Aspasie derrière

Les plaines recouvrent la grande majorité du territoire Nideylien. Fertiles et verdoyantes ou au contraire arides et hostiles, elles s'étendent sans trouver d'autre barrage que les montagnes ou le désert. Par ici, si vous aimez crapahuter dans l'herbe !

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Messagepar Kjeld Ares » 11 Juin 2009, 12:20

Allait-il mieux ? Rien n'était moins sûr. Il hoquetait dehors, seul comme souvent, en proie à un doute atroce. Et si tout ces mauvais rêves qui s'imposaient à lui pendant ses rares périodes de sommeil n'étaient en réalité que des souvenirs ? Des souvenirs dont il ne conservait aucune trace, sinon celle de la douleur à son réveil. Non. Ce n'était pas possible. Ça ne pouvait pas être possible. Ça ne devait pas l'être.

La main de Zlata sur son épaule le fit frissonner. Il était peu habitué aux contacts physiques et, pour tout dire, les craignait, les rares auxquels il avait eu droit n'ayant jamais été franchement agréables. De manière générale, il finissait d'ailleurs par les regretter. Cette fois pourtant, pas de poigne ferme se refermant sur lui. Pas de coup. Juste l'effleurement d'une main amicale qu'il ne parvenait pas à apprécier à sa juste valeur, trop inquiet de la suite à venir. Mais point de suite, sinon l'effacement de la jeune femme lorsqu'il se fut assis. Kjeld s'était redressé, offrant son visage à la pluie diluvienne qui le rinça de quelques unes de ses douleurs. Une seconde, il resta stupéfait en voyant la gourde, une nouvelle fois tendue sous son nez, avant de s'en saisir d'une main encore tremblante. À peine osa-t-il porter le goulot à ses lèvres afin de laisser couler une gorgée d'eau qu'il recracha presque aussitôt. Oui. Peut-être que ça allait mieux.

Il s'était levé lentement, incertain de ses appuis, avant de retourner à l'intérieur. La porte claqua derrière lui, étouffant le bruit entêtant de l'averse qui tombait drue et déjà, il s'était rassis devant le foyer crépitant, incapable de soutenir le poids de son corps plus longtemps. Il avait déposé l'outre à ses côtés, avec précaution. C'est qu'elle n'était pas à lui et il ne fallait pas l'abîmer. Raisonnement futile au milieu de la grande confusion mentale dans laquelle il se trouvait. Encore une fois, les gestes et les attentions de Zlata l'étonnèrent et c'est avec prudence qu'il se saisit du pain tendu, épiant comme un fauve le moment où le piège à collet, cruel et imparable, allait se refermer sur lui. Une minute. Deux peut-être. La Winghox ne semblait pas bercée dans ce genre de jeu là. Il soupira, rassuré, toussa brièvement, laissant Zlata à ses préoccupations silencieuses. Il se sentait fatigué, honteux, nauséeux et plus que tout encore, complètement frigorifié. Encore une fois, la culpabilité l'assaillit, lorsqu'il pensa à l'appel d'air froid qu'il venait de provoquer par sa sortie inopinée. La cheminée avait déjà toutes les difficultés du monde à tirer correctement, fallait-il qu'il y ajoute sa touche personnelle afin d'interdire définitivement toute tentative pour réchauffer la pièce ? Il soupira, las de lui-même, lorsque de nouveau, la jeune Winghox le fit sursauter.

Son emprise, d'une fermeté soudaine, lui fit redouter le pire et c'est un regard terrifié qu'il jeta sur elle. Il resta immobile, indécis, presque surpris. L'œil bleu-gris, magnifique réplique d'une des lunes de Nideyle, le toisait avec un enthousiasme étonnant. Non. Elle n'était pas en colère et nulle tyrannie ne dansait dans son regard étrange. Était-elle folle ? Kjeld entendit sa question et resta sidéré un instant avant de pouvoir réagir. Il se remettait à peine du flot d'émotions désagréables qui venaient de le traverser que déjà, sa compagne de route l'interrogeait avec une frénésie quasi traumatisante... Pour un peu, il se serait attendu à ce qu'elle le secoue afin d'obtenir des réponses plus rapidement. Déstabilisé, il se contenta de remuer la tête de droite et de gauche en un « non » muet, se laissant l'occasion de retrouver un semblant de contenance.

« Je n'ai connu que mon tuteur. Alastar Ares. » s'étrangla sa voix.

Il se mordit la langue cruellement, retenant, du mieux qu'il le pouvait, les sanglots qui tentaient vainement de sortir. « Ne pleure jamais. » Facile à dire. Non pas qu'il soit triste pour ce vieux soûlard, mais les rêves qu'il avait fait sur lui ne cessaient de se rappeler à lui. Rêves qui, si ses soupçons étaient fondés, n'en étaient finalement peut-être pas. Immobile, le jeune homme se sentit coupable, ridicule, inutile. Il devait faire quelque chose, bouger, se sentir vivant. Nouveau frisson. Il se dégagea de l'emprise de Zlata avec une facilité qui le laissa pensif une seconde, puis il se leva de nouveau. Défaisant les crans de sa ceinture, il entreprit de se débarrasser de son justaucorps détrempé qu'il déposa sur la tablette de la cheminée, dans l'espoir de le faire sécher. Puis il se rassit. Dans le foyer crépitant, une planche éclata, envoyant un tison plus loin et, par miracle, le tirage se fit enfin, ronflant et réconfortant. Kjeld, assis, avait posé les mains sur ses bras, renonçant à les frictionner tant ils étaient humides. Lui aussi, devait sécher.

Un corps aux muscles secs, peu ou pas découpés qui lui donnait cette allure éternellement chétive. Un buste glabre, une peau blanche et le dessin effrayant de ses côtes, témoin d'incessantes privations.

« Pourquoi cet intérêt ? »

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Messagepar Zlata Bolt » 14 Juin 2009, 00:19

Seulement son tuteur… Zlata ne put cacher sa déception. Elle aurait encore préféré apprendre que Kjeld était un pur Astalan plutôt que de rester dans l’indécision, elle aimait bien que les choses soient clair. Cela signifiait d’une part que Kjeld ne pourrait rien lui dire de ses origines, mais d’autre part qu’il était tout à fait possible que le jeune homme ne soit pas un simple Astalan. D’un autre côté il n’avait pas de cornes. Il était déjà arrivé qu’un Winghox naisse sans cornes, mais les cas étaient si rares qu’ils relevaient presque de la légende. S’il était Winghox comme l’indiquait son prénom mais qu’il était écorner, peut être le jeune homme était il un sang mêlés.

Zlata se remit à fixer le feu tout en tirant sur sa pipe. Le tabac était âcre et bon marché mais au moins les effets était les même qu’avec des feuilles de qualités. Si Kjeld était un sang mêlé, son devoir de Winghox obligeait Zlata à le supprimer. Mais la borgne n’avait que trop souffert de l’intolérance de son père et des siens, ce comportement lui faisait horreur. Et puis elle aimait bien Kjeld, c’était quelqu’un de bien.

Restait qu’elle n’avait toujours aucune certitude quand aux origines de son compagnon de route. Celui-ci faisait sécher son justaucorps près de la cheminée. Zlata vida la pipe de la cendre s’y étant accumulés, la bourra de nouveau et la ralluma à même la cheminée, se réjouissant vaguement que celle-ci fonction de nouveau normalement. A ses côtés Kjeld donnait une étrange impression de fragilité, il ressemblait à un chat mouillé. La mercenaire nota qu’il porté de nombreuses cicatrices, c’était une chose courante pour les guerriers et elle-même n’avait pas perdue son œil en cueillant des fraises des bois. Mais Kjeld n’était pas un guerrier. Il s’était stupidement attaqué à deux soldats lourdement armés mais Zlata était de plus en plus affirmé dans sa théorie d’une aide divine. Ces cicatrices étaient probablement le vestige d’une vie difficile, l’enfance du jeune home n’avait pas du être rose. Cela expliquerait en tout cas sa timidité presque maladive. Zlata sortie de nouveau de ses songes, il lui avait à son tour formulé une interrogation, la femme haussât les épaules :

« Comme ça. »

Quel âge avait il d’ailleurs ? La femme blonde souffla un nouveau nuage de fumée sombre. Cette question pouvait confirmer ses doutes car si les Winghox vivaient un siècle, les Astalans pouvaient voir leur existence prolonger près d’un demi millénaire.

