Corbeau et chat sur une épaule perchée

Les plaines recouvrent la grande majorité du territoire Nideylien. Fertiles et verdoyantes ou au contraire arides et hostiles, elles s'étendent sans trouver d'autre barrage que les montagnes ou le désert. Par ici, si vous aimez crapahuter dans l'herbe !

Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 01 Sep 2014, 22:40

Ellesme put ressentir le malaise de Siobhán lorsqu'il lui souhaita une bonne nuit, ne serait-ce parce qu'il avait pensé à le lui souhaiter. Elle ne se douta pas un seul instant de ce que son imagination avait pu produire comme idées.
Elle s'était comportée de la sorte avec lui par simple compassion. Mais pas seulement, il lui restait pas mal de route à faire avec lui et elle voulait savoir s'il se sentait capable de continuer. Parce qu'elle se doutait bien que tout prétexte était une bonne excuse chez lui pour se défiler. Au moins, elle était sure qu'il n'allait pas prétendre ne pas pouvoir continuer encore quelques jours à cause de sa tête. De toute façon, il n'avait pas besoin d'avoir les idées claires pour marcher, tant qu'il pouvait le faire...
Et comme il le dit si bien, c'était même plutôt à elle de se plaindre et de réclamer du repos. Mais elle n'en avait nullement l'intention. La mission passait avant tout, d'autant plus qu'elle sentait de moins en moins sa plaie, ce qui était un bon signe.

Elle lui souhaita une bonne nuit à son tour, se demandant toujours ce qui avait bien pu se passer dans sa tête. Dès qu'elle fut déshabillée et couchée, le sommeil ne tarda pas à l'emporter. Et enfin, elle put dormir sereinement sans se préoccuper de leur sécurité.

Lorsqu'elle entendit qu'on l'appelait, elle se releva, les yeux encore fermés de fatigue. Elle mit quelques secondes à reconstituer la situation dans sa tête et comprendre que c'était le jeune homme qui l'appelait. Cette fois-ci, elle ouvrit grand les yeux pour marquer sa surprise. Elle ne lui répondit pas, mais fit glisser ses pieds jusqu'au sol pour qu'il puisse entendre qu'elle s'était réveillée.

Elle salua d'une caresse son corbeau qui dormait dans le tas de vêtements au sol. Elle dut même le réveiller pour les récupérer et les enfiler. Lorsqu'elle fut enfin prête, elle descendit retrouver toute la petite famille qui était déjà debout. Elle déposa un baiser sur la joue de chacun, omettant volontairement Siobhán.

« As-tu bien dormi ma belle ? » Lui demanda Elise. Mais elle n'attendit pas sa réponse pour la faire s'assoir sur une chaise qui semblait l'attendre.
« Vraiment très bien, merci. Si personne ne m'avait réveillé, je crois que j'aurais dormi jusqu'à midi ! Je tiens à vous remercier une fois encore pour ce repos que vous nous offrez. » Elle ne manquait jamais de ne pas mentionner le jeune homme. Mais envers Elise, lorsqu'elle la remerciait, elle le faisait au nom de tous les deux. On lui apporta ensuite une assiette et reconnut à l'odeur des œufs brouillés.

Comme la veille, le repas fut animé, joyeux et bruyant. Mais cela ne la dérangeait pas, bien au contraire. Ça changeait des longs silence qu'elle partageait avec le jeune homme. Pourtant, elle dut rappeler à tous qu'ils allaient devoir bientôt partir, même si elle était certainement la première à en être triste. Mais le devoir devait passer avant tout. Avant même ses propres envies.

« Il nous reste encore beaucoup de route à faire. Mieux vaut partir le plus tôt pour ne pas perdre trop de temps. » Puis aussi pour ne pas trop retarder les adieux. Peut-être était-ce à cause de sa situation, mais en peu de temps elle s'était plutôt accrochée à cette petite famille. Elle sentait que les quitter allait être difficile. Et quand Elise lui répondit, Ellesme en fut certaine.

« Ma chérie, je suis triste de vous voir partir. Restez au moins jusqu'au repas du midi, vous pourrez repartir le ventre rempli et avec les restes. »

A cet instant, Ellesme aurait tellement voulu accepter et même rester quelques jours supplémentaires sans pour autant abuser de leur hospitalité. Mais cela lui semblait être impossible, ils devaient impérativement reprendre la route si elle voulait ne pas prendre de retard. Déjà qu'il en avait très certainement à l'heure qu'il était.

« On ne peut pas accepter... C'est vraiment très généreux de votre part, mais nous avons un délais à respecter. Je pense même que nous aurons du retard, nous ne pouvons nous permettre un plus gros retard encore. »

Elle souriait malgré la peine que cela pouvait lui provoquer de dire ces mots. Elle espérait qu'une chose, qu'Elise comprenne sa raison et l'accepte sans lui porter de jugement ni même lui en vouloir d'une telle décision.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 11 Sep 2014, 18:49

Siobhán leva un sourcil lorsqu’Ellesme ne s’arrêta pas pour lui dire bonjour, vaguement amusé et vaguement vexé parce qu’il n’avait l’habitude que les autres aient quelque chose que lui n’ait pas, même si c’était quelque chose qu’il ne voulait pas spécialement ; mais mine de rien, ça voulait au moins dire qu’elle n’essayait pas de flirter avec lui parce que sinon elle en aurait probablement profité. C’était sympa à savoir, sauf que ça ne lui donnait pas plus de réponses pour le mystère à l’origine.
Il continua de toutes manières d’engloutir son petit-déjeuner avec un bon appétit, la frange dans les yeux – qui était du matin, franchement ? -, notamment parce qu’il savait qu’il n’aurait pas des repas aussi sympas plus tard quand ils seraient dans le désert. Même si ceux-là n’étaient pas au top, il y avait moyen de faire bien pire.

