Conseil et tour d'horizon

Au beau milieu d'un désert aride, Ohime Quinah est déposée sur les rives d'un oasis luxuriant. Les Ohimes sont un peuple calme et pacifique vivant comme s'ils sortaient tout droit de l'Égypte antique.

Conseil et tour d'horizon

Messagepar Maître du Jeu » 02 Avr 2009, 11:06

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Akh Ôr Naphret :
    Oasis de Quinah.
    Royaume divin d'Aphor.
    Cinquième heure du jour.
    Septième jour du mois d'Aldir (Vendémiaire).


    *"*"*

    Le soleil est encore brûlant, mais la saison sèche se termine. Les puits commencent à se remplir à nouveau, et bien qu'Aphor n'aie pas vu de vraie pluie depuis des mois, la rosée commence à apparaître le matin sur les champs. L'oasis, en cette fin de matinée, étincelle comme un joyau vert et bleu au milieu de l'Erg, le grand désert. Sur ses bords, la cité des Ohimes vaque à ses occupations habituelles, des paysans labourant le sol aux ennuques chantant la gloire des Dieux dans les temples. Quand au Palais ...

    Au Palais, ce jour n'est pas tout à fait comme les autres. Comme trois fois par saison, la Cour Royale n'a pas été convoquée. La Reine ne siégera pas dans la salle de la balance pour les affaires courantes. Ce jour est celui de l'Orfret ... les sacrifices ont été offerts aux dieux, afin qu'ils éloignent les esprits du mensonges, et un boeuf immaculé a été immolé à la Déesse, implorant que sa sagesse aide ceux qui se rassemblent dans l'une des chambres hautes.

    Ils sont une quinzaine, environ. Quelques ennuques et scribes, les maîtres du travail et généraux militaires, et puis ces cinq personnages étranges, assis ici et là. Quatre hommes et une femme. Vêtus d'étoffes de prix, ils portent tous un masque d'animal - le Chacal, l'Ibis, le Faucon, la Chatte et le Cobra. Mais sont-ce vraiment des masques? Malgré les pierres précieuses qui les décorent, leurs mouvements sont si naturels ... en fait, ils semblent si vivants! Mais nul ne s'avisera de leur poser la question. Ils sont de la caste énigmatique des Hommes-Dieux, parmi les nobles des nobles, vivant reclus dans les palais. Les conseillers de la Reine Naphret ...

    Une légère sonnette, au timbre cuivré, se fait entendre. L'un des gardes, à la porte, lève la tête et prononce solennellement.


    "A la porte frappe un Bien-aimé des Dieux!"

    "Par Quinah, qu'il demeure !"
    réplique l'assemblée d'une seul voix.

    Il? Elle, plutôt, car tous savent de qui il s'agit. La formule rituelle est ponctuée d'un coup de gong, qui résonne longuement dans les couloirs. Les grands battants s'ouvrent lentement - et Naphret entre dans la salle, vêtue d'une robe blanche et de lourds bijoux d'or. Elle porte dans sa main l'Ankh court et le Fléau, symboles de l'autorité royale. La jeune femme reste immobile sur le seuil, saluée par chaque caste à sa manière. Les serviteurs se jettent à terre, les ministres posent genou en terre, et les demi-dieux, autour du trône, se contentent d'une longue révérence. Après avoir laissé s'écouler quelques secondes de silence, Naphret incline la tête à son tour. Chacun gagne rapidement se place, et la Reine ne perd pas de temps pour indiquer d'un geste le début du Conseil. A la porte, les gardes croisent leurs lances : désormais, nul n'entrera dans cette pièce avant qu'il prenne fin, sauf pour une question cruciale à l'intérêt du royaume. En bout de table, trois eunuques se lèvent. Ils ont pour charge de faire connaître à l'assemblée les dernières nouvelles.


    "Par la grâce de Quinah" psalmodie le premier, "les cas de maladies recensés dans le Douar de l'est sont guéris."

    "Les voleurs s'étant introduits dans le palais n'ont pas encore été capturés, mais nous connaissons désormais leurs noms et leurs familles. Les dieux les ont livrés entre nos mains!"
    annonce le second.

    "Les Intendants viennent de compter les dernières récoltes de grains. Leur nombre est de mille et onze khomer." achève le dernier.

    Tous hochent la tête, signifiant qu'ils ont compris. Naphret coule son regard d'émeraude vers le premier des hommes, assis en bout de table. Un colosse portant l'armure d'apparat des hommes de guerre, aux traits taillés à la hache, usés par le sable et le soleil. Il éudie avec attention le parchemin placé devant lui. La reine sourit intérieurement. Elle apprécie cet homme sûr, discret, ne cherchant pas le pouvoir ni les honneurs. Il y en a d'autres, songe-t-elle, qui sont différents - et entre ses cils, les prunelles dévisagent un instant l'assemblée. D'autres attendent avec impatience le moment de se lever, d'intéresser le pouvoir en place à leurs intrigues personnelles. Ce n'est pas à eux que reviendra l'honneur de parler les premiers. La reine étend la main et pointe son fléau sur l'homme en armure.

    "Général Horeb. Le Conseil t'écoute. Quelles sont les nouvelles du Grand Erg?"

    *"*"*

    Le temps a passé.
    A l'horizon, le soleil commence à s'incliner, baignant la Cité d'une lumière orangée.

    Ils ont parlé longtemps et administré beaucoup de choses - des affaires vitales et des affaires moins importantes. Cependant, maintenant que les questions de politique intérieure du royaume sont réglées, il va falloir parler d'autres choses. A la fin du repas préparé par les serviteurs dans la salle, la reine lève la main. Silencieusement, une grande partie de l'assemblée se lève et se dirige vers les portes. Seuls demeurent les cinq conseillers aux visages masqués, qui sont restés assez silencieux pendant le Conseil. Quand les battants se referment sur le dernier serviteurs, tous portent la main à leurs masques et les retirent.

    Ô merveille ... ce ne sont que de fines feuilles d'or, épousant la forme réelle de leurs visages. Tels ils sont, ces êtres aux corps d'hommes et aux têtes de dieux. Celui dont les traits sont ceux d'un Ibis, l'oiseau sacré du savoir et de toute connaissance, se rend vers une étagère où personne n'a encore été puiser. Il en ramène d'épais rouleaux de parchemin, qu'il dépose sur la table avec des soins jaloux.


    "Ma Reine, ce que tu as demandé est enfin achevé. Durant cette saison, j'ai rassemblé toutes les expéditions et les cartes qu'Aphor possède."

    D'un geste, l'homme étale le plus grand des parchemins. Une carte dessinée avec un soin minutieux se révèle. Tous s'y penchent, l'étudiant avec attention.

    "Le Grand Erg se trouve ici" annonce l'Ibis en indiquant une zone claire. "Nous savons ce qui demeure en deçà de nos frontières. Au-delà ... vers le couchant, il n'y a que la Mer immense où le dieu soleil s'engloutit. Au sud, au-delà de l'Erg, c'est le royaume des antilopes, un pays ouvert et balayé par le vent, avec quelques sources. Mais plus au Sud, c'est la Grande Falaise dont parlent nos légendes, et au-delà le pays détruit, sans hommes ... la Désolation."

    L'Ibis s'interrompt. Chacun des hommes et des femmes - à l'exception peut-être de l'impassible Cobra - ne peut réprimer un léger frémissement. Car le pays que vient d'évoquer leur frère est connu des contes de leur peuple. Les anciens disent que c'est de là-bas qu'ils sont venus, guidés par la Déesse, avant de trouver l'Oasis. Tant d'histoires belles et terribles ... l'Erg est le domaine des hommes, mais le Sud est le royaume des légendes. Les Ohimes ne vont pas dans cette direction ... jamais. Ils ignorent tout de Phorior et de ses peuples, au delà de la mer d'îles.

    Un autre des assistants se lève à son tour. C'est celui vêtu de la toge des intendants : le Chacal à la voix profonde. Il pose son index, où brille un rubis, sur une autres partie de la carte.


    "La Désolation est un lieu étrange, mais rien ne nous menace de là-bas. Mais qu'en est-il du Nord? Nous savons que des peuples vivent là-bas, les royaumes des hommes à la peau claire."

    "C'est juste" appuie le Faucon en se redressant, faisant grincer sa cotte de mailles. "Je suis d'accord avec Horeb quand il disait tout-à-l'heure que nous devrions être vigilants. L'Erg nous protège encore mieux que nos armes, mais de là où demeurent d'autres hommes, de là peut venir la guerre."

    L'Ibis hoche la tête. Ils parle de ce que sait leur peuple sur cette contrée. Les voyageurs qui s'arrêtent à l'Oasis viennent exclusivement de cette partie du monde. Ils disent qu'au-delà, s'étend un pays verdoyant, où les pluies sont abondantes et les cités nombreuses. Ils disent qu'y demeurent de grands rois et de nombreuses richesses ... mais entre la Cité des Ohime et ces contrées, s'étendent bien des obstacles. D'abord, l'Erg immense, comme l'a rappelé le Faucon, en véritable homme de guerre. Les Ohimes y sont chez eux, mais pour les étrangers, c'est un enfer long de dizaines d'horizons, où seuls existent le sable, le soleil, la soif, la mort. Et plus loin encore, ce sont les grandes montagnes qui barrent le monde, où l'on parle de cette merveille blanche, la neige. Mais alors qu'il va parler, la voix de la Reine l'interrompt soudain.

    "Parle-moi de l'Est."

    Tous relèvent la tête, surpris. L'Est est une région sans grand intérêt pour les Ohimes. Bien que peu attachés à l'exploration, ils ont envoyé des expéditions dans cette direction. Ils y ont trouvé de l'or, des bois précieux, et de nombreuses caravanes s' y rendent. Mais ...

    "L'Est, ma Reine? Ce sont les contrées accueillantes mais vides ... et puis, en continuant vers le levant, il y a la mer."

    "Et au-delà?"

    "Là d'où sort la barque du Dieu Soleil, chaque jour, est le pays des rêves, ou des Dieux ... nul ne le sait."

    Naphret hésite un instant, puis hoche la tête. Rien ... sans doute ... portant, cette chose éblouissante qu'ils ont tous vu dans le ciel, pouvait-elle être plus qu'un signe des dieux? La Vision, pour l'instant, était muette sur cet évènement. Juste un pressentiment étrange et sombre, exhalant un parfum de peur. Et alors que le Conseil continue, sur les meilleures façons d'agir envers les étrangers du Nord, la reine ne peut s'empêcher de jeter un coup d'oeil au-dehors. La journée est passée. à présent. Le soleil s'est couché, ne laissant qu'une zone encore claire à l'horizon, et le Cobra vient de frapper le gong qui appelle les serviteurs à allumer les flambeaux, afin qu'ils puissent continuer le travail.

    Dehors, les premières étoiles scintillent sur la voûte céleste. Pour la première fois, elle les trouve lointaines et froides, puisqu'elles brillent sur un monde si grand ... et imperceptiblement, en revenant vers la table de travail, où ils parleront encore tard dans la nuit, Naphret frissonne ...

Hétep Ir Kaha :
    Alors que les échos du gong se répercutent mollement sur les murs du Palais, c'est un silence étrange qui s'installe. Les serviteurs accourent à pas feutrés et allument les torches, projetant de grandes ombres ocrées dans la pièce. Seuls les crépitements chaleureux des flammes se font entendre pendant quelques minutes, puis les serviteurs disparaissent et le conseil peut reprendre. De sa place, Hétep n'a rien manqué des attitudes de sa Reyne et l'inquiétude qu'il a cru lire dans ses regards aux millions de paillettes dorées le touche, le gagne et le décide enfin à se lever. C'est son mouvement qui brisera le silence, provoquant un tintement, d'abord léger, presque mélodieux et étouffé entre les riches drapés du Palais, puis plus clair et se répercutant avec force sur les façades extérieures de granite. Au rythme de ses pas, l'armure d'argent de ce jeune capitaine à tête de faucon produisait le chant caractéristique de la marche du soldat. Puis tout s'arrêta et se fut le silence avant l'assaut. Quel assaut ? Ses yeux d'ambre fendus d'une pupille noire verticale clignèrent brièvement.