« Ca te fait quel âge ? » glissa la jeune femme de son habituel voix rauque.

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Messagepar Kjeld Ares » 27 Juin 2009, 12:31

Il y eut quelques secondes de flottement pendant lesquelles Zlata sembla aux prises avec ses pensées. À vrai dire, ce silence arrangeait Kjeld qui trouva là de quoi regagner un semblant de calme. Il laissa ses yeux contempler les flammes dansantes du foyer et l'envoûter jusqu'à l'apaisement. Tant que la jeune femme ne se jetait pas à nouveau sur lui pour lui poser d'autres questions bizarres, alors tout irait bien. Et comme si le pain avalé avait déjà suffit à le rassasier, il se sentit moins oppressé, à moins qu'il ne doive cette soudaine torpeur à l'odeur âcre de ce que fumait la Winghox et qui s'élevait en volutes paresseuses. Il ramena ses genoux à son torse. Il avait moins froid et sa peau séchait progressivement malgré ses cheveux qui gouttaient encore.

« Dix-neuf ans. » répondit-il distraitement.

L'enthousiasme un peu fou de Zlata venait de retomber, au profit d'une apparente nonchalance. Elle était gentille en dépit de son caractère bien trempé, mais bon sang, elle lui faisait peur parfois. Cependant, il ressentait l'envie de lui parler. Pourquoi ? Il l'ignorait. Juste que se libérer des questions qui pesaient sur sa vie lui semblait nécessaire. Et, puisque la jeune femme lui montrait de l'intérêt, autant en profiter. Peut-être cela le soulagerait-il. Peut-être pas.

« Je ne sais pas exactement, le vieux n'a jamais été très limpide sur la question. »

C'était ainsi qu'il appelait Alastar, comme un réflexe défensif pour se protéger de ce que lui inspirait son tuteur. Il marqua une pause, corrigeant intérieurement. Le vieux n'avait jamais été très limpide tout court. Zlata en avait-elle quelque chose à fiche ? Pas sûr. Mais il pleuvait, il faisait froid, ils étaient là tous les deux et l'averse s'annonçait longue alors, autant l'animer un peu et ainsi éviter de sombrer dans un sommeil sans repos. À mesure que Kjeld prononçait chaque mot, il se sentait mieux, moins faible, moins en proie à ses questionnements dont il craignait de connaître finalement les réponses. Tuer un soldat, lui... et pourtant, il doutait à présent. De nouveau, la douleur s'empara de lui, alerte passagère.

« De ce que je sais, c'est sur une chaloupe que l'on m'a trouvé. Drakmonniss aurait coulé le bateau sur lequel j'étais embarqué. Ensuite, j'ai été acheté. »

Il s'interrompit et sur son visage, aucune émotion autre qu'une rêverie réfléchie ne transparaissait. Avoir été acheté ne le choquait pas plus que cela. Il s'y était habitué avec le temps. Non, c'était autre chose qui occupait son esprit et qui avait suspendu le fil de son récit. Il avait quelque chose, au fond de sa besace habituellement remplie de fruits secs. Deux objets qui ne l'avaient jamais quitté. À ses débuts, après la mort d'Alastar, il les sortait à tout bout de champ et les montrait aux individus qui croisaient sa route. Mais aucun n'avait jamais pu le renseigner et la dernière personne à qui il les avait montré avait fait mine de l'agresser pour le dépouiller de l'un de ces souvenirs. Un instant, il eut envie de montrer cela à Zlata mais se ravisa. Elle ne saurait pas plus qu'un autre. Inutile, donc, de nourrir de faux espoirs.

« Et vous ? » demanda-t-il en sortant brusquement de ses réflexions.

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Messagepar Zlata Bolt » 02 Juil 2009, 16:03

Ses doutes étaient confirmés. Vu la façon qu’il avait de parler de son père adoptif, ou plutôt de son propriétaire puisqu’il avait été acheté, ce dernier devait être une sacrée raclure de corne, responsable de la plupart des blessures du jeune homme. Zlata n’avait été que moyennement étonnée d’apprendre que l’esclavage se pratiquait plutôt librement chez les Astalans, les Tenaag’i affectant elle aussi cette pratique. Quoiqu ‘il en soit la haine de la figure « paternel » était un point commun entre les deux voyageurs.

Mais ceci n’était pas l’information le plus importante de leur bref entretient, loin de là. Kjeld avait la vingtaine. A cet âge là c’est tout juste si les Astalans savent parler. Son compagnon de route était donc à coup sur un Winghox, un métis en fait puisqu’il ne possédait pas de cornes et que sa voix n’avait rien du grondement de Zlata. La guerrière hésitait à le lui dire ne sachant trop que faire s’il piquait une nouvelle crise.

Elle se détourna de nouveau du feu pour l’observer, il avait l’air songeur mais pas triste. Peut être avait il maintenant totalement assimilés son passé. Soudain il demanda à en savoir plus sur elle. Zlata jura intérieurement. Non pas qu’elle eut honte de son passé, elle avait agit comme elle le voulait et jamais elle ne regretterait son parricide. Mais Kjeld risquait de ne pas apprécier l’information. Elle préféra détourner la conversation, le jeune homme allait en apprendre de belle sur ses origines :

« J’ai quelque chose d’important à te dire, commença t’elle en ignorant complètement la question qui lui avait été posée. Ton nom est typiquement Winghox, tes origines sont a coup sur la bas. Veux tu en apprendre plus ? »

Parfois Zlata s’étonnait elle-même de la douceur de son ton, l’information avait beau être effroyable et dite avec l’absence totale de tact la définissent, sa voix était empreinte de sympathie. La guerrière n’avait pas souvenir de s’être adresser à quelqu’un de cette manière depuis des années.

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Messagepar Kjeld Ares » 03 Juil 2009, 12:12

Encore un silence, à croire que cette journée en serait jalonnée jusqu'à la tombée de la nuit ! Ça n'était pas pour déplaire à Kjeld qui profitait de ces instants pour se remettre. Et si certains éprouvaient de la gêne lorsque le silence se faisait, ce n'était pas le cas de notre jeune homme. La gêne, il ne la ressentait plus tant elle avait été violente quelques minutes plus tôt. Non. Il n'était plus que fatigué, presque indolent et il frissonna lorsque Zlata reprit la parole. Allons bon ! Qu'avait-elle de dingue à lui annoncer cette fois ? Il laissa échapper un soupir las, épuisé avant même d'en avoir entendu d'avantage. Et pour se défaire du poids qui pesait au dessus de ses épaules, il entreprit d'ajouter quelques planches dans l'âtre, feignant de ne pas s'intéresser à la jeune femme. Pourtant, ce qu'elle avait à lui apprendre figea son geste et il resta ainsi une seconde, son morceau de bois d'où dépassait encore un vieux clou rouillé dans la main. De nouveau, son regard s'était posé sur la Winghox, l'air incrédule.

« Je... vous demande pardon ? »

La stupéfaction passée, Kjeld sentit tout un éventail d'émotions monter à l'assaut. Curieusement, ce n'était pas aussi désagréable que lorsque la demoiselle lui avait annoncé qu'il avait tué. La crainte semblait présente, mais elle était différente de ce qu'il venait de ressentir. Il s'efforça à faire le tri dans les pensées qui se bousculaient en lui, rejetant avec vigueur celles qui lui semblaient tout à coup futiles. Il n'avait pas même refermé la bouche, encore étonné, et ses yeux cherchèrent à déterminer ce que lui voulait finalement Zlata. Il se répéta, machinalement, les mots qui n'avaient pour lui aucun sens sans parvenir à un quelconque raisonnement logique. Et puis, il fallait bien l'admettre, le jeune homme n'était pas tout à fait en état pour soutenir une conversation et encore moins une si... absurde ?

La planche cloutée fut reposée, comme si son bras devenait soudain incapable de la porter d'avantage. Presque résigné, il hésitait encore. Se payait-elle sa tête ?

« Wigauks...? » écorcha-t-il, peu habitué à prononcé un mot pareil.

