Première étape

Au nord, entre Ephtéria et Balaïne, Aspasie est déposée en bordure de fleuve. Plaque tournante du commerce, c'est également une ville très prisée pour sa beauté sereine et ses plages paisibles.

Image

Première étape

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 16:11

Messages recopiés depuis l'ancien forum


Précédemment : Le ventre est le moteur de l'homme.
Image

Kjeld Ares :
    Curieux, comme cette nuit là, Kjeld avait enfin pu dormir en paix. Il ne s'était pas souvenu de ses rêves à son réveil, comme s'ils n'en avait tout simplement pas fait. De ce fait, il ne s'était réveillé que tard dans la matinée du lendemain, reposé comme jamais. Zlata et l'enfant – dont il avait failli oublier l'intrusion inopinée – se tenaient un peu plus loin et semblaient discuter ou se disputer, il n'avait pas su bien juger à cette distance. Puis le vent avait soufflé sans douceur et le jeune homme s'était souvenu de ce qui l'avait réveillé : le froid ! Le feu allumé la veille s'était éteint doucement.

    Kjeld se leva et recouvra les braises de quelques nuages de terre, à l'aide de coups de talon. Il passa la main dans ses cheveux, renonçant à les démêler ou à les arranger avec ce vent, puis réajusta sa francisque. Le soleil se faisait timide et ne parvenait à réchauffer la peau qu'entre deux souffles mordants. La journée s'annonçait assez belle malgré tout. Hélas... le temps a ses caprices et le ciel ne tarda pas à se couvrir d'épais nuages sombres.

    C'est donc ainsi qu'ils parvinrent jusqu'à Aspasie, les joues rosies par le froid, les doigts engourdis mais les jambes et les épaules réchauffées par l'effort de leur longue marche. L'air sentait l'humidité, présage d'une averse imminente ; bien qu'aucun éclair n'ai encore zébré le ciel. Le village était bien différent de la grande cité d'Ephtéria. Ses rues, tout d'abord, étaient incontestablement moins bien entretenues et avaient plutôt des allures de ruelles comparées aux grands axes de la capitale. Les maisons aussi étaient plus petites, plus modestes, à l'image des boutiques. Pas de grands remparts s'élevant dans les cieux ici, à peine quelques palissades de bois tout juste gardées par quelques soldats ensommeillés. Tout était plus calme, plus simple aussi.

    En s'engageant dans les ruelles sous les indications de la petite, Kjeld était resté silencieux. Il se sentait étrangement gêné face au regard de Zlata. En effet, cette dernière semblait lui en vouloir pour une raison qui lui échappait totalement. Le jeune homme, habitué à se faire le plus discret possible afin de ne pas aiguiser la susceptibilité des autres, préféra se taire, évitant de ce fait les conflits, se contraignant aussi à l'incertitude...

Artégal O'Callaghan :
    Plus tôt, à Aspasie :

    Artegal, cette sombre et grande silhouette, cet homme, sous une grande cape sombre, probablement noire ou brune, l'obscurité alentour empêchant de distinguer les couleurs.
    Artegal, cette brute, cette force de la nature.
    Artegal, loin du manoir où le peu qu'il reste des siens se réunit. Artegal, à Aspasie. Pourquoi? Pour affaires.
    Artegal, Balmung cachée sous sa longue cape, une dague à la ceinture, bien cachée, elle.
    Artegal devant une maison, qui fait face au fleuve. Des soldats, su l'autre rive. Vite, se fondre dans l'obscurité. Une capuche rabattue sur la tête, d'un blanc trop blanc pour être naturel.
    Artegal, qui attend que les soldats disparaissent, puis qui va toquer à la porte de la maison. La porte qui s'ouvre. Une gamine. Trois ans, à peine? Ses parents, depuis que le père de la gamine avait été emporté par la garde, la faisait ouvrir la porte, comme pour attendrir les gardes qui pourraient, toujours, revenir.

