne voulait pas empoisonner la viande, aussi préférait-elle ne pas prendre de risques. Elle le souleva ensuite avec difficulté et le traina jusqu'au campement. Une fois la proie déposée devant son conjoint, elle alla dans l'eau où elle se rinça et reprit forme humaine, telle une nymphe dans l'eau salée, frottant un peu sa peau meurtrie et grimaçant sous la douleur du sel sur ses plaies.

Elle sortit de l'eau, sans pudeur et revint vers lui pour prendre le sac et récupérer d'autres vêtements. Comme elle l'avait dit un peu plus tôt, elle prit sa jupe longue et un haut à manches longues, rien de très combattif qui ne pourrait alarmer les winghox s'ils devaient passer dans le coin. Elle s'assit aux côtés d'Archélas et le regarda d'un air amusé


"Tu sauras préparer ça ou il te faut un coup de main?"

Elle avait de belles cernes sous les yeux, elle était assez contente qu'ils se reposent encore cette journée, car elle n'avait pas encore récupéré de ces derniers jours éprouvants

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 08 Juin 2011, 14:03

Archélas se sentit un peu stupide pour la manière peu délicate dont il avait envoyé Ceithli chasser. Il se rendait compte qu'il était plus facile pour lui de lui demander ce genre de chose lorsqu'elle était sous sa forme féline. On n'a jamais de remords à donner un ordre à un animal... Il la remercia d'avoir compris par un sourire – et en répondant à son baiser – et entreprit d'entretenir le feu pendant qu'elle se « changeait » derrière lui. Puis il la regarda partir avec un léger pincement au cœur. Après tout, elle aussi avait souffert après cet abominable naufrage, et pourtant c'était encore elle qui en faisait le plus tandis que lui se contentait de marcher comme un vieillard à cause de son dos et de rester muet la plupart du temps à cause... de sa migraine. Peut-être devrait-il faire un peu plus d'effort pour se redonner un peu de baume au cœur à tous les deux...?

Alors il se leva pour aller chercher une bonne quantité de bois et entretenir un feu chaleureux, puis défit la tente et y installa sa couverture. Se faisant, il se donna l'impression d'être l'un de ces servantes dans les auberges qu'il fréquentait si souvent. Sauf qu'à lui, ça lui faisait plaisir de préparer une sorte de nid douillet pour Ceithli. Lorsqu'il eut terminé, il chercha des branches en fourche afin d'en faire un support à une broche (l'épée qu'il avait empruntée à l'un des cadavres suffirait). L'installation était un peu bancale mais il pensait que cela suffirait pour la proie que lui porterait la féline. Après tout elle lui avait bien précisé à Guttenvald qu'elle n'était pas faite pour porter des charges trop lourdes. Comme elle ne revenait pas et que le soleil commençait à décliner, il ramassa également quelques pierres afin de bien délimiter le foyer et termina par ses soins. Il passa du baume à contre cœur sur ses plaies : à l'épaule, mais aussi à la tête cette fois-ci, et sur la paume de sa main droite. Fermant les yeux un long moment comme pour oublier la douleur, il tressaillit en entendant des pas dans le sable et les rouvrit pour découvrir... un guépard glisser vers lui à reculons et tractant tant bien que mal un... phacochère ! Un jeune à en juger par sa taille réduite.

Archélas se leva d'un bond, et tituba sous le coup des courbatures. Il y avait suffisamment de viande pour tenir deux jours entiers sans se priver. Sur le moment, il faillit se jeter au cou du félin, mais déjà il réfléchissait à la meilleure façon de venir à bout de leur futur dîner. Pour commencer, il serait plus prudent de le découper sur un rocher afin de ne pas risquer de mettre du sable partout. Il tourna donc sur lui même et balaya les environs du regard jusqu'à trouver ce qu'il cherchait à une vingtaine de mètres. Il porta alors le gibier jusque là et se mit à l'œuvre péniblement. Avec une épée, c'était beaucoup moins pratique qu'avec un couteau. Il commença par inciser proprement dans l'intention de conserver la peau qui se revendait toujours assez bien, et tout concentré qu'il était, il sursauta réellement lorsque la jeune femme lui adressa la parole. Il la regarda avec hésitation avant de se souvenir de son métier. Effectivement à la base, elle s'y connaissait mieux que lui en la matière.

« Euh... je ne sais pas, je comptais d'abord détacher les cuisses et les épaules, mais je t'avoue que j'ai un peu de mal à trouver ses articulations. Tu pourrais peut-être me le tenir pendant que je le découpe, ou l'inverse ? Je m'occuperai du reste, le cuire, nettoyer la peau. Tu n'auras qu'à dormir un peu, tu as l'air épuisée. Je te réveillerai quand j'aurai fini. »

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 08 Juin 2011, 15:12

Épuisée, oui elle l'était. Aussi elle se contenta de hocher la tête en admirant l'installation d'Archélas pour préparer à manger et s'était approchée de la pierre pour l'aider à couper le phacochère en morceaux

"Je le tiens, tu découperas, je vais te montrer les meilleurs endroits pour éviter les os"

Elle lui sourit faiblement et se mit donc à la tâche de forcer pour écarter la cuisse du corps et lui désigner l'endroit du cartilage, et avec force et patience, ils parvinrent à le découper en plusieurs gros morceaux. Comme le soldat l'avait suggéré, Ceithli alla se reposer un peu. Ses courbatures lui faisaient mal, surtout maintenant après cette chasse, elle avait les épaules et le dos en vrac.

Elle l'embrassa dans le cou avant de se diriger vers la tente et eut un regard attendri pour sa préparation. Elle se retourna vers lui en murmurant un merci du bout des lèvres. Elle produisit un gémissement de douleur involontaire lorsqu'elle s'allongea sur le côté, s'appuyant sur l'un des nombreux hématomes qui la recouvraient désormais et finit par se mettre sur le dos en soufflant un peu bruyamment. Elle ferma les yeux, se perdant dans un rêve étrange où elle ne ressentait aucune douleur, ni aucune peine. Elle était simplement dans un lit douillet avec Archélas à ses côtés et rien ni personne ne venait les déranger. Pas de séance torride ni d'acrobatie, il était juste là à ses côtés.

Elle finit par sentir la délicate odeur de la viande grillée, ce qui la réveilla et elle se redressa en voulant s'étirer, ce qui provoqua un léger cri de douleur à nouveau. Ils auraient définitivement du acheter cet espèce de baume contre les courbatures. Elle se mit à quatre pattes pour sortir de la tente et revint vers le soldat avec un faible sourire


"Ça fait du bien. Je suis désolée de t'avoir laissé tout préparer tout seul..."

Surtout qu'au final il avait préparé à manger pour eux deux, alors qu'elle aurait très bien pu manger sa part du phacochère, crue sous sa forme féline. Elle leva un peu le visage pour sentir la bonne odeur, il n'y avait pas à dire, c'était vraiment appétissant. Elle s'installa à ses côtés et prit le morceau qu'il lui tendait, encore brûlant, mais avec ses ongles elle arrivait à peu près à s'en saisir sans se faire mal... ils manquaient d'assiettes, mais Archélas avait eu la bonne idée de prendre des branches assez fines mais résistantes qui permettaient de se saisir de la viande comme des brochettes. Elle souffla un peu sur son morceau avant de mordre du bout des dents et sourire devant le goût si agréable.

"C'est délicieux..."

Elle s'appuya un peu sur lui pour le remercier de toute cette attention. Elle baissa ensuite les yeux en fixant le sable quelques secondes en souriant. La bonne nouvelle était qu'ils étaient capables à eux deux de se sortir de pas mal de situations. Et elle savait au fond d'elle qu'elle préférait ce genre d'histoire plutôt que de devoir vivre comme une gentille petite épouse à attendre son homme à la maison. Certes, ils ne se marieraient surement jamais, mais elle était heureuse ainsi. Même dans de telles circonstances. Elle baissa les yeux pour regarder la bague qui devait la protéger du poison, elle se disait qu'elle ne devait plus vraiment en avoir besoin désormais qu'ils n'étaient plus sur le Hart Nacré, c'était surement un miracle qu'elle ait réussi à la garder avec tout ce qu'il s'était passé, mais bon, elle se rendait compte que malgré tout ce qu'il avait pu se passer, ils étaient assez chanceux.