Le temps qu’ils finissent de manger et fassent leur bagages et ils étaient déjà sur le pas de la porte, retenu par Élise qui apparemment se morfondait de les voir partir. Siobhán se demandait bien pourquoi, elle n’avait pas une tripotée de gamin pour lui tenir déjà compagnie ? Rien que pour embêter Ellesme qui essayait de l’éduquer à être reconnaissant, il s’attacha à remercier leur hôte avec un gros câlin qui surprit Élise.
« Merci énormément de nous avoir accueilli, c’était vraiment trop de gentillesse pour ce qu’on mérite ! Même si on reste pas plus longtemps, on n’oubliera pas que ce vous avez fait pour nous ! »
Elle lui tapa dans le dos en riant, trouvant un peu faux tant de bon sentiment et d’effusions de sa part, mais ma foi, c’était toujours sympathique à prendre. Siobhán, lui, n’hésita pas à passer devant Ellesme avec le menton haut.
Lorsqu’ils repartirent, pourtant, un silence lourd s’étala vu qu’Ellesme ne lui adressait pas la parole, et que lui n’en avait pas l’intention non plus. Mais cela le laissait à retourner dans sa tête encore et encore les questions qui l’embêtaient à propos de la jeune femme ; ce n’était pas habituel, de la part de l’orphe fennec qui n’avait aucun intérêt pour presque personne et la curiosité d’un ours en pleine hibernation. Mais il devait avouer aussi qu’il n’avait jamais eu l’occasion de devoir se faire tracter à pieds jusqu’à Ohime Quinah avec une personne soit disant d’autorité qu’il n’avait pas choisi de se farcir.

Si bien que par manque d’exercice, Siobhán ne tint pas plus de deux heures avant de mettre à grogner d’exaspération avant de se planter devant la jeune femme de l’Escadron.
« RHHHHA, okay, là, faut qu’on s’explique, parce que moi je deviens dingue, là ! Pourquoi t’es comme ça, ça me dépasse ! T’as un problème mental, je sais pas, t’es bipolaire ? Ou alors c’est un truc de l’escadron qu’ils vous apprennent pour rendre fou les gens ? Sérieux, c’est insupportable, c’est genre, tu te mets à être sympa et adorable venant de nulle part, comme ça, des fois, et moi ça me file les chocottes, c’est insupportable, je sais pas quand ça vas arriver et ça me tombe dessus, j’ai même pas eu le temps de me préparer ?! C’est quoi ton problème, t’es une sainte qui perds jamais espoir ou quoi ? On dirait que tu peux pas t’en empêcher ! Genre tiens, faut que j’aille l’engueuler pour s’occuper de ses blessures, c’est mon prisonnier, amen, et après je vais lui demander comment il va parce que je soigne bien mes prisonniers, moi ! JE. COMPRENDS. PAS. »

Le jeune homme resta là, une expression encore d’ahurissement sur son visage d’habitude inexpressif. Le calme retombant, cela devenait un peu plus évident que c’était lui qui avait l’air bizarre, à s’énerver d’un coup contre rien. Ça donnait plutôt l’impression que c’était lui, le dingue.
« Préviens, quoi, la prochaine fois, histoire que je puisse m’organiser à résister à autant d’attention et de gentillesse ! » déclara-t-il finalement comme si elle l’avait offensé, et avec un air écœuré que seul Siobhán pouvait prendre en parlant d’être adorable ou agréable.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 17 Sep 2014, 12:37

Reprendre la route avait quelque chose d'à la fois plaisant et déprimant. Il était bon de voyager à nouveau, se sentir libre même si elle était en mission. Mais cela restait malgré tout difficile quand elle arrivait à trouver un petit cocon de bonheur, un peu comme chez Elise.

Ellesme s'attachait facilement aux personnes qui étaient bonnes avec elle, peut-être par reconnaissance. Mais elle voyait tellement de gens malhonnêtes qu'elle trouvait rare ces personnes qui donnaient du baume au cœur. C'était certainement la raison expliquant pourquoi elle désirait tant se montrer reconnaissante envers elles.

Puis il y avait ‪Siobhán qui l'accompagnait. Ce qui était encore plus étrange, c'est qu'elle ne savait pas dans quelle catégorie le mettre. Habituellement, elle arrivait à faire ça plutôt facilement et sans hésiter. Tandis qu'avec lui, elle était un peu troublée. Il était adorable au premier abord, puis détestable quand on le connaissait un peu plus. Il était à plaindre de sa situation, mais pourtant il se comportait comme une princesse.

Voilà comment Ellesme combla ses quelques heures de silence. Ils avaient repris la route, au plus grand bonheur du corbeau qui ne cessait de voler autour d'elle, comme un chien heureux de retrouver son maître. Subitement, mais vraiment sans qu'Ellesme ne s'y attende, le jeune homme se mit à brailler. Elle ne saisit pas tout à fait le début tant elle était sous la surprise d'une telle crise si soudaine et le laissa terminer.

Elle réfléchit d'abord à savoir si elle devait lui répondre ou non, car elle avait remarqué que plus il était ignoré, plus il se calmait. Pour preuve, il avait remercié Elise même si cela avait été un peu faux. Elle jugea préférable de l'ignorer, puis réalisa qu'il ne fallait pas être excessif dans ses actions, car il existait toujours des limites qu'il ne fallait pas dépasser. Ainsi, ‪Siobhán venait de poser une limite qu'elle ne devait pas dépasser. Autrement dit, il était l'heure des règlements de compte.

« Avant de m'accuser, tu ne t'es jamais dit que si nous étions comme ça avec toi, c'est parce que justement, c'est toi ? » Elle avait un ton posé et conservait un calme tout à fait maitrisé. Il réagissait typiquement comme un enfant, il accusait automatiquement les autres sans même envisager de se remettre en doute. « Si parfois je suis attentionnée et gentille, sache déjà que ça peut m'arriver comme chez tout le monde, je ne suis pas un robot exécutant simplement des ordres. Je t'avoue qu'il serait plus simple de ne rien ressentir, de ne plus penser ! » Elle commençait à perdre désormais son calme, car elle s'aventurait sur un chemin qu'elle ne contrôlait plus. « Oui ! Ce serait bien plus simple de ne pas pleurer quand tu vois quelqu'un mourir, de ne pas pleurer quand tu repenses à cette personne que tu as perdu et de ne pas pleurer de te retrouver seule ! J'aimerais parfois être de marbre et ne même pas hésiter quand on me demande d'agir. Je suis certaine que j'aurais l'impression d'être plus humaine. » Elle se tut pour reprendre son souffle, se libérant totalement de cette retenue qu'elle avait. Mais parfois... ça faisait du bien de vider ainsi son sac. « Je ne suis pas un monstre, je sais que tu ne tenais pas à partir, je sais que tu te sens mal de quitter ta maison. J'en suis consciente, j'ai de la compassion pour toi, voilà pourquoi j'ai tant souhaité me montrer gentille avec toi. J'estimais que tu ne méritais pas ce qui t'arrive. Mais quand je vois la reconnaissante débordante dont tu fais preuve, je préfère t'ignorer plutôt que de te voir t'énerver. Parce que oui, c'est plus simple de t'ignorer, on s'attache moins et on se sent plus humain à te contraindre d'aller à Ohime Quibah. »

