Traversée du désert

Au beau milieu d'un désert aride, Ohime Quinah est déposée sur les rives d'un oasis luxuriant. Les Ohimes sont un peuple calme et pacifique vivant comme s'ils sortaient tout droit de l'Égypte antique.

Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 06 Juil 2010, 09:17

Néthi sortit prudemment de sa cachette, battant des cils en regardant son père sortir d'un pas pressé. Ce n'était pas très courant de le voir si inquiet, mais ça arrivait parfois. Malgré tout, elle ne parvenait pas à s'y habituer et en était quitte chaque fois à s'inquiéter autant pour lui qu'il ne l'était en sortant... Lorsque la porte claqua derrière lui, elle se risqua à revenir dans la pièce principale. Personne, mis à part Ordalie, tout blanc dans son linge blanc, comme un mirage au milieu du désert. Et pour tout réconfort, la jeune femme lui offrit un gentil sourire.

« Pardonnez mon père, l'impatience du seigneur Kaha déteint parfois un peu sur lui mais il n'est pas méchant. »

Elle alla s'asseoir à son tour, les mains sur ses genoux, l'air sage, ses bijoux sans valeur envoyant quelques rais de lumière danser sur les murs. Évidemment, Ordalie ne pouvait pas savoir qui était le Seigneur Kaha, mais elle ne sembla pas s'en soucier, comme si tout le monde sur Nideyle devait forcément le connaître... Un coup d'œil vers la porte la rassura. Son père ne reviendrait pas avant quelques minutes, et elle pouvait en attendant discuter avec ce nouveau venu qui l'intriguait... sans risquer de se faire houspiller et enfermer à double tour dans sa chambre...!

« Excusez-moi.... vos yeux m'intriguent. Il me semble avoir déjà lu quelque chose à propos d'êtres aux yeux plus sombres que la plus sombre des nuits, mais... »

Elle se mordit la lèvre. Que n'aurait-elle pas donné pour regagner sa bibliothèque et y chercher ces précieux documents. C'était quelque chose en rapport avec leur lointain passé. Ces êtres aux yeux noirs étaient souvent mentionnés, à l'époque où son peuple vivait encore au sud, dans ces immenses forêts humides. Il y était question d'animaux aussi, même si elle n'avait jamais véritablement compris jusqu'à quel point les deux pouvaient être liés. Dans son idée de jeune fille Ohime, les hommes-animaux étaient monnaie courante. Leurs demi-Dieux en étaient un parfait exemple. Mais la traduction des antiques documents n'était pas aisée et elle n'avait jamais correctement interprété ce qu'elle avait lu. Ordalie, à lui tout seul, semblait porter toutes les réponses à ses questions. Questions qu'elle n'osait pas poser. Dommage que Lepti ait été congédié, il aurait pu lui dire, lui, que son hôte qu'elle dévisageait avec tendresse savait se changer en un gros chien rouge ! Si elle savait, ça l'aurait épatée ! En attendant, elle ne trouvait rien d'animal chez lui et s'en étonnait patiemment.

« Est-ce qu'une partie de votre corps est animale, à vous aussi ? » finit-elle par se lancer.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 07 Juil 2010, 08:36

Qu'avait-il bien pu dire de mal pour que le père de la jeune femme s'en aille si soudainement. Avait-il fait une erreur en précisant qu'il venait de l'Est ? Ou peut-être était-ce cette échine métallique ! Oui, Il avait dû offenser l'officier par son ignorance. Un instant songeur, il ne put empêcher les quelques palpitations d'inquiétude trahir le rythme de son coeur. C'était simple, il avait une peur bleue de finir de nouveau en cage et en même temps sa raison lui dictait que ces gens ne l'enfermeraient quand même pas pour si peu de chose, n'est-ce pas ?
Néthi de retour dans la pièce il sursauta et fixa le regard clair de la jeune femme comme une bouée de sauvetage. Les gens d'ici ne pouvaient pas être si bons et si mauvais à la fois. Sa naïveté l'emportait une fois encore sur toute forme de logique. Et il s'accrochait dur comme fer à cette idée !

Il esquissa un sourire pour la jeune femme. Un frêle sourire un peu perdu, un peu comme lui et fut bien gêné de la voir ainsi le détailler. Et quand elle le questionna sur ses yeux, il arrêta sa main à mi chemin entre son genoux et son visage. Ses yeux. C'était une histoire douloureuse... Le jour où il découvrit que son regard n'était pas comme celui des autres êtres humains. La toute première fois qu'il s'était regardé dans un miroir. Il y avait vu le regard d'un chien dans le corps d'un homme et ce jour là il refoula la dualité entre son corps humain et son regard animal. Il refusa de résoudre ce problème car à l'époque il était chien. Et quand il se regarda une nouvelle fois dans un miroir longtemps après sa libération, il se questionna alors... Pourquoi des yeux aussi noirs quand ceux des autres humains pouvaient être si colorés ? Ce fut une longue journée d'explications, il était un Morphe. Un être autant animal qu'Homme. Un Chien & un Homme. Il était l'humain dans l'animal et parfois pouvait-il devenir l'animal dans l'homme... Incompréhensible philosphie dont il nota soigneusement les mots dans sa mémoire et ne chercha jamais vraiment à les comprendre.

Quelqu'un de si curieux ne pouvait être mauvais. Il le pensait vraiment fort alors que son sourire se fit plus grand encore. Cette barrière invisible entre les peuples, celle qu'il entrapercevais aujourd'hui, s'estompait un peu pour mener à lui un jeu. Car la curiosité de la jeune femme était propice à la joie.

-Je peux me transformer devant vous, mais je devrais me rhabiller ensuite... Et sans l'aide de Lepti je risque d'avoir beaucoup de mal !

Saluant sa prestation de son sourire chaleureux il ajouta alors :

-Je suis un Morphe.

Peut-être une révélation de trop. Ou peut-être que non. Qu'en savait-il, lui ?

-Mes yeux sont noirs comme tous ceux des gens comme moi et je suis un chien. Enfin, je peux me transformer en chien.

Devait-il lui expliquer d'avance que les morphes ont la singularité d'être des animaux de toutes sortes ? Il attendrait. Il savourait en ce moment d'avoir piqué ainsi la curiosité de la jeune femme. Ce serait drôle de se transformer en chien devant elle. Peut-être que comme Lepti elle l'appellerait Chacal ... D'ailleurs qu'est-ce qu'un chacal, voilà bien une question à laquelle personne n'avait répondu.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 07 Juil 2010, 14:30

Néthi avait changé d'expression. De sa curiosité un peu mutine, elle venait de passer à la stupéfaction, et ses yeux s'étaient arrondis, tout écarquillés comme pour être sûre qu'elle était bien éveillée. Et lorsqu'elle se rendit compte qu'elle devait bien avoir l'air un peu bête ainsi, elle referma sa jolie bouche restée ouverte et battit des cils, embarrassée. Ça ne se faisait pas de dévisager les gens ainsi... Elle baissa la tête une seconde, posant ses yeux bleus sur ses mains. Elle réfléchissait, torturée entre un désir oppressant d'en savoir plus et celui de rester sage, comme le lui avait préconisé son père. La dernière fois, elle avait poussé si loin sa curiosité que... Brrr ! Elle préférait ne pas y penser ! Non, elle ne devait pas questionner Ordalie. Elle devait juste s'occuper de lui... Oui mais bon... tout de même...