Le repas se déroula en silence, la jeune femme fixant régulièrement l'océan régulièrement, elle finit par sourire et se tourna vers son compagnon


"Est-ce que toutes tes missions se passent de cette manière? Je comprends mieux pourquoi les femmes de soldats ont tendance à se faire du mouron pour leur mari si leurs aventures se déroulent toujours comme ça!"

Elle eut un léger rire en se frottant les mains pour enlever le gras de ses doigts avant de se lever pour aller se les rincer directement dans l'eau de mer. Grimaçant à nouveau sous la brûlure du sel sur ses plaies et revint vers lui en s'installant dans le sable à ses côtés et posant sa tête sur son épaule. Le soleil commençait à se coucher derrière eux, offrant de belles couleurs violettes au ciel au-dessus de l'océan... prenant une profonde inspiration, elle devait reconnaître rêver d'un bon bain chaud, d'une vraie nuit de sommeil dans un lit douillet et ne plus se soucier de rien pendant au moins une semaine. Mais elle préférait surement être là avec Archélas, plutôt qu'avoir tout le reste sans lui en fait...

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 09 Juin 2011, 10:53

Pour une fois qu'Archélas apprenait autre chose qu'une énième façon de tuer, voilà qui lui changeait les idées. Il suivit avec l'application d'un écolier les conseils de Ceithli et fut assez satisfait de sa découpe après coup. Il n'y avait plus qu'à ramener le tout près du feu et le cuire avant que la viande ne commence à faisander. Il laissa toutefois sur place les entrailles et autres joyeusetés auxquelles il refusait de toucher, à une vingtaine de mètres comme lorsqu'ils s'étaient éloignés des corps des soldats. Puis, alors que Ceithli prenait un repos bien mérité, il commença à faire griller la viande. Il s'autorisa même à l'arroser d'un peu d'eau de mer de temps à autre afin de la saler, la retournant souvent. Un vrai cordon bleu, ou presque. La nuit était tombée mais le temps dégagé permettait aux lunes de Nideyle de donner une belle lumière blanche. Archélas continua d'entretenir le feu et la cuisson ainsi, le bruit des vagues le berçant doucement et le jeu des tourteaux se disputant les restes du phacochère avec les corbeaux le distrayant. C'était tout de même moins inquiétant qu'une meute de Teignes. Les sons produits par la jeune femme lui indiquent qu'elle s'était réveillée. Juste quand il avait terminé.

« Tu as bien préparé à manger pour tout un navire presque seule. Chacun son tour. » répondit-il avec un sourire.

Il dévora sa part à son tour. Il n'avait touché à rien, refusant de commencer son repas sans Ceithli. Tout juste s'était-il léché les doigts lorsqu'il avait retourné les morceaux, ce qui n'avait fait qu'empirer son appétit. Les yeux fixés sur les disputes des charognards pour le meilleur morceau, il eut un rire bref à la question de la jeune femme.

« Non, ce pas toujours aussi épiques. À vrai dire, nos missions sont souvent... barbantes ! Escorter des nobles qui nous prennent pour leurs larbins, ramener l'ordre parmi les dissidents avec pour consigne de ne pas hésiter à faire usage de son arme. Une fois on m'a demandé de retrouver le Zibel d'une comtesse ! Non. La seule mission qui sortait de l'ordinaire était de trouver une ville par delà les Obsidiennes. »

Il mangea encore un peu, l'air pensif. En réalité, son métier de soldat était d'un ennui quasi mortel au quotidien, et pourtant pour rien au monde il n'avait envie d'une guerre.

« En fait, je ne me suis jamais autant amusé que depuis que je te connais. Malgré ses aléas, je crois bien que j'aime l'aventure avec toi. »

Son repas terminé, il se lécha longuement les doigts, observant sa féline aller et venir jusqu'aux première vagues. Lui avait beau être protégé par le Tecoluta, il préférait tout de même rester loin de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une étendue d'eau, fut-elle salée ou non. Ceithli revenue à ses côtés, il l'enlaça de son seul bras valide. Il n'y avait plus pensé avec les récents évènements, mais ce contact lui avait manqué sur le navire où ils avaient du rester à distance l'un de l'autre. À moitié somnolent et l'estomac bien rempli, Archélas oublia peu à peu la douleur. Il serait volontiers resté là sans bouger toute une vie.

« Je suis désolé, je savais que ce serait dangereux mais... je n'imaginais pas que ça le serait à ce point là. Ça m'ennuie qu'on se retrouve couverts de plaies et d'hématomes à chaque fois qu'on voyage ensembles... »

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 09 Juin 2011, 11:45

La viande était vraiment délicieuse, et si en temps normal on aurait pu regretter le manque d'accompagnement comme des légumes ou des féculents, la féline n'avait pas à s'en plaindre. Elle avait cependant sorti la corne d'abondance pour permettre à Archélas d'en avoir un peu, car il était humain, lui et ses besoins étaient donc un peu différents de ceux de la morphe.

Elle avait ri lorsqu'il avait mentionné qu'elle avait préparé à manger pour tout le bateau pendant deux jours, même si elle n'avait pas été seule à ce moment là. Elle eut d'ailleurs un petit pincement au cœur en repensant à Côle, elle le revoyait encore, les yeux ouverts, noyé. Elle se demandait aussi si Puck était toujours en vie ou non. Elle continuait de manger tranquillement alors que le soldat lui parlait de sa vie de soldat, et effectivement, à l'entendre, ce n'était pas très palpitant, et elle fut assez touchée lorsqu'il mentionna s'amuser avec elle.

Elle s'était alors levée pour aller se rincer un peu, et lorsqu'elle revint, il s'excusa de l'état dans lequel ils se retrouvaient à chaque fois. Elle haussa les épaules et se blottit doucement contre son flanc pour ne pas lui faire mal


"Ce n'est pas grave. Entre ça ou les coups de crocs de Jherer tu sais, j'ai tendance à revenir souvent blessée chez moi de toute manière"

Elle avait souri doucement et regardait le ciel sombre, éclairé par les lunes qui brillaient au-dessus d'eux en laissant un reflet déformé dans l'océan. Elle avait ramené ses bras autour de ses genoux et sa tête reposait sur l'épaule du soldat alors qu'elle se perdait dans ses pensées. Elle était soulagée d'une certaine manière qu'il soit heureux qu'elle soit à ses côtés. Peu d'hommes auraient toléré que leur compagne les suive ainsi. Certes, elle avait montré pouvoir lui être utile, mais tout de même, elle savait qu'il s'inquiétait pour elle et que sa fierté d'homme l'obligeait à un peu à vouloir être plus fort qu'elle. Elle ferma un peu les yeux alors qu'elle se sentait bercée par les bras de son amant, elle aurait voulu qu'il la serre un peu plus fort contre lui, qu'il l'embrasse aussi, mais elle savait qu'ils risquaient tous deux de se laisser emporter et qu'ils n'étaient pas en état pour cela, ni l'un, ni l'autre. Et même si elle ne voulait pas spécialement aller jusque là, elle aurait voulu avoir une véritable étreinte. Mais elle ne la demanda pas.

Elle leva les yeux vers lui et embrassa son cou - en tordant le sien - puis sa mâchoire avant d'arrêter là et de se redresser pour lui sourire


"Allez, allons nous coucher. Je pense que d'ici demain, une grande partie de nos courbatures auront disparu..."

Cela ferait deux jours qu'ils auront atterri sur ces plages, et si les bleus étaient toujours visibles, ils avaient viré au violet et commençaient déjà à se faire moins douloureux, aussi le lendemain serait-il aussi meilleur. Quoi qu'elle ne savait pas vraiment l'étendue des blessures de son compagnon dans la mesure où elle n'était pas avec lui lorsque le bateau avait sombré. Elle-même s'était pris une planche qui lui avait transpercé l'épaule, et elle avait percuté Chaemil en cours de route pour l'empêcher d'atteindre les canots, mais elle s'en était plutôt bien sorti avec surtout des écorchures et quelques bleus. Dans ce genre de situation, il était évident que l'agilité était plus salvatrice que la force.