Une nouvelle fois, ses pensées allèrent vers le sac, mais il se contenta de hocher la tête en signe d'acquiescement. Si ce n'était pas une plaisanterie alors oui, il serait ravi d'en apprendre d'avantage. Et si c'en était une, alors il serait vite fixé. Envolés, ses doutes sur ce qu'il avait été capable de faire et sur ses rêves. Il avait autre chose en tête, une porte à pousser, d'autres paysages à explorer. Il n'y comprenait rien, mais ça le tentait et Zlata semblait disposée à s'étaler, pour une fois. Alors d'accord, il en profiterait, quitte à n'être que l'objet d'une moquerie. Au moins, cela leur ferait passer le temps.

« Qu'est-ce cela, wigauks ? »

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Re: La bicoque

Messagepar Zlata Bolt » 03 Juil 2009, 15:01

« Winghox, dit elle sèchement. On dit Winghox. »

Zlata était passablement vexée de voir le nom de son peuple écorché, elle qui en était si fière. Kjeld qu’en a lui avait semblé si étonné qu’il en avait oublié sa tâche, la femme blonde récupéra le madrier et le jeta au feu d’un geste nonchalant. En fait elle cherchait à définir son peuple, chose difficile tant la question était vaste. De plus il était impossible d’évoquer l’un des groupes habitant Phorior s’en parler de l’autre, leurs légendes respectives ainsi que la situation politique et économique de chacun. Malgré ses airs de brutes épaisses, Zlata avait reçut une certaine éducation et bien qu’elle n’est pas revue sa patrie depuis des années elle en connaissait assez pour décrire à Kjeld la situation délicate entre Tenaag’i et le peuple des mers.

Cependant elle choisie de commencer au plus simple :

"C’est un peuple qui vit très loin au sud, plus loin qu’Aphor dont tu m’as parlé et il faut traversé la mer pour s’y rendre. Je suis Winghox, tout le monde à des cornes là bas. C’est un peuple fort et grand, des fils de Drakmonniss. Tu peux être fière d’en faire partie", acheva t’elle avec un ton patriotique des plus inattendues.

Maintenant il n’y avait plus qu’a attendre le déluge de question qui n’allait pas manquer de succédait à cet déclaration des plus sibylline.

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Messagepar Kjeld Ares » 03 Juil 2009, 15:34

Kjeld hocha brièvement la tête pour s'excuser. Il avait un peu l'habitude, les gens n'appréciaient jamais tellement que l'on écorche leur nom, leur prénom et manifestement, le nom de leur peuple... Il imprima soigneusement cette prononciation dans un coin de sa tête et se la répéta plusieurs fois d'affilé afin d'être certain de la retenir. Difficile. Mais s'il voulait éviter les mandales ou pire, connaissant Zlata et son fichu caractère, mieux valait pour lui qu'il s'en souvienne... Il regarda la planche aller au feu et en éjecter quelques tisons rougeoyants tout en buvant les paroles de la dite Winghox.

Loin au sud, il avait compris. À leur première rencontre, Zlata avait parlé d'un continent appelé Phorior, loin au sud, plus au sud même qu'Aphor. Cela, c'était facile à assimiler. La suite en revanche lui posait quelques petits problèmes. Tout le monde là-bas avait des cornes, comme Zlata, donc. Bien. Un peuple grand et fort, facile à imaginer lorsque l'on observait un peu la jeune femme. Kjeld supposa que tous ceux de son peuple devaient également parler avec cette voix rauque, à base de grognement furieux. Ça devait être d'un joyeux ! Il se demanda même s'ils n'étaient pas plutôt un peuple de sauvages qui se mettaient sur la figure à la moindre occasion. Puisse Zlata être protégée de cette tradition. Et puis il secoua la tête, s'interdisant de décrier un peuple qu'il ne connaissait pas et qui semblait faire la fierté de son amie. Après tout, ça ne devait pas être évident d'être éloigné de sa famille... et peut-être était-ce ce qui expliquait la mauvaise humeur chronique de la jeune femme. Mais plus encore, il fut saisit par la dernière affirmation quasi triomphale de Zlata. Les fils de Drakmonniss ? En être fier ? Lui trouvait cela plutôt effrayant !

Et tout à coup, il sursauta.

« Vous êtes folle ?!! » s'exclama-t-il.

La question, purement rhétorique, venait de lui échapper. Dans la seconde immédiate qui suivit, il s'en voulu cruellement et appréhenda une réaction brutale, clignant subrepticement des yeux en anticipation à ce qui allait lui tomber dessus. Et puis tout à coup, il se leva d'un bond, atterrissant hors de portée de main de Zlata. Il mit quelques secondes à retrouver un semblant d'équilibre, son mouvement lui ayant siphonné la moitié de son sang. Sa tête tournait et il dû s'appuyer sur la tablette de la cheminée, froissant le justaucorps qui y séchait. Lorsque ses esprits revinrent, il chercha son sac des yeux, alla le chercher et revînt à sa place. Il restait silencieux, sur le qui-vive, épiant toujours la jeune femme au cas ou l'idée d'une correction lui prendrait pour se laver de l'affront qu'il pensait lui avoir fait.

« Si je suis Winghox, et il s'appliqua particulièrement à bien prononcer ce mot, alors pourquoi n'ai-je pas de cornes ? Pourquoi n'ai-je pas l'âme d'un guerrier ? » questionnait-il pendant qu'il farfouillait au fond de son bagage.

« Et puis pourquoi l'idée même d'avoir un lien de parenté avec cette chose me rend malade...? Je veux dire... » tenta-t-il de rectifier.

Mais il ne trouva rien qui puisse rattraper le coup... Ce qu'il cherchait venait de surgir du sac, mettant fin à ses questions. Il y avait là, tâché par les fruits secs qu'il avait l'habitude de transbahuter, un fanion originellement blanc frappé du blason Winghox et une broche dorée à l'effigie de Belrin. Ces ceux objets lui avaient servit l'un de lange, l'autre d'épingle à nourrice, pourrait-on dire. Et loin de se poser la question de quelle serait la réaction de Zlata lorsqu'elle apprendrait que le jeune Kjeld avait fait ses petites commissions toute son enfance dans son majestueux fanion Winghox, il le lui étala sous les yeux, avec la broche.

« J'ai gardé cela, commenta-t-il bêtement, je les portait étant enfant. Personne n'a jamais su me dire d'où venait ce blason et on a mainte fois tenter de voler la broche pour son métal précieux. »

Il s'arrêta et pencha doucement la tête, cherchant un meilleur angle pour observer les dessins sur le linge jaunit par le temps et ce qu'il avait subit.

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Messagepar Zlata Bolt » 10 Juil 2009, 14:32

Au virulent rejet de Kjeld, Zlata songea qu’elle n’aurait peut être jamais du lui confier ses soupçons. En plus il l’avait traitée de folle. Elle avait entendu bien pire et elle-même avait usées à loisirs de moult images fleuries à diverses occasions, mais tout de même, il n’est jamais agréable de ne pas se voir prit au sérieux. De toute façon, la borgne avait prit sa décision et elle ne revenait jamais en arrière. En plus maintenant qu’elle avait commencé, autant finir.

Avant qu’elle n’ait pus assurer au jeune homme que ses intentions à son égard n’étaient pas belliqueuses, il s’était rassit à ses côtés et s’interrogeait sur sa nature en fouillant son dans sa besace. Zlata préféra répondre avant qu’il ne lui pose d’autres questions mais elle n’en eut de nouveau pas le temps. Kjeld lui brandissait sous le nez un fanion Winghox dans un état pitoyable. Il avait visiblement servie de serpillière pour écuries ou quelques autres objets de ce genre car la couleur en était passée et le symbole de son peuple presque illisible.

« C’est un drapeau Winghox, commença t’elle, mais je ne veux pas savoir qu’elle usage tu en as fait. »

La guerrière se rendit compte avec un temps de décalage qu’elle venait de faire de l’humour. Etrange. Mieux valait prouver tout de suite au jeune homme que ses dires était vrai, Zlata sortit sa dague et lui montra les gravures inachevées su le manche trapue. Plusieurs symboles y dansaient entre des arabesques purement décoratives, parmi ceux-ci le symbole du drapeau du jeune homme apparaissait plusieurs fois. La blonde porta ensuite son attention sur la broche :

« Et ça, dit elle en désigna avec désinvolture l’effigie, c’est la déesse des Tenaag’i. Avant que tu ne pose la question, les Tenaag’i forment le second peuplent de Phorior. Winghox et Tenaag’i sont sensées être ennemis. Je pense que c’est un combat qui n’a d’autres utilités que de mettre l’ambiance mais il est stupide et sans réel motif. »

Zlata se concentra quelque instant, quelles questions avait posées son compagnon quelques instants plus tôt ? Cela lui revint en mémoire et les Tenaag’i allait l’aider à répondre :

« Si tu n’a pas de cornes c’est que tu est métisse, le fils d’une Tenaag’a et d’un Winghox. »

Que son père est été Tenaag’a était peu probable vu que les mâles de ce peuplent n’était généralement pas autorisé à quitter leur cité. Et les Winghox faisait souvent de mêmes avec leur femmes.

