Réveil

Au beau milieu d'un désert aride, Ohime Quinah est déposée sur les rives d'un oasis luxuriant. Les Ohimes sont un peuple calme et pacifique vivant comme s'ils sortaient tout droit de l'Égypte antique.

Réveil

Messagepar Megan Baxter » 19 Sep 2009, 17:10

La chambre aux serpents était une salle assez vaste, c’était le moins qu’on puisse dire en comparaison des studios des zones insalubre de l’Atlas. Ici les cloisons n’étaient pas des panneaux métalliques mal soudés, mais des blocs de pierre crème aussi haut qu’un homme et les meubles n’y était pas incrustés pour un utopique gain d’espace vital. Sur les pans de mur, entre les demis colonnes peintes de couleurs chaudes, de grands serpents vert ondulaient, leurs anneaux semblant danser sur la pierre clair. Anis, menthe, émeraude, les long rubans camaïeux faisaient le tours de la pièce, interrompue uniquement par les fenêtres sans vitre donnant sur l’abîme noir de la nuit et la porte gardée fermées par un simple rideau frangé.

Lorsque la Reyne avait ordonné aux gardes de l’emmener dans cette pièce, Meg dut avoué qu’elle avait vraiment paniqué. Elle n’était déjà pas en très bonne état mais cette information avait littéralement achevée de la mettre mal. L’humaine commencait à imaginer un cachot humide grouillant de reptile, des salles de tortures de la pire espèce, la cage d’une bête monstrueuse à qui elle allait servir de repas sacrificiel. Meg s’était sentie défaillir et puis…Et puis rien. Les gardes l’avait posé devant la porte, invité à entrer et avait prit leur poste.

Evidemment, Meg était épuisé et un cadre de bois tendue d’une treille de paille semblait l’appelé désespérément à se laissait aller. L’étrangère aurait presque juré entendre son appel langoureux, à moins que ce ne soit l’épuisement qui la faisait divaguer ? Pourtant elle ne parvenait pas à dormir, ses yeux se fermaient d’eux même, mais pas plus d’une fraction de seconde à chaque fois. Pour Megan la panique générale de l’Atlas s’était déroulé seulement quelque heure plus tôt alors que plusieurs siècle l’en séparait sans qu’elle ne le sache. Puis il y avait eut l’arrivé dans le désert, la découverte d’un nouveau peuple, d’une nouvelle planète, l’entretient avec la Reyne et les hommes à tête d’animal. Toute cela en si peu de temps. Rien d’étonnant à ce que la jeune femme ne parvienne pas à s’endormir. Elle avait donc erré plusieurs heures dans la chambre, comme un animal têtue refusant de s’avouer vaincu avant de s’écrouler finalement sur le sommier dur. *Tout ça pour ça…* songea t’elle avant de sombrer dans le sommeil pour quelques courtes heures.

Se fut le soleil qui l’a réveilla le lendemain, ses rayons pénétraient dans la chambre en épousant la forme des fenêtre qu’il projeter aussi sur le sol couvert de nattes, formant ainsi d’étrange colonne oblique où dansaient des grains d’or. Megan n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être, elle était née sur l’Atlas et y avait grandit, or l’enseignement de la course du soleil n’avait jamais fait partie des programmes scolaires publics. Pas de chance.

La jeune femme se redressa en grimaçant, elle avait le dos moulue par le treillage du lit et des courbatures à des endroit donc elle n’aurait jamais soupçonner l’existence Elle jeta un bref coup d’œil circulaire autour d’elle pour se rappeler où elle était, aperçu de nouveaux soldats dans le couloir, un chat noir dormant sur un cousins et une table basse ou l’attendait une vasque de pierre remplit d’eau clair ainsi qu’un pichet de lait, quelque pain plats et plusieurs fruit inconnus.

Elle se lava les mains et le visage à défaut de mieux, tenta quelque seconde de démêler ses cheveux encroûtés de sable avent d’abdiquer et s’attabla. Après tout si c’était là, ce n’était pas un hasard et puis elle mourrait de faim. Sans autre cérémonies elle fit un sort au repas en commençant par débaucher la carafe, le chat se leva paresseusement et vint se frottait à la jeune femme en miaulant avec l’assurance des félins dans l’espoir de récolté une goutte de lait. Megan avisa une coupelle vide sur la table, elle l’a lui remplit et le chat bondit entre les fruits sans un remerciements. *A croire que tout lui est du !* elle lui adressa tout de même une dernière caresse.

