Paf, boum, plouf !

Au nord, entre Ephtéria et Balaïne, Aspasie est déposée en bordure de fleuve. Plaque tournante du commerce, c'est également une ville très prisée pour sa beauté sereine et ses plages paisibles.

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 05 Avr 2015, 16:45

C’est bien comme ça que je l’avais compris oui, mais en fait après qu’elle ait commencé à se poser la question… eh beh elle a continué x) J’avais pas prévu de faire ça comme ça à la base, mais c’est ce qui m’est venu en écrivant, et j’ai tendance à faire confiance aux personnages et pas essayer de “forcer” un truc quand c’est autre chose qui vient à la rédaction, et du coup… voilà xD
Et effectivement pour le passé/présent c’est pas grave du tout, en fait si tu l’avais pas souligné j’aurais probablement même pas noté…

L’orphe ne peut s’empêcher de sourire doucement à la réplique du danseur. Celui-ci ne perd d’ailleurs pas de temps à s’endormir, le temps qui Sinnæus s’approche à son tour du lit, son ami est déjà au pays des rêves ! Avec un léger soupir résigné, il le fait rouler doucement sur le côté, pour se faire un peu de place sans pour autant le tirer de son sommeil. Ça l’embête un peu de le voir dormir tout habillé, mais il ne se permettrait pas de lui retirer ses vêtements lui-même sans sa permission. Il risquerait de ne pas apprécier, et puis ça le réveillerait sûrement. Bah, si ça le gêne dans la nuit, il saura bien se débrouiller.

Sin’ ne rouvre pas les yeux jusqu’au matin, et il lui faut un petit instant de confusion ensommeillée pour réaliser qu’il n’est pas dans sa chambre, à la maison, et pour se rappeler de l’endroit où il se trouve. Son regard fait le tour de la pièce, mais il est seul — à l’exception de Pip’ bien entendu —, et l’autre côté du lit est déjà quasiment froid. Belle a dû descendre. L’orphe se lève en se demandant vaguement quelle heure il est. Pas trop tard pour le déjeuner, il espère !

Il fait une toilette rapide, qui lui permet de constater que son ami est déjà passé par là, et qui a surtout le mérite de le réveiller pour de bon. Par habitude, il prend le temps de refaire le lit avant de se décider à descendre. Le voyant prêt à quitter la pièce, le vulnae s’ébroue et quitte son perchoir pour venir s’installer sur son épaule. Toutefois, les deux compères ne vont pas bien loin, puisque Sinnæus ouvre la porte au moment où Belle est en train de revenir, les bras chargés d’un plateau de nourriture.

« Oh, pardon ! »

L’orphe s’empresse de s’effacer pour laisser le passage au danseur, mais il reste à côté de la porte et ne la referme pas derrière lui, gageant que Belle a seulement rapporté de quoi manger pour lui-même, et qu’il va donc lui falloir descendre à son tour. Mais avant ça, il prend le temps de s’enquérir, d’un ton pas exactement inquiet, mais en tout cas concerné :

« Bien dormi ? Pas trop mal à la tête ?… »

Je me suis permis de faire revenir Bell, vu que tu as précisé qu'il avait l'intention de rapporter le petit-dej :p

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 06 Avr 2015, 01:42

Ah oui, non, c'est une bonne idée si c'est ce que tu avais envie d'écrire ! :mdr: J'ai juste l'impression d'être trop pas clair des fois dans mes rps alors des fois, je me dis qu'il faut que je m'améliore. XD

Bell jette un regard sévère à Sinnæus qui semble vouloir partir.
« Où tu vas, je t’ai apporté à manger ! » s’exclame-t-il en soulevant légèrement le plateau pour preuve. Ah non, il n’allait pas filer, il avait des excuses à faire. Le danseur le regarde avec un air décidé jusqu’à ce que Sinnaeus fasse demi-tour pour revenir dans la pièce.
Bell attends qu'il revienne s'installer sur le lit, à défaut d'un autre endroit où s'asseoir, et dépose le plateau sur le lit en face de lui pour se racler la gorge : « Okay, alors je voulais m’excuser. Je suis pas comme ça d’habitude, mais comme je sais que ça change rien pour toi, ben je peux juste te dire que je suis vraiment désolé. Je payerais le prix complet de la chambre si tu veux. »

Le danseur soupire un peu et se gratte la nuque. Un curieux mélange d’embrassement et de détachement. Ce n'est pas vraiment qu'il est désolé, il fait ce qu'il veut, y compris boire. Mais là, il a un peu l'impression d'avoir obligé l'orphe oiseau à rester avec lui parce que ce dernier était de bonne volonté. Ils ne se connaissaient que très peu, il n'était pas vraiment sensé le faire. Probablement avait-il d'autres choses à faire que ça.
« En attendant, merci de t’être occupé de mes fesses pendant que j’étais complètement soûl, c’est vraiment sympa de ma part. »
Bell se serait d’ailleurs moins étalé sur ses excuses s’il pensait que Sinnaeus pourrait éventuellement vouloir essayer d’en profiter, mais le jeune orphe semble assez timide et adorable pour être sûr que ce ne serait pas le cas.
Le danseur s’apprête à dire qu’il va y aller maintenant, parce qu’il a plein de trucs à faire, hein, et qu’il s’est déjà trop ridiculisé devant lui, et c’est gênant. Mais ce n’est pas vrai, il se balade en Païlandune sans but et sans même savoir trop pourquoi il le fait, à part que cela lui évite d’être à la Basse-ville. Et il doit l’avouer, c’était sympathique d’avoir quelqu’un à côté de lui pour discuter et pour s’intéresser à lui. C’est agréable de ne pas se balader tout seul avec ses pensées, et de ne pas avoir que des conversations avec des étrangers qui n’attendent que des ores dans leurs paumes.

Ce n’est pas un sentiment habituel, de chercher la compagnie d’autres êtres humains, pas pour le refermé Bell, mais là encore, rien n’est habituel, en ce moment. Aussi le danseur hésite, fronce un peu les sourcils. Il n’y a rien qui l’attend ailleurs, et il n’est pas pressé. Il peut peut-être au moins rester pour petit-déjeuner. Le pain est chaud et sent bon, la faim tiraille déjà son ventre mal nourri depuis hier et il se sent vraiment merdique avec ce mal de tête aussi fort. C'est que Bell n'a pas trop l'habitude de ne pas être au top de sa forme physique, alors là, le contraste est d'autant plus détonant. Oui… il peut peut-être rester un peu.
Aussi Bell s’assoit aussi sur le lit et pioche une tranche de pain pour la tartiner ; il y a bien assez sur le plateau pour qu’il ne demande pas à Sinnaeus s’il veut bien partager, d’après lui. D’ailleurs, il ne lui a jamais dit que c’était pour lui tout seul.
« Mais si tu veux que j'y aille, tu le dis, hein, j'le prendrais pas mal. »

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 08 Avr 2015, 17:52

Oh beh non je te trouve très clair personnellement ^_^ Et pardon pour le délai de réponse par contre u_u Je vais essayer de reprendre un meilleur rythme.

Sinnæus fixe d’un air perplexe, comme s’il lui fallait quelques secondes pour saisir ce qu’on lui dit et faire le lien, avant que son regard ne s’éclaire d’une compréhension étonnée.

« Pour moi ?! C’est trop gentil, fallait pas ! »

C’est qu’il n’a pas l’habitude qu’on s’occupe de lui comme ça. À la maison, tout le monde essaie d’aider comme il peut évidemment, mais ça veut aussi dire que c’est chacun pour soi et qu’il faut se débrouiller tout seul — et ne pas se lever trop tard si on veut espérer qu’il reste quelque chose à déjeuner ! —, il n’y a tout simplement pas le temps pour ce genre de petites attentions. Sauf quand on est malade, bien sûr, mais c’est différent…

Avec un léger temps de retard, il finit par refermer la porte et venir s’installer en tailleur sur le lit, puisque c’est à peu près la seule possibilité qu’il ait, avant que Belle ne dépose le plateau devant lui. C’est vrai que maintenant qu’il y fait plus attention, il y a amplement assez pour tous les deux. En plus, ça a l’air bon ! Il relève le nez du festin pour poser un regard interrogateur sur son ami alors que celui-ci reprend la parole, ne comprenant pas vraiment de quoi il s’excuse. Du point de vue de l’orphe, il n’a rien fait de mal… Quant à la proposition qui suit, il y répond d’un ton convaincu, secouant vigoureusement la tête de gauche à droite.

« Oh non c’est pas la peine, t’en fais pas pour ça ! »

Il est déjà bien content de pouvoir économiser la moitié du prix en le partageant ! En plus, Belle n’a pas l’air de rouler sur les ores non plus, alors autant qu’il paye sa part. Les remerciements, au moins, semblent le déstabiliser un peu moins, et lui tirent un petit sourire, sincère mais un peu gêné. Il n’a pas fait grand-chose au fond, du moins c’est son impression.

« Oh c’est rien va. Surtout que j’ai pas tellement d’efforts à faire en fait. C’est pas comme au village, quand il faut porter le père Prodal, ou quand il faut empêcher Bradis de tout casser dans la taverne… ça oui, c’est du boulot ! Heureusement que ça arrive pas souvent… Et puis tu m’as aidé aussi, t’as été sympa et tu m’as donné plein de conseils, je pouvais bien faire ça. » conclut-il comme si ça expliquait tout. Même si, en réalité, il aurait probablement fait exactement pareil même sans ça.

Considérant le sujet clos, il entreprend de faire honneur au petit déjeuner qui lui a été si gentiment rapporté en se confectionnant une tartine, dans laquelle il croque avec appétit. Il sourit d’ailleurs en voyant Belle s’installer pour suivre son exemple. Ça lui aurait fait un peu bizarre d’être le seul à manger pendant que son ami restait debout à le regarder faire… Et puis il n’a pas tellement mangé hier soir ! Son sourire s’efface toutefois rapidement alors que le jeune homme reprend la parole pour proposer de s’en aller, à quoi il répond avec un peu trop de précipitation, en oubliant d’avaler ce qu’il a dans la bouche :

« Oh non ! »

Réalisant tout à coup ce qu’il est en train de faire, il referme la bouche encore plus précipitamment, avant de lâcher du bout des lèvres, en rougissant, un « Pardon » à peine audible. Il prend cette fois le temps de soigneusement tout avaler avant de reprendre, gêné :

« Au contraire, j’aime bien que tu sois là. »

Pour tout dire, il aimerait assez s’ils pouvaient faire un bout de chemin ensemble, même s’il n’ose pas vraiment lui demander. Déjà, parce qu’il a l’air bien plus débrouillard qui lui, et qu’il s’en sortirait sûrement beaucoup mieux avec son aide que tout seul… Mais même sans ça, il apprécie tout simplement sa compagnie. C’est quelqu’un de gentil, et la première personne réellement amicale que l’orphe ait rencontrée depuis son départ, et, mine de rien, pour lui, ça représente beaucoup. Surtout qu’il n’a pas vraiment l’habitude de se retrouver seul, ou en tout cas plus de quelques heures…

Même s’ils se connaissent à peine, Sinnæus sait déjà qu’il sera bien triste quand viendra le moment de se séparer. Mais d’un autre côté, il ne veut pas non plus que le jeune homme se sente obligé de rester avec lui, que ce soit parce qu'il se croit redevable envers lui ou par pitié, ou pour n’importe quoi de ce genre… Alors, au lieu de lui demander directement, il biaise en lui posant une question pas tout à fait sans rapport, mais qui n’engage à rien.