    « Ma Reine... »

    De nouveau, la ferraille s'entrechoqua le temps de quelques pas. Hétep s'inclina devant celle qui avait été choisie par Quinah elle-même, avec tout le respect qu'il lui devait et l'admiration sans limite qu'il lui vouait. Lorsqu'il se redressa, dans un tintement bref, il jeta un regard étonné par delà des colonnades. Couvé des yeux par les étoiles nombreuses et vacillantes, les Tamaris et les Acacias remuaient doucement, bercés par le souffle sage de Vendémiaire. À l'ombre des Papyrus, ne pouvant échapper à ses regards d'oiseau de proie, quelques chats paressaient en ronronnant, satisfaits par les températures plus clémentes de cette fin de soirée. Une seconde seulement, le jeune capitaine les imagina – mendiants officiels et attitrés de la Reine des Reines – quémander une ou deux caresses et il ferma les yeux, savourant par l'esprit les doigts de Naphret se plongeant dans les pelages aux couleurs improbables de ces félins...

    Pas ici ! Pas en sa présence !

    Un sursaut, à peine perceptible, et Hétep se ressaisit, reprenant son port fier et altier, son regard perçant et implacable, sa voix sifflante que les claquements de son bec rythmaient comme un tempo inlassable et neutre.

    « Puis-je vous proposer d'ordonner une exploration vers l'Est et ainsi vous apporter plus précises nouvelles ? »

    La troisième paupière cligna. D'autres lui avaient reproché son dévouement envers sa Reine et l'avait mis en garde sur sa trop grande prévenance. Certes mais... se montrer utile lui semblait être le seul moyen à sa disposition pour se faire apprécier de celle qu'il vénérait.

Akh Ôr Naphret :
    Un mouvement d'étonnement agite les Conseillers. Mouvement qui ne tarde pas à virer au mécontentement. Même si tous reconnaissent que la place du jeune homme à ce conseil n'est certes pas imméritée, sa hardiesse le pousse parfois à faire ou dire assez pour choquer ses pairs. Si l'Ibis ne fait pas de commentaires, absorbé dans ses réflexions, les autres ne se gênent pas. Assis à la table, le Chacal abat sa main puissante sur la carte qu'ils sont en train d'examiner - celle de l'Erg du nord, d'où descendent parfois les voyageurs venus d'au-delà des montagnes.

    "Par les crocs d'Amroth" gronde le colosse - et on jurerait entendre la voix d'un fauve irrité. "Assieds-toi, Hétep! Nous n'en avons pas terminé!"

    "Nous parlions des dangers qui peuvent descendre du Nord menacer notre peuple" ajoute doucement la femme aux traits de Chat, en se levant pour reporter un papyrus à sa place. "Est-ce le temps d'évoquer de lointaines explorations?"

    "J'approuve" articule le Cobra de sa voix rauque, ouvrant la bouche pour la première fois depuis deux heures.

    Naphret, elle, n'a encore rien dit. A travers la lueur du flambeau que des serviteurs viennent de déposer entre eux, la reine réfléchit. Elle dévisage le jeune général, et dans les flammes qui dansent entre leurs deux regards, ses yeux verts scintillent comme deux gemmes. Oui ... qu'y a-t-il à l'Est? L'Ibis l'a si bien dit tout à l'heure - sans doute rien d'autre que des rêves évanescents. Rien qui ne justifie une opération d'exploration. Rien, sauf la proposition d'un jeune général, et ce simplement parce qu'elle a évoqué une question qui la tourmente. Hétep ... Hétep, le Faucon. L'homme libre élevé au désert, à présent maître des armées d'Aphor. L'oiseau princier qui vole, seul, plus haut que tous les autres ...

    Un instant, une phrase d'un chant lui revient en mémoire, l'un de ceux que les servantes fredonnent parfois pour elle, quand le sommeil la fuit.
    ** Verront le plus loin ceux qui seront les plus près du ciel, ô bien-aimés de Rhê ... **
    Oui ... mais pour ceux qui ne peuvent pas voler? Peuvent-ils compter sur les ailes de ceux qui le peuvent? L'empressement du jeune homme a peut-être agacé certains, mais elle l'en remercie d'un sourire fugace, que nul des autres ne remarquera.

    Lentement, la jeune femme lève la main, et le silence retombe. Ostensiblement, elle reprend place dans le fauteuil qu'elle a quitté il y a quelques instants, sachant que tous ne tarderont pas à l'imiter. L'un des petits félins qui hantent silencieusement la pièce arrive au pied du trône. Souplement, le voilà qui bondit sur l'accoudoir, sur la cuisse de la reine, sur l'épaule offerte, sur le dossier. Place intéressante, tout près de ces cheveux imprégnés de parfums divers, fascinants pour un nez de chat curieux. Une légère caresse au museau lui est accordée, puis un geste le déloge de son perchoir. L'animal retombe souplement sur le sol et s'éloigne d'une démarche d'empereur froissé, la queue dressée avec toute la dignité dont il est capable. Naphret se penche légèrement en avant.


    "Notre première tâche est de protéger les Ohime, et nul autre endroit n'y est plus propice. Aphor est un don de la Déesse, et il est juste que nous veillions à en user au mieux. Pour l'instant, il est juste que nous devons d'abord nous assurer que les défenses aux frontières sont bien en place, au moins tant que nous ne connaissons pas les intentions des hommes du nord, par-delà les montagnes. Tel est le désir de Quinah. Et pourtant, il y a une chose que vous oubliez."

    L'Ibis relève la tête, tiré de ses réflexions. Tous prêtent l'oreille, désormais.

    "Les terres de l'Est sont fertiles, et tôt ou tard quelqu'un viendra s'y installer. Cela aussi, nous devons en être informés - car de l'Erg qui nous protège, nous ne devons pas faire une prison. De même pour le Sud, car nous ignorons ce qui se trouve au-delà de la Désolation. Une fois prêts à toute éventualité, nous devrons alors nous souvenir que le monde ne s'arrête peut-être pas au bord de ce papyrus. A ce moment, Hétep, j'aurai besoin de tes yeux et de tes ailes."

    Meren, le Chacal, approuve d'un grognement. Tant que la sécurité de la Cité passe avant tout, une expédition peut se révéler utile.
    Khâ, l'Ibis vieux et sage, hoche la tête. Il sait que c'est en voulant atteindre l'horizon qu'on apprend à marcher.
    Tiat, la femme Chat, sourit simplement de son sourire tranquille, en un accord tacite.
    Senenmout, le Cobra royal, observe et se tait.
    A nouveau, la Reine sourit.

    "Alors, qu'en est-il des éclaireurs que nous avions envoyés interroger les habitants des frontières nord? Ont-ils rencontré des étrangers?"

Hétep Ir Kaha :
    Nouveau clignement de paupière. Derrière lui, Hétep sentait l'exaspération des autres Conseillers et redoutait leurs réactions. Cependant, il restait confiant sur ce qu'il oseraient dire – ou non – en présence de leur Reyne. Il fronça à peine ses sourcils de plumes fines et noires et ne sursauta pas même au mouvement d'humeur de Merenptesh, le Chacal. À dire vrai, il s'y attendait. Ce qu'il n'avait pas prévu en revanche, c'était l'intervention du Cobra, muet depuis le début du conseil. Et voilà que brusquement, Hétep se sentit rempli de honte et de colère à la fois. Il se contenta d'un bref claquement de bec, sans oser mot dire afin de ne pas alimenter la discorde en cet instant et en ces lieux. Naphret apprécierait sans-doute sa discrétion. Il s'inclina doucement en réponse à son sourire et regagna sa place dans un bruit de métal se balançant au gré du vent. Soit.

    Le calme était revenu, imposé d'un simple geste par la Reine des Reines. À son tour, elle avait regagné sa place, chassant, avec douceur, un chat trop entreprenant. Lorsqu'elle prit la parole, Hétep écouta, buvant ses paroles plus que tout autre et approuvant avec plus de conviction que tous les Conseillers réunis. Il sourit et personne ne s'en rendit compte, car un sourire ne se dessine pas si aisément sur le visage d'un Faucon pèlerin. « Je serais vos yeux et vos ailes... » confirmèrent ses paupières closes sur ses yeux lorsqu'il s'inclina dans un mutisme absolu. Et alors que le Conseil allait reprendre, Hétep se leva de nouveau et pris la parole :

    « Excusez-moi. Il se trouve que ces éclaireurs m'ont rapporté un fait insolite, ma Reine. Il semblerait qu'une femme ait été retrouvée errante aux frontières Est, mais elle ne ressemblait en rien à ces voyageurs venus du Nord puisque, d'après les témoignages de mes hommes, elle possédait une paire de cornes robustes. Les éclaireurs l'auraient raccompagnés à la frontière Nord sans toutefois la questionner d'avantage. »

    Il marqua une pause, laissant à chacun le loisir de marmonner quelques réflexions intérieures.

    « J'ignore en revanche encore pourquoi ce fait m'a été relaté par les éclaireurs du Nord et non ceux de l'Est. » Ajouta t-il d'un ton mystérieux.

    Sa voix s'éteignit. Hétep craignait un nouveau mécontentement général, même s'il ne proposait rien encore, se contentant de rapporter un fait qui l'avait interpellé. Ses regards, vifs et perçants, allèrent se poser sur chaque Conseiller, puis il se rassit, attendant leurs réactions qui ne tarderaient pas à se faire entendre. Restait à savoir qui prendrait la parole en premier.

    Un chat silencieux traversa la pièce en trottinant, les oreilles en avant et sa queue en gouvernail, attiré par le mouvement d'une proie à l'extérieur.

Akh Ôr Naphret :
    L'odeur de l'encens, dans la pièce, devenait étouffante. Les bâtonnets placés non loin de la table achevaient de se consumer, exhalant un souffle parfumé plus intense qu'à l'ordinaire. Sans se lever, Naphret s'étire et attrape du bout des doigts la brindille d'essences. Pendant quelques instants, elle s'amuse à faire voltiger le minuscule point incandescent devant son visage, allumant une cascade de point d'or dans ses prunelles. Mais ce n'est pas la flamme qu'elle regarde - derrière les arabesques de lumière, ses yeux dérivent d'un masque à l'autre, scrutant successivement les cinq personnes assises à la table du conseil en sa compagnie.

    Elle se tait. Elle écoute chacun donner son avis, sans autoriser son visage à trahir ses pensées. N'est-ce pas leur rôle à eux, les sages, les demi-dieux, de conseiller celle que la Déesse leur a donné? Ils le savent. Chacun a ses prérogatives, ses sujets d'inquiétudes, chacun sait beaucoup mieux qu'elle les détails de chacun de leurs mandats. Leurs visions sont précises et leurs savoirs profonds. Mais à elle revient le rôle de tous les écouter, de rassembler leurs vues séparées, de s'aider de ces cinq esprits pour voir au-dessus de l'horizon - au-delà du présent. C'est sa tâche, à elle, Naphret, et elle n'est pas moins absorbante ni moins fatigante que celle des autres.

    A nouveau, Khâ et Meren évoquent le Nord. Il reconnaît que le cas de cette femme est intéressant, mais ce qui s'étend au-delà des montagnes est plus dangereux que cela - même s'ils n'en connaissent que très peu, c'est un pays riche, un peuple connaissant les arts et la guerre. Une fois de plus, faut-il exposer Aphor au danger en envoyant une expédition massive vers l'orient? Meren, à son tour, a approuvé.

