Le ventre est le moteur de l'homme

Les plaines recouvrent la grande majorité du territoire Nideylien. Fertiles et verdoyantes ou au contraire arides et hostiles, elles s'étendent sans trouver d'autre barrage que les montagnes ou le désert. Par ici, si vous aimez crapahuter dans l'herbe !

Le ventre est le moteur de l'homme

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 12:50

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Précédemment : À l'auberge des deux cheminées
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Zlata Bolt :
    Le principal défaut de Quassia était ses routes. Non pavées, elles étaient bourbeuses par temps pluvieux et de la poussière si élevait dès les premières chaleurs, collant les paupières et rendant la respiration sifflante. Des arbres laissaient à eux même longeaient les chemins, baignant les voyageurs de leurs ombres bienvenues. Cependant ils se révélaient être une véritable plaie au moment du printemps lorsque les différentes espèces lâchaient leurs pollen dans l’air qui devenait aussi épais que de la poix.

    L’état déplorable d’éléments aussi importants pour l’économie d’un pays s’expliquait, encore une fois, par la situation tout aussi désastreuse du système politique. La corruption ayant prit l’ampleur d’un sport nationale, l’argent alloué à l’entretien de voix de circulation avait certainement financé la construction d’une résidence secondaire pour la nouvelle maîtresse d’un noble véreux.

    Tout en maugréant contre le chemin inégal, qu’ils arpentaient depuis maintenant trois jours, Zlata répondait aux diverses questions de Kjeld. Le jeune homme étant d’une curiosité insatiable, il s’intéressait à tous et ne semblez nullement découragé par la morosité de la Winghox lui servant de guide.

    Cependant le soir approchait et les deux compagnon n’avait toujours pas débusqué leurs repas, Zlata craignait de devoir se contenter du pain maintenant rassis qu’elle avait acheté à Ephtéria.

Kjeld Ares :
    Des chemins cabossés, crasseux, poussiéreux ou si consciencieusement envahis d'herbes et de ronces qu'ils en devenaient presque impossibles à suivre, Kjeld en avait connu un sacré petit nombre. Souvent, il avait parcouru ces routes à pieds, courant derrière la carriole du vieil Alastar. Aussi les routes n'étaient plus pour lui qu'une formalité dont il s'accommodait très facilement et sans se plaindre. Pour ainsi dire, elles étaient même devenues son lieu préféré. Calmes, bien moins fréquentées que les villes, personne ne vous y connaissait. On ne faisait que s'y croiser, la plupart du temps sans se parler et c'était parfait comme cela. On pouvait même dormir en bordure de chemin sans risquer de se faire houspiller par un propriétaire furieux que l'on envahisse ses plates bandes !

    Souvent, Kjeld avait croisé des hommes, des femmes, des enfants aussi, presque plus perdus que lui, errant sur ces routes comme des fantômes d'eux-mêmes. Combien fuyaient la tyranie du Roi Livian ? Trop. Kjeld n'était pas très familier de tout ce qui avait trait à la politique du royaume, mais il ne pouvait certes pas ignorer quelle terreur faisait régner celui qui se prétendait Roi. Et depuis ses abris de fortune où il s'installait pour dormir à la belle étoile, il avait vu nombre de villages pris d'assauts par les troupes de ce Roi, brûlés, saccagés. Pour quelle obscure raison ? Il l'ignorait. Mais les méthodes lui semblaient aussi démesurées que injustes. Et les rares fois où il croisait les troupes de soldat de l'armé Royale, il se reculait afin de leur laisser passage, la tête baissée en signe de soumission craintive. Qui sait ce qui aurait pu lui arriver s'il avait oser ne serait-ce que croiser le regard d'un seul de ces soldats...

    Et voilà tout ce qu'il savait de la politique en vigueur au royaume de Livian. Autant dire pas grand chose...

    Il sortit de ses rêveries lorsqu'il entendit la voix bougonne de Zlata – ainsi s'était-elle présentée – pester contre ces maudites routes. Cela le fit sourire. Non, lui, ça ne le dérangeait pas le moins du monde ; il avait l'habitude. Un petit bruit, plus étouffé celui-ci, attira son attention.