« D’ailleurs, tu vas faire quoi maintenant ? Enfin, après le déjeuner et tout ça je veux dire… »

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 09 Avr 2015, 23:15

Bell se détends un peu devant la réaction de l’orphe oiseau, qui semblait étrangement enthousiasme à l’idée de s’occuper d’un étranger complètement soûl pendant toute une soirée. Bon, pourquoi pas, hein. Il avait l’air de se sentir un peu seul – tout comme le danseur, mais lui ne se l’aurait jamais avoué clairement -. Alors probablement que ça lui fait plaisir de ne pas être tout seul loin de chez lui, avec personne envers qui être timide et embarrassé. D’ailleurs, à l’heure présente, il est encore en train de s’excuser.
« T’emballes pas, même si tu mangeais comme un porc, je vais pas aller appeler ta mère. » s’amuse un peu Bell, en train de mettre un paquet de lait dans sa tasse de thé. C’est vrai que c’est un peu agaçant de l’entendre s’excuser tout le temps, mais au moins, il est marrant. Enfin… Il l’est jusqu’à ce qu’il se mette à poser des questions pas agréables.

Le danseur croque dans une tartine pour se donner un peu plus de temps pour répondre, mâchonnant avec lenteur. Ce n’est pas comme s’il avait quoique ce soit à cacher, mais ce n’est pas très agréable de devoir avouer qu’il n’a aucune idée de ce qu’il fait avec sa vie en ce moment. Bell soupire un peu, avale à regret : « Pour être honnête, j’en sais rien. Je suis venu ici pour m’enfuir de là d’où je viens, et c’est sympa de faire du tourisme, mais j’ai aucun but, pas beaucoup d’argent et pas de bouquin avec les trucs à pas manquer. Je me promène juste depuis une semaine et demi, je prends le train, je me balade, je reprends le train, je cherche un endroit à manger. »
Le danseur fronce les sourcils, il a du mal à s’apercevoir qu’il est en train de dire plus qu’il ne voudrait parce que l’agacement l’a déjà gagné. « J’ai passé toute ma vie à me lever tôt et m’entrainer sans fin pour des représentations, qui se faisaient et se finissaient, et rebelote. Je ne sais pas quoi faire d’autre, je ne sais pas m’occuper avec autre chose. »

Un silence s’installe un instant lorsque Bell se tait brusquement après avoir réalisé ce qu’il est en train de dire.
« J'ai mal à la tête. » grogne-t-il, le visage un instant dans ses mains comme pour se donner des excuses et effacer ses paroles précédentes. Il ne devrait pas être en train de dire des trucs pareils à quelqu'un qu'il ne connait pratiquement pas, ce sont des choses un peu trop vraies et blessantes.

Mais il ne peut accuser personne d’autre de lui avoir lancé ces mots à la figure. Il y avait eu une période où dire que la danse était sa vie était une de ses fiertés, mais à présent, cela ne semble que souligner tout ce qu’il n’a pas fait en dehors de ça. Depuis quelques jours, le danseur n’est plus trop certain que c’était une bonne idée de quitter sa vie à la Basse-ville, mais au final, il n’avait pas eu vraiment le choix non plus. Rester là-bas l’aurait sans doute étouffé vivant.
C’est seulement le flou de son avenir et le manque d’endroit familier qui le rend trouillard. Bell relève la tête et jette un regard perçant à Sinnæus, comme pour l’accuser de ses propre mauvaises pensées.
« Je vais m'entrainer, déjà, après déjeuner. Voilà ce que je vais faire. » finit-il par reprendre, avant de continuer. « Bon, et toi, qu’est-ce que tu vas faire ? Tu veux chercher ton frère, non, par quoi tu vas commencer ? »
Le danseur se sent un peu mal de remuer le couteau dans la plaie parce que lui-même est de mauvaise humeur, mais hé, c'est bien ce qu'il est sensé faire, après tout, il n'a pas traversé un océan pour rien.

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 12 Avr 2015, 23:24

La réponse de Belle à ses excuses tire un petit rire à l’orphe, mais sa bonne humeur est de courte durée puisqu’il remarque bien vite que sa question ne met pas son nouvel ami des plus à l’aise. Zut, il a encore réussi à gaffer ! Décidément, faire la conversation, ce n’est pas vraiment son domaine… Il s’apprête à s’excuser — encore — et à lui dire qu’il n’est pas obligé de répondre s’il n’a pas envie, mais le danseur a déjà commencé.

C’est vrai que présentés comme ça, les plans du danseur ne paraissent pas très réjouissants. Tout comme la façon dont il parle de sa vie, chez lui. C’est d’ailleurs un peu étrange à entendre pour Sinnæus quand il pense à Lucilie, qui a toujours l’air si heureuse de danser… Sin’ se sent sincèrement désolé pour Belle, et encore plus quand il se prend le visage dans les mains en se plaignant d’avoir mal à la tête… mais il ne sait vraiment pas ce qu’il pourrait dire pour le réconforter ne serait-ce qu’un peu, et il s’en veut d’avoir abordé le sujet.

Le regard que lui lance le jeune homme ne l’aide d’ailleurs pas vraiment à se sentir mieux à ce propos. N’empêche, il lui donne aussi une réponse un peu plus précise, et sa crête de plume se redresse en l’entendant. S’entraîner à danser ? Oooh, il aimerait bien pouvoir voir ça ! Il pourrait peut-être comprendre ce que c’est que le ballet, du coup. Et puis c’est de la danse, ce serait sûrement joli à regarder…

Il redescend sur terre, au moins un peu, quand Belle lui retourne sa question. Lui n’a pas l’air de mal le prendre, il prend simplement son temps pour répondre. Il y a réfléchi hier soir, mais il faut encore qu’il mette de l’ordre dans tout ça…

« Déjà, je vais suivre ton conseil et essayer de voir s’il y a des… comment tu avais dit déjà ? Des “forces de l’ordre” qui pourraient m’aider à le retrouver. L’aubergiste devrait pouvoir me renseigner là-dessus, je suppose. Enfin si elle veut bien me répondre, elle était un peu bizarre hier soir… Et puis après, eh ben ça dépendra de ce qu’ils me diront, je suppose. Ton idée de mettre des affiches était bonne aussi, mais je sais pas si je ferais mieux de rester ici ou d’essayer d’aller à Ephtéria. Et il faut que je me décide avant de les faire, que les gens puissent me contacter si quelqu’un l’a vu ! Peut-être que j’aurais moyen de me faire embaucher comme messager entre ici et là-bas, mais pour ça aussi, il faut que je me renseigne. »

Ça n’a toujours pas l’air très clair tout ça, mais au moins maintenant il a une ébauche de plan, ce qui est beaucoup plus qu’il ne pouvait en dire hier ! Et c’est bien grâce à Belle, il n’est pas sûr qu’il aurait pensé à tout ça tout seul. En tout cas probablement pas aussi vite. Mais là tout de suite, ça lui paraît surtout beaucoup à faire, et il n’est pas sûr de se sentir le courage de se lancer séance tenante. C’est qu’il a beaucoup voyagé ces derniers jours, et, même s’il a bien dormi cette nuit, il est encore fatigué, mentalement plus que physiquement, et un petit moment de calme ne lui ferait sûrement pas de mal.

De toute façon, quelques heures ne changeront probablement pas grand-chose. Selon lui, il y a deux possibilités : soit son frère c’est fait manger par la bestiole — même s’il préfère ne pas penser à cette éventualité ! — et il ne peut plus rien pour lui, soit il a réussi à lui échapper d’une façon ou d’une autre, et ça veut dire qu’il a le temps de le retrouver… Alors, timidement, rougissant un peu, il ajoute :

« Mais en fait, j’aimerais bien te regarder pendant que tu t’entraînes. Enfin s-si ça t-t’embêtes p-pas bien sûr. Je veux p-pas m’imp-poser… »

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 14 Avr 2015, 01:29

« Tant que tu me déconcentres pas... » répondit Bell, croquant dans sa tartine. « Tu pourras toujours décider plus tard ce que tu feras pour ton frère. C’est clairement pas quelques heures qui vont changer quoique ce soit, maintenant… »
En bien ou en mal, d’ailleurs. C’est un peu triste pour lui… Mais il n’y peut lui-même rien. Aussi le danseur finit tranquillement son petit-déjeuner avant de se relever, puis sort quelques affaires de son sac, décidant déjà de garder le t-shirt qu'il porte. Il y a un pantalon de danse gris qu’il ne met jamais sans jupette, trop pudique de ce qu’on pourrait avoir envie de voir en-dessous, et ses chaussons. Ils sont dans un sac à part, trop précieux pour être mis avec le reste. Cela aurait été étrange pour probablement toute autre personne de prendre des vêtements de danse plutôt que le stricte nécessaire dans un si petit sac, mais Bell n’a pas réussi à se séparer de quelque chose d’aussi important pour lui. Après avoir passé des années à s’entrainer tous les jours pratiquement sans exceptions, c’est une idée complètement absurde pour lui. Il n’avait hésité qu’une seconde.

Bell ressort de derrière le petit paravent, sort son portable et pianote un instant dessus, avant de s’arrêter pour relever la tête sur l’orphe oiseau. Ce n’est normalement pas correct de montrer ce genre de chose devant des gens qui ne viennent pas de la Basse-ville, mais il estime qu’ici ce n’est pas si grave.
« Panique pas, hein. » Le danseur pose l’engin devant lui, sur le cadre épais du lit. « C’est une machine d’où je viens. Ça fait plein de chose, mais notamment jouer de la musique. »
Il jette un coup d’œil au visage de Sinnæus simplement pour s’amuser de son air forcément étonné, et attend les premières notes d’une simple mélodie au piano pour commencer à s’étirer un peu, pieds nus. C’était un peu bizarre d’avoir un seul spectateur comme ça, mais bon, après avoir dansé devant des salles combles, ça aurait été justement le comble de se sentir embarrassé. Le danseur ne fit pas longtemps attention à lui, de toutes manières, parce qu’il essayait de se concentrer pour exécuter correctement ses mouvements sans avoir de glace pour l’aider à les vérifier. Après un petit moment à s’étirer dans tous les sens, Bell s’installa un instant par terre pour enfiler ses pointes, observant presque étonnamment ses pieds. Ses orteils étaient remarquablement en train de guérir de toutes blessures, ce qui était plutôt une première depuis très longtemps. Il voulut un instant en faire la remarque à Sinnæus, avant de décider que ce n’était guère intéressant. De même que le regarder s’étirer. Même la suite ne l’était pas pour Bell, mais l’orphe avait demandé à regarder.