    En effet, songe Naphret en continuant d'agiter le bâtonnet à demi-éteint. Ce serait une erreur, comme au jeu du senet quand une ouverture est laissée. A la différence qu'on ne risquait pas de perdre des pièces, mais des vies. C'était un jeu qui vous mettait une barre de fer au fond de l'estomac, qui vous éveillait la nuit avec cette question lancinante : serai-je capable, jusqu'à la fin, de ne pas commettre d'erreur? Les mortels n'étaient pas des dieux, et le fardeau du pouvoir leur serait toujours lourd. Celles qui enviaient la dignité de l'élue de Quinah ignoraient probablement que si elle le pouvait, elle s'empresserait de leur céder la place ... mais elle avait été choisie, destinée à prendre cette place, avaient reçu les dons de la déesse pour l'aider à accomplir sa tâche. Et maintenant, plus que jamais, il n'était pas question qu'elle s'en détourne.

    Senenmout, s'est de nouveau muré dans son silence. De tous les cobras qui se sont succédés, c'est le plus silencieux, et Quinah savait qu'ils n'étaient généralement pas bavards. En revanche ...


    "Cependant, cette femme dont Hétep à parlé, est la preuve que d'autres hommes existent au levant. Nous en savons encore moins d'eux. Pourquoi le danger viendrait-il moins de cette direction que des montagnes?"

    C'est Tiat, la femme-chat, qui vient de parler. La Reine dévisagea avec amitié cette femme de vingt ans son aînée, qui l'avait si souvent aidée personnellement. Elle l'écoutait plus facilement que Meren malgré son expérience, que Hétep malgré sa force et son dévouement, que le vieux Khâ lui-même malgré sa sagesse. Douce et effacée, Tiat ne donne pas l'impression d'être celle dont l'avis aura le plus d'influence sur Naphret ...

    "Sages de l'Ohime" énonça gravement la souveraine, renouant avec l'ancienne coutume de nommer ainsi le peuple de l'Oasis, "nous avons écouté les mots de chacun d'entre vous. Maintenant est venue l'heure du choix, et de par l'autorité de Quinah, ce choix m'appartient. "

    Fermant les yeux, elle s'accorde une ultime seconde de réflexion. S'ils craignaient un danger venu du Nord, franchir les montagnes pour aller à sa rencontre serait plus grande folie encore. Il y avait un autre moyen d'apprendre ce qui s'y cachait, tant qu'il leur restait encore du temps. Et Aphor lui-même les protégeait. Plus puissant que mille armées, brûlant, sec, empli de pièges mortels, l'Erg immense leur était un bouclier. Des armées entières pourraient s'y perdre et voir leurs derniers hommes mourir avant de trouver Ohime au milieu des dunes ... ce qu'ils devaient apprendre, c'était ce qu'était devenu l'Est, l'Est des légendes et des secrets. Ses rêves de la nuit, ses fragments de visions à demi-oubliées, puis la volonté passionnée de Hétep, enfin la douce voix de Tiat ... tous chuchotaient la même chose. En fallait-il davantage? N'était-ce pas une indication de la Déesse elle-même? Naphret se lève.

    "Voici ma décision. Meren, convoque les cavaliers des Tribus, dis-leur de surveiller l'Erg près des montagnes nord. Qu'ils amènent à Ohime tout étranger trouvé sur le sable, avec un habitant des frontières qui comprend son langage. Invitez-les comme des frères, mais ne permettez pas qu'ils refusent. Nous les interrogerons afin de savoir ce qu'il en est de leurs peuples."

    L'index de la jeune femme pivote, désignant le jeune général.

    "Hétep, prépare cinquante hommes. Veille avec Meren jusqu'à ce que nous ayons ces informations. Dès que tu entendras qu'un étranger a été trouvé au septentrion, tu es libre de partir vers l'Est. Mais depuis la frontière de l'Erg, tu ne marcheras pas plus de neuf jours, car ensuite, tu feras demi-tour et tu nous rapportera ce que tu as vu. Oudjat. Allez."

    Silencieusement, les Conseillers se lèvent et s'inclinent. Quand la reine prononce le mot sacré qui achève les conseils, nul n'est autorisé à répliquer. C'est le point final de ce conseil, tous le savent. Les deux gardes, à la portent, viennent de rouvrir les lourds battants et attendent. L'un après l'autre, tous quittent la salle, laissant la reine seule. Après les salutations d'usage, Senenmout ne s'attarde pas, disparaissant dans l'ombre des couloirs. Absorbés par une discussion, Meren et Khâ prennent la direction de la Maison des Fils des Dieux, leur demeure à tous. Tiat semble vouloir poser une question au dernier des conseillers, mais une servante vêtue de soie surgit soudain de nulle part. Quinze ans, presque une enfant, mais au pas vif et à l'oeil éveillé, c'est Siris, la suivante de la souveraine. Elle s'incline brièvement devant les deux adultes.

    "Bénis de Quinah, je vous prie, attardez-vous un instant. La Reine vous réclamera bientôt."

    Les yeux noirs, si intelligents, fixe les deux demi-dieux. Les mains tremblent un peu, car Hétep n'est pas connu pour sa patience, et elle vient d'agir sans l'ordre royal. Mais elle l'aime de toutes ses forces, cette reine. Elle a jeté un coup d'oeil, comme un oiseau curieux, à l'instant où les portes se sont ouvertes. Elle sait que ce visage absent signifie que Naphret se tourmente, ce qu'elle n'avouera jamais. Elle sait aussi que la Reine se réveillera probablement en sursaut cette nuit, qu'elle sera la seule à l'entendre parcourir sa chambre, encore et encore, effrayée par des peurs qu'elle seule connaît. Comme d'habitude, Siris sera devant la porte, incapable de l'aider. Mais peuvent-elles être amies, elles que tout séparent? Non - l'une est une servante, l'autre est une reine, et les souverains n'ont pas d'amis. Mais elle sait, avec l'instinct des enfants, que ces deux personnes sont les seules à pouvoir faire quelque chose pour sa maîtresse.

    A l'entrée, les gardes ont levé leurs lances. Et en se retournant, on peut voir Naphret assise dans la pénombre de la salle de conseil, les mains croisées sous son menton, une expression soucieuse sur les traits. Et effectivement, comme sortant d'un rêve, quand elle voit les deux conseillers à la porte, son visage s'éclaire, et elle leur fait signe d'approcher. Siris, elle, s'est envolée à nouveau, quelque part entre les murs du palais.

Hétep Ir Kaha :
    Hétep s'arrête brusquement, et les pièces mobiles de son armure provoquent encore ces cliquetis si caractéristiques de sa présence. Il ne baisse pas la tête pour observer la jeune impudente qui se dresse courageusement face à lui et Tiat. Son visage s'incline légèrement sur le côté et ses yeux sombres observent Siris avec curiosité. Sa voix tremble autant que ses mains et pourtant, elle est là, s'interpose, se mêle de ce qu'elle ne devrait peut-être pas. En réalité, Hétep l'admire silencieusement, le cœur chagriné de n'être perçu que comme un demi-dieu, entité crainte et respectée sans autre raison que son rang et ce visage animal. A-t-il des doutes sur son identité ? Non. Juste des regrets parfois, cette sensation étrange de ne pas être apprécié pour les bonnes raisons. Mais y a-t-il réellement de bonnes et de mauvaises raisons ? Ses paupières nictitantes clignent sous le masque, juste avant qu'il ne se tourne vers Tiat. Il attend que sa patience à elle parle pour la sienne... qui lui fait souvent défaut...

    Un mouvement des lanciers l'interpelle et Hétep se tourne vers la salle du conseil qu'il vient tout juste de quitter. Là, dans la pénombre, celle qu'il admire plus que tout au monde lui fait signe d'avancer. Elle s'adresse en réalité à deux d'entre eux mais l'espace d'une seconde, le jeune homme à tête de faucon prend ce signe pour lui seul et son cœur bat. Il fait claquer son bec et laisse Tiat lui passer devant, s'efforçant à retrouver un calme irréprochable. Entre les colonnades, deux chatons jouent à se faire peur et se battent comme deux enfants, roulant dans la poussière, insouciants et heureux. C'est ainsi qu'il voudrait être, le grand demi-dieu guerrier, mais il ne le peut.

    Tiat a fait quelque pas devant lui, le précédent avec élégance et lui s'avance enfin à son tour, fier et droit, la raison revenue. Il s'incline devant sa Reine en signe de disponibilité, attendant ses ordres ou quoi que ce soit d'autre à quoi elle puisse aspirer.

Akh Ôr Naphret :
    En voyant approcher ses deux conseillers, pour la première fois, Naphret eut un vrai sourire. Pas une de ces expressions de façade, qui font partie intégrante du jeu délicat et subtil auquel se livrent tous les gens de pouvoir, pas un de ces visages de commande réservé à ceux qui guettent et interprètent le moindre tic. Si ce soir, il était bien soucieux, le sourire de Naphret, si des rides de lassitude abaissaient le coin des lèvres fardées, c'était pourtant un sourire plus chaud et plus sincère.

    Pourquoi ce sourire était-il réservé uniquement à ces deux personnes? Parce que, diraient certains, ils étaient ses plus fidèles conseillers? Vraiment? L'une était une simple sage-femme, la dernière des conseillères en importance, celle qui plaçait au conseil les mots des muets et des faibles. L'autre, un jeune général, ardent et visionnaire ... ni l'un ni l'autre n'avaient servi Aphor pendant des années, ni l'un ni l'autre n'avait l'expérience d'un Mehtep ou la sagesse d'un Ptah. Mais peut-être était-ce justement à cause de cela ... à cause de leurs défauts, qu'elle pouvait se livrer à eux, l'espace de quelques instants, laisser tomber sous leur regard, sans remords, ce lourd masque de reine.

    "Tiât. Hétep. J'ai besoin de vous poser une question, et à cette question Quinah elle-même n'a pas jugé bon de répondre. Si réellement d'autres hommes existaient, au-delà des frontières de l'Erg ..."

    Plus qu'aux trois quarts consumé, le bâton d'encens ne laissait plus échapper qu'un léger filet de fumée. Naphret, d'un geste vif, le jeta par la fenêtre, faisant balancer sa robe. Elle choisit un nouveau bâtonnet au hasard, dans le coffret de cèdre posé à côté du trône ~ l'un des encens du temple, réservé à l'usage du clergé et des proches de la reine, et se dirigea vers le large vase où rougeoyaient encore quelques brandons. Tout en agitant les braises du bout du bâton d'encens, la Reine poursuivit sa phrase. Lentement, à mi-voix, comme se parlant elle-même.

    "Si en réalité, demeurent d'autres cités, d'autres peuples ..."

    Elle leva son regard d'émeraude, parcouru de reflets iridescents, et marqua une légère pause.

    "D'autres dieux, peut-être... "

    L'encens s'embrasa soudain, et de l'âtre, jaillit un magnifique bouquet d'étincelles. Leurs étoiles jaunes et rouges s'envolèrent et sculptèrent un instant de reflets fauves le visage de Naphret, figé et hiéraldique comme les statues des anciens rois. Les mots étaient tombés, doux et lourds, au milieu du silence. Dans l'air se répandait la senteur des plantes aromatiques. Essence du soir, lourde, un peu capiteuse, empreinte de mystère. Dans les yeux verts de la Reine, scintillants comme deux morceaux de jade, qui peut dire quels savoirs et quels doutes se bousculent? Les Voyants étaient tous ainsi, depuis la souveraine jusqu'au mendiant à demi-fou que les jeux des dieux avaient donné le même don. On attendait d'eux des certitudes, des prévisions de l'avenir sûres et précises ~ alors qu'au contraire, ils doutaient plus encore que les autres mortels. Car ce qu'ils apercevaient, par delà la barrière du temps, n'était que possibilités et lambeaux de futurs, visions lointaines et évanescentes, sans cesse changeantes.

    "Si réellement tout cela existe" acheva enfin Naphret, "et que nous entrions en contact avec eux, que se passera-t-il pour les Ohime?"

