Corbeau et chat sur une épaule perchée

Les plaines recouvrent la grande majorité du territoire Nideylien. Fertiles et verdoyantes ou au contraire arides et hostiles, elles s'étendent sans trouver d'autre barrage que les montagnes ou le désert. Par ici, si vous aimez crapahuter dans l'herbe !

Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 06 Juil 2014, 19:10

« Evidement que nous allons marcher sous la pluie ! » S'exclama-t-elle comme exaspérée par ce qu'elle venait d'entendre. Elle émit une sorte de petit rire, sauf qu'elle n'avait pas du tout envie de rigoler. Puis elle rajouta, cherchant encore et toujours à le convaincre. « Et tu ferais même bien d'en profiter, une fois dans le désert, tu prieras Alrik pour qu'il pleuve... » Mais elle savait qu'elle parlait en vain, le jeune homme était un éternel insatisfait. Durant quelques secondes insensées, elle imagina Siobhán dans l'Escadron. C'était tout simplement impensable en fait, comment pourrait-il agir sans broncher les ordres ? Comment pourrait-il ne pas se plaindre ?

Ellesme se prépara un petit espace de travail pour dépecer le lapin. Ce n'était pas une chose qu'elle appréciait faire, mais elle était la seule à pouvoir le faire. Il suffisait de voir la réaction de Siobhán pour comprendre qu'il mettait rarement les mains à la pâte. Il arrivait à être dégouté à la vue d'un lapin mort. Comment réagirait-il face au cadavre d'un homme ?

Elle sollicita l'aide du corbeau pour ne pas travailler à l'aveuglette. Le plus gros du travail allait se faire les yeux fermés pour ainsi dire, mais elle tenait à avoir quelques images afin d'être certaine de ne pas faire n'importe quoi. Elle aimait le travail bien fait et ne supporterait pas de cuisiner maladroitement. Elle commença par le vider de son sang par l'oeil, prenant soin de ne pas éclabousser tout autour d'elle. Une fois qu'il fut vidé de son sang, elle l'attrapa par les pattes arrières et enleva la peau délicatement. Elle répéta l'opération pour l'avant et dès qu'elle estima que le travail était satisfaisant, elle tira lentement pour décoller la peau. Etre aveugle était handicapant, mais à cet instant, elle était heureuse de ne pas voir en détails ce qu'elle faisait. Respirant une odeur qu'elle avait du mal à supporter, elle se mit à respirer bruyamment par la bouche. Elle finit enfin par le vider, creusant un trou pour jeter ce qu'ils ne mangeraient pas, mais aussi pour ne pas attirer les charognards qui étaient friands de ce genre de choses.

« Et tu comptes vraiment marcher autant de temps avec des biscuits dans le ventre ? » Lui lança-t-elle dès que le petit trou fut rebouché. « Et tu sais... » reprit-elle avec agacement. « La viande que tu as dans ton assiette. Avant d'être présentable, tu la trouves sur les os d'un animal. »

Elle se releva, récupérant un petit récipient dans son sac en espérant qu'il serait suffisamment grand et y jeta la dépouille. Elle y versa ensuite un peu d'eau de sa propre gourde en ajoutant quelques herbes pour donner plus de goût. Bientôt de la fumée s'éleva, embaumant les environs d'une odeur qui donnait l'eau à la bouche. Et apparemment, elle ne fut pas la seule à avoir de l'appétit à ce moment, car le jeune homme lui demanda si elle comptait tout manger.

« Je sais pas ! » Son ton était indifférent. Comme si elle ne s'intéressait pas à lui et qu'elle ne s'inquiétait même pas de savoir s'il pouvait avoir aussi faim qu'elle. De la pluie commença à tomber, mais à petites gouttes seulement. Fort heureusement, le lapin avait fini de cuire. Même si le feu commençait à s'éteindre parce qu'il n'était plus entretenu et que la pluie l'atténuait, elle décida de laisser le récipient dessus pour ne pas refroidir la viande. Elle se servit un morceau, une cuisse plus exactement, c'était la partie qu'elle préférait et croqua dedans à pleines dents, comme une sauvage. Elle était persuadée qu'il n'allait pas oser se servir, elle attendit alors quelques instants voir sa réaction avant de lui arracher une cuisse pour lui aussi et de la lui tendre.

« Non je ne vais pas tout manger, il en restera même pour ce soir je pense. A moins que tu aies un appétit d'ogre ! Ce qui ne m'étonnerait pas, tu es surprenant depuis le début. » Elle avait fini par se parler à elle-même, comme si elle avait pensé à voix haute. Cela lui faisait drôle d'être en compagnie d'un inconnu. Elle s'était tellement habituée à la présence de Sywan qui n'avait plus aucun secret pour elle, ou bien très peu. Elle avait fini par connaître ses gestes, ses réactions, ses expressions. Tandis qu'avec Siobhán, elle ne savait plus quoi penser. Elle avait malgré tout réussi à le cerner, mais sans savoir ce qu'il pouvait faire. Et cela la perturbait. Elle était facilement perturbée lorsqu'une chose lui échappait de la sorte. Ça pouvait être aussi bien une mission qu'une personne.

« C'est juste que je ne suis pas habituée à être accompagnée... Enfin, je ne le suis plus. » Elle fixait l'horizon d'un regard perdu. Elle ne voyait que ténèbres même si elle arrivait encore à imaginer la pluie tomber.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 09 Juil 2014, 22:04

Siobhán ne résista pas à l’envie d’attraper la cuisse de lapin que lui tendait Ellesme, même si ce fut avec un air un peu dégoûté, comme s’il acceptait simplement pour faire plaisir à la jeune femme qui le suppliait d’en manger, de toutes évidences. Mais grommela quand même un merci, preuve qu’il restait un semblant de politesse chez lui, bien caché sous une bonne couche de mauvaise volonté. Il s’arrêta pourtant de mâcher peu après en entendant la jeune femme.
« Hein ? Moi, je suis surprenant ? » répéta-t-il avec un air absolument ahuri, comme si elle venait de lui faire remarquer qu’il avait le nez de travers. Avant de lever un sourcil suspicieux : « Et pourquoi… plus ? »
Siobhán faillit continuer, histoire de faire une réflexion désagréable du genre « Les gens qu’on te collait pour les missions de l’escadron voulait jamais refaire d’autres missions avec toi parce qu’ils te trouvaient insupportable ? », mais quelque chose dans le regard d’Ellesme l’arrêta. Le jeune homme n’était clairement pas un expert en nature humaine, mais il pouvait facilement remarquer qu’elle était perturbée par quelque chose, et comme ça n’allait pas être le goût du lapin qu’ils engloutissaient, c’était forcément la discussion qu’ils avaient qui était en cause. Aussi il se contenta de soupir : « Ouais, non, oublie. Je suis pas bon pour consoler les gens alors c’est pas la peine de commencer à parler de ça quand tu fais cette tronche-là. »

Mais mine de rien, n’empêche, elle avait quand même presque piqué sa curiosité. Est-ce qu’elle avait fait une grosse bêtise lors d’une mission pour l’escadron, et impliqué d’autres gens d’une quelconque manière qui aurait tourné mal, pour finir par exécuter des missions à la con comme celle-ci ? Après tout, malgré tout l’égoïsme que Siobhán avait pour lui, il savait bien être réaliste et se rendre compte que l’escadron normalement ne s’occupait pas de ce genre de trucs idiots. Il n’était clairement pas une menace nationale, non ? Même si quelqu’un chose d’étrange se passait, comme l’imaginait Ellesme, ce n’était pas une raison pour mettre une de leur soldate sur ce coup-là alors qu’ils en avaient probablement besoin pour bien autre chose. Mais là encore, la jeune femme était aveugle… Pouvait-elle vraiment être d’une grande utilité pour l’escadron ? Peut-être qu’ils ne la voulaient juste plus dans leurs pattes.
Elle avait l’air en bonne forme physique et de bonne volonté, mais quand on ne voyait que par l’intermédiaire de flash délivrés par un corbeau de compagnie… La preuve, c’était lui qui avait dû aider à les dépêtrer des deux derniers hommes qui les avaient attrapés en chemin. Ce qui d’ailleurs montrait probablement que l’escadron n’engageait pas de gens aveugles, puisqu’ils ne pouvaient en faire que des soldats pour les missions d’importance aussi basse que celle-ci. Ce qui voulait probablement dire qu’Ellesme l’avait perdu après s’être fait engagé, pendant son travail. Et avait probablement du coup magistralement merdé, et mis dans la merde les gens qui l’accompagnaient aussi, si bien qu’elle était maintenant aveugle et envoyée seule en mission, histoire que si elle merde à nouveau, ce soit toute seule. Pas très rassurant pour moi, pensa Siobhán un instant, mais il devait avouer qu’il avait un peu de pitié pour la jeune femme. Maintenant, en plus, elle avait encore une blessure profonde à la jambe pour aggraver son cas. C’était quand même pas cool pour elle ; elle était gentille et serviable, mine de rien, et si lui ne s’émouvait guère pour ça, il devait avouer que ce n'était que parce qu'il était particulièrement associable.

Tout à ses réflexions, Siobhán avait presque oublié de se plaindre de la pluie fine qui leur tombait dessus. Son chat avait trouvé refuge au chaud dans son sac, et son maître en aurait bien de même s’il faisait la même taille. Malheureusement, ils n’avaient qu’à rester misérablement à se faire tremper jusqu’aux os, et ce bientôt en marchant, lorsqu’ils reprendraient leur route.
Et pourtant, le jeune homme se releva après avoir fini de manger, époussetant inutilement son pantalon humide après avoir remis son sac sur le dos, sans même se plaindre de la boue dans laquelle ils commençaient à patauger, ni refuser de bouger ses fesses.
« Bon, ben on y va ? On pourras faire l’heure des histoires autour du feu de camp ce soir, mais là, le feu, il est éteint, et pour être honnête, c’est pas agréable de discuter avec moi, alors… hop, en route. »

Siobhan est désagréable, hein, je sais que tu sais que c'est pas contre toi mais je le rappelle au cas où. ^^

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 10 Juil 2014, 13:32

Pourquoi était-il surprenant ? Elle hésita quelques secondes avant de rester finalement dans son mutisme. Elle n'avait pas à être aussi proche de lui d'une certaine façon. C'est pourquoi elle ne pouvait se permettre de parler de tout et de n'importe quoi avec lui. Mieux valait ignorer sa question, même s'il allait certainement finir par bouder d'être ignoré de la sorte. Elle continua alors de mastiquer cette viande plutôt bonne, mais assez élastique quand même.

Mais Siobhán ne décida pas de s'en arrêter là. Voilà que maintenant il cherchait à savoir pourquoi elle n'était plus habituée à être accompagnée. Sur le coup, elle se raidit. Elle n'avait pas fait attention, mais elle avait du parlé à voix haute et dire quelque chose qu'elle ne souhaitait pas aborder avec quiconque et encore moins avec ce jeune homme. Elle repensa à Sywan et elle sentit son visage se décomposer. Elle chercha donc à se concentrer sur autre chose, désireuse de détourner son attention et de ne pas céder à l'angoisse de sa perte. Mais cela était déjà trop tard. Comme dans une spirale infernale, Ellesme plongea dans le puit des souvenirs et y plongea tête baissée. Elle repensa à tous leurs moments de rire, de complicité et même aussi de dispute.

« Oui, merci... » Dit-elle simplement lorsqu'il lui proposa d'oublier sa question. Pour une fois, il avait dit quelque chose de perspicace. Puis elle ajouta comme à elle-même que cela ne le concernait pas de toute façon. Elle ne voulait pas se montrer désagréable, seulement il fallait conserver une certaine intimité. Et de toute façon, si l'un d'eux pouvait se permettre d'en savoir plus sur l'autre, c'était bien elle. C'est elle qui avait un rapport à faire sur lui.

Ils reprirent alors la route, dès que chacun eut récupéré ses affaires. Ellesme avait aussi récupéré la viande qui restait et l'avait emballée dans un fin papier afin de la conserver. Avec deux petits morceaux de corde, elle avait accroché les deux lapins morts à sa ceinture. Lorsqu'elle marchait, elle sentait leurs petites carcasses s'entrechoquer contre sa hanche. La route se faisait sous la pluie et en silence, ce qui mettait plutôt mal à l'aise la jeune femme. Elle était comme gênée de ne pas parler avec le jeune homme, qui tout à l'heure s'était tout de même intéressé à elle. Lui qui paraissait égocentrique et même égoïste sur les bords, durant un instant semblait s'être posé des questions sur elle. Voilà une raison de plus qui montre pourquoi elle le trouvait surprenant.

« Pour être honnête... » reprit-elle en échos à ce qu'il venait de lui dire. « Je suis certaine que discuter avec toi peut être agréable ! » Finit-elle par dire en prononçant bien le peut être. Puis elle se mit à rire, trouvant agréable de le taquiner de la sorte.