« N’imagine pas que ce que je fais ressemble même de loin à du ballet. C’est un peu bête que tu découvres ça comme ça. »
Il n'imaginait pas un instant que Sinnæus ait vu une seule fois dans sa vie un ballet. Il avait à peine l'air de savoir ce que c'était. Le danseur sembla réfléchir une seconde pendant qu’il finissait de lacer les rubans gris de ses chaussons, avant de donner un coup de menton vers son téléphone portable. « Je te montrerais un peu plus correctement après, si tu veux. »
Et puis sans transition, Bell se releva et reprit. Première, deuxième position… Jusqu’à la cinquième, plusieurs fois, et puis il s’attela à un peu plus compliqué, enchainant arabesques, déboulés et sauts de chat. Le danseur avait cette fois complètement oublié son compagnon de chambre et prenait seulement attention à modérer ses grand jetés parce que vu la taille de la pièce, il allait se retrouver aplatis contre un mur, sinon. Bell continua pendant plus d’une heure, répétant en général des morceaux de différentes chorégraphies qu’il avait autrefois apprises, puisqu’il était privé de maître de ballet pour lui dire quoi faire. Lorsqu’il s’arrêta, il était déjà un peu essoufflé, et passa une main sur son cou en s’étirant encore un peu, se retournant pour regarder enfin Sinnæus dans les yeux.

« C’était long, non ? » demanda avec amusement Bell, un sourcil levé. « J’aurais dû te dire que tu pouvais aller faire ce que tu voulais, je suis sûr que t’es trop timide pour le faire sans autorisation. »
Soudainement de meilleure humeur, le danseur s’installa sur le lit avec un sourire. Se dégourdir les jambes lui avait éclairci les idées malgré sa gueule de bois, une preuve lointaine que Bell n’avait pas choisi son métier par hasard et qu’il ne pouvait pas complétement cacher son plaisir sous du dédain. Il attrapa son portable, un carré argenté où son nom avait été gravé à l’arrière. Ce n’était pas lui qui l’avait acheté, mais il avait l’avantage d’avoir un écran assez grand pour y montrer des vidéos sans trop plisser les yeux. Pas assez grand pour Bell, pourtant, qui soupira en tapotant dessus avant de le tendre vers Sinnæus. Regarder ça comme ça manquait cruellement de classe quand c’était la première fois.
« Tiens, c’est une vidéo, enfin… comme un souvenir, sauf que ce n’est pas dans la tête de quelqu’un et que c’est exactement ce qui s’est passé. C’est un des ballets que j’ai fait. » commença-t-il alors que le début de la vidéo en question montrait une scène où apparaissait de plus en plus de danseurs à mesure que l’orchestre se réveillait. Il pointa une minuscule figure portant un grand tutu et un costume pleins de dorure. « C’est moi. J’étais la première danseuse là-dedans, c’est le personnage principal. Il y a toujours une histoire qui lie toutes les danses. Celle-là, je l’aime bien, elle est plutôt sympa par rapport à d’habitude. »

Alors. Pour les termes un peu casse-bonbon... Les plus importants, je met juste. ^^ Pour les positions de base, hop : http://fr.wikipedia.org/wiki/Position_classique et pour les grand jetés, ça ressemble à ça !

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 22 Avr 2015, 00:06

La réponse de Belle suffit à ce que les plumes de l’orphe se redressent sur sa tête joyeusement. Il s’abstient d’afficher un grand sourire béat, mais de peu. Ne pas le déconcentrer, ce ne sera pas un problème, il a l’habitude que Lucilie le laisse la regarder s’entraîner sous la même condition. Et de toute façon, il a tendance à se faire oublier naturellement, alors ce n’est pas comme si ça lui demandait un effort particulier. Et le commentaire du danseur à propos de son frère à quelque chose de rassurant. Après tout, le danseur a déjà démontré être bien plus débrouillard et malin que lui, donc s’il partage son avis, c’est que sa réflexion n’est sans doute pas mauvaise.

Sin’ finit son petit-déjeuner pendant que son ami fait de même puis se change, puis pose le plateau dans un coin en attendant de le descendre et s’installe sagement sur le lit en attendant. Il observe, un peu curieux, le drôle d’objet que le jeune homme vient de sortir. Il n’a jamais rien vu qui ressemble à ça, et il se demande bien ce que ça peut être ! Mais ce qu’il remarque surtout, de là où il est, c’est le nom de son propriétaire gravé derrière… Bell donc, et non pas “Belle” comme il l’avait cru. Il n’avait jamais vu ce prénom, mais c’est vrai que pour un garçon, c’est tout de même moins bizarre…

Il sursaute presque quand Bell le tire de ses réflexions en reprenant la parole. Il commence par hocher la tête un peu machinalement — il n’avait pas l’intention de paniquer, c’est vrai qu’il trouve ce truc un peu étrange, mais si son ami le manipule comme ça, c’est que ça ne doit pas être dangereux, il lui fait confiance — avant d’écarquiller les yeux de surprise en observant l’objet en question plus attentivement. Une machine, ça ‽ Mais c’est tout petit ! Il n’y a certainement pas la place pour tous les… engrenages et autres… trucs qu’on trouve immanquablement dans les machines, même s’il n’a en fait pas la première idée de ce qu’on peut trouver à l’intérieur. En tout cas c’est forcément plus gros que ça !

Même une petite boîte à musique ça ne peut pas être aussi petit, il en est persuadé. Il le sait, parce qu’il en a déjà vu en faisant ses livraisons dans les belles maisons de Tib’Koh. Et pourtant, le danseur n’a pas menti, et de la musique s’élève de la drôle de boîte. Et quelle musique ! Ça n’a rien à voir avec la mélodie mécanique, au son métallique, que produisaient les quelques boîtes à musique qu’il a eu l’occasion d’entendre. C’est beaucoup plus joli, on croirait qu’il y a un vrai piano là-dedans ! C’est incroyable ça !

Fasciné, l’orphe garde le regard rivé sur la boîte, sans guère prêter d’attention aux étirements du danseur. De toute façon, ce n’est pas la partie la plus intéressante… Il n’ose pas trop bouger de sa place — il n’a pas oublié qu’il ne doit pas le déconcentrer, donc il évite le plus possible de remuer — mais il ne peut pas s’empêcher de se pencher en avant pour essayer de mieux observer l’étrange chose, les plumes de son crâne frémissant de curiosité. Son observation ne lui apprend pas grand-chose, d’ailleurs, on dirait juste une petite boîte toute plate en métal, avec juste le dessus dans une drôle de matière qu’il ne reconnaît pas, et tout noir.

Quand Bell s’adresse de nouveau à lui, il relève la tête, un peu brusquement — et manque de s’étaler en avant sur le lit dans la foulée — en cillant, l’air d’avoir besoin d’un instant pour se rappeler où il est et ce qu’on est en train de lui dire. Pas du ballet ? Il lui faut un instant pour comprendre qu’il veut simplement dire que ce ne sera pas aussi bien que du “vrai” ballet, mais ça convient tout à fait à l’orphe. Il est déjà très content de pouvoir découvrir à quoi ça ressemble ! Sin’ répond à la proposition d’un hochement de tête ravi, sans prendre le temps de se demander quel rapport elle peut bien avoir avec la petite boîte que le danseur lui a désigné d’un geste en parlant.

Il oublie d’ailleurs tout à fait l’objet pour un temps, se concentrant plutôt sur les mouvements de Bell. Le début est plus intrigant que réellement joli, mais le garçon n’en est pas moins impressionné par les positions improbables que prennent les pieds du danseur. Il est bien convaincu qu’il n’arriverait jamais à en faire autant, et même Lucilie n’a jamais rien fait de ce genre !

Ce passage-là ne dure pas très longtemps, et bien vite Sin’ s’émerveille des figures qui s’enchaînent. Même si Bell avait l’air dire que ce n’était pas aussi bien que du ballet, lui trouve ça vraiment très joli ! Il reconnaît même celle que le jeune homme a essayé de faire la veille — mais cette fois en plus gracieux, et surtout nettement plus stable ! En revanche, s’inquiète un peu quand le danseur s’élance dans de grands sauts. Heureusement que la chambre n’est pas trop petite, et qu’il n’y a pas grand-chose comme meubles ! S’ils y avaient pensé avant, ils auraient pu demander à l’aubergiste si elle n’avait pas une pièce plus pratique à leur prêter… Mais trop tard maintenant, il ne va pas l’interrompre pour ça ! D’autant que Bell s’en sort plutôt bien pour éviter les murs.

Le temps passe sans qu’il s’en rende vraiment compte, et il ne saurait pas vraiment dire combien s’est écoulé quand le danseur finit par s’arrêter, à peine essoufflé après toutes ces pirouettes. L’orphe affiche un sourire émerveillé qui lui donne un air enfantin, le faisant sembler encore plus jeune que d’habitude, et c’est avec un enthousiasme évident qu’il répond :

« Oh non, j’ai pas trouvé ça long. C’était très joli ! »

Si Bell n’a sans doute pas tort en ce qui concerne sa timidité, la vérité c’est que même s’il en avait eu l’autorisation, il n’aurait pas songé une seconde à s’en aller et à rater le spectacle. En plus, le danseur semble de meilleure humeur maintenant, il lui sourit même, et ça fait plaisir à Sinnæus. Sans vraiment l’étonner en revanche, il a remarqué que la danse avait souvent cet effet là sur sa sœur aussi. S’il n’avait pas deux pieds gauches, il aimerait bien pouvoir faire pareil lui aussi… Enfin, lui il peut voler, c’est quand même quelque chose !

L’orphe observe le danseur manipuler son petit objet si étrange, et y jette sans vraiment s’en rendre compte un regard curieux alors que son ami vient s’installer à côté de lui. Ce qui lui tire un petit sursaut de surprise lorsqu’il constate que la surface lisse auparavant noire affiche désormais une image. Mais ce n’est rien comparé à sa stupéfaction lorsque l’image se met à bouger ! Il fixe la chose avec des yeux effarés, la main tendue vers le petit objet sans pourtant aller jusqu’à le toucher. Il n’entend qu’à peine les explications de Bell, qui ne l’éclairent d’ailleurs que partiellement, et lance avec fascination :

« C’est magique ‽ »

Les objets magiques, même s’il n’en a jamais vu — jusqu’à aujourd’hui en tout cas —, il sait que ça existe, on lui en a parlé. Mais il n’a jamais rien entendu qui ressemblait à ça ! Il regarde les petites images défiler, sans trop savoir s’il est plus fasciné par ce qu’il voit ou par la petite machine qui les produit, et glousse légèrement en reconnaissant — vaguement — la silhouette du danseur quand celui-ci la désigne. Une question lui vient, mais il préfère la garder pour plus tard et simplement savourer ce si curieux spectacle pour l’instant.

Les costumes sont très jolis, et, même s’il reconnaît les mouvements que Bell vient d’effectuer devant lui, et que c’est un peu confus à cause de la taille réduite, il doit bien admettre que la danse est bien plus jolie comme ça, et il est très impressionné par la capacité de tous ces petits personnages de bouger avec autant d’harmonie.

