Les paroles s'envolent, les écrits restent.

Au beau milieu d'un désert aride, Ohime Quinah est déposée sur les rives d'un oasis luxuriant. Les Ohimes sont un peuple calme et pacifique vivant comme s'ils sortaient tout droit de l'Égypte antique.

Les paroles s'envolent, les écrits restent.

Messagepar Anthmosis Naïlthan » 24 Mar 2010, 20:05

Antmosis marchait dans les rues a grand pas. Il arriva dans le quartier Sud-Est où se trouvaient les maisons des scribes, mais également la bibliothèque d'Ohime Quinah, où se trouvaient tablettes et manuscrits que les anciens avaient légués aux générations à venir, et que tout un chacun était libre de consulter, mis à part quelques parties réservés. Ant, de part sa condition de disciple de Senenmout, avait accès à certaines de ces parties, et c'est là qu'il comptait se rendre. Il arriva donc devant le bâtiment auquel il ne prêta guère attention, d'une part parce qu'il avait souvent eu l'occasion d'y aller lorsqu'il apprenait son métier, et qu'il y allait encore souvent maintenant, d'autre part parce qu'il était relativement pressé. Il entra donc en saluant les gardes d'un rapide mouvement de la tête, et en faisant de même avec les scribes qu'il rencontrait en chemin. Lorsqu'il arriva devant la partie réservé, le scribe gardien de cet espace le reconnut et le laissa passer après un rapide échange, lequel consistant plus à donner un semblant de contrôle qu'a autre chose. Une fois dans la salle, Ant remarqua la présence d'une jeune scribe qu'il avait déjà eu l'occasion de croiser dans la bibliothèque, mais aussi une fois alors qu'elle avait apporté des parchemins à son maître. Il ralenti un peu le rythme, car, bien que pressé, il s'arrêta quelques secondes pour contempler la jeunes femme qui regardait ailleurs, car il appréciait sa beauté. Reprenant son allure, il se dirigea vers le fond de la salle pour y trouver le livre qu'il cherchait. La salle était à température stable, légèrement fraîche, ce qui rendait le travail agréable. Ant trouva rapidement l’étagère qu’il cherchait. Le rangement de la bibliothèque étant en permanence contrôlé, et les gens qui travaillaient ici étant assez soucieux pour remettre à la bonne place ce qu’ils empruntaient, cela facilitait les recherches.
Ant parcouru donc les rouleaux de papyrus, lisant simplement les indications sur les étuis de cuivre qui permettaient à la fois de protéger les rouleaux, à la fois de donner des indications sur leur contenus. Il avait commencé avec un rythme assez soutenue, sans pour autant manquer de douceurs avec les écrits, mais ce rythme c’était ralentit, d’abord imperceptiblement, puis un peu plus. Ant avait une impression bizarre, comme si l’air frais de la bibliothèque s’insinuait petit à petit en lui, le refroidissant un peu de l’intérieur, mais le jeune Ohime n’y faisait pas attention, tellement il était absorbé par ses recherches. Il tomba finalement sur le rouleau qu’il voulait, manuscrit qui relatait de certaines légendes du peuple Ohime, dont certaines remontaient aux temps où le peuple n’avait pas encore quitté la légendaire citée originelle.
Il prit donc le rouleau avec soin, marchant avec une allure modérée vers les tables de travail, ouvrant l’étuis en cuivre et déroulant le parchemin avec soin, une pierre polie servant à maintenir le papyrus afin qu’il ne s’enroule pas pendant qu’on le lisait.
Le jeune chasseur parcourait les récits avec un rythme de lecture ralentissant peu à peu, au fur et à mesure que sa chaleur corporelle s’échappait de son corps. Il remarqua enfin cela mais n’y prêta pas attention, pensant que cela n’était qu’un jeu de son imagination. Il trouva finalement le passage qui l’intéressait.

« Le jour où l’être fils du mal, de ce mal dont les dieux craignent aussi l’existence… »

Ant du porter la appuyer sa tête sur sa main car il commençait à avoir quelques difficultés à rester concentré.

« … , ce jour où, aux yeux des hommes… »

Le jeune Ohime sentit ses jambes se relâcher, comme lesté par le froid qui l’envahissait peu à peu.

« … apparaîtra le symbole du mal à venir… »

Le chasseur de serpent avait de plus en plus de mal à se concentrer.

« … le symbole du mal à venir… »

Il sentit son bras glisser sur la table, emportant la pierre qui maintenait le rouleau, ayant juste le temps de lire les trois derniers mots de la phrase et de les murmurer afin de les comprendre, sont cerveaux fonctionnant comme au ralentit.

« … le serpent bicéphale. »

Le rouleau refermer, la phrase assimilée, Ant s’écroula sur la table de travail, heureusement sans toucher le papyrus, sentant son corps totalement frigorifié, entendant en lui-même son cœur battre de plus en plus doucement, sa vision se floutant et son esprit s’engourdir. Il se demandait ce qu’il lui arrivait, mais il n’avait pas la force de chercher la réponse, il n’avait même plus la force de chercher à comprendre où il était et ce qu’il faisait là.

Il avait l’impression de partir.


Il n’avait plus aucune impression.

Il n’analysa même pas le son qui arriva à ses oreilles, comme si quelqu’un avait déplacé le rouleau du pupitre où il l’avait mis

Ant glissa, de sa position assis en tailleur, affalé sur le pupitre, pour finir allongé sur le sol de pierre encore plus froid que l’air qui l’entourait.

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Re: Les paroles s'envolent, les écrits restent.

Messagepar Néthi Ptahâa » 25 Mar 2010, 13:26

Euuuh... t'as suivit un entraînement accéléré au RP ? J'adore ce texte ! Il est super agréable à lire, cohérent, pas trop de fautes et donne envie d'y participer. Franchement, quand je me rappelle de tes premiers RP avec Quilbeeg je suis baba lolll. Seul petite remarque : tu as séparé tes paragraphes par un retour de ligne simple, n'hésite pas à mettre plus d'air avec un double retour de ligne pour que ce soit plus agréable.

*°*°*°*°*°*°*°*°*

Occupée à remettre à leur emplacement exact les manuscrits récupérés dans les quartiers du chef des armées, Néthi ne remarqua pas le jeune homme tout de suite. Elle tourna à peine la tête lorsqu'elle entendit ses pas ralentir, puis reprendre de leur vigueur, s'assurant que la personne qui pénétrait ces lieux y était autorisée. C'était le cas. Il s'agissait d'Antmosis Naïlthan, un chasseur de serpents réputé à Ohime Quinah pour son savoir faire qui avait sauvé nombre de vies innocentes. D'après les rumeurs qui couraient, il était même admis qu'il avait un jour administré un contre-poison à son père Adjib, l'arrachant in extremis à une mort certaine... et c'était là à peu de choses près tout ce qu'elle connaissait de lui. Elle savait également qu'il avait Senenmout pour maître, et cette pensée seule lui laissait un frisson sur l'échine. Décidément, le conseiller à tête de cobra lui faisait peur... Et puis, Néthi était une jeune fille curieuse, mais pas au point de harceler les gens de questions pour en apprendre d'avantage à leur sujet. Elle était timide, et cette timidité lui interdisait de faire de telles choses. Alors elle sourit doucement à l'attention du dénommée Antmosis, en guise de salut, mais celui-ci se dirigeait déjà vers le coin le plus reculé de la bibliothèque. Celui des documents les plus anciens, et les plus fragiles aussi. Inquiète – ou simplement intriguée – Néthi se hâta de ranger ses parchemins et décida de suivre le jeune homme. Peut-être pourrait-elle le renseigner ?

Elle se faufila entre les rayonnages d'ébène jusqu'à arriver devant la petite arche menant trois marches plus bas. Là, comme dans un écrin dissimulé aux yeux de tous, les plus précieux écrits y étaient entreposés avec un soin tout particulier. Une grande table de travail trônait tout au milieu sous laquelle étaient glissés de rares tabourets. Peu de monde venait ici... et Néthi s'arrêta, stupéfaite.

Une seconde, elle se demanda si elle n'était pas en train de perdre la raison. Le soleil aurait trop frappé tout à l'heure, lorsqu'elle revenait des quartiers du seigneur Hétep Ir Kaha ? Elle balaya la pièce du regard : personne ! Il n'y avait personne alors qu'elle venait d'y voir entrer Antmosis... Sur la table pourtant, quelques liasses de papyrus témoignaient du passage d'un individu... un individu qui n'avait pas pris la peine de ranger derrière lui ! Un peu contrariée et très désorienté, Néthi s'approcha prudemment – persuadée qu'Antmosis allait surgir d'entre deux livres et lui procurer une peur bleue – et replia l'un des documents. Mais alors qu'elle se penchait pour ramasser l'étui de cuivre, elle aperçut des doigts dépasser de derrière la table. Affolée, elle lâcha ses manuscrits et se figea pendant une toute petite seconde qui lui sembla durer une éternité, jusqu'à ce qu'enfin, ses réflexes se remettent en mouvement. Souple et légère, elle fit le tour de la table à pas précipités et s'agenouilla près du jeune homme et l'examina sans oser le toucher. Il ne semblait pas blessé, juste évanoui, et sa chevelure sombre s'étalait comme les pétales d'un gros tournesol bruni. Sa peau cuivré avait quelque chose d'étrange... comme si elle était subitement plus terne.

« Monsieur Naïlthan...? » Appela doucement Néthi.