    « Faim ? On peut faire une pause si vous voulez. »

    Des pauses. Il n'en faisait que rarement dans son errance mais cela ne lui déplaisait pas. D'ailleurs, il inaugurait l'errance à deux à l'heure qu'il était...

Zlata Bolt :
    Zlata lui jeta un regard morne par-dessus son épaule avant de répondre de son habituel voix rauque :

    -Si on veut manger il faut chasser. Faire une pause ne nous servira à rien pour le moment.

    Malgré son ton rauque et la sécheresse de sa réponse la guerrière était totalement dépourvue d’animosité à l’encontre de Kjeld, elle faisait simplement montre une fois de plus de son implacable logique, ainsi vexante que juste.

    Un bruissement se fit soudain entendre à leur droite, suivit presque aussitôt d’un mouvement fugace entre les herbes, à une vingtaine de mètre de là. Les deux compagnons pivotèrent en silence en scrutant les bords du chemin du regard. Un lapin parfaitement immobile s’y cachait, tentant en désespoir de causes de se faire passer pour une pierre. Zlata saisit son arc, mit une flèche en joue et lâcha son trait qui siffla sur la courte distance avant de plongé dans les herbes hautes. L’absence de fuite animale leurs confirma que le repas était garantie.

Kjeld Ares :
    Pour toute réponse, Kjeld haussa les épaules. Depuis toutes ces années, il avait pris l'habitude de toujours répondre de manière neutre ou évasive et surtout, de ne jamais contrarier la personne qui s'adressait à lui. Mais alors qu'il allait ouvrir la bouche pour proposer une autre alternative à celle proposée par Zlata, il fut interrompu par un bruissement léger, non loin d'eux. Contrairement à Zlata, il ne vit pas immédiatement le lapin et chercha un moment, le regard fixé sur les herbes tendre du bord de route. Tant occupé à sa contemplation, il ne remarqua pas que la jeune femme avait chargé son arme et ce ne fut que trop tard qu'il vit – ou plutôt qu'il entendit – le projectile filer droit vers l'innocent animal. Aussitôt, son cœur se serra. Kjeld n'était pas un chasseur. Donner la mort, il n'aimait pas. Difficile à croire lorsqu'on le croisait ainsi affublé de sa gigantesque francisque...

    « Pas pour moi, merci... » déclina t-il poliment.

    Déjà, il s'angoissait à l'idée de voir Zlata dépecer le pauvre léporidé sous son nez... Pitié, qu'elle aille faire cela plus loin. Sans attendre, il alla s'installer un peu plus loin, en retrait du chemin, tournant le dos à la jeune Winghox affairée à récupérer sa proie facile. Il trouva un petit monticule qui surplombait paresseusement la route et s'y installa tout à son aise, s'asseyant à même le sol, en tailleur. De son petit sac de toile, il sortit quelques fruits secs qu'il se mit à manger très lentement, savourant chaque bouché, faisant durer son repas. Il savait d'expérience que la sensation de faim disparaissait après quelques minutes à grignoter. Inutile, donc, de s'empiffrer. Peu lui suffisait et à vrai dire, il ne lui restait plus grand chose pour les jours à venir. Au fond du sac, quelques flacons en terre cuite renfermaient les précieux conservateurs de ses fruits : sels, sucres... Encore fallait-il avoir quelque chose à conserver !

    Il jeta un coup d'œil autour de lui, cherchant à repérer leur situation géographique. Ils ne tarderaient pas à atteindre Aspasie. Une aubaine, peut-être, pour Zlata qui pourrait faire quelques courses. Mais pour lui, fauché comme les blés, ce n'était pas tout à fait une bonne nouvelle. Son dernier pécule, il l'avait dépensé pour le repas et la nuit à l'auberge. La gérante avait d'ailleurs été fort sympatique. Cependant, il avait fait le plein de confort et de nourriture pour un bon moment... il n'y était pas habitué, c'était un luxe pour lui. C'était trop. Il porta un dernier fruit à ses lèvres et tendit généreusement tout ce qui lui restait à Zlata, quand bien même cela impliquait qu'il n'aurait plus rien à se mettre sous la dent le lendemain.