Même si l'heure était à la camaraderie, Ellesme n'en perdait pas ses priorités. Elle envoya Sywan dans le ciel qui fit une ronde autour d'eux en observant l'horizon d'un regard perçant. La jeune femme perçut très difficilement les images qui lui apparaissaient. Elle pensait que sa blessure à la jambe influençait sur ses capacités à voir par les yeux du corbeau. De plus, même avec des yeux aussi pénétrant que ceux de Sywan, la pluie l'empêchait de distinguer clairement ce qui se trouvait au loin. Mais d'un certain côté, cela la rassura. Si elle n'arrivait pas à voir distinctement l'horizon avec les yeux d'un rapace, il était peu probable que les yeux d'un homme ne puissent les voir. Qui plus est, la pluie allait effaçait toute trace si jamais ils étaient une nouvelle fois suivi.

Une fois l'observation effectuée, elle se permit de relâcher la pression sans toutefois réduire son attention. Une fois, il avaient été pris au piège par sa faute et elle se jurait désormais que cela ne se produirait pas deux fois. Mais elle reprit sa discussion avec Siobhán.

« Je suis curieuse... » Ce n'était pas une bonne chose lorsqu'on était dans l'Escadron que de l'être. Elle ne devait pas s'intéresser aux genres de choses qu'elle s’apprêtait à évoquer. « Mais pourquoi dis-tu que ce n'est pas agréable de parler avec toi ? » Elle se doutait de sa réponse, en même temps elle en avait fait les frais... Mais elle voulait savoir ce que lui en pensait et ce qu'il voyait de son propre point de vue. Ellesme était intéressé par ce type d'observation. Elle aimait autant observer ce qui se passait autour d'elle que dans la tête de ceux qui l'entouraient.

« Je sais que parfois je peux aussi paraître bourrue quand on parle avec moi. » Lui dit-elle pour l'inviter à se confier, mais aussi parce qu'elle avait l'envie de le lui dire. Déjà qu'elle savait qu'il ne l'appréciait pas simplement parce qu'elle faisait partie de l'Escadron, elle regrettait qu'il ne la juge que par cet aspect là de sa personne. Qui plus est, son rôle l'obligeait à paraître froide. Mais il fallait avouer que depuis qu'elle s'était retrouvée de l'autre côté aux Ghettos et que l'Escadron l'avait enfermée dans une cellule, elle se remettait assez en question, n'appréciant pas l'image qu'elle pouvait donner d'elle-même.

Elle savait cependant qu'elle ne changerait pas. Bien-sûr, elle saurait être plus souple, mais son devoir passerait toujours avant tout. Si les autres ne pouvaient pas le comprendre, ce n'était plus son problème et dès lors, elle n'aurait plus aucun regret à être ainsi.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 12 Juil 2014, 01:07

Siobhán se retourna sur la jeune femme, un sourcil haussé bien haut pour montrer sa suspicion. Elle n’avait pas l’air de se foutre de sa gueule mais c’était ça qui était plutôt inquiétant.
« Hein ? Tu rigoles, là ? Tu dis que t’es bourrue ? » Il s’arrêta un instant, comme essayant de juger ce qu’il allait dire. Non mais sérieusement, elle le trouvait poli et sympa ou quoi ?
« Si t’es bourrue, alors moi je suis le premier des connards, hein ! Et c’est peut-être pas faux. Sérieusement, j’énerve la plupart des gens, je suis pas con, je le sais. Ben, il me le disent. Et franchement, ils ont aucun humour, mais je dois dire que je fais aucun effort pour plaire alors bah, c’est normal, je leur en veux pas. »

Le jeune homme haussa les épaules, soudain silencieux. C’était un peu étrange de penser à ça.
« Si je te dis que je suis pas agréable parce que j’en ai rien à foutre des autres et que je suis un connard, ça te va ? Voilà ta réponse ! »
Et Siobhán se mit à marcher plus vite, dépassant Ellesme qui avait du mal avec sa jambe blessée, comme si elle l’avait tout à fait vexé. Non mais sérieusement, pourquoi elle se posait des questions à la con comme ça, elle ? Est-ce que c’était pour lui faire son discours de bonne samaritaine comme tout le monde, aimez les autres et respectez-les ? Quelle sournoise ! Depuis le début, elle essayait d’être sympa, de s’intéresser à lui, et même si elle voulait remplir son rapport correctement, elle allait bien au-delà de ça, tiens, des fois ! Quoi, si elle manquait de compagnie et qu’elle avait besoin de parler, c’était pas son problème, hein !

L’orphe fennec se remit à bouder, les bras croisés sur son torse. Il détestait les gens si patient qui pour une raison ou une autre, se mettaient à faire comme s’il était quelqu’un de fréquentable. Il n’était, de son avis, pas amical du tout, et c’était bien pour une raison ; Siobhán n’avait besoin de presque personne et c’était sa propre personne qui passait avant tout et tout le monde, y compris le bien général. Que quelqu’un vienne l’embêter en faisant croire qu’il croyait en sa bonté profondément enfouie était particulièrement agaçant, comme s’il essayait de mettre des ailes d’anges à tout le monde.
Pscht. C’était bien pour se rassurer et ne pas déprimer devant la cruauté du monde, tiens. Lui était un fils de politicien, il était bien placé pour savoir qu’ils se mettaient le doigt dans l’œil. C’était là toute l’étrangeté de la chose, vivre dans un monde protégé où l’argent coulait à flot vous apprenait que les gens n’étaient pas mauvais parce qu’ils devaient survivre, mais simplement parce qu’ils pouvaient l’être.

Siobhán se retourna presque en sursautant, mais ce n’était que son chat qui montait sur ses épaules, frottant sa tête contre son oreille, et le jeune homme daigna enfin ralentir, et même se retourner, pour voir où Ellesme se trouvait. En la voyant galérer à le suivre, il s’arrêta pour l’attendre, s’étonnant lui-même de sa gentillesse relative. Mais bon, il avait beau être un connard, il n’était pas si méchant que ça non plus, hein ? La jeune femme était de toute évidence en train de souffrir depuis hier.
« Hé, à cette vitesse, on arrivera à Ohime Quinah dans un mois, dis donc ! » - ouais, gentillesse relative. Monsieur restait vexé sans raison contre elle, mais là encore, si ça n’avait pas été les paroles d’Ellesme, ça aurait été autre chose, sans nul doute. Siobhán était d’une susceptibilité incroyable, qui atteignait des sommets dans une situation comme celle dans laquelle ils étaient, sous la pluie froide. Il fallait dire que le jeune homme était plutôt frigorifié maintenant, et les cheveux trempés collés à son visage lui donnaient un style qu’il n’appréciait guère.

J'espère que je te donnes assez de matière pour répondre, désolé, je suis pas sûr d'avoir avancé grand chose. ^^

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 13 Juil 2014, 12:19

Lorsque Siobhán lui répondit, elle estima qu'elle avait mérité qu'on lui parle sur ce ton. Elle avait été bien trop curieuse et sa curiosité dépassait ce que ses droits lui autorisaient de faire. A ce stade là, il fallait avouer qu'ils étaient rentrés dans la sphère de la vie privée, voire même personnelle.

Cependant, elle fut à peine étonnée de sa réponse. Cela l'attrista de voir qu'il avait très mauvais estime de lui-même. S'il était comme ça, c'est parce qu'il le voulait bien et ne s'épuisait pas à faire le moindre effort. Pourtant, jusque là, Ellesme avait aperçu un jeune homme qui pouvait apprendre à étouffer sa fierté et être gentil et serviable. N'était-ce pas lui qui l'avait aidé à recoudre sa plaie ? Ou n'était-ce pas lui, une fois encore, qui s'était intéressé à son passé un très bref instant ?

Mais avant même de pouvoir lui répondre, ce dernier accéléra l'allure, établissant ainsi une distance entre eux qu'elle ne pouvait rattraper. Pourtant elle essaya en marchant plus vite à son tour. Mais en vain, elle était toujours à l'arrière et sa jambe commençait à lui faire mal à nouveau. Elle soupira, agacée par son comportement de gamin capricieux. Durant un instant elle se demanda comment avait-elle pu avoir un sentiment de compassion pour quelqu'un comme lui ? Ils avaient quasiment le même âge et pourtant il semblait en avoir dix de moins. Elle demanda malgré tout à son corbeau de s'envoler pour garder un œil sur Siobhán et les alentours.

Qu'il pouvait être inconscient pensait la jeune femme. Ils pouvaient être en danger et lui préférait s'isoler dans un coin pour bouder. A un moment, elle vit à travers les yeux de Sywan qu'il s'était arrêté. Hors d'elle, elle se pointa jusqu'à lui, essoufflée des efforts que cela lui avait demandé pour le rattraper.

« Je peux comprendre que tu sois susceptible ! » commença-t-elle d'une voix qu'elle ne contrôlait pas et en s'approchant de lui. « Par contre, réfléchis un peu avant d'agir comme un gamin. Des hommes qui te tombent dessus par surprise ne t'a pas suffi à comprendre qu'il ne fallait pas rester seul ? » Elle s'arrêta un instant, reprenant toujours son souffle. « Et en plus de ça, nous devions garder une allure lente pour laisser le temps à ma jambe de guérir. Retour à la case départ, ma jambe me fait autant souffrir qu'au début maintenant ! »

Elle se recula en soulevant les bras de fatigue. Jamais une mission ne s'était déjà passée comme cela. Déjà, avec son ancienne partenaire, il n'y aurait jamais eu de débordement de la sorte. Ellesme était encore trop peu expérimentée pour pouvoir gérer seule une mission, même aussi simple que celle-ci. Cette idée la déprima quelques instants avant de se rappeler qu'elle reprenait le service et qu'il fallait un certain temps d'adaptation. Puis, il ne fallait pas omettre son handicap qui ne l'avantageait absolument pas du tout ainsi que la mission qui n'était pas aussi simple qu'elle aurait dû être.

Elle tenta de se calmer en respirant calmement, ignorant la présence du jeune homme à ses côtés. Tout ne se passait pas non plus mal. Même si Siobhán était irréfléchi selon elle, il n'était pas non plus terrible. Déjà, il se laissait guider sans trop protester. Ne serait-ce que de la suivre était une excellente chose. La situation n'était pas catastrophique, désormais Ellesme en était consciente. Elle s'adressa à nouveau à lui.

« Ce n'est pas grave. Ce qui est fait est fait désormais et ça ne sert à rien d'y revenir. Ce n'est pas en nous plaignant ou en nous énervant que nous allons avancer ! »

Puis à cet instant, elle eut comme un pressentiment. Le corbeau commença à s'agiter sur son épaule sans pour autant paniquer grâce à l'achat qu'elle avait fait. Mais quelque chose était en train de se passer. Au loin, une Teigne se dirigeait vers eux à vive allure. Soit elle était paniquée, soit très énervée, mais dans tous les cas elle écraserait tout ce qu'elle croiserait sur son chemin.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 18 Juil 2014, 20:58

Siobhán se retourna brusquement en entendant les paroles d’Ellesme, prêt à lui faire remarquer que d’abord, il était gamin s’il le voulait, et qu’il l’emmerdait, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge pour autre chose d’encore plus blessant.
« Sérieusement, tu crois qu’être avec toi va m’aider à me défendre si je me refais attaquer ? T’es aveugle et blessé ! Woaw ! Quelle chevalière ! »

Le jeune homme se sentit à peine mal à l’aise et honteux en voyant qu’elle ne répondait pas, et restait là, calmant sa respiration. Il avait plus l’habitude des gens qui ripostaient immédiatement et Siobhán devait avouer qu’il était étrange de rester avec une personne si patiente. Râler sur le gens et être scandaleusement désagréable étaient beaucoup moins drôle quand son interlocuteur se contentait d’attendre qu’il se calme avec un air déçu et légèrement blessé. Cela lui donnait encore plus envie d’abuser pour la faire réagir, mais de l’autre côté, cela lui donnait aussi presque une impression de honte, si bien qu’il balançait entre les deux, furieux contre sa gentillesse niaiseuse mais presque attiré par l’idée d’avoir une relation sympathique avec un autre être humain.

Une silhouette à l’horizon, aperçue à cause des mouvements en cercle du corbeau au-dessus d’eux, lui coupa toute envie pour un nouveau sentiment d’urgence, de toutes manières.
« Hé, y a une bestiole qui vient vers nous, là ? Elle… Elle va vite, hein. C’est quoi, ton corbeau, il peut pas se rendre utile pour une fois ? » - La réponse d’Ellesme qui vient tout de même le laissa pantois.
« Une teigne ??! » siffla sans voix l’orphe fennec, qui jeta un coup d’œil plein d’appréhension à la jeune femme, comme si elle allait lui sortir son plan B miraculeux qui les transportaient dans un endroit en sécurité. Mais bien sûr, elle n’avait rien, tout simplement parce qu’à part l’appel d’un hélicoptère, il n’y avait pas grand-chose à espérer dans ses plaines herbeuses qui les mettaient à couvert d’un point de l’horizon à un autre. Aussi Siobhán, les oreilles plaqués en arrière, se remit à grogner sur Ellesme parce qu’il n’avait rien d’autre à faire.
« Toi, mais c’est ta faute ! T’es pas sensée nous protéger pour qu’on arrive sain et sauf à Ohime Quinah ?! Je le crois pas ! Maintenant on va se faire bouffer par une teigne et c’était la semaine la plus horrible de mon existence ! T’es vraiment inutile ! »

Le jeune homme se mit à tourner autour d’elle en s’agitant inutilement, une bonne manière d’attirer justement la grosse bestiole vers eux, vers il ne s’en rendait pas vraiment compte vu sa panique. Panique qui le fit d’autant plus hurler lorsqu’il réalisa qu’elle s’approchait inexorablement vers eux, et que ce n’était pas parler et s’énerver qui allait arranger les choses. Siobhán resta un instant figé, les yeux fixés sur la teigne de plus en plus grosse, avant de se retourner et de reculer de quelques pas.