    "Je voudrais parler à ton père, gamine..."

    "Papa! Pou toi!"

    Une figure horrifié, se dessinant sur le visage d'un homme entre deux âges. Artegal qui l'écarte d'un bras. Qui entre. Il est satisfait : il a réussi son entrée.

    "Chéri, qui c'est?"

    ...

    Ce fut les dernières paroles qu'un passant eut pu entendre. Une demie heure plus tard, Artegal sortait de la maison, et rabattait sa cape sur lui même, comme pour cacher quelque habit maculé.

    L'homme qui vivait ici avait été rebelle, un des premiers jours, un de la glorieuse époque de Lloyd. Il avait cru en Artegal, même sur les dernières années de sa vie. Deux semaine plus tôt, une troupe d'une demie douzaine d'hommes en armes était venus le chercher, et l'avait emporté au manoir du gouverneur du coin, Manôlis. Il était revenu, il y a trois jours, et ca n'avait pas échappé aux yeux des rebelles. Rien ou presque n'échappait à ces yeux. Presque, plutôt. Les yeux d'Artegal n'avaient pu vois, aussi, pour quelle raison cet homme, celui auquel avaient appartenu les lambeaux de chair sanguinolents étalés partout dans ce qui avait été sa maison, ils n'avaient pas vu que l'homme n'avait rien dit, rien. Il y avait perdu des dents, des phalanges, mais il s'était tu. Et il est mort, des mains de celui qu'il avait protégé, au cours de ces dix longues journées de tortures et de violences. Il est mort.

    ...

    Le matin même, à Aspasie.

    Au matin, Artegal, qui avait somnolé quelques heures, assez à son gout, au fond d'une rue sombre et mal famée, se leva, et sortant de sous sa cape quelques habits, il se changea, faisant disparaitre dans son dos ses habits maculés de sang. Il sortit ensuite de la rue, quelques badauds le regardant, ou s'écartant de l'homme qui les dépassait tous d'une tête, au moins.

Omniscient :
    « Monsieur ! Monsieur ! »

    Artegal avait beau être laid, il n'en était pas moins un passant comme un autre. Est-ce que la gamine choisissait ses prochaines victimes ? Peut-être. Ou bien était-elle tout bêtement naïve. Après l'arrivée des soldats du Roy chez elle, quelques semaines plus tôt, elle devait s'imaginer que plus rien d'horrible ne pourrait plus lui arriver... et pourtant, il y avait Artegal à qui elle s'était agrippée, tirant à présent sur les pans de ses vêtements afin d'attirer son attention. Ainsi sont les enfants, qu'avant qu'on ai pu les mettre en garde, ils avaient déjà lâché votre main pour se jeter dans la gueule du loup !

    « Monsieur, tu sais où elle est la maison de mon oncle Brennan ? »

    Ses yeux clairs s'étaient posé sur le visage crayeux de l'Astalan et, indifférente à son air mauvais, elle avait entamé une description sommaire :

    « Il est super grand Brennan, avec les cheveux noirs et tout gras et sa maison, elle est toute bancale et elle craque quand on monte les escaliers. Ah et puis, il y a un puits devant. Tu sais où elle est sa maison, dis, Monsieur ? »

Artégal O'Callaghan :
    Artegal baissa la tête, pour voir qui tirait sur sa cape, et lui vrillait ainsi les tympans. Une gamine. La conne.

    "Casse toi, minable..."

    Il avait a peine prononcé ces quelques mots, que la fillette reprenait sa phrase :

    "Monsieur, tu sais où elle est la maison de mon oncle Brennan ? Il est super grand Brennan, avec les cheveux noirs et tout gras et sa maison, elle est toute bancale et elle craque quand on monte les escaliers. Ah et puis, il y a un puits devant. Tu sais où elle est sa maison, dis, Monsieur ?"

    "..."