Le jeune homme manipule son étrange machine à plusieurs reprises, et Sin’ devine qu’il la fait passer à différents moments du spectacle, parce qu’à chaque fois l’image change, et plus rien n’a l’air d’avoir de sens avec le peu qu’il avait compris de l’histoire. Mais ça ne le gêne pas, c’est joli quand même. Et ce petit bidule est décidément drôlement impressionnant !

Quand c’est terminé, et que Bell éloigne de lui la machine, c’est presque à regret que l’orphe en détache son regard. Il a les yeux pleins d’étoiles et un grand sourire de gamin, et ses plumes frémissent presque d’excitation face à toutes ces choses merveilleuses qu’il découvre en même temps. Il est très curieux à propos de la machine, il aimerait bien savoir comment elle marche et si elle fait d’autres choses fabuleuses — après tout, Bell a bien dit qu’elle faisait “plein de trucs” ! — mais c’est loin d’être la seule chose à avoir éveillé son intérêt et sa curiosité, si bien qu’il préfère commencer par celui du ballet, avec dans la voix une exaltation qui fait oublier sa timidité habituelle.

« C’était beau… et tu danses drôlement bien ! Par contre tout compris à l’histoire… ça raconte quoi ? »

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 28 Avr 2015, 23:00

Bell se met à sourire légèrement en entendant Sinnæus lui demander si son portable est magique. Il ne sait pas trop quoi répondre, il ne s’y connait pas trop en électronique, en informatique non plus, et ne sait pas comment expliquer ça simplement. Et puis il n’est pas sensé rentrer dans les détails.

« En quelque sorte. » finit-il par répondre, ses yeux suivant la petite vidéo qui fait sonner une musique dans la pièce tellement familière pour le danseur. Après s’être entrainé des mois pour ces représentations, il est difficile d’oublier les notes qui s’envolent même quelques années après. Bell connait les gens qui tournoient autour de sa plus jeune version digitale et c’est un peu dur de ne pas se perdre dans des souvenirs qui sont maintenant douloureux. Ces personnes, à cette époque, ne lui avait pas encore tourné le dos pour protéger leur propre réputation.
Si bien qu’il avance plusieurs fois la vidéo sans trop laisser le temps à Sinnæus de vraiment suivre. Le ballet entier est bien trop long, de toutes manières. L’orphe oiseau lui pose quand même des questions sur l’histoire, et sort un peu le danseur de ses réflexions qui secoue d’abord la tête légèrement.
« Bien sûr que je danse bien, c’est mon métier, je suis obligé ! » réplique-t-il en haussant les épaules, avant de se mettre à réfléchir un peu pour faire un résumé cohérent : « C’est une princesse dont le frère jumeaux est sourd. Il ne peut parler qu’avec elle, parce qu’ils ont inventé une manière de communiquer avec des gestes. Et un jour, on ramène au palais une femme oiseau que des chasseurs ont récupérés dans la forêt. La princesse réussit à les convaincre de ne pas la tuer, la nomme invitée de la famille royale, et passe du temps avec elle. Personne ne la comprends parce qu’elle ne parle pas leur langage, alors elle finit par lui apprendre celui de son frère. Bien sûr lui et la femme oiseau tombent aussitôt amoureux à cause de ça, mais le reste du royaume trouvent encore que c’est une abominable et veulent vraiment la tuer maintenant que le prince veut la marier. Au final, sa sœur trouve comment les laisser s’enfuir dans la forêt pour qu’ils vivent heureux là-bas. »

Le danseur range son portable, sans penser à la curiosité exacerbée de Sinnæus qu’il avait du mal à imaginer, par ignorance : « Les ballets ont rarement des fins heureuses mais celui-là est sensé en avoir une. Mais je trouve que c’est de la merde. Si tu regardes du côté des amoureux, oui. Mais si tu regardes du côté de la princesse, elle perd les deux personnes qu’elles aiment autant et elle doit rester toute seule au palais près de gens qui désapprouvent ses choix depuis le début. Et qui sont des vrais sauvages, si tu veux mon avis. Et ouais, j’ai choisi ce ballet-là rien que parce qu’il y a une affaire de personne oiseau dedans alors t’as intérêt à l’avoir apprécié. »

Bell se tait avec un sourire en coin. Ce dernier disparait aussitôt quand il réalise avec horreur, cette fois devant l’évidence, qu’il a envie de rester en compagnie de l’orphe oiseau. Il vient de parler plus qu’il ne l’a fait d’affilée depuis des jours simplement parce qu’il a un auditoire agréable.
Le danseur saute du lit sans prévenir et se retourne se rhabiller normalement. En rangeant ses affaires de danse soigneusement, il commence à rassembler le reste de ses affaires, se rappelant qu’il devait y aller à un moment ou à un autre après toutes ses joyeusetés. C’était ce qu’il avait prévu tout à l’heure, en tout cas. Maintenant que cette impression peu agréable l’a envahi, il veut partir d’ici rapidement. Il n’a rien à faire avec Sinnæus et ce dernier ferait mieux de s’occuper de son frère. Bell n’est pas en Païlandune pour montrer des ballets en version miniature à des étrangers qu’il ne connait ni d’Ève ni d’Adam.

Mais là encore, le danseur n’est en Païlandune que pour fuir la Basse-ville ; il n’a rien à y faire ou non. Il se répète simplement de fausses excuses, repoussé par l’idée d’avoir envie de rester en compagnie de quelqu’un qu'il ne connait pratiquement pas, comme si l’orphe oiseau timide et maladroit avait déjà l’intention de lui jouer un sale coup. Même si ce n’était pas le cas, il a déjà assez de problèmes pour ne pas aller courir après des gens disparus.
Bell jette un regard à Sinnæus, les lèvres pincés, comme pour s’aider à décider entre ses envies et ce qu’il appelle la raison. Ce n’est pas habituel pour lui de ne pas savoir ce qu’il veut et c’est d’autant plus énervant. Le danseur prends une grande bouffé d’air et referme son sac.
« Hé, dis, je devrais partir… » commence-t-il avec un soupçon de mais… dans la voix, mais Bell ne sait pas exactement comment finir sa phrase.

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 10 Mai 2015, 16:16

L’orphe cligne des yeux, un peu perplexe devant cette réplique dont il ne voit pas très bien la logique. Il connaît des tas de gens qui ne sont pas très doués dans ce qu’ils font, même si c’est leur métier ! Bien sûr, ça ne doit pas être tout à fait pareil pour les danseurs, du moins il suppose, quelqu’un qui ne danse pas très bien ne sera pas engagé pour faire des spectacles probablement… mais tout de même. Haussant les épaules à son tour, il désigne d'un geste vague la petite boîte magique en rétorquant avec un sourire :

« Les autres aussi c’est leur métier, mais je trouve que tu danses mieux qu’eux. »

Aucune flatterie dans cette remarque, juste un constat sincère de son opinion. Évidemment, le fait que Bell ait eu le rôle principal dans le ballet qu’il vient de voir, et donc ait davantage été mis en valeur que les autres pourrait bien jouer sur cet impression, mais Sinnæus n’y pense pas vraiment, se contentant, comme bien souvent, de dire ce qu’il pense sans vraiment chercher plus loin.

Il oublie d’ailleurs assez vite ce semblant de débat quand le danseur entreprend de lui raconter l’histoire dont il n’a eu que quelques aperçus et qu’il écoute avec passion, reconnaissant dans le récit les extraits qu’il a vus. Son visage est comme un livre ouvert sur les émotions que le traversent au gré de l’histoire, ses plumes se redressant ou s’affaissant en fonction. Il est notamment très triste quand les gens veulent tuer la femme-oiseau, qui est naturellement le personnage dont il se sent le plus proche. Il a du mal à comprendre comment on peut être aussi méchant avec quelqu’un simplement parce qu’il est différent…

L’interprétation que Bell fait de l’histoire ne lui remonte d’ailleurs pas vraiment le moral. Il la trouve cynique et un peu triste, et il n’est pas tout à fait d’accord avec lui. D’ailleurs, sans vraiment s’en rendre compte, il reprend la parole à son tour.

« Je sais pas… Elle doit être contente de savoir que ceux qu’elle aime sont heureux. Et puis, si elle s’enfuyait avec eux, ce serait les gens méchants qui prendraient sa place et dirigeraient son royaume, et alors rien ne changerait… en restant princesse, elle peut utiliser son pouvoir pour améliorer les choses… non ? »

Il lance un regard interrogateur à son ami, incertain de ce qu’il avance. Il faut dire qu’il n’y connaît rien à ce genre de choses, tout ce qu’il sait des princesses vient des contes et des histoires. Ça ne lui ressemble pas tellement d’ailleurs de donner son avis comme ça — déjà qu’il n’en a pas souvent un —, surtout pour contredire quelqu’un sur un sujet qu’il connaît aussi peu. D’ordinaire il se contente d’écouter sagement sans rien dire, en restant dans son coin.

C’est peut-être parce que la compagnie du danseur le met à l’aise qu’il se le permet, pour une fois. Sans trop savoir pourquoi, il n’a pas peur qu’il prenne mal le fait qu’il ne soit pas d’accord avec lui, ni qu’il le prenne pour un idiot… en fait, il n’y a même pas pensé, il apprécie simplement de discuter avec lui même s’ils ne sont pas du même avis, et ça lui fait un peu bizarre…

Il n’en est que d’autant plus triste quand son nouvel ami lui annonce qu’il va être temps pour lui de partir. Il savait bien que ce moment viendrait, évidemment, mais il ne s’était pas attendu à en être aussi déçu. Il a soudainement l’air pitoyable d’un gamin à qui on vient d’annoncer que Noël est annulé, les plumes retombant tristement sur sa tête quand il lâche un « Oh » d’une petite voix désabusée.

« Tu vas aller où, du coup ? »

Il trouve ça trop dommage, vraiment, qu’ils se séparent aussi vite alors qu’ils ont tous les deux l’air de ne pas vraiment savoir où ils vont… Et puis, il doit bien reconnaître que l’idée de se retrouver tout seul dans ce monde si grand et si bizarre lui fait un peu peur. Il est sûr qu’avec Bell, il s’en sortirait mieux, et qu’il aurait plus de chances de retrouver son frère. Alors, dans un sursaut de courage qui ne lui ressemble pas vraiment, il ajoute, sans laisser au danseur le temps de répondre à sa question :

« Parce que je me disais… enfin si t’as pas de projet précis… qu’on pourrait peut-être faire un bout de chemin ensemble, peut-être ? Enfin si tu veux bien… Vu qu’on connaît pas vraiment la région, ça pourrait être plus sympa de découvrir ensemble, non ? Enfin t’es pas obligé hein, si tu préfères voyager tout seul y a pas de souci… »

Il ne pourrait pas lui en vouloir de ne pas avoir envie de s’encombrer d’un grand échalas maladroit et plutôt inutile tel que lui… Il se trouve même un peu égoïste d’avoir proposé, considérant qu’il serait sûrement plus une gêne qu’autre chose pour Bell… mais peut-être pas seulement ? Le danseur lui paraît bien seul, et ça pourrait lui faire du bien aussi d’avoir quelqu’un à qui parler et pour lui tenir compagnie, même s’il ne sert pas à grand-chose à part ça…

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 16 Mai 2015, 19:00

Bell jette un regard pensif sur Sinnæus. C’est vrai qu’il n’avait pas vu les choses comme ça. Peut-être était-il un peu trop cynique avec sa propre vision du ballet qu’il venait de lui montrer. Il haussa pourtant les épaules : « Tu n’as pas tort, mais je continue de penser qu’elle doit se sentir bien seule, c’est pas très sympa de finir l’histoire comme ça, pour elle. »
Le danseur se releva pour aller rassembler ses affaires, hésitant sur la suite. Il avait presque fini mais l’orphe oiseau l’aidait encore moins à faire taire ses doutes, avec sa tête d’enterrement et ses questions dérangeantes. Bell pinça ses lèvres et réfléchit une seconde, les sourcils froncés. Il avait bien envie de lui dire simplement que ça ne le regardait pas, mais son compagnon d’un soir ne lui avait pas laissé vraiment le temps d’ouvrir la bouche pour déballer une proposition encore plus embarrassante. Le danseur resta planté là à le regarder comme s’il venait de lui dire qu’il avait les cheveux gras. Non mais il n’aidait vraiment pas !