Mais il n'y eut aucune réponse. Elle poussa le tabouret renversé – sans doute lors de la chute du chasseur de serpents – et se mit à réfléchir frénétiquement. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre de cas. Elle, son rôle était de ranger les rayons et de renseigner les scribes... et d'écrire pour les autres. Elle pencha la tête sur le côté. Est-ce qu'il dormait ? Est-ce qu'il était mort ? Elle hésita encore un moment avant de se risquer à effleurer le visage endormit devant elle, frissonnant à ce qu'elle découvrit. Froid ! Il était affreusement froid ! Alors elle se leva d'un bond. Inéni n'était pas là, et elle ne savait pas quoi faire. Devait-elle appeler un garde ? Elle ouvrit la bouche en ce sens, mais l'homme à terre bougea légèrement. Ah ? Il n'était pas mort ? Elle s'agenouilla de nouveau, rassurée sans l'être vraiment... et puis...

« MONSIEUR NAÏLTHAN !!! » Paniqua-t-elle totalement.

Et comme si cela avait pu être d'une quelconque utilité, elle se mit à secouer Antmosis comme une diablesse pour le réveiller...

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Messagepar Anthmosis Naïlthan » 25 Mar 2010, 19:25

Antmosis se réchauffait légèrement du fait qu’on le secouait. Il reprit peu à peu conscience et commença à analyser le monde autours de lui. Il commença à analyser le fait qu’on le secouait. Et si on le secouait, c’est qu’il lui était arrivé quelque chose. Et si il lui était arrivé quelque chose, cela pouvait être du au fait qu’il sentait le froid en lui. Il entendait quelqu’un crié son nom, et il essaya de dire quelque chose, sans succès. Des taches de lumières commençaient à apparaitre devant ses yeux et il commençait à entendre quelques sons. Comme deux respirations, une longue et profonde, et une seconde, courte, pressé, comme si quelqu’un était sujet à une émotion forte. Il remarqua aussi comme un contact au niveau de ses épaules, comme si quelqu’un le tenais fortement. Au fur et à mesure qu’il reprenait connaissance, il se rendait compte qu’on le serait vraiment fort… et que l’on criait aussi. Son nom.

Monsieur.

On l’appelait monsieur.

Cela lui faisait vraiment bizarre, car même si on l’avait vouvoyez, souvent, mais rarement on l’avait appelé monsieur. Mis à part des enfants pour qui les grandes personnes paraissaient toujours vielles, il avait rarement eu le droit à autre chose que « jeune homme » ou « Antmosis ».

Il essaya de parler mais n’y arrivas pas. Il du batailler durant une minute environ afin de réussir à s’exprimer.

« Ne… Ne m’appeler pas Monsieur…»


Même dans ce genre de situation, Ant gardait son humour et son franc parler. Il n’était donc pas si vieux ! Il commençait enfin à y voir assez net pour voir à qui il avait affaire, et un léger sourire s’afficha sur son visage tandis qu’il fermait les yeux. Il laissa s’échapper un léger rire. Il n’avait jamais espérer se retrouver dans les bras de Nêthi, et voilà qu’elle le secouait pour le réveiller. En parlant de cela.

« Euh pourriez-vous arrêter de me secouer s’il vous plait ? »

Une fois qu’il eu repris conscience de tout ce qui l’entourait - bien que encore affaibli - Ant s’assis et pris sa tête dans ses mains.

« Mais qu’est ce qu’il c’est passé ? »

Le jeune homme aperçu l’étui de cuivre au Sol et le ramassa avant de se lever et d’aller le remettre à se place. Il revint ensuite, proposant à la jeune femme encore assise sa main pour l’aider à se relever.

« Vous qui travaillez ici, vous en êtes surement venu à lire beaucoup de ces parchemins. Sauriez vous si il y en a d’autre que celui que je viens de consulter qui traitent d’un… »

Le chasseur prit sa respiration, car il avait toujours du mal à se remémorer le souvenir de ce qu’il avait vu dans le désert. Il faudrait vraiment qu’il aille en discuter avec Senenmout, chose qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de faire, s’étant diriger directement vers la bibliothèque une fois de retour de son expédition dans le désert en compagnie d’Hetep.

« …d’un serpent bicéphale ? »

Antmosis sentit un frisson courir dans son dos, et il pris appuis sur la table. Il se reprit et posa son regard sur la table. Sans en connaitre la raison, il avait quelques difficultés à regarder la jeune fille directement dans les yeux. Il regarda donc le bois de la table. C’était un bois sombre, surement de l’ébène, très lourd mais très résistant, et qui avait l’avantage de ne pas laisser voir les taches d’encres qui avaient été mal effacé lorsque quelqu’un renversait malencontreusement de l’encre. Mais ces tables étaient réservés à ces parties les plus fermées, de part leur prix et leur rareté. On en trouvait rarement dans la ville, seuls quelques notables, le palais, la bibliothèque, le temps et les hauts quartiers militaires.

Le jeune homme se perdit dans les nœuds du bois, son esprit restant attentif à la jeune fille. Il la ressentait comme il avait appris à ressentir le désert, à voir autrement que par ces yeux, ce qui s’avérait d’une grande utilité, car il fallait être tout le temps sur ses gardes, afin de ne pas se faire surprendre.

Il ne s’était pas passer plus de quelques secondes depuis qu’il avait posé la question, mais il s’exprima avant que la jeune fille ait le temps de répondre.

« Appelez moi Antmosis s’il vous plait, je ne suis pas si vieux. »

Et il ria un peu, surtout pour se détendre lui-même, car il sentait une sorte de tension s’installer en lui.

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Re: Les paroles s'envolent, les écrits restent.

Messagepar Néthi Ptahâa » 26 Mar 2010, 18:18

Néthi relâcha un peu Antmosis lorsqu'elle le vit bouger. Il avait entrouvert les yeux brièvement, signe qu'il revenait à lui. Était-il possible qu'il ne soit qu'évanoui ? Elle le dévisagea avec attention et entreprit de continuer ce qu'elle avait commencé et qui se révélait finalement assez efficace... à savoir le secouer de nouveau ! Elle l'empoigna par les pans de tissu qui s'offraient à elle et recommença, l'appelant par son nom d'un ton quasi désespéré. Et lui prenait tout son temps à émerger, sans la moindre compassion pour l'inquiétude qui la gagnait. Non mais vraiment ! Fatiguée de s'acharner sur les vêtements qui ne faisaient que glisser, elle l'empoigna doucement par les épaules et nota au passage que sa peau se réchauffait peu à peu. C'est donc qu'il ne comptait pas mourir tout de suite... Bien... voilà qui la soulageait.

« Monsieur Naïlthan... » Répéta-t-elle dans un souffle d'encouragement.

Elle n'était même pas certaine qu'il l'entendait, mais ça lui était tout à fait égal. À mesure que les secondes s'égrainaient, le jeune homme revenait de son voyage vers on ne savait trop où. Lorsqu'il ouvrit enfin la bouche pour parler, ce qu'il eut à dire fit sourire Néthi. Ce n'était pas spécialement amusant, mais elle se sentait soulagée d'un poids colossal de constater que la vie revenait habiter ce corps.

« D'accord monsieur Naïlthan... Répondit-elle de façon absurde à sa prière. Mais s'il vous plaît, réveillez-vous... »

Et elle le sollicita encore, à grand renfort de secousses. Fort heureusement pour le jeune homme, Néthi était du genre douce et faible, ce qui lui évitait malgré tout un réveil trop brutal... D'autres qu'elle n'y auraient pas été par quatre chemins et elle avait vu Inéni mettre de belles mandales à quelques passants évanoui pour les tirer de leur torpeur... Elle, ne pouvait pas faire cela. C'était au-dessus de ses forces, physiques comme mentales. Faire du mal lui faisait peur. En fait, tout lui faisait peur, petite souris cloîtrée au fond de sa bibliothèque. Si bien que lorsque Antmosis lui suggéra de cesser de le secouer, elle le lâcha tout à coup et rougit jusqu'aux oreilles, gênée...

« P... pardon... » Balbutia-t-elle d'une toute petite voix en baissant la tête.

Elle posa ses mains fines sur ses cuisses et ne bougea plus du tout, horriblement embarrassée. Plus timide, ça n'existait pas ! Elle n'osa même pas répondre à la question suivante. Ce qu'il s'était passé ? Pour tout dire, elle n'en savait rien. Antmosis était entré ici, et puis elle l'avait trouvé par terre, tout froid. Et lui se réveillait comme si de rien n'était alors qu'il lui avait procuré la peur de sa vie... Silencieuse et immobile, elle le regarda ramasser l'étui puis revenir vers elle. Sa main tendue vers elle la fit rougir de nouveau, mais elle la prit de bon cœur et se leva souplement. C'était lui qui tombait, mais c'était elle qu'on relevait... et elle avait un peu honte. Bientôt, un scribe apparu près de l'arche et demanda si tout allait bien. Sans-doute avait-il été alerté par l'appel affolé de la jeune femme, car un air inquiet tirait ses rides, au coin des yeux. Néthi lui signifia que tout allait bien – même si elle n'était pas certaine elle-même que c'était bel et bien le cas – et l'homme disparut. Puis l'attention de la jeune fille fut attirée ailleurs, vers Antmosis qui sollicitait une réponse, sans attendre toutefois qu'elle ait le temps de la lui donner. Elle resta indécise une seconde, sans trop savoir comment réagir, puis pencha la tête comme si ce geste avait pu l'aider à mieux réfléchir.

