Comme je les comprenais… Comment pouvait-on apprécier la vue d'un tel corps ? Mon visage m'inspirait à moi-même la crainte et le dégoût, alors comment pouvait-on se satisfaire d'une telle vision si même le détenteur de celle ne le pouvait ? Au moins, cet organisme présentait quelques avantages : j'avais beau marcher depuis ce matin en direction de cette ville qu'il me semblait avoir vu au loin, je ne ressentais aucune fatigue, ce qui me laissait à penser que je possédais une bonne endurance. En cas d'un quelconque danger, je pouvais parfaitement courir pour sauver ma vie et ainsi tenir sur une bonne distance, sans parler que mes jambes semblaient se mouvoir assez rapidement sur le sol que je foulais.
Après, qui parlait de fuir ? Mes mains désormais gantés pouvait très bien faire office d'armes, et la musculature que l'on m'avait donné à mon réveil devrait me faire parvenir à des résultats convenables en situation de danger.
Soudainement, mon pied droit buttait contre une pierre assez grosse pour me retenir, et alors que je la sentais se glisser sous mon pied, je voyais lentement le sol se rapprocher, terrain que j'avais tâté plus tôt à mon réveil, et plus il se rapprochait, plus ma vitesse augmentait lors de cette chute, mon corps s'écroulant lourdement dans la poussière, une légère onde d'air déplacé se dessinant autour de moi lors de l'impact, les brindilles séches et mortes volant autour de moi alors que je n'entendais plus le bruit de mes pas mais uniquement celui du vent qui soufflait sur les plaines, balayant mes cheveux flottant dans mon dos de la même manière que la végétation devait l'être.
Pourquoi étais-je tombé ? Je ne ressentais aucune fatigue corporelle, mon corps ne me faisait pas mal et même si j'étais troublé de savoir ce que j'étais aujourd'hui sans connaitre celui que j'étais hier, ma perception des choses était parfaitement clair. Je pouvais donc m'interroger sur la raison de ma chute, et rapidement j'en vînt à la conclusion que mon organisme ressentait comme un vide. Ma gorge était séché, extrêment déshydratée. Et mon estomac était creux, à tel point que j'avais l'impression de sentir celui-ci se tordre, se rétracter. Après tout, je n'avais encore rien bu ni mangé depuis ma seconde naissance, et je n'avais bien aucune idée du temps que j'avais pût passer endormis avant cela, aussi il pouvait être logique que j'atteigne une certaine limite.
Je me retrouvais donc là, de nouveau au milieu de la poussière. Je forçais sur mon bras gauche en relevant ma jambe du même côté afin de me faire rouler sur le dos, le soleil venant frapper mon visage, la chaleur me semblant assécher un peu plus ma gorge que j'ai déglutit, comme si j'espèrais que ma salive pourrait apaiser cette agression un peu… mais c'était vain.