« Pour ce qui est d’avoir l’âme d’un guerrier, ma foi cela ne vient pas à la naissance par magie, il faut l’apprendre. Moi-même j’ai jadis était une de ses gamines mièvres et stupides. Et pour te répugnance vis-à-vis de la grande Reine des mers, et bien disons que l’on ne choisit pas sa familles et qu’il faut faire avec ou s’en débarrasser. »

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Re: La bicoque

Messagepar Kjeld Ares » 31 Juil 2009, 10:29

Plus qu'il n'aurait du, il fixait Zlata, cherchant à interpréter la plus petite de ses réactions. Il tremblait, sans parvenir à déterminer si ce fait était du au froid ou à sa soudaine excitation. Et si elle savait ? Oui, et ensuite ? Elle n'était pas obligée de parler, elle pouvait lui mentir, l'entortiller dans une histoire abracadabrante dans le simple et unique but d'arriver à ses fins. Quelles fins ? Et bien, elle se rendait en Aphor, à ce qu'elle lui avait dit, et le chemin semblait dangereux. Peut-être avait-elle besoin de lui. Il en avait tant entendu, des histoires de sacrifices pour passer des portes sombres... Mais non, non, non. Zlata avait beau être une brute épaisse dépourvue de patience, Kjeld avait la sensation que la fourberie ne faisait pas partie de ses défauts. Le manque de sommeil et de nourriture lui faisait penser n'importe quoi. Il devait se ressaisir et cesser de divaguer.

Divaguer... Elle n'avait pas divagué, elle, lorsqu'elle avait prétendu qu'il avait tué ? Et tout concentré à épié les mouvements de l'âme de Zlata dans son unique œil gris, il continuait sa torture mentale, passant d'une idée à une autre sans la moindre logique, effleurant parfois les portes de l'absurde dans ses raisonnements. C'est que, à force d'écouter les légendes en tout genre de ce royaume, il avait en tête de quoi faire d'horribles cauchemars éveillés jusqu'au restant de ses jours. C'était, pensa-t-il subrepticement, le meilleur moyen de devenir paranoïaque et superstitieux. Mais il n'était ni l'un ni l'autre, ou du moins l'espérait-il. Et la voix rauque de Zlata le tira du fil incohérent de ses pensées.

« Un drapeau Winghox... » répéta-t-il bêtement.

Il semblait ainsi mieux faire pénétrer l'information dans son cerveau fatigué. Un drapeau qui venait d'un autre continent, bien éloigné de Quassia. Un drapeau qui n'était pas venu tout seul jusqu'ici. C'était un drapeau Winghox, et il avait servit de lange à un Winghox. Les yeux sombres du jeune homme regardèrent les gravures sur la dague que lui tendait Zlata, attentif et hébété. Il reconnu immédiatement le symbole, parce qu'il avait longtemps contemplé celui de son fanion maltraité. Alors il hocha la tête en signe de résignation. D'accord, Winghox.

La suite lui arracha une grimace désapprobatrice. Le dédain manifeste de la jeune femme pour la broche n'augurait rien de bon. Elle parla d'une autre race, vivant également sur Phorior. Une race qu'elle ne portait manifestement pas dans son cœur. Elle évoqua une guerre, une guerre sans motif d'après elle. Pourtant, malgré les doutes qu'elle exprimait, Kjeld sentit qu'elle entretenait un dédain non dissimulé pour cette autre race et se demanda secrètement comment on pouvait en arriver à mépriser son voisin sous le motif que cela « mettait l'ambiance ». Il ouvrit la bouche, prêt à poser la question, lorsqu'il se ravisa. Tout à coup, il n'avait pas tellement envie de titiller la susceptibilité de sa compagne de route. Et puis cette dernière venait de lui couper la parole, ce qui l'arrangeait. Il écouta la suite, hébété. Combien d'années avait-il passé à comprendre d'où il venait ? Et aujourd'hui, en quelques minutes, toutes les questions qu'il n'avait jamais osé se poser trouvaient réponse. Effrayant !

Plus effrayant encore fut la dernière remarque de Zlata. Non, on ne choisissait pas sa famille. Kjeld n'avait pas choisit Alastar. Quant à s'en débarrasser...

« Je crois... » commença-t-il avant de se raviser.

Oui. Il croyait. Il en avait rêvé, du meurtre de son tuteur. C'était à partir de là, que ses maudits cauchemars avaient commencé à le hanter. Mais il n'était pas sûr, et il préféra se taire et changer de sujet.

« D'accord. Un parent Winghox, un parent Tena... ghi ? Hésita-t-il avant de se souvenir que, étant donné le peu de respect que portait Zlata pour cette race, elle ne se fâcherait pas qu'il en écorche la prononciation. Métisse. » Récapitulait-il.

Et puis soudain, il leva le nez de son fanion et planta son regard sur le visage de Zlata. Il y avait autre chose, mais il hésitait franchement. Cela semblait absurde, puisqu'il avait vécu en Païlandune depuis qu'il était nourrisson. Il détourna son regard afin de vérifier la qualité du feu et se permit d'y ajouter un vieux tasseau fendu, juste pour se donner contenance. De nouveau, il se leva et se dirigea à pas lents vers la fenêtre. Il posa observa les chevaux d'un air absent, cherchant à se souvenir avec précision. Puis, comme si une main invisible l'avait poussé, il se décida enfin à parler. Il ne doutait pas que la jeune femme le prendrait pour un cinglé, mais au point où il en était, ça lui était égal.

« Il y avait une forêt dense et bruyante et tout à coup, plus un seul arbre mais des roches, noires. On aurait dit que tout avait brûlé. Il n'y avait aucune végétation, juste les rochers et la terre. Noirs et luisant, et coupant aussi. Et en bas... il plissa les yeux comme si cela avait pu l'aider à mieux visualiser. En bas, une étendue claire au bord de l'océan. Je m'en souviens parce que le contraste était frappant. Les rochers noirs et la plage blanche. Elle brillait, comme si elle était recouverte de givre. Mais je n'ai jamais retrouvé cet endroit en Païlandune. » Conclu-t-il en se tournant brusquement vers Zlata.

Oui, c'était fou. Fou d'espérer, fou d'y croire. Mais cette histoire de soldats, d'arbalète, de meurtre, commençait à prendre des allures de déjà vu et il devait savoir.

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Messagepar Zlata Bolt » 06 Aoû 2009, 15:53

Kjeld se montrait de plus en plus insistant et fixait Zlata d’un regard étrange, il semblait soupçonneux et perdu dans un enchevêtrement inextricable de pensées et de souvenirs. Zlata pour sa part commençait à perdre le peu de patience dont elle n’eut jamais était dotée. Elle n’aimait pas être observée et encore moins s’exprimer. Chez elle le silence était roi, et voilà que le jeune homme lui avait fait aligner plus de mots en quelques jours que tous les Astalans qu’elle avait rencontrés depuis son exil. Mais le jeune homme amenait les mots à lui, comme s’il parvenait à gagner la confiance de toutes les personnes se tenant près de lui, étrange personnage en fait, peu être était-ce du à sa double origine. Zlata en vain à ce demander si les attribut monstrueux que l’on prêtait au métisse ne tenait pas plutôt de quelque fabulation autour de caractéristique certes étonnante mais nullement belliqueuse ou chimérique.

Kjeld se remit à évoquer son passé d’une voix quasi mystique et Zlata fronça les sourcils. Ce qu’il décrivait à la Winghox n’était autre que le l’endroit étonnant où les plages de nacres, l’échine de Drakmonniss et les foret des femmes guerrières se réunissaient. Rien d’étonnant à ce que Kjeld parla avec tant de mystère car les hautes montagnes sombres étaient le théâtre de nombreuses histoires romanesques et autres ballades. Les replis dentelés de roches étaient pris très au sérieux chez les Winghox et on les décrivait comme le lieu de vie de nombreux monstres gardant des trésors dont nul n’oserait rêver. Bien que Zlata ne s’y soit jamais rendue, elle savait que le littoral était le seul endroit praticable de la chaîne et qu’il permettait de traverser la frontière. Le souvenir de Kjeld avait donc peu de chance d’être une fabulation.