Elle se glissa dans la tente et tendit le bras vers lui pour qu'il la rejoigne, une fois allongés, elle se blottit contre lui délicatement, enlaçant sa taille de son bras alors qu'elle cherchait à poser sa tête à un endroit où elle ne lui ferait pas mal. Il avait alors son souffle dans son cou, et elle soupira de bien être, heureuse d'être simplement blottie contre lui ainsi. Elle glissa sa main sous sa tunique de manière à pouvoir sentir sa peau sous ses doigts et l'effleura à peine de peur de toucher une plaie ou un hématome douloureux. Prenant une profonde inspiration alors que son rythme cardiaque s'emballait un peu, elle ferma les yeux en murmurant simplement "bonne nuit" dans un souffle

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 09 Juin 2011, 23:33

Archélas eut un frémissement à entendre Ceithli évoquer les coups de crocs de son frère. Bon sang ! Il ferma les yeux et inspira profondément, cherchant à se calmer. Il commençait à réaliser à quel point il était prompt à se mettre en colère dès qu'il était question de blesser la jeune femme, et il la serra légèrement plus fort contre lui sans s'en rendre compte alors qu'il tentait de se maîtriser. Devenait-il jaloux ? Ou pire, plus protecteur encore que Jhérer lui-même ? Jamais ! Pourtant, il devait bien admettre qu'il n'aimait pas que l'on s'approche trop près de sa promise...

« Mais moi je ne veux pas que tu sois blessée... » souffla-t-il alors qu'elle l'embrassait dans le cou.

La sensation de chaleur galopante qui s'ensuivit le fit sourire. Il y avait longtemps qu'il ne s'était pas autorisé à ressentir ce sentiment. Si deux jours pouvaient être définis comme « longtemps »... Il expira lentement comme pour se détendre et hocha la tête en signe d'acquiescement à l'invitation de la jeune femme à le rejoindre. Avant, il souhaitait tout de même emballer la viande et de la dissimuler aux éventuels prédateurs en la fourrant au fond du sac. Puis il jeta de grandes gerbes de sable sur le feu pour l'éteindre et étouffer les odeurs de graisse cuite. Quant aux os, il les jeta à la mer avant de se décider enfin à se glisser sous la tente. À l'intérieur régnait un noir absolu, la toile en peau de poisson-hérisson étant parfaitement opaque. Archélas ne se dirigea qu'à la lueur de son pendentif qui se balançait par-dessus sa brigandine. Il s'installa sur le côté droit afin d'épargner son épaule gauche et sourit lorsque la jeune femme vint se blottir contre lui et l'enlacer. Lui se contenta de poser prudemment sa main gauche sur la hanche de Ceithli, le bras encore engourdi par la douleur.

« Bonne nuit Ceithli... »

Épuisé, le ventre plein et la chaleur de sa compagne contre lui aidant, il s'endormit aussitôt jusqu'au lendemain où ses yeux papillonnèrent un moment dans le noir. Immobile quelques secondes, il s'accorda le temps de remettre ses derniers souvenirs dans le bon sens avant de remuer enfin. À Ceithli toujours contre lui – bien qu'il aurait juré qu'elle s'était endormie dans l'autre sens la veille – il déposa un tendre baiser dans le cou, l'effleurant à peine de crainte de la réveiller. Il entrouvrit ensuite la toile pour constater que le soleil n'allait pas tarder à se lever et retourna à l'intérieur.

« Eh... je t'avais promis un lever de soleil sur l'océan... »

Il y avait certes plus romantique comme circonstances, mais qui avait parlé de romantisme en ce qui concernait Archélas ? Selon ses principes rabâchés toute son enfance, les hommes dominaient... et ils ne s'embêtaient certainement pas à se montrer romantiques. D'ailleurs il n'était pas dit que ce mot fasse partie de son vocabulaire... mais pour un homme qui emmène sa dulcinée en mission dangereuse en guise de lune de miel, on avait deviné.

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 10 Juin 2011, 14:21

La jeune femme avait été touchée lorsqu'Archélas avait mentionné ne pas vouloir qu'elle soit blessée. Cependant, la famille Elbereth restait une famille de fauves, et même à l'état de jeu, il était assez fréquent que Jhérer et elle se battent sous leur apparence féline. Sans forcément qu'il y ait de l'agressivité là dedans, ils en ressortaient forcément blessés. Elle avait donc préféré rester silencieuse, estimant que le soldat ne pourrait pas comprendre cet aspect de la relation qu'elle avait avec son frère. Jhérer avait beau être un emmerdeur de première, il restait son frère et elle lui devait beaucoup. Il était extrêmement possessif, et ne supportait pas l'idée qu'un autre homme que lui puisse aimer la jeune femme et toutes les occasions étaient bonnes pour la convaincre qu'Archélas la menait en bateau. Mais il n'était pas là, il ne pouvait pas comprendre ce qu'ils vivaient réellement tous les deux et il ne le comprendrait jamais.

Ce n'était déjà pas évident à comprendre pour Archélas, Ceithli avait un bon instinct de survie et de prédateur de par sa condition de morphe, et il fallait reconnaître que rien qu'avec ça, elle avait un avantage pour savoir se défendre contrairement aux autres femmes humaines, mais c'était principalement grace à Jhérer qu'elle savait aussi bien se battre sous sa forme humaine car il l'avait longuement entraînée lorsqu'il s'était rendu compte qu'elle commençait à lui échapper. Est-ce qu'il avait espéré la retenir un peu et la convaincre qu'un homme seul ne valait pas toutes ces séances d'entraînement? Peut être, mais aujourd'hui, la jeune femme savait que ça valait le coup. Car elle avait pu prouver à son amant qu'elle n'était pas un poids qu'il devait se trainer, elle n'avait pas vraiment prévu qu'il se sente presque moins efficace qu'elle, mais toujours est-il qu'elle retenait les leçons passées de chacun de ses combats et qu'elle faisait de son mieux pour qu'Archélas n'ait pas à s'inquiéter pour elle.

La nuit avait été assez longue car ils s'étaient couchés tôt. À quel moment s'était-elle retournée pour lui tourner le dos? Elle ne le savait pas, elle ne s'en était pas rendue compte, mais elle sentit ses lèvres sur sa nuque et elle commença doucement à battre des cils avant de l'entendre lui parler d'un lever de soleil? Elle se redressa légèrement, le teint pâle et les yeux encore un peu gonflés par le réveil matinal. Elle lui sourit et s'avança pour passer à l'entrée de la tente, ne se souciant même pas du problème de romantisme ou autre, il fallait dire les choses telles qu'elles étaient, si sa condition moitié animale lui permettait de nombreux avantages du point de vue du combat et de sa sexualité, niveau romantisme elle avoisinait elle aussi le zéro.

Elle s'assit à ses côtés et regarda le soleil se lever en prenant délicatement son bras pour poser sa tête sur son épaule. Elle aurait presque pu se rendormir de cette manière, mais elle se contenta de serrer doucement son bras et de sourire


«Effectivement. C'est beaucoup plus agréable à regarder en étant aussi près de l'eau que depuis les plaines de Banba»

Elle leva doucement les yeux vers lui avant de regarder le reste de son corps: torse, bras, épaules, cou, jambes.

«Comment te sens tu? Ta blessure?»

Elle se disait qu'avec le baume larmiqueuse, la plaie devait déjà avoir presque cicatrisé, mais elle ne savait toujours pas s'il avait été blessé ailleurs au cours de l'attaque de Drakmoniss

«Honnêtement, il faut vraiment qu'on soit tous les deux en forme pour partir observer cette ville Winghox...»

Elle savait que s'il y avait le moindre pépin, elle pourrait simplement partir en courant, mais elle ne pourrait jamais laisser Archélas derrière, c'était la raison pour laquelle elle ne le mentionnait pas, d'ailleurs. Elle savait très bien qu'il allait lui dire quelque chose du genre «si quelque chose se produit, tu fuis et tu ne te retournes pas». Elle serait presque capable de faire croire à une blessure pour ne pas qu'il ait ce genre d'idée.

C'était lui qui avait rangé la viande hier au soir, aussi il allait devoir la sortir s'il voulait déjeuner, mais pour le moment, le ciel se teintait de belles couleurs roses et oranges pour accueillir la journée qui commençait. Il y avait très peu de nuages malheureusement, si d'un certain côté cela les aiderait à mieux voir les installations militaires ou autres, ils seraient aussi beaucoup plus visibles.