« Vraiment, vous pourriez vous transformer en... chien ? »

Elle lui sourit d'un air désolé tout d'abord, réalisant que sa curiosité avait décidément le dessus sur toute forme de volonté ou de raison de sa part, puis avec une franche sympathie. C'était plus fort qu'elle, les choses nouvelles et mystérieuses la rendait aussi enthousiaste qu'une gamine. Elle se serait jetée dans le premier piège venu en poursuivant un papillon, fasciné par le battement d'ailes d'un insecte qu'elle voyait pour la première fois...

« Je peux vous aider à vous rhabiller après... Enfin, je ne veux pas paraître grossière, pardonnez-moi... »

Et réalisant à retardement ce qu'impliquait sa proposition, elle se mit à rougir comme une pivoine... une pivoine de cuivre rehaussé de turquoises.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 12 Juil 2010, 07:53

Si Ordalie n'était pas totalement étranger à la pudeur, certaines situations le menaient à oublier quelque peu ce principe. Et même si quelque part dans son esprit une petite voix lui martelait de toutes ses forces qu'il ne fallait pas se laisser attendrir, que la limite du jeu était belle et bien réelle, et pire encore, rien n'empêchait le père de la jeune femme à revenir pile au mauvais moment. Mais il n'y prêtait que trop peu d'attention. Bien heureux d'avoir pendant un instant le pouvoir de la faire sourire. Il ne résistait au sourire, encore moins lorsqu'il en était la cause et qu'il pouvait décider de prendre un risque (un très gros risque potentiel) pour satisfaire encore plus Nethi.

-Je peux oui !

Et... Avant de se lancer dans une explication ou tout autre idée pouvant lui venir à l'esprit, il fit preuve d'une grande prudence, pour une fois.

-Expliquez-moi comment on noue ce vêtement, je pourrais l'enlever et le remettre quand je vous aurais fait une démonstration.

Ce qu'il est, s'il avait été élevé par des gens de son peuple, il ne se serait certainement pas amusé avec. Il sentait en lui que ce chien qu'il était n'appréciait pas d'être ainsi un animal de foire, il avait déjà trop longtemps été un animal de spectacle et le jouet de trop d'envies. Mais c'était un chien. Un chien qui aime montrer son affection à ceux qui l'aident, qui aime autant le jeu que les coups de griffes.
Et l'éducation semi-animale qui lui manquait, l'empêchait de dompter cette bête qui ne songeait en cet instant qu'à s'amuser. Il est comme ce chien de compagnie qui vient s'assoir contre les jambes de son maitre pour obtenir quelques caresses.

-Les métamorphoses en cours ne sont jamais très jolies à voir, s'il y a une pièce dans laquelle je peux me transformer ça vous évitera des cauchemars.

On le lui avait reproché il y a longtemps, alors qu'il n'était qu'un chien attaché à une laisse. Le passage de l'animal à l'homme et de l'homme à l'animal en avait dégoûté plus d'un et la punition ce jour là fut si douloureuse qu'il s'en souvenait encore parmi les innombrables douleurs ressenties en ces temps là.
Certes, il n'avait pas fait de manières avec Lepti, la sentinelle semblait robuste et son expression n'avait trahit aucun dégoût possible. Et même si la transformation aurait pu être écœurante pour l'ohime, à ce moment là, Ordalie n'avait pensé qu'à une seule chose : la soif.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 24 Juil 2010, 17:11

Ses yeux s'arrondirent encore – si c'était possible – face à l'étonnement que provoquait Ordalie sur sa curiosité. Vraiment, il pouvait ? Ce n'était pas une plaisanterie ? Elle voulait voir ! Et rien que de l'imaginer, elle en était toute émoustillée. Un tour aussi mystérieux, vous pensez bien ! Son regard ne daigna reprendre une apparence normale que lorsque le jeune homme lui demanda une formation accélérée au nouage de cheiche. Encore un peu interloquée, elle mit un temps fou à émerger de sa béatitude, avant de se lever enfin. Elle sourit gentiment, amusée – ou touchée – par la maladresse de son hôte.

« C'est très simple en réalité. Vous permettez ? »

Elle s'approcha, douce et tranquille, et pointa du doigt les plis du tissus que Lepti avait noué pour Ordalie. Et comme elle n'allait pas le déshabiller pour le rhabiller ensuite, elle se contenta d'une explication sommaire, désignant chaque étape de ses doigts fins.

« Il faut d'abord enrouler le tissu autour de vos jambes, en partant de votre droite, dans votre dos, et revenir par la gauche. Laissez un pan libre au début. Lorsque vous estimez vos jambes suffisamment couvertes, il faut nouer le tissu en trop avec le pan que vous avez laissé libre. Le reste se jette par dessus les épaules ou bien s'enroule exactement de la même manière que précédemment, autour de votre buste. »

Elle hésita une seconde avant de disparaître dans la petite pièce voisine et d'en revenir presque aussitôt, une longue étoffe dans les bras.

« Je vous montre. Fit-elle en l'enroulant comme pour se vêtir, par dessus ses vêtements particulièrement légers. Derrière. Devant. Vous nouez. Vous jetez. »

En deux temps trois mouvement, elle était couverte. Comme si de rien n'était.

« Ça ne tiendra pas toujours très bien au début, mais vous apprendrez à ajuster le tout rapidement. »

Elle se défit du pagne, le plia soigneusement, le posa sur la table près des rafraîchissements. Dans ses gestes, une nervosité grandissante. Avait-elle le droit d'exiger pareille chose ? La dernière fois... avec Antmosis... Brrrr, le souvenir de la colère de maître Ineni lui laissait encore des frissons. Pourtant, comme une enfant qui n'apprend rien de ses erreurs, son insatiable curiosité la poussait à voir, encore et toujours, au mépris – et sans que cela soit volontaire de sa part – de toute notion de prudence ou de respect. Allait-elle oser, cette fois-là encore ? Un peu !

« Non, s'il vous plaît. Je voudrais vraiment voir. Si vous partez dans la pièce à côté, qui me dit qu'il s'agira bien de vous après votre... métamorphose ? »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 24 Juil 2010, 17:47

Derrière, devant, nouer, jeter. S'il était doué c'était bien pour apprendre. Il fit mine d'essayer en récupérant le tissus de la jeune femme. Ayant compris la manoeuvre il acquiesça avec le sourire et la laissa plier le linge. À sa question prudente et un peu drôle, il lui tira la langue. Dévoilant alors la brûlure circulaire et les armoiries symboles d'un temps d'esclavage. Récupérant sa langue, il sourit.

-Je n'aurais qu'à tirer la langue et vous verrez bien que c'est moi. Enfin, je peux le faire ici.