Voilà, elle avait craqué. Ce n'était pas par colère, ni par saturation. Non, elle réalisait combien il était difficile de faire ça seule. Elle comprenait combien il était dur de perdre quelqu'un qu'on aimait tant et combien il était tout aussi brutal de se décoller de tout sentiment quand il s'agissait d'obéir.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 12 Oct 2014, 15:33

Siobhán resta à regarder Ellesme avec un visage interdit. Il ne s’attendait jamais à ce que ce soit les autres gens qui aient l’air encore plus dingue que lui, si bien que la réaction de la jeune femme l’avait proprement scotché. Ou peut-être que c’était parce qu’elle avait été plus qu’honnête et que la plupart des gens ne l’était devant un insupportable gamin qui les avait poussé à bout, soucieux de ne pas montrer à ce dernier qu’il les avait blessés. Pour le coup, il se sentait presque coupable vu la tronche qu’elle faisait.
« Okayyyyy… J’ai rien dit, oublie, pas la peine de t’énerver… » répondit le jeune homme, et il reprit sa chemin sans rien ajouter de plus, comme un gamin qui venait de casser un vase et filait mine de rien en sifflotant. Il n'allait surtout pas relever les chefs d'accusation qu'on venait de poser contre lui, parce que cela pourrait donner l'impression qu'il avait quelque chose à faire de ce que pensait Ellesme de lui, ou pire, qu'il pensait qu'il devait s'excuser auprès d'elle, ou encore pire, qu'elle avait raison !
Si bien qu'il ne reprit pas la parole de la journée, jetant seulement des coups d’œil ahuris dans la direction d’Ellesme de temps en temps, comme s’il s’attendait à la voir éclater en sanglots brusquement ou reprendre son discours pour l'obliger à répondre à ce qu'elle venait de dire.

Habituellement, Siobhán aurait été particulièrement vexé qu’elle puisse même lui faire remarquer que son attitude pouvait avoir besoin d’amélioration, mais vu le ton des paroles de la jeune femme qui semblait plus meurtrie qu’elle n’aurait dû, il avait l’impression désagréable que tout ce qui avait été dit n’était clairement pas en seule relation avec sa petite personne. Et loin de vouloir lui poser des questions à propos de ça – hé, il n’était pas psy, merci -, il n’était pas sûr de vouloir l’énerver jusqu’à ce qu’elle pète un fusible pour de bout. Qu’elle se mette à chouiner ou à lui taper dessus, l’idée ne lui plaisait pas du tout et il n’était pas sûr de savoir comment gérer les éclats émotionnels de ce genre quand c’était lui sensé se tenir à carreau sous ses ordres.

A la fin de la journée, pourtant quand ils s’arrêtèrent pour manger et dormir, Siobhán sembla bizarrement se mettre à faire la conversation. Le soleil avait déjà pratiquement disparu à l’horizon, qui montrait enfin la silhouette lointaine des dunes de sables du désert. Peut-être que c’était la joie d’avoir enfin la preuve qu’ils avançaient dans leur voyage et qu’ils allaient arriver un jour, mais le jeune homme lui tendit même le paquet de gâteau qu’il était en train de grignoter pendant qu’elle s’occupait de préparer à manger, un peu comme une offrande de paix.
« Hé, écoute, en fait c’est chiant de marcher toute la journée en ayant rien à faire. On peut pas dire qu’on fait comme si de rien n’était et discuter un peu ? » demanda-t-il. Ce n’était pas des excuses correctes, et il semblait penser que ce n’était pas uniquement sa faute s’ils avaient arrêté de se comporter l’un envers l’autres comme des êtres humains polis et agréables, mais c’était probablement tout ce qu’on pouvait avoir le plus proche d’excuses de la part de Siobhán.

Ce dernier avait l’air un peu gêné, pour le coup. Probablement parce qu’il avait l’habitude d’envoyer balader les gens mais pas d’essayer de les récupérer. Mais bien sûr, d’habitude, s’il avait décidé ne pas aimer quelqu’un, il n’était pas obligé de passer une semaine dans la nature avec. Il semblait pourtant avoir changé d’avis sur la menace et la trahison que représentait Ellesme après ses paroles d’un peu plus tôt, considérant la jeune femme comme étant trop insupportablement de bonne volonté d’habitude pour mentir. Si elle avait fait un cirque pareil, c’est bien qu’elle le pensait, non ?
Mais comme elle le regardait toujours sans répondre, peut-être en attendant la suite, Siobhán se mit à bouder.
« Me regardes pas comme ça, j’essayerais d’être un peu sympa, ça te va comme ça ? » rajouta-t-il en finissant par poser le paquet de biscuits devant elle. Il se remit à lisser les poils beiges de sa queue qu’il avait enroulé sur ses hanches. Il commençait à faire froid et elle n’était pas le plus grand rempart contre le froid qu’on pouvait trouver, mais c’était déjà ça.

Très désolé pour le temps d'attente de réponse, du coup. ><

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 17 Oct 2014, 12:43

Il fallait s'y attendre, Siobhán préféra se défiler plutôt que de rentrer dans le vif du sujet. Cette attitude lui correspondait tellement bien, il avait bien le profil de ceux qui préféraient éviter tout sujet embarrassant. Il ne fallait pas s'étonner qu'il soit aussi frustré et intenable. A agir de la sorte, il accumulait tout, sans jamais rien extérioriser et cela expliquait d'une certaine façon sa façon d'être. Mais cela n'était pas une excuse, Ellesme ressentait malgré tout l'envie de le frapper un bon coup à l'aide d'un marteau sur sa petite tête à claques.

Désormais elle se sentait idiote d'avoir cédée devant lui. Un sentiment de honte la plongea dans un mutisme que le jeune homme décida de respecter, à son grand soulagement. Mais la honte se mélangeait à la colère, car elle s'en voulait d'avoir été ainsi avec lui. Non pas qu'il ne méritait pas une telle scène, mais elle n'avait pas à être comme ça avec lui, c'était tout sauf professionnel.

Ils passèrent ainsi la journée à marcher tous les deux, mais sans s'échanger le moindre mot. Pour une fois, Siobhán ne se plaignit pas. Peut-être s'était-il mis à réfléchir sur ce qu'elle lui avait dit. Peu importait puisque cette situation lui convenait parfaitement.

Un peu avant que la nuit ne tombe, ils virent au loin une grande étendue de sable. Ils s'approchaient doucement de leur objectif et bientôt cette mission catastrophique allait prendre fin. Elle allait enfin pouvoir s'occuper à nouveau de véritables missions plutôt que de faire tapisserie aux côtés de Siobhán.