La Winghox dégaina sa dague et entreprit de poursuivre son travaille d’orfèvre en traçant de la pointe de la lame des motifs imaginaires sur le fourreau de l’arme, le feu allumait une lueur oranger sur le métal sombre.

« Cette montagne, c’est l’échine de Drakmonniss, elle s’étend du nord au sud sur tous le continent et sert de frontière. La forêt doit être en terrain Tennag’i mais les plages blanches sont chez les Winghox. Ce lieu que tu as traversé et le seul chemin possible pour passer d’un territoire à l’autre. Tous les Winghox ou presque on sur eu un morceau de l’échine, c’est un porte bonheur qui éloigne les tempêtes. » Elle avait sourit sur la dernière phrase, les coutumes quelle qu’elle soit était toujours étrange.

Elle hésita une seconde puis tout en songeant qu’elle se jetait dans la gueule du loup elle ajouta :
« A tu d’autre question ? »

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Messagepar Kjeld Ares » 06 Aoû 2009, 16:51

Désolée, je me jette sur ce topic dès que tu y réponds, mais j'y suis pour rien, je l'aime bien :026:

*°*°*°*°*°*°*°*°*

Il avait ouvert la bouche, stupéfait. Car s'il s'était à moitié attendu à ce genre de réponse, qu'elle lui soit assénée avec une telle tranquillité le laissait les bras ballants. Oui, il avait d'autres questions, et comment qu'il en avait ! Pour l'heure, il se contenta de serrer les lèvres et laissa échapper un soupir contenu, trahissant la lutte intérieur qu'il menait. Comment, par Amroth, parvenait-il à se souvenir d'un paysage qu'il n'avait jamais vu ? C'est à peine s'il se souvenait de son enfance sur les route de Païlandune et il avait, quelque part au fond de lui, des images aussi nettes que s'il les avaient vues la veille. Des images qui ne lui appartenaient pas mais qui lui avaient été imposées, en rêve, depuis la mort du vieil Alastar. Alors Kjeld choisit de garder le silence. D'abord, Zlata risquait de le prendre pour un véritable dément, ensuite, il n'était pas encore sûr, malgré ses doutes grandissant.

Il jeta un regard lointain sur l'arme que s'appliquait à sculpter la jeune femme, hypnotisé quelques instants par les reflets chatoyant des flammes sur la lame, par les ombres dansantes sur les mains de Zlata.

« Non. » répondit sa voix, détachée comme si un autre avait parlé pour lui.

Il se tourna résolument vers l'extérieur et observa le paysage désolé à travers les carreaux. La buée s'était collée là, au rythme de sa respiration irrégulière. Dehors, les chevaux courbaient l'échine comme deux malheureux et semblaient au moins aussi liquides que la pluie s'abattant sur eux. Manifestement, ce déluge n'était pas prêt de s'arrêter, ce qui n'était pas sans déplaire au jeune homme. Se retrouver enfermé ici à ruminer de sombres pensées ne l'aidait pas vraiment à y voir plus clair. Et puis, trop habitué à sa liberté sans limite, il se sentait prisonnier. La pluie, le froid, ça ne le dérangeait pas plus que cela. L'intérieur trop silencieux de la bicoque où régnait une atmosphère pesante en revanche, ça lui devenait insupportable. Malgré la fatigue, malgré la douleur, malgré le vertige après ce qu'il venait d'apprendre en quelques heures, il n'aspirait plus qu'à une seule chose : sortir.

Il essuya, d'un revers de main, la buée sur la vitre fêlée. Par dessus les plaines, comme un nuage rampant que les herbes hautes retenaient de leurs bras graciles, la brume s'avançait, opaque et inquiétante.

« Pourquoi avez-vous quitté vos terres ? Demanda-t-il brusquement. Et comme s'il venait de se rendre compte que la question lui avait échappé, il s'empressa de préciser, presque comme une excuse. Vous devriez vous entendre en parler. Vous semblez les aimer, mais vous les avez quittées. »

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Messagepar Zlata Bolt » 07 Aoû 2009, 22:16

O, bah y'a pas de mal. Je suis contente qu'il te plaise^^.


Le silence s’installa de nouveau entre les deux compagnons, ne laissant place qu’au bruit de la pluie sur les tuiles et aux chants sauvage du vents des les branches. Ces sons, Zlata les appréciait presque autant que ceux de la mer et elle aurait donné beaucoup pour pouvoir s’en délecter plus longtemps. Mais Kjeld n’allait pas manquer de le rompre par une nouvelle question au quelle elle se sentirait obligée de répondre. Enfin, ce n’était pas si désagréable de faire la conversion de tant en tant.

La taciturne blonde n’eut pas à attendre top longtemps la réponse de son compagnon. Une étrange et pour le moins étonnante réponse monosyllabique qui ne siée guère au jeune homme. Zlata leva les sourcils en se tournant à demi vers Kjeld, elle le jaugeât quelques instants pour voir s’il ne lui dissimulait rien, mais peu douée dans l’étude de la gestuelle humaine, elle haussât les épaules et retournât à sa tâche.

Quelques instants passèrent pendant lesquels la Winghox s’appliquait à tracer une ligne de points autour de la bouterolle du fourreau. Soudain, Kjeld s’enquit du passé de la Winghox, la lame dérapa et entailla peu profondément son index.
« Morguenne ! »
Zlata porta aussitôt le doigt à sa bouche. Ce berf répit lui permit de réfléchir à l’attitude à adopter. La femme n’aimait pas évoquer son passé mais n’éprouver ni honte ni regret vis-à-vis de ses actes. Et puis elle ne pouvait pas faire comme si elle n’avait pas entendue les questions du jeune homme, s’eut était trop simple.

« Mon passé n’est pas plus noir qu’un autre. Mais je n’ai pas non plus envie de te faire paniquer…, Zlata n’osât terminer sa phase de peur de vexer Kjeld. Enfin, à toi de voir. »

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Re: La bicoque

Messagepar Kjeld Ares » 10 Aoû 2009, 12:59

« Au point où j'en suis... » rétorqua Kjeld entre lassitude et ironie.

Il aimait cela, entendre ce que les autres avaient à raconter. Il y avait par ailleurs consacré une grande partie de sa vie, comme si écouter le passé des autres lui faisait oublier le sien. Et puis au fil du temps il avait prit plaisir à se bercer de légendes locales ou de rumeurs pittoresques, s'imaginant un autre, dans un contexte plus féerique que celui dans lequel il vivait. Les exactions de Livian et des hommes de son armée n'avaient rien de merveilleux. Les lucioles de la forêt des Ombres, si. À condition qu'elles aient jamais existées bien entendu, et puis encore, la part de rêve était avantageusement plus distrayante que la réalité morne de ce royaume.

Mais cette fois il resta à sa place, sans bouger autre chose que la tête. Son attention oscillait entre l'extérieur qui l'attirait et Zlata – oserait-il dire de même. Il posa un regard serein sur la coupure qu'elle avait portée à ses lèvres, souriant à la manifestation de contrariété qu'elle laissa échapper de son habituelle voix rauque. Un sourire qu'il effaça bien vite, tout à coup alerté par la mauvaise interprétation que pourrait en faire la Winghox. Il ne manquerait plus qu'elle s'imagine être l'objet de sa moquerie ! Cherchant à échapper à son regard, Kjeld jeta un coup d'œil distrait sur les chevaux, sans véritablement les voir.

« À dire vrai, cette décision vous reviens. Après tout, c'est votre histoire et vous seule êtes en mesure d'estimer si vous souhaitez la raconter, ou pas. Mais si vous me demandez mon avis, alors oui, j'aimerais voir. »

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Re: La bicoque

Messagepar Zlata Bolt » 18 Aoû 2009, 16:52

Et voilà, elle allait se retrouver à débiter ses souvenirs d’enfance. Zlata émit un son à mi-chemin entre le grognement et le soupir à feindre l’âme, incarnation auditive de la lassitude et de l’exaspération. Mais contre elle-même cette fois. Elle avala une nouvelle lampée de liqueur pour se délier un peu la langue. La Winghox n’était pas du genre à boire pour oublier ou s’amuser, elle savait ce qu’elle faisait et étonnamment elle avait l’alcool joyeux. Pour autant elle ne s’y était jamais abandonnée au point de ne pas ce souvenir d’une soirée. Dans son travail les tentatives d’assassinas étaient monnaie courante et un incident était vite arrivé.