Passant une main dans ses cheveux il était presque contaminé par la nervosité de la jeune femme. Il se tourna dos à elle, défit à moitié le vêtement et entama sa transformation, essayant de ne pas non plus trop en montrer de son anatomie. La transformation commençait toujours avec une modification du squelette principale. Ainsi son corps se courbait, son crâne s'allongeait et l'orbite de ses yeux se réduisait. Sa peau se mouvait comme une eau autour de lui et alors qu'il finissait avec des pattes plus courtes que sous forme humaine il se couvrit de poils. D'un pelage rouge sombre comme sa chevelure, et si on aurait voulu comparer l'homme et cet énorme chien, il aurait été simple de voir les ressemblances.
Ainsi transformé en chien il se demandait quand est-ce qu'il pourrait reprendre forme humaine. Être animal lui tenait chaud, vraiment chaud. Se tournant vers elle, il avança de quelques pas pour montrer que oui, c'était bien lui. Et tout énorme cabot qu'il était, il n'en n'était pas moins plus agressif.

Pas facile de faire long dans ses conditions, tu veux peut-être que j'aboie ?

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 24 Juil 2010, 19:30

Lolll non, on s'en fout ! Tant qu'on s'amuse à jouer, moi la longueur hein, crotte. Je préfère court qui rebondit que long qui ferme l'action.

*°*°*°*°*°*°*°*°*
Néthi était impressionnée par la vivacité d'esprit de cet homme. En tant que Scribe, elle avait eu affaire à des Ohimes très intelligents, capables de déchiffrer d'antiques écrits aux symboles compliqués, mais d'une lenteur à comprendre de nouveaux concepts parfois assez déconcertante. Ordalie, lui, comprenait tout de suite, usant d'un mimétisme presque parfait. Elle l'adorait déjà ! Et pour lui prouver sa sympathie, elle lui sourit de nouveau, de ce sourire à faire fondre toute une banquise par « accident », un sourire qui s'effaça pourtant au profit d'une mine douloureusement triste. Un tatouage ? Sur la langue ? Le peuple Ohime lui-même avait renoncé à ce type de marquage sur les animaux, le jugeant trop cruel et douloureux. Sur la langue, qui plus est ? Comment pouvait-on faire cela ? Elle n'avait aucune réponse, et sur son visage aux traits fins et gracieux, ne se lisait plus qu'un mélange de révolte et de compassion. Ordalie, pourtant, ne semblait pas se formaliser de cette marque de cruauté... et bien zut !

Elle vit à peine son dos nu à travers ses larmes – un peu trop sensible peut-être ? Mais elle n'y pouvait rien, ça montait tout seul jusqu'à ses yeux, rien qu'à imaginer que l'on pouvait faire preuve d'autant de barbarie. Elle essuya tant bien que mal ce rideau qui encombrait sa vue pourtant, lorsqu'elle remarqua les mouvements du jeune homme. Il semblait onduler comme la surface du Nibil en période de fort courant. Et puis sa peau blanche se colora... ou plutôt non, se recouvra d'un fin duvet... non non... de longs poils, une fourrure dense et rouge comme le chariot de feu lorsqu'il disparaît au couchant. Réaction à chaud ? Elle éclata d'un rire cristallin et non moins nerveux avant de s'accroupir et de tendre la main vers l'animal. Les yeux toujours baignés de larmes, elle lui souriait avec tendresse, toute excitée par ce spectacle incroyable, toute retournée par la cicatrice affreuse sur la langue, toute émue devant la gentillesse de cet être décidément bien mystérieux, et puis toute... toute...

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Re: Traversée du désert

Messagepar Hétep Ir Kaha » 24 Juil 2010, 19:31

« NÉTHI !!! »

Elle sursauta, manquant de tomber évanouie sous le coup de la frayeur que venait de lui procurer son père. Déjà de retour ? Il tombait plutôt mal... et elle allait encore avoir droit à un sermon mémorable.

Adjib dégringola les quelques marches jusqu'à plonger dans la pièce principale, laissant derrière lui le trou lumineux de la porte restée grande ouverte. Son regard sur sa fille s'était durcit, celui sur l'animal presque autant. C'était quoi, cette bête ? Encore une lubie de la petite pour un animal égaré ? Et si en temps normal il aurait volontiers cédé à un nouveau caprice de sa part, il n'était pas d'humeur ces temps-ci. Et puis, où était Ordalie ? Ne lui avait-il pas demandé de garder un œil sur lui, plutôt que de jouer aux apprenties dompteuses de créatures sauvages ? La bouche résolument fermée sur une colère contenue – et que l'on devinait impulsive – il se dégagea légèrement du passage, retenant la remontrance qui lui pendait aux lèvres. Ah ça ! Il en avait des choses à reprocher à cette petite inconsciente. Elle n'était plus une enfant, que diable ! Ne pouvait-elle pas se montrer un peu plus responsable ? Ce n'était pas digne d'un scribe ! Elle lui faisait honte ! Et tout cela passa dans son regard aux turquoises glaciales sans qu'aucun son n'émane jamais de sa gorge brune. En fait, il semblait attendre quelque chose... ou quelqu'un ?

Dehors, il y eut quelques cliquetis. Le carré de lumière s'assombrit, et une silhouette se découpa dans la clarté blafarde, descendant à son tour les marches et s'engouffrant à l'intérieur. La porte claque derrière lui, poussée par Adjib demeuré silencieux.

L'invité ne portait que peu de vêtements. Des sandales au cuir fatigué dont les lanières étaient tressées sur les mollets robustes, un pagne court brodé de perles s'arrêtant à mi-cuisses, et une ganse métallique déversant ses franges facétieuses sur des hanches étroites. Le torse nu et imberbe, sombre comme l'ébène, sculpté comme ses statues de dieux grecs – les rondeurs en moins ! Habillant les avants bras, des poignets de force et des bracelets comme de petits serpents d'or et de jade enroulés autour des biceps. Sur l'épaule, un œil attentif est tatoué au henné. Pas de visage, mais un casque imposant à l'effigie d'un oiseau de proie. Un faucon. En guise de regard, deux rubis flamboyants. De part et d'autre de son cou et chatouillant ses épaules nues, deux nattes de métal se balancent doucement, envoyant des rais de lumière sur les murs de la petite maison en terre cuite.

Comme si elle avait reçu une décharge électrique, Néthi se leva d'un bond, paniquée tout à coup. Elle essuya les quelques larmes inondant encore ses jolis yeux, et s'inclina avec un respect quasi religieux devant le nouveau venu. Un regard désolé vers Ordalie, et un petit sourire reconnaissant, puis elle s'éclipsa dans l'autre pièce sans prononcer le moindre mot, furtive et silencieuse comme un chat. Le silence était retombé.

« Toi, dehors... » Ordonna Adjib à l'attention de celui qu'il prenait pour un chien errant.

Mais l'homme au casque interrompit le mouvement de son capitaine pour ouvrir la porte et s'adressa directement à Ordalie. Sa voix aux intonations rugueuses, plus encline aux aigus, était rythmée de quelques claquements secs. Le bec sous le casque, mais ça, allez le deviner.