Tandis qu'elle s'apprêter à manger en silence une fois qu'ils furent installés, après tout ils avaient passé la journée sans se parler, Siobhán lui présenta des biscuits. Elle ne le remarqua pas tout de suite, ce fut Sywan qui la secoua pour le lui faire comprendre. Même si elle ne pouvait le voir, elle se tourna vers pour marquer sa surprise. Mais elle préféra refuser, elle ne souhaitait plus faire d'efforts avec lui.

« Je te remercie, mais j'ai une banane dans mon sac, je dois la manger avant qu'elle ne soit trop mure. » Comme pour lui prouver qu'elle ne mentait pas, elle sortit le fruit et le mangea. Elle n'avait pas plus d'appétit, du moins pas au point de faire un vrai repas. Néanmoins, les petits gâteaux qu'il avait fini par déposer juste à côtés d'elle la tentaient désormais. Elle se servit d'une main hésitante et finit par le remercier.

C'était un peu je t'aime, moi non plus. Quand elle cherchait à faire des efforts, il se comportait comme un gamin et quand c'était à lui d'en faire, c'était à son tour de bouder dans son coin. Décidément, elle était perdue avec lui et ne savait plus sur quel pied danser.

« Demain nous atteindrons le désert. » Finit-elle par dire pour briser le malaise. « Je pense qu'une journée suffira pour nous rendre à Ohime Quinah. » Elle réfléchit, se rappelant qu'elle était blessée à la jambe. « Peut-être deux en fait. J'ai peur que mes douleurs se réveillent avec les fortes chaleurs qui nous attendent. » Mais depuis leur séjour chez Elise, elle ne sentait presque plus sa blessure qui était désormais bien refermée.

Ce n'était vraiment pas facile de prendre sur soi pour faire comme si rien n'était, étant donné que ce n'était pas le cas et qu'il s'était vraiment passé quelque chose ! Mais elle avait noté les efforts qu'il s'efforçait de faire et avait estimé qu'elle devait en faire en retour. Même si l'envie ne se faisait pas ressentir, par respect elle se sentait obligée de le faire.

« Et ton petit chat, il a quel âge ? » Voilà qu'elle s'intéressait à la vie de son chat maintenant... « Tu dois tenir à lui pour l'emmener avec toi jusque là-bas. »

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 17 Oct 2014, 16:45

Siobhán eut l’air surpris, sur le coup, pendant une seconde.
« Mon chat ? » Il faillit faire une réflexion à propos de la pertinence du sujet et se retint juste à temps. Bon. C’était lui qui avait demandé qu’ils discutent, elle allait se vexer s’il faisait des remarques dès le début. « C’est une ex qui me l’a donné en cadeau de départ y a trois ans, il doit avoir 4 ans et quelque maintenant. Elle trouvait qu’il me ressemblait, il est beige et il fait toujours la gueule. »

« Elle m’a dit qu’elle espérait que ça m’apprendrait à m’occuper de quelqu’un d’autre que moi. J’ai failli le rendre au refuge, et puis j’ai eu la flemme d’y aller pendant quelques semaines et je me suis rendu compte que je pouvais emmerder encore un peu plus mes parents à leur faire payer des croquettes et des visites chez le vétérinaire hors de prix, donc je pouvais pas laisser passer ça. »
L’orphe fennec ne l’avouerait jamais, mais pendant ces quelques semaines, il s’était habitué à cette petite bestiole et s’était attaché à lui. Même s’il n’avait de nom que Le Chat et que Siobhán n’était pas au genre à s’extasier sur une bêbête mignonne, il l’aimait beaucoup maintenant.
Quand la plupart des gens étaient partis, agacé par son caractère de cochon, il pouvait toujours parler au Chat pour ne pas se sentir seul, et celui-ci ne n’offusquait jamais quand il l’insultait.

Il n’avait pas tout à fait répondu à la question qu’elle lui avait posé sur ses raisons de l’emporter avec lui, mais expliquer d’où venait l’animal lui semblait assez de blablas, il n'était pas aussi bavard d'habitude. Il allait lui dire quoi sinon ? "Je l’ai emmené parce que j’étais triste de partir et que je voulais quelque chose qui me rappelait la maison" ? Plutôt mourir que de balancer un truc aussi sentimental !
Siobhán resta silencieux une seconde, et ne s’aperçut qu’après que le silence retomba lourdement entre eux qu’une conversation impliquait peut-être de retourner à l’autre personne l’ascenseur histoire qu’elle puisse continuer elle aussi.
« Et heu, ton corbeau, là, tu l’as eu comment toi ? Parce que pour être honnête, c’est pas le genre d’animaux de compagnie qu’on a, normalement. Enfin je sais qu’il y a les NACs, là, avec les serpents et les furets et tout, mais ça, les corbeaux, j’avais jamais entendu parler. »
Enfin celui-là, en plus, il voyait à sa place. Ce qui était encore plus chelou.
« Ouais parce que j’ai jamais vu non plus d’aveugles à la Basse-ville comme ça, d’habitude, tu prends un chien, quoi. »
Siobhán se tut une seconde le temps de se demander s’il était vraiment désagréable ou pas. A force de l’être tout le temps, c’était difficile de faire la différence, si bien qu’il rajouta : « Mais c’est sympa, hein. C’est marrant. C’est… original. »

Il récupéra son paquet de gâteau pour en prendre un, le regard perdu à l’horizon. C’était trop loin pour qu’il ne voie les dunes du désert véritablement, juste un mélange de couleur orangée et verdâtre, et Siobhán se demanda un moment s’il pouvait faire une entorse à son règlement et porter les lunettes qu’il détestait tant devant une autre personne. Si elle était à moitié aveugle après tout ? Il commençait à en avoir un peu marre maintenant de ne pas voir net à deux mètres.
« Dis, d’ailleurs, tu, genre… tu vois, comment, avec ta bestiole, genre, tu vois souvent mon visage ou ça arrive jamais et tu vois juste le paysage de loin ? »

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 18 Oct 2014, 23:45

Ellesme fut tout d'abord surprise d'apprendre qu'il avait déjà vécu avec quelqu'un d'autre. D'une part, quelqu'un avait réussi à le supporter autant de temps et d'autre part, il s'agissait d'une ancienne petite amie. Elle ne sut dire qu'est-ce qui la troublait le plus. Dans tous les cas, l'idée de lui offrir un chat, pour qu'il soit contraint de faire tourner sa petite vie autour de quelqu'un d'autre que lui-même, était une excellente idée. Néanmoins, elle ne fit aucun commentaire, car il valait mieux se taire que de le rendre une nouvelle fois susceptible.

