Par moment, je parvenais à voir un peu plus son corps ruisselant lors des mouvements de l'eau, et mon intention s'en trouvait un peu plus éveillée, mon corps effectuant presque un pas en avant de lui même, alors que je sentais lentement la lisière du fleuve venir lécher mon pied, mon regard se décrochant bien malgré moi d'elle pour regarder en dessous de moi.
Qu'est-ce que je faisais là ? C'était stupide de rester ici à la regarder. Je décrochais donc ma cape pour voir qu'une tunique en débardeur saillante d'un noir décoloré se trouvait en dessous, faisant parfaitement ressortir mes muscles tellement le vêtement me collait au corps. Je retirais ensuite mon autre gant et jetais la paire sur la cape, avant que je ne fasse rapidement de même avec mes bottes pour ne pas qu'elle prenne l'eau. Je déposais alors mon pied dans le court d'eau qui me paraissait gelé, et je m'avançais lentement, m'enfonçant dans le fleuve bien que j'avais pied. Je ne savais même pas si j'étais capable de nager après tout, mais ce danger là ne me traversa qu'un bref instant l'esprit, mon regard était de nouveau porté en direction de Belladona qui ne semblait pas se soucier de moi pour le moment, alros que moi je me souciais plus d'elle qu'elle ne devait le penser, à un point tel que j'aurais pût trouver cela malsain.
En marchant, je sentais la caillasse déformer légèrement mes pieds ramollis par l'humidité qui les entouraient, mais je continuais toutefois de me rapprocher, mon corps s'enfonçant un peu plus profondément dans le lit de ce fleuve alors que j'avais désormais l'impression d'être gelé. Cela n'ébranlait pas pour autant ma détermination, et j'avançais toujours vers elle, passant une main dans l'eau que je portais ensuite à ma bouche pour m'hydrater, le fluide coulant de nouveau dans ma gorge alors que j'avais l'impression que son goût était différent de celui que j'avais bu précédement, mon palai me faisant alors regretter celui de Belladona, qui n'était plus qu'à quelques mètres de moi, mon cœur s'emballant de cette proximité qui faiblissait encore…
Je décidais de plonger entièrement mon corps dans l'eau, ne sachant pas si cela me permettrait d'avoir moins froid ou non, au moins j'essayais et juger de cette expérience par moi-même. Je n'avais à cet instant pas pensé que d'en dessous de l'eau, j'aurais tout le loisir de voir les formes de la plante intelligente, et cela me fît légèrement ouvrir la bouche devant la scène, une quantité d'eau s'infiltrant à l'intérieur avant même que je ne puisse réagir, m'obligeant à remonter assez rapidement. Je me retenais de tousser pour ne pas l'effrayer ni l'inquiéter, mais au moins maintenant j'étais bel et bien trempé, et mes cheveux étaient collés sur mon visage de telle manière que s'en était presque gênant.
Puis enfin j'étais près d'elle. Je ne savais pas pourquoi, mais déjà je laissais ma main droite venir saisir l'arrière de son corps, comme si je craignais qu'avec son apparence frêle elle puisse être emmenée par le courant, et alors que je grelottais de froid, claquant presque des dents, j'essayais tant bien que mal de lui sourire.
« Je ne sais pas comment te remercier… » J'avais envie de la rapprocher de moi, mais je n'osais pas, bien que cela était probablement la seule chose que je pouvais faire pour elle à l'heure actuelle. « Sans toi je serais sans doute encore en train de regarder le soleil me tuer à petit feu. »
Ma seconde main, dans l'eau, hésitait à venir rejoindre sa semblable pour me permettre une plus proche proximité avec elle, mais je n'osais toujours pas…
Mais après tout, qu'est-ce qui me retenait ? Je n'étais rien ni personne, un homme sans nom et sans histoire, alors pour écrire celle-ci il fallait bien que je tente quelque chose, aussi je laissais cette main glisser sur son flanc pour ensuite venir la saisir dans le dos, prenant soin de ne pas l'écrocher avec mes griffes, et lentement je la rapprochais de moi, câlant ma tête sur le dessus de son crâne. Me repousserait-elle ? Je n'en savais rien. Elle n'en aurait sans doute même pas la force après tout, et elle ne devait pas être du genre à envoyer ainsi balader les gens.
Je profitais de l'odeur florale de ses cheveux, alors que mon cœur battait toujours aussi vite, et elle devait pouvoir le ressentir ainsi collée contre moi. Puis, je murmurais :
« J'ai un peu froid. » Sur un ton légèrement gêné, ma mâchoire tremblant en même temps que mes mains dans son dos. « Mais ce n'est pas grave. » Poursuivais-je, préférant rester ainsi immobile plutôt que de sortir hors de l'eau, sauf si j'étais sûr de pouvoir retrouver un tel confort…