« Je connais ces yeux. Le graphite pour seul regard. Vous êtes un Morphe, n'est-ce pas ? »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 24 Juil 2010, 20:11

Il battait de la queue alors qu'il approchait la jeune femme et ses yeux lui parurent plus humides qu'avant, ils n'étaient plus deux lacs brillant, ils étaient deux cascades retenues au coin de ses yeux. Il baissa la tête et s'approcha en silence un peu plus, comme touché de cette étonnante tristesse. Qu'avait-il fait pour qu'elle soit dans cet état ? Il se sentit coupable, se transformer pour jouer, quelle idée ! Et il n'eut pas le temps d'approcher plus près, de lui laisser sa fourrure comme consolation qu'il bondit sur ses pattes soudain pris de peur.
Sous cette état, son instinct reprenait le dessus sur les années d'entrainement et d'apprentissage qui avait fait de lui un jeune homme un peu gauche. Là, il était chien. Prédateur et créature habituée à la douleur il recula d'un bond et s'il ne se mit pas à grogner pour dissuader le potentiel adversaire ce fut seulement parce qu'il reconnu Adjib dans l'entrée et que Néthi souriait... Cela ne devait pas être si dangereux, n'est- ce pas ? Un instant il douta. Il doutait d'elle et de sa méfiance. Allaient-ils lui faire du mal dans cette ville ? Et il eut peur à voir l'homme au casque d'oiseau, sa stature imposante.. Il recula, les oreilles basses, les pattes arquées comme prêtes à l'emporter n'importe où tant que c'est loin de cette peur.

Dehors ? Hein ? D'accord... Il esquissa quelques pas. Il n'allait pas se faire prier pour s'éloigner des deux personnages. Un pincement au coeur quand l'oiseau lui parla. Etait-il vraiment un animal sous ce casque ou n'était-ce qu'une impression avec cette tête métallique à la forme de faucon ? Penchant la tête, il observa ce qui lui aurait servit de dîner si ces deux là était réellement un chien, et l'autre un oiseau. Non, l'homme devait seulement être enroué et ce casque devait être un genre de spécialité culturelle... Dessous, apparaitrait un homme s'il l'ôtait... Evidemment, Ordalie n'ayant jamais rencontré ces étranges créatures n'y croyait pas. Néthi n'était plus là et il se sentirait encore plus coupable s'il partait sans être certain qu'il ne lui arriverait rien, il l'aimait bien la jolie jeune femme pleine de curiosité.
Second pincement au coeur. Et finalement il n'était plus congédié dehors...

Il s'éloigna vers le tissus ayant chuté sur le sol lors de sa transformation. Devait-il reprendre forme humaine pour parler, ou garder ses canines sous le coude pour se défendre ? Le doute l'assaillit. Il leva la tête et observa tour à tour les deux hommes. La confiance en moins, il souleva le tissus dans sa gueule et entreprit de passer dessous alors qu'il se retransformait. Le plus dur fut de récupérer l'objet avant qu'il ne retombe pendant la transformation... Ceci fait, il comprit ce que signifiait le "ajuster" quand il finit de se rhabiller. Le vêtement tombait légèrement et en lui non plus il n'avait pas confiance. Il recommence trois fois l'opération avant d'être satisfait. Qu'ils ont des vêtements compliqués ici !

-Je me nomme Ordalie, et je suis un morphe chien, fit-il en se plaçant face aux deux personnages.

Sa voix était moins douce qu'avant, il avait peu mangé, peu bu et ses forces reviendraient à lui manquer s'il devait courir, se retransformer ou pire. Dans quelle situation s'était-il encore fourré ?!

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Re: Traversée du désert

Messagepar Hétep Ir Kaha » 27 Juil 2010, 16:29

L'animal semblait hésiter entre obéir et partir se cacher sous un meuble. Hétep tourna légèrement la tête, comme il le faisait chaque fois qu'il désirait s'offrir une meilleure visibilité. C'était comme ça, il y voyait mieux de profil. Il observa la forme rouge faire quelques pas, se cacher et... Mince ! Des années qu'il n'avait pas assisté à cela. À ses côtés, Adjib recula, comme inquiet. Il y avait longtemps, très longtemps, lorsque Hétep était jeune encore, il avait lu ce parchemin faisant état d'une race appelée « Morphes ». Et comme vous vous en doutez peut-être si vous connaissez l'énergumène, il avait exigé de voir cela de ses propres yeux. Ça avait pris du temps et ça avait demandé une longue et pénible expédition dans le désert est ses alentours, jusqu'à ce que Adjib revienne avec un Morphe Oryx. Tous se souviennent encore aujourd'hui de la vitesse à laquelle elle avait détallée après sa métamorphose, sous l'œil étonné de Hétep. Ce jour là, il avait appris qu'il ne pouvait pas tout exiger, et que certaines choses se devaient d'être traitées avec un minimum de respect...

Il hocha la tête aux présentations que lui fit Ordalie, s'en voulant muettement et sans vraiment de raison valable de l'avoir forcé à redevenir humain. Il lui semblait, d'après ses souvenirs, que l'Oryx n'avait pas particulièrement aimé cette forme. Mais chaque individu à son caractère.

« Mes respects, Ordalie Morphe chien. Je suis Hétep Ir Kaha, chef des armées de cette cité. »

Sa tête pivota à droite, comme si l'œil gauche était fatigué, comme si l'œil droit s'attendait à voir quelque chose qui aurait échappé à son frère. La stature du jeune homme, devant lui, éliminait ses soupçons au sujet du Raana. Il avait l'air épuisé. À moins que ? Sans se hâter – fait rare pour Hétep – il observa cet hôte insolite, se posant un millier de questions. Lorsque sa voix s élèva pour son capitaine, elle fut autoritaire.

« Adjib ! Fais savoir à Neith Képhis que mon départ pour l'avant-poste est retardé. »

Le capitaine acquiesça avant de disparaître à pas pressés, et lorsque de nouveau Hétep pris la parole, sa voix pour Ordalie revêtit un timbre plus serein, quoi que toujours emprunt d'une impatience latente.

« Vous dites venir d'une cité, à l'est ? Avez-vous traversé le désert à pieds ? N'avez-vous jamais rencontré de Raanaï ? De barbares ? La soif ? »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 01 Aoû 2010, 20:10

Si je m'avance trop dans ma description de ce que je vois, dis le hein o_o j'suis pas sûr de moi sur ce coup


La tête pivota et Ordalie ne put réprimer un pas en arrière et ce regard étonné qu'il fixait sur le casque de l'homme étrange. Il reconnaissait l'oeil d'un oiseau, lequel il ne saurait le dire, mais il voyait là un corps d'homme durement bâtit, la peau tanée par le soleil et pourtant au dessus des épaules un casque impressionnant et dessous un regard perçant. Celui d'un rapace à la tête énorme comparé à ce qu'avais déjà vu le morphe.
Et malgré le respect et le calme dans les questions, Ordalie ne les retint que par intérêt et n'y répondit pas tout de suite. Il lâcha simplement :

-Vous êtes un homme à moitié oiseau, c'est ça ?

Etait-ce Hétep le plus étonné de voir Ordalie se transformer ou Ordalie de savoir que sous le métal il y avait peut-être des plumes et un bec ?
Il ajuste son vêtement, s'assurant que le noeud tenait bon, et s'assit par manque de force plus que par envie. Car Assit on est toujours plus vulnérable que debout et près à courir. Mais dans un espace aussi restreint sans savoir si l'entrée bloquée par le chef des armées était la seule de cette maison... C'était comme être pris au piège. Dans une cage. Un peu perdu, un peu fatigué, Ordalie prit enfin le temps de répondre correctement. Tant qu'il ferait ce qu'on lui dit, personne ne lèvera le fouet sur lui... C'était déjà comme ça avant.