Elle était persuadée que la meilleure solution serait qu'elle y aille seule, habillée ainsi en mentionnant qu'elle retournait chez l'antiquaire. Elle avait déjà été vue, et ils avaient remarqué ses yeux noirs et l'avaient laissé tranquille la première fois, aussi elle pouvait être une très bonne espionne sans qu'Archélas n'ait à mettre sa vie en danger. Ensuite, si tous les winghox étaient du même genre que le tatoueur, elle n'aurait qu'à user un peu de ses charmes pour obtenir quelques renseignements complémentaires sur leurs équipements militaires ou autres... mais elle savait que le soldat refuserait. Peut être allait-elle devoir profiter de la prochaine nuit? Pendant son sommeil? Après tout, elle pouvait voir dans le noir désormais.

Pendant combien de temps avait-elle eu le regard dans le vide à réfléchir à la meilleure solution pour qu'ils reviennent en vie dans les villes du Nord? Elle ne le savait pas trop, mais il était évident qu'Archélas avait remarqué qu'elle était perdue dans ses pensées, et peut être même comprenait-il la raison de son trouble, ou simplement supposait-il qu'elle essayait de se souvenir à la dernière fois qu'elle avait vu une aube aussi belle? En attendant, son estomac gronda, signe qu'elle commençait à avoir un peu faim, et c'est ce qui la tira de ses pensées alors qu'elle regardait son amant en rougissant un peu...

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 12 Juin 2011, 15:04

Combien de fois s'était-il réveillé ainsi, seul au milieu de nulle part, avec pour unique vis-à-vis un lever de soleil resplendissant ? Que l'astre diurne soit timide au cours d'un hiver rigoureux ou qu'il irradie le ciel en été, ses couleurs n'en étaient toujours que plus spectaculaires chaque fois, et aucune peinture n'était susceptible de reproduire ces ambiances si spéciales. Un spectacle dont ne bénéficiaient que de rares chanceux, la plupart du temps sans le sou puisqu'il fallait, pour y assister, dormir à la Grande Ourse. Qui aurait compris qu'un respectable soldat de la si prestigieuse armée de Roi Livian d'Ephtéria ne puisse se passer de ce genre de plaisirs simplistes ? Aucun noble ni aucun de ceux susceptibles de s'offrir ses services, mais entre le tableau de maître et le modèle original, Archélas préférait l'original et s'accordait le loisir tranquille de se réveiller au même rythme que toutes les autres créatures de Nideyle, Ceithli comprise.

À cette pensée, il eut un sourire et dégagea son bras pour l'enrouler autour des épaules de la jeune femme qu'il serra doucement contre lui. C'était sans-doute un peu idiot mais de savoir qu'il partageait avec elle ce goût pour des choses aussi simples et authentiques qu'un bête lever de soleil le rassurait. Il soupira. De ce dont il se souvenait de l'éducation de ses parents, il n'avait jamais été question de points communs entre un homme et son épouse. Tant qu'elle se contentait d'être jolie, d'obéir, de tenir la maison et de recevoir correctement les invités, de donner des enfants et de rester fidèle, le reste n'avait aucune importance. Et si Archélas n'y avait jamais songé jusqu'à aujourd'hui – car se marier était bien le cadet de ses soucis – il réalisait à mesure qu'il fréquentait Ceithli qu'il ne voudrait pas d'une épouse comme on la lui avait décrite. Autant engager une bonne à tout faire pour les tâches ménagères et adopter un chien pour l'affectif...

Sortit de ses rêveries, il pencha un peu la tête vers la jeune femme, appuyant finalement sa joue sur le sommet de son crâne comme elle même s'appuyait sur son épaule. Se découvrir, apprendre à se confier, s'apprécier, s'apprivoiser, se disputer, se trouver des points communs, des goûts différents ou s'intéresser à un mode de vie différent de son quotidien lui paraissait un millier de fois préférable aux mariages arrangés et dénués de la plus petite notion de complicité. Ses parents le tueraient probablement de penser ainsi... mais il n'y pouvait rien. L'expérience parlait, et ce qu'il vivait avec Ceithli balayait tout ce qu'ils avaient tenté de lui inculquer.

« À vrai dire, je ne sais plus trop où j'ai mal. La prochaine fois que l'on croisera Belladona, fais-moi penser à prendre tout un stock d'Arnisauge et de Berneus... »

Son regard se perdit sur l'horizon où jouaient les sternes au gré des courants du vent, puis il se décida enfin à bouger lorsque la luminosité fut trop forte pour garder les yeux ouverts. Il embrassa machinalement la tempe de la jeune femme restée à ses côtés.

« Et tu as raison, je ne bougerai pas d'ici avant d'être capable de marcher autrement que comme un vieillard. Je veux pouvoir me défendre si c'est nécessaire, et au vu de la chance que nous cumulons depuis que nous sommes partis, j'ai le sentiment que ça le sera. Sourit-t-il. Et toi ? Tes mains ? Ton épaule ? J'ai toujours le baume Larmiqueuse si tu veux, et je te rassure, il est tout aussi douloureux à appliquer en baume qu'en lotion. »

Il la serra de nouveau contre lui et retomba dans un silence un peu somnolent. S'il remarqua son air songeur ? Non. Lui-même s'accordait ce petit privilège de ne penser à rien, simplement bien contre celle qu'il aimait. Le temps où d'autres mésaventures leur tomberaient sur le nez arriverait bien assez tôt, alors autant profiter de l'instant présent sans se soucier d'autre chose que de quels légumes sortiraient de la Corne d'abondance aujourd'hui... Lorsqu'il daigna remuer, ce fut pour déposer un nouveau baiser sur le front de la jeune femme, avant de glisser imperceptiblement vers son cou. Manifestement, il allait beaucoup mieux, bien qu'il préférait ne pas tenter le diable – autrement dit Amroth. Le grondement révolté de l'estomac de sa féline l'interrompit et le fit sourire. C'est donc à contre cœur qu'il se décida à la relâcher afin d'aller récupérer la nourriture au fond du sac. Il distribua sa part à Ceithli, regrettant à voix haute de ne pas avoir une bonne sauce en accompagnement de la viande froide. Dans la foulée, il lui promit de lui offrir un repas dans le restaurant le plus réputé de tout Nideyle, comme pour s'excuser de son incapacité à chasser ou à cuisiner correctement.

« Il y a pas mal de bestioles pour se disputer les restes du phacochère. Je pense qu'on mangera du tourteau à midi, si ça te convient. Il pointa son doigt vers le lieu du crime et poursuivit, la bouche pleine. Il y a des coquillages plein les rochers également, et il me semble avoir vu un cocotier un peu au nord. Il nous fournira des bols... si on arrive à y grimper. »

Évidemment, il ne pouvait pas deviner que Ceithli avait peut-être eu sa dose de cocotiers et de singes...

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 13 Juin 2011, 12:01

Effectivement, la viande froide, c'était nettement moins bon que lorsqu'elle était fraîchement grillée. Mais bon, ils n'étaient pas non plus là en mission de tourisme, aussi ne pouvait-elle pas vraiment se plaindre, quoi qu'elle aurait simplement pu aller chasser à nouveau et se contenter de viande crue.

Mais lorsqu'Archélas parla de tourteau, de coquillages et de noix de coco, elle manqua de s'étrangler, toussant violemment en ramenant sa main devant sa bouche pour ne pas risquer de recracher une grande partie de sa pitance, mais une douleur assez violente s'emparait de sa poitrine sous les quintes répétées et il lui fallut plusieurs secondes pour réussir à reprendre son calme, des larmes perlant au coin de ses yeux, qu'elle essuyait du bout des doigts. Son visage avait alors pris une teinte un peu rosée et même graisseuse à cause de la viande qu'elle tenait juste avant, mais elle se rincerait dans l'eau de mer comme la veille.