    Artegal la considéra une fois de plus. Il réfléchit, et, avec un sourire montrant toutes ses belles quenottes aiguisées, lui répondit :

    "Ton oncle habite tout au fond du fleuve... Tu veux que je t'emmène le voir? Je peux te faire respirer, sous l'eau... Il me suffit de réciter une formule magique..."

    Ça le détendrait un peu, de tuer cette enfant. Il aimait les enfants, quand ils criaient, pleuraient, agonisaient... Que du bonheur. Il va sans dire qu'intérieurement, il se félicitait de son idée. En plus, jamais il n'avait vu quiconque se noyer. C'était potentiellement marrant.

Zlata Bolt :
    Zlata sentie l'exaspération et la crainte l'envahir quand la petite se précipita à la suite de l'homme gigantesque situé devant eux. Il était grand, effrayant, et visiblement bien armé, et puis il y avait cette lueur de cruauté qui c'était allumé dans ces yeux en voyant la gamine...L'enfant était décidément d'une stupidité affligeante pour avoir jetait son dévolus sur pareil monstre. La guerrière se tourna vers Kjeld, il fallait absolument évitait le combat et son ton abrupte associé à sa voix rauque n'aiderais pas Zlata, le jeune homme étais beaucoup plus à même de gérer la crise imminente. Elle mit de côté ses doutes concernant son compagnon :

    "Mieux vaudrais que tu y aille en premier, si ça sent le roussit je décoche un carreau entre les deux yeux de ce types. Tu me fait confiance ?"

Kjeld Ares :
    Décidément, cette gamine n'en ratait pas une ! Kjeld s'était arrêté et soufflait doucement sur ses doigts dans l'espoir de les réchauffer. L'homme qu'avait alpaguée l'enfant lui tournait le dos et il ne pu voir son visage. À présent qu'il était tout occupé à faire revivre ses doigts, ses regards restaient baissés et il ne vit pas la laideur de ce passant qui lui avait pourtant semblé si ordinaire. L'enfant, de son côté, semblait toujours aussi enthousiaste et cela suffisait à rassurer le jeune homme. Pourtant, il tressailli lorsque Zlata se tourna vers lui. Lui décocher un carreau entre les deux yeux ? Tiens donc, quelle idée !

    Kjeld se redressa, étonné et vit enfin Artegal, son visage blafard, ses canines de chien enragé et son regard de fou furieux. Il n'entendit que des bribes de ce qu'il promettait à l'enfant, mais au visage terrifié qu'elle fit soudain, il devina que ça n'avait rien de réjouissant. Il hésita pourtant. Se frotter aux autres, il n'aimait pas cela, surtout lorsqu'ils avaient cette tête là. À coup sûr, cet individu n'attendait qu'une excuse pour se montrer agressif et leur faire part de toute sa violence mal dissimulée. Le jeune homme aurait préféré éviter et, de toute ses forces, il souhaita pouvoir esquiver la situation... oui mais voilà, la petite était pendue à sa cape et Zlata lui avait demandé de se remuer le popotin. Bien.

    Il s'avança doucement, sans brusquerie, les poings serrés afin de se donner un maximum de courage. Il ne devait pas baisser les yeux ni montrer le moindre signe de faiblesse, même s'il savait que – pour ce dernier point – c'était peine perdue.

    « Excusez-là monsieur... » intervînt-il poliment.

    Et il tendit la main vers la gamine afin de la récupérer, la suppliant presque du regard de s'éloigner de l'individu.

Artégal O'Callaghan :
    Il a l'air franchement chiant, ce mec, là, qui arrive... berk. Et voilà qu'il lui demande d'excuser la minus.

    "Débarrassez m'en... Et payez, elle a sali ma cape, la." répondit l'Astalan à l'inconnu.