Elle se contenta donc de l'écouter et nota qu'il jouait le jeu. Il donnait des détails, dont certains qui n'étaient pas nécessaires. Mais elle fut surtout surprise de le voir s'intéresser à elle. Toute confuse, elle replaça une mèche qui pendait sur son visage derrière son oreille. Une fois la confusion passée, elle réfléchit à ce qu'elle pouvait lui dire. Sywan n'était pas n'importe quel corbeau, il avait toute une histoire qu'elle ne se sentait pas encore prête à partager.

« C'est une très longue histoire. » Commença-t-elle doucement, ne sachant pas par où commencer. Il y a quelques années j'ai perdu la vue par accident. Mais grâce à ce tatouage... » Et elle lui désigna du doigt. « Je pouvais voir à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Puis... » Elle baissa le menton, se sentant gênée de raconter ces détails si personnels. Mais cela lui faisait du bien d'en parler, sans toutefois tout dévoiler. Car elle ne désirait pas se confier entièrement, elle estimait encore que cette histoire lui appartenait. « Puis j'ai perdu cette personne, annulant l'effet magique de mon tatouage. Mais la magie opère à nouveau avec ce corbeau. »

Finalement elle n'oubliait pas tant de détails que ça. Elle omettait juste de préciser que sa partenaire et meilleure amie était morte. D'une certaine manière, cela avait un rapport avec le corbeau, mais il n'était pas nécessaire de le préciser pour comprendre qui était Sywan.

« Je n'arrive pas à établir un contact permanent avec. La plupart du temps je suis dans le noir total, mais quelques fois je perçois un bref instant ce que vois Sywan. » Elle avait porté la main sur le corbeau et avait commencé à le caresser avec douceur. C'était bien plus qu'un simple corbeau pour elle, car grâce à lui, elle pouvait voir à nouveau et surtout il était le seul avec qui le tatouage reprenait effet. Or le tatouage ne faisait effet qu'avec son ancienne amie ! Forcément, comme n'importe qui dans la tristesse y verrait un signe. Elle ne savait pas quel était le lien unissant cet animal à Sywan, son ancienne partenaire, mais elle était persuadée qu'il existait quelque chose.

Jamais elle n'aurait pu donner ces précisions à Siobhan. Déjà, il allait se moquer d'elle et la prendre pour une folle. Il suffisait de remarquer combien il était égoïste pour se douter qu'il n'aurait pas le moindre sentiment de compassion. Enfin... Ellesme pensait cela uniquement parce qu'elle lui en voulait d'avoir eu un tel comportement avec elle. Elle se mit alors à sourire et lança dans le but de le taquiner juste un peu.

« Heureusement pour moi, je n'ai pas à supporter ta tête trop souvent... »

Puis avant qu'il ne s'énerve comme il savait si bien le faire, elle lui tendit une gourde pleine d'eau, l'invitant à boire un peu. Ce geste n'était pas anodin, il signifiait qu'elle lui pardonnait d'une certaine façon et comme on invitait à serrer la main pour tout oublier, Ellesme lui tendait la gourde dans l'espoir qu'il l'accepte.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 19 Oct 2014, 02:16

« Dis tout de suite que je suis moche ! » protesta immédiatement Siobhán en boudant, mais il accepta quand même, après quelques hésitations, la gourde que lui tendait Ellesme, se rendant bien compte qu’elle rigolait vu son sourire. Il décida même de sortir ses énormes lunettes à grosse monture, résigné à l’idée qu’elle le verrait peut-être une ou deux fois avec. Bah, il n’allait pas mourir, si ? Il allait peut-être finir le restant de ses jours dans un trou à rat appelé Ohime Quinah, il n’était plus à ça près. Peut-être qu’il commençait doucement à s’habituer à la présence de la jeune femme, aussi.

« C’est un peu con, ton histoire, quand même. Du coup, tu vois pas comme tu veux. Tu peux pas changer le tatouage avec quelqu’un d’autre ? Pourquoi elle est partie, l’ancienne, vous vous êtes disputées ? » demanda-t-il sans aucun tact, avant que le visage d’Ellesme ne le fasse pédaler en arrière. « Heu, ok, non, laisse tomber, vu ta tête, je crois que personne et encore moins toi n’as envie d’en parler. Et franchement moi je suis pas fan des histoires horribles. Si j’en veux, y a les infos. »
L’histoire d’Ellesme avait naître dans son esprit un sentiment d’inconfort, comme si elle cachait des choses. Est-ce qu’elle avait tué l’autre ? Bah, après tout, c’était son problème. Les passés tragiques, ce n’était pas son truc, il n’était pas psy. Siobhán se mit soudain à sourire.

« Putain. On est quand même des gros losers. Une soldate pratiquement aveugle avec un corbeau de compagnie avec un mec qui sait vivre qu’avec un compte en banque rempli à ras bord et son chat d’appartement. Perdu dans les plaines entre Ohime Quinah et l’état Atlante. Je vais te dire, t’as de la chance parce que t’es payé pour ça et tu rentres à la maison une fois que t’as fini de supporter ma tronche, n’empêche. »
Le jeune homme fronça les sourcils et lâcha, plein d’amertume : « Pendant que moi je vais peut-être rester moisir dans le désert jusqu’à ce que je meurs. »

Soudain, Siobhán n’avait plus trop envie de discuter. Peut-être que ce qu’il venait de dire était trop proche de la vérité et au-delà d’une simple blague, parce que cela avait un goût acide peu agréable. L’orphe fennec se glissa dans son sac de couchage. Agacé par lui-même et un peu par Ellesme, comme si c’était elle qui avait lancé le sujet, il décida que ça faisait déjà une bonne conversation pour quelqu’un qui n’était pas bavard de base.
« Bon ben chui crevé moi par contre, on fait que marcher. » lança-t-il, un peu soudainement, et peu importait au jeune homme que le soleil vienne à peine de se coucher. « A demain. »

Siobhán fut loin de s’endormir immédiatement, mais resta roulé en boule dos à Ellesme histoire qu’elle ne s’en rende pas trop compte. L’enthousiasme de voir les dunes de sables avait laissé place à l’inquiétude devant la déclaration précédente d’Ellesme.
Deux jours ? Et dans deux jours, il faisait quoi ? Les cartes bancaires, ça ne marchaient pas à Ohime Quinah et de toutes manières, le problème restait le même dans tous les cas ; qu’est-ce qu’il allait fait là-bas ? L’orphe se retourna lentement vers Ellesme alors que la nuit était déjà tombée. Est-ce qu’elle dormait déjà ? Dans l’obscurité et sans lunettes, ce n’était pas facile de voir grand-chose.
« T’es réveillé ? » demanda-t-il. « ...Ellesme ? Dis, hé- Est-ce que l’escadron est sensé vérifier que je reste à Ohime Quinah ? Genre, pendant des semaines, des mois, des années ? »

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 19 Oct 2014, 10:40

Ellesme manqua de s'étouffer avec sa salive lorsque le jeune homme évoqua la disparition de son ancienne partenaire. Elle aurait du s'y attendre un peu tout de même venant de lui, lui qui manquait cruellement de tact. Mais avant qu'elle ne réponde, ce dernier fit marche arrière, ce qui la soulagea grandement. Elle apprécia sa démarche et lui sourit en retour. Elle éprouvait une certaine reconnaissance car cela lui évitait d'aborder le sujet et de la contraindre soit à mentir, soit à l'envoyer sur les roses.