Avouer tout de même qu’il y a pire comme prison…

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Re: Réveil

Messagepar Akh Ôr Naphret » 08 Oct 2009, 10:43

Dans les interminables couloirs qui remplissent le palais, les servantes trottent de tous côtés. Aux mille tâches du palais, elles veillent, actives et légères. Le blé rôti aux épices pour la chambre de l'Intendant. Le vin du seigneur Meren, qu'il attend depuis bientôt une minute – sa patience sera bientôt épuisée! Les draps de soie pour la chambre d'une demi-déesse à tête de panthère, sans oublier le parfum et l'encens qui doivent être dispersés tout le long du Palais. Mais aujourd'hui, l'activité reste calme. Rien d'important au palais : la Reyne n'a pas ordonné de nouveau conseil ni de cérémonie, et nulle grande occasion à venir dans les prochains jours.

D'ailleurs, où est-elle, la Reyne? On ne l'a pas vue depuis ce matin.

Quoi de plus normal : les appartements royaux sont vides. La Reyne n'est pas là. Voulez-vous m'accompagner la retrouver? Suivez-moi à travers les couloirs, slalomant à travers les passants qui y fourmillent, jusqu'à une partie plus tranquille. La haute partie du palais, où s'ouvrent des portes chacune surveillée par des gardes. C'est là que Naphret marche, pieds nus sur le dol dallé. Elle est vêtue d'une simple robe de lin blanc, comme en portent les femmes de chambre. A son cou, se balance l'ankh royal, la croix de vie de Quinah. Elle marche, à travers le Palais, et derrière ses yeux verts, les pensées tourbillonnent.

Ce ne sont pas la prochaine expédition de découverte qui occupe son esprit, ni le sinistre présage rencontré par Anthmosis. Non. Elle ne voit ni présage, ni menace, ni guerre. Ces visions-là, pour aujourd'hui, sont éclipsées par quelque chose d'autre. En fermant les yeux, elle voit des visages. Elle a toujours su que les Ohimes ne pouvaient être les seuls êtres vivants qui habitaient ce monde. Quelque part derrière l'horizon de l'Erg, ils devaient exister, ces gens à la couleur de peau différente, ces gens qui hantaient ses rêves. La Déesse le lui avait dit, à demi-mot, lors de leur brève rencontre. Ils devaient les rencontrer un jour, avant la fin du règne de Naphret. Les Autres...

La Reyne le redoute, cet instant où les Ohimes devront faire face à un monde plus large. Son peuple saura-t-il s'adapter, lui élevé par le désert comme par un père inflexible? Il leur faudra suivre la voie que souhaitait Quinah – savoir être prudents comme les fennecs, méfiants envers l'Etranger, tout en gardant à l'esprit que chaque voyageur perdu sur l'Erg est un frère. Lourde tâche que celle de guider un pays entier, quand l'univers lui-même semble changer. Mais si la Reyne craint ce moment, la jeune fille nomme Naphret ne put s'empêcher de ressentir une curiosité brûlante. Les Autres – les autres hommes qu'elle a vu en rêve, par-delà les mers – que sont-ils? Pensent-ils comme eux? Elle a vu des adultes, des vieillards – des enfants aussi. Ils semblent si semblables, malgré leurs yeux clairs et leurs peaux pâles. Elle aimerait les connaître, leur parler, les toucher. Quels sont leurs rêves? Ont-ils aussi leurs questions, leurs craintes, leurs espoirs?

Et voilà qu'à présent, c'est une messagère venue de beaucoup plus loin encore. Parmi les assistants au Conseil, Naphret a peut-être mieux compris que tout autre ce qu'a tenté d'expliquer Megan. Avec Senenmout, le chef des prêtres, elle est souvent montée au sommet de l'imposant édifice, pour contempler les étoiles. A tort ou à raison, les Ohime pensent que Quinah leur a laissé là des indications. Et bien que le Cobra ne parle que rarement, il lui a parfois expliqué quelques-une des connaissances de leur peuple sur les étoiles. Il lui a dit qu'elles étaient loin, très loin, ces petites perles de lumière. Il lui a parlé de ce qu'ils ignoraient – étaient-elles des trous dans la voûte céleste? Des bougies brûlant éternellement pour les Dieux? Et rêveuse, elle avait écouté le prêtre parler, de sa voix rocailleuse ...

