par Benedikt » 28 Aoû 2013, 13:17
Benedikt s'étira avec contentement et lécha ses doigts avec application pour en retirer le jus des myrtilles qu'il avait ramassé sur le chemin du retour en plus du gras de viande de Kirin. Il aurait bien pris un bain chaud, pour le coup, du genre qui détendait agréablement les muscles et les nettoyaient avec efficacité, mais on ne pouvait pas tout avoir au fin fond de la forêt.
Le botaniste se releva pour rejoindre Vrass dans la tente, mais il se retourna soudain lorsqu'une idée lui passa par la tête. Maintenant qu'ils étaient rentrés de la chasse, il allait peut-être falloir préciser certains détails, parce que le tatoueur n'avait répondu à Kallistrat qu'en ce qui concernait leur partie de chasse, après tout.
« Quand je demandais que vous fassiez pas de trucs bizarres, ça veut dire, vous faîtes ce que vous voulez mais je veux pas d'une portée de lionceaux à double queue chez moi, d'accord ? » fit-il remarquer à l'orphe lion avec un sourire et des joues rouges avant de lui souhaiter bonne nuit. Et puis il s'arrêta à nouveau en réfléchissant, la tête penché vers Pomporo qui se nettoyait paresseusement les pattes. Tiens, il faudrait peut-être qu'ils pensent demain à faire une pause quelque part juste avant Banba pour que ces deux-là enlèvent tout ce sang de leur fourrure... Ça faisait un peu mauvais genre, là, s'ils posaient des questions à des habitants avec deux soit-disant monstres sanguinaires à côté. On allait les traiter comme s'ils avaient la peste. Mais ce n'était pas exactement ce auquel pensait le botaniste :
« Dis Kallistrat, est-ce que tu peux discuter avec elle ? Je veux dire... Est-ce que vous vous comprenez ? »
Benedikt espérait qu'il ne se vexerait pas, après tout ils n'étaient même pas de la même espèce, et surtout, Kallistrat était un orphe, mais bon... Il était quand même plus lion qu'humain et était aussi un félin, après tout. Et puis il n'était pas du genre à être susceptible si on ne s'attaquait pas à sa nourriture ou à sa fierté, non ?
Lorsque le botaniste se glissa enfin dans la tente auprès de Vrass après avoir satisfait à peu près sa curiosité maladive, ce dernier l'accueillit avec une plaisanterie qui fit étirer un sourire à l’intéressé.
« Ben maintenant que tu le dis, oui je veux bien, vu qu'en plus, j'aimerais mettre de ça sur mon dos, s'il te plaît ! » Et avec un air de « puisque c'est toi qui propose, tu ne peux pas refuser », le botaniste lui fourra d'autorité deux pots de l'herboristerie dans les mains en souriant avant de se déshabiller complètement pour s'allonger par terre. Cela aurait été difficile pour Benedikt de ne pas trouver ses manières un peu sournoises, mais avec leur voyage en Païlandune et la présence constante de plus ou moins de compagnons de voyage, dont maintenant Kallistrat qui semblait vouloir les accompagner pour longtemps, on pouvait dire que le botaniste n'avait eu le droit qu'à peu de tendresse. Même si les galipettes étaient hors de questions, il n'allait pas dire non à quelques câlins.
« Promis, dans dix minutes, on est couchés et prêt à s'endormir. » murmura-t-il dans le creux de son coude.
Il cogita un peu, le regard dans le vide, avant de tendre un bras vers son sac et fouiller un peu pour retrouver la boite à bijoux qu'il avait trouvé il n'y avait pas très longtemps.
« Je vais essayer de revendre tout ça, ça me fera un peu d'argent. » expliqua-t-il au tatoueur. C'était pour ça qu'il l'avait ramassé, après tout. Benedikt ne portait pas vraiment de bijoux et encore moins de ce genre, plutôt féminin. Dans le monde des gens désargentés de Païlandune, ce qui était précieux et inutile était logiquement remplacé par des ores sonnants et trébuchants qui serviraient à acheter de la nourriture et des vêtements. Le botaniste n'avait plus la même situation qu'avant mais on gardait certains automatismes. Il fit balancer le pendentif qui contenait une aile d'insecte sous les yeux.
« C'est bizarre, j'ai l'impression que ce truc me rappelle quelque chose, mais... Je n'arrive pas à m'en souvenir. J'aimerais bien savoir d'où ça vient, j'ai dû voir un insecte comme ça un jour. Ce n'est pas une aile d'abeille... » Un bâillement coupa ses paroles et il reprit une seconde plus tard. « Je crois que tu avais raison, on ferais mieux d'aller se coucher maintenant ! »