Il soupira longuement et se tourna vers Sinnæus, avouant défaite devant sa faiblesse : « Ok. »
Bell aurait bien voulu dire quelque chose du genre « mais c’est bien pour te faire plaisir. », sauf que c’était faux et qu’il n’aimait pas mentir. Ce n’était pas vraiment sympa de trainer Sinnæus dans ses propres insécurités, et ce dernier semblait déjà assez embarrassé comme ça. C’était plutôt amusant de voir encore et encore son air terrifié dès qu'il ouvrait la gueule, mais un peu agaçant, aussi.
« Hé, mais dans ce cas, va falloir que t’arrêtes de me regarder comme si j’allais t’engueuler n’importe quand, hein ! » répliqua-t-il ainsi. « Tu sais que t’as le droit de demander des trucs ou de pas être d’accord, hein ? Ou t’as dix ans et je ne me suis complètement trompé ? »
Le danseur s’appuya sur le mur, près de la porte, avec un léger sourire. « Fait tes affaires aussi, alors, faut qu’on file d’ici avant de devoir payer pour la nuit prochaine aussi, il est déjà tard. »

Effectivement, l’aubergiste en question les menaça un peu de leur faire payer plus, mais ne s’exécuta pas, heureusement. Elle avait un regard franchement désapprobateur, mais Bell n’avait pas l’intention de s’excuser pour son comportement du soir précédent étant donné qu’il n’avait apparemment rien fait de mal. Sinnæus lui aurait dit, sinon, non ? Il finit quand même par lui demander sur le parvis de l’auberge, après avoir payé le prix entier de la chambre. L’orphe oiseau avait beau lui avoir dit qu’il n’était pas obligé, Bell pense que ça vaut bien le prix du baby-sitting qu’il a dû faire avec sa personne alors qu’il était complètement soûl.
« J’ai dit un truc pas sympa à l’aubergiste, hier ? Elle nous regardait avec des yeux bizarres. »

Autour d’eux, la ville est bien réveillée, et les passants qui s’affairent autour d’eux ne leur jettent pas un regard, contrairement à l’aubergiste, trop occupés par leurs propres petites vies. Le danseur a bien l'impression de manquer d'un but, à voir tous ces gens qui court d’un côté et de l’autre côté avec l’air déterminé, et il décide qu’il a bien fait d’accepter la proposition de Sin’. Ça ne le fait pas bien avancer, mais au moins, il a quelqu’un pour lui faire croire qu’il sait ce qu’il va faire dans les jours qui viennent. Et puis aujourd’hui, ils vont peut-être réfléchir à faire quelque chose d’utile, le ciel s’est calmé.
Le temps est encore incertain, des gros nuages gris menaçants roulent dans le ciel, mais ils semblent être sur le point de s’en aller après avoir déversé leur déluge. Le seul souvenir de la nuit orageuse se trouve dans les rues aux flaques immenses, qui éclaboussent les gens lors du passage d'une charrue au mauvais moment.

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 18 Mai 2015, 18:56

Au regard que lui lance Bell, l’orphe croit deviner qu’il n’a pas grand-chose à espérer concernant sa proposition. Il ne peut pas lui en vouloir, bien sûr, il s’en doutait un peu. Déçu mais essayant — sans trop de succès — de ne pas le montrer, il est déjà prêt à répondre que ce n’est pas grave, qu’il comprend tout à fait, quand le danseur le prend cours en… acceptant ‽ La surprise s’efface rapidement pour laisser place à un large sourire ravi. La remarque de son nouvel ami lui tire un petit rire, avant qu’il y réponde d’un ton joyeux :

« Je vais essayer de faire des efforts ! »

Récupérer ses affaires ne lui prend que quelques secondes : il n’a aucun vêtement, et n’a rien eu besoin de sortir de son sac. Il lui suffit donc de ramasser ce dernier, de réveiller Pip’, et il est prêt à partir ! Arrivés en bas, l’aubergiste a l’air tout aussi bougon que la veille, mais Sin’ n’y prête pas attention, tout à sa joie d’avoir trouvé un compagnon de voyage. Il laisse d’ailleurs Bell négocier avec la tenancière, gageant qu’il est bien plus doué que lui pour ces choses-là. Il est tenté de protester quand le danseur décide de régler seul le prix de la chambre, mais se dit que ce n’est pas vraiment le moment, étant donné l’humeur de leur hôtesse à leur égard. Il pourra toujours payer pour lui une autre fois !

Avant de partir, l’orphe n’oublie pas de demander à l’aubergiste s’il y a en ville quelqu’un à qui il peut s’adresser pour l’aider à retrouver son frère. La femme le toise d’un air peu avenant, l’air de le jauger et d’hésiter quant à sa réponse. Elle finit néanmoins par se décider et laisse échapper avec un soupir, d’un peu mauvaise grâce :

« La garde royale, mais je vous conseille de vous en tenir aussi loin que possible si vous voulez éviter les ennuis. Allez plutôt voir la garde de Manôlis vous aurez meilleur temps. »

Elle lui explique succinctement comment s’y rendre, et les deux jeunes gens quittent l’établissement, au soulagement visible de sa propriétaire. Une fois à l’extérieur, Bell s’inquiète d’avoir dit quelque chose qu’il ne fallait pas pour qu’elle soit si peu disposée à leur égard. L’orphe réfléchit à la question, avant de hausser les épaules d’un air incertain.

« Quand elle s’est excusée parce qu’elle avait pu qu’une chambre, tu l’as mal pris et tu lui as demandé si t’avais “une tronche à piquer les couvertures”… mais ça m’étonnerait qu’elle se soit vexée pour ça ? Peut-être qu’elle aime juste pas avoir des clients qui ont bu. »

Il hausse à nouveau les épaules, l’air de considérer que ça n’a pas grande importance. Il ne sait pas trop ce qu’elle pouvait bien avoir contre eux, mais peu importe, maintenant. S’ils passent une autre nuit dans cette ville, ils trouveront une autre auberge, et voilà tout. Pour l’instant, il se met en marche en direction de la garde, suivant les instructions de la tenancière. Maintenant qu’il fait jour et qu’il ne pleut plus, il prend le temps d’observer un peu la ville. C’est plutôt joli, même s’il remarque qu’un certain nombre de bâtiments noircis sont en train d’être réparés, comme s’il y avait eu un gros incendie. Il espère qu’il n’y a pas eu trop de blessés… Ils trouvent assez rapidement le poste de garde, et, une fois devant, Sin’ se tourne vers Bell.

« Ça risque d'être un peu long, si tu veux aller te promener ou faire quelque chose en attendant, on peut se retrouver quelque part. »

Une fois qu’ils se sont mis d’accord là-dessus, l’orphe entre enfin dans le bâtiment. C’est assez animé, mais un garde en uniforme le remarque assez rapidement et vient s’enquérir de ce qu’il veut. Cette fois, l’orphe décide de passer certains détails sous silence — la grosse bête notamment —, ce n’est pas le moment de passer pour un fou, il a besoin d’être pris un minimum au sérieux s’il veut qu’ils cherchent vraiment Naja. Il explique donc simplement qu’il n’est pas d’ici, mais que son frère a disparu, et demande s’ils peuvent faire quelque chose pour. Le militaire l’interroge pour avoir un peu plus de détails, et les réponses du jeune homme le laissent dubitatif. Le disparu a été vu pour la dernière fois il y a plusieurs semaines, très loin d’Aspasie — ou même de Païlandune, pour autant qu’il puisse en juger… — et aucun élément ne permet d’affirmer qu’il soit maintenant dans la région…

« Hum… Je peux mettre en place un avis de recherche, mais je crois pas pouvoir faire grand-chose de plus que ça, avec les éléments que vous me donnez…
— Ce serait déjà bien, merci beaucoup !
— Vous avez une adresse où on peut vous contacter si jamais il y a du nouveau ?
— Non, je viens d’arriver… mais je reviendrai régulièrement vous voir, et je vous donnerai mon adresse dès que je serai installé quelque part, ça irait ? »


Le garde réfléchit un moment, semble se demander s’il n’est pas en train de se faire mener en bateau, mais la sincérité et l’inquiétude qui brillent dans le regard de Sinnæus ont l’air de suffire à le convaincre. Il finit par hocher la tête, et conduit l’orphe dans un petit bureau, en lui expliquant qu’un dessinateur va faire le portrait de son frère d’après ses indications. C’est effectivement un peu long, mais l’artiste est patient connaît manifestement son travail. Le résultat est impressionnant ! Enthousiaste, Sin’ demande s’il accepterait de lui en faire une copie qu’il prendrait prendre avec lui, pour chercher de son côté, et l’homme accepte sans trop se faire prier. Quelques formalités plus tard, l’orphe est ressorti et retrouve Bell, lui exhibant fièrement son carré de parchemin.

« Regarde, ils m’ont fait un portrait de Naja ! Comme ça quand on voudra faire des affiches, il y aura juste à le faire recopier, ce sera facile. »

Ce n’est qu’un début évidemment, et il est encore loin d’avoir retrouvé son frère, mais au moins maintenant les choses semblent bien engagées. Peut-être pour la première fois depuis son départ, il a l’impression qu’il pourrait bien réussir !

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 23 Juin 2015, 21:10

« Tu en as mis, du temps ! » s’exclame Bell en voyant Sinnæus ressortir du poste du garde. Ce n’est pas une accusation, vu le ton de voix qu’il prend, plutôt simplement une constatation, même s’il a quand même un peu attendu devant l’entrée. Ils s’étaient arrangés pour se retrouver là, pourtant, et le danseur n’est guère agacé par son attente. Il attrape le parchemin des mains de son compagnon de route pour observer plus attentivement le dessin ; c’est au moins plutôt précis, ce qui donnerait probablement plus de chance de retrouver le fameux frère.