Quand la jeune fille venue d'ailleurs avait parlé en salle de conseil, obscurément, ses mots avaient éveillé en Naphret le souvenir des moments passés sur le toit. Plutôt que de laisser se continuer un Conseil qui ne ferait que les faire s'effrayer mutuellement, elle avait résolu d'aller la voir, seule à seule.

Là voilà à l'entrée de la chambre. D'un geste, elle indique au gade de la laisser passer. Après un coup d'oeil sur la croix d'or qu'elle porte au cou, le garde s'incline et ouvre le battant. A l'intérieur, elle peut apercevoir Megan, qui lui tourne le dos, en train de finir son repas et de donner une caresse à l'un des petits félins qui hantent le palais. La crainte qu'elle avait à la vue de l'étrangère s'efface lentement. Si elle mange leur nourriture, c'est qu'elle s'habitue à eux. Si elle peut jouer avec les chats, c'est qu'ils ne sont pas si différents, n'est-ce pas?

Naphret sourit – et dépouillée de son masque sévère, son visage paraissait beaucoup jeune.

« Puis-je entrer, jeune fille? »

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Re: Réveil

Messagepar Megan Baxter » 15 Oct 2009, 17:30

J’ai prit la liberté de faire agir un peu Naphret pour étoffer un brin mon message. Cependant si cela te dérange, je le modifierais aussitôt.


Au son de la voix, l’humaine sursauta violement et le chat détala le poil hérissé. Elle se redressa brusquement et pivota vers la visiteuse impromptue et manquant de trébucher sur les joncs glissants recouvrant le sol. Megan hésita une fraction de seconde avant de s’incliner, ne sachant pas vraiment quoi faire.

La Reyne Akh Ôr Naphret se tenait sur le pas de la porte -si l’on puit appeler ainsi une ouverture barrée de rideaux- et la fixait de ses yeux vert inquisiteur. Ce furent ces deux émeraudes qui rassurèrent l’humaine sur l’identité de la femme qui glissait maintenant avec grâce et aisance dans la chambre aux serpents. L’Ohime avait vraiment tout de l’idée que Megan se faisait de l’image d’une souveraine, bien loin des politique véreux de l’Atlas et de leurs costumes sur mesure qu’ils n’acceptaient de porter qu’une fois. Akh Ôr Naphret n’avait pas besoin d’atours pour rayonner, son expression digne et sage suffisait à faire comprendre son importance et la simplicité de sa toilette n’y apportait nul ombrage. La Reyne s’assit simplement à la table comme si cet acte parraissait évident à toute personne saine d’esprit

Megan s’empressa de rassembler le couvert éparpillé sur le bois verni avec empressement avant qu’une servante ne vienne lui portait secours. Puis elle s’assit à son tour sur un geste d’Akh Ôr Naphret.

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Re: Réveil

Messagepar Akh Ôr Naphret » 20 Oct 2009, 21:53

C'est parfait! ;) J'ai fait court, comme j'ai peu de temps ^^


Tout en regardant Megan, l'ohime étendit la main et piocha un ejina dans la coupelle de fruits. Vous ne connaissez pas l'ejina? C'est vrai – pas plus que Megan, et pas plus que moi qui vous conte cette histoire, vous n'avez jamais été à Ohime avant ce jour, n'est-ce pas? L'ejina, m'a un jour confié Naphret, est l'un des fruits les plus communs de l'oasis. Il a l'apparence d'un fruit allongé, d'une forme semblable à celle d'une mangue de votre monde, l'un de ces fruits perdus qui sont morts avec la Terre de jadis. L'Atlas et ses semblables ne purent pas tout sauver, car dans notre folie nous avions déjà détruit nombre de choses vivantes avant de songer à abandonner notre planète. Mais contrairement à la mangue, l'ejina est contenu dans une peau brune et lisse, très humble. Il faut mordre dedans pour qu'il vous offre tous ses parfums de melon vert, de papaye, avec derrière cette discrète saveur épicée qu'ont les fruits mûris dans l'oasis. Un peu trop fort au goût pour être rafraichissant, mais un pur régal.