Après avoir enfin repris son souffle et un rythme cardiaque à peu près normal, elle se tourna vers le soldat en souriant honteusement, passant sa langue sur ses lèvres pour calmer un peu le feu qui avait pris dans sa gorge après une telle réaction


«Je ne sais pas si tu en as entendu parler, mais Sayah avait organisé un autre tournoi récemment... et j'y avais participé, je crois que c'est justement la veille de mon retour à Ephtéria. Toujours est-il que parmi les différentes épreuves, il était question de porter un panier un peu partout tout en accomplissant certaines tâches, et l'une d'entre elle nécessitait de récupérer des noix de coco aux mains de singes particulièrement... chiants»

Elle n'avait pas vraiment d'autres mots pour qualifier ces saletés, elle prit l'outre des Danaïdes et but plusieurs gorgées pour calmer un peu la douleur, elle apprécia le liquide frais qui descendait dans sa gorge et apaisait ainsi la brûlure. Elle ramena le dos de sa main contre ses lèvres pour les essuyer, attendant encore un peu que son cœur termine de battre à tout rompre dans ses flancs avant de se tourner de nouveau vers lui, d'un regard rempli d'excuses

«Toujours est-il que je préfère éviter les noix de coco pour le moment.De toute manière, tu auras du mal à en couper une proprement avec une telle épée, il faut plutôt une machette c'est plus pratique»

Ou un hachoir, mais c'était plus difficile à trouver encore. Mais bon, elle ne pouvait pas empêcher son amant de prendre une noix de coco s'il en voulait une, et elle savait très bien qu'elle irait lui en chercher s'il le lui demandait. Elle sourit alors plus doucement et se pencha pour l'embrasser, délicatement d'abord, du bout des lèvres, puis elle pinça subtilement la partie charnue inférieure de sa bouche avant de s'approcher un peu plus encore et de l'embrasser pour de bon, savourant ce geste qu'ils n'avaient pu refaire depuis bien longtemps. Elle avait alors ramené sa main contre son cou pour le presser un peu plus contre elle, glissant sa langue dans sa bouche avec envie, jusqu'à ce que finalement elle fronce les sourcils malgré ses yeux fermés et recule, tournant légèrement la tête

«Pardon... ça... me manquait un peu.»

Elle prit une profonde inspiration, se sentant particulièrement gênée désormais. Pour changer de sujet, elle regarda sa plaie à l'épaule et hocha la tête de gauche à droite

«Je ne pense pas avoir besoin du baume pour mes blessures. Mes mains... ce n'est rien de plus que quelques écorchures, et mon épaule a bien cicatrisé déjà, ça ne semble pas s'infecter. J'ai seulement quelques courbatures encore et je dois surement aussi avoir des bleus partout. Mais rien que le temps n'effacera pas.»

Elle ne termina pas son morceau de viande et se leva pour aller se rincer un peu, elle ramena sa tunique entre ses jambes pour ne pas la mouiller alors qu'elle s’accroupissait pour se laver d'abord les mains, puis un peu le visage. Elle ne tournait pas le dos au soldat, se mettant plutôt de côté, l'instinct du guépard peut être qui ne tournait jamais le dos à un mâle? Possible oui. Puis elle revint vers lui et prit un peu d'eau dans l'outre des Danaïdes pour rincer à nouveau son visage, surtout pour enlever le sel...

Ils allaient probablement rester encore la journée ici, à se reposer. Elle en était soulagée d'ailleurs car oui, elle avait encore un peu mal partout et elle estimait qu'elle aussi avait besoin d'être en forme pour la suite des évènements... quels que soient les évènements... à cette pensée, elle se mit à rougir, mais sa peau était déjà rouge à cause de sa quinte de toux de toute manière, alors sa gêne ne devait pas trop être visible

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 13 Juin 2011, 14:04

Pendant un instant, ce fut la panique : Ceithli s'étouffait et le soldat ne sut pas quoi faire pour l'aider, se contentant de chercher à deviner la cause d'une telle quinte de toux. La viande avait-elle faisandé ? Y avait-il un poison que seule sa partie féline avait su détecter ? Était-ce un effet secondaire de la bague d'Anthmosis ? Ses yeux clairs braqués sur la jeune femme, Archélas resta attentif, prêt à intervenir à tout moment même s'il ne savait pas trop comment.

« Est-ce que ça va ? »

Il s'était légèrement penché afin de mieux voir son visage tandis qu'elle reprenait son souffle, puis son inquiétude se dissipa aussitôt que la jeune femme repris la parole. Curieusement, il préférait savoir qu'elle avait faillit s'étrangler à cause de quelque chose qu'il avait dit. Il hocha alors la tête et se redressa, rassuré mais le visage exprimant un certain étonnement. Ou comment découvrir que sa dulcinée participait à tous les concours organisés par Sayah... Mordant de bon cœur dans sa viande, il s'accorda quelques secondes de réflexion sans cesser d'observer Ceithli, comme s'il cherchait à deviner tout ce qu'elle avait pu vivre d'un seul regard.

« J'ai entendu parler de ce concours pendant mon recrutement, à Ephtéria. Commença-t-il en fronçant les sourcils. On n'en disait pas que du bien. Il m'a semblé comprendre que pas mal de concurrents rêvaient de faire de Sayah un sac à mains après l'évènement. »

En réalité, la question n'était pas utile, car à en juger par la réaction de Ceithli et par ses propos, les épreuves avaient du être davantage que simplement humiliantes. Suffisamment pour lui donner envie de faire avaler toutes les noix de coco de Nideyle au premier singe qu'elle croiserait. Il hocha alors simplement la tête, renonçant à insister. Tant pis pour ses bols. La féline avait de toute façon raison, il n'arriverait à rien avec sa rapière. Ils se contenteraient donc de tourteaux et de coquillages, sauf s'il trouvait seul comment récolter et ouvrir les fameux fruits. Machinalement, il se mit à réfléchir à la question. Puisque la jeune femme chassait pour lui, il pouvait bien s'acquitter des autres tâches pour elle et lui épargner de mauvais souvenirs. Il fut tiré de ses réflexions par le baiser félin qui se glissa jusqu'à lui, insistant, presque affamé, et auquel il ne se priva pas de répondre avec tout autant d'appétit ! Au final, il écarquilla les yeux de se retrouver séparé malgré lui à cette étreinte pourtant pleine de promesses intéressantes. La mine désolée de Ceithli le fit rire brièvement, mais déjà elle avançait quelques arguments qu'il interpréta comme autant de raisons de ne pas aller plus loin, et auxquels il ne trouva rien à répondre. Lorsqu'elle se leva enfin pour se passer de l'eau sur le visage, il ferma les yeux et soupira pour se calmer, avant de se venger sur sa nourriture.

« J'irai faire le tour des environs, j'ai besoin de marcher un peu et je veux voir ce que nous avons à notre portée. Nous allons aussi avoir besoin de bois pour le feu. »

N'ayant finalement pas (ou plus) très faim, il rangea sa part et entreprit de se nettoyer l'épaule. Le sable s'y était accroché malgré ses précautions mais même si le baume Larmiqueuse était plus douloureux que la douleur elle-même, il n'en était pas moins efficace et la boursoufflure était plutôt belle compte tenu des lésions infligées. Il ne savait pas trop où en était la plaie à son crâne, tout ce qu'il en savait étant qu'un tambour cognait constamment contre ses tempes. C'était tout juste un peu moins fort aujourd'hui mais le bruit de fond était toujours présent. Quant à ses reins, il préférait oublier qu'ils avaient servis d'amorti à un meuble plus gros que lui. Peut-être aurait-il du investir pour une brigandine en peau de Teigne au lieu de dépenser ses Ores pour une Main leste dont il ne s'était pas encore eu l'usage. Soupirant une nouvelle fois, il reporta son regard sur Ceithli. Aurait-il eu la force de continuer sans elle ? En fait, il n'était même pas dit qu'il aurait survécu si elle n'avait pas été là pour l'éloigner de l'épave. Il l'embrassa à son tour comme pour lui signifier qu'il ne lui en voulait pas, qu'elle n'avait pas à s'excuser, et que c'était lui qui était désolé. En se reculant pourtant, il eut un sourire amusé.

« C'est vrai que ça m'avait manqué aussi. »

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 13 Juin 2011, 15:31

La féline ne put s'empêcher de rire à l'évocation de transformer Sayah en sac à main. Malgré tout, elle préféra savourer le baiser d'Archélas qui semblait également regretter leurs blessures à cet instant. Elle ne doutait pas que si elle le souhaitait vraiment, elle pourrait très bien mener la danse, ses courbatures ne semblaient pas aussi handicapantes que celle du soldat, aussi aurait-il pu tranquillement profiter d'une douce balade. Mais elle se contenta de répondre à son baiser, rien de plus.

