« Evidemment que je vais garder pour moi ce que vous allez me dire ! Vous n'avez pas à vous inquiéter pour ça. » Répondit Ellesme à la remarque de Siobhán. « C'est bientôt les élections ? » Elle était surprise d'apprendre ce détail, qui selon elle, pouvait avoir son importance. Elle se dit aussi qu'il fallait vraiment se mettre à suivre les évènements politiques...
Ils marchaient toujours à allure réduite tandis que la nuit allait bientôt tomber. Si jamais ils trouvaient un coin calme et sécurisé, valait mieux s'y arrêter plutôt que de chercher à continuer et au final, ne pas trouver où dormir. C'est la raison pour laquelle ils s'arrêtèrent près d'un arbre qui leur assurait un abris en cas de pluie.
Ellesme voulut chasser avant la tomber de la nuit, mais finalement elle préféra ne pas allumer de feu pour ne pas attirer l'attention sur eux. Avec ce groupe qui semblait les suivre, elle n'était pas sereine. D'autant plus qu'elle était d'une certaine façon invalide et à bien réfléchir ce n'était pas malin de l'envoyer seule en mission. Mais d'un côté, escorter un jeune homme dans le désert n'avait rien de bien méchant a priori.
Elle sortit donc de son sac quelques fruits séchés qu'elle emportait toujours, car ça avait l'avantage de se garder très facilement. Avec faim, elle grignota aussi de la viande qui était aussi séchée pour la même raison. Elle n'était jamais longue à manger, elle était habituée aux petites pauses où l'on mangeait trois fois rien. Elle termina de manger et prit même le temps de boire assez pour soulager sa soif avant même que le jeune homme n'ait terminé de manger son sandwich.
Le silence régnait et seul le croassement fatigué de Sywan se faisait entendre. Maintenant, Ellesme était tout de même un peu fatiguée elle aussi. Cette longue journée de marche lui avait fait beaucoup de bien, mais l'avait également épuisée. C'est peut-être pourquoi elle n'entendit pas qu'on se rapprochait d'eux. Elle ne les vit pas non plus, car le corbeau semblait s'endormir et avait donc les yeux fermés. De plus, la nuit était tombée depuis longtemps maintenant et ils étaient plongés dans l'obscurité malgré une pleine lune.
Tout à coup elle entendit un homme parler et ce n'était pas Siobhán. Elle se redressa soudainement, tous ses sens en éveil.
« Siobhán ? » Appela-t-elle. Elle trouvait ça vraiment inquiétant de ne pas l'entendre hurler, ni même se plaindre. Elle remarqua finalement combien il était pratique d'être émotif comme il l'était, car au moins elle pouvait savoir s'il était toujours conscient et même en vie.
« T'as entendu ce que je t'ai dit, ma jolie ? On l’emmène avec nous ! » Reprit celui qui avait déjà pris la parole. Siobhán avait désormais une main qui l'empêchait de parler en plus du révolver qui le menaçait toujours. Complètement perdue, Ellesme remarqua une fois encore combien son seul vrai atout était la vue, et sans elle était à la merci de n'importe qui. Elle devait agir et vite étant donné qu'elle avait déjà manqué à son devoir. Mais comment ? Elle ne pouvait même pas voir combien ils pouvaient être, ni même s'ils la regardaient. Peut-être que l'un d'entre eux se tenait derrière elle, prêt à l'abattre au moindre signe de protestation.
Peu lui importait, elle devait agir. Sa mission était d'emmener Siobhán à Ohime Quinah et cela impliquait de le protéger. Elle donna un coup d'épaule dans le vide pour faire perdre l'équilibre à Sywan qui s'envola pour ne pas chuter. Il disparut dans la nuit, restant tout de même à proximité du petit groupe. Aussitôt après, elle plongea au sol afin de récupérer deux petites lames qu'elle avait dans son sac. Mais le temps de l'atteindre et de trouver ce qu'elle cherchait, deux hommes lui sautèrent dessus.
« On se doutait que tu nous laisserais pas partir sagement. » Dit l'homme qui tenait Siobhán. « On nous avait prévenu qu'il y avait un membre de l'Escadron avec lui. »
Puis un des deux hommes qui tenait fermement Ellesme prit à son tour la parole.
« On devrait la tuer, elle risque de nous poser des problèmes si on la laisse en vie.
- Ferme la un peu et arrête de dire des conneries ! » Reprit le premier. « On nous a demandé de ramener le gosse, pas de tuer n'importe qui ! » Son ton était froid et on pouvait sentir l’énervement dans sa voix. « Non, nous allons t'emmener avec nous, c'est plus prudent. Et au moins, il aura de la compagnie. » Finit-il par dire en libérant la bouche de Siobhán maintenant que tout semblait réglé.
Ils furent attachés l'un à l'autre par une corde tandis que leurs poignets étaient joints dans leur dos. Ainsi, ils ne pouvaient pas tenter de s'échapper sans se gêner mutuellement. La jeune femme, inquiète, considéra qu'il était plus prudent de ne rien tenter, car telle que la situation était, ils ne pouvaient clairement rien faire.
« Je suis désolée... » Dit-elle à l'attention de Siobhán. Elle aurait dû empêcher que cela n'arrive. C'était son devoir.