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Hétep Ir Kaha » 12 Avr 2009, 11:48

Une seconde, la démarche quasi impériale du jeune Hétep sembla chancelante, comme s'il hésitait. Certes, la jeune servante n'avait reçu d'ordre de personne et pourtant, comme elle avait vu juste du haut de ses quinze ans ! Devant lui, Tiât, elle, n'avait pas ralenti son allure. Pas même face à ce sourire privilégié qui avait ébranlé le grand chef guerrier à tête de Faucon. Pourquoi eux deux ? Hétep l'ignorait et s'avançait, à la fois confiant et angoissé. Lorsqu'il s'arrêta enfin, saluant de nouveau sa Reyne par une révérence respectueuse, les mots tombèrent enfin. Le ton était plus grave, plus soucieux que lors du conseil et le jeune homme compris, d'instinct, que l'élue de Quinah avait besoin de son aide.

Il l'écouta avec toute l'attention dont était capable un oiseau de proie aux aguets, captant chaque émotion de sa voix afin d'en démêler les questions qu'elle n'osait peut-être pas poser. Et quelles questions ! D'autres lieux ? D'autres hommes ? Oui. Sans aucun doute. Il avait entendu suffisamment de choses de la part de ses gardes frontières pour avoir envisagé cette éventualité. Plus qu'une éventualité même, Hétep demeurait persuadé que la vie s'étendait par delà la protection du grand Erg. Oh bien sûr, il n'avait pas l'expérience de ses pairs ni celle de ses prédécesseurs et pourtant, son instinct – ou son cœur – parlait pour lui. Ses hommes ne semblaient pas se soucier plus que cela de cette femme venue de l'Est alors que lui, en son fort intérieur, s'en méfiait comme d'un présage de mauvais augure.

D'autres Dieux ?

Sa tête pencha à gauche et pivota légèrement, cherchant un meilleur angle de vue pour observer sa vénérable Reyne. D'autres Dieux ? Il n'y avait jamais songé. À quoi ressembleraient-ils ? Était-ce possible que le peuple Ohime n'en ai jamais eu la connaissance ? Quelles connaissances, au juste, leur faisaient-elles défaut depuis leur long et périlleux exode ? À son tour, il observa les lueurs incandescentes des encens. Le présent, rougeoyant de vie sous leurs yeux et leur passé, dévoré et oublié sur le présentoir. Ressemblait-il à ces vestiges de bâtonnet consumés, prêts à disperser les cendres des souvenirs aux quatre vents à la moindre tentative pour les révéler ? Étaient-ils bien certains de n'avoir laissé personne derrière eux, dans les ruines de ce qui fut jadis leur cité ?

La tête se redressa soudain. Sortant de ses rêveries, Hétep jeta un coup d'œil vers Tiât puis, constatant qu'elle n'avait rien à ajouter, il pris la parole, aussi déterminé que ces soupirants prêts à vous décrocher les lunes. Le poing fermé et posé sur son cœur, par-dessus l'armure, son bec claqua.

« Il n'arrivera rien à votre bien-aimé peuple, ô ma Reyne, je vous en fait le serment. »

Un nouveau regard rapide vers Tiât afin de s'assurer qu'elle ne lâcherait pas un soupir exaspéré...

« Je mènerai à bien la mission que vous m'avez confié et tâcherait d'en apprendre d'avantage sur ce vaste monde qui entoure l'Erg protecteur... Avec votre permission, d'autres hommes iront gonfler les troupes. Nous nous tiendront prêts à toute éventualité, puissiez-vous être rassurée par ma parole donnée. »

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Maître du Jeu » 24 Avr 2009, 16:52

Précédemment, pour Antmosis Naïthan, Homme et Megan Baxter : Bienvenue à Ohime Quinah.

Brusquement, la troupe s'arrêta. Le chef de la garde se retourna alors et s'adressa à Megan, de ce même ton ferme et serein.

« Voici le Palais de notre bien-aimée Naphret.
_ Par la grâce de Quinah.
murmurèrent en cœur les quatre autres gardes.
_ Soyez humble devant notre élue et Reyne. Préservez le silence en ces lieux. Ne parlez que lorsque cela vous est permis et gardez-vous d'offenser les Dieux. »

Ses yeux brûlèrent d'une flamme toute particulière, comme s'ils la mettait en garde, silencieux et déterminé.

Aux portes du Palais, deux autres gardes attendaient, lances croisées. À l'approche du cortège qui s'était remis en marche, contre toute attente, ils ne bougèrent pas d'un centimètre. Le chef de garnison s'approcha et souffla à peine.

« Nous demandons notre haut conseiller Hétep Ir Kaha, selon ses ordres avisés. »

Les deux sentinelles jetèrent un regard bref sur Megan et Antmosis tour à tour puis s'écartèrent doucement, leur laissant libre le passage vers les intimités du Palais. Dans le dédale de couloirs, les torches brûlaient paisiblement, projetant de grandes ombres sur les hiéroglyphes muraux. De véritables œuvres d'art, peintes et sculptées avec soin. De ci de là, quelques chats traversaient parfois devant leurs pas en bondissant, tout heureux de jouer à pourchasser leurs ombres mouvantes. Là, devant, des voix se faisaient entendre comme un murmure derrière un rideau de soie pourpre que deux autres gardes surveillaient avec attention.

Le chef de la garde s'inclina et réitéra son petit manège de murmures, bien qu'il fut plus long cette fois. Les sentinelles semblaient moins enclines à les laisser passer et jetèrent des regards suspicieux sur Megan à plusieurs reprise. Lorsqu'ils cédèrent enfin, la petite troupe du rester à la porte et seul l'un des deux garde s'autorisa à pénétrer la salle du conseil. Ils attendirent à distance, attendant patiemment.

... plus loin, Naphret en personne, Hétep et Tiât avaient interrompu leur discussion, le jeune garde à genoux dans un salut plus coupable que révérencieux demandant la parole... et à en juger par les hochements du casque en forme de tête de Faucon, son porteur ne semblait pas apprécier cette intrusion.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Akh Ôr Naphret » 05 Mai 2009, 21:36

Le gong de la porte qui s'ouvrait mi fin à la discussion des trois nobles. La Reyne hocha la tête.

"Sois-en remercié, Kaha" fit-elle entre haut et bas, sans regarder le général - mais sa voix en dit assez. Car, excepté pour la Reyne, on n'employait pas le second nom à Ohime. Pas à moins d'exprimer une proximité particulière.

Les dons de la voyance étaient lourds, car ils ne donnaient jamais de certitude, uniquement des doutes. Par se simple présence, son assurance tranquille, le jeune homme donnait ce qu'il manquait à Naphret : l'assurance. Pour elle, incertaine derrière son masque de Reine, il était comme les autres conseiller, un pilier solide au milieu d'un monde qui fuyait, changeant sans cesse. Et plus encore que les autres conseillers, l'homme en armure et la vieille femme incarnaient les seules choses que Naphret connaissait comme vraiment fidèle. Elle en avait d'autre pourtant, et la petite Iris n'était que l'une d'entre elle ... mais aveuglée par les responsabilités, elle ne les voyait pas !

En cette seconde, elle ne sentit pas non plus le regard d'Hétep sur ses épaules, tandis qu'elle prenait les devants, avançant elle-même de quelques pas vers les arrivants. Ses yeux verts s'étaient raffermis, par un effort de volonté. Ils se posèrent sur le groupe qui venait d'arriver, leurs paillettes d'or à peine visibles. Droite, malgré sa taille moyenne, la Reyne s'arrêta et dévisagea le groupe. Trois êtres bien disparates ...

Le premier était le Capitaine de la Garde. Aussi grand qu'Hétep, mais plus mince, il possédait des traits plus rocailleux, au milieu desquels étincelaient deux pupilles pâles. Cet homme avait les yeux plus bleus encore que la plupart des Ohime, un azur délicat, comme délavé par le soleil. Naphret l'appréciait pour sa discrétion et son efficacité, mais tous deux ne se connaissaient pas vraiment, séparés par les marches du trône...

Le second personnage, Naphret ne l'avait vu qu'une seule fois. L'aide de Senenmout ... elle ne l'avais pas remarqué, mais elle se souvenait maintenant de ce jeune homme discret, qui se tenait derrière le Maître des Temples, à une occasion où elle était venue lui confier une tâche.

Quand à la troisième ... la troisième ne disait rien à Naphret. Du moins, pendant une seconde où son regard glissa distraitment sur elle. Il fallut un instant pour qu'elle remarque l'étrangeté - la peau blanche de nacre, les cheveux châtains. La Reyne sentit un frisson parcourir son échine. Quelque chose cria dans sa tête, comme un criquet strident, un avertissement. La peau blanche... la même que les étrangers dont parlaient les rumeurs - la même couleur que les hommes de son rêve...

Il fallut à Naphret tout son empire sur elle-même pour rester impassible, alors qu'elle avait envie d'ouvrir grand la bouche et de bombarder les arrivants de questions. Ne bouge pas les yeux. Ne bouge pas. N'oublie jamais. Tu es la Reyne. Lentement, elle s'obligea à lever la main, centimètre après centimètre, avec toute la noblesse qu'elle put y mettre. Elle resta ainsi une seconde, le temps de s'assurer que sa voix ne tremblerait pas.

"Qu'est ceci, gardes? Pour quelles raisons entrez-vous au Conseil, quand l'oudjat a été prononcé?"

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Hétep Ir Kaha » 14 Mai 2009, 10:16

Adjib, car tel était son nom, ne se releva pas. Genou à terre, échine courbé, il présenta ses excuses les plus sincères à la révérée Akh Ôr Naphret. Sans-doute que du point de vue d'un regard extérieur – à l'image de celui de la jeune femme à la peau laiteuse – le capitaine de la garde avait des allures de misérable repenti.

« Veuillez pardonner cette offense, ô Élue de Quinah. » avait-il murmuré.

Sa tête s'était inclinée encore. Puis, sans se relever, il avait continué d'une voix assurée, celle que l'on attend d'un capitaine, d'un meneur.

« Selon les ordres d'Hétep Ir Kaha, dit-il en hochant de nouveau la tête en signe de respect, lui seront présentés tout individu étranger à notre Cité...
_ Pas en salle de conseil ! »
gronda enfin Hétep, jusque là silencieux.

Son impatience avait parlé pour lui.

Adjib s'était relevé, incertain du comportement à adopter ou de la réponse à apporter, si réponse devait se faire. Il se contentait de rester immobile, prêt à obéir au mieux à la moindre injonction. Hétep, lui, c'était avancé. L'armure luisante aux lueurs paresseuses des torches chanta sa mélodie claire de ferraille en mouvement. Là haut, sous le casque à l'effigie du Faucon, il observait les nouveaux venus et plus particulièrement Megan dont la blancheur de peau l'intriguait. Était-il possible d'avoir traversé la Mer de Sable, l'Erg protecteur sans que jamais la peau n'arborent de teinte cuivrée ? À son tour, il s'obligea au plus grand calme, un millier de questions lui brûlant... le bec ! Une fraction de seconde, il eut envie d'ordonner à Adjib de conduire ces jeune personnes dans ses quartiers, afin qu'il puisse les interroger à son aise... mais sa Reine, aux allures impassibles, trop impassibles, souhaitait peut-être ajouter quelque chose.

Alors il ne pipa mot et attendit, sur le qui-vive, ses yeux noirs – derrière les Rubis du casque – résolument fixés sur Megan.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Anthmosis Naïlthan » 22 Mai 2009, 18:44

Une fois entré dans la salle, Antmosis salua la Reyne comme l’exigeait la règle. Il ne pipa mot, attendant tout simplement de savoir si l’on allait l’interroger ou non. Une fois le salut effectué, il recula, posant une main sur l’épaule de Megan, lui souriant doucement avant de retirer sa main. Il se demandait surtout quelles serait la réaction de la Reyne après l’intervention du demi-dieu. Il savait que leur interruption était loin d’être appréciable car ils avaient déranger une séance du conseil, ce qui ne devait pas se faire à moins d’une urgence extrême, et l’arrivée de Megan n’en était pas une. Le jeune homme reposa son regard sur l’étrangère, espérant que celle-ci, bien que ne pouvant connaître les coutumes de cette cours, réussirait à se tenir assez bien pour que la Reyne ne sois pas offusqué car, bien qu’elle sache que la jeune femme ne pouvait pas les connaître, elle n’était surement pas au meilleur de son humeur après l’interruption du conseil.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Akh Ôr Naphret » 24 Mai 2009, 22:53

Naphret leva la main, d'un geste impérieux, imposant le silence à tous. Lentement, elle se dirigea vers le siège royal et s'y assit, sans prononcer un mot. Non pas parce qu'elle en avait besoin, mais parce que cela lui donnait ainsi le temps de réfléchir. La situation dépassait tout ce à quoi elle s'était préparée. Elle avait senti les hommes du dehors, aux abords de sa vision, mais seulement comme une menace lointaine, dans l'espace et le temps. Elle s'était trompée - le moment du changement approchait pour Ohime. Non - le changement était déjà à leurs portes.