Minute, il n’allait pas s’enfuir sans laisser Ellesme derrière, non ? Déjà c’était elle qui était sensée l’amener jusqu’à Ohime Quinah, et elle allait se faire bouffer, non ? Aucune chance qu’elle arrive à courir aussi vite que lui. Si bien que le jeune homme grogna d’exaspération une dernière fois avant d’attraper Ellesme, façon fiancée, pour s’enfuir à toutes jambes. Enfin, autant que le poids de son sac et de la jeune femme toute entière lui permettait. Heureusement, le corbeau de cette dernière avait donné l’alerte à temps, bien avant que la bestiole arrive à leur hauteur. Lorsqu’il laissa tomber Ellesme dans les feuilles mortes d’un petit bois vers lequel il s’était directement dirigé, Siobhán était rouge et en suant et semblait proche de la crise d’asthme.
« Ok, on fait quoi maintenant ?! Genre, l’énorme machin, là, il va venir nous chercher là, ou quoi ? Genre il passe entre les arbres et tout ? » demanda-t-il, hoquetant à chaque mot parce qu’il était à bout de souffle. Il avait l’air encore plus furieux, échevelé et les joues cramoisi, non sans rappeler ironiquement la teigne à leur trousse.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 24 Juil 2014, 15:21

Heureusement, Ellesme était patiente, voire même très patiente. On lui disait souvent qu'elle ferait une bonne mère juste pour cette même raison. Le temps que le jeune homme se calme, elle plongea dans ses souvenirs, se rappelant de cette conversation qu'elle avait eu avec Sywan, il y a bien un an maintenant. Elle n'avait absolument jamais envisagé d'avoir un enfant. D'ailleurs, elle n'était même pas intéressée par une relation amoureuse. C'est pour dire !

Elle remarqua seulement au bout de quelques instants que Siobhán s'était enfin tu. Mais avant même de pouvoir en placer une, il rajouta ce qui mit un terme à sa patience. Elle en oublia même l'existence de la teigne qui fonçait droit sur eux. Il y avait un temps pour chaque chose, d'abord elle allait s'occuper de le remettre à sa place, ensuite elle s'occuperait de la teigne. Il fallait admettre que ses priorités n'étaient pas cohérentes, mais elle sentait en elle l'envie d'extérioriser ce qu'elle pouvait ressentir à ce moment.

Ce jeune homme puéril oubliait la politesse et le respect qu'il devait aux autres. Quant à Ellesme, elle allait oublier un court instant ses devoirs.

« De ma faute ? » Sa question n'en était pas vraiment une. Elle avait simplement scandé l'absurdité de ce qu'il pouvait dire. Bien-sûr elle fut blessée d'entendre de tels mots. Elle n'était pas une machine, mais bien une humaine et qui plus est une femme. Néanmoins, comment pouvait-elle se sentir injuriée par un gamin aussi capricieux que lui ? Ses insultes n'avaient aucune valeur. Et pourtant, ses paroles l'offensèrent.

« Déjà pour commencer, petit rappel, ma mission n'est pas de te protéger mais de t'emmener à Ohime Quinah ! » Bien qu'elle cherchait à contenir sa colère, elle se laissait clairement emporter comme insouciante. « Tu n'es qu'un gosse capricieux, on dirait que tu as douze ans ! » Elle ponctua ses propos en pointant son torse d'un doigt accusateur. « C'est la pire semaine de ta vie ? Et bien ! Mon pauvre, il t'en faut peu. Elle se résume à quoi ta vie d'ailleurs ? Claquer des doigts pour qu'on t'apporte ce que tu veux ? »

Elle était presque choquée d'entendre ça. Il osait se plaindre et l'accuser alors que d'une certaine façon, s'ils en étaient arrivés là, c'était par sa faute. S'il n'avait pas été là, jamais elle n'aurait été embarquée dans une mission aussi absurde.

« Si quelqu'un devait se plaindre, ce serait plutôt moi ! Cette mission est ridicule, j'ai l'impression d'être la baby-sitter d'un gosse de riche. Je suis blessée à la jambe et c'est de ma faute peut-être ? Ces problèmes ne me concernent pas, ce sont les tiens et j'en subis les conséquences. » Jamais elle n'aurait du se laisser emporter de la sorte. Maintenant qu'elle avait commencé à tout déballer, il lui était désormais impossible de s'arrêter à la moitié seulement.

Elle aurait souhaité continuer, mais elle fut entrainée par le jeune homme qui semblait, contrairement à elle, ne pas avoir oublié la présence de la teigne qui s'était rapprochée. Une fulgurante douleur à sa jambe la ramena à la réalité. Siobhán courrait en l'entrainant avec lui comme si elle n'avait pas été blessée. Durant la course, elle trébucha, manquant de tomber. Mais grâce à l'appui que lui apportait le jeune homme, elle réussissait à garder l'équilibre.

Allongés tous les deux dans l'ombre de quelques arbustes, Ellesme entendit la bête les dépasser absolument indifférente de leurs présences. Elle devait vraiment être dans un état critique pour ne pas les avoir remarqué, ni même senti leurs odeurs ainsi que celle que dégageait le cadavre des lapins à sa ceinture.

Lorsque le grondement de ses lourds pas fut évanoui, elle se redressa, massant douloureusement sa jambe. Une chose était sure, sa plaie n'allait pas se refermer ce jour-là. Il faudrait encore atteindre le lendemain au moins pour espérer ne serait-ce qu'un petit rétablissement.

La douleur, la peur aussi ainsi que le danger lui firent oublier ses soucis, ou plutôt les gamineries, avec Siobhán. Elle s'en voulait un peu de s'être laissée emporter aussi facilement. Elle en avait désormais presque honte et c'était une faute plutôt grave selon elle. Elle comptait faire apparaître ce détail dans son rapport même si elle n'en était pas fière.

« Je crois que nous sommes tranquilles maintenant, il ne reviendra pas. Seule une montagne l'arrêtera ! » Dit-elle pour répondre aux questions du jeune homme. Puis, elle rajouta d'un ton boudeur pour détendre l'atmosphère. « Je suis peut-être inutile... Mais si jamais tu te fais agresser par des insectes, je pourrai toujours t'en débarrasser. »

Il était totalement inutile de s'énerver de la sorte. Cela ne faisait pas avancer les choses, ça n'avait jamais été le cas et pourtant elle s'était laissée emporter dans un moment de faiblesse. Après tout... ça pouvait arriver à tout le monde.

« Bon... Je crois que nous ne sommes pas partis sur de bonnes bases. » Annonça-t-elle d'un air grave. « De mon côté, je ne m'attendais pas à ce type de mission. Quant à toi, tu ne t'attendais certainement pas à être accompagné par une handicapé. » Elle s'interrompit, hésitant à en dévoiler plus. Mais elle estima que certains détails devaient restés cachés. Finalement, elle lui dit simplement qu'ils avaient tous les deux été trompés.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 28 Juil 2014, 02:34

Désolé pour le pavé, je retrouve le rp. XD Aussi, désolé pour Siobhán, il est infect !

Siobhán jeta un regard absolument furieux à Ellesme, malgré sa tentative de calmer le jeu. Malheureusement pour elle, le jeune homme n’était pas du genre à être raisonnable ni de bonne volonté, et réagissait si parfaitement comme un gamin qu’il était forcément particulièrement indigné quand on lui faisait remarquer. Il resta là, rouge du manque de souffle et de sa fureur, à regarder la femme de l’escadron comme s’il allait la bouffer, mais il avait du mal à trouver quelque chose d’assez blessant à lui dire.
Si bien qu’il se contenta de faire claquer sa langue avant de se redresser : « D’où t’as cru qu’on était parti sur une base ? Tu me connais pas et moi non plus, je te connais pas et ça me va très bien comme ça ! Pourquoi tu crois que j'ai envie d'avoir quoique ce soit à voir avec ta gueule ? Si tu peux la fermer jusqu’à ce qu’on arrive, ça sera aussi bien ! »

Et Siobhán se remit en route sans attendre la réponse d’Ellesme. Il était rare qu’il se prive de voir la réaction de son interlocuteur quand il disait quelque chose de particulièrement méchant, mais à ce moment-là, lui ne se sentait pas complètement bien non plus non et n’avait même pas envie de s’en amuser. Probablement parce qu’elle avait parfaitement raison dans tout ce qu’elle avait dit, et avait eu raison de ne pas prendre des pincettes pour lui dire puisque lui ne l’avait jamais fait. Mais ça, l’orphe fennec ne risquait pas de l’avaler tout de suite. Il avait l’habitude de pouvoir envoyer chier tous ceux qui l’embêtait, c’est-à-dire à peu près tout le monde, et de ne plus les revoir après ; mais avec Ellesme, c’était différent, il était bien obligé de rester avec elle et cela impliquait forcément de vivre avec quelqu’un d’autre, dans un sens. Il s’en serait arraché les poils des oreilles. Il s’en serait roulé par terre. Il la détestait autant qu’on pouvait détester quelqu’un.
Il resta absolument silencieux jusqu’au soir, seulement conscient de la présence de la jeune femme derrière lui à cause du bruit de ses pas, mais il s’arrangeait toujours pour rester devant elle lorsqu’il entendait qu’elle se rapprochait un peu trop, histoire de n'avoir pas à poser les yeux sur elle.

Lorsque le soleil eut disparu depuis un peu trop longtemps et qu’il était difficile de voir où ils allaient, Siobhán se contenta simplement de déposer son sac et de s’installer par terre pour dormir. Le chat se mit à miauler avec insistance pour avoir à manger jusqu’à ce que son maitre craque et sorte un peu de croquettes, mais il se rallongea aussitôt, dos à Ellesme. L’orphe fennec détestait particulièrement que sa frustration ne semble pas diminuer, et au contraire, devenait si présente qu’elle lui donnait envie de se gratter partout jusqu’à réussir à l’enlever. Siobhán ne se sentait jamais coupable, bien sûr, il n’empêche qu’avec la jeune femme juste à côté de lui, il semblait qu’il ne pouvait pas calmer son esprit, lui d’ordinaire si blasé.

Probablement à cause de cela, lorsque la rosée du matin le réveilla à une heure presque indécente le lendemain, il n’arriva pas à se rendormir. Le jeune homme avait particulièrement faim aussi, puisqu’il n’avait pas mangé le soir d’avant, et il piocha dans un paquet de gâteaux qu’il lui restait. Il n’avait plus grand-chose de comestible dans ce sac à dos qui semblait maintenant bien peu pour tenir une semaine dans la nature. Et il avait mal partout à dormir par terre, et faisait légèrement froid, assez pour le faire frissonner. Et ils n’étaient même pas encore dans le désert, où ils auraient la chaleur insupportable des jours et le froid des nuits. Et presque rien à trouver à manger, aussi. D’autant qu’Ellesme serait toujours à côté, et pourrait facilement lui faire encore des remarques à base de gosse de riche immature effrayé par les petites bêtes, mademoiselle qui savait chasser et se débrouiller tellement toute seule ! Au moins, il ne l’aurait plus dans les pattes, arrivé à Ohime Quinah. En revanche, hé bien, il ne savait absolument pas ce qu’il lui arriverait à ce moment-là.

Siobhán eut du mal à retenir des larmes si soudaines qu’il n’eut pas le temps de les retenir. Il était si surpris, lui qui ne pleurait jamais, qu’il reniflait quelques minutes en essuyant constamment ses joues humides, comme si ça allait s’arrêter tout seul et qu’il venait seulement de se prendre un nuage de poussière dans la figure. Lorsqu’il réalisa qu’il se sentait simplement mal, le jeune homme en fut d’autant plus furieux. Ils étaient partis depuis combien de temps ? Il n’avait pas tenu trois jours dans la nature et était déjà en train de craquer, avide de retrouver son petit appartement high-tech pourvu d’une porte qu’il pouvait claquer à la figure de n’importe qui. Parce qu’aussi, il n’avait pas non plus tenu trois jours avec une autre personne en maintenant une relation à peu près respectable avec celle-ci. Ce n’était jamais sa faute, c’était forcément celle d’Ellesme, bien sûr. Mais s’il avait été du genre à être honnête avec lui-même, il aurait avoué se sentir coupable envers elle, parce qu’il était normal qu’elle ait du mal à le supporter vu son comportement. Le jeune homme s’en fichait d’habitude, encore et toujours égoïste, mais aussi, il n’avait même pas son meilleur ami, ni de vagues connaissances, ni même la télé pour l’empêcher de se sentir moins seul dans cette situation merdique. Il était habitué à être seul très souvent, pourtant. Mais pas à se sentir seul.