Zlata Bolt :
    Zlata nettoya rapidement le lapin à l’écart de la route en regrettant l’absence de chien à qui donner les restes de sa prise, les entrailles risquaient d’attirer la vermine. Elle tanna subrepticement la peau et la fourra dans son sac, elle l’a vendrait au premier marchand itinérant qu’elle croiserait, avant de se tourner vers Kjeld assis quelque mètre plus loin. Il mangeait en silence et semblait mal à l’aise, n’avait t-il pas d’ailleurs refusé la viande ? La guerrière se rapprocha en gardant son repas derrière le dos se doutant que la mise à mort de l’animal avait gêné le jeune homme et le jaugea du regard. S’il était gêner par la mort du lapin son exploration des terres Winghox et Tenaag'i allait certainement mal finir, ces deux peuples s’embarrassaient peu des sentiment des autres et avait de la chasse un art de vivre, Zlata passait même pour un cœur tendre aux yeux de son peuple.

    Elle haussât les sourcils devant le geste de grande générosité du jeune homme :
    - Je mange la viande, et toi les fruits…et j’ai du pain, ajouta t-elle.

    La Winghox gardât le silence quelque temps en cherchant du regard un espace dégagé à proximité de la route afin d’y allumer un feu. Ce genre de placettes dépourvues d’herbe était courantes dans la région et, la nuit venue, les voyageurs s’y réunissaient pour partager un foyer, la sécurité et parfois quelques histoires. Elle en trouva un presque aussitôt et le désigna du doigt à son compagnon. Ils s’y dirigèrent sans échanger un mot et Zlata entreprit de faire démarrer leur brasier avec de l’herbe sèche et ses pierres à feu, une fois fait elle y disposa des branchettes et sortit le pain qu’elle tendit à Kjeld en attendant que le bois brûle suffisamment pour cuire le lapin.

Omniscient :
    « Woaaa ! Merci madame ! » s'écria une voix sonore derrière Zlata.

    Et à peine la jeune femme eut-elle le temps de réagir qu'une petite main s'était emparée du morceau de pain. Aux lueurs du feu de bois, elle apparu, petite, blonde comme les blés, la peau blanche colorée d'humeurs joyeuses. Ses joues roses témoignaient du bien être qu'elle éprouvait face au foyer dont elle se rapprocha en mâchonnant son morceau de pain volé.

    « On mange ça après ? » demanda l'enfant en désignant le lapin mort de ses petits doigts.

    Ses regards allèrent de Zlata – qui venait de lui offrir à manger malgré elle – à Kjeld qui semblait médusé par l'apparition subite de la gamine. Elle leur avait fait une belle surprise ! Toute fière, elle fit un large sourire et alla s'asseoir près du jeune homme. Mais de nouveau, c'est à Zlata qu'elle s'adressa.

    « Le monsieur bizarre il m'a dit que vous allez me ramener chez moi. Il a dit comme ça, un garçon qui ne fait pas de bruit et une dame avec des cornes comme les vaches ! » racontait-elle sans qu'on le lui ai demandé et en désignant les cornes de Zlata.

    « Alors moi, je reste avec vous ! » affirma t-elle enfin avec une détermination capricieuse.

Kjeld Ares :
    Kjeld avait levé la main poliment, prêt à refuser le morceau de pain que lui proposait la jeune femme. Il n'avait déjà plus faim. Habitué à traîner sur les routes, seul dehors par n'importe quel temps, il avait appris à rassasier sa faim avec peu de nourriture afin d'économiser ses provisions. Bien entendu, cela lui avait valu plus d'une fois de se retrouver au bord de l'évanouissement, son corps ne parvenant pas à suivre ce rythme imposé de force. Mais ce soir, c'était différent, car le repas de la veille l'avait calé pour une bonne semaine... ou du moins le pensait-il.

    Il avait donc observé Zlata allumant le feu, reconnaissant qu'elle ne se soit pas chargé du sort du lapin sous ses yeux et avait ouvert la bouche afin de refuser ce fameux morceau de pain lorsque, surgissant de nulle part, une jeune enfant leur sauta dessus !

    Kjeld l'écouta parlé, ahuri par tant de vigueur à cette heure tardive. Surtout, il se demanda ce que faisait une si jeune fille seule au beau milieu d'un chemin boueux et mal fréquenté. Une chance qu'elle soit encore en vie...! Pourtant, elle ne semblait pas inquiète et ses paroles finirent de laisser le jeune homme sans voix, complètement éberlué par ce nouvel événement inattendu.