-Je... Je viens des Ghettos de la Basse-Ville directement à l'Est. J'ai voyagé jusqu'à Balaïne, plus au nord, et ensuite je me suis dirigé vers l'ouest, vers le désert. Je suis passé par Guttenvald, j'ai franchit les montagnes et de là j'ai marché dans le désert jusqu'à vous. J'ai rencontré peu de créatures vivantes sur mon chemin. Des lézard étanchèrent à peine la soif qui m'accablait tous les jours, et la faim qui arriva aussi vite que le froid la nuit. Ni barbare ni commerçants. Les Fennecs croisés m'ont permis de retrouver mon chemin une fois que je m'étais perdu, à force de suivre le soleil, j'ai tourné en rond deux jours durant. J'ai rencontré la soif et j'ai même cru ma fin venue avant que Lepti le sentinelle ne m'entraine à l'ombre avant que le soleil ne me brûle à l'intérieur. Il fit une pause, courte, le temps de regarder ce visage animal qu'il s'imaginait être sous ce casque. Je ne sais pas ce qu'est un raanaï, ni ce qu'est l'échine métallique dont m'a parlé Adjib. Je viens d'arriver en ville, et si je vous parle c'est parce que pu retrouver un peu de force pour le faire.

Le temps passait plus vite qu'il n'y songeait, et la tête lui tournait à force que ses yeux allaient de l'unique issue de secours à l'homme-oiseau. La peur latente rongeait l'énergie revenue alors qu'il avait eu l'occasion de manger un peu et de boire juste assez pour se lever. Mais la déshydratation ne l'avait pas oublié, loin de là. Il sentait ses mains engourdies, et ses jambes lourdes. Et sa tête lui semblait engoncée dans du coton, comme s'il avait bu pendant des heures le pire des alcools.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Hétep Ir Kaha » 05 Aoû 2010, 16:30

Je ne savais pas trop comment introduire la quête (au moins maintenant elles sont mieux organisées). Vu que ce que j'avais prévu a été chamboulé par la dernière restructuration du forum, j'ai passé la quête du Raana en miniquête. J'espère que ça ne te dérange pas. Du coup tu pourras gérer sans attendre qu'on te guide. Par contre, n'hésite pas à sonner les cloches de Neith Képhis (alias Chinaï) par mp, car elle est aussi inscrite sur cette quête. Hétep n'est plus le meneur donc éclatez-vous.


Les paupières nictitantes balayèrent les pupilles attentives. Un homme à moitié oiseau ? Ici, on appelait ceux de son espèce des demi-dieux, mais techniquement, oui, il était à moitié oiseau. Et réalisant qu'Ordalie le fixait à travers les rubis du casque, il fit revenir sa tête à sa place. Droit dans l'axe, il ne le voyait pas bien, mais il n'avait pas besoin de le voir pour le moment. Pourquoi les demi-dieux portaient-ils des casques ? Et bien parce que malgré la bonne volonté des Ohimes, un homme dont la tête animal vous fixait et vous parlait effrayait tout de même. Alors les casques avaient été créés, pour préserver les citoyens de « l'étonnement » que pouvait susciter leurs Conseillers, et pour protéger les Conseillers des regards trop insistants ou trop fuyants posés sur eux. Les gens finissaient par s'habituer, à la longue, mais il y en avait toujours pour vous embarrasser lorsqu'ils vous épiaient de loin. Car pour Hétep et sa vision de rapace acérée, de loin ou de près, il n'y avait aucune différence. Il marqua une pause, écoutant le flot ininterrompu de paroles débité par le dénommé Ordalie.

Sa curiosité le faisait trembler, et le nombre d'informations qui se hâtaient vers lui embrouillait ses pensées. Ghettos ? Basse-Ville ? Balaïne ? Ah, Guttenvald, voilà un nom qu'il connaissait. Mais le reste... le monde était-il si vaste ? Oui, Naphret en avait rêvé. D'autres lieux, d'autres peuples, d'autres dieux.

« À l'est, dites-vous... » murmura-t-il comme pour lui-même.

Son regard n'avait jamais porté si loin. Il voulait voir. Il avait toujours voulu. Mais avant...

Les deux mains se levèrent sans hâte, saisirent le casque, et le firent glisser jusqu'à l'ôter. Quelques plumes restèrent coincées entre les écailles amovibles. Hétep battit des paupières à la lumière moins tamisée que sous le métal. Deux grands yeux presque entièrement noirs comme ceux des Morphes, ronds, surlignés d'un sourcil de peau clair qui lui donnait un air sévère. Les plumes comme la suie au reflets métalliques encapuchonnait son visage et seul son menton, sa gorge et jusqu'à son cou se couvrait de blanc moucheté. Le bec clair surgissait de sous le plumage sombre avant de prendre une teinte plus grise, jusqu'au graphite. Il était entrouvert, et happait l'air que la chaleur lui refusait.

« Je vous crois, Ordalie. Et j'irai, à l'est, voir cela de mes yeux. »

Oui, Naphret le lui avait autorisé. Et peu lui importaient les railleries des autres Conseillers. Lui était curieux, et tout comme son regard portait au delà des remparts de l'Oasis, son esprit s'envolait, libre comme Horis, la fauconne borgne. Il voulait voir.

« Les Raanai sont comme de grands oiseaux minéraux façonnés dans les dunes sous lesquelles ils cheminent. Nous les vénérons pour la protection qu'ils offrent à notre Oasis. Mais nous avons trouvé l'un d'entre eux mutilé lors de notre exploration de l'échine métallique. »

Il marqua une nouvelle pause. Trouver qui était responsable de ce sacrilège ou bien cheminer vers l'est ? Saurait-il se décider ?

« Adjib saura découvrir de quoi il retourne, je lui fais confiance... Vous, Ordalie, acceptez l'aide et l'hospitalité des Ohimes. Reposez-vous. »

L'habitude de donner des ordres, sans-doute.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 22 Aoû 2010, 14:03

C'était un bel oiseau. Certes avec un corps d'homme et Ordalie fut presque déçu en voyant le plumage caresser la peau de l'Ohime. Il s'attendait à suivre le prolongement régulier de cette fourrure faite pour le ciel et ne rencontra bien vite une peau bien humaine. Où était passé l'oiseau qui lui aurait donné faim s'il ne savait que celui ci n'était pas vraiment destiné à son repas ? En relevant les yeux sur le visage, ou plutôt le faciès de Hétep, il le dévisagea comme s'il découvrait un semblable pour la première fois. Un humain qui se rapprochait de l'animal. On lui avait parlé des dieux, de beaucoup de dieux. Ce furent des contes qu'on lui offraient pour le calme quelques années auparavant quand l'adolescence à peine terminée et la douleur d'un passé lourd revenait comme des bouffées d'agressivité qu'il ne contrôlait pas si bien que ça. Et il se demanda si Quinah et les autres dieux avaient choisi de donner aux Hommes le droit de connaitre la face divine de la nature ? Il cessa d'y penser bien vite, parce que l'oiseau parlait à nouveau et que ses pensées étaient encore trop jeunes pour se laisser emporter par une telle considération méta-physique.