La cornu blonde rengaina sa dague, la posa au sol accompagné de la flasque et se releva pour aller s’adosser à un mur couvert de mousse.

« Tans pis pour toi, commença t’elle dans un souffle.

Et maintenant comment continuer ? Autant prendre les événements dans l’ordre, si elle attaquait tout de suite par le meurtre de son géniteur il y avait fort à parier que Kjeld se jette sous les trombes d’eau pour la fuir. Quoique, cela pouvait être amusant…Par la fenêtre la pluie tombé toujours, de là ou elle était Zlata ne voyait pas les chevaux mais elle pouvait aisément imaginer leur air dépité.

Finalement elle commença à parler tout en fixant la cheminée délabrée. Comme si sa voix rauque cherchait à percer le secret du sourd ronflement des flammes

« J’aime mon peuple et j’en suis fière car il est grand et puissant. Ce n’est pas par plaisir que je suis partie mais par obligation. J’avais une maison éloignée de la ville, un père, une mère, cinq petites sœurs et un grand frère, elle sourit intérieurement, cette histoire commençait comme un conte de fée. Une vie normale en fait, résuma t’elle. J’étais curieuse et je me posais toujours pleins de questions stupides mais je tenais les comptes à la maison. Parfois j’accompagné mon frère à la capitale pour faire commerce –on avait des moutons- mais il ne se contenter pas de marchander. Il avait un ami là-bas. Plutôt un amant pour tout dire…

Zlata s’interrompit, l’air songeuse elle fixait toujours le feu crépitant faisant écho au son de la pluie. Définitivement hypnotique ce feu. Elle se souvenait très bien du jour ou elle avait surprit les deux jeunes Winghox en plein baisait. Aujourd’hui elle les aurait engueulés pour leur manque de discrétion, à l’époque elle avait rougi, balbutié puis prit la fuite. Une vraie cruche... Son frère avait du lui courir après pour lui faire jurer de tenir sa langue.

« Moi j’ai rien dit, j’aimais mon frère. Mon père a finit par l’apprendre, il avait des contacte à la ville tu comprends. Alors il a tué mon frère.

Zlata se tue. Ce meurtre était l’élément le plus important de son existence. Ce jour là elle avait changé du tout au tout, elle avait renoncé à ses croyances, ses espoirs, ses principes. Elle avait cesser de se poser des questions et elle avait agit :

« J’ai tué mon père. » Cette fois elle regarda Kjeld en attente de sa réaction. C’est qu’un parricide ne n’était pas rien tout de même.

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Re: La bicoque

Messagepar Kjeld Ares » 19 Aoû 2009, 21:37

Silence, au-dessus, mis à part le roulement menaçant du tonnerre.
Silence, dehors, mis à part le bruit mat des gouttes s'écrasant sur les tuiles.
Silence, dedans, mis à part le ronflement du foyer capricieux dans l'âtre.

Silence tout à coup brisé par la mélodie peu romantique de la voix de Zlata. Un grognement, encore un, ou un soupire peut-être, voir un râle si on y écoutait avec plus d'attention. Kjeld tressaillit à l'idée qu'il était susceptible d'exaspérer un ennemi potentiellement redoutable mais se garda bien de tout commentaire, de tout regard, de respirer même. Il avait retenu son souffle un instant, priant Alrik puis Amroth, puis Drakmonniss tour à tour pour que la jeune femme ne lui saute pas dessus, dague en avant. Il ne savait plus très bien vers quelle Infinitude – ou monstruosité dans le cas de Drakmonniss – se tourner et trouva finalement bien fatiguant toute cette foi. Tant pis pour les prières, il avait ses jambes ! Et si la Winghox faisait mine de se lever, il aurait tôt fait de déguerpir... quand-bien même il ne savait pas monter à cheval...

Ses yeux sombres suivirent le cheminement tranquille de Zlata, épiant ses moindres réactions, sur le qui-vive. Lorsqu'elle prit enfin la parole, il se détendit légèrement et se laissa bercer par sa voix décidément curieuse et peu féminine. Il écoutait, l'air distrait, habitué aux longues histoires contées des heures durant et dont les narrateurs prenaient souvent un malin plaisir à ouvrir les tiroirs. Les anecdotes s'ajoutaient alors au fil principal, anecdotes sur lesquelles venaient se greffer d'autres détails, d'autres évènements rocambolesques et qui faisaient au final d'une banale légende une gigantesque épopée aux subtilités sibyllines. Lui, l'oreille exercée, se contentait de garder le silence et d'avaler chaque mot dans une immobilité totale, patient et insatiable.

Il aurait dû s'y attendre et pourtant, il fut presque surpris de constater à quel point le récit de la jeune Winghox était si court. Écourté volontairement ou défaut récurent chez cette femme qui semblait manifestement récalcitrante à se laisser aller à la parole, il hésitait entre les possibilités. Sans doute un mélange des deux. Lorsqu'elle eut terminé, il délaissa le paysage extérieur pour se tourner vers elle, l'interrogeant muettement du regard sans insister. C'était vrai qu'il avait l'habitude de ces récits. C'était vrai qu'en temps normal il se hâtait de poser un millier de questions pour étoffer sa compréhension. C'était vrai, aussi, qu'il avait pris la fâcheuse manie de lancer ce regard quasi inquisiteur afin de vérifier l'honnêteté du conteur. Mais avec Zlata, il ne fit rien de tout cela. Parce que Zlata n'était pas un de ces ivrognes ou beaux parleurs que l'on croise au détour d'une auberge. Elle était une guerrière, doté d'un sacré fichu caractère et armée, outre d'une arbalète, d'une magnifique dague qui ne demandait qu'à vous tailler les chaires. On ne provoquait les gens comme Zlata. On ne doutait pas de leur parole. Parce que ce qu'ils racontaient n'étaient pas des fables, mais un morceau de leur propre vie...

Alors Kjeld se contenta de hocher la tête afin de signifier qu'il avait compris – ou entendu. Dans son esprit encore assez lent, il rappelait chaque mot et les analysait, les ressassant dans un sens, puis dans l'autre. Des histoires qui tournaient mal à cause d'une affaire de cœur, il en connaissait une bonne bibliothèque. Celle-ci pourtant était sensiblement différente. Oui. En Païlandune aussi, ces relations ambigues étaient proscrites. Un tabou. L'oeuvre d'Amroth, vous diraient les Prêtres dévoués à Alrik. Lui n'avait pas d'opinion. Il avait tant voyagé qu'il avait pu observer des relations bien pires encore, plus viles, plus perverses et pratiquées souvent par ceux-là même qui condamnaient les petits travers des autres. C'était le point qui l'avait le plus marqué de l'histoire. Venaient ensuite les détails. Elle aimait la puissance de son peuple, un sentiment commun et que Kjeld ne partageait pas tellement. Lui admirait la paix, perdu dans son monde utopique d'homme privé d'enfance. Et puis elle avait tué son père. Cela aussi, lui sembla être un détail. Il avait connu des récits où les protagonistes avaient fait bien pire...

Il respecta un nouveau silence pendant lequel il prit le temps de réfléchir, évitant soigneusement le regard de Zlata... au cas où...

« Mais pourquoi être partie ? » finit-il par demander, pensant naïvement que Phorior était au moins aussi grand que Païlandune et qu'il était par conséquent facile de s'y cacher en dissimulant son identité.

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Messagepar Zlata Bolt » 23 Aoû 2009, 21:54

Avec toutes ces histoires de parlotte et de mauvais souvenirs réciproques Zlata avait de nouveau envie de fumer. Elle hésita un instant, pesant le pour et le contre de la situation et renonça finalement, jugeant que sa réserve de tabac ne tiendrait jamais jusqu’à Guttenvald à ce rythme là.