"Gardes" ordonna-t-elle. "Fermez les portes. Et vous, asseyez-vous. Tous."

Tandis que chacun s'asseyait, le regard de la Reyne restait fixé sur l'étrangère. Sans ciller. Fixes. Leur éclat vert avait quelque chose d'étrange - trop profond, trop mystérieux pour un regard de mortel. Quoiqu'elle eût le teint sombre de la plupart des Ohime, et que son physique n'eut rien d'exceptionnel, Naphret était la seule à avoir ces deux morceaux de jade sous les paupières ...

Quand le silence retomba sur la salle, elle lança un regard circulaire. Assis à la même table, deux Conseiller, un chef des gardes, une étrangère, deux soldats et un des hommes de Senenmout. Des personnes de rang bien différent, qui n'étaient pas censées se retrouver à la même table. Mais les questions de préséance étaient secondaires en cette heure, et aucun n'avait intérêt à se permettre de remarque. Lentement, elle tendit l'ankh d'or qu'elle portait à la main, indiquant muettement Megan. Le geste se passait de paroles. Parle, étrangère, disaient les yeux verts. Tous t'écoutent.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Megan Baxter » 01 Juin 2009, 21:01

A peine était elle assise à la table d’Antmosis, que Meg se retrouvait propulsé dans les rues d’une ville étrange, en compagnie de gardes et le tout dans le but de rendre visite à une reyne. Autant d’éléments qui même isolé auraient suffit à faire défaillir n’importe quelle jeune fille de bonne famille sur l’Atlas IV. Mais Meg n’était pas sur le vaisseau cité et elle n’était pas une jeune fille de bonne famille. L’humaine avait été élevée à la dure, dans des conduits malfamés et en compagnie d’être tous aussi peu recommandables les uns que les autres. La terrienne en avait gardé une méfiance exacerbée envers tout ce qui bouge et ne bouge pas et une extraordinaire capacité à ne s’étonner de presque rien. La vision d’une capitale verdoyante en plein désert restait cependant encore quelque chose d’impressionnant pour elle.

Tandis qu’elle était bringuebalait à belle allure dans la cité, la femme à la peau clair en profita pour jeter un œil sur ses habitants, après tout ceux-ci ne se gêner pas pour la dévisager. Tous avaient le teint mat et ils semblaient vivre en étonnante harmonie. Du moins se fut ce qu’il apparue à Meg pendant son court voyage où elle ne put qu’apercevoir très fugitivement la vie des Ohimes. Enfin, considérant qu’une bagarre éclatée environ toutes les cinq minutes sur l’Atlas IV, Ohime Quinah était d’un calme plat en comparaison.

La petite troupe arriva enfin au palais, un édifice immense aussi élégant que sobre auquel la terrienne ne pu prêter qu’une attention réduite toute occupée qu’elle était à réfléchir sur la conduite à tenir. Le chef des soldats lui donna un premier indice bienvenue. Se taire. Aucun problème pour Megan et cela l’arrangeait bien car elle se voyait mal engager la conversation comme si de rien n’était pour annoncer qu’elle venait d’une autre planète.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans l’obscurité du palais, la fraîcheur soudaine rappela à Meg à quel point elle était épuisée. La longue attente dans le désert suivi de ses deux marches forcées, dans les dunes d’abord, dans les rues ensuite l’avait laminée. Sa période de sommeil artificiel n’était pas non plus innocente car l’humaine avait dans ses souvenirs un corps plus vigoureux que celui qu’elle traînait lamentablement depuis quelques heures.

Un chat passant soudain entre ses jambes la fit sursauter. Les félins apparaissaient et disparaissaient derrière des enfilé de colonnes éclairées de torches et des murmures se faisaient entendre dans le lointain. On n’y voyait goutte et tout cela conférait à l’atmosphère une allure inquiétante avec comme des relents de menace. Aussi Megan fut elle de nouveau saisit lorsque enfin ils débouchèrent dans une vaste salle faiblement éclairée. La nuit pénétrée par des fenêtres sans verre et on pouvait y apercevoir un bout de ciel piqueté d’étoile. Près d’un brasero, éclairé à la lueur des braises et entouré de fumée à l’odeur entêtante se tenaient trois personnes. Deux d’entre elles portaient un casque d’or et de pierreries luisant étrangement dans la lumière estompée : un faucon et un chat. L’un était un homme bien battit qui semblait agacé d’avoir été interrompu. Une conversation d’importance ? Probablement, jaugea Megan. L’autre était une femme qui parlait peu mais semblait écouté avec une attention particulière, celle des sages. Megan frémit avant de poser ses yeux sur la troisième personne présente. La reyne. Une femme un regard pénétrant, hypnotique et chargé de tant de savoir que s’en était oppressant. Sa voix était clair, ferme lorsqu’elle interrogea le garde. Les Ohimes échangèrent quelques mots que Megan ne parvint à saisir, Antmosis lui témoigna de nouveau son soutient mais elle n’y prêtât guère attention, le regard sans fond d’Akh Ôr Naphret la troublait. L’humaine craignait de s’y noyer, elle détourna les yeux.

La jeune femme châtain revint à la réalité brusquement. S’asseoir ? Elle accueillit l’ordre avec gratitudes, heureuse de pouvoir enfin se reposer, mais sa joie fut de courte durée. La reyne venait de se tourner vers elle, braquant ses yeux sur Megan et lui intimant avec toute l’assurance du monde de parler. Impossible d’y échapper. Pourtant Megan n’en avait nullement envie, elle risquait au mieux qu’on la prenne pour folle au pire qu’on la brûle vive en place publique. Qui irait croire qu’elle venait de l’espace ? Mais comment échapper aux yeux de la reyne, à son ordre sans appelle et accessoirement à la ville toute entière ? La Terrienne renonçât à mentir, sans savoir pourquoi elle avait comme la certitude qu’Akh Ôr Naphret saurait discerné la vérité. Cependant l’humaine n’était pas obliger de tout avouer d’un bloc. Ils voulaient savoir qui elle était ? Elle leur dirait. Mais ils allaient devoir l’interroger pour connaître son histoire. La femme aux yeux bleus prit une inspiration et lança dans un souffle :

« Je suis Megan Baxter et je viens de très loin. »

Elle avait parlé suffisamment fort pour que l’on entende ses mots mais ils semblaient se perdre dans l’immensité de la salle du conseil. Devant le pouvoir des élues des dieux Ohimes, Meg n’était rien.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Hétep Ir Kaha » 12 Juin 2009, 11:13

À la seconde où Naphret ordonna, il y eut un murmure de cuirs et d'étoffes agités avant que les grandes portes de la salle de Conseil ne se referment. Muets, les gardes. Muets et obéissants promptement. Hétep avait soufflé brièvement, presque imperceptiblement. S'il avait été Merenptesh, nul doute qu'il aurait grogné de contrariété, comme seuls savent le faire les chacals que l'on importune. Pour Hétep, point de grognement, et il alla s'asseoir comme l'avait exigé sa Reine, muettement servile à sa cause.

À son tour, il avait détaillé les individus, quoique plus brièvement que ne l'avait fait Naphret elle-même. Adjib, son fidèle et non moins efficace capitaine de la garde. Antmosis Naïlthan, dont il redoutait la présence car il avait le don tout particulier de lui faire perdre patience en moins de temps qu'il ne fallait pour prononcer l'Oudjat. Tiât, dont il avait profité des nombreuses lumières lorsqu'il avait abordé le thème sensible des femmes, avec Khéphren. Deux gardes aux regards inquiets. Et puis la jeune fille à la peau laiteuse. Peau qui arborait quelques rougeurs après sa marche dans la grande Mer de sable.

Hétep semblait absent à qui ne le connaissait pas, la tête résolument tournée vers les colonnades comme s'il regardait vers les jardins parfumés. En réalité, sa vision latérale lui permettait de voir à la fois l'élue de Quinah, à sa droite, et les autres invités, à sa gauche. Sagement assis dans son siège de bois sculpté à son effigie, il attendait aussi patiemment que faire ce peu... Il n'aimait tout simplement pas être assis en de telles circonstances et il ressentait le besoin quasi vital de se lever. Il devait sentir, le poids de son corps au-dessus de ses pieds, le contact du sol, le moindre déplacement de son centre de gravité lorsqu'il se mettait en mouvement. Il devait, pouvoir se déplacer, se laisser aller à ces voltes-faces agacées, ces cent-pas soucieux. Assis, il n'en était que prisonnier, pieds et mains liés, incapable de retenir son impatience lorsqu'elle pointait le bout de son nez... et, bien évidemment, elle ne tînt guère longtemps, mise à rude épreuve par les paroles de la dite Megan Baxter.

« De très loin ? » tonna sa voix en réponse directe et spontanée.

Le bec avait claqué, sous le casque, trahissant une nervosité mal contenue. Se moquait-elle du monde ? Il se tourna entièrement vers Antmosis, sa façon à lui de montrer à ceux, peu habitués à ses regards en biais, qu'il sollicitait leur intervention.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Anthmosis Naïlthan » 12 Juin 2009, 13:12

Megan avait eu un discours…. Concis. Vraiment très concis en fait. Et cela sembla ne pas suffire à Hétep car celui-ci se tourna vers Ant afin de donner de plus amples informations. Ce dernier jeta un regard à Megan, un air faussement ennuyé sur le visage, avant de dire ce qu’il savait.

« Je vous présente mes respects, élue de Quinah. Voici donc ce que je peux ajouter au récit de Megan comme le général m’invite à le faire. Je l’ai trouvé dans la mer des sables, au pied d’une étrange bâtisse apparemment de métal. La jeune femme ayant l’air assoiffée, j’ai partagé avec elle mon outre avant de la guider jusqu’à notre ville. N’ignorant pas la règles concernant les étrangers, mais m’inquiétant de la santé de Megan, je l’ai d’abord emmené chez moi afin qu’elle puisse se restaurer et se reposer si elle le désirait, afin de pouvoir l’accompagner au palais demain pour la présenter à Hétep Ir Kaha. »

Son récit étant terminé, Ant inclina la tête afin de saluer la Reyne et d’indiquer qu’il avait finit son récit. C’est à ce moment là qu’il se souvint d’un détail important.

« Une dernière chose vôtre majesté : Serait il possible que vous m’accordiez une audience dès que cela sera possible ? Il me faut vous faire part d’une chose étrange que j’ai remarqué lors de mon séjour dans la mer des sables. »

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Akh Ôr Naphret » 14 Juin 2009, 11:58

Par la fenêtre dépourvue de vitres, chose inconnue chez le peuple de l'Oasis, une bouffée de vent chaud entra et vint jouer dans la salle. Elle souleva les mèches de Naphret, occupée à écouter chacun, caressa la peau brune d'Adjib, assis silencieux au milieu des autres. Elle effleura l'armure décorée d'Hétep, joua un instant dans les cheveux clairs de l'étrangère, souleva le bord des vêtements d'Antmosis et s'en fut, repartie pour son vol au-dessus de la ville.