Les pendants à ses oreilles se balancèrent doucement, et elle offrit un gentil sourire au chasseur de serpents qui suggérait qu'on l'appelle par son prénom. Et puis pour finir, elle ne répondit à aucune de ses questions et se contenta d'afficher un air sincèrement inquiet. Ses yeux bleus magnifiques le détaillèrent un court instant, comme l'unique source de lumière de la pièce - les anciens écrits ne supportant que peu les lueurs vives du soleil.

« Est-ce que tout va bien ? Vous étiez tout froid... comme un serpent... » Demanda-t-elle d'un ton adorablement candide.

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Messagepar Anthmosis Naïlthan » 26 Mar 2010, 22:58

Ant rendit son sourire à la jeune fille, en profitant pour se plonger quelques instants dans ses yeux bleus. Elle paraissait tellement jeune d’esprit, un peu comme un enfant qui à peur de faire quelque chose de mal – d’où sa timidité apparente surement – et qui pose les questions qui lui viennent à l’esprit, sans chercher à passer par quatre chemins, proposant ses interprétations, ses comparaisons, pour être plus facilement compris.

Ant avait donc la le choix de se moquer d’elle de part le fait qu’elle considère que les serpents étaient froids par définition, lui instruire d’une façon stricte ce qu’était la réalité où utiliser une pointe d’humour et un brin de gentillesse pour lui apprendre de nouvelles choses. Antmosis était plutôt du genre à utiliser la troisième solution, et il se doutait bien que si la bibliothécaire avait accès à cette zone, c’était de part l’importance de son poste, et donc d’une certaine aptitude et envie pour ce qui était de l’acquisition des connaissances. C’était donc en riant que le chasseur entama donc son explication.

« À croire qu’ils ont déteints sur moi. Vous savez, les serpents ne sont pas froids en permanence, ils choisissent même plutôt de prendre des bains de soleils durant la journée afin de se réchauffer et d’être plus vifs, plus puissants. Le fait de se refroidir leurs permet simplement de se mettre dans un état d’hibernation ne nécessitant que peu de ressources et leurs permettant de rester longtemps sans manger ni boire. Mais je vous prie de m’excuser si je vous explique quelque chose que vous savez déjà ou que je vous ennuis avec ces mêmes explications. »

Antmosis appréciait définitivement la présence de la jeune fille. Elle était chaleureuse et dégageait une gentillesse et une bonté sans bornes, que l’on trouve rarement parmi les peuples humains quel qu’ils soient, à part chez les enfants. Tout en étant adulte, elle gardait cette candeur et cette innocence qui faisait que l’on avait envie de la prendre dans ses bras, sans trop la serrer de peur de la casser, tant elle paraissait également fragile, et de la protéger des dangers extérieurs, du monde qui l’entourait.

Si Ant n’avais pas appris qu’elle était la fille d’un militaire haut gradé qu’il avait eu l’occasion de soigné, il en serait venu à se demander si elle ne passait pas l’intégralité de son temps dans ce temple de la connaissance, à découvrir le monde de part les récits que les anciens leurs avaient légués, s’imaginant les paysages que décrivaient les glyphes et les alphabets plus simples, inscrit sur les tablettes ou sur les papyrus, ou bien encore en écoutant simplement les récits qui parvenaient à ses oreilles. Il se demandait également comment elle pouvait rester aussi candide alors que les textes ne renfermaient pas que des beaux textes, mais également des récits militaires contres quelques peuples du déserts, des légendes horribles et des récits sur certaines créatures monstrueuses qui peuplaient le désert.

Et puis il y avait aussi ce serpent qui peuplait, lui, l’esprit du jeune homme.

Il se demandait comment les rares personnes l’ayant vu pouvaient recouvrer une vie normale, surtout que d’après les rares écrits qui étaient parvenus jusqu’as lui, ceux qui avaient réussi était encore parfois hantés par le souvenir de cet être annonçant le malheur.

Ant se souvenait très bien de la seule exception. Un ohime qui avait prévenu à temps la Reyne, ce qui avait permis de se préparer de sorte que le malheur ne fasse que peu de dégâts. Ce souvenir était un peu la comme pour rappeler que toutes choses n’est pas inévitables.

Le chasseur se concentra donc à nouveau, espérant pouvoir trouver au moins une réponse aux nombreuses questions qui lui couraient dans la tête.

« Je vous prie de m’excuser si je vous ais causer quelques frayeurs. Avez-vous déjà entendu parler de quelqu’un à qui il serait arriver la même chose que moi ? »

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Messagepar Néthi Ptahâa » 27 Mar 2010, 13:38

Néthi garda le silence, attentive aux explications d'Antmosis. Elle n'était pas de celles qui se froissaient lorsque l'on se permettait de leur étaler son savoir, au contraire. Elle aimait apprendre et se plaisait à entendre les récits des gens de passage. Trop fragile pour espérer vivre de grandes aventures – le fait même de se rendre au Palais étant déjà un exploit pour elle – c'est au travers de ces histoires racontées qu'elle voyageait. Et même si elle avait parfois du mal à s'imaginer les détails, elle s'en abreuvait avec toujours le même plaisir. Elle fut même un peu déçue que l'explication s'arrête déjà. Elle bâtit des cils comme pour se sortir d'un rêve passager et sourit de nouveau, sans prendre la parole. Elle était là, à faire la connaissance d'un homme qu'elle avait aperçu souvent, et elle ne s'était jamais douté à quel point il pouvait être bavard ! Il posait les questions si vite qu'elle n'avait pas même le temps d'y répondre et changeait de sujet au point que la pauvre Néthi se retrouvait totalement perdue. Voyons voir... quelles étaient les réponses, par ordre de priorité, que le chasseur de serpent sollicitait ?

« D'après les écrits, le serpent bicéphale est un mauvais augure... » Fit-elle pensivement.

Elle s'approcha de la table, jugeant que les textes qu'Antmosis y avait étalés ne lui seraient d'aucune utilité. Elle connaissait ces parchemins, et ses réponses n'étaient pas ici. Alors elle roula les antiques papyrus avec soin, les manipulant comme s'ils étaient fait de cendres friables et entreprit de les remettre à leur place avec patience et minutie. Et tandis qu'elle glissait d'un rayonnage à l'autre, sa voix s'élevait doucement dans la petite salle, comme un murmure cristallin craignant les oreilles indiscrètes. Oui, elle avait lu quelques textes à propos de ce reptile, mais jamais elle ne s'était douté qu'il pouvait effectivement exister. À vrai dire, elle en douterait encore si Antmosis n'y témoignait pas un si subit intérêt, laissant deviner à Néthi qu'il l'avait aperçut. Elle frissonna : les serpents lui faisaient peur. Sur la pointe des pieds afin de ranger l'un des rouleaux, elle soupira sous le coup de l'effort excessif que ce geste lui avait demandé puis se retourna, faisant face à « monsieur Naïlthan », comme elle l'appelait.

« Un fantassin est passé ici un peu avant votre arrivée. Il cherchait mon père, Adjib, pour lui transmettre les ordres du seigneur Hétep Ir Kaha. Est-il arrivé malheur, dans le désert ? »

Elle se remémorait l'arrivée de cet homme de guerre, essoufflé d'avoir marché à allure plus soutenue que ses compagnons d'arme – d'où son avance sur Antmosis – et le cheiche poussiéreux d'avoir traversé une bonne partie du désert. Maître Inéni l'aurait certainement houspillé d'oser faire entrer du sable dans sa bibliothèque, mais il n'était pas là, occupé ailleurs comme souvent ces temps-ci. Néthi passa son regard clair sur la surface lisse de la table, satisfaite de la voir débarrassée de ce qui l'encombrait. Puis elle se dirigea vers un coin de la salle et alla cueillir une échelle déposée dans l'ombre qu'elle cala contre le bois des étages. Ses mouvements, fluides, étaient dépourvus de toute précipitation et ses bracelets d'étain tintaient chaque fois qu'elle remuait, envoyant parfois une lueur malicieuse éclairer ses poignets. Et ainsi laissait-elle à Antmosis tout le loisir de répondre à sa question, certes un peu indiscrète, mais pas idiote pour autant. Elle se déchaussa de ses sandales et grimpa pieds nus sur son échelle, s'assurant ainsi de ne pas glisser sur un barreau. Lorsqu'elle fut à bonne hauteur, elle tendit le bras pour récupérer une liasse perdue sur les plus hauts étages... à se demander ce qu'elle faisait là-haut ! Enfin, elle redescendit souplement et jeta un œil satisfait sur l'échelle, savourant ce bref moment qui devrait être son unique exploit de la journée...

« Nous ne pouvons malheureusement pas modifier la courbe du temps, vous savez. Les écrits parlent de signe avant coureur, mais jamais le serpent n'ouvre la bouche pour nous renseigner d'avantage. Demeurer sur nos gardes est là tout ce que nous pouvons faire. Ainsi est la volonté de Quinah. »

Elle s'approcha de la table et y déplia les écrits qu'elle était allée récupérer avec hardiesse... souriant à cette pensée. Elle haussa les épaules, consciente de l'absurdité à donner tant de valeur à un acte aussi bénin. Dans sa vie de scribe, elle n'avait guère l'occasion de vivre plus palpitant que la recherche d'un papyrus très ancien dans les coins les plus reculés de cette bibliothèque... Elle avisa Antmosis d'un regard tendre, un peu désolée de ses enfantillages, puis replia le premier papyrus pour en ouvrir un second, et ainsi de suite jusqu'à trouver celui qui l'intéressait. Lorsqu'elle en reconnu les premières lignes, elle s'assit, et lut.