Il avait besoin de se dégourdir les jambes, elle aussi, elle regarda un peu l'océan et se souvint de sa traversée pendant le concours de Sayah, aussi sourit-elle doucement avant de l'embrasser à nouveau et se lever


«Je vais aller nager un peu pendant que tu vas parcourir la plage. Je reste dans les environs et ne m'éloigne pas trop pour le cas où quelqu'un s'approche du campement.»

Est-ce qu'elle avait envie de le provoquer pour obtenir réellement un peu d'affection parce qu'elle en était cruellement en manque? Peut être. Mais elle recula à peine avant de se déshabiller pour se retrouver dans le plus simple appareil et rejoindre l'eau pour plonger souplement. Elle resta un moment sous l'eau, savourant les gestes de son corps dans l'élément aquatique et déliant doucement ses muscles douloureux. Elle sortit la tête de l'eau pour le regarder, elle savait qu'il ne la rejoindrait pas, car sa dernière expérience dans l'océan doit être bien trop fraîche pour qu'il ait envie de la renouveler. Mais elle lui dit tout de même un clin d'œil qu'il ne verrait peut être pas à cause de la distance.

En plongeant, elle trouva un beau tourteau qui semblait vouloir se faire la malle sous le sable qu'elle soulevait en nageant, aussi s'approcha t'elle rapidement pour attraper rapidement les pinces et battre des jambes pour remonter à la surface et sortir de l'eau rapidement, le tenant à bout de bras en s'approchant du campement. Elle le lâcha rapidement sur le sable avant de se saisir de l'épée et de transpercer d'un coup sec l'épaisse carapace


«Et de un!»

Son compagnon s'était déjà éloigné, aussi sortit-elle l'une de ses tuniques pour la poser sur le sable, puis elle récupéra le crabe pour le rincer dans l'eau de mer et l'y déposer afin qu'il ne soit pas de nouveau recouvert de sable, avant de retourner à l'eau. Elle ne savait pas pêcher, aussi de nombreux poissons passèrent à proximité sans qu'elle ne puisse ne serait-ce que les effleurer. Aussi finalement n'avait-elle réussi qu'à en attraper un, les autres avaient filé lorsqu'ils avaient compris le sort que leur réservait celle qui secouait ainsi leur habitat naturel. Elle sortit de l'eau et s'approcha de la tente en essorant ses cheveux, les secouant un peu pour les égoutter avant de passer ses mains sur son corps pour en retirer l'excédent d'eau.

Ignorant où pouvait se trouver Archélas, elle se rhabilla en remettant la jupe longue et le haut à manches longues avant de s'assoir et de regarder de nouveau l'océan. Cette petite baignade lui avait fait du bien, même si maintenant le sel grattait sa peau sous le tissu, mais elle ne se faisait pas trop de souci, au pire elle se transformerait et les poils l'aideraient à se débarrasser de tout ça

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 13 Juin 2011, 23:33

Dix minutes, deux regrets. Il était temps d'aller se changer les idées ! Archélas se leva un peu rapidement, surpris de parvenir encore à remuer malgré la douleur et l'irrépressible envie qu'il avait de faire de Ceithli son repas immédiat. Ses yeux clairs s'arrêtèrent un instant de ciller pour bondir d'une courbe à l'autre aussi vivement que les flots d'une cascade sur les rochers. Les formes rondes appelaient la lumière... et son regard ! Si l'objectif était de l'échauffer, c'était plutôt réussi. Les battements affolés de son cœur dans sa poitrine devaient s'entendre jusqu'aux îles Hune... En fait, il ne tint qu'à un fil qu'il ne se précipite pour aller se baigner avec elle, et s'il avait su nager il ne s'en serait pas privé. Il avait bien le Tecoluta mais il n'était pas à l'aise dans l'eau malgré tout, et il n'était pas certain que sa blessure à l'épaule n'ai pas endommagé les effets du tatouage. Alors définitivement, mourir noyé ne le tentait pas. Le reste en revanche...

Il secoua la tête pour chasser la marrée montante de pensées inavouables qui le submergeait. Ce n'était vraiment pas le moment. D'un autre côté ils étaient seuls et ils avaient du temps à tuer... Chassez le naturel, disait-on.

« Je... euh... vais faire un tour... »

Et sans attendre de réponse, il tourna les talons et s'éloigna, laissant l'épée récupérée sur le cadavre du soldat à portée de main de la jeune femme. Bien entendu, il savait qu'elle pouvait se transformer en cas de nécessité, mais il préférait se montrer trop prudent que pas assez. Il eut un sourire un peu triste en réalisant que c'était typiquement le genre de comportement qu'elle pouvait lui reprocher. Trop en faire et trop s'en faire, pour elle. La surprotéger constamment, comme un besoin vital de se sentir utile. Il s'appuya contre un rocher et se retourna, n'apercevant que très vaguement la silhouette de sa féline dans les flots turquoises. Combien de fois lui avait-elle démontré qu'elle était capable de se défendre seule ? Combien de fois encore devrait-elle le faire pour qu'il daigne admettre qu'elle n'avait pas besoin de lui...? Il soupira. Les yeux fixés sur ses pieds nus dans le sable tiède, il se sentait gagné par une certaine mélancolie. Comme cette fois où il s'était sentit mis à nu à l'auberge du Moulin à Paroles d'Aspasie. À la fois vulnérable et sur la défensive, vaguement humilié aussi. Partagé entre un besoin de réconfort et le réflexe de désirer se retrouver seul. Oublier le temps de fermer les yeux. Repartir et faire comme si tout était normal. Peut-être était-ce précisément ce qui l'effrayait au fond : être inutile. Quand Ceithli finirait-elle par se rendre compte qu'elle n'avait pas besoin de lui ?

Il fit une seconde halte afin d'étudier les environs, identifiant les cocotiers qu'il avait repéré la veille. Il lui fallu dix bonnes minutes de marche pour les atteindre, ce qui l'éloigna suffisamment du campement pour en être hors de vue. Le nez en l'air, il vérifia qu'aucun singe n'habitait les lieux et commença à tourner autour des arbres. Plusieurs noix étaient déjà au sol, dont certaines éclatées et vidées de leur contenu, ce qui lui fit penser que les primates ne devaient pas être si loin. Il ramassa toutefois l'un des fruits encore entier et dont la bourre avait été malmenée. Sans-doute qu'un gourmand avait tenté de l'éplucher avant de se lasser. Toujours était-il que le travail était déjà bien entamé. À l'aide de sa rapière, Archélas entailla les restes de la gangue sans ménagement avant de s'atteler à en retirer les morceaux rudement récalcitrants. Il ne vit pas le temps passer, et il ne pensa pas même revenir sur ses pas avec son butin. Pour le moment, il avait besoin d'être seul et de se défouler sur plus coriace que son humeur actuelle. Lorsqu'il se retrouva avec l'amande entre les mains, il entreprit de la marteler à coups de pierre, la faisant rouler sur elle-même comme un gros œuf jusqu'à fragiliser la coque sur toute sa surface. Il se tapa deux fois sur le pouce, lâchant un juron à faire pâlir un pirate, ce qui lui arracha une grimace de douleur. Repenser aux matelots et au sort qui leur avait été réservé ne l'aidait pas vraiment...

Il lui fallu une bonne heure pour se rendre compte à quel point son épaule le faisait souffrir tant il la sollicitait. La plaie s'était remise à saigner et deux points de suture avaient sauté mais il s'en moquait totalement. Seule comptait à cet instant la mort de cette fichue noix de coco ! Au dernier coup porté, elle éclata enfin, arrachant au soldat un sourire satisfait. Jamais il ne s'était autant battu pour la victoire. Il ramassa donc ces deux moitiés de noix et revint vers le campement, s'arrêtant lorsqu'il repéra une bernache qui couvait. S'approchant dans l'espoir de faire fuir le volatile et lui subtiliser quelques œufs, il en fut quitte pour batailler avec un oiseau têtu qui protégeait son nid plus farouchement qu'un lion. Au final il se décida à l'embrocher de sa rapière – opération pour laquelle il du s'y reprendre à plusieurs reprises faute d'être assez rapide – et ramena finalement une noix de coco ouverte, une bernache et six œufs au campement, le corps couvert de sueur, de sable, d'éclats de noix de coco, de sang – principalement le sien – et de quelques plumes. Vaincu, il se laissa tomber dans le sable comme un sac, trop épuisé pour se vanter de ses trouvailles.