Il n'allait pas se faire prier. Quand on lui ordonna de se reposer, il opina du chef avec un certain zèle. Restait à savoir où il irait dormir. Un coin d'ombre dans une ruelle tranquille lui suffirait, il était prêt à dormir pour les dix prochaines années au moins ! *non non il n'exagère pas... pas trop*. Il ne comprit pas ce que signifiait "oiseaux minéraux" et ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Raanaï, oiseau, sable, sacré. Il avait comprit cela et ça lui suffisait autant que la simplicité dans laquelle il vivait. Et mutilé aussi était un terme qu'il concevait mieux qu'on ne puisse l'imaginer. Sa main frôla une vieille cicatrice froide sur son bras et il se souvint l'atrocité et la douleur. Ses sourcils se froncèrent subitement et se détendirent une seconde après le ressac emportant avec lui un vieux souvenir.

-Si je peux faire quelque chose pour vous aider... Hasarda-t-il sans vraiment savoir s'il saurait les aider.

Mais Ordalie était un cabot débrouillard, n'avait-il pas déjà traversé le désert ? N'était-il pas debout et capable de marcher en ce moment même ? Il songeait qu'il avait déjà fait ses preuves quant à sa robustesse, restait à voir s'il était assez doué pour donner une véritable coup de main.
L'hospitalité des Ohime. Il en profiterait tant qu'il vivrait dans cette ville, et il se sentait l'âme de les remercier autant qu'il le pourrait quand bien même en cet instant il n'avait plus un roupillon dans sa bourse... Tout était encore dans le désert.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Hétep Ir Kaha » 04 Sep 2010, 17:07

Désolée, je savais vraiment pas quoi raconter... à force d'être schizo...

Aider ? Oui, pourquoi pas. Mais c'était curieux. Un étranger qui ne connaissait rien à la vie à Ohime Quinah ni aux coutumes locales... si pressé d'aider. Était-il simplement généreux ou bien cachait-il quelque chose ? Hétep l'ignorait. Mais il n'était pas méfiant. Pas trop. Son peuple avait toujours vécu en paix et les mots « trahison » ou « espionnage » n'évoquaient guère autre chose en lui que de vagues notions à peine effleurées. Et puis Ordalie était un Morphe. Les Morphes n'étaient pas des traîtres, selon lui. C'était tout simplement impossible. Aider ? Il l'avait déjà fait, en parlant de cette ville à l'est. Il y avait donc quelque chose au delà de leurs frontières ? Des contrées inconnues... d'autres gens – blancs de peau – d'autres coutumes... d'autres croyances sans-doute. Le demi-Dieu voulait les voir ! Est-ce que Neith voudrait l'accompagner ? Sa Reine lui accorderait-elle ce voyage ? Elle avait dit que oui, mais à présent qu'il y avait véritablement quelque chose à découvrir, ne risquait-elle pas de changer d'avis ? Il devait lui en parler... ou bien n'était-ce qu'une excuse pour la revoir.

« Si vous devez rester ici, et pour votre repos, je vous le suggère, vous apprendrez comment nous aider. Vous êtes notre invité, Ordalie, et Néthi veillera sur vous. »

Mine de rien, en passant, l'ordre était donné. D'un geste de la main en direction de l'autre pièce, il confirma son injonction à la jeune femme, dissimulée dans l'ombre. Et puis, comme il n'était pas dans l'habitude du chef des armée de rester sur place plus de trois minutes, il enfila de nouveau son casque et se dirigea vers la sortie. Sur le pas de la porte toutefois, il jugea utile d'ajouter que c'était à Néthi, à présent, que revenait la charge de répondre à ses interrogations et de le guider au sein de la cité. Et lorsqu'il eut fini, il sortit.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 24 Sep 2010, 18:09

Ce ne fut que lorsqu'elle entendit la porte se refermer que Néthi se risqua à se glisser en dehors de sa cachette. Entre temps, elle avait eu largement l'occasion de sécher ses larmes, d'autant que l'ordre donné par le seigneur Hétep avait failli la faire s'évanouir de stupeur. Elle s'approcha d'Ordalie, belle naturellement – bien que la notion de beauté soit subjective – un sourire aux lèvres. On lui aurait confié la garde d'un bébé chien qu'elle n'en aurait pas manifesté autant d'affection ! Éternelle enfant, elle se planta devant le jeune homme et s'efforça de le rassurer en l'aidant à ajuster son vêtement.

« Vous voyez bien, le seigneur Kaha n'est pas méchant, même s'il peut faire un peu peur... Je m'occuperai de vous comme cela m'a été demandé, et si vous avez la moindre question, j'y répondrai. »

Elle eut un petit rire, avant de s'en retourner servir à boire à son hôte – et nouveau jouet.

« Je ne me suis même pas présentée... Je m'appelle Néthi. J'étais scribe jusqu'à hier matin, sous les ordres de maître Inéni à tête de chameau... mais... et bien... Disons que j'ai voulu enseigner quelque chose d'un peu compliqué à un jeune homme venu me demander de l'aide et malheureusement, j'ai été prise sur le fait. Je suis punie ici, jusqu'à nouvel ordre. Je ne sais même pas si je serai autorisée à remettre les pieds dans la maison des scribes un jour... Mais ce n'est pas grave. C'est de ma faute... alors si je peux faire quoi que ce soit pour vous, vous faire visiter la ville ou vous parler de tout ce que vous voudrez, ce sera avec plaisir. »

Elle n'ajouta pas qu'elle s'ennuyait à en mourir, coincée entre ces quatre murs. Quelle importance ? Elle tendit son verre plein à Ordalie. Il devait boire, manger, et se reposer... et elle y veillerai personnellement.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 25 Sep 2010, 15:31

Les yeux ronds et une vague impression d'en avoir trop dit se peignit sur son visage quand l'homme-oiseau quitta la demeure. Si étonné qu'il n'entendit pas revenir la jolie Néthi toujours aussi belle à regarder. Alors il rougit, et bien oui, il se sentit un peu honteux d'avoir été surpris si simplement et puis, elle lui faisait plus d'effet qu'il ne se l'avouait. Ce sont des moments comme ceux là qui lui rappellent qu'il n'est pas un simple chien et que tout humain connait les aléas de sentiments parfois vagues parfois plus précis.

-Moi il m'a donné faim, fit-il.

Certes il avait eu quelques craintes au début... et même maintenant encore, mais il se souvenait aussi de l'instinct animal qui lui disait que sous la peau ronflaient des muscles nourrissant, sûrement. Il finit par tirer un peu sur son vêtement qui lui semblait quand même un peu étrange au final, et prit son verre qu'il vida en quelques gorgées. La soif non plus ne l'avait pas oublié. Il s'assit, la tête lui tournait, il porta une main à son front et y senti la sueur qui l'avait recouvert depuis tout à l'heure. C'était cela, le stress, la crainte, la fatigue et la faim mélangés... Il esquissa un léger sourire et se décida à ne plus bouger jusqu'à ce que ses forces lui soient revenues. Un chien aussi gros que lui ne devrait pas se sentir faible. Il ne pouvait se départir de cette idée apprise par la force des choses il y a bien longtemps. Il l'observa parler, le gonflement de ses lèvres à certaines syllabes. Il faillit louper la moitié de ce qu'elle racontait ! Alors il chercha un instant, l'air groggy, à se rappeler. Scribe, punition. Mais qu'est-ce qu'un scribe ? Aucune idée. Il pencha la tête sur le côté. Humeur canine un peu trop courante ces derniers temps et il son sourire s'élargit.