« C’est une bonne idée d’avoir fait ça. Ça sera utile, surtout si c’est ressemblant. » remarque-t-il avec un hochement de tête, avant de lui rendre. C’est dommage que ce ne soit pas en couleur, mais ici, c’est déjà pas mal qu’il ait obtenu un dessin si détaillé, ce n’était pas comme si les appareils photos étaient utilisés en Païlandune ou là d’où venait Sinnæus. « Et ils ont dit qu’ils feront autre chose ? »
Parce que bon, il allait falloir plus qu’un petit morceau de papier si petit pour retrouver quelqu’un dans Païlandune tout entier ! Bell réfléchit un instant. « Je me demandais en t’attendant si on ne pourrait pas aussi demander dans les tavernes s’ils ont vu un dragon ces derniers temps. Au pire, on nous prendrait pour des détraqués. »

Dans la tête du danseur et sûrement à cause des films romanisés de la Basse-ville, les tavernes de Païlandune étaient remplies de vieux types qui n’attendaient que des passants pour radoter leurs histoires extraordinaires. Dans le peu de semaines qu’il avait passé ici, il avait eu le temps de découvrir que ce n’était pas le cas, qu’elles étaient surtout composés de gens en train de faire leur petites affaires en buvant ou en mangeant quelque chose, mais après tout, il y avait eu deux ou trois occasions où il avait pu côtoyer des gens un peu comme ça. C’était donc bien qu’il y en avait. Et vu la manière du Sinnæus était arrivé ici, aux trousses d’un dragon…
Bell lui jeta un coup d’œil en souriant très légèrement. Il avait beau être assez maladroit et timide, il fallait pas mal de courage, ou d’inconscience, peut-être, pour quitter la maison et décider de traverser les océans jusqu’à un autre continent où il ne connaissait rien. Il avait en tout cas de plus nobles motivations pour son grand voyage que le danseur qui soupira.

« Passons par le marché qui est là-bas, on pourra voir s’il y a des tavernes plus loin mais on aura au moins pu acheter quelques petites choses. J'sais pas toi mais les repas toujours dans les auberges, c’est pas trop dans mes moyens. »
Le danseur s’avança d’autorisation dans la rue qu’il pointait du doigt avant même d’avoir la réponse de Sinnæus, persuadé que ce dernier serait d’accord. Clairement, il ne roulait pas sur l’or non plus. Et l’odeur des étales qui parvenait jusqu’à eux donnait bien envie, même après un bon petit déjeuner. Bell craignait que son sac à dos ne devienne trop léger. À chercher un frère disparu, ils ne savaient pas où ils allaient devoir crapahuter, alors autant essayer d’avoir un peu de victuailles.

Désolé si c'est petit et/ou pas super comme poste, je mets partout ça mais j'ai vraiment l'impression d'avoir l'esprit rp un peu rouillé ><

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 29 Juin 2015, 16:42

Mais non t’en fais pas, ton post est très bien ! (l) Et c’est mon tour de te demander de m’excuser pour le délai de réponse, ma semaine a été plus chargée que prévu… ><

L’exclamation de Bell quand ils se retrouvent ne suffit pas à ternir l’entrain de l’Orphe, et s’il lâche bien un « Désolé. » machinal, il ne prend pour cette fois pas son air de chiot battu habituel ; il se sent de bonne humeur d’avoir l’impression d’enfin commencer dans ses recherches, même si ce n’est qu’un début, et de toute manière le danseur ne semble pas vraiment fâché. Considérant donc l’incident clos, Sin’ se contente de brandir fièrement le portrait devant son ami, lui laissant le temps de l’admirer avant de le ranger précieusement. Même la question qui suit, dont la réponse n’est pourtant pas des plus encourageantes, ne parvient pas à lui faire perdre son sourire radieux alors qu’il secoue négativement la tête.

« Ils en ont fait un pour eux, et il y a un avis de recherche officiel, mais c’est tout ce qu’ils pouvaient faire. Il hausse doucement les épaules tout en continuant. Il faut dire que j’ai pas beaucoup de pistes à leur donner… C’est déjà gentil de leur part de m’avoir écouté ! Il faudra que je repasse régulièrement pour voir s’ils ont du nouveau, et que je leur donne une adresse pour me contacter dès que je serai installé quelque part. »

Mais avant ça, il faut tout d’abord trouver un travail, sans quoi il va vite finir à court d’argent, et ça ne l’aidera pas à retrouver Naja… L’idée de se faire engager comme messager, si possible au long cours pour pouvoir visiter les différentes villes de la région, ne l’a pas quitté, même s’il ne sait pas encore comment s’y prendre. Vaut-il mieux essayer ici, ou se rendre dans la capitale comme on le lui a conseillé à son arrivée ? Il est tiré de ses réflexions lorsque Bell reprend la parole. Il le fixe une ou deux secondes en clignant des yeux, le temps de retrouver le fil de la conversation qu’il n’a écoutée qu’à moitié, puis retrouve son sourire pour répondre avec entrain.

« Oh oui, j’y avais pas pensé mais c’est une bonne idée ! »

C’est bien la première fois qu’il met un nom sur la “créature” à la poursuite de laquelle il s’est lancé, mais maintenant qu’il y pense c’est vrai que ça a l’air de plutôt bien correspondre — enfin, du peu qu’il sait des dragons, il n’en a jamais vu de ses propres yeux… Il n’a simplement pas vraiment pris le temps de se poser la question jusqu’à ce moment. Bon, il sait bien qu’on ne doit pas se fier à tout ce qu’on entend dans les tavernes, mais s’ils peuvent au moins trouver une piste, ce sera toujours mieux que rien ! Il hoche la tête à la remarque suivante de son ami, pleine de bon sens et à laquelle, encore une fois, il n’aurait probablement pas pensé tout seul.

« C’est vrai que ça finit par revenir cher… Plus que chez moi en tout cas, s’abstient-il de rajouter. Puis, comme si une idée venait de lui venir, son pas ralenti et il fronce légèrement les sourcils, en pleine réflexion, avant de lancer d’un ton curieux : Tu sais faire la cuisine ? »

Non pas qu’il remette en cause les capacités de son nouvel ami, bien au contraire, il s’est montré bien plus efficace que lui-même depuis qu’ils se sont rencontrés, mais il faut dire que, de son côté, il ne faut pas compter sur lui pour ce genre de choses… Même à la maison, les rares fois où il a essayé d’aider sa mère, elle finissait par le faire sortir de la cuisine parce qu’il était plus encombrant qu’utile. Il reprend son allure habituelle pour se diriger vers le marché tout en écoutant la réponse de Bell, puis reprend une fois que le sujet est clos :

« Il faudrait que j’essaye de trouver du travail, comme tu as proposé hier ; non seulement j’aurais plus de chances de retrouver Naja, mais en plus on aurait pu de problèmes pour l’argent en attendant comme ça. Mais je sais pas si je devrais essayer de chercher ici ou si on ferait mieux d’aller à la capitale d’abord… Qu’est-ce que t’en penses ? »

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 18 Aoû 2015, 21:54

« Bien sûr que je sais faire la cuisine ! À mon âge, ce serait bien malheureux ! » s’exclame Bell avec un léger sourire. « Je dis pas que je suis un expert non plus. »
Il ne sait pas qu’il est en train de jeter en même temps un opprobre sur le pauvre Sinnæus qu’on n’autorise plus en cuisine. Mais le danseur a déjà vécu un certain temps loin de chez lui, et a dû faire avec l’injonction de se nourrir correctement. Il n’y pense pas de toutes manières, à présent, ignorant de ces faits et réfléchissant plutôt à la question du jeune homme. Son ancien métier était à peu près postier, et un postier travaille là où les gens communiquent entre eux. Bell ne sait pas si Sinnæus sait faire autre chose de spécial, mais il ne lui a pas parlé en tout cas.

« Mmmh, je pense que tu devrais essayer la capitale. On trouve toujours plus de travail là où il y a le plus de gens, et Ephtéria est très grand. »
Le jeune danseur se demande si Sinnæus s’attends à ce qu’il le suive jusqu’à la capitale, c’est assez loin. Mais il décide de profiter un peu de sa naïveté pour le faire sans avoir à se justifier. Bell n’a aucun but pour l’instant et son nouveau compagnon lui en donne, en quelque sorte, d’une manière assez facile pour qu’il puisse prétendre qu’il ne fait qu’aider quelqu’un qui en a besoin. Il a bien dit qu’il l’aiderait après que ce dernier lui ait demandé, mais pas beaucoup combien de temps ni jusqu’où. Autant en profiter pour avoir le choix de s’arrêter quand il voudra ; pour l’instant le jeune homme est sympathique et arrive même à lui changer les idées.

« Je t’aiderais, il faudra aussi peut-être que je trouve un travail. » Bell soupira intérieurement en se faisant la réflexion qu’il ne savait pourtant rien faire qui puisse intéresser qui que ce soit en Païlandune. Les entrechats n’allaient pas aider les paysans et les commerçants de la capitale. Mais il savait au moins lire et écrire, contrairement à la plupart des gens d’ici, et c’était un avantage sur lequel il pourrait essayer de s’appuyer.
« On devrait prendre le train jusqu’à là-bas si tu as un peu d’argent pour ça. » Le danseur leva haut le menton en jetant soudain un regard aux plumes des bras de Sinnæus : « Ah, mais tu peux voler, en fait. Tu vas vite, comme ça ? »

Il avait traversé un océan comme ça, nul doute que faire le voyage entre deux villes ne serait pas insurmontable. En revanche, ils allaient devoir se séparer. À moins que Sin’ ne vole au-dessus du train ? Bell secoua la tête en souriant et reporta son attention sur un stand du marché qui était maintenant à leur hauteur, chargé de fruits et légumes. Le danseur était surtout intéressé par les premiers, car la majorité n’avait pas besoin d’être cuit, et c’était toujours un plus en voyage. Il paya quelques pommes et poires et les fourra dans son sac déjà bien plein, avant de se remettre à marcher.
« Est-ce que tu sais chasser par hasard ? » demanda-t-il soudain à l’orphe oiseau. D’accord, la personnalité de Sinnæus ne semblait pas être vraiment idéal pour être chasseur, mais puisqu’il vivait en campagne et qu’il restait un orphe, Bell s’accorda le bénéfice du doute.

J'espère que c'est pas trop nul !

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 18 Sep 2015, 16:34

Loin de s’outrer de ce que d’autres auraient pu prendre pour une insulte, voilée ou involontaire, l’orphe se montre seulement soulagé de la réponse de son ami : au moins, l’un d’entre eux pourra faire à manger ! C’est vrai que ça devrait leur faire des économies… C’est donc avec entrain et simplicité qu’il répond :

« Ah tant mieux ! Parce que moi… euh, disons qu’il vaut mieux que j’évite, quoi. »

Il agite légèrement ses ailes comme pour illustrer son propos, puis se remet en route vers le marché. Ce souci étant réglé, il peut désormais se concentrer à nouveau sur le sujet véritablement important — non pas que la nourriture ne soit pas importante ! — et il reprend sa réflexion avant de demander une fois de plus conseil à Bell — une habitude à laquelle il pourrait bien se faire assez vite…

Il hoche la tête avec sérieux aux paroles du danseur, trouvant le conseil plein de bon sens, comme toujours. Il doit avouer que la perspective d’aller dans une ville encore plus grande lui fait un peu peur — il trouve déjà Aspasie gigantesque ! —, mais l’idée d’y aller accompagné de Bell le rassure beaucoup. Parce que, pour sa part, il ne doute pas une seconde que son nouvel ami va l’accompagner ! Après tout, c’est bien ce qu’il lui a dit ce matin, non ?