« Dorment les ours la froidure venue et plus forts au renouveau s'éveillent ; À l'instar ; Éteinte ma vie la disette avenue et éclose à l'abondance. Guaritito Ahmok, IV siècles avant notre ère. »

Elle leva la tête et planta son regard bleu dans celui d'Antmosis, un air d'enfant curieuse courant sur ses traits. Doucement, elle délogea un tabouret de sous la table, juste à côté d'elle, et l'invita à s'asseoir.

« J'ai trouvé de très anciens écrits rédigés dans cette langue d'un autre âge... Un âge bien reculé où nous n'avions pas encore entreprit notre voyage vers ce désert. Elle est difficile à déchiffrer, mais j'aime les énigmes. Sourit-elle avec malice. Guaritito Ahmok tenait une sorte de journal sur sa santé qui l'inquiétait... »

Elle posa un doigt fin sur les lignes sibyllines.

« Ce récit fait état d'une famine cruelle qui frappa un ancien village. Guaratito raconte qu'il dû s'assoupir alors qu'il rédigeait son journal, et qu'il dormit sept mois avant de s'éveiller à nouveau. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il eut si peur de lui-même qu'il s'isola dans les montagnes et... y vécu comme un ours ! Traduisit-elle avec un petit rire amusé. Chaque hiver, il s'endormait pour ne reprendre conscience qu'au printemps. Il hibernait ! »

Elle fit glisser le papyrus sur la table jusque sous le nez d'Antmosis, sans savoir s'il serait capable de lire cette langue difficile. Le menton posé sur ses doigts, elle l'épiait gentiment, heureuse qu'un tel événement vienne rythmer son quotidien monotone.

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Messagepar Anthmosis Naïlthan » 31 Mar 2010, 23:48

Le mauvais augure. Elle n’en savait malheureusement pas plus que lui à ce sujet. Cela navrait un peu Anthmosis qui s’attendait à trouver un moyen de sortir de cette situation, ce qui n’était apparemment pas possible. Le jeune homme devrait donc se contenter de ses rares connaissances et de l’aide de son maître, si celui si en savait plus que lui – et même si ce n’était pas le cas après tout.

Le chasseur observa la jeune fille pendant qu'elle rangeait les différents parchemins. Celle-ci semblait avoir du mal à remettre en place les manuscrits les plus hauts placés. Sa fragilité ne serait donc pas qu’une apparence ? Malgré cela, elle gardait une certaine grâce naturelle. Elle rappelait à Ant certains serpents qui, suites à certaines blessures, ont des mouvements plus faibles, mais gardait tout de même un déplacement fluide. Ayant posé sa question, elle alla chercher une échelle afin de récupérer des documents aux placés, la où sont rangés les manuscrits les plus anciens. Ant en profita pour répondre à la question qui lui était posée.

« Nous avons trouvé la mort dans le désert. Les reines des sables ne sont pas insensibles à la folie des hommes. Si le désert se meurt, les Ohimes en pâtiront. »

Les paroles qui suivirent firent comprendre certaines choses au chasseur. La mort du rana serait-elle donc une mise en garde supplémentaire ? Si la marche des choses était à ce point perturbé, le mal ne tarderait surement pas à arriver. Et si les dieux avaient décidés de le lui annoncé à lui, cela signifiait-il qu’il aurait un rôle à jouer dans tout cela ? Ou bien ne serait il que leur messager ?

Le sourire de Nêthi le tira de ses pensées. Elle avait l’air simplement fière d’avoir réussi ce qui semblait être dans son cas un petit exploit – surement aller chercher les manuscrits aussi haut placer en se servant de l’échelle qui ne devait pas peser le poids d’une plume – ce qui amena le jeune chasseur à lui rendre son sourire, malgré le fait que la jeune fille semblait s’excuser. Mais bon Ant était près à tout lui pardonner. Elle respirait l’innocence et la joie de vivre, et rien au monde ne devait venir perturber cela. Elle vivait par et pour cette bibliothèque, et cela devait rester ainsi. L’ordre des choses devait rester tel quel, même si un danger arrivait.

La jeune scribe déposa consciencieusement des parchemins sur la table et, pendant qu’elle les feuilletais, Ant remarqua qu’il ne connaissait pas l’alphabet utilisé, même si il se rapprochait graphiquement du démotique, que les scribes utilisent pour les affaires de tout les jours, alors que les hiéroglyphes étaient utilisés pour les textes sacrés, les tombeaux et les bâtiments.
Lorsqu’elle eu trouvé le passage qui l’intéressait, elle le lu a haute voix. Le jeune ohime eut du mal à comprendre car la tournure des phrases était… assez inhabituelle. Ant se plongea ensuite dans ce regard que Nêthi lui offrait, où il avait l’impression de voir comme dans le regard de ses enfants qui, malgré leur jeunesse, font preuves d’une grande maturité d’esprit l’espace d’un instant… avant de replonger dans leurs béatitudes et leur joie innée.

Le jeune homme s’assit donc à ses côté comme elle l’invitait à le faire, écoutant ses explications quand au texte qu’elle venait de lui lire. Ant souris quand elle lui avouait aimer les énigmes, car c’était la première fois qu’il apprenait quelque chose sur elle de sa propre bouche, et non plus par des personnes plus où moins proches d’elle, telle que Inéni, Adjib ou des habitués des lieux avec qui le jeune chasseur était venu à discuter. Cela paraissait à Antmosis comme une première étape que la jeune scribe avait fait pour vaincre sa timidité, comme si celle-ci, lors d’une discussion autours d’une passion, tel que l’était les livres pour Nêthi, s’envolait. Mais la scribe s’en rendait elle compte ? Ant n’en était pas si sur, mais ce n’était pas la question.

Le jeune homme suivit les lignes qu’un doigt lui indiquait, faisant confiance aux affirmations de l’être auquel il était rattaché. Nêthi parlait d’un homme qui hibernait, ce qui semblait impossible… Tout comme il semblait impossible que ce serpent bicéphale vienne à plusieurs reprises se présenter à la vue d’un jeune chasseur de serpent. Ant pris donc le parti de croire la jeune fille et de réfléchir à ce que cela impliquait.

Avant de s’exprimer, Ant jeta un coup d’œil à sa voisine, le menton posé sur ses mains, un sourire aux lèvres, et qui paraissait tout simplement heureuse. Cela réchauffa légèrement le jeune homme, qui sentit également son cœur s’accélérer, sans pour autant comprendre – ni même chercher à comprendre – ce qui lui arrivait.

« Pensez vous que je sois atteints des mêmes symptômes que cet homme ? »

Ant reposa son regard sur le parchemin qu’il ne savait lire.

« Et pourriez vous m’apprendre à comprendre ce langage s’il vous plaît ? »

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Messagepar Néthi Ptahâa » 01 Avr 2010, 14:15

Je me rends compte après coup que j'ai carrément fait agir Antmosis contre son gré :001: (genre il la suit et s'asseoit là où elle lui dit, tout ça). Si ça ne va pas, n'hésite pas à me souffler dans les bronches, j'éditerai.

*°*°*°*°*°*°*°*°*
La mort ? Néthi n'aimait pas ce mot. Elle avait frissonné brièvement. Les reines des sables lui faisaient peur, elles aussi, mais ce n'est pas pour autant qu'elle était insensible à leur mort. Qui avait bien pu faire cela ? Antmosis avait fait allusion à la folie des hommes, suggérant sans en avoir l'air qu'il s'agissait d'un crime et non d'une mort naturelle. Le jeune homme semblait déçu par sa réponse, comme s'il s'était attendu à une explication plus longue et détaillée sur le serpent bicéphale. Elle ne connaissait pas bien ce sujet, elle se l'avouait, et se promis intérieurement de creuser d'avantage de ce côté là. Pour l'heure, elle avait un texte à lire. Ceci fait, elle en était donc à observer Antmosis avec curiosité, comme nous le disions...

« C'est possible... » Lui répondit-elle rêveusement.

Et on ne sut pas trop déterminer à quelle question elle répondait ainsi... peut-être bien les deux à la fois, d'ailleurs. Quittant sa position de prédatrice aux aguets, juchée sur le dos de sa main, elle replia ses documents avec un millier de précautions, sans laisser à Antmosis le temps de comprendre ses intentions.

« Les documents les plus anciens – et les plus intéressants, ajouta-t-elle avec un sourire énigmatique – sont conservés dans la réserve. Maître Inéni les garde comme de précieux trésors. Nous n'avons pas le droit de les prêter, mis à part aux Conseillers, mais je peux vous les montrer si vous m'accompagnez. ».

À ces mots, elle glissa les rouleaux dans leurs étuis et se leva, faisant tinter ses bracelets joyeusement. Jetant un dernier regard sur la pièce, elle vérifia que tout était en ordre avant d'inviter Antmosis à la suivre. Elle grimpa souplement les quelques marches remontant dans les allées publiques de la bibliothèque et bifurqua sur la droite, longeant des étagères hautes jusqu'au plafond. Les meubles étaient parfois séparés par d'immenses colonnes larges comme dix hommes et ornées de toute une série de glyphes colorés. Elle salua quelques scribes qui levèrent à peine le nez à son passage, se faufila encore, rapide comme une petite souris dans sa galerie souterraine. Lorsqu'elle arriva enfin devant la porte de la réserve, elle frappa prudemment. Personne ne répondit, comme elle s'y attendait, et elle entra sur la pointe des pieds, comme on entre dans un sanctuaire interdit, en retenant son souffle. Sur la gauche, une couche au tissu sombre par dessus laquelle s'enroule une moustiquaire pâle trahi de longues nuits passées ici à étudier. À droite, une toute petite table sous laquelle est glissé un unique tabouret. Le reste des murs est encombré d'étagères fermées et le bois est sculpté d'animaux et de scènes de la vie de tous les jours. Des femmes penchées dans les rizières, des vaches et parfois un couple se tenant par la main, parés de bijoux imaginaires, saluant un Raana majestueux.

