« Bon coup de patte, Kallistrat... » lâcha Benedikt d'une voix blanche alors qu'il regardait le champ de bataille devant lui.
Son arc encore tendu mais baissé, par précaution si l'un des hommes blessés décidait de récidiver, le botaniste s'approcha d'eux pour toiser l'orphe lion, son regard s'arrêtant sur chacune de ses blessures, puis il rangea finalement la flèche qu'il tenait pour remettre son arc en travers de son épaule et rejoignit le tatoueur pour examiner les siennes avec une moue boudeuse.
Lui n'avait pas grand chose, part un nuage d'hématomes qui commençait à s'étaler progressivement sur sa joue et jusqu'à son nez. Mais les deux autres allaient avoir besoin d'un peu de soin, et s'il avait au moins une chose que savait faire Benedikt, c'était l'infirmier. Si bien qu'il regagna aussitôt un peu d'assurance, malgré la légère culpabilité qu'il ressentait en voyant ceux qu'il avait blessé avec son arc. Il avait surtout failli toucher Vrass parce que celui-ci s'était mis en travers de sa trajectoire par mégarde et qu'il avait déjà tiré (on imagine bien la tronche du botaniste à ce moment-là).
« Tu as raison, direction l'herboristerie, je vais m'occuper de vous. En plus, mieux vaut qu'on ne reste pas là. Belladona peut refuser qui elle veut à la boutique, je crois, alors ce sera un endroit sûr, au moins. »
Parce que s'ils risquaient de tomber sur des gens comme ça n'importe quand, ça devenait beaucoup moins drôle, tout d'un coup. Le botaniste les entraîna à travers la ville à grand pas, refusant de lâcher Vrass qu'il tenait par le poignet. Heureusement la boutique n'était pas loin, et il connaissait le chemin, aussi il n'eut pas besoin de faire preuve de son manque d'orientation.
L'intérieur de l'herboristerie était accueillant, du moins pour Benedikt qui appréciait les odeurs qui y régnaient et qui n'était maintenant plus surpris de la présence de la plante carnivore tapie à côté de l'entrée. Il fit signe à Kallistrat de faire attention à la plante en question, même si elle allait peut-être revoir ses ardeurs devant une aussi grosse boule de poil – il y avait peu de chance, ça restait une plante qui ne choisissait pas aussi précautionneusement ses proies -.
« Belladona ? » appela Benedikt, juste avant que la picaris fasse son apparition et qu'il ne l’accueille avec un sourire soulagé.
« Ne t'inquiètes pas, tout va bien. Mais est-ce que tu pourrais me faire de la place dans un coin pour que je les soigne ? Dans l'arrière-boutique, par exemple, où tu veux. » se dépêcha-t-il d'ajouter avant qu'elle ne s'inquiète en voyant l'état des deux personnes qu'il amenait.