La jeune femme croque pensivement dans le fruit, hésitant sur les paroles à dire. Elle est venue pour parler à Megan hors du Conseil et des règles du palais, comme à une visiteuse qu'elle brûle d'interroger, en jeune fille curieuse et non en souveraine inquisitrice. Mais que dire ... Je ne suis pas la Reyne aujourd'hui? Aucun sens. Je viens en amie? Banal et peu crédible. Parle-moi des tiens? Méfiant et calculateur. Elle laisse échapper un soupir léger, contenant une note de regret. Ah. Si elle était restée la fille des tisseurs d'osier, elle n'aurait jamais eu à se poser ces questions. Elle aurait souri, papoté, et tout aurait été dit. Oui, mais si elle était restée la fille des tisseurs d'osier, elle ne serait pas là en ce moment...

En attendant de trouver quoi dire, elle contemple l'étrangère avec curiosité. Megan n'est pas si différente d'une jeune fille Ohime. Ses cheveux sont plus fins et moins crépus, et son visage plus triangulaire. Et bien sûr, la peau … mais à part cela, qui la croirait venue de si loin? Racontez à un enfant Ohime, l'un de ceux qui n'ont pas encore appris la méfiance, que cette femme vient de par-delà l'Erg, d'un peuple qui vogue sur des grandes barques capables de traverser les cieux ! L'enfant rira. Pour lui, il ne sait qu'une chose, c'est que cette dame a des cheveux qu'il aimerait bien toucher, fasciné par leur flottement léger.

Elle a terminé son fruit, sans hâte. Puis elle a remonté ses genoux sous son menton, les entourant de ses bras. Et en regardant ce visage si semblable au sien, la question est soudain venue à ses lèvres. Naturellement, avant qu'elle ne fasse aucun calcul, le premier mot est sorti.

« Megan... »

Une fois le premier passé, les autres suivent. Tellement facilement. Ô Quinah, que s'était-elle agitée pour rien. Devant elle, il y a une autre femme, à peine plus jeune qu'elle, si semblable qu'elles auraient pu être soeurs – et à cette pensée, sur les lèvres de Naphret, passe un sourire grave et chaud.

«  Tu as vraiment marché parmi les lumières qui brillent au-dessus du désert... sais-tu, je les ai vues en rêve, et elles étaient comme des perles blanches portées par les dieux. Raconte-moi. Elles sont si lointaines d'ici, mais toi, as-tu pu les toucher? »

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Re: Réveil

Messagepar Megan Baxter » 22 Nov 2009, 00:31

La fin soudaine de ce silence apaisa Megan aussi efficacement que les paroles d’une mère sur son enfant, cette Reyne avait décidément un pouvoir étonnant que la Terrienne ne parvenait à saisir. Alors que l’instant auparavant elle aurait tout donné pour fuir cette rencontre angoissante, Megan se sentait maintenant parfaitement sereine. Enfin presque, l’humaine ayant toujours été de nature anxieuse, mais le naturel de la souveraine invitait à la confiance. Megan songea qu’en vérité, elle n’avait qu’a se laissait porter par les évènements et attendre sans se ronger les sang que son interlocutrice trouve les mots justes pour débuter cette conversation onirique. Lutter bêtement en se contentant d’angoisser dans son coin était finalement non seulement ennuyeux mais en plus totalement improductif. De plus la Reyne aussi devait être inquiétée par la situation en dépit de son rang - ou peut être à cause de son rang ? - ce peuple ne devait pas croiser des Terriens venue de l’Atlas tout les quatre matins !

La Terrienne dut à son tours chercher un instants ses mots. Elle ne devait pas donner l’impression à la souveraine qu’elle lui cachait des informations, chose que la femme aurait de toute façon sentie, ni que son peuple était ignorant. Elle finit par se lancer, après tout elle n’avait pas vraiment la possibilité de s’esquiver.

« Non, les étoiles, personnes ne peut les toucher. Elles nous paraissent petites parce qu’elles sont très éloignées, mais en vérité elles sont énormes. Les étoiles sont formées de matières très chaudes et on ne peut pas trop s’en approcher sous peine d’être totalement réduit de cendre, le soleil en est une et il donne une bonne idée de leurs puissance. »

Megan hésita de nouveau, cette réponse conviendrait elle à la Reyne ? Après tout s’était assez vague et le tout manquait d’élégance. Tans pis pour la forme, elle allait compenser par le fond, elle n’avait pas grand-chose à perdre finalement.