Néthi pénétra les lieux et se dirigea sans hésiter vers un petit placard qu'elle dépouilla de son contenu : un papyrus court mais si roulé sur lui-même qu'il aurait pu rivaliser avec les colonnes de la grande salle ! Dans un tiroir, une peau de bête roulée comme un papyrus, et le tout atterrit sur la minuscule petite table. La jeune fille se retourna, satisfaite. Elle alla déposer ses étuis qui l'encombraient sur le lit et revînt vers le meuble, l'air aimable, déroulant le rouleau court... mais bigrement large ! Dessus, répertorié par maître Inéni et ses prédécesseurs, mais aussi de la main de Néthi elle-même, le Nahuatl côtoyait le Démotique, comme un dictionnaire personnel de cet alphabet étrange. Sur le papier s'étalaient, pêle-mêle, hiéroglyphes et glyphes des deux horizons, proches et différents à la fois. Puis elle déplia la peau, où dansaient les mêmes symboles que plus tôt, dans la petite pièce en contre-bas. Le dessin d'un homme d'où semblaient sortir des paroles apparaissait souvent, ainsi que de toute petites traces de pas assez rigolotes, ça et là comme si un tout petit homme avait piétiné le document.

« C'est un langage difficile à déchiffrer. Il m'arrive parfois de reprendre un texte et de le traduire d'une manière différente de la première. » Sourit-elle.

Et nulle doute, à l'observer, qu'elle appréciait tout particulièrement cette activité.

« Je peux vous apprendre quelques bases, mais tout ce que nous avons traduit n'est pas exact. Il y a parfois des variantes, et il faut alors envisager qu'un dessin puisse avoir plusieurs significations selon l'endroit où il est employé. Ça peut sembler simple car la méthode est la même encore aujourd'hui. Pourtant, la langue n'est pas la même. »

Elle hocha la tête, sans être certaine de s'être faite comprendre, puis se décida à préciser après une seconde d'hésitation. Antmosis semblait être de ces personnes à ne pas reculer devant l'apprentissage, aussi difficile soit-il, et elle espérait qu'il ne se vexerait pas de ses éclaircicements.

« Nos ancêtres utilisaient, comme nous, un système de rébus au travers de hiéroglyphes imagés, et il n'est pas bien difficile de reconstituer les mots... Le soucis étant que la langue n'est pas la même, et là où nous traduirions « Ou-djat », les anciens prononçaient en réalité « Axo-lotl ». Et ensuite, il faut encore trouver ce que ce mot signifie... un véritable casse-tête ! »

Elle eut un petit rire enfantin et délaissa la peau une seconde pour aller tirer le voile de la moustiquaire, invitant son hôte à s'asseoir avec un naturel un peu déconcertant. Puis elle plaça le tabouret face à la couche et s'y assit, le cuir souple frappé de dessins sur ses genoux.

« J'ai traduit ce passage une bonne vingtaine de fois, je crois que c'est celui que je connais le mieux. Il est écrit de la main de Guaritito Ahmok lui-même. » Assura-t-elle avec un sérieux presque effrayant.

Elle n'était qu'une enfant – 18 ans tout au plus, si vous aviez fait la comparaison avec un Terrien – dans ses actes et dans ses mots, une enfant. Mais dès lors qu'il s'agissait de Guaritito, elle devenait passionnée et mystérieuse. Son regard bleu alla se planter dans celui d'Antmosis, insistant et incandescent comme s'il y brûlait une flamme de givre froid. Elle ne souriait plus, bien que son visage conservât cet air avenant et aimable, et se contentait de transpercer son interlocuteur de part en part, rien qu'avec ses yeux magnifiques. Il y eut un silence presque gêné, pendant lequel elle hésita à aller refermer la porte à clef derrière elle. Le chasseur de serpents n'apprécieraient peut-être pas cette indélicatesse. Alors elle s'abstînt. Elle sembla s'assurer qu'Antmosis était confortablement installé avant de bouger de nouveau, légèrement, faisant glisser sa chevelure aux tons chocolats par devant ses épaules nues, comme une cascade bondissant joyeusement sur ses courbes facétieuses.

« Il s'agit d'un rituel. Finit-elle par admettre au bout d'un long moment. Guaritito Ahmok rapporte qu'il parvenait à s'entretenir avec Tezcatlipoca – déesse de la nuit, du froid, et de la mort – lorsqu'il entrait en état de léthargie avancée. Nulle part il n'a retranscrit les conversations qu'il prétend avoir eues en sa compagnie... Elle baissa les yeux sur la peau avachie recouvrant le lin de sa robe. Guaritito ne voulait en aucune manière blesser Tezcatlipoca, et ainsi n'a-t-il jamais écrit les mots échangés, de crainte de les déformer et d'en souiller la pureté. »

Nouveau silence. Néthi releva le menton et sourit de nouveau, un gentil sourire à faire fondre toute une banquise – bien qu'elle n'eut absolument aucune idée de ce que pouvait bien être une banquise, de part les lieux où Quinah l'avait fait naître...

« Je ne sais pas si tout ceci est vrai. Peut-être que cet homme était fou. Mais quand je vous ai vu dormir ainsi et devenir si froid, puis vous réveiller comme après une nuit de sommeil... et bien... »

Elle se mit à rougir jusqu'aux oreilles, consciente tout à coup que ce qu'elle demandait n'avait aucun sens et qu'elle se montrait d'une incorrection outrancière.

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Messagepar Anthmosis Naïlthan » 11 Avr 2010, 14:35

Anthmosis suivit la jeune fille jusqu'à la réserve. Il était souvent déjà venu ici, lors de son apprentissage, car quelques un des parchemins se trouvant dans cette pièce relataient de serpents rares, de leurs venins, des antidotes et des décoctions que l’on pouvait obtenir à partir de ses venins. Mais c’était aussi la seule pièce où les parchemins expliquaient comment détecter les poisons dans le corps des personnes en ayant subit les foudres, comment les préparer…. Et quels étaient ceux qui étaient indétectables…

Il observa Nêthi pendant qu’elle alla chercher les parchemins qu’elle jugeait utiles, et qu’elle les déposait sur la table, leurs étuis reposant sur le lit. Le jeune homme alla observer le parchemin large que la scribe avait déroulé, y reconnaissant les hiéroglyphes qu’il avait appris à déchiffrer, ainsi que l’étrange dialecte qu’il ne connaissais point. Il s’arrêta plus particulièrement sur un serpent dont la traduction était apparemment le mot «peur ». Comme quoi un seul et même peuple peut changer du tout au tout dès lors qu’il change de mode de vie. La jeune fille avait l’air de prendre du plaisir dans la difficulté, et dans le travail qu’il fallait pour la surmonter. Et Ant accepterais de travailler tout autant pour comprendre ces étranges glyphes, par respect pour le travail de ceux qui avaient eu à les traduire, et pour que la jeune fille où quelqu’un d’autre n’ais pas a lui faire la lecture chaque fois qu’il aurait besoins d’un de ses documents, car le jeune homme ne voulais pas être un poids, même si il se doutait bien que l’apprentissage prendrais du temps, le temps de toute une vie.

Le jeune homme se demanda comment les gens travaillant sur ces textes avaient réussis a connaitre leurs prononciation, mais ce n’étais pas le sujet du moment, et il se promit de poser la question une prochaine fois. Si la méthode d’écriture était la même, cela faciliterais son apprentissage, car il ne partirait pas de zéro.

Il accepta l’invitation de la jeune fille et s’assis sur le rebord du lit, pendant que celle-ci se posait en face de lui, sur l’unique tabouret de la pièce, une peau sur ces genoux. Sur cette peau il voyait des glyphes ainsi que des dessins. Il y avait comme des traces de pas empruntant un chemin, et le jeune homme suivit ces traces de pas du regards. Certaines fois, elle courrait entre les mots, passant « sous » un glyphe, comme si c’était une étape sur le chemin… Mais il fût vite tiré de son observation lorsqu’il entendit la passion et le sérieux dans la bouche de Nêthi. Il avait rarement ressenti des sentiments si forts dans les voix de ses interlocuteurs, et c’était la première fois qu’il les entendait dans la bouche de quelqu’un d’aussi jeune.

Lorsqu’elle plongea son regard dans celui du jeune homme, ce dernier se senti comme paralyser. Il ne pouvait plus bouger, il ne pouvait plus détourner son regard, comme si il était aspiré par ces yeux. Il sentit que son cœur eu quelques ratés, et il se demandait si celui-ci n’allait pas sortir de sa poitrine. Il se demandais ce qui se passerais si quelqu’un entrait dans la pièce a cet instant, si ce quelqu’un voyait cette scène où deux jeunes gens étaient planté là, les yeux dans les yeux, le visage sérieux et un silence de mort planant dans la pièce, uniquement troublés par leurs respirations. Respiration que Ant se forçait à garder régulière et lente, pour tenter de calmer son corps, mais aussi pour ne par révéler l’agitation qui était en lui. Il sentit en lui le désir de se lever, de tendre sa main à la jeune fille pour l’inviter à faire de même et a la prendre tout contre lui, à sentir son corps contre le sien, à humer ses cheveux et le parfum de sa peau, et à se délecter d’un instant offert par les yeux. Mais il ne pouvait pas faire cela, d’une part parce que c’était pleins d’impolitesse et d’irrespect, d’autre part parce qu’il restait paralyser par les yeux de la jeune femme.

