« Tu ne m'attends jamais avant de partir, en ce moment... » bouda un peu Benedikt alors qu'il venait d'arriver à la hauteur du tatoueur. Bon, elle n'aurait pas dû parler de tout ça, aussi, la danseuse... Il n'était pas de mauvaise humeur, au moins, Vrass, hein ?
« Je préfère rentrer avec toi... En plus, j'aurais jamais retrouvé le chemin de l'auberge tout seul... »De toutes façons, le botaniste avait un peu d'énergie et ne manqua de le rendre plus un peu plus gai sur le chemin du retour grâce à quelques remarques impensables. Le temps qu'ils arrivent à l'auberge, la nuit était décidément complètement étendue sur Ohime Quinah. Benedikt s'arrêta devant l'entrée pour jeter un dernier regard aux étoiles qui brillaient au dessus d'eux.
« On les voit mieux ici... non ? » déclara-t-il émerveillé, avant de rentrer à l'intérieur sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller tout le monde.
Le botaniste ne mit pas plus de dix minutes à s'endormir cette nuit-là, blotti comme d'habitude contre le tatoueur, la fraîcheur de la nuit aidant, en plus du fait qu'ils se trouvaient sous terre. Il fallait dire qu'il y avait de beaux rêves à faire, vu tout ce qu'ils venaient de voir depuis ces derniers jours. Le souvenir du dessin en cours dans le carnet de Vrass lui traversa bien l'esprit, mais étrangement en paix avec l'idée, il se contenta de lui adressa une petite prière silencieuse, ses lèvres bougeant dans l'obscurité sans que aucun son n'en sortent.
« Noa, j'espère vraiment que t'amuses autant que moi là où tu es. J'espère que tu peux voir tout les endroits merveilleux qu'il y a sur cette planète de là-haut. Si tu m'as vu en train de regarder le ciel tout à l'heure, tu peux penser que je te regardais. Ne t'inquiètes pas, je n'oublies pas mon projet de cette après-midi. Si tu trouves que je suis sentimental et nianian, t'es qu'une petite belette ingrate mais je t'aime bien quand même. »* * * * * * * *
Benedikt se frotta les yeux et resta un moment dans le creux des bras de Vrass, sortant doucement de son profond sommeil avec l'impression désagréable d'avoir trop chaud. Il se mit à débattre dans sa tête pour savoir si avoir le tatoueur contre lui valait la peine de subir une température de feuneton, mais pendant la journée, il était toujours dur d'avoir la chance d'avoir le moindre contact physique avec lui, alors autant en profiter. Le botaniste tira sur la couvertures pour se découvrir entièrement, Vrass avait bien eu raison de ne pas en vouloir, mais Benedikt avait tellement l'habitude de s’emmitoufler dedans qu'il était difficile de s'endormir sans.
Une demie d'heure plus tard, les bruits de la rue animée par les marchands et les passants le réveillèrent à nouveau de sa torpeur, et le botaniste débattit cette fois s'il allait chercher le petit-déjeuner pour le servir au lit ou réveiller Vrass maintenant pour aller manger avec lui en haut. L'heure était assez décente pour penser à la deuxième option et Benedikt se fit la réflexion qu'il aurait peut-être le droit à quelque chose de bien sympathique avant de monter ; pas comme si l'haleine du matin allaient les gêner, tiens.
Même si cette fois, la chaleur avait ceci de détestable qu'il avait la sensation d'avoir la langue sèche et aussi râpeuse que celles des chats. L'avantage dans tout ça, c'est que les Ohimes prévoyaient de l'eau un peu partout et que la carafe d'eau posée sur la table de nuit accueillit le regard du botaniste. Benedikt se redressa doucement et se servit un verre d'eau qu'il sirota doucement dans la lumière douce. Malgré la journée belle et bien commencée, leur chambre au sous-sol (par Alrik, qu'est-ce ça aurait été s'ils avaient été à l'étage) faisait qu'aucun rayon de soleil ne passait directement ; s'ils profitaient quand même de la lumière, elle était moins vive.
Claquant sa langue contre son palais avec satisfaction, Benedikt reposa son verre d'eau et se pencha sur Vrass pour attrapa son visage à deux mains et l'embrasser. Sous l'oreille, d'abord, furtivement et légèrement, puis sur le front, et enfin de la naissance de sa mâchoire jusqu'à ses lèvres.
« Debout, Vrass... » chantonna-t-il tout bas et lentement.
Jusqu'à ce qu'il glisse une langue entre les lèvres du tatoueur, décidant que ce dernier devait être à présent assez réveillé. L'effet produit ne fut pas celui espéré. Celle qu'il rencontra le figea comme une pierre, et lorsqu'il retrouva l'usage de ses membres, Benedikt se mit tout simplement à hurler en reculant brusquement, dégringolant du lit dans sa précipitation. Oh, putain. Maintenant le tatoueur avait les yeux ouverts. Le botaniste recula encore en glapissement, à moitié à quatre pattes par terre.