    « Un monsieur bizarre...? » répéta t-il à voix basse comme pour lui même.

Zlata Bolt :
    Zlata sursauta brusquement à l’apparition de l’enfant, elle l’a regarda avec hébétude quelques secondes, cherchant à trouver une explication à pareille situation tandis que la gamine continuait son babillage agaçant. La guerrière revint finalement à la réalité au moment où la nouvelle venue la désigna avec toute l’innocence et l’assurance que lui conféré son jeune âge : « une dame avec des cornes comme les vaches ».

    Le sang de Zlata ne fit qu’un tours, elle se leva, fit un pas en direction de l’enfant et la saisit par le devant de sa robe en la soulevant très légèrement :

    « J’suis pas une vache ! » cracha t’elle avec férocité.

    La guerrière reposa la gamine à côté de Kjeld avec humeur mais sans brusquerie avant de se rassoire à son tours. Elle savait que le jeune homme voyait son geste d’un mauvais œil mais elle n’en avait cure, Zlata avait mis les points sur les i avec la petite et ils allaient enfin pouvoir trouver une explication à cette situation dans le calme.

    La Winghox posa le lapin à même les braises en jetant un regard sévère de grande sœur à la blondinette en face d’elle, la viande grésilla et une fumer blanche s’en dégagea.

    « T’as qu’elle âge ? » demanda t’elle enfin.

Omniscient :
    La gamine fut surprise par l'intervention de Zlata. Elle qui s'attendait à ce qu'on la chouchoute, elle était déçue. Et bien quoi, d'habitude, les gens aiment les enfants. Surtout les femmes d'ailleurs, ce sont toujours elles qui sont les plus gentilles. Mais cette fille là, avec les cornes, elle n'était pas sympathique du tout !

    « Je le sais que t'es pas une vache d'abord ! » se défendit la petite, un poil vexée qu'on ne la traite pas comme une princesse égarée.

    « Les vaches elles ont des pis et puis elles ne sentent pas bon ! »

    Et pan ! Elle ne savait même pas ça, la femme avec les cornes ? Et bien, elle n'était pas très instruite ! L'enfant se réfugia plus près de Kjeld, redoutant un nouveau mouvement d'humeur de Zlata. Il la protégerait, lui. Il était gentil, elle le sentait. Oui. Il fallait qu'il soit gentil, sinon, elle allait se mettre à pleurer. Accrochée à la manche du jeune homme, elle considéra la question de la winghox avant de se mettre à compter sur ses doigts sales... un doigt... deux doigts... trois doigts et ainsi de suite jusqu'à sept qu'elle brandit fièrement en l'air, le visage triomphant. Mais tout à coup, elle pointa l'un de ses doigts vers le foyer et s'adressa une nouvelle fois à la jeune femme.

    « Euh madame, je te signale que si tu mets le lapin directement dans le feu, il va brûler ! »

Kjeld Ares :
    Kjeld, lui, avait gardé le silence. Comme l'avait si bien deviné ce fameux « monsieur bizarre », Kjeld ne faisait pas de bruit... et Zlata avait des cornes de vache, que cela ne lui déplaise. Il n'avait pas pu retenir un sourire amusé à cette réflexion et avait tourné la tête, craignant que la jeune femme ne se vexe. Mais son humour fut avalé par la brusque réaction de Zlata. Elle s'était levée, apparemment furieuse. Allait-elle frapper ? Non. Kjeld respira, tout à coup soulagé. La petite démonstration d'autorité de la jeune femme lui rendit le sourire, d'autant que l'enfant avait l'air impressionnée. Peut-être sans s'en rendre compte, elle avait agrippé la manche de Kjeld et s'y cramponnait comme si sa vie en dépendait... Bien joué, Zlata !

    Le bruit du lapin allant s'échouer dans la braise le fit tressaillir. Il avait pourtant l'habitude, mais il éprouvait toujours cette douleur à voir la mort gesticuler sous son nez. Une nouvelle fois, la gamine fit une réflexion qui l'amusa et il en profita pour détourner son attention du gibier.