C’est elle qui rompit le silence et la tension accumulé, prenant la parole, et retournant ainsi à une situation bien plus normale. Elle expliquait que l’homme qui vivait comme un ours – mais qu’est ce qu’était un ours d’ailleurs ? – discutait avec une déesse pendant ses moments de léthargie. Ant repensa à ce qui lui était arrivé un peu plus tôt, mais il n’avait pas souvenir de cela, peut être parce que son « sommeil » avait duré trop peu de temps, peut être parce que le choc de la situation ne lui permettait pas de s’en souvenir. La question implicite de Nêthi suivait un sourire qui ne lui permettait pas de ne pas y répondre.

« Je n’ais malheureusement aucun souvenir de cela, mais peut être que mon sommeil à été bien trop court pour que je puisse avoir le temps de quelques discussions avec un dieu quel qu’il soit. Je ne sais malheureusement pas comment entrer dans ce sommeil, je ne pourrais donc pas vous en dire plus avant que cela arrive de nouveau… Si c’est bien la même chose qui m’est arrivé. »

Le jeune homme était conscient qu’il risquait de décevoir Nêthi en disant cela, mais qu’avait-il d’autre à dire ? Il préféra changer de sujet pour éviter de tomber à nouveau dans un silence qui durerait trop longtemps.

« Il me semble remarquer que les traces de pas sur ce parchemins passent sous de nombreux glyphes sans jamais se recroiser, et sans former une boucle non plus. Je sais que cela peut paraitre simpliste, mais est-ce que cela ne pourrais-t-il pas être une phrase caché dans le texte ? Si Guaritito Ahmok a écris lui-même ce texte, n’aurait-il pas pu laisser d’une façon où d’une autre une aide ou des conseils pour ceux qui seraient dans la même situation que lui ? Mais cela reste une supposition, et peut être que mon raisonnement est erroné. »

Il espérait se tromper quand à la dernière partis de ce qu’il avait dit, car il se doutait bien qu’il pourrais avoir grande utilité d’une telle capacité.

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Messagepar Néthi Ptahâa » 16 Avr 2010, 12:28

Vraiment désolée pour le retard. Grosse fatigue. Sinon bravo pour ce rp, franchement je l'aime autant que celui avec Zlata :026:

*°*°*°*°*°*°*°*°*
Nethi ne le quittait plus des yeux, à la fois emportée par sa passion pour d'antiques écrits qui la fascinaient depuis des années, et un peu surprise par le comportement d'Antmosis. Bien entendu, elle n'imagina pas une seule seconde l'éventuel effet qu'elle pouvait provoquer chez cet homme de son âge, trop absorbée qu'elle était par des choses plus captivantes à ses yeux qu'un simple désir. Pauvre Antmosis... s'il avait su qu'il finirait enfermé dans une réserve de la bibliothèque, avec une jeune fille prête à lui faire subir on se savait quel rituel, il se serait mille fois abstenu de se lever ce matin ! Malheureusement pour lui, il était bien trop tard, et à la suivre docilement, il s'était enlisé dans le délire un peu fou d'une gamine rêvant de chimères et de sortilèges divins...

Elle eut honte, un peu, et le rouge lui monta aux joues. Ce n'était pas si flagrant sur la peau halée des Ohimes, mais Néthi sortait si rarement, ou était tant anémiée, que son teint arborait des tons moins cuivrés. La petite réserve n'avait aucune fenêtre et n'était éclairée que grâce à la bonne volonté d'une flamme paresseuse au fond d'une coupelle en terre cuite. Là, une mèche s'y consumait doucement dans son bain d'huile, jetant quelques reflets de feu et d'or sur les étagères, les drapés et les bijoux sans valeur de la jeune femme. Elle frissonna légèrement. Froid ou excitation due aux évènements, elle n'aurait su le dire. Tout ce qu'elle espérait, c'était que maître Inéni ne débarque pas à l'improviste... car elle savait qu'il n'appréciait pas son engouement presque obsessionnel pour ces récits, et plus que de gronder cette fois, il la mettrait sans aucun doute à la porte ! Que ferait-elle, ensuite ? Elle n'avait aucun talent. Toute sa vie était là, à la bibliothèque... et elle ne savait rien faire d'autre. Alors elle demeura une seconde indécise, et laissa vagabonder son regard à ses pieds, y cherchant une hypothétique raison de continuer ce qu'elle avait entreprit. Sa curiosité risquait de lui coûter cher. Bien entendu, elle ne trouva rien susceptible de la guider dans son choix, et ce furent les propos du jeune homme qui la tirèrent de ses tiraillements intérieurs. Elle leva les yeux vers lui. Sur la couche, la moustiquaire de lin retombant de part et d'autre de son corps, il ressemblait presque à un roi. Et Néthi lui sourit.

On lui avait tant raconté à propos d'Antmosis Naïlthan, et elle en avait tant entendu de la bouche de ceux qui ne se cachent pas pour parler ouvertement des petits travers des autres. Il était chasseur de serpents et disciple de Senmemout, et de ces informations, elle était certaine, puisqu'elles émanaient de la bouche – toute tordue – de maître Inéni. Ensuite venait ce qu'elle avait pu reconstituer et grappiller au hasard de la bibliothèque. Non pas qu'elle ait enquêtée d'une quelconque manière sur Antmosis, mais à passer son temps entre ces murs, les rumeurs et les ragots demeuraient encore son unique distraction. Elle les manipulait toujours avec précaution, se gardant bien de porter le moindre jugement avant d'avoir pu se faire sa propre idée... Toujours est-il qu'elle le savait riche, suffisamment pour couler des jours heureux sans avoir à fournir le moindre effort, ce qu'il ne faisait pas. Au contraire, il s'évertuait à trouver des remèdes pour chaque poison, patient et méthodique, venant souvent ici prendre les renseignements qui lui manquaient. Il était instruit – rare étaient les enfants du désert à l'être – et il ne se vantait pas de son savoir. Il était riche, il ne se targuait pas de sa situation. Et puis elle avait entendu quelques réflexions, notamment de la part du chef des armées Hétep Ir Kaha, concernant un enthousiasme trop débordant, un bagou trop épuisant, une familiarité trop oppressante bien que totalement dénuée de méchanceté. Le demi-Dieu à tête de faucon le qualifiait d'enfant indiscipliné, maître Inéni d'enfant curieux et au final, Néthi ne savait plus tellement de qui on lui parlait...

Pourtant, en tant que disciple de Senenmout, elle s'était attendue à un peu moins de patience et à un peu plus de froideur... et à présent qu'elle était en sa compagnie, rien de cela ne s'assemblait dans le bon ordre. Comme quoi on ne peut décidément pas connaître un homme sur des « on-dit ». Elle inspira profondément, prête à répondre aux questions qui lui étaient posées, surprise par cette patience qui lui était offerte. Les yeux fermés le temps d'une infime seconde, elle se remémora maître Inéni, un homme fier qui n'hésitait jamais à la remettre à l'ordre à grand renfort de grognements, et puis le seigneur Hétep Ir Kaha qui ne manquait jamais une occasion de lui signifier son impatience. Alors, qu'Antmosis reste assis là à l'écouter bien sagement, qu'il s'intéresse à ses chimères sans douter une seconde de l'état de son esprit, ça la dépassait tout à fait. Elle se sentait à la fois très mal à l'aise et heureuse d'être prise au sérieux, pour une fois. Et si elle gâchait tout ? Si elle allait trop loin ? Peut-être qu'elle se trompait. Peut-être que le chasseur se montrait simplement poli. Peut-être que sa colère allait éclater comme un orage que l'on n'a pas entendu approcher ? Peut-être qu'il était envoyé par son père Adjib, ou par maître Inéni lui-même, pour la piéger... Elle secoua la tête, faisant valser les pendants à ses oreilles. Non... c'était impossible. Elle devait se reprendre. Elle était si près du but, qu'elle s'inventait à présent des obstacles imaginaires.

Pour toute réponse, elle releva le menton et offrit au jeune homme un sourire désolé, un peu coupable et beaucoup inquisiteur... Lui faisait-il confiance ? Voulait-il réellement apprendre ? Elle hésita une dernière seconde, timide sur son tabouret, la peau imprimée de glyphes toujours posée sur ses genoux et ses doigts graciles jouant avec un pan de de lin sensé recouvrir ses cuisses.

« Je vous apprendrais à les déchiffrer. Promit-elle avec douceur. Et vous me montrerez comment regarder ces écrits depuis l'extérieur. J'y suis penché depuis tant d'années que les connais par cœur ; et que l'imagination me fait défaut pour en découvrir tous les secrets. Quant à celui-ci, reprit-elle après un bref silence ponctué d'un sourire, il fait mieux que de simples conseils... »

Elle s'interrompit, cherchant au fond d'elle-même le courage de poursuivre. Elle prenait le risque de passer pour une parfaite cinglée ! Son regard se fit plus brûlant encore que la petite lampe posée dans un coin de la réserve, comme s'il suffisait à lui seul à éclairer la pièce.