Le chat s’était installé dans le creux de ses jambes depuis qu’il s’était assis en tailleur après avoir abandonné l’idée de se rendormir, et Siobhán le caressa un peu, un peu rassuré de voir le dernier souvenir de cet endroit qu’il voulait tellement retrouver. Il avait bien fait de l’emmener, même s’il ne remplaçait pas une personne, c’était quand même un petite boule de réconfort poilue.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 05 Aoû 2014, 21:52

Il n'y avait pas que de la bêtise dans ce que venait de dire Siobhán. Elle le concevait parfaitement même. Ils n'avaient pas à sympathiser comme elle avait cherché à le faire. Son rôle dans l'histoire la maintenait toujours à distance des autres. Elle était là pour accomplir sa mission sans chercher à savoir si ce qu'elle faisait convenait aux autres ou non. Elle devait tout simplement obéir aux ordres sans discuter. Jusque-ici, elle avait toujours su le faire, peut-être parce qu'auparavant elle n'était pas seule, Sywan était là elle-aussi. Dorénavant, elle était seule pour accomplir ses missions ou pour être plus juste, elle accomplissait sa première mission réellement seule. Et cela lui pesait d'une certaine façon. Elle comprenait maintenant pourquoi elle avait désiré accorder tant d'attention au jeune homme. Peut-être pour combler égoïstement ce vide que lui avait laissée son amie.

Et il avait raison lorsqu'il lui rappela ses priorités et ses devoirs, même si elle estimait qu'il n'avait pas à lui dire de cette manière. De toute façon, elle avait remarqué depuis longtemps qu'il n'avait aucun tact avec les autres, car il était bien trop centré sur lui-même ne se préoccupant pas, selon elle, des autres. Elle l'écouta alors, réalisant qu'elle faisait fausse route depuis le départ et n'eut même pas la force ni le courage de lui répliquer qu'il n'avait pas à lui parler sur ce ton, que si elle le voulait, elle pourrait le menotter jusqu'à leur arrivé à Ohime Quinah. De toute façon, il lui tourna le dos sans même lui laisser la chance de répliquer.

Elle aurait pu le rejoindre, l'attraper par le bras et lui rappeler qui contrôlait, théoriquement, la situation et qui avait le droit de parler et de se taire. Mais elle resta plantée sur place, à méditer sur ces mots qu'elle venait d'entendre d'un gamin immature, mais qui pourtant disait vrai.

Ils marchèrent toute la journée en silence, ce qui lui pesa deux fois plus sur le morale, appuyant l'absence de coéquipier. Pourtant, cela lui fit un grand bien. Elle eut tout le temps nécessaire pour réorganiser ses pensées ainsi que ses priorités. Désormais, elle n'allait plus chercher à agir avec lui comme s'il avait été son ami. Siobhán n'était qu'un individu à escorter jusqu'à Ohime Quinah et qu'elle ne connaissait pas, qu'elle ne connaîtrait jamais. Elle jugea raisonnable de ne pas revenir sur ce qu'il lui avait dit pour deux raisons. La première est qu'il n'avait pas tord et la seconde que le débat était perdu d'avance, ça ne servait à rien de discuter avec une personne comme lui. Il était fermé au dialogue et ne cherchait pas à se remettre en question. Il resterait toujours ce petit garçon capricieux et dédaigneux envers les autres.

Avant de se coucher, elle mangea un morceau de lapin froid, n'ayant même pas le courage de faire un feu. Elle n'en proposa pas non plus au jeune homme qui était toujours en retrait. Elle vit qu'il lui restait de quoi grignoter, donc ce n'était pas non plus nécessaire. Puis s'il avait réellement faim, il viendrait réclamer comme il avait toujours fait. Qui plus est, elle n'avait pas l'intention de venir vers lui pour lui donner une part, sachant qu'il avait certainement besoin de solitude aussi. Elle doutait qu'il se pose des questions, qu'il se remette même en question, mais un peu de temps pour réfléchir n'avait jamais fait de mal à personne.

Elle trouva le sommeil difficilement, bousculée par les évènements de la journée. Une fois endormie, elle fut troublée par des rêves angoissants et se réveilla même à plusieurs reprises, puis elle replongeait toujours dans un sommeil perturbé.

Sans les sanglots, pourtant discret, de Siobhán, elle aurait dormi jusqu'au midi. Elle n'était plus habituée aux missions depuis son accident. Du temps était nécessaire pour récupérer un tel rythme. Alors comment pouvait-on vivre un rythme aussi soutenu pour quelqu'un qui n'y avait jamais été habitué ? Peu importait, les questions concernant les autres ne la regardaient désormais plus. De toute façon Siobhán n'avait pas d'autres choix que de la suivre sans broncher. Etait-ce peut-être la raison pour laquelle il pleurait. Elle l'écouta tout en restant allongée, comme si elle ne s'était pas réveillée. L'envie de le réconforter l'effleura, mais se rappela que ce n'était pas à elle. Cependant, par respect, elle attendit que les pleurs cessent pour se lever. Elle ne le salua pas pour autant, ne montra pas non plus qu'elle avait presque tout entendu et elle finit par se préparer pour reprendre la route.

Sywan s'envola haut dans le ciel et profita de l'air matinal pour se dégourdir. Ellesme fut déçue de ne pas être capable de ressentir ce que le corbeau pouvait ressentir. Voler ainsi devait être tellement bon, car on devait ressentir comme un sentiment de puissance et de liberté absolu.

Elle remarqua au loin de la fumée, le corbeau se focalisa sur ce point là et au bout d'un certain temps, elle vit qu'il s'agissait d'un petit village. Il était encore loin, mais une journée allait largement suffire pour s'y rendre. La veille, avec la nuit tombante, elle n'avait pu l'apercevoir. Ce village était quasiment sur leur route, pour le rejoindre il allait falloir faire un petit détour. Elle estima que c'était une bonne idée de s'y rendre. D'une part pour sa jambe qui allait pouvoir être mise en charge et soignée, mais aussi pour Siobhán qui allait retrouver un peu de confort pour interrompre quelques temps ce rythme qui lui était imposé. Même si elle ne voulait plus avoir de contact avec lui, une part d'elle-même s'efforçait de faire des efforts pour lui. Mais sans sa blessure, elle n'aurait jamais pris la peine de faire ça.

« Il y a un village à quelques kilomètres. Il n'est pas exactement sur notre chemin, mais nous allons faire le détour pour s'y rendre. Nous y trouverons de quoi soigner ma jambe. » Dit-elle d'une voix un peu enrouée. Elle lui donna seulement une partie de ses raisons, ne voulant plus montrer qu'elle faisait ça aussi pour lui. De toute façon, peu lui importait d'être bien vu ou non. Son avis et ce qu'il pensait d'elle ne l'intéressaient désormais plus. Elle se rappela de ce moment en cellule et ressentit la répulsion qu'on pouvait ressentir envers les membres de l'Escadron. Avec le temps, elle était certaine de devenir indifférente aux regards méprisants.

Elle pointa du doigt la direction à prendre. « C'est par là, si vous voulez passer devant comme hier, je vous suis. » Le vouvoyer lui fit un drôle d'effet, cela semblait si peu naturel. Mais au moins, cela lui permettait de conserver une distance suffisante avec lui. Puis aussi, il allait comprendre que désormais elle n'avait que faire de lui, il était devenu comme un inconnu, ce qui était déjà un peu le cas.

Je suis désolé, je ne fais pas vraiment avancer le RP, mais je pense qu'avec une telle situation, c'est pas simple d'avancer sans bâcler ce qui se passe « entre nous ». J'ai essayé de réagir de façon à pouvoir continuer sans partir dans une spirale de haine, mais de façon aussi à percuter Siobhán.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 07 Aoû 2014, 20:48

Siobhán n’eut heureusement pas le loisir de réaliser qu’Ellesme avait été réveillé par ses pleurnicheries. Il en aurait fait sans doute encore un scandale, plus vexé que jamais, ou peut-être qu’il était déjà trop à bout pour faire encore des histoires. Le matin silencieux, ponctué par les biscuits qui trainaient encore dans son sac et qu’il commençait à détester, l’avait déprimé d’autant plus qu’il avait déjà décidé de ne plus y réfléchir. La vie, d’abord, c’était de la merde, et c’est tout.

Aussi quand la jeune femme lui proposa de passer par un village par très loin de leur route, Siobhán n’eut qu’un haussement d’épaules à servir à la jeune femme. Il était pourtant secrètement plutôt enthousiasmé par ce changement de plan. Marcher des heures sans rien faire était plutôt très très ennuyeux. Sauf qu’il ne parlait même plus avec Ellesme, si bien qu’il n’avait plus qu’à compter le nombre de pas qu’ils faisaient, une occupation dont il aurait pensé ne jamais avoir à s'abaisser.

Il fut pourtant pris de court par les paroles qui suivirent. Il regarda bêtement Ellesme et demanda avec un air surpris : « Pourquoi tu me vouvoies ? »
Et puis immédiatement après avoir posé la question, il réalisa tout seul à combien elle était stupide, sans même avoir besoin de la réponse. Il se renfrogna aussitôt et partit dans la direction que lui indiquait la jeune femme ; après tout, il pouvait difficilement lui reprocher la manière dont elle lui parlait alors qu’il lui avait clairement indiqué qu’il ne voulait rien avoir à faire avec elle. Même dans toute sa mauvaise foi naturelle. Et puis d'abord, il s'en fichait ! Elle pouvait le vouvoyer autant qu'elle voulait, c'était pas son problème, d'abord !
Ils arrivèrent rapidement au petit village qui intéressait Ellesme, mais ce n’était pas quand même ce qui allait impressionner Siobhán. Une petite place du marché où trainait une bande de poule apparemment surbookées, quelques vieilles fermes où des silhouettes apparaissaient et disparaissaient à tour de rôle, une bordée d’arbres qui offraient de l’ombre à une tripoté de gamins et… c’était tout.
Le jeune homme renifla d’un air méprisant.

« Ben je te souhaite bonne chance pour trouver du désinfectant là. » murmura-t-il, trop envieux de pouvoir lancer une remarque désagréable comme il en avait l’habitude pour se souvenir de son pacte du silence qu’il avait instauré le jour d’avant. Quant au vouvoiement, qu’il avait momentanément oublié, Siobhán décida que ce n’était pas parce qu’Ellesme l’utilisait que lui devait le faire. Fallait pas non plus attendre de lui une politesse irréprochable. Il garda son air de bouledogue mal embouché lorsqu’une femme s’approcha d’eux avec un léger sourire, un grand panier rempli de linge balancé sur sa hanche.

« Tiens, ben v’là des visiteurs ! Vous voulez quoi les jeunes ? J'peux vous aider ? » - Elle eut pourtant à peine besoin de la réponse de la jeune femme de l’escadron lorsqu’elle aperçut de l’état de la jambe de celle-ci. Malgré le bandage de fortune qui recouvrait sa blessure, celui-ci était assez maculé de sang pour qu'il ne soit pas difficile de deviner que c’était pire en dessous. La femme glapit et jeta un regard de mère accusatrice à Ellesme.
« Mais qu’est-ce que vous avez fait pour vous retrouver dans cet état ?! Venez par là ! » Elle attrapa le bras de la jeune soldate de l'escadron pour la mettre derrière son cou et l'aider à marcher, et fila une claque sur les fesses de l'orphe fennec à côté d'elle, qui se figea d'horreur : « Toi aussi, ne reste pas planté là comme ça, viens donc, on va s'occuper de ta chérie ! »

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 11 Aoû 2014, 10:59

Ellesme se faisait emmener par le bras et pour la première depuis qu'ils étaient partis, elle se sentit d'une certaine façon en sécurité. On allait enfin s'occuper d'elle et plus précisément de sa jambe douloureuse. Elle était soulagée de savoir qu'on allait les prendre en charge, mais à peine eut-elle le temps de souffler qu'elle s'exclama d'indignation lorsqu'elle entendit « ta chérie » sortir de la bouche de cette bonne femme.

« Vous vous trompez, je ne le connais pas, il n'est pas mon... chéri. » Elle cherchait à se justifier, comme si ce qu'elle avait entendu avait été une injure. La seule réaction de la dame au panier fut de glousser comme si elle venait d'entendre une bêtise.

Ils quittèrent les rues consacrées au petit marché et pénétrèrent une place ouverte où une fontaine brisait le silence. On pouvait entendre le clapotis continu comme s'il s'agissait d'une pluie fine. On guidait Ellesme à la façon d'une enfant. Peut-être avait-elle remarqué qu'elle était aveugle. Et si cela était le cas, la demoiselle était reconnaissante qu'on ne lui fasse pas la réflexion et qu'on se contente de l'aider sans commentaire. Ils arrivèrent enfin devant une petite maison.

« B'jour Elise ! T'as avec toi ta petite famille ? » Lança un voisin à leur intention.
« Nan, la petite est blessée, on va la soigner, tu sais ! »

Tenant toujours la jeune femme d'un bras et le panier de l'autre, elle s'arrangea pour ouvrir la porte sans avoir à lâcher ni l'un ni l'autre. Puis d'un coup d'épaule digne d'un bucheron, elle ouvrit la porte qui claqua contre le mur à l'intérieur. Elle se tourna vers Siobhán et lui dit de rentrer le premier. Mais avant, elle lui glissa la main d'Ellesme dans la sienne et lui demanda de l'assoir à la table de la cuisine, ignorant totalement sa présence, un peu comme s'il parlait d'un bébé qui n'était pas conscient qu'on parlait de lui. Elle partit ensuite dans le jardin, certainement pour étendre son linge, laissant Ellesme seule avec le jeune homme qui l'ignorait depuis pas mal de temps maintenant. Elle fut la première à arracher sa main de la sienne, sans prononcer le moindre mot.