    Puis il jeta un regard froid à l'homme qui venait de l'aborder. Enfin, un homme... Demandez à Artegal, il dirait plutôt "cette femmelette", pour parler de lui. M'enfin. Il jeta donc un regard des plus froids à la femmelette qui venait de l'aborder. Artegal aurait vraiment voulu noyer la gamine. Tant pis, il en trouverait une autre, celle la lui apporterait de quoi s'offrir un bon repas, au moins, et peut être même une chambre, à l'auberge, si Artegal jouait bien le jeu. S'accroupissant, il prit le poignet de la gamine, lui chuchotant "Lâche", et, alors, il lui tordit la patoune d'un geste violent, qui aurait sans nul doute fait hurler un adulte. C'est dire.

    Se relevant, il tendit sa main vers la femmelette qui était venu chercher l'enfant.

    "S'il vous plait?" Pas franc du tout, mauvais acteur cet Artegal. Et un rictus de mépris de se peindre sur la face de l'Astalan, qui toisait méchamment Kjeld.

Omniscient :
    L'enfant avait gardé son visage levé, heureuse d'être enfin arrivé à destination. L'homme mystérieux avait donc dit vrai, lorsqu'il lui avait promis qu'elle arriverait vivante en suivant ces deux-là. Toute à son enthousiasme pourtant, elle ne s'était même pas imaginé une seule seconde que le monde autour d'elle n'était pas peuplé que de gens beaux et gentils. Artegal, par exemple, en était une bonne illustration.

    Elle sembla alors réaliser que quelque chose couvait sous ces regards perçants, comme une méchanceté pire que celles dont les soldats du Roy pouvaient être capables... Elle se figea, d'abord surprise puis terrifiée, ses petits doigts toujours serrés sur le tissu de la cape. Intérieurement, elle pria pour que ces deux nouveaux amis lui viennent en aide. Zlata pourrait faire sa grosse voix... et puis Kjeld avait une grosse hache avec lui. Mais la gamine n'aimait pas trop Kendrin. Il était trop silencieux. Trop bizarre. Et pourtant, ce fut lui qui intervînt le premier...

    « Eh ! Elles sont pas sales mes mains d'abord ! » s'insurgea l'enfant.

    Elle avait froncé les sourcils afin d'appuyer son indignation, mais ses yeux s'agrandirent soudain sous le coup de la douleur. Accompagnant sa grimace, un cri terrifié lui échappa et plusieurs passants se retournèrent, interpellés par ces cris. La gamine s'était dégagée et avait couru vers Zlata derrière les jambes de laquelle elle alla se réfugier.

    « J'vais l'dire à mon oncle !!! »

Zlata Bolt :
    *Ce type est n'est qu'une raclure de corne !*

    Il était flagrant qu'ils avaient affaire à une force de la nature dépourvue de cervelle et qui avait reçut plus que sa propre pars de violence. La gamine caché derrière les jambe de la Winghox en avait d'ailleurs la preuve et il ne faisait aucun doute que ce barbare les tuerait s'il en avait l'occasion. Elle était trop près pour utiliser son arbalète avec réel efficacité mais Zlata préféra ne même pas penser à l'idée de se servir de sa dague contre un mastodonte pareil, de plus ils étaient en pleine rue et s'il se trouvait sur le "territoire" du rustre quelque uns de ses copains se feraient un malin plaisir de venir mettre leur grain de sel dans l'affaire. La diplomatie ? Elle pouvait toujours tenter sa chance...

    "Votre cape est propre."

    Ce n'est pas une grande réussite mais elle avait au moins le mérite de ne pas avoir préciser que la dite cape était dans un état catastrophique avec lequel l'enfant n'avait rien à voir. Elle se prépara à l'affrontement, en désespoir de cause, et glissa sa main vers son arbalète.