« Par contre les Hommes ne peuvent pas marcher dans l’espace sans protection, il faut rester dans nos boites- nous les appelons vaisseaux- à cause de l’absence d’air en hauteur, c’est le même effet que l’on éprouve à la montagne, mais plus l’altitude est élevée et plus il est dramatisé. En fait nous sommes incapable de respirer or de nos vaisseaux ou de l’atmosphère d’une planète habitable »

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Re: Réveil

Messagepar Akh Ôr Naphret » 13 Juil 2010, 17:12

Naphret hocha la tête, jouant du bout des doigts avec son pendentif. Que le Soleil soit une étoile, elle pouvait comprendre cela. Elle comprenait aussi leur danger mortel, car les Ohime savaient mieux que tout autre peuple que le soleil brûlait. Il était pourtant si loin derrière les nuages, le grand luminaire, et pourtant la peau finissait par rougir, les corps se dessécher, les plantes magnifiques mourir et le meilleur acier rouiller sous son action. En revanche, la question de la dimension des étoiles restait hors de la capacité de compréhension de Naphret. Peut-être avaient-elles la taille du palais ? Ou un peu plus gros ? Certaines devaient bien être toutes petites, celles qu’on voyait à peine la nuit, comme des globes minuscules…

« Je comprends. » acquiesce-t-elle gravement. « Elles sont comme la roche rouge et brillante qui saigne de la terre quand elle est blessée, la roche liquide qui brûle. Ainsi seuls les Dieux peuvent s’asseoir sur les étoiles. »

Etendant la main, elle s’empara de veux verres en céramiques et de la cruche d’eau posée là. Elle les remplit les deux, posa l’un sur la table en adressant un signe d’invitation à Megan, et vida l’autre en quelques gorgées – ô Quinah, qu’il faisait encore chaud, même à cette heure …

Tandis qu’elle buvait, elle ne pouvait s’empêcher de dévisager l’étrangère. Quel peuple étrange que celui-ci ! Capable de voler au milieu du domaine des dieux dans des boites en métal, mais fragiles comme eux, si dépendant même de l’air qu’on respirait. Des centaines de questions lui venaient en tête, toutes plus ou moins utiles. Mais les poser risquait de braquer Megan, de lui faire croire que ce n’était qu’un interrogatoire à peine déguisé. Naphret réfréna sa curiosité et se contenta de relever un terme qui lui paraissait totalement obscure.

« Mais qu’est-ce qu’une ‘planète’ ? »

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Re: Réveil

Messagepar Megan Baxter » 23 Juil 2010, 00:29

Cette femme était elle vraiment la dirigeante de ce pays ? La cité des Hommes du désert n’était pas un petit village convivial de consanguin, Meg se serait attendue à un comportement plus cérémonieux. Il fallait dire que ce peuple était loin des décadences de l’Atlas où Meg n’avait qu’une vision des chefs de quartiers : les discours de guignol où politiques de tout bord se tiraient dans les pattes à la recherche de fric et minaudant devant une foule d’abrutie servant d’électorat. Bref, rien de bien brillant et jamais un dirigeant de l’Atlas ne se serait assis à la même table qu’elle et encore moins lui aurait servit un verre. Akh Or Naphret était vraiment quelqu’un ! Pas besoin de cris ou de faux semblant ou quoique ce soit d’autre pour avoir le respect de son entourage, elle le méritait tout simplement. Son ton n’était pas pompeux mais les mots qu’elle employait dénoté une éducation de qualité bien loin de l’argot de la terrienne. Elle était d’une magnificence qui n’avait d’égalle que sa simplicité. Pourquoi étaler à la face du monde ses qualités, les avoirs devrait suffire. Mais peu de gens semblait savoir cela.

Et puis c’était quoi cet façon de traiter une inconnue ? L’hospitalité vous dites ? Meg croyait que ce mot n’existait plus tant elle l’avait rarement utilisé. Après tout elle n’était pas prisonnière, personne ne l’avait traité comme t-elle. La jeune fille était une invité avec qui la Reyne souhaitait simplement discuter. Parler n’était pas une mauvaise idée, Meg ne l’avait pas fait depuis longtemps et elle aurait aimer en apprendre plus sur ce peuple si loin des normes de l’Atlas et de ce qu’elle exécrait. Et puis le regard intrigué mais pénétrant d’Akh Or Naphret donnait envie de tout lui dire.