Elle aurait souhaité se débrouiller toute seule pour s'assoir, mais le corbeau était resté dehors, la privant de ses yeux. Ainsi, elle se retrouvait dans une maison qu'elle ne connaissait absolument pas et elle n'avait aucun moyen de savoir où se trouvait de quoi s'assoir. Ce manque de liberté absolue la rendait intérieurement folle de rage. Pourtant elle n'en montra pas le moindre signe, jugeant préférable de ne pas se montrer faible.

Avant même qu'elle ne trouve de place où s'assoir, Elise rentra avec un panier vide cette fois-ci.

« T'es encore debout avec cette blessure ? Viens donc t'assoir ! » Elle la prit une nouvelle fois par le bras, la guidant avec douceur jusqu'à la table. « Voilà, là, c'est bien comme ça. »

Puis elle attrapa Siobhán à son tour sans trop vraiment lui laisser le choix et l’assit juste à côté de la jeune femme. Ellesme avait à la fois envie de rire et de l'ignorer. Il lui en avait suffisamment fait voir de toutes les couleurs. Elle estimait qu'elle n'avait plus à supporter son humeur de sale gamin capricieux. En réalité, au fond d'elle, elle lui en voulait d'avoir été comme ça avec elle et elle en était vexée. C'était la raison pour laquelle elle préférait l'ignorer et pourtant la situation la faisait rire, même si elle ne le montrait pas. Elle ne voyait pas sa tête, mais elle aurait aimé voir sa mine décomposée et boudeuse à cause d'Elise qui se chargeait de lui sans lui demander son avis.

« Tu pourrais t'en occuper quand même, petit. R'garde là, elle est toute fragile avec sa jambe. Faut la nourrir maintenant ! Attendez-moi là, j'vais chercher d'quoi croquer. »

Elle les quitta alors en sifflotant une chanson qu'elle seule devait connaître.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 15 Aoû 2014, 16:49

Siobhán gronda et souffla contre une locomotive lorsque les paroles de la bonne femme atteignirent ses grandes oreilles. Il l’aurait bien envoyé complètement baladé, mais bon, ils venaient quand même pour que Ellesme se fasse soigner et son égoïsme avait des limites, il n’allait pas l’empêcher d’être un peu soulagé de ses douleurs.
Mais bizarrement, il regrettait finalement qu’ils aient fait un détour par ce village si c’était pour se faire alpaguer par des insupportables personnes de ce genre… ! Et dire qu’il se plaignait intérieurement qu’il s’ennuyait comme un rat mort il y avait encore une demi-heure !
« Oh, c’est pas à moi de m’en occuper, je la connais pas ! On est juste coincé ensemble par la merdique du destin alors commencez pas à vous imaginer des trucs. » bougonna-t-il face aux réprimandes qu’on lui avançait, mais Elise qui venait de faire asseoir Ellesme et de revenir avec du saucisson et une énorme miche de pain haussa juste les épaules en fronçant les sourcils.
« Dis donc, toi, garde un ton un peu plus aimable ! Qu’est-ce que les jeunots sont mal élevés de nos jours, bondieu. »

Elle leur découpa deux énormes tranches, une pour chacun, avec un air pour Siobhán qui ressemblait probablement à celui qu’elle donnait à ses enfants lorsqu’ils étaient sur le point de faire une bêtise. En revanche, elle s’attela à la blessure de la jeune fille de l’escadron avec une grande douceur – et bien plus de savoir-faire que l’orphe fennec ne l’aurait imaginé -.
Si bien que ce dernier se contenta de bouder dans un coin, mais mangea quand même avec appétit. Forcément, c’était difficile même pour lui qui n’était jamais satisfait, de ne pas se féliciter d’avoir dans la bouche autre chose que des biscuits. Elise semblait même avoir abandonné l’idée de s’intéresser vraiment à lui, ce qui était encore mieux.

Peut-être pas. Parce qu’une bande de gamins surexcités envahirent bientôt la pièce, et qu’il ouvrit les yeux avec horreur lorsque leur mère leur annonça qu’il pouvait l’emmener s’occuper d’eux et du linge qu’elle avait laissé dehors. Bien sûr, la première protestation de Siobhán aurait été de lui faire remarquer qu’il n’était ni son homme de ménage ni sa nounou, merci bien, mais le problème était qu’à ce moment-là, il était déjà trop occupé à essayer de résister au raz-de-marée enfantin qui l’emmenait hors de la maison. Comment seulement cinq enfants pouvaient faire autant de bruit et avoir autant de force ? Ces trucs étaient comme les feunetons, il en suffisait d'un seul pour enflammer une forêt !
En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, Siobhán était en train de disparaitre loin d’Ellesme et de la maitresse de maison, et cette dernière se mit à rire légèrement.
« Ça l’occupera, il a l’air d’avoir les deux pieds dans le même sabot, celui-là, tiens. Il faut les secouer, ceux-là, pour en faire quelque chose. » Elle nettoyait encore la blessure de la jeune femme, attentionné pour ne pas lui faire trop de mal. « Ça m’intrigue maintenant d’savoir ce que vous faites tous les deux dans la campagne. Il t’a récupéré après que tu te sois blessé ? »

Ellesme eut bien le temps de répondre avant que son compagnon de route pointe à nouveau le bout de son nez. Ce n’était peut-être pas plus mal, elle avait un peu de temps pour se reposer loin de la mauvaise humeur méprisante de Siobhán…
Mais en ce qui concernait celui-ci, ce n’était probablement pas le cas. Lorsqu’il revint, c’était avec l’air hagard et effrayé des prisonniers de guerre. Il y avait plusieurs couettes dans ses cheveux emmêlés, ses vêtements lui donnait bien l’air débraillés et ce fut les oreilles plaqués derrière lui qu’il se glissa à côté d’Ellesme, les mains sur les cuisses, et lui souffla tout doucement, avec bien plus de douceur qu’il n’en avait jamais utilisée dans sa vie :
« Est-ce qu’on peut y aller s’il-te-plaît ? Elle t’a soigné, nan ? »
Elise derrière lui s'était mise pratiquement à rire et Siobhán lui jeta un regard assassin, trop fatigué pour trouver quelque chose de vraiment méchant à dire, et un peu effrayé à l'idée qu'elle trouve un nouveau moyen de le martyriser.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 17 Aoû 2014, 16:49

Ellesme sentit monter en elle une bouffée de reconnaissance lorsque cette bonne femme remballa Siobhán. Cela l'aiderait peut-être à réaliser qu'il était un problème et qu'il était temps de changer ou du moins de devenir plus mature et responsable, car à son âge cela était inquiétant. Et encore une fois, elle regretta de ne pas pouvoir voir sa réaction. Elle aurait tant souhaité le voir bouillir de rage. Bizarrement elle ne supportait pas de le voir réagir de la sorte, néanmoins elle était amusée lorsqu'il s'énervait tout seul et qu'elle n'était pas victime de sa mauvaise humeur.

Il suffit d'une simple tranche de pain encore chaud et d'une rondelle de saucisson pour redonner force et courage à Ellesme, car elle allait bientôt en avoir besoin. Après avoir examiné de près sa plaie, Elise les laissa seuls à nouveau quelques instants puis revint avec tout le nécessaire pour la soigner.

« C'te blessure n'est pas bien jolie jolie, par contre elle est bien refermée. Faut juste mettre un peu de crème et mettre un pansement tout beau pour maintenir la plaie au propre ! »

Malgré tout, elle retira quelques fils à l'aide d'une aiguille et referma la plaie plus proprement. Pendant ce temps là, Ellesme serrait les dents et s’agrippait aux rebords de la table pour s'empêcher de gesticuler dans tous les sens. Quelques fois elle laissait échapper un râle de douleur qu'elle étouffait aussitôt d'une main. Dès que sa jambe fut soigneusement pansée, Elise se releva en tapant sur sa jambe valide.

« Voilà ma fille, manque plus qu'un peu de repos maintenant ! »

La jeune femme caressait doucement son pansement et décida de remercier Elise pour sa grande générosité. Elle détacha le dernier lapin qui pendait toujours à sa ceinture et déposa la dépouille sur la table.

« Ce n'est pas grand chose, mais je tiens à vous l'offrir pour vous remercier. » Siobhán ne disait pas grand chose, mais peu importait. Elle la remerciait à la fois pour lui et pour elle-même. De plus, il ne fallait pas espérer à un remerciement de la part de ce dernier.

Elle entendit au loin, certainement dans le couloir qui menait à la cuisine, un son de petits pas précipités. Il s'agissait certainement d'enfants qui courraient avec entrain. Et elle ne s'était pas trompée, car ils débarquèrent dans la pièce en criant et en courant dans tous les sens. Puis, elle afficha un sourire amusée lorsque ces enfants aux cheveux en bataille emportèrent le jeune homme en dehors de la maison, laissant ainsi Ellesme seule avec son hôtesse. A cet instant, elle se demanda si ça n'avait pas été anticipé par Elise, profitant de sa brève absence pour aller chercher les enfants. Mais pourquoi aurait-elle fait ceci ? Elle désirait peut-être trouver un moment d'intimité, car elle en profita pour lui poser des questions.

« Non, ce n'est pas vraiment ça. C'est bien lui qui m'a aidé, mais nous étions déjà ensemble... » Puis, réalisant que sa phrase pouvait être mal interprétée, elle rajouta précipitamment. « Nous étions déjà sur la même route, je veux dire ! En fait, je suis soldate et je dois l'emmener à Ohime Quinah. C'est ma mission. »

Ellesme trouvait un certain plaisir à discuter avec quelqu'un autre que le jeune homme avec qui elle ne pouvait pas communiquer normalement. Et mine de rien, elle se sentait plus à l'aise en l'absence de Siobhán.

« J'vois bien, oui... » répondit Elise d'une voix compatissante. « Et ça s'passe bien ? Il a l'air un peu grincheux quand même. »

Ellesme laissa échapper un petit gloussement, mais cela était très certainement provoqué par la fatigue.

« Il est fatiguant et se plaint tout le temps... Il se plaint de ne pas pouvoir se laver, de ne plus être dans son super appartement... Et je pense qu'il m'en veut, il me croit responsable de son expulsion.
- C'est un exilé ? » Voulut savoir Elise.
« C'est une longue histoire, puis ce n'est pas à moi de vous la raconter. Disons qu'il doit se rendre à Ohime dans un peu moins d'une semaine maintenant. »

Leur échange fit beaucoup de bien à Ellesme, même si elle taisait certains détails. Elle trouvait en cette femme l'écoute qu'elle avait perdu en perdant sa partenaire et qu'elle ne retrouverait jamais. Enfin, le jeune homme fut de retour et voulut déjà savoir quand repartir. Lui qui se plaignait de voyager et de marcher à longueur de journée, ne semblait même pas capable de profiter de ce bref répit offert par Elise. Heureusement, ce fut celle-ci qui lui répondit.

« Mon ptit bonhomme, tu veux déjà partir ? J'allais justement vous proposer de rester passer la nuit sous mon toit. Vous auriez pu... vous doucher et dormir dans des draps propres et chauds ! Mais c'est pas grave, je comprends que vous ayez de la route à faire. »

Elle était admiratrice face à ce talent qu'elle avait de brosser dans le sens du poil.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 20 Aoû 2014, 22:58

Alors, vraiment désolé, je me suis vraiment laissé emporter. XD

Siobhán jeta un regard ahuri à Élise. Sa proposition l’aurait presque fait pleurer de bonheur, et soudain, il devenait très difficile d’imaginer partir. En même temps, ces satanés macaques n’étaient pas loin, et s’ils revenaient ? Il avait déjà supporté cette torture trop longtemps. Mais en baissant les yeux, l’orphe fennec sut qu’il ne résisterait pas, la terre accumulée sous ses ongles et dans les creux de ses mains lui donnait envie de frissonner. A ce train-là, il n’allait pas arriver à Ohime Quinah parce qu’il aurait déjà été attaqué par la lèpre et le choléra. Il releva les yeux sur leur hôte, un regard presque accusateur sur elle, comme elle l’avait trahi en l’attirant dans un guet-apens avec des bonbons.
« Je suppose qu’on pourrait rester, dans ce cas. » déclara-t-il d’un ton encore un peu hésitant, avant de rajouter, à la grande surprise de tout le monde : « Merci, c’est gentil. »
Elise lui tendit un grand sourire et lui tapota l’épaule, si bien que Siobhán se coula hors de portée de sa main sur le banc, quitte à se glisser tout près d’Ellesme. Mais tant pis, parce qu’il avait ainsi l’occasion de lui murmurer, pendant qu’Élise étaient partie dehors hurler quelque chose à ses gamins, qu’ils avaient intérêt à filer vite demain, d’abord.