Midi approchait, mais aucun de ceux présents dans la salle ne songeait à manger. Même la fatigue d'une matinée de palabres s'effaçait devant les évènements qui commençaient à bouleverser le présent et l'avenir de l'Oasis. Silencieuse, mais le feu de ses yeux trahissant une attention intense, la Reine écoutait. La réponse brève de l'inconnue prouvait bien qu'elle n'était pas une quelconque chimère, ni une créature surnaturelle envoyée par les dieux. Elle avait un nom, elle venait de très loin, et elle pouvait souffrir comme eux de la fatigue, à en juger de ses gestes las. C'était une chose rassurante. Mais par sa présence, elle confirmait aussi les histoires venues au Palais, parlant d'étrangers lointains dont on ignorait les intentions.

La réaction d'Hétep ne fâcha pas la souveraine. Bien au contraire. L'impatience du jeune général n'était pas toujours une mauvaise chose au Conseil. Entre Naphret figée dans le cérémonial de son rôle de Reine, Senenmout et Tiât qui ouvraient rarement la bouche, et Thot à la parole lente et sage, il fallait l'énergie du Chacal et du Faucon pour que le Conseil ne s'enlise pas. Ainsi aujourd'hui, Antmosis fut conduit à ajouter rapidement les précisions qui manquaient au récit du capitaine. Ses mots firent courir un léger frisson sous la peau brune de la Reyne. Elle avait tout d'abord songé à une étrangère venue en émissaire, mais l'histoire était plus étrange encore. Au milieu de l'Erg? Seule? Et quelle était cette étrange chose de métal, comme les mystérieux sanctuaires de métal qui dormaient quelque part dans les sables ?

Naphret s'apprêtait à ouvrir la bouche pour répondre, quand Antmosis ajouta une demande pour le moins imprévue. Impérieux, les yeux de la souveraine pivotèrent et dévisagèrent le jeune homme. Elle serra les lèvres, y faisant mourir une réplique cinglante. Même si la réplique tombait mal, au beau milieu d'un conseil en train d'interroger une étrangère, elle ne pouvait négliger la possibilité qu'il ait effectivement noté quelque chose d'important. A nouvelle situation, nouvelles solutions, même si elles impliquaient de biaiser quelque peu avec les rituels de la cour. D'un geste, elle fit signe aux autres présent de ne pas relever et pointa le fléau d'or en direction de la poitrine d'Antmosis.

"Une chose qui ne puisse être dite même au sein du Conseil, ni confiée à Hétep, le Général en charge de l'Erg? Il doit s'agir d'une bien importante nouvelle. Si tu es assuré devant Quinah qu'elle en vaut la peine, alors soit : tu resteras après cette assemblée."

Après un instant de silence, Naphret reporta les yeux sur l'étrangère. Malgré toutes les énigmes qui l'entouraient encore, elle bénéficiait des lois de l'Oasis, comme tous dans cette salle. Et l'une de ces lois était que lorsqu'un homme donne son nom, il est en droit d'exiger de son interlocuteur qu'il réponde par le sien, fût-ce la Reine en personne.

"Megan Baxter, je suis Akh Ôr Naphret. Quinah, louée soit-elle, m'a confié la charge de conduire et protéger le peuple d'Ohime. Antmosis t'a trouvée dans l'Erg, seule et sans provisions à bien des jours de voyage des frontières. Le grand Erg ne se laisse pas traverser ainsi, sauf par les Dieux. Comment es-tu arrivée là?"

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Megan Baxter » 05 Juil 2009, 18:56

L’homme au casque de faucon venait de s’énerver. La femme à la peau blanche n’avait pas fait attention à ses propos toute sa concentration portée sur la Reyne, mais l’homme lui en voulait visiblement. Avant qu’il n’ait put poursuivre Antmosis prit la parole à son tours. Une histoire d’audience ou quelque chose comme ça. La Reyne l’écouta aimablement il ne fut pas vraiment blâmer, ils avaient l’air zen dans la région ne put s’empêcher de songer l’humaine avant que la femme au yeux vert ne reprennent la parole.

Erg. Quinah. Dieux ? Ce devait être le cas pour Quinah. Quand à l’Erg…Probablement le désert. Megan réfléchit à toute vitesse. Les questions d’Akh Ôr Naphret, puisque c’était ainsi qu’elle se nommait, étaient simples et lapidaires mais les moyens d’y répondre étaient rares. Si la jeune fille ne pouvait mentir sans que la Reyne ne s’en aperçoive, c’était une certitude pour Megan, elle allait tout de même être obliger d’agir. Des frontières avaient été évoquée, donc ce peuple avait parfaitement conscience que d’autres contrées que les leurs existaient. Avec un peu de chance il s’étaient peut être dit que d’autres hommes habitaient cette terre. Voir que d’autres planètes habitables se baladaient gaiement dans le cosmos. L’humaine aurait aimé s’en assurer par quelques questions mais elle craignait qu’un tel comportement soit mal vu.

Dire la vérité ? Pourquoi pas… La jeune femme n’était pas suicidaire, mais elle n’était pas non plus très attachée à la vie qui jusqu’à présent c’était révélée être un attrape couillon. Mais quand même, devant pareille situation, on a la trouille ! Meg entendait son cœur battre à tout rompre, comme une turbine de l’Atlas. Le sang lui montait à la tête, lui faisant affreusement mal. Elle voyait flou aux extrémités de son champ de vision. Et puis zut, une fois que tout serait dit, ils la sacrifieraient sur la place publique et on n’en parlerait plus !

« Je viens…je viens d’une ville géante flottant dans l’espace. Son ton était rapide et saccadé, tant qu’elle n’était pas sur que ses interlocuteurs comprendrait tout, surtout avec son accent. Il y a eut un problème et la ville est tombée sur votre planète, peut être très loin d’ici d’ailleurs. Mais certains de ces habitants, dont je fais partie, en ont été éjectés dans des sortes de grosses boîtes qui se sont probablement dispersées un peu partout. »

Voilà, s’était fait. Finalement ce n’était pas si dure, et puis la Reyne ne la croirait probablement pas.

Megan eut soudain une révélation. Elle avait lu des comptes rendus de rencontres entre les vaisseaux humains et des planète habitées. Et si certain en avait largement tiré profits, les Cortesians par exemple, d’autre aurait mieux fait d’envoyer paître les humains, les Monteris pour ne citer qu’eux. Ces derniers étaient trop gentils pour être sain d’esprit ! Si le module de Megan avait atterrit dans le secteur, il ne faisait aucun doute que le vaisseau viendrait le chercher tôt ou tard. S’il n’avait pas explosé dans un joli nuage en forme de champignon évidemment. Quoiqu’il en soit, si des Atlantes débarquaient à Ohime Quinah, se serait une belle boucherie, le fossé culturel était bien trop important.

« Je ne sais pas s’il y a beaucoup de survivant
, Megan adoucit son ton pour tenter d’être la plus polie possible, elle essayer tout de même de donner conseil aux dirigeant du patelin. Mais s’ils sont nombreux vous devriez vous tenir prêt à les rencontrer. »

Coup de maître ou pure folie, elle n’allait pas tarder à le savoir.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Hétep Ir Kaha » 01 Aoû 2009, 12:27

Je n'étais pas certaine que des concepts tels que "espace" ou "planète" étaient très familiers des Ohimes et j'ai estimé que ce n'était pas le cas. Si ça fait trop arriéré mental, j'éditerai.

*°*°*°*°*°*°*°*°*

Si Hétep avait pu, il aurait grogné. Son regard alla se planter sur Antmosis, et les griffes de ses mains, comme de minuscules serres non moins solides que celles de ses faucons, il tira une plainte aigu des accoudoirs en métal dorés de son siège. Ils représentaient deux grands faucons aux ailes déployées, la tête en avant dans une attitude offensive, le bec largement ouvert. Et tout autour de la tête, sur les plumes finement sculptées, on pouvait distinguer quelques rayures, preuve que le conseiller occupant ce siège y usait régulièrement ses griffes dans cette attitude de rage contenue. Une chose à dire qui ne le regardait pas ? Il n'aimait pas cela ! Mais il se tut, interceptant le geste de Naphret qui l'invitait, sinon à ne pas réagir, à se taire. Ce que, il fallait bien l'admettre, Hétep eut bien du mal à honorer.

Alors il écouta la voix prudente et doucereuse de sa reine, comme on écoute le murmure du Nibil apaisant, et il l'admira d'être capable d'autant de calme et de sagesse. Il pensa, les yeux mi-clos, que si ces questions lui avaient été posées à lui, il lui aurait alors avoué tout ce qu'elle aurait voulu savoir. Mais manifestement, le charme de l'élu de Quinah n'opérait pas de la même manière sur lui et sur la dénommée Megan Baxter, car cette dernière laissa passer un silence insoutenable pour notre faucon pressé. Pire encore, lorsqu'elle se décida enfin à prendre la parole, ses mots furent d'une déconcertante incohérence. Cependant, l'émotion qu'elle y mettait, les mots précipités, la voix presque chevrotante, démontrait son honnêteté. Et même si Naphret seule était en mesure de démêler la vérité du mensonge, le jeune homme la cru.

Et d'un bond, Hétep se leva, ne tenant plus assis sur ce siège aux allures de trône. Les franges de cuir de part et d'autre du casque, comme deux nattes, claquèrent. Les mailles à sa ceinture éraflèrent les accoudoirs, succession de tintements clairs comme ces pièces d'or jetées sur un tas déjà conséquent. Dans son mouvement de colère, il en oublia de se présenter, et sa voix tonna, puissante et ponctuée de claquements de bec, répercutée de manière étrange, sous le masque froid.

« Seriez-vous venue nous menacer ?! Il suffit ! L'interrompit-il, se laissant une seconde pour passer en revue le flot de questions qui se ruait vers lui. Vous parlez d'une cité flottant sur un océan appelé Espace. Comment une île peut-elle tomber ? Quels sont ces problèmes dont vous parlez ? Que sont ces grosses boîtes que vous évoquez ? Combien y en a-t-il ? Où sont-elles ? »

Puis, sans laisser à Megan l'occasion de lui répondre, il s'avança vers Antmosis, ignorant les sollicitations de Tiât qui l'invitait à se reprendre. D'un geste de la main, il exhorta Adjib à se lever, prêt à ordonner ce qu'il avait en tête et s'adressa au jeune chasseur de serpents, non sans une nouvelle froideur. Il connaissait l'énergumène et n'était pas tellement d'humeur à supporter ses objections. Aussi, un ton abrupte lui paru plus approprié, si seulement cela pouvait être susceptible de dissuader le jeune homme d'ouvrir la bouche inutilement.

« Antmosis Naïlthan, où l'avez-vous trouvée ? Était-ce cette échine gigantesque, semblable à une armure enfouie sous les dunes ? »




Edit Seby : message d'Antmosis supprimé et renvoyé par MP pour éviter de bloquer le jeu...

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Megan Baxter » 17 Aoû 2009, 17:02

Pur folie. Au moins, Megan avait sa réponse. Et à voir l’homme au casque de faucon se démener ainsi, elle avait en plus de forte chance de finir au pal. Génial…
Le visage de la jeune femme pâlit tant que même les plaques rouges dont le soleil l’avait affublé disparurent sous la blancheur de la peur. Enfin, la peur, le mot était fort. Megan n’avait pas peur de grand-chose car elle était peu portée sur les sentiments puissants, chez elle toute sensations étaient noyées sous le flot de l’amertume. En fait de peur, s’était plutôt de l’effarement, de l’appréhension, une sorte de crainte sourde aussi sournoise qu’un cortésiens mais pas suffisamment intense pour généré panique et crise de larme.