Ce petit incident avait eu plus d'impact sur Ellesme qu'elle ne voulait bien le croire. Mais ce n'était pas la faute de Siobhán, car c'était elle qui avait accepté d'en parler. Le jeune homme s'était simplement contenté d'en apprendre plus sur elle, en autre de s'intéresser à quelqu'un d'autre que lui. Ainsi, lorsqu'ils décidèrent de se coucher, Ellesme apprécia de se retrouver toute seule bien que la compagnie du jeune homme ne la gênait plus.

« Bonne nuit Siobhán. » Lui lança-t-elle alors qu'ils se tournaient mutuellement le dos.

Le sommeil semblait la fuir car son esprit était bien trop tourmenté. Cela lui arrivait quelques fois et la raison était toujours la même. A chaque fois qu'elle repensait à Sywan ou qu'elle évoquait le sujet avec un peu de détails, Ellesme n'arrivait à trouver le sommeil. Son esprit lui imposait sans cesse des images et des souvenirs passés.

Mais ce n'était pas tout ! Ellesme repensait également aux propos grognons du jeune homme. Elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas à compatir, pourtant elle ressentait un pincement au cœur à l'idée d'abandonner Siobhán tout seul là-bas. Mais pourquoi avait-elle déjà l'impression de l'abandonner ?

Soudain, elle l'entendit parler. Sur le coup elle sursauta car elle pensait qu'il dormait. Mais apparemment, ils étaient tous les deux plongés dans la même insomnie. Il voulait savoir si elle ne dormait pas, mais lorsqu'il l'appela, elle ne répondit pas tout de suite.

« Non, je ne dors pas. » Répondit-elle au bout d'un moment. Quitte à enfiler des perles, autant parler pour tuer le temps. Elle n'était pas sensée répondre aux questions qui suivaient, car elles supposaient son désir de départ. Or, il avait l'interdiction de partir désormais. Mais elle ne pouvait le laisser comme ça, elle ne pouvait l'abandonner. « L'escadron veut simplement te voir là-bas, après personne ne viendra vérifier si tu obéis sagement. »

Elle réalisait que ce qu'elle disait n'était pas professionnel du tout, car d'une certaine façon elle l'incitait à quitter Ohime Quinah le plus tôt possible.
Elle se releva dans la nuit, ne supportant plus de rester allongée. Une longue route les attendait demain et aucun d'eux n'était capable de s'endormir. Cette traversée du désert s'annonçait difficile. En même temps, il y avait pour tous les deux l'angoisse de l'inconnu et certainement l'excitation de la découverte qui les empêchaient de dormir.

« Dis-moi honnêtement... Tu as l'intention de t'enfuir de là-bas ? » Bon, elle se doutait qu'il ne lui dirait pas si cela était le cas. Mais au fond d'elle, elle espérait quand même avoir sa confiance pour qu'il lui dise la vérité. Puis ce qu'elle ajouta allait certainement surprendre Siobhán autant qu'elle fut étonnée de lui proposer. « Parce que si c'est le cas, il faudra le faire proprement pour ne pas t'attirer des problèmes... » Elle se doutait que Siobhán n'était pas comme tous ces moutons qui obéissaient aux ordres de l'escadron.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 21 Oct 2014, 02:00

Siobhán resta silencieux un seconde en entendant la réponse d’Ellesme. Alors là. Il ne s’attendait pas à ça. Est-ce que c’était une façon tordue de demander des infos pour pouvoir aller le dénoncer après ? Pour mettre dans son fameux rapport ?
« Je rêve où t’es en train de m’encourager à filer ? Ou t’essayes de me piéger ? » déclara-t-il dans l’obscurité ambiante, où il n’y avait que les étoiles et la lune pour les éclairer. Le jeune homme se fit la remarque que ça faisait beaucoup d’étoiles, quand même. Il n’était pas du genre à s’extasier en regardant le ciel, mais là, il fallait avouer que c’était plutôt joli. À la Basse-ville, les étoiles recrées par le Dôme n’étaient pas aussi… hé bien, réelles, peut-être. Moins flashy.

Et cette nuit, sous les étoiles, il semblait que Siobhán était trop fatigué pour être méfiant. Elle était trop fleur bleue pour être si sournoise, non ? Qui faisait ça après avoir adoré passé deux jours parmi une armée d’enfant et leur mère dégoulinante d’amour ? Après tout, elle lui avait demandé de répondre honnêtement. Puisqu’elle demandait…
« Je veux pas rester là-bas. » répondit-il simplement. « Qu’est-ce qu’ils veulent que je foute à Ohime Quinah ? Trouver un job et ramasser de la merde de chameau jusqu’à la fin de ma vie ? Je dis pas que la Basse-ville est trop bien, mais au moins y a la télé et de l’eau chaude pour se laver. »

Il se tourna vers elle. « Si tu disais ça, c’est vraiment parce que tu me proposais de m’aider, ou…? »
L’idée semblait plutôt ahurissante. La même personne qui le trainait dans le désert qui l’aiderait à faire le chemin inverse ? Elle risquerait pas de s’attirer des ennuis avec l’Escadron ? Ce serait quand même pas mal qu’elle accepte de prendre de tels risques pour lui, l’emmerdeur insupportable qu’elle était obligée de se coltiner depuis quelques jours. A ce stade, c’était ce qu’on appelait un cœur pur dans les mauvais films.
« Sérieusement, j’ai dû mal à te comprendre. Que tu sois aussi compatissante avec moi, à la limite de la limite. Mais maintenant tu veux m’aider ? J’suis adorable sans m’en rendre compte ou quoi ? Ou ton vrai nom, c’est la fée clochette ? Limite j’aurais des remords à te demander de m’aider parce que j’aurais peur de tâcher tes mains des mauvaises actions de ma petite personne. Ou t'as eu le coup de foudre pour moi dès que t'as posé les yeux sur moi ? Je vois que ça à part les extra-nideyliens. »
Qu’est-ce qu’elle faisait à l’escadron ? Elle serait pas mieux dans les centres d’aides à la personne ? Dans un orphelinat ? Une association de charité quelconque ?