Zlata fixait toujours Kjeld, ce n’était pas son genre d’agir ainsi mais le comportement du gamin était décidément terriblement contagieux. Il n’avait pas l’air perturber le moins du monde. La Winghox songea qu’elle le sous-estimait peut être. Après tout elle ne savait pas grand-chose de sa vie en fait et il avait peut être laissé traîner ses oreilles dans des racontars peu ragoûtant plus d’une fois. Oui, c’était tout à fait possible. Qui sait ? Par contre il était déçut, cela se voyait, se sentait même et la guerrière n’eut aucun mal à comprendre pourquoi. Son récit n’avait pas du durer plus de dix minutes. Et encore, elle était généreuse dans son estimation. Elle avait pas mal écourté en fait. Passant sous silence certain fait comme l’aide qu’elle avait apporté à son frère pour ses « entrevus » comme il disait, sa naïveté stupide de l’époque, ce qu’il était ensuite advenus de sa famille- mais cela elle l’ignorait- et puis négligeant les détails, escamotant l’intérêt de l’histoire. Elle n’était pas conteuse après tout ! Elle laissait ce rôle au poivrot et au porteur d’heuchère !

Elle reporta son attention sur la fenêtre, ils étaient en pleine journée mais les nuages avaient dévoré le soleil, le ciel était devenu grisâtre comme une nuit d’automne. Un beau gris bleu, très sombre, ardoisé, apaisant. Comme la mer.

Le silence fut de nouveau perturbé par le jeune métis. Zlata ne prit même pas la peine de la regarder, elle imaginait très bien son air étonné mais curieux de comprendre. On aurait dit un gamin grandit trop vite, mais un gamin malin. Et puis si la blonde avait fixé Kjeld cela l’aurait certainement mis mal à l’aise. Elle eut tout de même un pâle sourire à cette interrogation quelque peu naïve, mais un sourire amer.

« C’est petit chez moi. Et tout le monde se connaît, même les Winghox vivant loin les uns des autres. Et les femmes n’ont pas droit de cité, c’est pire encore que chez les Astalans. Tu m’imagines me baladant en pantalons alors que pour mon peuple j’ai commis le pire crime qui soit ? »

Sa voix changea légèrement, comme si elle répétait une maxime ou une vérité absolue et inébranlable auquel même les dieux devait ce plier :

« Un Winghox doit respect à ses aînés, seul eux ont sagesse nécessaire pour commander. Un père à droit de regard sur son domaine, ses bêtes, ses héritiers mâles, sa femme et ses filles. En ordre d’importance. Il peut faire ce que bon lui semble d’eux. »

Elle grogna. C’était une de ces leçons comme tout le monde en connaît, apprise à force de coup et d’efforts elle devenait familière mais n’était jamais vraiment assimilés. Un peu comme un fardeau dont on ne peut plus se débarrasser. Zlata l’avait fait depuis longtemps, du moins s’en était elle persuadée.

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Messagepar Kjeld Ares » 25 Aoû 2009, 11:03

Kjeld s'était retourné plus brusquement qu'il n'aurait dû, piqué au vif par cette histoire de femme et d'ordre d'importance. Bigre ! Ça avait l'air bien pire qu'en Païlandune. Il pencha la tête avec un air méditatif, se répétant machinalement les paroles de Zlata et cherchant une manière d'y répondre susceptible de ne pas déclencher un mouvement de colère chez elle.

« En Païlandune, le pouvoir revient au plus riche, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. Les héritages sont transmis au conjoint ou à l'aîné des enfants dans le cas de la mort des deux parents. Si l'aîné est un homme, il devient un homme riche et puissant. Si c'est une femme, une femme riche et puissante. On ne peut pas véritablement dire qu'on y gagne le respect, parce qu'en ce royaume, être puissant vous fagote de toute une ribambelle de dévots que vous n'aviez pas en étant simplement modestes. Et si vous étiez pauvres, alors vos ennemis de toujours deviennent vos amis à la seconde où vous touchez votre argent, vos biens et vos terres. En Païlandune, les droits qui vous incombent dépendent directement de votre fortune... pas de votre sexe... »

Il marqua une pause, le regard rivé sur Zlata afin de vérifier qu'il ne s'était pas fourvoyé dans ses conclusions.

« Évidemment, reprit-il, il y en a toujours pour faire exception. J'ai vu des femmes très soumises à leur mari. Elles n'avaient pas tellement d'autres droits que se taire et accepter leurs conditions misérables. Mais j'ai aussi vu l'inverse, bien que ce soit plus rare. Et des enfants... »

Mais il s'interrompit, sentant tout à coup sa voix s'étrangler. Il reporta son regard sur l'extérieur et inspira, cherchant à retrouver un semblant de calme le plus rapidement possible.

« Oui, les pantalons pour les femmes sont très mal vus ici aussi. Et je ne vous parle pas de monter à cheval comme un homme ! » Éluda-t-il.

Il frissonna et choisit de se rapprocher du feu, délaissant sa fenêtre qui offrait un tableau splendide, quoi qu'un peu mélancolique sur les bords. Il alla effleurer son justaucorps, vérifiant où il en était question humidité. Pas encore tout à fait sec. Il jeta quelques morceaux de bois dans l'âtre, jugeant qu'ils en seraient bientôt à court. Le déluge n'avait pas l'air prêt de s'arrêter dehors et il devinait qu'il leur faudrait repartir sous la pluie de toute façon. Ses yeux se posèrent brièvement sur la fiole d'alcool avec une lueur de mépris et de crainte mélangées, puis il alla se rasseoir et s'enveloppa dans la couverture qui lui avait servit de couche, lorsque Zlata l'avait ramenée jusqu'ici.

« J'aimerais savoir, quel est le plus grave pour votre peuple ? Le meurtre, ou le fait qu'il ait été perpétré par une femme sur un homme ? »

Il s'était saisit de la broche Tenaag'a et en admirait les reflets chatoyant à la lueur des flammes. Une belle femme aux formes généreuses, couchée lascivement. Curieux.

« Et pour vos ennemis, ça vous ennuierait de m'en dire plus ? S'il vous plaît... »
Ajouta-t-il avec précaution.

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Re: La bicoque

Messagepar Zlata Bolt » 30 Aoû 2009, 19:27

Ca y est je répond enfin ! Mais décidément Zlata est radicale, une vraie mule. Je tiens donc à préciser que je ne partage pas les opinions radicales de ce personnage.


Zlata haussât les épaules aux explications de Kjeld. Il était vrai qu’en Païlandune la parité des sexes était mieux respectée, Zlata avait d’ailleurs put le constater à de nombreuse reprise. Il n’en restait pas moins que les femmes étaient pour la plupart traitées comme du bétails ou des fabriques de bébés par les mâles Astalans. De toute façons les femmes ne faisait pas grands chose non plus pour s’en sortirent. Les enfants ne pouvait vraiment pas agir seul mais qu’on ne viennent pas lui faire croire qu’une femme n’avait aucun pouvoir, elle en était l’exemple même du contraire.

Lorsqu’il conclue, elle poussa un faible grognement. Pas question de monter en amazone et encore moins de porter une robe ! Et puis quoi encore ! Mu par son agacement elle ne remarqua nullement le nouveau trouble que le jeune homme avait tenté de cacher derrière cette dernière réplique. C’était courrant chez elle cet aveuglement colérique. De façon générale Zlata agissait comme une mule portant des oeillères mais mieux valait ne pas le lui dire…

Lorsqu’il se rapprocha du feu la Winghox reporta son attention sur lui, elle était prête à parier ses cornes qu’il allait lui poser une nouvelle question. Et elle aurait du parié car dès qu’il se fut enveloppé dans sa couverture et qu’il eut alimenté la cheminée il reprit la parole. Ses propos firent haussé un sourcil de Zlata, elle répondit tout de même :

« Le meurtre est courant et pas vraiment blâmable. Par contre les femmes n’ont pas intérêt à bouger une oreille. »


Elle hésita à répondre à sa deuxième question. On lui avait appris à haïr les Tennag’a et elle y était longtemps parvenus, essentiellement par jalousie en fait, la petite Zlata enviait la liberté de ces femmes sans cornes et elles s’était souvent demandé comment celles-ci réagiraient si elles voyaient débarquer dans leurs forêt une jeune Winghox éprise d’indépendance. Par la suite elle avait mis de côtés ses petits caprices de gamines et elle avait tourné la page. Si elle n’avait pas vraiment envie de croiser les femmes guerrières, elle les respectait pourtant pour leurs aptitudes au combat.