Artégal O'Callaghan :
    Artegal était bien une raclure de corne. Et encore, en étant gentil.
    C'était aussi vrai qu'il était une force de la nature, et que sa cervelle, sans toutefois être inexistante, était quelque peu atrophiée par quelques décennies au cours desquelles elle n'avait pas beaucoup servie, et il était peut être vrai qu'il avait reçu plus que sa part de violence, même si il serait plus avisé de dire qu'il avait sur la développer, et qu'il ne s'en était pas privé. Enfin, il était vrai que sortir une arme face à Artegal pouvait être quelque peu aléatoire, si il vous attrapait la gorge avant qu'un carreau n'eut atteint quelque organe vital, il s'en sortirait. Mais pas son adversaire. Enfin, le dernier point sur lequel Zlata ne se trompait point : Artegal avait au moins une alliée à Aspasie. D'ailleurs, il était en passe de la rejoindre. Mais pourquoi ne pas se faire quelque argent sur le dos de passants, qui, après tout, avaient l'air si minables ?

    L'allure des dits passants. Si Artegal ne devait pas paraître sérieux, sans quoi jamais il n'aurait les quelques pièces qui lui paieraient un bon repas, ainsi qu'a la donzelle qu'il devait rejoindre, il serait probablement déjà plié en deux. Elle avait l'air fine la moche cornue, et borgne. La pauvre, rien pour elle. Peut être devrait elle directement aller voir le tonton de la gamine, dans le fleuve. Ça pourrait même passer pour un acte de charité. Enfin... Ne pas penser à ça, ne pas exploser de rire...

    "Non. Elle est sale. Et si tes mains ne sont pas pleines de bouse, gamine, c'est bien que tu les a essuyées sur ma cape. Regarde, là et là, ces taches ne sont pas venues seules. J'attends."

    Artegal avait craché ces mots au visage des deux voyageurs, faisant attention à bien postillonner dans le si beau minois de l'homme, et dans le pauvre visage de la cornue. Un plaisir.

Ciara Steban :
    « Maître Artegal... »

    Sa voix, douce, posée, n'exprimait pas la moindre crainte. Sa petite amie ? Pourquoi, alors, l'aurait-elle appelé « Maître » ? Sa silhouette fine et gracile se découpait en contre-jour du soleil déclinant et ses cheveux lui fouettaient le visage au souffle furieux du vent. Elle s'avança de quelques pas et apparu alors, jeune fille aux yeux gris, tristes et froids. Elle avait tout vu, à quelques mètres à peine, de l'enthousiasme de la gamine écrasé par la brutalité d'Artegal jusqu'à la tentative timide du jeune homme aux cheveux longs de calmer le jeu. Pourtant, nulle colère, nulle indignation ne transparaissait sur son jeune visage. Non. Elle semblait indifférente.

    Artegal était ainsi.

    « Il y a ici un villageois qui aimerait vous parler. Il dit avoir des informations susceptibles de vous intéresser. »

    Elle marqua une pause, les poings serrés. En fait, le villageois en question n'avait pas voulu d'intermédiaire. Il voulait parler à Artegal en personne et, avait-il précisé d'un ton brutal, surtout pas à une gamine idiote. Ciara s'était tue, trop faible physiquement pour imposer le respect à ceux qui la traitait ainsi... oh, mais elle aurait sa revanche, dès qu'il aura craché tout ce qu'il sait à son maître. Un coup d'oeil à Kendrin, Zlata et la petite chose agrippée à ses fesses, puis elle reprit, de sa voix neutre.

    « Il nous offrira bien le gîte et le couvert, si ce qu'il a à vous dire est si important. »

Kjeld Ares :
    Kjeld avait tendu la main afin d'encourager la petite à venir vers lui et ainsi la soustraire à cet individu qui ne lui disait rien de bon... mais avant qu'elle ai eu le temps de remarquer son invitation, Artegal lui avait saisit le poignet et la gamine se mit alors à hurler de douleur. Son cri perçant vrilla les oreilles de Kjeld et le fit sursauter. S'il y avait bien une chose qu'il détestait par dessus tout, c'était la violence et celle – gratuite – que distribuait Artegal le fit frissonner. Répondre par une manifestation de violence à son tour, ce n'était pas son genre... En fait, jamais il n'aurait provoqué qui que ce soit. Sa francisque ? Elle avait avant tout un rôle dissuasif et il ne s'en servait qu'en de très rares occasions, pour sauver sa propre vie et s'il n'avait réellement pas d'autre choix qui plus est.