-Quand la nuit tombera Lepti m'a proposé d'aller chercher mon bagage perdu, si vous voulez nous accompagner, nous y verrons plus clair à trois.

Evidemment, ses yeux à lui n'y verrait pas grand chose dans la nuit. Mais son flaire y verrait mieux qu'eux. Il connaissait son odeur il pourrait la suivre dans tout le désert ! Et puis, il songea qu'une visite de la ville ne serait pas du luxe, surtout s'il comptait rester un moment dans le coin.

-J'ai besoin de repos. Et de manger. Alors discutons, je n'aurais pas la force d'aller courir en ville de suite.

Il avait ponctué sa phrase en buvant à nouveau, et la cuiller de miel succéda au verre à un rythme presque indécent. Mais le sucre lui faisait du bien, c'était comme la perfusion d'un mourrant. Il s'y accrochait car son corps en avait cruellement besoin.

Et il fut soudain à cours de mots pour exprimer les nombreuses questions et idées qui lui remplissaient la tête. Il voulait mieux connaitre cet endroit où les gens vous accueillent chez eux aussi facilement. Il voudrait savoir pourquoi Néthi avait été si sévèrement punie pour avoir "enseigné"... Et puis, il voulait en savoir plus. Les Raanaï, l'échine métallique. Une créature mutilée ? Il y avait peut-être des braconniers dans la région, mais il ne les avait pas croisé et grand bien lui en fasse, il n'aurait pas eu la force de fuir les couteaux aiguisés près à le dépecer à la moindre hésitation.

-Parlez moi de ces Raanaï et de l'échine métallique.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 29 Sep 2010, 17:29

Décidément entre Néthi et Mektild, tu vas finir par croire que toutes les femmes de Nideyle sont des allumeuses...


Lui donner faim ? Néthi ne compris pas l'allusion que lui faisait Ordalie. Après tout, elle n'était pas chien pour avoir la bave aux lèvres devant un oiseau, promesse d'un repas savoureux... Elle se contenta donc de lui sourire, laissant briller l'éclat amusé de ses yeux turquoises au milieu de son visage cuivré. S'il avait si faim que cela, elle lui porterai volontiers ce qu'il voudrait. Traverser le désert du Mahjour, tout de même, ce n'était pas rien. Elle alla s'asseoir en face de lui, rangeant sagement ses mains fines sur ses cuisses que les pans de lin blanc couvraient à peine. Pas de pudeur chez les Ohimes... mais pas d'exhibitionnisme non-plus. Le tissu couvrait l'essentiel et elle n'avait pas à en rougir. Seuls les gardes ou les hommes amenés à affronter le désert se couvraient du Chèche, pour se protéger de la morsure du soleil et des griffures du sable. Mais dans sa maisonnée enterrée aux deux tiers, Néthi n'avait rien à craindre des éléments extérieurs. Son regard où luisait la curiosité mêlée à la compassion observait Ordalie avec attention. Qu'avait bien pu pousser ce jeune homme à traverser le désert et à en braver ses dangers ? Peut-être bien que la réponse résidait quelque part dans ses trop nombreuses cicatrices... et malgré cela, il arrivait encore à sourire.

« Oh, vous aviez un bagage ? Lepti le trouvera pour vous, ne vous en faites pas. Il connaît bien le désert. Et puis le seigneur Kaha m'a demandé de veiller sur vous, et vous m'avez l'air de manquer de repos. » Lui dit-elle en souriant à son tour.

Il était presque étonnant de ne pas la voir ponctuer sa phrase avec un clin d'œil. Donner des ordres et contraindre les gens à faire ce dont ils n'avaient pas envie, ce n'était pas vraiment son credo. Alors seule la douceur lui servait d'arme pour convaincre... un moyen comme un autre de parvenir à ses fins, et tout naturel chez elle. Et puis juste après, elle éclata d'un rire joyeux et cristallin, amusée par la voracité de son hôte. Ce n'était pas très courant de voir un homme avaler autant de miel comme si sa vie en dépendait... d'habitude, ce mets se révélait rapidement écœurant. Pourtant, Ordalie s'en goinfrait comme elle n'avait jamais vu personne le faire. Elle porta une main à sa bouche afin d'étouffer tant bien que mal son hilarité et s'excusa d'un regard navré... elle parvint même à rougir sous la teinte chocolat de ses joues. C'était le moment où jamais de changer de sujet...

« Les Raanaï sont des créatures sacrées, elles protègent le désert et notre Oasis. C'est étonnant que vous n'en ayez pas croisé... Fit-elle rêveusement, comme si elle pensait à voix haute. Ils ressemblent à de grands voiles flottant au gré des courants et des tempêtes de sables. Comme des oiseaux, mais ils n'ont ni serres, ni pattes... ni bec... En fait, ils ne sont que deux grandes ailes minérales. La plupart du temps, ils glissent sous le sable et on les voit pas. Mais lorsqu'une caravane s'approche de trop près, ils surgissent et... »

Elle s'arrêta subitement, réalisant que la suite était trop difficile à raconter pour sa sensibilité exacerbée. Changer de sujet, encore ?

« L'échine métallique est une curiosité. Les écrits de la bibliothèque prétendent qu'elle est apparue il y a une centaine d'années, le jour où le grand chariot de feu s'en est allé irradier l'est. J'ai entendu dire que le métal restait froid malgré son exposition en plein milieu du désert, offert au soleil. Je ne l'ai jamais vu, mais peut-être que Lepti pourrai vous y conduire, un jour... »

Elle se leva enfin, laissant à Ordalie le soin de digérer ses paroles. Et pour occuper ses mains, elle alla lui cueillir son verre d'entre ses mains pour le remplir à nouveau, et le lui tendre gentiment.

« Les Meph Djinn ont découvert le corps mutilé d'un Raana, lorsqu'ils sont allés observer l'échine métallique. Nous ignorons qui a osé commettre un tel crime. Tout le monde ici est inquiet. Jamais encore nous n'avions connu pareil désastre. Même les archives ne mentionnent pas d'offenses faites aux Raanaï. Mais là encore, je ne fais que vous rapporter ce que j'ai entendu... De tout cela, je n'ai rien vu de mes propres yeux. »

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 01 Oct 2010, 16:10

L'orthographe n'était pas son fort alors il lui fallut un effort particulier pour assimiler la différence en nombre entre le Raana et les Raanaï. De l'autre côté du désert, un chien des chiens, ça ne choquait jamais personne, mais cette disparité lui rappelait sans difficulté aucune qu'il avait franchit l'immensité sableuse. Ce monstre allié du soleil ne l'avait pas dévoré, du moins pas totalement. Il sourit. Un peu par la pure témérité de son caractère de chien joueur et malgré cela un peu prudent, de temps en temps. Mais il sourit aussi parce que le sucre lui faisait du bien, que la fatigue pesait encore sur ses épaules mais la peur,elle, s'était envolée.

-Je dois être trop maigre ou trop poilus pour qu'elles veuillent me manger.