« Guaritito Ahmok laisse une... méthode. Je ne suis pas mage, mais je peux essayer de vous guider. Si vous voulez bien essayer, bien entendu... »

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Messagepar Anthmosis Naïlthan » 22 Avr 2010, 15:08

Je sais ce que c’est, surtout que j’ai fait le rp dimanche à l’arrache, mais je suis content qu’il te plaise =) Je prends la liberté de faire un peu agir Nêthi, je ne pense pas que ça aille trop loin mais n’hésite pas à me reprendre.


« Une méthode ?! Dites moi quand vous voulez essayez et je vous suis! »

Ant se sentait comme transporté de joie par cette nouvelle, sans savoir pourquoi, au point de se lever brusquement, un grand sourire aux lèvres, heurtant Nêthi au passage et renversant la peau au passage, celle-ci allant se poser délicatement –et bien heureusement ! – au sol. Le jeune homme se pressa de la ramasser, en s’excusant mille fois et en rougissant comme la scribe auparavant.

« Je suis désolé je me suis emporté, j’espère que je ne vous ai pas trop fait mal ? »

Une fois que Nêthi l’eu rassuré sur ce point, le jeune chasseur posa les yeux sur la peau qu’il avait toujours en main. Prenant d’un coup un air sérieux, il se mit à réfléchir à ce pouvoir qu’il était susceptible d’avoir. Si il était capable de se mettre dans un état d’hibernation en cas de disette, pouvait il justement tourner cette capacité afin de profiter d’un état supérieur en cas d’abondance ? Il faudrait qu’il test cela, une fois qu’il saurait comment se mettre en état d’hibernation – si il en est effectivement capable. Il balaya les textes du regard, cherchant quelque chose qui pourrait lui sembler familier. Il partait de ces petits êtres dessiner et suivait les traces de pas, quelque chose le titillant, sans qu’il puisse poser le doigt dessus. Il parcouru encore et encore ces chemins tracés, testant diverses solutions. Parfois il tombait sur un symbole connu, encore utilisé aujourd’hui, et il se demandait quels sens ils pouvaient avoir dans ce texte. Ses doigts caressaient doucement la peau. Elle était plus épaisse qu’un simple parchemin, et également plus résistante. Soit celui qui avait écris cela n’avais que ce moyen de pour inscrire son récit, soit il avait que sa mémoire perdure, tout e en sachant que ce parchemin serait sujet au déplacement, peut être plus qu’un simple parchemin.

« Savez vous si Guaritito Ahmok as fait partis de ceux qui ont fondé Ohime Quinah ? »

Derrière cette question se cachait une idée. Celle que si Guaritito avait connu le désert, ainsi que l’oasis, il avait du connaitre une période d’opulence, et même peut être laissé dans la cité d’autres traces que cette peau. Et cela pourrait se révéler intéressant. En attendant la réponse, il se rassit sur le lit, jetant un coup d’œil à la jeune fille. Ses cheveux couvraient ses épaules, sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration, un peu plus rapide que ce qu’elle devrait être en temps normal, mais cela était peut être dû à la même cause qui portait le rouge à ses joues. Ses lèvres étaient fines et légèrement rouge – cela devant également être dû à la rougeur des joues – et la lumière des flammes dansaient sur sa peau tel le vent dans les dunes. Ant souris à cette pensée, et se concentra de nouveau en attendant la réponse de la jeune femme.

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Messagepar Néthi Ptahâa » 24 Avr 2010, 11:56

De deux choses l'une, soit Antmosis Naïlthan, chasseur de serpents de renom et disciple de Senenmout était véritablement plus naïf que dix enfants Ohimes réunis, soit sa curiosité avait moins de bornes encore que celle de Néthi... Alors, surprise par l'enthousiasme du jeune homme à s'essayer à un rituel dont il ignorait tout, Néthi entrouvrit les lèvres pour répondre lorsque Antmosis se leva tout à coup, ou plus exactement bondit-il comme s'il était monté sur ressort ! Sur le moment, Néthi poussa un cri, s'attendant à voir un serpent sous les fesses du jeune homme et qui l'aurait mordu, mais il n'y avait rien... Tant mieux, parce que les serpents lui faisaient peur... et puis à la fois tant pis, parce que si Antmosis comptait réagir ainsi à chaque mot qu'elle allait prononcer, elle mourrait d'une syncope avoir d'avoir pu aligner trois symboles... Le cœur battant à tout rompre, la jeune fille garda le silence et tenta de retrouver un semblant de calme après cette belle frayeur, notant au passage la gêne touchante de celui qui lui faisait face. Elle lui aurait bien soufflé un ou deux mots aimables, lui prouvant qu'elle lui pardonnait son enthousiasme trop débordant, mais elle n'osa pas et se contenta d'un sourire compréhensif. Puis, silencieuse, elle l'observa passer ses doigts sur les symboles.

Ah, il n'avait pas les mains affreuses de maître Inéni... non. Antmosis avait de belles mains sur lesquelles il semblait à Néthi apercevoir les courants d'une dextérité contenue. Comme ces serpents qui semblent endormis et se montrent d'une vivacité étonnante. Un savoir faire latent, des réflexes... bref, pas grand chose à voir avec les paluches poilues et maladroites de l'homme à tête de chameau... Néthi sourit. La posture entière du corps d'Antmosis trahissait la décontraction. Et elle, les mains soigneusement posées sur ses cuisses comme une petite fille sage, osait à peine bouger sur son tabouret. Il faudrait qu'elle apprenne, un jour, à être moins timide. C'était le cas lorsqu'elle se laissait emporter par sa passion des écrits antiques, c'était vrai. Mais le reste du temps, son regard se faisait fuyant, et ses pas la portait bien vite très loin des personnes qui l'intimidait. Elle inspira profondément, prenant bien garde de ne pas déranger monsieur Naïlthan pendant sa lecture. Elle ignorait tout à fait pourquoi il ne l'intimidait pas, mais en attendant, elle s'en sentait rassurée. Elle se sentait bien avec lui, et ça la changeait de toutes ces fois où elle avait cru mourir de peur face au seigneur Hétep et son impitoyable impatience... Elle baissa les yeux, frémissant à peine au son de la voix du jeune homme qui s'élevait encore.

Il était drôle, à sa manière. Et à sa dernière question concernant Guaritito Ahmok, la scribe éclata de rire tout à coup. Un rire clair et franc, nerveux bien d'avantage que moqueur. Elle porta une main à sa bouche, tentant de retenir cette hilarité involontaire, mais derrière ses doigts brillaient l'éclat amusé de ses yeux. Elle n'avait pas pu se retenir, et elle s'en voulu. Toutes ces découvertes l'excitait comme une puce et elle ne parvenait plus à contenir le flot d'émotions, vives et contradictoires, qui jouaient à faire du yoyo avec ses nerfs.

« Non, il ne l'a pas fondé. Fit-elle le plus simplement du monde, une larme au coin de l'œil. Le document que je vous ait lu tout à l'heure est très ancien. Il date de quelques années seulement après la fondation d'Ohime Quinah. L'allusion qui y est faite à Guaritito Ahmok précise : « IV siècles avant notre ère »... Guaritito n'a jamais connu notre Oasis. Il n'a même jamais eut vent de notre exode... »

Elle se leva, toisant Antmosis qui était retourné s'asseoir sagement. Bien. Et maintenant, deux solutions s'offraient à elle. La première – qui ne la ravissait pas tellement, consistait à prendre congé du jeune homme. De cette manière, elle lui laissait le temps d'assimiler tout ce qu'elle lui avait dit, de faire le tri entre la réalité et le chimérique, et de choisir, seul et en toute conscience, de la suite à donner à ces élucubrations... La seconde – plus alléchante – lui soufflait de procéder à ce rituel sans tarder, de se laisser guider par le flot dément de sa passion et de ne guère laisser l'occasion à ce pauvre Antmosis de protester... Et devinez quel chemin la jeune femme se décida à suivre ?

« D'accord... mais vous devrez m'écouter très attentivement. Je n'ai jamais fait cela, mais nous essaierons... » Proposa-t-elle avec douceur.

En premier lieu, elle alla tourner le loquet de la porte, s'assurant ainsi qu'ils ne seraient pas dérangés. Puis elle alla récupérer la coupelle dans laquelle dansait la flamme et la posa sur le tabouret, juste devant Antmosis. Et son manège continua lorsqu'elle se déplaça encore, comme une danseuse flottant sur de mystérieuses partitions. Elle dénicha du fond d'un tiroir un objet en verre rond si mal poli qu'il déformait l'horizon qui le traversait. Il sembla se teinter d'orange lorsqu'elle le déposa lui aussi sur le tabouret, précisément entre la flamme et le jeune homme. Et pour finir, elle alla s'asseoir sur la petite couche près d'Antmosis et fit glisser la peau imprimée, des doigts du jeune homme jusque sur ses genoux. Elle en connaissait les symboles par cœur et pourtant, elle se sentait rassurée de l'avoir près d'elle, prête à se révéler à nouveau en cas de besoin – ou de trou de mémoire ! Néthi inspira profondément et lentement. À partir de maintenant, et sauf si le jeune homme lui ordonnait de tout arrêter, elle se devait d'aller jusqu'au bout, aussi nerveuse qu'elle puisse être – et elle l'était ! Il y eut un blanc embarrassée pendant lequel seuls les crépitements des flammes et leurs souffles respectifs se firent entendre. Puis, au bout d'un long moment, la voix de la jeune femme s'éleva, effleurant à peine le silence qui s'était imposé.