    La gamine s'était dégagée et avait couru se réfugier derrière Zlata, ce qui ne manqua pas de vexer le jeune homme... Allons bon ! Zlata l'envoyait au casse-pipe, il se dévouait pour aller « sauver » l'enfant et voilà que cette dernière ne lui en était même pas reconnaissante pour un Ore... d'ailleurs, en parlant d'Ore...

    « Nous n'avons pas d'argent... »

    Voilà qui clôturait le sujet, du moins l'espérait-il. L'intervention de Zlata n'avait pas tout à fait eu l'air de convaincre l'individu à la face laiteuse. Le ton commençait à monter et Kjeld n'aimait pas cela. Il se laissa postillonner dessus sans dire un mot, patient, effrayé aussi. Artegal désirait un conflit, c'était évident et Kjeld s'efforçait à ne pas répondre à la provocation... et puis il y eut une autre voix, une autre intervention, peut-être salvatrice celle-ci. La silhouette était frêle, mais le ton assuré et, lorsque la nouvelle venue s'approcha, il y eut un flottement silencieux.

    Décidément, c'était le jour pour les gamines !

    Kjeld profita que l'attention d'Artegal soit détournée pour reculer de quelques pas et rejoindre les deux filles, plus loin.

Artégal O'Callaghan :
    Artegal écouta, d'une oreille seulement, Ciara, tandis qu'il continuait de toiser Kendrin, une lueur méprisante dans le regard. Il osait, ce minable, prétendre qu'il n'avait pas d'argent ? La prochaine fois que les deux hommes se croiseront, il y a fort à parier pour que l'un des deux aille rejoindre les poissons. Du moins était ce l'avis d'Artegal!
    Réprimant ses envies de violence, le petit massacre de la veille ayant ravivé le gout du sang très prononcé chez la brute, il continua d'écouter Ciara. Quand la petite eut fini d'expliquer la situation à la brute, Artegal cracha, en direction des bottes de Kendrin, et reporta son attention sur l'Astalane.

    "Pourquoi ne t'a t il rien dit, à toi? Et tu le connais? Il n'est pas à la botte de... Qui-Tu-Sais?"

    Les visages se tournaient déjà assez souvent vers l'imposante personne qu'était Artegal pour qu'il n'eut besoin, en sus, de mentionner le nom du Roy, avec dans la voix une pointe de mépris. Et pour ce qui est de la teneur des questions, par plusieurs fois, autour d'une masure dans laquelle on l'avait invité rôdait un régiment de soldats, armés jusqu'aux dents et guettant le moindre intrus, ou la moindre grosse brute à la peau aussi blanche que la craie.

    Radoucissant, pour le peu qu'il savait le faire, son regard, Artegal regarda Ciara dans les yeux. Il appréciait la petite. Uniquement pour son physique, c'est sûr, mais il l'appréciait, c'était déjà ça.
    Passant discrètement sa langue sur ses dents, dont il était si fier de l'allure, il sourit, de son habituel sourire carnassier :

    "Ca tombe bien... J'ai faim..."

Zlata Bolt :
    Le regard de la guerrière allaient d'Artegal à la nouvelle venue. Ses conclusions était enfin appuyé par des faits : ce type trafiquait, et dans une autre catégorie que Zlata. Elle, elle se contentait de jouer les messagers ou les facteurs, on lui avait bien proposé à plusieurs reprise le rôle d'assassin, mais elle avait refusée, elle préférait rester discrète et n'avait pas besoin d'être accusé de meurtre dans un autre pays.

    L'homme lorgna la jeune fille d'un regard concupiscent des plus écœurant avant de sourire sinistrement et de répondre. Aussitôt Zlata se détendit, s'ils la jouaient fine ils pourraient peut être sans sortir sans mal. Au moins elle ne semblait pas avoir aggravé la situation et Kendrin et le gamine se trouvaient maintenant loin du monstre.