« Une planète…et bien » Meg hésitait, encore une définition complexe et celles-ci commençaient à s’accumuler. Pour se donner de la contenance elle bu une gorgé d’eau :

« Il y a plusieurs sorte de planètes. Celles qui nous concernent, qui sont habitable, sont dures et composées de terre avec de l’air autour pour respirer. Une planète est une sorte de boule, mais elles sont tellement grandes par rapport à nous que lorsque l’on est dessus l’horizon semble plat. Comme si nous ne pouvions voir que le fragment d’un cercle immense : ce fragment semblerait être un trait. Et les planètes tournent autour des étoiles, c’est pour ça qu’il y a le jour et la nuit. Je devrais pouvoir en faire une maquette si cela vous intéresse."

Elle finit son verre en regardant la Reyne dans les yeux. Elle avait presque hâte de répondre à une nouvelle question, ces petit casse-tête était revigorant en fait.

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Re: Réveil

Messagepar Akh Ôr Naphret » 03 Aoû 2010, 10:20

Elle ne réagit pas instantanément à l’explication, car cet autre concept était aussi difficile à appréhender pour elle que pour Megan à expliquer. Pensivement, la Reine reposa sa coupe, ses yeux verts d’eau étrécis par la concentration. Une planète était si grande que l’horizon paraissait plat ? Et où l’on pouvait vivre, marcher, habiter ? Une telle chose révulsait son esprit, créant au ventre une boule semblable au vertige qu’on avait en montant à l’Aiguille du Soleil pour contempler l’Oasis, si petite, en contrebas.

Prise d’une idée subite, elle se leva et marcha jusqu’au coin de la pièce. Lorsqu’elle revint, elle portait l’un des vases que les eunuques disposaient dans chaque chambre. Il était empli de sable à raz bord, employé pour certaines dévotions à Quinah ou simplement pour des tâches domestiques. Tranquillement, Naphret renversa son contenu sur le sol et s’assit en tailleur juste devant. De la main, elle lissa les milliers de grains, puis y traça un cercle aussi grand que possible. Le menton au creux de la paume, elle resta ainsi plusieurs minutes, tenant de réaliser les dires de l’étrangère. Naphret avait une règle : quand par chance le temps ne pressait pas pour prendre une décision, il était meilleur de s’attarder aussi longtemps que possible, sans hâte, pour en peser tous les possibles. On commettait assez d’erreurs quand il fallait décider dans l’urgence, n’est-ce pas ?

« Si grand que l’horizon paraît plat » chuchota la Reine, perdue dans ses pensées.

Que verrait, songeait-t-elle, l’infime grain de sable sur le bord du cercle ? Elle tenta de voir par ses yeux, de se mettre à sa place, atome sur le bord d’une gigantesque roue. Et oui, il lui sembla effectivement qu’à cette taille, elle serait convaincue que le cercle était … plat.

Idée à peine acceptable ! Et pourtant Megan, si naturellement, avait dit « nous » … nos planètes, nos horizons. Aussi simple qu’il soit, ce petit « nous » donnait la clé de l’énigme, transformait ce concept vertigineux en une réalité toute simple. Il signifiait que là d’où venait la jeune étrangère, le ciel et l’horizon existaient aussi. Et elle venait pourtant d’au-delà du soleil, du monde que les Ohime considéraient comme le Royaume Evanescent des Dieux. Naphret la première, avait toujours imaginé ce lieu comme les plaines vertes infinies des légendes, la demeure de ceux qui avaient achevé leur périple sur les Routes du Sable. Et voilà qu’une autre réalité se superposait à la première, aussi merveilleuse, plus effrayante. Un instant, elle perçut vaguement tout ce que ces nouveautés signifieraient pour le peuple de l’Oasis, les bouleversements qu’elles entraîneraient, si elles étaient vraies. Si elles étaient vraies…

« Tu viens de loin pour porter les nouvelles de choses étranges. » Elle releva les yeux. « Des choses que nul Ohime ne croirait facilement. Regarde-moi, jeune fille ... »

Le regard vert de la Reine détailla sévèrement l’étrangère. Une envoyée des ténèbres et du mensonge, cette jeune fille encore épuisée ? Elle était presque enfant encore, avec sur le visage et le corps quelques traces d’adolescence ! Menteuse ? Difficile à croire, mais pas plus improbable que de croire qu’ils vivaient sur des balles géantes dérivant sur une mer sans fin. Les démons, serviteurs de Khmîs, étaient capables de bien des artifices, et seul le regard sacré de Rê (Rê ! Gloire, Puissance, Règne !) pouvait les démasquer.