D’ailleurs, le danseur le lui confirme de lui-même en se proposant de l’aider en trouvant un travail lui aussi. Encore une fois, Sin’ le trouve très gentil, et s’apprête à répliquer qu’il n’a pas besoin d’en faire autant mais, se rappelant la remarque qu’il lui a faite un peu plus tôt, il se retient et garde son commentaire pour lui.

Il l’oublie d’ailleurs bien vite alors que Bell reprend la parole, le fixant d’un air curieux en clignant des yeux, les plumes de sa tête redressée par l’intérêt. Mais il n’a pas le temps de poser sa question, devancer par celle du danseur. Poli, il commence par répondre avant de l’interroger à son tour, haussant doucement les épaules. En vérité, il n’y a jamais vraiment réfléchi, n’en ayant pas réellement eu la nécessité jusque-là.

« Je suppose ? Je mettais une petite heure pour aller à Tib’Koh. À pied ça doit être un peu moins d’une journée. »

Il laisse un petit silence s’installer avant de demander, sa timidité habituelle un peu tempérée par la curiosité :

« Dis… c’est quoi le train ? Ça coûte cher ? »

Il espère que non, parce que de toute façon s’il y va en volant, il ne pourra pas porter Bell, et si son ami prend le train, il préférerait faire comme lui. D’une part, parce qu’il a bien envie de voir ce que ça peut être par lui-même, mais aussi pour éviter de se séparer. Ça lui paraît tout de même plus sympathique de voyager ensemble, et puis ça lui éviterait de risquer de se perdre encore !

Une fois arrivé sur le marché, l’orphe ouvre de grands yeux émerveillés devant la variété des étals qui s’étendent sans fin devant son regard. Ça n’a vraiment rien à voir avec Kobiki ! Il ne se tire de sa stupeur admirative que quand Bell reprend la parole, affichant soudainement une mine gênée.

« Euh… Je dirais pas que je sais… Disons que je peux sûrement, techniquement, mais… »

Krait lui a déjà dit que vue leur forme et les longues griffes qu’elles arborent, il a des serres de prédateur, sûrement un rapace, et qu’il pourrait chasser très facilement. Mais l’idée de tuer un pauvre animal innocent… Eh bien, il en serait probablement capable, s’il le fallait vraiment, mais disons que c’est loin de le mettre à l’aise !

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 27 Sep 2015, 16:37

Bell hausse les yeux au ciel avec un petit sourire en entendant Sinnæus. Il aurait dû se douter de la question ; l’orphe était indéniablement un peu loin de la civilisation là où il avait habité, et de manière générale, il semblait découvrir pas mal de chose qui allait de soi pour le danseur. C’était plutôt amusant mais cette fois, l’intéressé avait un peu de mal à ficeler une explication claire et concise.
« C’est…. Une grosse machine dans laquelle on peut monter, et qui peut nous emmener loin. C’est très rapide. Enfin, pour les gens d’ici. »
C’était sûr que les voitures de luxe de la Basse-ville dépassant les 200km/h n’avait guère à envier aux trains à vapeur de la région, le plus triste étant que les distances à parcourir était bien plus importantes.

« Ce n’est pas si cher que ça, je pense que tu pourrais te le permettre. » - Bell l’avait pris un bon nombre de fois depuis qu’il était parti de chez lui, et cela lui semblait encore le meilleure moyen d’aller à Ephtéria. Ils n’étaient pas si pressés à ce stade, mais le danseur n’aimait guère l’idée de se balader dans la nature sans savoir quelle ville ils pourraient rejoindre avant la nuit tombée. C’était un enfant des Ghettos, capable de construire un vélo avec des pièces trouvées ici et là, et le monde sauvage ne lui était pas familier. Ce qui avait en partie motivé la question qu’il posa après à Sinnæus, puisque ce dernier s’y connaissait bien. Ce n’était apparemment pas son point fort, pourtant, vu sa réponse. Rien d’étonnant, sans doute, vu sa personnalité.
« Ne fais pas cette tête-là, j’vais pas t’y obliger va ! » s’exclama Bell en riant légèrement. S’il y avait bien une chose agréable avec lui, c’était bien cette attitude candide et honnête. Son ancienne compagnie de danse était pleine de gens rendus méfiants par la compétition et la pression du perfectionnisme. Cela faisait longtemps que le danseur n’avait pas eu à prendre garde à ses paroles.
« Allons à la gare, on verra bien. » - Il y avait des marchés tous les jours et dans toutes les villes, même les plus petites, ici. Ce n’était pas la peine selon Bell de s’alourdir de victuailles alors qu’ils auraient l’occasion d’en acheter plus tard.

Après quelques arrêts nécessaire pour trouver le chemin de la gare – les gens d’Aspasie ne leur indiquaient que vaguement la direction chaque fois qu’ils demandaient, tous occupés à leur tâches -, ils finirent par arriver à bon port, si les volutes de fumée qui dépassaient des toits du bâtiment imposant en pierre devant eux était une bonne indication.
Il y avait pas mal de monde qui fourmillaient à l’intérieur avec le train qui venait d’arriver, et Bell attrapa Sinnæus pour être sûr de ne pas le perdre dans la foule. D’ici qu’on l’appelle par haut-parleur pour venir le petit Sinnæus à l’accueil ! Il fallait déjà vérifier qu’un train passait bientôt pour Ephtéria, mais il était difficile de voir où pouvait se trouver les guichets, et le train qui crachait encore de la fumée était peut-être celui qu’ils voulaient. Bell se fraya un chemin jusqu’au quai pour demander de l’aide au premier homme en uniforme qu’il trouva.
« Excuse-moi, où va ce train ? »
« Guttenvald ! Passe par Ephtéria avant et si vous voulez mon avis, mieux vaut descendre là ! »
s’amusa l’homme. « Vous avez un billet ? Il démarre maintenant. »
Le danseur hésita, obligé de répondre par la négative, pendant que le contrôleur sifflait avec force le départ du train. La seconde d’après, celui-ci s’était retourné pour hurler à un gamin de s’éloigner, et Bell attrapa à nouveau Sinnæus pour monter dans le wagon le plus proche en trébuchant. Heureusement pour eux, la plupart des gens avait reculé par sécurité et il avait été facile de traverser la courte distance qui les séparait de la porte du wagon.

Alors que le train se mettait en branle dans un capharnaüm impossible, Bell s’arrêta dans le couloir qui traversait de part et d’autre leur wagon et haussa les sourcils vers l’orphe qui l’accompagnait.
« Tu vois, pas cher le train ! » se mit-il à rire. C’était une attitude qui ne lui ressemblait pas du tout, vu sa droiture habituel, mais pour l’instant, le danseur ricanait franchement avec un air de gamin fier de lui.

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 04 Oct 2015, 17:16

Les yeux de Sin’ s’écarquillent comme des billes quand le danseur tente de lui expliquer ce qu’est un train. Il a beau essayer autant qu’il peut, il n’arrive pas à imaginer à quoi ça peut ressembler, mais en tout cas ça lui paraît drôlement chouette ! Il aimerait vraiment bien voir ça, et il est un peu anxieux de la réponse à sa deuxième question, mais Bell le rassure bien vite, et un grand sourire radieux apparaît sur le visage de l’orphe alors que les plumes de son crâne se redressent et s’agitent d’anticipation. Il va prendre le train !

Son euphorie est de courte durée et fait place à une certaine gêne alors que la discussion prend une autre direction, et qu’il se retrouve à s’imaginer devoir attraper des pauvres petits lapins mignons avec ses serres acérées. Mais là encore, son ami le rassure bien vite, moins par ses paroles que par sa réaction : il ne s’inquiétait pas vraiment qu’il l’oblige à le faire, il avait simplement de le décevoir, mais il n’a pas l’air de mal le prendre du tout, alors tout va bien, et l’oiseau retrouve son sourire.

« Oh non, je sais bien ! »

Ils quittent finalement le marché, et Sinnæus suit son compagnon en sautillant d’excitation. Pip’ doit sentir la bonne humeur de son ami, car il se met à voleter joyeusement autour des garçons tout en les accompagnant.

L’orphe marque une pause en arrivant à la gare, impressionnée par la foule ; jamais il n’a vu autant de monde rassemblé en un seul endroit ! Le mouvement incessant des voyageurs innombrables, le brouhaha omniprésent, toute cette atmosphère le déroute et l’étourdi, lui donne le tournis, l’émerveille et l’inquiète à la fois. S’il se perd dans cette cohue, il n’est pas certain de réussir à en ressortir un jour ! Comment font donc tous ces gens pour marcher au milieu de tout ce tumulte en paraissant toujours savoir où ils vont ‽

Bell lui attrape le poignet, et il se sent un peu plus rassuré ; au moins il est sûr de ne pas se retrouver tout seul là-dedans ! Il lui est reconnaissant d’avoir pris cette initiative parce que, même s’il en avait très envie lui-même, il n’est pas certain qu’il aurait osé.

Il suit donc docilement son guide à travers la foule, s’excusant à chaque fois qu’il bouscule quelqu’un — ou que quelqu’un le bouscule — en passant, c’est-à-dire à peu près constamment jusqu’à ce qu’ils atteignent le quai.

Là, il n’a pas besoin de demander pour deviner que la grosse machine bruyante et fumante à côté de laquelle ils se trouvent est le train. Il n’entend pas Bell discuter avec le contrôleur, trop captivé par sa découverte et son observation. Ça ne ressemble vraiment à rien de ce qu’il aurait pu imaginer ! C’est… il ne trouve pas vraiment les mots. Gros ? Il trouve ça un peu inquiétant, mais aussi avec quelque chose de… majestueux ? Il ne saurait pas trop dire. Mais il trouve ça très beau, en tout cas !

Il est tiré de sa contemplation admirative, un peu brusquement, quand le danseur l’entraîne à nouveau à sa suite et le fait monter dans la machine. Il perd l’équilibre alors que le train démarre, se rattrape de justesse ; en se redressant, il jette un regard circulaire, éberlué, sur l’intérieur du train, avant de revenir sur Bell alors que le sens de ses paroles le frappe de plein fouet.

« On a le droit de faire ça ‽ »

Il n’a pas vraiment besoin que Bell confirme pour deviner la réponse. D’ailleurs, son attention est déjà accaparée par autre chose : le paysage qui défile à derrière la fenêtre. Ça va tellement vite ! En réalité, il ne saurait pas dire si c’est plus rapide ou non que quand il vole, mais vu du sol, c’est beaucoup plus impressionnant ! Il se tourne à nouveau vers son ami, ayant retrouvé son sourire habituel.