Après tout, si Kjeld voulait parler autant parler. Et puis Zlata se dit que de toute façons il ne lâcherait pas l’affaire :

« Les Tenaag’a sont tout le contraire des Winghox, elle eut un petit sourire goguenard, il paraît qu’elle enferme leurs hommes dans des trous et ne se servent d’eux que pour se reproduire. Mais ce ne sont peut être que des racontars. Rare sont les Winghox à être revenus entier d’un de leur campement. Je te laisse deviner ce qu’elles leurs avaient arrachés…
« Je n’en sais pas beaucoup plus mais apparemment elle ont très peur de l’eau et leurs déesses est sortie de terres comme un champignon. Tut ce que je peux t’affirmer ces que notre conflits n’est pas près de s’achever. »

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Re: La bicoque

Messagepar Kjeld Ares » 03 Sep 2009, 15:44

T'inquiète, moi j'adore son humour et sa franchise ébourifante :002:

*°*°*°*°*°*°*°*°*


Vraiment, il faudrait qu'elle lui traduise un jour la véritable signification de ce son si particulier qu'elle émettait à tout bout de champ. Pour l'heure, le jeune homme considéra qu'il s'agissait d'une lassitude mal dissimulée – voir pas du tout. De l'exaspération peut-être ou bien une simple ponctuation pour signifier qu'elle avait entendu. À vrai dire, c'était assez pratique puisqu'il était inutile de la regarder pour avoir un aperçu de son humeur. Tendre l'oreille suffisait, à condition de faire un interprétation correcte de ses grognements, si interprétation il y avait à faire. Il battit des paupières, comme si cela avait pu l'aider à mieux assimiler l'information qu'elle venait de lui transmettre. Ainsi, le meurtre n'était pas blâmable dans son pays. Pas étonnant qu'elle soit agacée de se coltiner un Kjeld pacifiste au point d'être incapable d'abattre un perdrix pour son déjeuner !

Et puis il sourit malgré lui, étonné par ce que lui racontait Zlata à propos des Tenaag'i dont le sang coulait dans ses veines, s'il avait correctement reconstitué les faits. Il ne se froissa pas du ton quasi méprisant qu'avait employé la jeune femme. Il n'avait pas l'amour de « son peuple » comme elle et pour cause, il ne l'avait jamais connu. Cependant, l'histoire était amusante. Deux races se haïssant si intensément qu'ils s'entre-tuaient avec une barbarie sans nom dès lors qu'ils se croisaient, si l'on en croyait la Winghox ici présente. Deux races qui s'étaient pourtant unies pour lui donner naissance, à lui. Et à se remémorer les précédents propos de la jeune femme, ce genre de chose n'était pas un cas isolé. Cela arrivait, donc. Comment, puisqu'ils se détestaient autant ?

« C'est drôle. Je suis né de deux peuples guerriers impitoyables, et je suis incapable de faire le moindre mal à qui que ce soit... » murmura-t-il.

La broche glissait d'une main à l'autre, poussée d'un doigt, caressée de l'autre, tournée, retournée. Il en défaisait parfois l'attache et la refermait, jouant à occuper ses pensées ailleurs, la voix presque éteinte s'élevait doucement, comme s'il ne s'adressait qu'à lui. Il jeta de nouveau un regard sur le fanion et finit par le plier presque amoureusement, attachant le tout avec le bijou doré pour maintenir les plis en place et rangea le tout au fond de sa vieille besace élimée.

« Je n'ai pas peur de l'eau, j'ai passé une partie de mon enfance à Balaïne. En revanche, je crains Drakmonniss... »

Mais qui ne la craignait pas ? Paradoxe, pensa-t-il. Et cela lui plaisait tout à coup d'en être un. Comme si un poids colossal venait de quitter ses épaules, il se sentit moins écrasé, moins coupable de sa propre naissance. Une sorte de jeu de rôle où il n'était plus l'enfant inutile et maudit comme le lui avait tant répété le vieux. Non. Un enfant interdit, et c'était beaucoup plus amusant et mystérieux. Né de deux peuples en guerre, comme les amants de ces fables, dont les familles se haïssent depuis la nuit des temps et qui bravent tous les dangers, tous les interdits pour vivre leur idylle. Une identité qu'il se ficelait, un masque en quelque sorte, cherchant à se protéger de tout ce qui l'entourait et qui l'effrayait. Mais il restait encore un détail qui venait de lui revenir comme une gifle en plein visage. Cette histoire de soldat. Cette histoire de parricide. Cette histoires de rêves.

« Ne me racontez pas le combat Zlata. Je veux m'en souvenir. » dévia-t-il brusquement.

Puis il leva le nez vers l'une des lucarnes pour regarder dehors.

« Je crois que ce n'est pas prêt de s'arrêter. On peut faire entrer les chevaux pour apporter un peu de chaleur si vous le souhaitez. Et continuer de discuter. Ou bien décider de repartir sous la pluie, ça ne me dérange pas. »

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Kjeld Ares

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Re: La bicoque

Messagepar Zlata Bolt » 08 Sep 2009, 18:00

Pour le *, j’ai pas put m’en empêcher.


Tandis que Kjeld remballait soigneusement ses souvenirs d’enfances, Zlata se prenait à songer aux siens avec lassitude. Mélancolique, elle ? Impossible, ce devait être la fatigue qui l’engourdissait. Bercée par la douce mélodie des percussions de la pluie et le chant du vent dans les longues herbes des plaines, Zlata s’enfonçait imperceptiblement dans le sommeil tout en revoyant le visage des Winghox qu’elle avait connu.

Son père d’abord, qu’elle haïssait et haïrait toujours, sa mère, dont elle n’avait plus que de vagues souvenirs, ses nombreuses sœurs dont seule le nom lui revenait et son frère évidemment pour qui elle avait tout sacrifié alors qu’il était déjà mort. Stupide. Non.
Sur Phorior la petite Zlata jadis un brin naïve s’amusait à faire des colliers de fleur, à courir après les moutons ou à chasser le repas du soir. Comme il n’y avait que deux homme valide, les deux plus grande fille de la maisonnée reprenait parfois quelques tâches masculines : chasser, tondre les moutons, gérer les comptes…Des années tranquilles en somme.

Pourtant la Winghox ne dormait que d’un œil*, on ne se méfiait jamais assez de la vie, petite habitude qu’elle avait prise. Dans son demi-sommeil la blonde guerrière réagissait à quelques mots clés prononcé par son compagnon : « impitoyables », « eau », « Drakmonniss »…

Quand il la nomma elle se réveilla tout à fait. Qu’avait il encore celui-là ? Evidemment qu’elle ne lui raconterait pas ! Depuis quand parlait elle sans qu’on l’y force ?

Cependant la question méritait un peu d’attention. Zlata se redressa et réfléchit. Elle était fatiguée et son attention commençait à diminuer. Il fallait bien avouer que creuser une tombe dans la boue pour deux soldats, même peu profonde c’était assez exténuant. Et cela prend du temps, la fin d’après midi devait être bien entamé. S’ils partaient maintenant ils ne trouveraient pas meilleur abri pour la nuit.

Sans un mot la Winghox se leva, elle passa près de Kjeld, ouvrit la porte au déluge qui n’hésita pas une seconde avant de s’engouffrer à l’intérieur.

« J’y vais », dit elle simplement pour indiquer un jeune homme de l’attendre, puis elle sortit.

La porte se referma derrière elle, la privant de toute lumière. Elle n’y voyait pas grand-chose et fut trempé dans l’instant, autour d’elle tout était sombre et gris, un vrai paysage de désolation... Zlata n’était nullement gêner par l’humidité ambiante mais il n’en était pas de même pour les cheveux qui baissait la tête sous les assaut du ciel. A cause de l’absence de lumière et de leur pelage gorgé d’eau ils paraissaient tout deux noirs. Prestement la femme se saisit des guides du premier cheval, le détacha, l’amena jusqu’à la porte. Elle l’a poussa et le cheval s’avança à sa suite. Elle fit de même avec le deuxième en s’étonnant que les deux animaux obéissent si bien, elle s’était attendus à plus de résistance.

De nouveau à l’intérieur elle laissa les chevaux fumants en plan, se débarrassa de son manteau détrempé et reprit sa place près du feu. Adossait un mur elle replongea dans sa somnolence sans plus se soucier du reste.

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Zlata Bolt

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