    « Que fais-tu toute seule sur cette route à sept ans ? »

Omniscient :
    Elle le regarda fixement en froncant légèrement les sourcils, c'était pourtant évident :

    "T'es bête je te l'ai déjà dit. Je vous cherchait parce que vous devez me ramener chez moi."

Zlata Bolt :
    Zlata préféra ne pas relever les piques de la petite teigne, tout particulièrement celle concernant la cuisson traditionnelle winghox pour la viande. Bien qu'elle soit exilée la guerrière était très fière de son peuple et se révélait chatouilleuse sur le sujet.

    Lorsqu'elle entendit la réponse de la gamine à la question de Kjeld, Zlata se sentie blêmir. Vue son jeune âge la petite ne devait pas habité bien loin, quelque jours de marche tout au plus. Or Kjeld était d'une gentillesse et d'une générosité sans bornes. La conclusion était inévitable, ils allaient devoir ramener la morveuse chez elle et, en toute logique, voyager avec elle.

    "Où habites tu ?" lança sèchement la guerrière en espérant pouvoir se débarrasser rapidement de la petite.

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Re: Le ventre est le moteur de l'homme

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 15:57

Kjeld Ares :
    Kjeld tressailli. Autant il avait trouvé amusant l'aplomb de la jeune enfant face à Zlata, autant il trouvait ce même ton plutôt déplaisant lorsqu'il lui était destiné. C'était à croire que cette gamine n'avait aucune éducation et il ne se souvenait pas avoir été si arrogant étant jeune. Et bien, puisqu'il fallait la ramener chez elle, il en profiterait pour en toucher deux mots à ses parents... Son regard se voila d'un remord fugitif. Des parents... au moins, elle en avait. Il se redressa et reprit, d'une voix plus ferme malgré lui.

    « J'ai bien compris, mais j'aimerais savoir ce que tu fais seule sur une route mal fréquentée et au beau milieu de la nuit. Comment t'es-tu retrouvée si loin de chez toi ? »

    Zlata venait de poser la question qu'il avait en tête... parfois, il ne fallait pas s'encombrer à tourner autour du pot.

Omniscient :
    « J'habite à Balaïne. Enfin, c'est là que j'habitais avant. Les soldats sont venus à la maison et maman m'a juste dit d'aller chez mes oncles, à Aspasie. »

    Sa voix s'était faite moins enthousiaste, presque inaudible, comme si elle craignait qu'on l'entende ou que les mots qu'elle prononçait pouvait lui faire du mal. Et puis elle se remua soudain et chipa les derniers fruits secs de Kjeld qu'elle porta à la bouche, sans ni demander, ni remercier.

    « Je suis pas bête, les soldats ils savent faire que tuer, je le sais ! » avoua t-elle en fixant Zlata du regard.

Zlata Bolt :
    Zlata n'apprécia que moyennement le regard que l'enfant porta sur elle, il était évidant que la petite la considérait comme l'un de ses soldats barbares ne jurant que par la mort. Peut être qu'elle n'avait pas tord après tout...

    Zlata reflua ses sombres pensées au font d'elle même pour ce consacrer entièrement à sa tâche : se débarrasser de l'enfant. Ils devaient arriver à Aspasie le lendemain dans l'après midi, il suffirait ensuite de trouver les oncles en question. Restait que la mère de l'enfant était probablement morte et que la guerrière ne se voyait pas annoncé la funeste nouvelle aux reste de la famille sans en être sûr. D'un autre côté elle ne pouvait pas non plus se rendre à Ballaïne, du travail l'attendait dans le sud et pas question d'arriver en retard.

    Elle échangea un regard lourd de sens avec Kjeld, retourna le lapin sur les braises et se tourna vers l'enfant:

    "Tu as parlé d'un monsieur bizarre, à quoi ressemblait il ?"

Kjeld Ares :
    Voilà donc ce qui avait poussé une si jeune enfant à s'aventurer seule sur les routes mal famées du royaume : la crainte. Kjeld la comprenait tout à fait et se réjouissait – intérieurement – qu'elle soit tombée sur eux plutôt que sur un ivrogne quelconque. Au moins, elle n'aurait pas à vivre la même chose que ce qu'il avait subit durant de trop longues années. Ne sachant pas comment s'y prendre pour la rassurer, il se contenta de lui sourire maladroitement en signe de réconfort. Ce faisant, il ne pu s'empêcher de penser que le village d'Aspasie n'était pas si loin et qu'ils auraient tôt fait de se débarrasser de la petite importune...