Seule explication possible que son esprit pouvait formuler. C'était ça ou l'idée qu'il leur faisait peur. Et il n'était pas certain qu'il fasse peur à qui que ce soit. Enfin, si on écarte quelques humains un peu trop sensibles de nature et les diverses créatures deux fois plus petites que lui.
Il reprit du miel et alla laisser la cuillerée fondre sur sa langue. À ce rythme il se retournerait l'estomac s'il continuait, mais avant de passer du plaisir à la douleur, il lui restait bien encore une petite marge de complaisance pour profiter de l'acidité du sucre et de l'amertume du goût. Les yeux ouverts sur Néthi, il l'écouta parler parfois absorbé par ce qu'il buvait ou mangeait. Sans prendre conscience qu'il ne se comportait pas forcément comme un digne invité. Et quand elle mentionnait des noms qu'il ne connaissait pas il se contentait d'un léger hochement de tête. Il apprendra bien un jour ce que c'est, et dans le pire des cas ça ne l'a pas tué jusqu'à aujourd'hui alors il pourra bien y survivre.

-Jamais personne n'osait s'en prendre à elle jusqu'à maintenant.

C'était cruel de le dire si simplement, mais tellement vrai.

-Cette personne, ou cette chose doit être vraiment puissante, ou au moins doit-elle se sentir ainsi. Elle est la première a avoir brisé un Raana.

Il a retenu la différence grammaticale et parfois il était capable de penser et de raisonner. Ce chien en étonnerait plus d'un. Il n'avait pu se résoudre à parler de mutilation pour cette créature. Elle le méritait peut-être mais en tant qu'un être entièrement minéral, pouvait-on parlé d'elle comme d'un être vivant et organique ? Pour lui, un chien saigne, un humain saigne. Une plante suinte et une pierre...
Et puis il se dit aussi qu'une créature vivante avait forcément touché cette bête pour la "briser"... Alors son odeur devait encore planer sur le corps en miette de l'animal. Car même les pierres ont une odeur.

-Si je peux sentir l'odeur du responsable sur le Raana, je pourrais le reconnaitre. Mais avant, vous avez raison, j'ai besoin de repos.

Il avait délaissé sa cuillère et son verre. Une envie irrépressible de dormir se dessinait sur ses traits.

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Re: Traversée du désert

Messagepar Néthi Ptahâa » 05 Oct 2010, 15:56

Néthi se mit à rire de nouveau. Entendre Ordalie tenter de justifier le désintérêt des Raanaï à son égard était à la foi amusant et touchant. Maigre ou poilu, les créatures du désert mangeaient tout, et tous. Pourquoi n'avaient-il pas touché à cet être aux yeux si noirs ? Peut-être que le meurtre de l'un d'entre eux expliquait leur silence. Peut-être étaient-ils en deuil. Et si c'était le cas, alors qui protégerai le désert ? Et leur Oasis ? Elle frissonna à l'idée que les barbares du désert puisse décider d'envahir leur belle cité. Elle avait lu de nombreux ouvrage relatant leurs coutumes brutales et ne souhaitait pas les voir germer à Ohime Quinah. Vous n'imaginez pas l'impact qu'aurait la moindre violence sur ce peuple définitivement pacifique. Bien entendu, le jeune homme n'avait aucune idée de tout cela, et sa candeur naturelle la faisait sourire, presque tristement. Et lorsque sa remarque tomba, Néthi perdit son si joli sourire. Y aurait-il d'autres Raanaï assassinés ? N'était-ce que le début d'une longue chasse inhumaine ? C'était affreux ! Qui pouvait avoir une idée pareille ? Pourquoi ? La jeune femme ouvrit la bouche, mais on ne saura pas s'il elle voulu ajouter quelque chose ou si elle était simplement choquée. La dernière phrase d'Ordalie venait de l'interrompre.

« Oui... pardonnez-moi. Je vais vous montrer où vous reposer... » balbutia-t-elle.

Elle se leva enfin dans un silence embarrassé, faisant cliqueter ses quelques bijoux qui roulèrent sur sa peau. Les bracelets aux tintements facétieux à ses poignets, les grandes boucles aux lueurs joueuses à ses oreilles, et le cartouche imprimé de son nom en hiéroglyphes, disparaissant dans les plis de ce qui lui servait de bustier. L'esprit encore confus, elle se répétait mentalement les dernières paroles d'Ordalie. L'odeur du responsable. Voilà qui intéresserai certainement son père. Oui, mais elle ne souhaitait pas voir son hôte s'embarquer sur le chemin des périls. Elle l'aimait bien. En fait, elle aimait tout le monde... sauf Semnemout à tête de cobra qui lui faisait peur, phobie des serpents oblige... Et toute à ses pensées, elle se dirigea vers une autre pièce – celle où elle avait disparu quelques minutes plus tôt. Il y avait une couche à même le sol et un bureau encombré de papyrus, probablement la chambre d'Adjib lorsqu'il revenait en permission. Sur la gauche, une ouverture descendait sur une autre pièce, plus sombre car sans fenêtre ni soupirail. Là, sur le mur du fond, une autre couche drapée d'une moustiquaire. Peu de meubles. La chambre de Néthi.

« Je vous en prie. Invita-t-elle. C'est la pièce la plus fraîche, et la plus tranquille. Je serai à côté à feuilleter quelques livres. Reposez-vous. Si Lepti repasse par ici avant ce soir, je lui demanderai s'il peut vous conduire à l'échine métallique. »

Et d'un gentil sourire, elle s'écarta de l'ouverture afin de laisser libre le passage au fameux « chacal » rouge.

Je te laisse dormir, un p'tit saut dans le temps, et on part faire joujou dans le désert ?

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Re: Traversée du désert

Messagepar Ordalie » 10 Oct 2010, 17:29

Son sourire faisait chaud au cœur et bien qu'il ne l'admettra jamais à haute voix, elle le rassurait, assez pour apaiser son cœur de l'étonnante menace qu'il ressentait face à Hétep. Il chercha son sourire avant qu'elle ne l'entraine plus profondément dans la maison et s'il avait déjà vu des habitations qui s'enfonçaient dans le sol, jamais il n'en avait vu une de la sorte. Si chaud dehors et si frais dedans, à la fois si refermée sur elle même. En traversant les pièces il se sentit comme dans un nid, protégé de tout, du désert et des hommes. Car au final, c'était peut-être eux qui lui faisaient le plus peur. Mais chut, il a sa fierté le cabot !

-Merci, pour tout ce que vous faites.

Chaleureux comme jamais, il se laissa choir sur la couche sans même songer à se déshabiller. Une minute sur le ventre et il s'endormit comme un chien heureux. C'est qu'il en était content de son exploit. Il l'avait traversé ce foutu désert !

Il s'éveilla dans l'obscurité la plus totale, et ses iris à la couleur de l'encre cherchaient la moindre parcelle de lumière quand ses mains s'affairaient à tâtons dans l'ombre à replacer correctement le vêtement qu'on lui avait prêté. Bien sûr qu'il le rendra, dès qu'il aura récupéré les siens. Enfin habillé correctement, il s'échappa de la petite chambre, passa la pièce aux livres et se retrouvât bien vite dans le salon qui l'avait accueillit quelques heures auparavant. La clarté le fit cligner des yeux, il se frotta le visage et redécouvrit les personnages dans la pièce à la lumière du soir.

pas envie de jouer tes personnages dans ton dos, je te laisse lancer l'escapade dans le désert !

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