Prochaine étape : ne plus bouger de la semaine.

Joignant le geste à la pensée, il s'échoua sur le dos, se moquant éperdument du sable qui se colla immédiatement à son épaule. La douleur physique lui passait loin au-dessus de la tête au profit d'une autre plus insidieuse, plus sourde, plus muette.

« … j'ai oublié le bois. »

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 14 Juin 2011, 00:25

Assise à même le sable, fixant son unique prise un peu ridicule, la féline se laissait un peu gagner par la fatigue. Si Archélas se demandait à quel moment elle se rendrait compte qu'elle n'avait pas besoin de lui, la féline se demandait à quel moment allait-il se lasser d'elle. Car après tout, elle avait le sentiment d'être inutile sous sa forme humaine, et qu'au final, elle n'était bel et bien qu'un guépard domestique et à force, il finirait par préférer sa forme animale et leur lien se détruirait.

Elle posa son front sur ses genoux jusqu'à entendre le bruit de quelqu'un qui approchait, et elle le vit arriver avec... des œufs, un oiseau et de la noix de coco! Elle écarquilla les yeux et s'approcha lorsqu'il s'effondra sur le dos, visiblement épuisé. Il avait oublié le bois...


«Ce n'est pas grave, je vais aller en chercher! Mais d'abord, il faut te soigner, tu saignes...»

Elle alla chercher l'outre des Danaïdes ainsi que le kit de suture, elle nettoya la plaie en le regardant d'un air inquiet, ignorant qu'en le fixant ainsi elle ne faisait qu'alimenter ses doutes sur son utilité vis à vis d'elle. Elle le souleva un peu et cala un autre bout de tissu sous son dos pour ne pas qu'il soit à même le sable et lui sourit en rinçant convenablement la plaie. Ce n'était rien de grave et elle se contenta de refaire le point. Elle sortit le baume larmiqueuse et en prit véritablement à peine une petite pointe du bout des doigts

«Je ne vais pas trop en mettre, promis. En tout cas, chapeau pour le repas! Des œufs... j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'en ai pas mangé!» pourtant, il y en avait sur le bateau, mais ça lui paraissait tellement loin. Elle se pencha en avant, attrapant les lèvres du soldat dans les siennes au moment où elle appliqua la crème sur sa plaie, l'empêchant ainsi de hurler sous la douleur et espérant surtout l'atténuer un peu. Elle le laissa même la mordre si cela pouvait le soulager, et garda résolument les yeux fermés. Lorsqu'elle le lâcha, elle rinça rapidement sa main et baissa honteusement les yeux

«Pour ma part, je n'ai attrapé que ce misérable tourteau... enfin il parait qu'il y a beaucoup de chair dans les pinces... j'espère que c'est vrai, mais au moins avec ce que tu as ramené, on va bien manger...»

Elle hocha doucement la tête

«Merci...»

Elle le laissa alors se reposer alors qu'elle se levait, son regard se faisant légèrement triste, mais souriant

«Je vais chercher du bois. Je reviens tout de suite»

Elle se dirigea vers les quelques arbres, trouvant une pierre assez plate pour faire cuire les œufs, elle la cala sous son bras avant de prendre le plus de branches possibles, et au final, elle amena le tout au campement avant de repartir pour prendre une branche bien plus grosse qu'elle avait repéré. Puis elle s'attela à mettre le tout comme il l'avait fait la veille, mais si elle arrivait à frotter deux branches l'une contre l'autre pour allumer le foyer, elle n'était pas très douée pour disposer le bois correctement et son sentiment d'être inutile sous sa forme humaine revint un peu.

Ils formaient vraiment un couple terrible ces deux là, à douter ainsi systématiquement de ce que l'autre pouvait penser ou supposer. De son côté, la féline n'avait jamais eu de relation avec un homme qui ne la voyait pas comme un monstre, et Archélas, de part son éducation n'avait jamais eu affaire à une femme comme elle, non soumise. Mais il était évident que dans l'esprit de Ceithli, c'était ce genre de femme qui devait convenir à un homme comme lui, une femme gentille, docile, qui saurait parfaitement cuisiner et tenir une maison. Si la jeune femme en était plus ou moins capable, elle savait qu'elle ne pourrait jamais vivre ainsi. Un soupire doux s'échappa de ses lèvres alors qu'elle regardait le tas de bois.

Il ne ressemblait à rien, juste à des branches entassées les unes sur les autres avec la plus grosse au milieu. Mais elle s'attela à refaire du feu, prenant deux bouts de bois et les frottant l'un contre l'autre comme la veille. Elle aurait pu mettre du tissu pour protéger ses mains, mais elle commençait à être à court de vêtements et elle ne se voyait pas trop faire du shopping à Windrakk, aussi s'y prit-elle une fois de plus à mains nues, laissant Archélas se reposer.

Puis finalement, une fois qu'elle eut réussi à faire partir le foyer, elle laissa les flammes monter un peu en faisant attention que ça ne parte pas dans tous les sens. Elle posa ses mains à peine écorchées cette fois, peut être avait-elle pris le coup de main? sur ses cuisses et soupira avant de tourner les yeux vers Archélas


«Archélas... est-ce que... est-ce que tu regrettes que je sois là?»

Elle se pinça les lèvres et s'approcha un peu de lui, ramenant une mèche de cheveux derrière son oreille en cherchant son regard

«Je veux dire... je sais que j'ai pu t'aider sous ma forme animale mais... est-ce que... est-ce que tu ne te dis pas que ce serait peut être mieux si je restais tout le temps en guépard? J'ai... l'impression de ne pas te servir à grand chose quand je suis... humaine...»

C'était peut être un peu cruel de dire les choses ainsi, mais contrairement à lui, elle n'aimait pas trop garder les choses pour elle, et c'était surement ce qui le mettait mal à l'aise et qui finirait peut être par les séparer un jour. Mais là... elle avait besoin de savoir... ça la rongeait de l'intérieur, et elle se disait que même s'il devait lui demander de rester sous sa forme animale, elle l'aimait tellement qu'elle accepterait... au moins resterait-elle près de lui quand même...

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Archélas Ages » 14 Juin 2011, 02:22

Saigner ? Peut-être. Pour le moment, il se contentait de fixer l'étendue du ciel à s'en brûler les yeux, la tête lui tournant dangereusement. D'ailleurs, cette plaie là aussi devait attirer le sable. Il sentait la chaleur le gagner et inonder sa nuque, ce qui lui fit serrer les dents pour résister à l'inconscience qui le menaçait. Plus fourbe et plus vile qu'un évanouissement imminent : sa fierté mal placée de mâle dominant. De quoi aurait-il l'air à se pâmer comme ces femmes prisonnières de leurs corsets trop serrés ? D'un faible. D'un bon à rien. D'un assisté. Ses yeux se fermèrent en même temps que ses poings tandis qu'il luttait pour rester. L'eau fraîche sur son épaule lui fit du bien et apaisa légèrement sa fièvre, mais le goût de bile sur la langue serait plus long à dissiper. Il se dégoûtait. Comment ne dégoûtait-il pas Ceithli ? Pourquoi avait-il survécu, lui ? Pourquoi pas Owen, plus fort et plus sympathique que lui ? Pourquoi si peu ? Pourquoi Chaemil ? Quelle justice y avait-il dans ce désastre ? Quelle logique ? Suffisait-il d'allumer des cierges pour des hommes l'ayant trahi pour s'accorder les grâces d'Alrik et survivre ?

Ses yeux se rouvrirent tout juste à temps pour intercepter le sourire inquiet de la jeune femme. L'espace d'une infime seconde, il pensa argumenter quelque chose comme « tout va bien » avant de renoncer presque aussitôt. Pour commencer il n'avait pas la force de la dissuader de s'occuper de lui, et puis il avait beau se détester pour ses faiblesses, il ne se sentait pas moins réconforté de la sentir prendre soin de lui à cet instant. S'était-il posé la moindre question lorsqu'il était venu vers elle après le naufrage ? Non. L'avait-elle repoussé à ce moment là ? Non. Alors pour ce qui était de prendre sur lui, il verrait un peu plus tard. Il accrocha son regard, l'air vaguement perdu de celui qui ne comprend rien des paroles qui lui parviennent, et avant qu'il ne réalise de quoi il était question il se retrouva à suffoquer sous le coup de la douleur infligée par le baume. Ses lèvres s'entrouvrirent à la recherche d'un souffle que le baiser de la jeune femme lui refusait, le réveillant brusquement. Seul un cri s'échappa de sa gorge asséchée.