Apparemment, elle était allée demander à ses enfants de rapporter de l’eau du puits. Ça allait prendre un certain temps de la chauffer, et pendant ce temps-là, elle leur donna une pile de draps pour qu’ils s’installent dans une des chambres à l’étage.
« Mes deux premiers gamins étaient dans cette chambre, mais maintenant, ils sont mariés, et je n’ai pas eu encore le courage de la changer en autre chose. C’est rare que les gens aient trop de place, mais cette maison est immense même avec mes six gamins ! Mon mari a hérité ça de son père et c’est la plus grande maison du village, mais j’ai peine à la nettoyer, au final et blabla bla blablabla... »
Siobhán n’écoutait déjà plus quand ils se mirent à monter l’escalier étroit et se retrouvèrent dans une petite pièce éclairé par le coucher de soleil qui perçait à travers une fenêtre. Il se contenta d’un hochement de tête lorsqu’elle se tut, parce qu’il n’avait aucune idée de ce qu’elle avait pu dire à la fin.
Dès qu’elle disparut pour aller allumer un feu dans sa cuisine, il se jeta sur un des deux petits lits et grogna avec satisfaction, le visage enfoui dans l’oreiller. Ça sentait un peu la poussière, mais au moins, ce n’était pas un coin d'herbe. Tiens, hé ben flûte, s’il commençait à se contenter de ce qu’il avait, au lieu de s’apercevoir quel maison de bouseux c’était !

Il se retourna pour jeter un coup d’œil à Ellesme pendant qu’elle était en train de s’activer productivement à faire son lit, contrairement à lui. Mine de rien, c’était frustrant de ne plus lui parler, parce que c’était aussi la seule personne qui venait de l’état Atlante et savait ce qu’il lui arrivait. Mais de l’autre côté, c’était une traitresse empotée et complètement niaise. Il n’allait pas essayer de lui pardonner comme ça, tiens ! De toutes manières, elle ne l’appréciait pas, alors il n’allait surtout pas se trainer à ses pieds pour faire le type qui veut s’excuser. Siobhán ne s’excusait jamais, ça n’allait pas commencer avec elle !
Perdu dans ses pensées, il ne remarqua qu’un moment après qu’il fixait la jeune femme de l’escadron avec un air extrêmement boudeur, si bien qu’il se retourna sur son lit en respirant bruyamment. Il fallait plutôt penser au bain qu’il l’attendait. Ça, c’était une nouvelle magnifique !
Il resta là, son tas de draps au bout du lit, à fantasmer sur la propreté proche, jusqu’à ce qu’Élise les appelle pour les amener dans la salle de bain. Enfin, la salle de bain. Une pièce avec trois grands seaux en zinc et cruches assorties, juste au-dessus des étables. La maitresse de maison avait chargé deux de ces enfants de ramener les deux gros récipients qu’elle avait chauffé dans sa cheminée, et laissa ces invités rapidement après avoir entendu un fracas inquiétant au rez-de-chaussée. Le temps qu’elle referme la porte, Siobhán était déjà en train de se déshabiller, les yeux fixé sur sa baignoire de fortune comme si c’était un gâteau au chocolat. Inutile de faire des manières, il s’en fichait d’habitude, mais là il avait encore moins de raison de s’en foutre, parce que le corbeau voyant de la jeune femme était resté à l’extérieur.

« Tu peux te mettre à poil aussi, je m’en fiche, c’est que ça, je regarderais pas, t’inquiète donc pas. »
Tu parles, le jeune homme aurait pu avoir une strip-teaseuse dans la pièce qu’il lui aurait mis une main devant la figure pour qu’elle le laisse tranquille patauger dans son bonheur ; mais en plus, soyons sérieux, c’était Ellesme, c’était une ennemi, pas de risque qu’il aille la reluquer.
« Si t’as besoin d’aide, t’appelles Élise mais moi je t’aide pas, hein. Je suis pas aide-soignant. »
Il se frotta avec entrain, longtemps, assez longtemps pour ne plus avoir une once d’eau chaude depuis un petit moment, sans pour autant qu’il n’arrête de se savonner. Et lorsque l’orphe se passa une serviette autour de la taille, il daigna enfin accorder à nouveau un peu d’attention à Ellesme, juste à temps pour voir arriver Élise qui se mit aussitôt à le pousser dehors avec indignation.
« Dis donc, je ne vous ai pas laissé tous seuls pour que tu ailles te laver en même temps qu’elle ! T’as pas honte, une pauvre fille aveugle ! »
« Oh, non mais c’est bon, j’ai rien fait, qu’est-ce que vous insinuez, là ?! »
« Psst, file ! »


Siobhán aurait bien répliqué, mais il s’aperçut qu’il n’avait pas envie de détruire sa nouvelle bonne humeur comme ça, et il se contenta de retourner dans leur chambre pour aller faire son lit et s’y étaler en frissonnant. Qu’il était bon de pouvoir avoir un matelas entre lui et le sol. Le jeune homme avait presque envie de remercier Ellesme d’avoir voulu faire un détour.
Seulement Elise refit une apparition et brisa sa tranquillité en lui fouettant les fesses avec sa serviette.
« Allez hop, toi, debout feignant ! »
« Est-ce que vous avez un problème pour ponctuer vos phrases en filant des claques aux fesses des gens ? »
« Est-ce que tu as un problème pour être aussi empoté ? Je me demande bien comment elle peut te supporter, tiens. T’devrais être moins immature à ton âge ! Tu as de la chance qu’elle soit aussi conciliante. Va donc l’aider à aller vider vos bacs et sécher le sol, tu as tout laissé là-bas comme si j’allais nettoyer derrière toi. »

Siobhán grogna en réponse, tout vexé et dérangé qu’il était : « Ah ouais, ben c’est sa faute si elle doit m’accompagner à Ohime Quinah, alors arrêtez de la plaindre, hein. »

A son grand malheur, Elise s’assit sur le lit et lui tapota l’épaule – pour une fois que c’était pas le popotin, autant s’estimer heureux -.
« Allons, c’est parce que t’es loin de chez toi que t’es autant de mauvais poil ? »
« Nan, chui comme ça tout le temps. »
grogna à nouveau Siobhán qui s’inquiétait de la voir prendre un ton de maman compatissante.
« Hé, tu pourrais voir ça comme une aventure, non ? Je pense bien que des gens te manquent, mais déjà, ils te manqueraient moins si tu essayais d’être un peu plus agréable avec la seule personne avec qui tu voyage, non ? »
« Personne me manque. »
« Bien sûr… »
répondit-elle avec un léger sourire en coin. « En tout cas, ne lui en veut pas, ce n’est pas faute et elle ne fait que son devoir. »

Siobhán se contenta de grogner encore une fois pour qu’elle le laisse tranquille. Les paroles d’Elise l’avait blessé sans qu’elle puisse le deviner. Mais n’empêche, c’est vrai, à qui il allait manquer, à la Basse-ville ? Ces parents étaient des fourbes qui l'avait mis dans la merde, la dernière fois qu’il avait quitté sa sœur, c’était lors d’une dispute, et des amis, il n’en avait pas tant. En fait, il n’y en avait qu’un seul qu’il avait appelé et qui s’était inquiété. Peut-être qu’il aurait dû ne pas être aussi bref au téléphone ? Le jeune orphe sortit son portable de son sac dans un geste sentimentaliste qui ne le lui ressemblait pas, malgré le fait qu’il savait parfaitement qu’il ne risquait pas de trouver du réseau dans cet endroit.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 25 Aoû 2014, 12:48

Les deux jeunes personnes furent emmenées à l'étage et Ellesme écouta respectueusement Elise qui racontait les moindres détails de sa vie. Elle tâchait de lui répondre lorsqu'elle le pouvait, car il était plutôt difficile d'en placer une. Ainsi, elle se contentait parfois d'hocher la tête en souriant. Peu apte à trop profiter de la gentillesse dont faisait preuve Elise, comme pouvait le faire Siobhán. Quand ils arrivèrent dans leur chambre commune, elle fit son lit sans attendre. Les draps ne respiraient pas vraiment la fraicheur, mais ils étaient propres et suffirent amplement à satisfaire le confort de la jeune femme.

Ils furent ensuite dirigés vers une petite salle de bain pleine de charmes. Constatant qu'il n'y avait pas de bains séparés, Elise se rapprocha d'elle et lui glissa à l'oreille que si elle le voulait, elle pourrait attendre que Siobhán ait terminé son bain pour pouvoir y aller. Elle déclina poliment sa proposition, ne souhaitant pas faire de caprices inutiles. Elle n'était pas là pour en profiter. Elle répondit au jeune homme qui n'avait pas entendu leur messe basse.

« Je n'en attendais pas moins de votre part. Mais je peux me débrouiller toute seule. »

Alors elle défit ses vêtements, les faisant glisser le long de son corps jusqu'au sol où ils formèrent une petite boule. Mais avant de plonger dans ce bain d'eau chaude qui l'appelait, elle ramassa ses affaires et les plia sur le rebord. Seulement à cet instant, elle s'autorisa à plonger dans eau chaude et fumante. Elle soupira de bonheur tant cela était agréable, aussi bien pour elle que pour sa plaie. Elle n'avait pas à craindre qu'elle prenne trop l'humidité, Elise avait parfaitement pansé tout ça. Elle pouvait ainsi profiter pleinement de la chaleur.

Elle ne se préoccupait pas de Siobhán, mais elle l'entendit quitter le bain avant elle. Elle en fut étonnée, car il était plutôt du genre à passer le plus longtemps possible dans son bain, mais l'eau devait être trop froide désormais pour ses fesses de bébé. Elle suivit donc son exemple, profitant cette fois-ci de la salle de bain pour elle toute seule. Elle se rhabilla après s'être essuyée le corps ainsi que les cheveux. Toujours dans le but de ne pas abuser de l'hospitalité d'Elise, elle se mit à genoux même si cela lui était douloureux et commença à essuyer la condensation qui était bien présente après tout ce temps passé à se prélasser.

Puis quelqu'un frappa timidement à la porte qui s'ouvrit dans un petit grincement aussi timide que le frappement.

« Je peux vous aider ? » Demanda une petite voix de fillette.

Ellesme se releva et se tourna son regard éteint en direction de la petite fille qui venait d'arriver. Elle lui adressa un sourire, se disant que les enfants semblaient être aussi serviables que leur mère. Elle accepta son offre même s'il ne restait pas grand chose à faire. Alors qu'elles s'activaient, la petite fille lui dit.

« Vous avez de beaux cheveux... J'aimerais avoir les mêmes ! » Puis elle demanda d'une voix encore plus timide qu'avant. « Je... Je peux vous les peigner ? »
« Oui, bien-sur, terminons seulement de tout nettoyer avant de passer à ça, tu veux bien ? »

Elle hocha la tête pour dire qu'elle était d'accord même si Ellesme ne pouvait le voir. Mais elle s'en douta quand elle entendit la petite fille vider les bains. Dès qu'elles eurent terminé, elles s'installèrent chacune sur un petit tabouret, Ellesme devant et l'enfant derrière elle qui commençait déjà à lui caresser les cheveux d'une main douce.

« Je m'appelle Leora. »
« Moi, c'est Ellesme. Tu as un jolie prénom, c'est ta maman qui l'a choisi ? »
« Oui, et mon papa aussi... »

La jeune femme remarqua seulement l'absence du père. Etait-il tout simplement au travail ou était-il parti ? Peut-être même que cette petite famille avait perdu leur père. Préférant éviter tout sujet sensible, elle ne releva pas ce détail.

« Le garçon avec toi, c'est ton petit copain ? »
« Ahaha, non ! » Commença-t-elle en rigolant. « C'est... Nous voyageons tous les deux. »

A espérer que Leora allait se contenter de ces détails, car Ellesme estimait qu'elle n'avait pas à connaître la nature de leur relation. Surtout pour une enfant comme elle. Puis au moment même où la petite lui apprit qu'elle avait terminé de la coiffer, quelqu'un entra sans avoir frappé. Rien n'était encore sur, mais elle se doutait qu'il s'agissait de Siobhán. Elise l'avait apparemment envoyée l'aider, mais il arrivait trop tard, ce qui devait surement l'arranger d'ailleurs. Ellesme prit la petite par la main, lui faisant totalement confiance pour sa coiffure. Elle aurait pu les lui couper qu'elle ne s'en serait même pas rendu compte.

« Leora m'a aidé, si vous voulez nous aider, je pense qu'il y a faire à la cuisine maintenant. »

Elle en voulait toujours autant au jeune homme pour les mots qu'il avait prononcé à son égard. Mais elle était déterminée à finir la mission le plus rapidement possible, mais surtout à garder le plus de distance avec lui. C'était ce qu'il voulait après tout, elle lui rendait service d'une certaine façon. C'est lui qui lui avait demandé de ne plus lui parler.

De l'eau était déjà en train de chauffer dans un chaudron au dessus d'un petit feu qui réchauffait agréablement la cuisine. Apparemment, tous les enfants étaient présents et semblaient même s'activer, chacun à une tâche. Elle sentit la petite main de Leora la lâcher et l'entendit filer à la vaisselle.