    Si elle s'était trouvé seul la guerrière n'aurait pas hésité à combattre, sa vie lui importait peu et elle était plus que susceptible, mais elle ne pouvait se le permettre en présence de Kjeld et encore moins de l'enfant. Mais si elle accepta de se retirer et si sa vois resta maitrisait, ses yeux était chargés de tous la haine dont elle était capable lorsqu'elle s'adressa de nouveaux à Artegal :

    "Nous n'allons pas vous déranger plus longtemps..."

    Elle attrapa la gamine par son vêtement poussiéreux et recula d'un pas en scrutant la jeune fille accompagnant le mastodonte. Si elle n'avait pas été là l'affrontement aurait été inévitable.

Image
La suite : L'informateur.

Avatar de l’utilisateur
Maître du Jeu
Compte multifonction

Crédit: Fermé

Le moulin à vent

Messagepar Maître du Jeu » 29 Mar 2009, 16:29

Omniscient :
    L'enfant s'était accrochée à Zlata comme à un radeau, effrayée par cet homme à qui elle n'avait rien fait. Et si son jeune âge lui interdisait de comprendre toutes les subtilités des adultes, elle savait en revanche reconnaître un sale type lorsqu'elle en croisait un ! Vous vous demandez ce que c'est un sale type ? Par exemple, l'oncle Brenan lui disait toujours que le Roy Livian en était un, de sale type, et que ses soldats étaient une armée de sales types ! Ces affirmations lui avaient d'ailleurs valu un séjour dans les prisons d'Ephtéria, dont il n'était sortit que très récemment. Soit disant qu'il fallait faire de la place pour des prisonniers plus « importants » que lui... Enfin bon, toujours était-il que lui là, avec sa tête toute blanche de farine, il avait tout du sale type que décrivait son oncle Brenan !

    « Tu aurai dû lui planter tes piques à lapin dans les yeux ! » reprocha t-elle doucement à Zlata lorsqu'ils se furent éloignés.

    Elle montrait, de ses doigts sales – et en cela Artegal n'avait pas eu tout à fait tord – les carreaux d'arbalète soigneusement rangés dans le carquois. Pas vraiment des piques à lapin, mais lorsque l'on est si jeune, on se moque un peu de poser les vrais mots sur les choses hors de notre portée.

    Et puis soudain, la gamine s'interrompit. Elle venait d'apercevoir quelque chose de familier.

    « Oh ! Je reconnais ce moulin, c'est là que mon oncle il va écraser ses graines. Je suis sûr que le monsieur dedans sait où il habite ! »

    Joignant le geste à la parole, l'enfant lâcha la main de Zlata – qu'elle avait attrapé sans demander d'autorisation – et couru en direction du dit moulin, son enthousiasme retrouvé.

Zlata Bolt :
    L’image d’Artegal emplissait les pensées de Zlata, elle regrettait de ne pas avoir pus en découdre mais un combat contre un tel monstre était perdu d’avance, il y avait aussi Kjeld qui n’aurait pas apprécié de se trouver mêlé à une rixe entre deux brutes, et surtout la gamine qui s’accrochait à la main de la guerrière comme un naufragé le ferait avec une corde jetée depuis un bateau. La petite commençait sérieusement à taper sur les nerfs de la Winghox connues pour son absence total d’indulgence vis-à-vis des enfants et elle n’apprécia que moyennement la comparaison faite par la fillette entre ses carreaux d’arbalètes soigneusement taillés et des ustensiles de cuisine.

    Soudain la main de l’enfant échappa à la sienne avec autant de facilité qu’une anguille et la gamine courut vers un vieux moulin branlant, à croire qu’elle avait déjà oublié ce qui s’était passé la dernière fois qu’elle avait agit avec autant de spontanéité.