Les yeux écarquillés, il observa sa féline comme s'il la voyait pour la première fois, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Il avait besoin d'une minute. Heureusement pour son égo, il n'eut pas à la demander, Ceithli décidant de s'affairer pour deux. Poussant un soupir de soulagement, il s'autorisa à refermer les yeux encore quelques instants jusqu'à recouvrer entièrement ses esprits. Durant de longues minutes il fut la proie de frissons glacés qui rampèrent sur ses épaules et il se sentit aspiré dans un tourbillon d'oppression, jusqu'à enfin revenir au calme. Et lorsqu'il fut en mesure de rouvrir les yeux, ce fut pour s'insulter mentalement plus vertement qu'il n'aurait osé insulter Chaemil lui-même. N'ayant conservé qu'un vague souvenir des évènements récents, il fit défiler les quelques images dont il se souvenait. Ceithli penchée au-dessus de lui, l'outre à portée de main, l'odeur prononcée d'un volatile. Il se redressa prudemment sur un coude, s'étonnant de découvrir une féline en pleine bataille rangée avec un enchevêtrement anarchique de bois et un début de feu. La scène lui arracha un sourire, et il s'assit finalement, encore un peu en désaccord avec son centre de gravité.

« Les brindilles et la mousse sèche en dessous... Expliqua-t-il doucement en remuant le tout avec une branche fine. Ensuite le petit bois, puis de plus en plus gros. Il ne faut pas trop tasser. L'air doit pouvoir circuler entre les branches, sinon il s'étouffe. »

La question qu'elle lui posa ensuite lui fit perdre son sourire au profit d'un froncement de sourcils et d'un pincement au cœur. En réalité il aurait pu poser exactement la même, mais l'entendre de la bouche de sa compagne lui faisait mal. Abandonnant là son cours sur « comment entretenir un feu », il s'approcha jusqu'à la serrer contre lui de son unique bras valide, appuyant son menton sur son épaule. Quelques battements de cils et un silence plus tard, il déposa un baiser piquant dans son cou.

« Je suis désolé... je... Je suis un fardeau pour toi. Écoute. Je ne veux pas que tu joues au guépard de compagnie. J'ai besoin de toi en tant que femme. J'ai besoin de te parler, de te sentir près de moi et... de m'occuper de toi. Je... j'ai besoin d'être utile. Au moins un peu. Il embrassa ce qui passa à sa portée, une tempe comme souvent. Tu as l'impression de ne servir à rien lorsque tu es humaine... et moi de ne servir à rien lorsque tu es guépard. Alors... il va falloir partager. On sera inutiles à tour de rôle. Ça te va ? »

Dit comme ça c'était un peu idiot, mais dans l'idée il lui semblait avoir à peu près résumé ce qu'il ressentait. Ce qui lui fit penser que l'un de ces fichus principes enseignés depuis tout petit disait quelque chose à propos des hommes qui s'abaissaient à exprimer ce qu'ils ressentaient. Quoi exactement, il n'était définitivement pas d'humeur à s'en souvenir et se contenta de bercer Ceithli contre lui, sa main caressant doucement son dos et ses doigts s'emmêlant dans sa chevelure que l'eau de mer avait emmêlée. Baissant la tête, il alla enfouir son visage au creux du cou de la jeune femme avant d'y déposer ses lèvres.

« … et j'ai besoin de ce que je ressens lorsque tu es... femme. Je... je t'aime mais... différemment. Je... »

« Comment expliquer à un Morphe que l'on préfére l'une ou l'autre de ses apparence sans risquer de le vexer », par Archélas Ages. Ou comment manquer de tact en une seule leçon, du même auteur...

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Re: Barbares, nous voici !

Messagepar Ceithli » 14 Juin 2011, 20:05

Si Archélas avait cru qu'elle se sentirait vexée qu'il l'aime en temps que femme et non en temps que guépard, il se trompait. Elle n'était pas stupide et savait qu'un homme ne pouvait pas avoir de sentiment pour un animal, d'autant qu'elle-même n'éprouvait plus vraiment la même chose lorsqu'elle était sous sa forme féline. L'amour se transformait plutôt en une sorte d'affection poussée, comme celle d'un chien pour son maître. Cela pouvait paraître péjoratif de penser les choses ainsi, et pourtant c'était le cas. En temps que guépard, la notion d'amour n'était plus vraiment présente, mais la loyauté et la fidélité, si.

Aussi comprenait-elle un peu ce que voulait dire le soldat, lorsqu'il se sentait inutile lorsqu'elle était sous sa forme féline. Évidemment ainsi, elle était plus forte, plus rapide, plus féroce, elle pouvait chasser et les protéger. Au final, elle devait reconnaître être soulagée de savoir qu'ils partageaient tous deux ce sentiment d'impuissance face à l'autre, cela signifiait que d'une certaine manière, ils se complétaient. Elle recula pour poser son front contre le sien, sentant le souffle chaud qui s'échappait de ses lèvres à chaque expiration, elle y déposa un baiser furtif avant de fermer les yeux pour réfléchir


«Je t'aime aussi... mais il faut que tu saches que ce sentiment... je ne l'ai que lorsque je suis humaine, tu sais? Tu n'as pas à avoir honte de m'aimer quand je suis femme, et non quand je suis animale. Un félin n'éprouve pas vraiment le sentiment d'amour, disons que c'est beaucoup plus un sentiment d'attachement et de fidélité. Je sais que sous mon apparence de guépard, je ne laisserais personne te faire du mal, et j'aime à te savoir près de moi, malgré tout... c'est différent. C'est assez compliqué à expliquer car je suis tout de même très attaché à toi lorsque je suis sous mon autre forme, mais ce n'est pas de l'amour malgré tout... est-ce que ce sont les lois de la nature? Je ne sais pas trop, j'avoue n'avoir jamais aimé réellement avant toi...»

Elle se blottit à son tour dans ses bras, faisant attention tout de même pour ne pas lui faire mal. Son cœur battait vraiment fort dans sa poitrine alors qu'elle entendait le crépitement du feu derrière elle. Il fallait le surveiller aussi se retourna t'elle, pour rester tout de même enlacée dans son bras valide pour user d'une branche afin de faire bouger un peu les brindilles. Elle avait un air beaucoup plus apaisé désormais

«Merci... je sais que ce ne doit pas être facile pour toi... ce sentiment d'inutilité... mais moi aussi j'ai besoin de toi tu sais? Comme je te l'ai dit, sous ma forme guépard, j'ai ce besoin de te protéger et je n'aurais jamais trouvé la force de survivre si ça n'avait pas été pour toi... C'est toi ma force, tu comprends?»

Elle avait alors rougi, n'osant pas le regarder. Il était difficile pour elle de se confier ainsi, même si elle se sentait mieux maintenant que c'était sorti. Elle sourit doucement avant de jeter un œil vers lui et de s'approcher pour poser sa tête sur son épaule. Elle appréciait le piquant de son menton sur sa tempe, sans trop savoir pourquoi, ce petit contact rugueux lui plaisait.

«Tu n'es pas inutile, Archélas. Tu m'as soignée, tu t'es toujours occupée de moi, dès le premier jour où j'ai été perdue dans cette ruelle, dès le jour où j'ai percuté ton cheval à Guttenvald ou lorsque nous avions été blessés... et je suis sure que tu as bien du payer le prix pour ce qui s'est passé avec Manölis, n'est-ce pas? Il n'est pas le genre d'homme à laisser passer l'affront de lui refuser une femme, même une morphe.»

Elle n'était pas stupide après tout. Elle avait été étonnée que Manölis ne la punisse pas d'avantage lorsqu'elle s'était retrouvée dans les geôles de Banba, il y avait forcément anguille sous roche, et elle se doutait qu'Archélas y était pour quelque chose...

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