    Il secoua la tête, honteux d'avoir pensé cela d'une pauvre enfant perdue. Il se faisait tard et il avait très mal dormi la nuit dernière. La fatigue commençait à se faire sentir, oppressante, mais Kjeld se refusait à s'y abandonner. Pourtant, il sentit sa tête tourner et devenir lourde au point qu'il eu bien du mal à la tenir droite.

    « Écoute ce qu'elle a à raconter... » s'encouragea t-il intérieurement.

Omniscient :
    « Bah je te l'ai dit, il était bizarre ! Il portait un graaaaaand manteau avec une capuche et on ne le voyait même pas. Je sais même pas s'il avait des pieds ou une tête ! Enfin, il devait bien avoir une tête parce qu'il m'a parlé. Il savait mon nom et pourquoi j'étais là et tout et puis il a dit... »

    Elle marqua une courte pause pour observer Kjeld et Zlata, comme si elle vérifiait ne pas s'être trompée...

    « Il a dit qu'une femme avec des cornes et un monsieur silencieux allait m'accompagner jusqu'à Aspasie. »

    Elle préféra taire le fait que l'homme l'avait trouvé en larmes sur le bord du chemin, pour ne pas paraître faible devant ses nouveaux compagnons et elle ne précisa pas non plus qu'il avait disparu mystérieusement lorsqu'elle avait tourné la tête quelques secondes. Zlata et Kjeld ne l'aurait pas cru et l'aurait traité de menteuse, alors autant ne rien dire de cela...

Zlata Bolt :
    Cette histoire de monsieur bizarre n'était pas sans mettre mal à l'aise Zlata. Outre le fait qu'un tel personnage ne pouvait être que louche la mercenaire soupçonnait qu'il devait avoir un rapport avec un de ses anciens contrats...Entre une mission de surveillance et la protection d'un convoie la Winghox avait glissé quelques affaires plus atypiques : trafiques divers, garde rapproché de malfrat ou encore transport de paquet dont le contenu devait lui rester inconnue. Ces activités, pour le moins diverses, rapportaient beaucoup mais n'était pas sans risque. D'un autre côtés Zlata ne parvenait pas à comprendre en quoi cette gamine pourrait se révéler dangereuse, énervantes certes, mais pas dangereuse. De plus elle connaissait à peine Kjeld, il était donc tout à fait probable qu'il se soit également attiré des ennuies.

    Elle jeta un coup d'œil au jeune homme, il paraissait fatigué aussi lui adressa t-elle un regard interrogateur avant de couper un morceau de lapin et de le tendre à l'enfant, piqué sur une branchette pour qu'elle ne se brûle pas les doigts. Elle se servit également avant de continuer l'interrogatoire de l'enfant :

    "T' as t-il dit pourquoi nous sommes sensé t'accompagner ? Avait il quelque chose de particulier ? Une voix étrange ou un objet dont tu te souviendrais ?"

Omniscient :
    La gamine saisit le pique de bois avec un tel enthousiasme qu'elle l'arracha presque des mains de Zlata. En fait, à en juger par sa façon de se jeter sur la nourriture depuis qu'elle avait fait irruption dans le duo, elle devait être affamée ! Elle lança cependant un regard suspicieux sur son morceau de lapin, se demandant s'il était, oui ou non, suffisamment cuit. Il faut dire que la femme aux cornes avait une façon bien à elle de cuisiner, bien loin des petits plats mijotés que lui préparait habituellement sa maman... D'ailleurs, cette femme n'avait rien d'une maman et pour un peu, l'enfant dirait sans hésiter qu'elle n'avait rien d'une femme non plus ! Non mais, on n'avait pas idée d'être aussi peu coquette !

    Elle mordit à belle dent dans sa part, se brûlant les lèvres et la langue mais peu importe, elle avait faim. Ça manquait d'assaisonnement, mais elle s'en contenterait. Du lapin, elle n'avait pas eu l'occasion d'en manger souvent à la maison.