Siobhán réalisa à ce moment-là qu’il ne savait pourtant pratiquement rien d’elle. Il avait ses propres constatations sur elle, mais c’était une opinion qui reposait sur à peine quelques jours passés à s’engueuler ou à s’éviter, principalement. Il avait beau trouver qu’elle ressemblait à une sainte, elle avait probablement déjà explosé la tête de plusieurs personnes, si elle travaillait dans l’escadron. Et elle avait l’air d’un chien pris dans les phares d’une voiture quand il parlait de son passé. Il y avait de toutes évidences bien plus qu’il n’y voyait.
L’orphe fennec eut soudain envie de lui demander pourquoi elle travaillait à l’escadron, pourquoi elle n’était plus avec cette fameuse personne qui lui permettait de voir, et bien d’autres choses qui ne lui ressemblaient pas du tout. Siobhán ne s’intéressait à personne d’autre que lui et ne répondait pas aux questions, autant qu’il n’en posait pas aux gens. Être curieux était un sentiment si étrange pour lui qu’il resta là silencieux, se demandant s’il avait mangé un truc pas comestible pour être comme ça.
Il ne rajouta qu'après quelques minutes d'une voix étrange :
« Oh, laisse tomber, après tout, je vais pas cracher dessus si tu m'aides, peu importe si c'est bizarre de ta part. J'sais même pas pourquoi je te posais la question. »

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 23 Oct 2014, 16:30

Ellesme pinça légèrement les lèvres lorsque le jeune homme s'étonna de sa proposition. En même temps, il y avait de quoi être honteux. Elle était chargée de l'emmener à Ohime Quinah et elle envisageait la possibilité de l'aider à s'enfuir.

Durant un bref instant elle voulut renoncer et lui faire comprendre qu'il avait mal compris ce qu'elle avait voulu dire. Mais elle ne fit rien. Elle se taira dans le silence, réfléchissant à toute vitesse. Sa mission prenait fin lorsqu'ils atteindraient les rives de l'oasis. Après, elle était libre de faire ce qu'elle voulait.

Elle ne comptait pas manquer son rôle, elle décidait seulement d'aider un jeune homme en tant... en tant que camarade. Sa décision n'avait absolument rien à voir avec l'escadron, donc elle n'avait pas à s'inquiéter pour ça. Seulement, il ne fallait pas que cela se sache. D'ailleurs, Siobhán avait aussi du mal à comprendre sa démarche. Elle le laissa discuter, voir comment il allait prendre la chose avant de prendre une décision. Elle voulait l'aider, mais elle ne pouvait savoir si elle pouvait avoir confiance en lui. Il était bien du genre à être opportuniste et la dénoncer dans l'unique but de réclamer un retour pour la Basse-Ville.

Finalement, il accepta sans vouloir comprendre pourquoi. Egoïste comme il était, il se contentait de recevoir de l'aide. La jeune femme estima qu'il pouvait être digne de confiance, car il agissait avant tout dans son propre intérêt et par conséquent il n'allait certainement pas chercher à tout faire capoter.

« Oui, je te proposais réellement de t'aider... »

Elle ne pouvait voir si la nuit avait entièrement recouvert les étendues sauvages, mais elle se doutait bien qu'il faisait désormais noir. Il suffisait de sentir la température chuter à toute vitesse pour s'en rendre compte.

« Par contre, je n'ai pas dit que je te livrerai pas... J'ai bien l'intention de réussir ma mission. Seulement, j'accepte de t'aider en tant que civile. Tu comprends ce que ça signifie ou pas ? »

Il avait raison, cette situation était bien bizarre et elle-même le devenait en sa présence. A son tour, elle ne chercha pas à donner un sens à tout cela. Elle qui pourtant analysait sans arrêt, avait décidé de ne pas faire un compte rendu de la situation pour vivre de façon plus spontanée.

« Bizarre ou pas, je t'emmène à Ohime Quinah, puis nous trouverons une solution pour t'en délivrer. D'accord ? Je te propose mon aide à une condition, tu me laisses accomplir correctement ma mission. » Elle se recoucha sur le dos, sentant ses paupières se faire lourdes. « Je n'ai pas encore de plan, mais chaque chose en son temps. Notre première étape est d'aller là-bas, puis après on avisera. »

Elle était fatiguée pour ce soir et n'avait plus envie de réfléchir ni même de se prendre la tête à trop penser. Elle lui souhaita alors une bonne nuit et lui conseilla de dormir, car le lendemain n'allait pas être de tout repos. Elle espérait atteindre Ohime Quinah dans la journée.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 09 Nov 2014, 20:13

« Comment ça, je comprends ce que ça signifie ? »
Siobhán réfléchit un instant. C’était encore pire parce que ça voulait dire qu’elle voulait l’aider non plus dans sa fonction, mais personnellement. Qui voudrait l’aider personnellement et de son plein gré ? Cette fille avait vraiment un grain. Bah, vu les circonstances, il pouvait s’estimer heureux de ça, justement. Vu de loin, ça aurait pu presque passer pour un complot destiné à le faire payer pour avoir été aussi insupportable avec elle, mais le jeune homme n’arrivait pas l’imaginer faire ça, maintenant. Il la connaissait peut-être mal, mais penser qu’elle était aussi machiavélique était difficile à croire.
Ellesme n’avait apparemment pas encore vraiment pensé à ce qu’elle voulait faire, et il était vrai qu’ils devaient de toutes manières déjà arriver à Ohime Quinah avant toutes choses. Ils auraient bien le temps de réfléchir pendant leur petite traversée du désert… Le jeune homme décida de dormir lui aussi, puisqu’il était inutile de cogiter maintenant, et qu’il était tout aussi fatigué qu’elle.