Enfin, elle était loin de jouer les fières, elle gardait ses yeux bleus baissés et priait pour qu’on l’oublie. Evidemment elle n’était pas laïc pour rien, les dieux, s’ils existaient, la laissèrent dans le pétrin, pire même, l’homme faucon se rua sur elle pour lui poser un flot de question des plus agressive. Avant qu’elle ait pu répondre quoi que ce soit, il se tournait déjà vers Antmosis pour l’harceler à son tour. Décidément quel homme imposant, intimidant même… Il avait une façon étrange de se déplacer, sûr de lui et masculin mais également avec un petit quelque chose…d’aérien ? Mais le plus inquiétant était les petits sifflements et autre claquements qui ponctuaient ses phrases. Et si ce masque d’animal cachait autre chose qu’un visage humain ? Ce devait être de même pour la femme-chat bien que son mutisme ne permette de l’affirmer.

Megan hésita encore sur la conduite à tenir, l’homme-faucon lui avait posé des questions, visiblement ce peuple et les habitant de l’Atlas n’avaient pas du tout les mêmes références culturelles et avec ses histoires d’espace, d’autre monde et de moteur en panne, l’humaine était mal partit pour s’expliquer. Ne sachant trop si elle devait interpeller l’homme au casque pour qu’il rapporte son attention sur elle ou si elle devait se taire. Meg finit par choisir à mi-chemin entre les deux. Elle reporta son regard sur la Reyne en désespoir de cause. Ces deux yeux verts dans lesquelles on se noyer si vite.

-Je ne menace personne, ce n’est peut être pas le cas de tout les membres de ma…, Megan hésita, cherchant le mot juste quelque seconde avant de se rabattre sur un terme inapproprié qu’elle dit à contrecœur, communauté. Cette cité flottante n’est pas vraiment une îles, ce serait plutôt un oiseau. Megan grimaça à cette comparaison tiré par les cheveux, L’Atlas ressembler autant à un oiseau qu’elle même à une loutre rose à cinq patte, elle poursuivit tout de même de la même voix tendue :

- Un oiseau gigantesque volant dans un ciel sans fin appelé espace. Quand au problème qu’il l’ont fait tombé, je…je ne sais pas ce qui s’est passé et je m’en contrefiche. Expression trop vulgaire ? Trop tard, autant enchaîné le plus vite possible.

- Les grosses boîtes se nomment module elle amortisse le choc quand la cité tombe. Je ne sais ni combien il y en a, ni où elle se trouve.

La jeune femme espérait que l’homme-faucon se contenterais de cet os à ronger pour apaiser sa colère.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Hétep Ir Kaha » 17 Aoû 2009, 19:11

Il s'était arrêté, enfin, droit sur ses jambes et immobile comme ces statues érigées en l'honneur des demi-dieux. Hommes à tête de crocodile ou de bœuf figés dans une dignité curieuse, le regard vide fixé sur l'immensité du néant. Un instant, on ne sut plus si le général des armées était lui-même l'une de ces œuvres austères ou un être de chair et de sang. Mais la tête avait bougé subrepticement, projetant un éclat de soleil dont l'un des rais s'était perdu dans les Rubis, à la place des yeux. La peau brune frémissait à peine, mue par les mouvements placides de la cage thoracique. Étonnant, lorsque l'on observait l'individu, mais Hétep Ir Kaha était ainsi, capable de s'emporter pour un rien et de revenir au calme d'une seconde à une autre. Un pur paradoxe. Et ainsi tourné vers Antmosis, il observait Megan tout à son aise tout en s'abreuvant de ses paroles.

À son tour, il se tourna vers sa reine. Cependant, il ne demandait aucun accord. Juste, un détail. Les mots prononcés par la jeune femme à la peau de nacre lui rappelait vaguement quelque chose et il avait besoin de savoir si ce vers quoi galopaient ses idées risquait de viser juste, ou non. Une île tombée du ciel ? Les écrits parlaient de quelque chose de différent. D'un morceau du chariot de feu filant à vive allure vers l'Est, tentant de semer, dans son sillage, le sombre Aapep. Il n'y avait pas assisté, cela s'était produit il y avait bien longtemps, mais il se souvenait l'avoir lu et les inquiétudes de l'élue de Quinah semblaient tout à coup prendre une tournure plus précise. À quoi pensait-elle, silencieuse et sereine sur son trône ? Les secondes s'égrainèrent sans qu'aucune réponse ne soit apportée à cette interrogation muette.

De l'extérieur, un sifflement, puis, slalomant entre les colonnades, une fauconne s'invita au conseil. Le bout de son aile droite toucha le mur et la déstabilisa, tant et si bien qu'elle du battre de nouveau des ailes pour recouvrer un semblant d'équilibre. Elle alla se percher sur l'épaule de Hétep, maladroite comme à son habitude, griffant la peau de ses serres puissantes. Elle observa, de son unique œil gauche où naissait la larme sombre caractéristique des Pélerins, la scène et les individus qui se trouvaient là. Consciente sans-doute qu'en cet instant, il n'y avait plus qu'elle à encore bouger et à focaliser toute l'attention, elle se redressa et gonfla doucement les plumes de son cou. Quelques chats l'avaient vue entrer et s'étaient aplatis au sol, les oreilles dans le poil, prêts à bondir comme de sournois prédateurs. Mais la proie était en lieu sûr et ils durent renoncer, préférant courir après d'hypothétiques nuisibles le long des murs de pierre. Horis, car tel était son nom, tapota du bec sur le casque, signifiant ainsi que cet objet la dérangeait. À vrai dire, elle semblait surtout se battre contre son propre reflet, furieuse de trouver concurrence sur l'épaule de son maître !

Hétep profita alors de cette intervention pour porter les mains au masque. Tiât émit une gentille mise en garde sans véritable conviction, persuadée que, de toutes les façons, le chef des armées n'en ferait qu'à sa tête. Ce qui n'était pas faux. Et il ôta le casque qu'il posa sans douceur sur la grande table de conseil, brisant enfin le silence qui s'était abattu. Là, il observa de nouveau Naphret, lui laissant tout le loisir de mieux le regarder – lui – et de lire dans son regard inquiet. Horis avait tourné la tête, délaissant sa contemplation des lieux et entreprit de lisser les plumes d'albâtre et de jais du demi-Dieu, sous l'œil amusé de Tiât.

Adjib n'avait pas bougé, à l'affût de l'ordre que son meneur avait renoncé à lui donner. Il ne lui en tenait pas rigueur, habitué à ses brusques changements. Non pas qu'Hétep soit indécis, mais sa promptitude à changer d'avis était parfois déconcertante. Comme si le jeune chef des armées était traversée d'une idée plus géniale que la précédente, il donnait parfois ordre et contrordre dans la même seconde, sans jamais s'égarer dans ses choix.

« De grâce Kaha, épargne cette enfant de ton courroux. Quelle image donnes-tu de notre peuple ? Sermonna alors la femme au masque de chat d'une voix placide et ronronnante. Regarde-là, elle est épuisée. »

Naturellement, Tiât parlait au nom des femmes et prenait leur défense avec justesse et intelligence. Elle avait raison, et Hétep le reconnu volontiers, la remerciant d'un hochement de tête. Les paupières nictitantes clignèrent rapidement et il s'obligea à se tourner vers Megan, gêné dans son observation par la présence d'Horis sur son épaule gauche. Son bec était resté entrouvert, aspirant l'air frais. Il en avait tant manqué, sous son casque, qu'il respirait à présent avec une curieuse délectation celui que la nuit lui offrait. Oubliant Adjib et Antmosis, il fit signe à une servante qui s'effaça, légère et rapide comme ces Fenecs méfiants, dans l'ombre des piliers. Puis il regagna finalement sa place, s'asseyant avec une sérénité ahurissante compte tenu de son précédent excès de colère. Sa voix s'était faite moins abrupte, bien que toujours aussi autoritaire.

« Megan Baxter, je suis Hétep Ir Kaha. Obtempéra l'homme à tête de faucon. Chef des armées. Pouvez-vous me dire combien de vos semblables sont réfugiés dans ce que vous appelez Modules ? »

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Megan Baxter » 19 Aoû 2009, 14:46

Un bec acéré jaune et noir. Une gueule écarlate. De grands yeux bruns. Et des plumes monochromes. Ce n’était pas le faucon pèlerin venant de surgir de dehors que Meg dévisageait avec une insistance presque éhonté mais bien l’être sur lequel il était juché. Un homme-faucon, elle n’aurait jamais crut viser juste. Depuis le début de cet entretient il avait bien semblait à l’humaine que cet homme puisant était entouré d’une aura de mystère. Apparemment tous le respectaient autant que la Reyne. Maintenant elle savait pourquoi. Hétep Ir Kaha, puisqu’il se nommait ainsi, n’était pas humain. Enfin pas tout a fait.

Megan blêmit de nouveau, elle était devenue si pâle qu’elle en paressait translucide, du moins c’est ce qu’elle crut. Le sang battait à ses tempes et elle entendait comme un bourdonnement continue dans son crâne. Elle aurait aimé s’évanouir, fuir ces questions dont elle n’avait pas la réponse mais son esprit refusait d’abandonner son corps à un sort inconnus. L’homme faucon lui avait parlé, elle devait répondre mais n’avait saisie que quelques mots. Combien étaient ils c’est ça ?

« J…je…ne sais pas… » Sa voix s’éteignit sur le dernier mots comme une ampoule qui menace d’expirer depuis longtemps et claque d’un coup. *C’est marrant l’énergie, ça marche comme les ampoules. Je me demande si on peut recharger mes batteries. Ne put elle s’empêcher d’ironiser.*

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Hétep Ir Kaha » 25 Aoû 2009, 11:45

Une seconde, Hétep sembla hésiter. Il dévisageait Megan autant qu'elle le faisait de son côté, mais pour une toute autre raison qu'elle. Autre chose occupait ses pensées à l'instant et c'était l'inquiétude. Car la jeune femme, déjà blanche de peau, semblait devenir plus pâle à mesure que le Conseil s'éternisait. Lorsqu'elle prit la parole, il sut qu'il valait mieux éviter de pousser plus loin cet interrogatoire sous peine de la voir tomber raide évanouie à ses pieds – ou plutôt à ceux de Tiât, cette dernière étant plus proche de Megan que Hétep, assis à l'autre bout de la table sur son siège cuivré.

La jeune servante à qui il avait adressé un geste venait de revenir, un plateau dans les bras. Il y avait là un bol débordant de fruits et une carafe d'eau fraîche qu'elle déposa devant la jeune terrienne avant de s'éclipser aussi vite qu'un chat. Hétep ne prononça pas le moindre mot, occupé à ses réflexions intérieures et à l'observation de la jeune femme, surpris aussi que Antmosis n'ai pas encore pris la parole pour exposer une opinion irritante. Ce fut Tiât qui prit le relais, invitant gentiment Megan à se servir tandis que le chef des armées gardait le silence.

Elle ne savait pas combien ils étaient. Ils venaient de l'échine métallique. D'autres étaient encore prisonniers à l'intérieur. Leur « monde volant » avait fait une chute effrayante. Avaient-ils besoin d'être secourus ? Étaient-il hostiles ?

« Adjib, escorte ! décida subitement Hétep en se levant d'un bond. Je veux voir cela de mes yeux. Antmosis Naïlthan, vous nous ouvrirez la voie. »

Adjib s'était levé et avait disparu derrière les grandes portes de la salle du Conseil, provoquant quelques bruits sourds dans les couloirs. Le demi-dieu, quant à lui, alla récupérer son casque.

« Va Horis, Oudjat ! » murmura-t-il à sa fauconne qui s'envola non sans une exclamation contrariée.

Il avait pris cette fâcheuse habitude de congédier l'oiseau en prononçant le mot « oudjat », réservé en temps normal à l'élue de Quinah pour prononcer la fin du Conseil. Née d'une boutade lorsqu'il était encore jeune, l'expression avait fait partir Khéphren d'un grand éclat de rire et était finalement restée. Horis y obéissait par ailleurs si bien qu'il devenait inenvisageable de changer cette locution, quand bien même cela lui attirait les moqueries des autres membres du Conseil. Pour l'heure, débarrassé de la fauconne, Hétep remis son casque et salua Naphret avec plus de respect qu'il ne lui devait, prêt à partir, spontané et impulsif comme à son habitude.