    « Che t'ai dit, il était chaché chous une chapuche. Cha voix elle était normale. » répondit-elle le bouche pleine.

    Elle marqua une pause, semblant se rappeler d'un détail, mais elle hésita à en parler. Bof... après tout. Elle avala le morceau qu'elle avait dans la bouche et repris, en toute innocence dû à son jeune âge :

    « Il m'a dit de te demander si ton père te manquait. Toi aussi les soldats sont venus dans ton village ? »

Zlata Bolt :
    Zlata blêmit, de colère et d'effroi. Elle avait laissé son passé derrière elle, ce n'était pas pour qu'une sale môme le lui remette sous le nez !

    "Mon village se situe très loin et les soldat du Roi ne peuvent pas y aller."

    Elle espérait avoir clos ce sujet, mais elle savait d'avance qu'elle passerait une nuit blanche : un inconnu en savait beaucoup trop sur la guerrière pour lui vouloir du bien. Constatant que Kjeld dormait debout depuis un bon quart d'heure elle décida qu'il devait en être de même pour la gamine. Elle jeta son manteau dans le sol poussiéreux et ordonna à l'enfant de s'y coucher d'un geste péremptoire de la tête avant de se rassoir à côté du feu. Elle devait réfléchir...

Omniscient :
    L'enfant haussa les épaules, bien trop occupée à engloutir son morceau de viande pour relever, une nouvelle fois, la mauvaise humeur de Zlata.

    « Décidément, elle n'est jamais contente celle-là ! » pensa t-elle simplement en mastiquant goulûment.

    Bien évidemment, elle ne pouvait pas se douter du terrible secret que traînait la jeune femme derrière elle et elle se contenta de penser que Zlata avait simplement quitté sa maison et ses parents. Comment aurait-elle pu deviner, par ailleurs ? Elle jeta un rapide coup d'oeil vers Kjeld. Est-ce qu'il savait, lui ?

Kjeld Ares :
    Non ; et à cet instant précis, il s'en moquait éperdument. Non pas que Zlata le désintéressait – bien au contraire – mais il était en proie à un vertige qu'il ne parvenait plus à contrôler. Depuis combien de temps n'avait-il pas dormit ? Il luttait, depuis des jours, par crainte de faire une nouvelle fois l'un de ces rêves qui l'effrayait tant. Doucement attiré vers l'obscurité, il tentait de résister encore, jusqu'à ce que la fatigue ait raison de lui. Mieux valait en réalité qu'il dorme maintenant, car il aurait eu l'air bien idiot de tomber évanoui en plein jour, lors de leur route vers Aspasie ! Ses paupières refusaient de rester ouvertes malgré ses efforts et les mots que les deux jeunes filles échangeaient ne lui parvenaient plus qu'à demi, comme un murmure bien trop lointain pour être intercepté...

    Et puis brusquement, ses yeux se rouvrirent. Il fixa Zlata avec une intensité incohérente pour quelqu'un qui dort debout et ses lèvres remuèrent à peine :

    « Enfant maudit... » souffla t-il d'une voix qui n'était plus la sienne.

    De qui parlait-il et à qui s'adressait-il ? Mystère. Il battit des cils, une seconde, puis s'effondra enfin, raide endormit.

Zlata Bolt :
    Le ciel était couvert et Zlata soucieuse. Ce n'était pas le risque d'averse qui l'inquiétait, il était maintenant quelque minute de marche de la ville, mais l'étrange conversation de la veille. Non seulement elle avait appris que quelqu'un connaissait son passé et était près à ce servir de ces informations pour nuire à la guerrière, mais en plus Kjeld avait d'une façon que dépassait l'entendement. Lui si calme et polie que l'on pouvait le croire tout droit sortie d'un compte pour enfant c'était soudain redressé devant Zlata en la fixant d'un regard fiévreux avant de proférer des paroles incohérentes. Si elle ne savait pas son horreur pour l'alcool, la guerrière l'aurait pus croire en état avancé d'ébriété.

    Alors que la Winghox continuait à ruminer ses pensées les trois voyageurs franchirent les portes d'Aspasie.

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La suite : Première étape.

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