Ce ne fut que le soleil perçant du lendemain qui le réveilla et le fit s’étirer comme un chat, grattant les poils en train de pousser sur son menton. Siobhán détestait ça et maudit encore une fois de devoir faire du camping comme ça : ça l’empêchait de se raser et à ce rythme, même s’il avait pu s’arranger un peu chez Elise, il aurait gagné un bouc avant d’arriver à Ohime Quinah. L’orphe fennec frémit à cette idée, et décida de se changer les idées en prenant à manger dans son sac.
Bien qu’Ellesme s’était réveillé elle aussi à peu près en même temps, le petit déjeuner fut silencieux ; les têtes trop ensommeillés des deux présents ne donnaient guère la possibilité de papoter un peu.
Ils avaient de toutes manières toute la journée. Cette dernière les emmena très rapidement dans les dunes de sables, et à midi, le soleil tapait tellement fort que Siobhán se mit à se plaindre de ses vêtements trempés de sueur. Il avait pourtant l’avantage d’avoir deux grandes oreilles spécialement faites pour réguler la chaleur, mais contrairement à celles d’un fennec, elles n’étaient pas assez grandes pour être aussi efficaces. Au moins le jeune homme ne risquera pas tout de suite de se plaindre de coups de soleil, sa couleur de peau pain d’épice lui évitant pour l’instant de rôtir. Il fallait juste espérer pour la pauvre Ellesme qu’elle ait de la crème solaire ou de quoi se couvrir.

Pourtant, malgré toutes ses pleurnicheries, Siobhán apprécierait plutôt la chaleur et le sable. Il regretta un instant de devoir attendre la fin de la journée pour enlever ses chaussures et plonger ses orteils dedans (il devait être brûlant pour le moment), avant de se dire que rester avec Ellesme lui grillait les neurones, cette fois sans rapport avec la chaleur qu’il faisait, et le rendait un peu trop sentimental. Déjà qu’il avait l’air d’un idiot, avec ses lunettes, mal rasé et tout sale, faudrait peut-être pas y rajouter des pensées ridicules. Qu’est-ce qu’il était en train de devenir, tiens ! C’était bien la peine d’avoir des t-shirts de designers si c’était pour ressembler à un clochard. C’était presque à vous en rendre fou.

Siobhán se mit à rêvasser de combien il pourrait se récurer jusqu’à la moelle en rentrant à la Basse-ville, avant de nettoyer tout son appartement de fond en comble, jusqu’à ce plus un seul acarien ne soit capable de survivre dedans. Ah, il s’imaginait déjà frotter le comptoir de la cuisine avec ses produits ménagers préférés, l’odeur divine de la javel lui montant au nez ! Si ce ne devait pas être l’avis de tout le monde, il n’y avait pourtant rien de plus sensuel pour Siobhán que la courbe de la bouteille de Cillit Bang « Nettoyant surpuissant » entre ses doigts.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 02 Déc 2014, 11:19

Ce n'est qu'une fois arrivée dans le désert qu'Ellesme réalisa enfin que cette mission touchait bientôt à sa fin. Et quelle drôle de sensation ! Elle retrouvait ce sentiment d'accomplissement et cela faisait si longtemps. Très vite ce bien-être fut remplacé par la nostalgie. Elle avait ressenti toutes ces choses lorsqu'elle avait été en compagnie de Sywan et elle ne pouvait par conséquent plus revivre ces mêmes fins de missions. Le moment donné, il lui manquerait quelques chose, il lui manquerait son ancienne partenaire...

Néanmoins, elle se sentait revivre malgré ça puisque elle avait retrouvé sa vie d'antan. Et elle réalisait maintenant combien cela lui avait manqué. Puis son regard se posa sur le jeune homme dont la peau avait pris un teint magnifique sous ce soleil brulant. Etrangement, elle était satisfaite de pouvoir vivre et partager ceci avec lui. Pourtant, il n'était pas la meilleure compagnie qu'elle pouvait espérer, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que si elle avait retrouvé cette vie là, c'était d'une certaine façon grâce à lui. Au fond, elle était finalement reconnaissante envers lui et c'était peut-être la raison pour laquelle elle sentait ce besoin de lui venir en aide. C'était par son intermédiaire qu'elle avait pu sortir la tête hors de l'eau, mais cela n'aurait pas cette saveur si c'était à son détriment. Contrairement à lui, elle ne pouvait se savoir autant égoïste. Il était hors de question de sacrifier la vie d'un autre, même pour son propre bonheur. D'autant plus qu'il ne méritait pas cette situation dont il était la victime.

Peu à peu, ses pensées commencèrent à s'obstruer à cause de cette chaleur qui semblait cuir sa cervelle. Elle fit une brève pause, laissant Siobhan continuer son chemin pour ne pas l'arrêter dans son élan et récupéra un morceau de tissu dans son sac qu'elle enroula autour de son crâne. Elle prit même le soin d'arranger ses cheveux. Son corbeau qui les survolait lui permit de voir le retard qu'elle venait de prendre. Elle accéléra l'allure, sans pour autant forcer pour ne pas rouvrir sa plaie et se retrouva rapidement aux côtés du jeune garçon qui ne semblait même pas s'être aperçu de son absence. Il était certainement plongé lui-aussi dans ses pensées...

« C'est la première fois que je traverse un désert... » fit-elle en s'apercevant que sa bouche était sèche, ce qui lui donnait l'impression de mal articuler. « Et je dois avouer que ce n'est pas de tout repos. On se sent vulnérable ici tant tout nous paraît grand tout autour. » Et elle tourna sur elle-même pour montrer ces étendus infinis de sable. Et quels horizons ! Jamais elle n'aurait pu voir cela sans l'intermédiaire de son corbeau. C'est pourquoi elle ne se considérait pas comme handicapé. Elle pouvait voir ce qui était invisible aux autres. Son regard sur le monde était tout autre.

« C'est une expérience nouvelle pour moi, comme pour toi je suppose. » Même si l'idéal aurait été d'économiser sa salive, elle était d'humeur à partager ses impressions. Il lui était impossible de contenir tant de choses en elle. « Et je serais amenée à regretter si cette expérience n'était pas partagée. Il n'y a aucune satisfaction si ce que je fais produit du mal autour de moi. C'est pour cette raison que je me suis engagée dans l'escadron. »

Il n'y avait plus aucun doute désormais. Une fois sa mission achevée, elle aiderait Siobhan pour que lui aussi trouve ce sens qu'elle avait donné à sa vie. Elle lui était reconnaissante et pour profiter pleinement de ce qu'il lui avait permis de retrouver, il fallait que lui aussi retrouve ce qu'il avait perdu. Mais pourrait-il récupérer la vie qu'il avait laissé à la Basse-ville ? Elle craignait que ce soit un aller sans retour et craignait encore plus qu'il ne sache pas s'adapter. Et c'est là qu'elle voulait intervenir et jouer un rôle.

Je te laisse ouvrir un nouveau sujet pour tes défis :)

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 09 Jan 2015, 03:41

La suite ici !

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