    « Par les dents d’Amroth! Reviens là ! » rugit la mercenaire en bondissant à la poursuite de la fillette.

    Mais cette dernière était plus vive qu’un poisson de rivière et avant que Zlata l’eut rejoins elle avait tambouriné à la porte aux planches vermoule du moulin qui, heureusement, en avaient déjà vu d’autre.

Omniscient :
    La porte s'ouvrit sur un homme aussi délabré que son moulin, barbe grisonnante – si longue que l'on aurait put s'y essuyer les pieds. Ses yeux fatigués, enfoncés dans ses orbites profondes, semblèrent s'allumer à la vue de la gamine tambourinant à sa porte :

    « Eh ! La p'tiote ! Ça faisait un bout ! » l'accueillit-il avec enthousiasme.

    Et il ouvrit tout grand, l'invitant à entrer. Ses regards allèrent ensuite se poser sur les deux individus accompagnant l'enfant et, si son sourire bienveillant avait persisté en apercevant Kjeld, il avait cependant disparu face à Zlata.

    D'abord elle était physiquement bizarre, puisqu'elle possédait une paire de cornes étranges, ensuite, une femme seule et habillée ainsi, ce n'était pas l'usage. Les femmes étaient censée rester au foyer et non pas parcourir les routes, encore moins se pavaner ainsi, arme au poing. Quelle indécence ! Manquerait plus qu'elle se promène en pantalon.

    « Je peux quelque chose pour vous ? » demanda l'homme d'un ton que la méfiance rendait abrupte.

Kjeld Ares :
    Kjeld avait eu sensiblement la même réaction que Zlata, l'expression orale de son exaspération en moins. Cependant, la jeune femme avait bien raison de perdre patience, l'enfant n'en faisant qu'à sa tête et, par dessus le marché, n'importe quoi ! Comme si sa rencontre avec Artegal ne lui avait pas suffit, la voilà qui recommençait à se ruer au devant des ennuis avec un enthousiasme déconcertant. Ce que les enfants pouvaient être épuisants !

    « Eh ! » la rappela t-il, réalisant du même coup qu'il ne connaissait pas même le prénom de cette insupportable girouette.

    Non pas que Kjeld était agacé par cette enfant, mais il se sentait assez triste, voire frustré qu'elle ne lui accorde que si peu d'attention. En effet, la petite semblait ne pas l'apprécier malgré ses efforts pour se montrer aimable. En revanche, elle se montrait très attachée à Zlata pourtant bien moins patiente que lui ! Il retînt son souffle, priant intérieurement que le moulin ne soit pas habité par une bande de mercenaires en mal de jolie petites filles à torturer... et heureusement, ce ne fut pas le cas. Le jeune homme intercepta le regard désapprobateur jeté en direction de Zlata et s'interposa gentiment.

    « Bonsoir monsieur...Nous avons croisé cette jeune demoiselle entre Ephtéria et ce village... et... nous cherchons son oncle. »

Omniscient :
    Ce fut avec un soulagement évident que le vieil homme s'adressa à Kjeld. Ce jeune homme, au moins, avait l'air sérieux et honnête, pas comme l'espèce de dévergondée cornue qui l'accompagnait.

    " Vous devez parler de Grand' Phil, il habite un peu plus loin sur la route dans la cabane aux volets gris."

    Le vieillard hésita quelque seconde à leur offrir un verre avant de se rétracter, mieux valait ne pas rester en présence de personnage aussi louche. Et puis la gamine ne craignait rien puisqu'elle était la nièce de Phil, en cas de problème le brave tonton pourrait toujours sortir sa hache...

    " Vous y serais d'ici cinq minute."

    Et il claqua la porte avec la certitude d'avoir agit pour le mieux.

Image
La suite : L'informateur.

Avatar de l’utilisateur
Maître du Jeu
Compte multifonction

Crédit: Fermé


Retourner vers Aspasie, au chant des moulins

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité

cron