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Anthmosis Naïlthan » 26 Aoû 2009, 10:40

Antmosis ne fût pas étonné par l’éclat de colère du demi-dieu mais cela ne l’empêchait pas d’être surpris car il ne l’avait pas sentit venir, occupé par d’autres pensée. Comme Hetep le disait lui-même, comment une île pouvait elle flotter ? Mais Ant ne se souvenais pas d’avoir entendu Megan parler d’une île, seulement d’une ville. Son peuple aurait donc t’il construit une ville sur un bateau géant ? Et quelle était cette espace ? Comment pouvait-on tomber d’un océan et finir dans le désert ?

Ant avait du mal avec tout cela, mais, en regardant distraitement le hiéroglyphe sur les murs – car Hetep s’intéressait à Megan et non plus à lui – il aperçut un Seigneur des sables, un Raana. Il eut un éclair de lucidité ! La solution était la ! Les Raana semblaient nager dans le ciel comme les poissons dans un océan. Et une ville flottant dans le ciel pourrait tomber en plein dessert et non pas couler ! Mais c’était tellement invraisemblable qu’Ant se mit à douter de cette solution. Les cieux étaient les royaumes des dieux, comment de simples hommes auraient ils pu y construire tout une ville ? Mais c’est cette théorie qui se révéla être la bonne si l’on se conformait aux dire de Megan.

Ant fût vraiment stupéfié d’une telle chose mais ne laissa pas ceci se montrer sur son visage. Si des humains pouvaient vivre dans le ciel infini, où se trouvaient donc le royaume des dieux ? Car l’âme du défunt monte dans ce royaume, c’est donc que ce dernier se devait se trouver au ciel.

Mais Ant fût interrompu dans ses tergiversions pas Hetep qui lui demandait de le conduire la où il avait trouvé Megan. Il souhaitait même partir immédiatement. Ant jeta un coup d’œil par l’une des fenêtres. Le soleil était couchant. Ce n’était pas le meilleur moment pour partir, et puis, il venait de passer de nombreux jour et n’avais que très peu dormi. Bien qu’il ai l’habitude de ce genre de sortie, il savait qu’il lui fallait se reposer si il voulait être au meilleur de sa santé.

« Sans vouloir vous offenser général, le crépuscule et la nuit ne sont pas les meilleurs moments pour ce genre d’expédition. Et mon corps et mon esprit aspire à une bonne nuit de repos après ces plusieurs jours dans le désert. Seriez-vous d’accord pour repousser à demain cette expédition ? »

Le ton était sincèrement poli. Ant n’avais vraiment pas le goût d’être irritant et il savait que cela le desservirait plus qu’autre chose.

« Et si cela et possible, et qu’elle en a le désir, je me propose d’héberger Megan cette nuit. Je puis lui offrir de quoi se nourrir et se vêtir. Je me doute bien qu’elle n’y sera pas aussi bien qu’au château mais cet honneur pourrait-il m’être accordé ? »

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Akh Ôr Naphret » 08 Sep 2009, 13:11

Comme à son habitude, Naphret n'avait que très peu participé à la conversation. La Reyne avait été ainsi depuis que, toute jeune, elle avait été introduite au palais, marquée par la Déesse. Peut-être à cause de ses origines humbles, elle s'était fait une devise d'écouter avant de parler, afin de ne pas commettre de maladresse. Ses maîtres lui avaient enseigné, à leur tour, quelle prudence l'exercice du pouvoir requérait. A Ohime, l'autorité de la Reyne n'était jamais contestée, mais nombreuses étaient celles qui s'étaient attirés la crainte du peuple par des décisions irréfléchies, conduisant des caravanes à mourir dans le désert ou la Cité à souffrir de la faim. Naphret s'était juré d'éviter cela à tout prix - et si son principal défaut était peut-être de paraître pusillanime, elle n'avait en tous cas pas celui d'être imprudente. Aussi, aux paroles de Megan, la Reyne avait-elle quitté son trône et avait gagné la fenêtre. Elle dissimulait ainsi, autant que possible, le trouble qui l'avait gagnée à mesure que parlait la jeune femme.

Quand la jeune femme avait évoqué l'Espace et une planète, ces mots ne lui avaient pas évoqué grand-chose. Mais tout comme d'autres ici, elle faisait le lien avec le météore qui avait traversé le ciel, auquel de nombreux noms avaient été donnés ...

Son absence à la table haute, subtilement, se faisait sentir. Elle incarnait, par sa seule présence, l'ensemble de règles et de codes qui régissaient les rapports entre les Ohime. Cette sorte de gravité qu'elle entretenait sciemment, en utilisant les mots sacrés polis par l'usage, était un carcan destiné à maintenir le conseil dans le calme. Cette étreinte s'était desserrée quand elle s'était éloignée. Rapidement, de chacun ressurgissait ses traits de caractère : les questions et réponses s'entrecroisaient, Hétep bourdonnait d'énergie, révélant à l'étrangère le vrai visage des demi-dieux (bien que ceci n'aie pas semblé la rassurer), Tiât intervenait à la place de la souveraine pour modérer les assistants, Antmosis ne craignait pas de faire entendre sa voix parmi les demi-dieux, Megan défendait sa cause avec une énergie faiblissante.

Tout ceci était bon. Les souverains qui ne laissaient pas un minimum d'improvisation dans les conseils risquaient d'étouffer nombre de bons avis. Parler sans contrainte libère l'esprit et permet à une certaine forme de bon sens de s'exprimer. Plusieurs choses dans les paroles lancées à tout va dans la salle du Conseil l'ont frappée et donnent à réfléchir. Dans l'ombre du fin rideau qui la sépare des siens, Naphret est visible comme une ombre noire, muette et attentive. Toutefois, il ne faut pas que les choses aillent trop loin. Il arrive un moment où cette énergie constructive tournera au désordre : généralement, il ne faut pas plus d'un mot, un simple petit mot pour que la discussion tourne aux personnalités. Aujourd'hui, c'est du jeune servant de Senenmout qu'il est venu, ce mot de trop, et si Naphret n'intervient pas pour remplir son rôle d'arbitre, la conversation va tourner aux épices.

"Antmosis." résonne soudain la voix calme de la jeune femme reine, venue du coin d'ombre dans la fenêtre. "Il n'est pas de ton ressort d'apprendre à un général quelles heures sont bonnes ou mauvaises pour entreprendre une expédition. Cependant, je conçois que tu viens à peine de rentrer à Ohime et qu'au repos tu aspires. J'aimerais également, avant que parte l'expédition, que Meren, Thot et Senenmout soient informés des choses qui ont été dites en ces lieux. Je t'enverrai à ton maître après cette audience que tu as réclamée. En attendant, demeure ici. Tiât, rends-toi aux temples et parle à l'Ibis et au Chacal. Va, et sois ma voix."

Sans laisser à quiconque le temps d'ouvrir la bouche, Naphret pivote sur elle-même et continue.

"Hétep, ajoute aux hommes d'Adjib quelques-uns des Meph Djynn, les meilleurs et les plus rapides des cavaliers. Eux seuls, après la visite de l'Erg, continueront avec toi, tandis que les autres rentreront. Tu iras vers le Nord, vers N'qâta, vérifier la présence d'autres étrangers vers selon ce que nous avons décidé tout à l'heure. Puis tu es libre de continuer vers le Levant, selon ton souhait. Dans deux lunes tu reviendras et me rendras compte de tout. Va, et sois mes yeux."

D'un signe de tête, elle signifia au Faucon qu'elle approuvait son projet, malgré les mots qui le modéraient. Il fallait que quelqu'un se rendît sur place pour vérifier les dires de l'étrangère. Déjà, Tiât s'inclinait à son tour, se préparant à aller voir Thot l'Ibis et Meren, les deux demi-dieux absents. S'asseyant à nouveau à la table, la Reyne donne ses derniers ordres sans explication, et son ton n'admet pas de réplique.

"Mais quand à Megan Baxter, elle ne sera pas hébergée dans la ville. Gardes, emmenez-la à la chambre aux serpents. Et pour la seconde fois, je prononce l'oudjat - le Conseil est terminé. Allez!"

Bien que son nom sonne assez désagréablement, la Chambre aux Serpents n'est que l'une de celles destinées aux invités du palais, qui doit son nom aux fresques sur ses murs. Mais nul ne songe à rassurer la jeune étrangère à ce sujet. Naphret elle-même ne lui a plus adressé la parole, pas plus qu'elle n'a repris la conversation sur les mystérieux évènements qu'ils ont évoqués. Non qu'elle ne les tienne pour mensonge ou folie. Mais c'est justement parce qu'ils touchent aux limites du savoir des Ohime, que ce Conseil doit s'achever là. Sinon, la nuit s'achèverait en interrogations avant qu'ils puissent arriver à une décision.

Dans le foyer central, les bâtons d'encens s'éteignent doucement, sans que personne ne vienne les remplacer. Aux murs, les torches elles-mêmes arrivent doucement à leur fin, mais nul ne viendra les remplacer. Dehors, le crépuscule est tombé, à mesure que la journée passait. Nul n'a remarque le rapide coucher de soleil tomber, à mesure qu'ils parlaient. Sous ces latitudes, le soleil se couche rapidement, et déjà la nuit approche, noyant la salle dans une semi-pénombre. Et alors qu'à l'exception d'Antmosis, chacun s'apprête à quitter la salle, le visage de Naphret reste impénétrable. Ses yeux de jade, semblant luire dans la faible lumière, se tournent vers le jeune homme, signe qu'elle attend de lui la parole pour laquelle il a demandé à la voir.


J'ai volontairement "évacué" la question d'espace etc, puisque Naphret compte rejoindre Megan pour poursuivre cette conversation après l'audience. Libre à vous de développer les RP à partir de la base de ce conseil ;)

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Akh Ôr Naphret

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Re: Conseil et tour d'horizon

Messagepar Hétep Ir Kaha » 12 Sep 2009, 21:01

Rien d'autre qu'un claquement de bec furieux n'eut le temps d'émaner du chef des armées, car sa reine, déjà, avait donné de la voix. Et lorsque l'élue de Quinah se faisait entendre, alors rien ni personne n'était autorisé à interrompre le flot de ses paroles. Hétep hocha la tête, bercé par le ton placide et raisonné, recouvrant peu à peu son calme après que le dénommé Antmosis soit parvenu à lui faire perdre patience, encore. D'un autre côté, rares étaient les personnes à pouvoir se vanter de ne jamais être venu à bout de cette notion très étrangère à Hétep, une simple seconde d'hésitation à répondre à l'une de ses questions suffisant parfois à le faire bondir d'un coin à l'autre de la pièce. Pour l'heure, il se contenta d'une révérence respectueuse.

« Il sera fait selon votre volonté, et selon celle de Quinah. » Promit-il avec une douceur inattendue.

Et aussitôt, il tourna les talons et sortit de la salle de conseil. Il avait, dans l'ordre, à s'entretenir avec Senenmout et hésitait encore à faire venir ce dernier dans ses quartiers ou à se rendre lui-même dans ceux du principal intéressé. Venaient ensuite les innombrables questions qu'il avait à poser à Khéphren, son précepteur et qui, il le devinait, l'occuperaient une bonne partie de la nuit. Certes, il était pressé de voir, d'entendre, d'apprendre et de se rendre sur les lieux qu'avait évoqué Antmosis, mais il s'en rendait compte en cheminant dans les couloirs du palais, la précipitation risquait de lui causer plus de préjudice que la réflexion. « Prends le temps de t'organiser, Kaha. » lui aurait conseillé Khéphren. Et il aurait eu raison.

Adjib le tira de ses pensées bondissantes, lorsque ses yeux bleus se posèrent avec surprise sur son commandant. Hétep s'arrêta à sa hauteur et ordonna ce qu'avait préconisé Naphret quelques minutes plus tôt, précisant que le convoi partirait dans la soirée du lendemain, ce afin d'éviter les heures les plus chaudes et de finir grillé au beau milieu de la mer de sable.


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Hétep Ir Kaha

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