Même si elle n'y voyait rien, elle proposa son aide. Elise lui colla un torchon entre les mains et lui demanda d'essuyer la vaisselle. C'était peut-être ridicule, mais constater cette confiance qu'elle portait en elle lui faisait beaucoup de bien. Elle aurait très bien pu casser une assiette à cause de son handicap, mais elle prenait malgré tout le risque de la laisser faire. C'était pas grand chose, mais cela suffisait à lui redonner assez de confiance en elle pour se sentir un minimum utile.

« Nous allons pouvoir passer à table les enfants ! » Cria soudainement Elise.

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 27 Aoû 2014, 00:10

« Quelle question, bien sûr que j'veux pas. Mais j’imagine que c’est pas comme si j’avais le choix… »
Siobhán descendit dans la cuisine à la suite d’Ellesme et de la gamine qui l’accompagnait, un air grognon, pour changer. Tous les enfants d’Élise étaient là à s’activer, et le jeune homme faillit faire demi-tour directement, avant de réaliser que celle-ci allait lui tomber dessus à un moment ou un autre s’il faisait ça. De toutes manières, tout le monde semblait si bien rodé à s’occuper de tout qu’il lui semblait difficile de faire autre chose que s’asseoir sur un coin de table à attendre.

En quatre secondes, une planche à découper recouverte de pommes avait glissé vers lui, accompagné d’un couteau. Siobhán voulu jeter un regard assassin à celui qui lui avait refilé ça mais le coupable avait déjà filé faire autre chose, si bien qu’il n’avait plus qu’à s’exécuter. Heureusement pour lui, il n’y avait pas beaucoup de fruits à découper, et ce fut seulement une dizaine de minutes plus tard qu’Élise arriva pour signaler que tout était prêt. L’orphe fennec dut lever les coudes et recula en hâte parce qu’une tornade efficace et enfantine venait de débarrasser tout ce qui n’était pas assiettes, couverts et verres sur la table. Bon. Y avait au moins une chose qu’on ne pouvait pas leur reprocher à ceux-là, c’était qu’ils tournaient au quart de tour et dans le bon sens pour faire le service.
Siobhán se retrouva assis à côté de la jeune fille qui accompagnait Ellesme tout à l’heure, et se mit à soupirer dès l’instant où elle ouvrit la bouche en le regardant : « Est-ce que si tu sautes d’une fenêtre, tu retombes sur tes pattes ? »
Pour le coup, il fut surpris par ses paroles et resta une seconde, sa cuillère en l’air : « Hein ? »
« Est-ce que tu retombes toujours sur tes pattes comme les chats ? »
« Je suis pas un orphe chat. »
« Aaaaah, je me disais aussi que tu ressemblais un peu à un chien. »
« J’suis pas un orphe chien non plus. »
« T’es un orphe quoi, alors ? »
« Fennec, est-ce que tu peux arrêter de poser des questions ? »
« C’est quoi un fennec ? Ça existe vraiment ? »


Siobhán grogna d’exaspération et se tourna uniquement vers elle pour lui dire d’aller demander à sa mère si elle voulait vraiment savoir. Peine perdue, la gamine revint très bientôt :
« Maman dit qu’elle sait pas ce que c’est et tu es le mieux placé pour m’expliquer. »
« C’est un petit animal qui vit dans le désert et qu’a des grands oreilles. Maintenant, est-ce que je peux manger tranquille ??? »
« Haaaaan. C’est vrai que tes oreilles, elles sont un peu trop grandes pour toi. Mais est-ce que… »
- et l’adorable Leora continua de blablater dans les oreilles du jeune homme, qui malgré le fait qu’il avait envie de lui filer une claque, se rendait bien compte que c’était une mauvaise idée. Il se contenta donc de manger en silence jusqu’à ce qu’Élise rapporte une énorme pastèque pour le dessert et lui demande de s’en occuper :
« Après tout, tu es le seul homme ici alors à toi les grands couteaux ! » déclara-t-elle pendant son fils ainé protestait qu’il était aussi un homme.
Siobhán soupira mais ne tenta même pas de se battre pour plaire à sa paresse ; il était décidément bien mou ces temps-ci, voyager faisait ça apparemment. Au final, il ne croqua même pas dans un seul morceau, préférant s’éclipser en douce sur le pas de la porte pour un peu de tranquillité. Tranquillité… Vite envolée, quand Élise se ramena avec une tranche de pastèque.

« Tiens, c’est toi qui l’a coupé, tu devrais en prendre un morceau. Elle est bonne, et crois-moi, c’est pas le genre de fruits que tu manges d’habitude. Pourquoi tu fais la tête comme ça ? »
« J’fais pas la tête, c’est un foutoir trop bruyant pour moi là-bas. Je sais pas comment vous faites mais moi j’ai la tête qui va exploser, alors à part si vous avez un truc contre le mal de tête... »
- vous pouvez y aller, mais heureusement, la maitresse de maison fut capable de faire semblant de n’avoir pas saisi le malentendu.
« Ahah, eh bien ce sont des gamins et quand il y a du bruit, c’est qu’ils sont heureux ! Faudra t’y habituer. Tu vas bien en avoir un jour alors faudrait que tu t’entraines un peu vu ta débrouillardise pour l’instant ! » rigola-t-elle, et Siobhán lui jeta un regard en coin désapprobateur.
C’était seulement chez elle, ce foutoir, hein, pas parce qu’il y avait des enfants. L’orphe fennec n’avait jamais le souvenir d’avoir passé un diner en famille aussi bruyant, même quand sa sœur et lui étaient bien plus jeunes. Il fallait dire que l’ambiance était loin d’être la même. Au pire, c’était des disputes qui risquaient de faire du bruit, mais les parents de Siobhán maitrisaient tellement bien ces conversations ironiques et méprisantes pleines de sous-entendus quand ils avaient quelque chose à se reprocher que cela arrivait rarement. Plus généralement, c’était Siobhán ou, moins souvent, sa sœur qui piquaient une crise et se faisaient envoyer dans leur chambres.

Comment Élise pouvait supporter d’élever l’équivalent d’une tribu de lémurien sous son toit, cela restait une énigme, et le jeune homme se promit une nouvelle fois qu’il n’aurait jamais d’enfants. Peut-être que s’il ne lui répondait pas, elle repartirait à l’intérieur et le laisserait tranquille ? Siobhán restait silencieux un instant pour tester, et releva la tête alors qu’un miaulement se faisait entendre au-dessus de lui. Il n’eut pourtant pas le temps de voir le chat qui se baladait sur le rebord d’une fenêtre au premier étage, parce qu’un pot de fleur lui atterrissait déjà dans la figure.

« AAAHAHHÎÎÎEE ! » - Le jeune homme s’accroupit, à moitié sonné, parmi les débris en terre cuite qui lui valait un œuf sur le front.
« Ça va ? Ben tiens, fallait que tu te mettes juste au bon endroit, toi ! » Elle releva la tête pour commander au chat de filer de là.
« Quoi, vous croyez que j’ai fait exprès ?! » grogna Siobhán, encore plus de mauvaise humeur en pensant à toute la terre dans ses cheveux et ses vêtements. Et dire qu’il avait pris un bain juste avant ! Il couina sous la douleur, une main plaquée sur le front.
Élise essaya de lui enlever, malgré le fait qu’il refusait : « Tu saignes, viens là, je vais te nettoyer ça. »
« Nan, c’est bon, laissez-moi tranquille ! »

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 27 Aoû 2014, 01:13

Jamais Ellesme n'avait assisté à un repas aussi jovial et animé. Passer d'une solitude pesante à une telle ambiance lui redonna même espoir. Parmi toutes ces personnes qu'elle ne connaissait même pas, elle se sentit bien comme dans une famille. Elle discutait avec chacun, elle expliqua vaguement aux plus jeunes pourquoi elle ne pouvait pas les regarder lorsqu'on lui parlait et elle ne cessait de sourire.

Elle était tellement absorbée par ce climat qu'elle en oublia le jeune homme. Au début, elle l'ignorait volontairement. Puis au fur et à mesure, cela se fit naturellement. Si bien que lorsqu'il quitta la table, la jeune femme ne le remarqua même pas. Pourtant il n'était pas bien loin d'elle, car seule la petite Leora les séparait. D'ailleurs, cette dernière tira frénétiquement sa manche.

« Ton chéri il est parti ! » L'informa la petite fille.
« Je t'ai dit qu'il n'était pas mon chéri ! » Répliqua-t-elle en souriant face à cette obstination d'enfant.

Mais l'information ne l'inquiéta pas plus que ça, au contraire même. Désormais elle se sentait moins étouffée, un peu comme si elle pouvait maintenant s'exprimer sans craindre qu'il ne la juge. Puis, soudainement le repas fut interrompu par un fracas en dehors. Les voix se turent, puis chacun demanda à son voisin ce que ça pouvait être. Ellesme se leva alors et les rassura avant d'aller voir par elle-même ce qui se passait.

Elle retrouva Elise qui lui expliqua que Siobhán s'était pris un pot de fleur sur la tête. Elle soupira, complètement exaspérée par ce garçon empoté, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots. Et pour changer, il se mit à bouder, refusant l'aide qu'on lui offrait. Sans trop savoir pourquoi, Ellesme réagit.

« Bon, écoutes maintenant. Elise a eu la gentillesse de nous inviter à sa table, la même table que ses propres enfants. Ah oui, aussi ! Il n'a jamais été question de pouvoir se doucher, tu t'en plaignais à longueur de journée et pourtant, tu as eu la chance de pouvoir te laver. Et tu trouves encore le moyen de réagir comme un gosse de cinq ans ! » Elle s'interrompit, tendant le bras en direction de la cuisine qui, à nouveau, était devenue bruyante. « Même ces enfants se plaignent moins ! »

Sans plus attendre, elle l'attrapa par le bras et elle le fit traverser la cuisine jusqu'à la salle de bain. Avec force et autorité, elle l'assit sur le même petit tabouret que celui sur lequel elle s'était assise pour se faire coiffer. Et voilà qu'ils se retrouvaient encore une fois tous les deux et de nouveau dans cette salle de bain. A un moment il voulut parler sembla-t-il, mais d'un geste de la main elle le fit taire. Elle en avait assez de l'entendre pour ne rien dire. Et ce n'est pas parce qu'il avait une tête de cochon qu'il allait rester avec du sang dégoulinant sur le visage.

Elle prit alors un torchon qu'elle trempa dans une bassine d'eau . L'eau était froide car pour le coup, ils n'avaient pas pris le temps de faire chauffer de l'eau. Tant mieux ! Au moins, ça allait peut-être lui remettre les idées en place. Elle le glissa entre ses dents afin de mieux pouvoir caresser son crâne des deux mains et chercher là où il s'était pris le pot. Elle trouva l'endroit de l'impact et appliqua aussitôt le torchon pour éponger le sang qui salissait sa chevelure blonde. Pendant ce temps là, elle essaya d'imaginer la couleur de ses cheveux imbibés de sang. Ils étaient blonds ? Au soleil, ils n'avaient pas un reflet doré aussi ?

Elle appliqua une dernière fois le tissu mouillé sur son crâne pour essuyer les dernières traces de sang séché. Une fois chose faite, elle rinça tout le matériel et le mit à sécher. A sont tour elle s'assit alors et soupira.

« Il y a un morceau de pastèque qui nous attend il me semble… »

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 28 Aoû 2014, 01:56

Siobhán se fit trainer comme un gamin jusqu’à salle de bain, et se fit soigner de la même manière. Il ne put qu’être soulagé d’avoir pu se laver un peu plus tôt, parce qu’avoir quelqu’un en train de mettre ses mains dans ses cheveux gras aurait été plus que le maniaque de la propreté qu’il était n’aurait pu supporter. Il aurait pensé qu’Ellesme allait appeler Élise pour s’occuper de ça, mais bizarrement, elle le faisait toute seule sans problème. Preuve qu'on pouvait être aveugle et se débrouiller, parfois.

Elle l’avait indigné plus que de coutume mais sous le coup de la surprise, il s’était plus ou moins laissé faire comme une poupée. En fait, il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elle débarque comme ça et qu’elle agisse ainsi. Il n’avait pas imaginé qu’elle pouvait avoir un côté aussi autoritaire, et resta là à gronder imperceptiblement dès que sa main frôlait une de ses oreilles. Qui lui avait dit qu’elle avait le droit de les toucher ?
« Je préfèrerais que tu me tripotes le cul plutôt que de me toucher les oreilles ; la prochaine fois, évite. » siffla-t-il quand elle s’assit à côté de lui, mais tout bas, comme si soudainement c’était trop vulgaire pour lui de dire ça. C’était surprenant, parce que rien n’était trop vulgaire pour Siobhán, d’habitude ; son bon goût, il ne l’appliquait que pour décorer son appartement et s’habiller. Peut-être que d’être sans domicile et avec seulement quelques vêtements dans son sac faisait qu’il devait l’appliquer ailleurs. Par exemple à ses paroles, c’était un début plutôt prometteur.