« J'ai fermé afin que nous ne soyons pas interrompus. »

Sa voix avait sensiblement changé, revêtant des tons chauds, rassurants, presque envoûtants, et si près qu'elle se trouvait d'Antmosis, elle n'avait qu'à murmurer pour se faire entendre. Le calme devait régner en maître, et elle pensait y être parvenue, sans se douter que d'autres idées germaient parfois dans la tête de ces messieurs...

« Prêt ? »

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Messagepar Anthmosis Naïlthan » 06 Juil 2010, 23:01

Bon ce n'est pas grand chose mais c'est toujours mieux que la dernière fois, et puis si je veux que l'on avance il faut bien que je poste quelque chose ^^


La jeune fille éclata de rire à sa question, et anth pu voir dans ses yeux un éclat amusé. Éclat qui fit sourire le jeune homme à son tour.
La réponse qu’elle lui offrit décevait le jeune homme car, dans ce cas, Guaritito n’avais jamais eu l’occasion de laisser des traces dans la ville pour les prochaines personnes qui serait venue à avoir les mêmes capacités que lui. Anth, et Néthi bien sûr, n’auraient donc aucune aide dans leur tâche. Mais le chasseur c’était bien préparé à cette éventualité, surtout que c’était celle qui avait la plus grande probabilité.

Anthmosis observa Néthi pendant qu’elle préparait le rituel. Le loquet fermé par précaution –on ne sait jamais ce qui peut arriver lorsqu’on interrompt un rituel –elle se dirigea vers un meuble d’un pas gracieux, la petite lumière dans la coupelle jouant malicieusement sur son corps. Lorsqu’elle posa la sphère mal polie devant la flamme, le jeune homme inclina légèrement la tête sur le côté, les yeux interrogateurs, se demandant à quoi elle pouvait bien servir dans le rituel, et s’amusant des reflets jaunes et oranges qu’il pouvait voir à l’intérieur.

Lorsque la jeune femme prit la peau sous ses mains, Anth repris son air sérieux, sentant que quelque chose commençait, et qu’il se devrait d’aller au bout. Le blanc qui suivit ce moment laissa un frisson courir sur la peau du jeune homme, jusqu'à que la voix de Néthi s’éleva, comme un murmure, mais avec une intonation légèrement plus grave que de coutumes, plus sérieuse, plus mielleuse. Il avait envie de l’entendre parler, de ne pas l’interrompre, et qu’elle continue de s’exprimer ainsi à ses côtés. Mais le fait qu’elle pose une question l’obligea à y répondre, d’un ton qu’il essaya de rendre posé, mais dans lequel il senti un très léger tremblement, mais aucune hésitation.

« Je ferais ce que vous me direz. »

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Messagepar Néthi Ptahâa » 07 Juil 2010, 15:10

C'est court exprès, zouh le blabla, place à l'action.


Néthi sourit, ravie de la bonne volonté d'Antmosis. Une seconde – mais une seulement – elle éprouva une angoisse qui lui broya les entrailles. Tout de même, il s'agissait d'Antmosis Naïlthan, chasseur de serpents, disciple de Senenmout, un Takhat - ou noble – respectable et respecté... Et elle, Néthi Ptahâa, s'apprêtait à le précipiter dans les abîmes d'un rituel dangereux... Elle ferma les yeux, tentant de retrouver son calme. Ce n'était pas le moment de changer d'avis. Antmosis devait pouvoir compter sur elle, son unique guide à cette heure, pour cheminer jusqu'au bout de ce qu'elle exigeait de lui. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ne s'y lisait plus qu'une tendre détermination. Sa main légère alla se poser entre les omoplates du jeune homme, exerçant d'abord une pression avant de se rétracter doucement, l'invitant à s'asseoir ou s'allonger plus commodément. Dans le même temps, elle se rapprocha doucement, murmurant à peine quelques mots qui se frayaient à peine un chemin jusqu'aux oreilles du jeune homme.

« Regardez la flamme... détendez-vous... et laissez glisser hors de votre esprit toute pensée superflue... »

La peau glissa au bas de la couche, mais Néthi n'en avait pas besoin. Elle renonça à la récupérer, jugeant que seule une parfaite immobilité serait garante de son effacement dans l'esprit d'Antmosis. Il devait, pour ce rituel, faire abstraction de tout ce qui se situait dans la pièce.

« Il n'y a que la flamme... la flamme et l'obscurité... Laissez votre corps sombrer... doucement... »

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Messagepar Anthmosis Naïlthan » 07 Juil 2010, 15:57

Anth frissonna quand la main de la jeune fille se posa dans son dos. Elle l’invitait à s’allonger, ce qu’il fit sans se presser. Il écoutait le souffle de la jeune fille, profond et légèrement irrégulier, surement dû au stress ou à l’excitation pour ce qui allait se passer, et que le jeune homme ressentait aussi. Il écouta la voix de la jeune femme, suivant ses instruction sans posé de question, mais ressentant quelques difficultés à faire le vide dans son esprit alors qu’elle était à ses côté. Mais les reflets de la flamme dans la sphère devenaient de plus en plus envoutant, appelant au sommeil et au relâchement de soi.
Il devait laisser son corps sombrer, et son corps sombrait, petit à petit, dans une sorte de léthargie qu’il ne saurait décrire. Mais son esprit restait vif et emplie de pensées, notamment tournée vers la jeune femme à ses côtés, se demandant ce qu’elle faisait, puis, au fur et à mesure que l’esprit s’engourdissait, à quoi elle ressemblait, car les images s’en allait, comment elle se nommait, ce qu’elle faisait ici. Il se demandait aussi ce que lui faisait ici, qui il était…

Il arriva tout de même à bouger sa main pour rechercher quelque chose à quoi s’approcher, enfin il pensait le faire, ne pouvant pas savoir si il avait réussi.

Réussis à faire quoi déjà ?

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Re: Les paroles s'envolent, les écrits restent.

Messagepar Quinah » 07 Juil 2010, 16:42

« Estomper la Lumière et oublier la Flamme,
Laisser là l'Éphémère et déployer ton Âme,
Antmosis... »


En ces lieux sans limite, sans frontière matérielle, sans contrainte corporelle, comme l'antre d'une mère protectrice, l'obscurité seule subsistait, froide et sereine. Là, comme un murmure enveloppant, la voix cristalline glissait sur les partitions claires. Sur l'horizon indistinct, une lueur à peine perceptible dansait doucement, s'effilochant dans la nuit.


« Antmosis... »


Au devant, une main fine et féminine se tendait affectueusement comme une invite à la suivre, à peine éclairée par la luciole paresseuse...


>> la suite pour Antmosis Naïlthan : Déployer ton âme

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Re: Les paroles s'envolent, les écrits restent.

Messagepar Néthi Ptahâa » 12 Mar 2011, 20:36

Étant donnée ton absence, je fais sortir Néthi du RP afin de la débloquer et de lui permettre de continuer de jouer avec d'autres membres.


La jeune femme avait saisit la mains qu'Anthmosis lui tendait. Si ce contact pouvait l'aider ne serait-ce que lorsque le moment viendrait de le faire revenir de sa léthargie, alors elle ne voyait aucun mal à s'en saisir. Elle observa le visage du chasseur qui se détendait doucement, comme s'il s'enfonçait dans un sommeil réparateur. Et puis ensuite, il ne fut plus là. Physiquement, son corps reposait bien entendu sur la couche auprès d'elle, mais l'esprit du jeune homme lui, semblait avoir glissé vers les confins des Abysses. Sa main perdait de sa chaleur et Néthi se mordit la lèvre, partagée entre le remords – car ce qu'elle accomplissait avec Anthmosis n'était pas anodin – et une certaine fierté d'être parvenue à l'hypnotiser dès la première tentative. Elle lui sourit, attentive à chacune de ses réactions.

Combien de temps s'écoula-t-il ainsi ? Elle n'aurait su le dire. Mais il lui sembla que le corps du disciple de Senenmout devenait dangereusement froid et la panique la gagna. Aussi, comme elle l'avait fait lorsqu'elle l'avait vu étendu là au milieu de la réserve, elle se mit à l'appeler d'une voix terrifiée, le secouant par la même occasion.

« Monsieur Naïlthan ? Monsieur Naïlthan ? »

À cet instant, la porte vibra sous l'assaut d'une personne qui cherchait à entrer, et l'obscurité intime de la pièce, la flamme aux lueurs douces, tout se transforma en scène d'horreur et d'angoisse.

« Néthi ! Néthi, ouvre-moi !!! »

La jeune fille bondit hors de la couche et se précipita vers la porte afin de laisser entrer son maître à tête de chameau. Tremblante et les larmes aux yeux, elle désigna Anthmosis et balbutia quelques explications tellement hachées d'angoisse qu'Inéni n'y compris pas grand chose. En revanche il entra dans une colère noire de la découvrir enfermée avec un homme, puis de réaliser que l'homme était mourant, puis de le reconnaître, puis d'apprendre que sa disciple était responsable de son état.

« Néthi Ptahâa ! Blatéra-t-il avec colère. Comment avez-vous osé profaner d'anciens écrits d'une valeur inestimable et mettre ainsi en danger la vie de cet homme ?!! Vous êtes une idiote. Allez me chercher votre père ! IMMÉDIATEMENT ! » Ajouta-t-il avec force alors qu'elle s'apprêtait à se défendre.

Totalement affolée, Néthi se faufila entre les rayonnages de la bibliothèque et sortit en courant, filant vers le Palais plus vite qu'on ne l'avait jamais vu aller. Elle le savait, elle ne garderait ni son métier, ni l'affection du scribe après ce qu'elle avait fait... et peut-être encore moins la confiance de son père...


RP CLOS

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