Dans la salle du Conseil, elle avait pu reporter l’heure de la décision. Mais tous les choix ne se faisaient pas sur le Trône – il arrivait qu’on doive les faire à des moments anodins, peut-être en mangeant avant une cérémonie, peut-être seule la nuit, sur le toit du Palais, peut-être dans l’instant où deux corps s’étreignaient sous les draps transparents. A nouveau, le Choix se posait. En cette minute, en prenant une collation avec l’étrangère, elle devait décider, et en tant qu’Elue, décider pour tous les Ohime. Devait-elle croire l’étrangère, lui faire confiance, accepter ses comme les vérités d’un savoir qui dépassait les mortels ? Ou devait-elle la rejeter, la faire enfermer et exécuter comme esprit trompeur venu perdre son peuple bien-aimé en mensonges ? Lentement, Naphret s’approcha, et s’obligea à dévisager l’étrangère avec les yeux du Doute, d’imposer à ses prunelles de rester aigües, scrutatrices. Peu importait qu’elle lui soit sympathique. C’était la loi : n’oublie jamais, jamais, jamais que tu es Reyne. Et la Reyne ne pouvait se baser ni sur ses sentiments, ni sur les peurs et les doutes.

Heureusement, si elle avait pour fardeau de choisir pour tout un peuple, elle avait aussi une ressource : le Don de la Déesse. Lentement, elle porta la main à la tempe de Megan. Tout en continuant de soutenir le regard des yeux marron, elle plongea au fond d’elle-même, dans les souvenirs de la première fois qu’elle avait utilisé le Don, et appela de toutes ses forces la Vision. Celle-ci vint instantanément, et rarement Naphret n’en avait expérimenté de si forte. Elle sentit qu’elle la prenait toute entière, et il lui sembla même que la Vision se communiquait à Megan, les emportait toutes deux.

Pendant une seconde, elles semblèrent basculer dans un autre monde. Quoique leurs yeux soient grands ouverts, la chambre autour d’elles avait disparu – elles flottaient toutes deux, quelque part au milieu un océan d’étoiles. Ce n’était pas la première fois que Naphret voyait le ciel en rêve, mais pour la première fois, dans cette gigantesque moisson de soleils, il lui semblait que chacun d’entre eux protégeait une promesse, une toute petite promesse de vie.

Image


Puis, au milieu du vide, avant qu’elles aient eu le temps d’avoir froid ou peur, une présence immense se fit sentir. L’âme de Quinah venait de les effleurer. Elle ne resta pas longtemps, et cela était heureux. Des mortelles n’étaient pas faites pour supporter longtemps pareil contact – cette présence inconcevable, vertigineuse, qui protégeait et affolait à la fois, comme pour un oiseau ramassé par la main d’un enfant. Mais pendant une interminable seconde, Naphret perçut la chaleur de la Déesse, et sa silencieuse approbation. Quand la volonté divine disparut soudain, repartie quelque part dans un infini hors de leur portée, la chambre réapparut soudain autour d’elles, en l’espace d’un battement de cœur.

Dans la chambre, il y eut un interminable silence. Mais dans ce silence, tout était devenu plus simple, et le sourire était revenu sur le visage de Naphret. Il n’avait pas fallu plus que deux simples mots. Crois-la. Mais deux mots étaient prononcés par Quinah. En cela, ils valaient toutes les preuves du monde.

« Quinah t’aime, Megan. Son désir est que nous sachions que tes paroles sont vérité – que dans le ciel, ce que vous appelez planètes sont d’autres Nideyle. Peut-être t’a-t-elle-même envoyée ici dans ce but... »

Comme une bénédiction, les doigts de Naphret glissèrent sur le front de la jeune femme, y dessinant rapidement un symbole énigmatique.

« Mon peuple mettra du temps à accepter tes paroles. Mais je te crois, et si tu le désires, l’Oasis t’est ouverte pour y demeurer avec nous. Sois la bienvenue parmi les Ohime, Sada’almasyd Megan – Megan des Étoiles. »



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