Mais il y avait aussi que pousser à bout Ellesme ne semblait plus aussi amusant que ça aurait pu l’être, et le jeune homme avait seulement l’impression d’être épuisé, en plus du mal de tête qui lui martelait le crâne. La soldate de l’escadron avait proposé de redescendre en bas, mais Siobhán avait envie de se plaindre à nouveau rien qu’à l’idée de se retrouver à nouveau dans le bruit. A sa décharge, l’orphe fennec avait une ouïe qui lui permettait de percevoir le moindre raclement de fourchette parmi un groupe entier de gamin en train de discuter, et tout le bruit qu’il y avait dans la cuisine résonnait encore dans sa tête. Il resta assis là, les sourcils froncés, avec l’envie de lui faire remarquer qu’il aurait pu s’occuper de lui tout seul, et que l’avantage d’être adulte était bien qu’il pouvait choisir de se comporter comme un gamin s’il le voulait, d’abord. Au lieu de la remercier.

Malgré tout, et à sa propre surprise, il se releva seulement pour redescendre au rez-de-chaussée avec un soupir. En bas, Élise leur tendit à chacun un morceau de pastèque et Siobhán se rassit dans un coin pour la mâchouiller sans enthousiasme, jusqu’à que son chat se frotte contre ses jambes et saute sur ses épaules.
« Tu le connais, ce chat ? C’est celui qui trainait sur le rebord de la fenêtre et qui a fait tomber ce pot de fleurs ! »
Le jeune homme s’arrêta de mâchouiller pour jeter un regard à la maitresse de maison.
« Ben, c’est le mien. » Il lui jeta un coup d’œil en coin. « Sale bête, apparemment, tiens. Mais on dit tel maître, tel chat, hein. »
« Ahah, bah, il a l’air mignon quand même, même s’il n’fait pas attention à ce qu’il y a autour de lui, si ça peut te rassurer sur toi ! » s’amusa Élise, et Siobhán se remit à froncer les sourcils, pas trop sûr d’apprécier qu’elle moque de lui. Il essaya de donner un morceau de pastèque à la bestiole, qui refusa avec indignation, et le jeune homme s’aperçut qu’il devait avoir faim, à venir se frotter à lui en miaulant comme ça.
Pourtant, il se refusait à demander quoique ce soit de plus à leur hôte, pas après ce qu’avait dit Ellesme en le trainant à l’étage. Son chat attendrait qu’il monte à l’étage où était son sac à dos. Ce ne fut que par chance que les gamins, attirés comme une nuée de moineau autour de chat, lui donnèrent tellement de restes que l’animal peinait à monter les marches de l’escalier un peu plus tard.

Lorsqu’il fut l’heure de se coucher et que les gamins disparurent l’un après l’autre après un bisou de bonne nuit, Siobhán s’étira avec presque un sourire de savoir qu’il allait bientôt aller se coucher. C’était sans compter Élise qu’il l’arrêta d’une main ferme : « Et le bisou de bonne nuit, tu crois que c’est en option ? »
Le jeune homme était carrément médusé, pour le coup. « Hein, heu, vous savez l’âge que j’ai ? »
« Y a pas d’âge pour les bisous de bonne nuit, tu veux aller dormir, c’est le passage obligé ! »

Siobhán la regarda un instant comme si elle était timbrée, puis leva les yeux vers le ciel, mais tendit sa joue à Élise avant de filer dans les escaliers, absolument embarrassé. Il attrapa son chat un peu plus haut sur les marches, et pendant ce temps-là, son hôte rigolait d’autant plus devant Ellesme.
« C’est tellement facile de l’embêter ! » déclara-t-elle à la jeune femme. « Vous devriez essayer, il vous en fait baver, mais une fois que vous retournez son jeu, il sait plus quoi faire, le pauvre ! Je me demande bien où il a grandi pour être un dadais pareil ! »

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Ellesme Lorien » 28 Aoû 2014, 22:11

Ellesme ne sut pas vraiment quoi répondre à Elise quand celle-ci la conseilla sur la façon de s'y prendre avec Siobhán. Elle ne comprenait pas non plus pourquoi elle désirait les aider à améliorer leur relation. Après tout, dans moins d'une semaine, ils n'allaient jamais se revoir tous les deux. Donc, à quoi bon ? Puis, de toute manière, il fallait avoir un caractère particulier pour oser s'y prendre de la sorte. Or Ellesme n'était pas du genre à jouer la bonne maman, ni à se moquer gentiment des autres. Quand elle avait un truc à dire, elle le disait clairement, que ça plaise ou non. C'est pourquoi elle ne comptait pas changer son attitude avec le jeune homme. Ce n'était pas à elle de changer, surtout pour lui !

« J'y penserai... Merci. » Lui répondit-elle finalement.

A son tour, elle tendit la joue en direction d'Elise et reçut son bisou du soir. Elle apprécia jouer le jeu et d'autant plus que cela semblait faire plaisir à leur hôte. Elle fut alors gratifiée d'une tape aux fesses avant de grimper les escaliers à la suite de Siobhán. Elle se tenait d'une main pour ne pas chuter et écoutait les pas du jeune homme pour l'imiter. Et lorsqu'elle arriva tout en haut, elle posa le pied doucement afin d'être certaine d'être sur la dernière marche pour ne pas se retrouver à plat ventre. Elle n'aimait pas chuter et voulait encore moins tomber aussi bêtement devant lui !

Ils arrivèrent ainsi dans leur chambre commune. Ellesme aurait préféré dormir seule, dans une chambre séparée. Mais même si se retrouver avec Siobhán la dérangeait, elle ne pouvait se permettre de se plaindre comme lui. Surtout qu'Elise était bien bonne avec eux, jamais elle ne se permettrait de lui reprocher quoique ce soit. Elle n'éprouvait que de la reconnaissance envers elle.

Un petit tapement provenant de la fenêtre se fit dès lors entendre dans toute la pièce. Il s'agissait du corbeau qui cherchait à entrer et ne trouvant pas d'ouverture, il frappait de son bec à la fenêtre. Elle lui ouvrit donc et l’accueillit sur son épaule. Bientôt, elle put apercevoir la chambre qu'elle partageait avec le jeune homme aux cheveux blonds, détail qu'elle remarqua une nouvelle fois.

« Cette famille est adorable. » Dit-elle en s'asseyant lourdement sur le lit qu'elle avait fait plus tôt dans la soirée. « Il faudra les remercier, parce que rien ne les obligeait à nous offrir un toit et des couverts. » Elle eut l'impression de parler à Siobhán comme s'il avait été son enfant. Mais en même temps, avec lui, valait mieux le préciser car il était plutôt du genre à partir en se plaignant qu'il avait mal dormi.

C'était bientôt l'heure de dormir, mais Ellesme n'osait se glisser dans son lit. Car pour ça, il aurait fallu qu'elle retire ses vêtements, mais la présence du jeune homme la mettait mal à l'aise. Elle resta donc assise sur le lit, gênée de ce silence qui pesait dans la pièce. Elle qui avait cherché à l'éviter toute la soirée se retrouvait maintenant en tête à tête avec lui. Elle se doutait que cela allait arriver puisqu'ils avaient encore de la route à faire tous les deux. Mais après les évènements de la soirée, notamment le pot de fleur, elle ne savait plus comment s'y prendre. Durant un instant elle repensa aux conseilles d'Elise, mais rejeta bien vite l'idée quand elle n'y vit aucune issue.

« Tu n'as pas trop mal à la tête ? » Demanda-t-elle soudainement. Puis elle posa son index sur son propre crâne pour préciser qu'elle parlait de sa bosse. « Ça a du être un sacré choc quand même ! Parmi toutes les conversations dans la cuisine, les couverts qui claquaient sur la table, on a tous entendu le pot percuter ton crâne. On a cru que quelqu'un donnait un coup de marteau sur une cloche... » Finalement, elle essayait de se la jouer comme Elise, mais elle se sentit tellement mal à l'aise d'avoir dit une telle chose, qu'elle se mit presque à bafouiller. « Enfin... ça a résonné quoi... »

Elle le savait ! Elle savait pourtant qu'elle n'aurait pas du écouter ce genre de conseils, mais elle l'avait tout de même fait sans trop savoir expliquer pourquoi...

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Re: Corbeau et chat sur une épaule perchée

Messagepar Siobhán » 30 Aoû 2014, 00:21

Siobhán était en train de ranger des affaires dans son sac lorsqu’Ellesme, et il soupira une nouvelle fois quand elle parla de remercier Élise avant qu’ils partent :
« T’as vraiment l’intention de continuer à me parler comme si j’étais un sale gosse ? Tu trouves pas ça fatiguant ? Désolé, c’est con mais que je suis plus un gamin, les sale types, ça s’élève plus. »
Il se laissa tomber sur le lit, mais la jeune femme restait planté là, et pire, se mit même à faire la conversation. Siobhán se retourna à demi vers elle, un air un peu confus et boudeur plaqué sur le visage. Mais qu’est-ce qu’elle fabriquait ? Depuis quand elle compatissait à ces mésaventures avec les pots de fleurs ?

« Ben, je vais survivre…. T’as oublié qu’on t’avait découpé la cuisse comme un rôti ? Tu ferais mieux de te plaindre toi-même… » - L’orphe fennec lui jeta un dernier regard un peu étrange, comme s’il se demandait si on avait remplacé en secret Ellesme par sa sœur jumelle qui ne savait rien de ce qu’ils s’étaient dit.
Flûte, c’était même pas drôle de se faire plaindre, de toutes manières. Tout l’amusement était dans l’indignation et la non-coopération des gens. S’ils étaient adorables et pleins de douceur, quel intérêt à râler et les embêter ? C'était ce que faisait uniquement et toujours Siobhán, pousser les gens à bout pour qu’ils réagissent, préférablement violemment. Le but n’était pas d’aller dans son sens, le jeune homme était confus devant la bonne entente et la sympathie, et n'aimait pas se retrouver à être paumé comme ça. C’était ce qu’il l’avait énervé avec Ellesme depuis le début et voilà qu’elle recommençait à être sympa et lui poser des questions à la con ! Sérieusement, pourquoi elle s’acharnait à être gentille ?

Non, bordel, déjà, c’était rien qu’une traitresse de Néobabel. Alors qu’elle n’attende rien de plus que de la haine. Mais quand même, sa persévérance était à noter, parce que ça n’arrivait pas souvent. En fait, ça n’arrivait qu’avec des filles qui avaient décidés qu’il avait une belle gueule et que c’était plutôt cool de sortir avec un orphe à la mine boudeuse, ça leur faisait penser à ce roman d’amour avec un vampire. Siobhán se retourna du coup complètement sur Ellesme avec un air à moitié choqué. Est-ce qu’elle essayait de flirter avec lui ? Ce serait tellement pas professionnel de sa part ! En même temps, peut-être qu’elle en avait marre d’être toute seule en mission, elle était peut-être assez désespérée pour avoir envie de se taper ses prisonniers, va savoir.
Et puis il finit par se rappeler que son corbeau était dans la pièce, et que s’il n’avait pas l’habitude qu’Ellesme puisse le voir, ce serait mieux qu’il fasse attention pour l’instant à ne pas la dévisager plusieurs fois comme si elle avait une deuxième tête en train de pousser.

« Heu, bonne nuit. » lança-t-il comme une incantation pour se changer les idées, et le plus drôle, c’était qu’il n’aurait jamais pensé à lui le souhaiter, autrement.
Bon, au pire, c’était pas son problème, non ? C’était pas s’il allait se faire violer. Siobhán se déshabilla pour se mettre en sous-vêtements et se glissa aussitôt sous les draps avec presque un sourire. Il n’avait pas emporté de pyjamas par manque de place, mais de toutes manières, s’ils s’étaient lavés ensemble, il n’allait pas faire plus de manières : le jeune homme n’avait aucun problème à se balader à moitié nu devant les gens, de toutes manières, les complexes, il ne connaissait pas.
Et bien qu’il n’ait pas eu la délicatesse d’y penser, il laissait ainsi Ellesme l’occasion de se déshabiller tranquillement, vu qu’il s’était roulé en boule dos à elle.

Le lendemain, ce fut le soleil qui passait facilement à travers le ciel bleu et la fenêtre qui le réveilla, en plus de l’agitation qu’il y avait déjà en bas. Siobhán s’étira en se grattant les oreilles, bailla et tenta d’atteindre son portable qui devait être sur sa table de nuit, comme d’habitude. Malheureusement pour lui, sa main tomba dans le vide, et lui aussi, tout surpris de voir que son lit avait rétréci. Ou ce n’était peut-être pas son lit, mais seulement qu’il n’était pas chez lui. L’orphe fennec grogna en se relevant et en se frottant les yeux, le temps que ses souvenirs l’ajustent à la réalité.
Ellesme avait l’air de dormir encore et Siobhán se demanda ce qu’il devait faire. Bon, mettre un pantalon, ça se faisait, déjà, probablement, s’il voulait descendre dans la cuisine manger un morceau. Sauf qu’arrivé à la cuisine, Élise s’étonna de l’absence de la jeune femme et le retourna à l’envoyeur. Si bien qu’il grogna son prénom appuyé dans l’encadrement de la porte de la chambre :
« Ellesme, réveille-toi, c’est l’heure du p’tit-déj. »
Siobhán avait l’impression que c’était la première fois qu'il utilisait son prénom et il roulait bizarrement sous sa langue, si bien qu’il la fit claquer, comme pour faire disparaître un chatouillement.

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