« À ton avis, on va mettre combien de temps à arriver ? »

Non pas qu’il soit pressé, au contraire… il a bien envie de profiter de ce voyage qui s’annonce palpitant !

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 13 Oct 2015, 00:06

Bell se remet à rire devant la question de son compagnon de voyage. Il voit bien qu'il se doute de la réponse, mais décide quand même de lui répondre. Après tout, c’est lui qui l’embarque dans l’illégalité, il devrait être particulièrement gentil avec lui.
« Non, normalement, on doit payer… » souffle-t-il avec un grand sourire. « Alors si quelqu’un passe, aie l’air important ; vu la tronche du wagon, on doit en première classe. »
Le danseur s’apprête à s’éloigner dans le couloir mais se retourne à nouveau. « La première classe, c’est pour ceux qui payent le plus cher. Les riches, quoi. »

C’est vrai qu’ici, ça ne sent pas le cochon comme dans les wagons de marchandises où les marchands et les plus pauvres se serrent. Il y a du velours sur les murs, du parquet travaillé par terre et une ambiance de bonnes manières. Bell reconnait bien ce genre d’endroit, les opéras en sont pleins et ça lui ait souvent arrivé de devoir jouer au talentueux pantin auprès de mécènes avant ou après des représentations. Il pensait toujours à l’ironie toute particulière qui poussait ces vieux encroutés pleins de pierres précieuses à parier sur un gamin des Ghettos qui avait passé son enfance à jouer dans des décharges, maintenant qu’il n’en avait plus l’air.
Le danseur n’a aucun respect pour la richesse et décide de rester dans ce wagon tout le voyage rien que pour enfoncer le clou. De toutes manières, vu le visage de Sinnæus collé à la vitre, ce serait dommage de le priver de cette vue-là pour des compartiments sombres pleins de paille. Il se retourne quand même vers lui pour lui poser une nouvelle question, à la grande surprise de Bell qui penserait qu’il ne pourrait pas décoller son regard du paysage défilant.

« Quelques heures, au plus. » répond-t-il, et profitant d’avoir l’attention de Sinnæus, continue : « Viens, cherchons un compartiment libre, on risque de se faire avoir par un contrôleur si on reste planté là. »
Aussi Bell se met aussitôt à arpenter le couloir pour regarder où ils pourraient s’installer. Il y a heureusement pas mal de compartiments complètement libres et le danseur se glisse dans celui tout au bout du wagon, près de la passerelle. Puis s’assit sur une des banquettes bien moelleuse en velours rouge comme un pacha. Mine de rien, c’est quand même excitant de faire les passagers clandestins. Pourtant, ça n’arrive pas souvent à Bell d’être animé comme un gamin prêt à faire des bêtises… Mais c’était presque comme si l’innocence de l’orphe oiseau l’encourageait à retrouver un peu de la sienne. Boire comme un trou et monter dans un train sans ticket ; le danseur s’autorise bien des débordements depuis qu’il le connait et ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin.

« Hé, Sin’ ! » s’exclame-t-il avec un œil espiègle qui pourrait être mauvais signe. « Il faut qu’on prépare une histoire si quelqu’un nous croise. Tu veux être mon serviteur des contrées lointaines ? »
Bell a laissé tomber toute sa posture de danseur classique et ressemble à un camionneur – particulièrement distingué et souple, c’est vrai -, étalé sur sa banquette, ses longues pattes grandes écartées comme une mante religieuse.
« Ne le prends pas mal, hein, mais comme t’as même pas un vêtement sur le dos, ça fait pas très membre de l'aristocratie quand même. Non que je sois super bien habillé, mais... »
Là-dessus, le danseur se met à fouiller dans son sac pour chercher au hasard des vêtements un peu plus prestigieux.

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Sinnæus Notos » 17 Oct 2015, 16:06

Avec un temps de retard, celui de s’apercevoir qu’on lui parle à travers sa contemplation émerveillée du paysage, puis de retrouver ce que Bell a pu lui dire, l’orphe tourne vers son ami son ami de grands yeux perplexe. “Aie l’air important” ? Il n’a pas la moindre idée de comment on fait ça ! Il ne comprend pas tout ce que le danseur lui dit ensuite à propos de cette histoire de “première classe”, et se contente de hocher la tête vaguement, l’attention déjà happée à nouveau par le paysage qui défile.

Il finit quand même par s’en décrocher pour demander combien de temps va durer le voyage, histoire de savoir combien il va pouvoir en profiter. Quelques heures, ce n’est pas très précis… Mais ce n’est déjà pas mal ! Tout content, Sin’ s’apprête à retourner à son observation, mais son ami l’invite à le suivre avant qu’il n’en ait eu le temps, et éveille son intérêt. Un compartiment ? Qu’est-ce ça peut être ‽

Docile et curieux, il suit son guide à travers le petit couloir, se retenant parfois au mur quand les mouvements du train lui font perdre l’équilibre, jusqu’à ce qu’ils pénètrent dans une petite pièce qui lui tire un « Oooooh… » émerveillé. C’est une espèce de petit salon, très joli, et surtout plus luxueux que tout ce qu’il a pu connaître, avec des sortes de sofas couverts de beau velours, à l’air vraiment très confortable.

Tout est si beau qu’il n’ose rien toucher, avec ses grosses pattes griffues et maladroites, de peur d’abîmer quoi que ce soit. Même quand il s’assoit c’est timidement, avec hésitation, comme redoutant de salir la banquette, l’air de ne pas se sentir le moins du monde à sa place. Ce qui n’entache en rien son enthousiasme, ni le large sourire ravi qu’il affiche.

La proposition du danseur manque de le faire se mettre à sautiller sur place d’excitation. Il n’est pas sûr d’être un bon acteur — en fait, il en doute même fortement — mais il voit ça un peu comme un jeu, qui lui semble follement amusant. Il a des airs de gamin quand il répond avec entrain :

« Oh oui ! »

Il ne lui serait même pas venu à l’idée de mal prendre de jouer les serviteurs, et il lui faut quelques secondes, qu’il passe à cligner des yeux comme une chouette perplexe, pour comprendre pourquoi son ami lui fait cette remarque. Après quoi il retrouve son sourire et rétorque d’un ton malicieux :

« P’tet que les aristocrates des contrées lointaines ont pas de vêtements non plus, t’en sais rien ! »

Il dit ça seulement pour la plaisanterie et ne cherche pas du tout à argumenter ; pour sa part, le rôle du serviteur lui va très bien. Ça lui permet de rester sagement en retrait si quelqu’un vient leur parler, et de laisser Bell en charge de gérer la discussion. Ça lui convient parfaitement, et ça lui paraît bien plus raisonnable.

En voyant le danseur fouiller dans son sac, une idée lui vient subitement, et il se met à en faire de même, pour en sortir une petite boîte dont il tire une bague et un bracelet en argent, qu’il tend à son ami.

« Monseigneur veut peut-être se mettre davantage en valeur pour le voyage ? »

Il a déjà remarqué que certains hommes riches portaient des bijoux aussi, alors il se dit que ça pourrait être une idée. Ceux-là lui ont été confiés par Cendre au moment de son départ, au cas où il aurait besoin de plus d’argent en cas d’urgence. Il compte bien éviter de les vendre et les lui rapporter en rentrant s’il peut, mais en attendant, ça ne le gêne pas de les prêter à Bell. Même s’ils sont plutôt féminins, ils restent assez classiques, et il se dit qu’ils doivent pouvoir passer même pour un homme ?

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Re: Paf, boum, plouf !

Messagepar Bell Petipa » 25 Oct 2015, 03:30

Bell posa un regard particulièrement étonné sur les bijoux que lui tendait Sinnæus. Qu’il puisse sortir des objets aussi précieux de son sac était la dernière chose qui aurait lui passer par la tête. Le danseur s’arrête un instant pour lever les yeux sur le visage de son compagnon de voyage :
« Heu, t’es vraiment pas un aristocrate des contrées lointaines, tu rigolais juste ? » demande-t-il, au cas où.
Non parce que si ça se trouve, Sin’ cachait plus de choses qu’il en avait l’air. Si ça se trouve, il lui avait demandé s’il savait cuisiner parce que lui avait toujours eu des serviteurs pour le faire à sa place. Malgré ça, avant que Sinnæus ne puissent répondre, Bell récupéra les bijoux finement gravés pour les enfiler à son poignet et à son doigt. Ils étaient particulièrement jolis, et faisait effectivement d’autant plus féminin sur les mains fines du danseur, même si ce dernier n’en avait que faire. Il étendit son bras pour les admirer un peu.
« Merci, c’est amusant. Par contre, mais tu devrais par contre faire attention, te trimballer avec ça pourrait attirer des jalousies, faudra que tu les caches à nouveau dès qu’on arrivera. »

Bell n’était pas du genre à apprécier les bijoux, trop superflus à son goût. Il aimait sentir son corps aussi allégé que possible, et aimait les vêtements confortables et élastiques sans y ajouter de fioritures. Mais la situation cette fois était amusante, avec cette surprise de Sinnæus. Ils étaient presque comme deux enfants à se déguiser, et Alrik savait que Bell en avait probablement besoin. Ce dernier se remit à fouiller dans son sac pour en sortir une cape en velours doublée de fourrure. Il s’agissait simplement du morceau d’un costume d’un rôle que le danseur avait beaucoup aimé jouer ; pas du tout à la mode de la Basse-ville, mais en Païlandune, cela faisait plutôt chic d’autant plus qu’elle avait été très peu été portée.
Bell noua les extrémités en satin noir et en arrangea un peu la capuche. Il aurait pu facilement se lever pour répéter le ballet entier en sentant simplement le vêtement reposer sur ses épaules. Le paysage qui défilait à travers la fenêtre l'avala ainsi rapidement pour le perdre dans ses pensées, le faisant perdre un peu de son enthousiasme enfantin précédant.

Le jeu changea pourtant de donne lorsqu’un couple de bourgeois accompagnée d’une autre femme ouvrit la porte de leur compartiment pour s’y installer avec l’air de ceux qui savent ce qu’ils font. Le danseur tourna la tête vers eux pour les saluer très brièvement, obligé soudainement de jouer le rôle qu’il prenait si à la légère dix minutes plus tôt. Et quelque part, même si Bell n’en montrait rien, le stress lui avait immédiatement retourné le cœur à l’envers. Ce n’était pas eux qui allaient lui demander leurs billets, mais s’ils les trouvaient trop peu aristocratiques ou convenants, il restait le risque qu’ils aillent avertir quelqu’un. Heureusement pour lui, le danseur était parfaitement habitué à cacher la panique ou la difficulté et à garder un rôle en tête.

Au début, il était plutôt facile de faire comme si de rien n’était, mais une des jeunes femmes, celle qui portait le chapeau le plus ridicule d’entre les deux, sembla décider rapidement que sa consœur n’était pas assez intéressante. Elle semblait trouver un certain charme à l’étranger assis au fond du compartiment et s’empressa de lui poser des questions pour l’inclure dans la conversation. Bell répondit aussi succinctement que possible pour que son jeu de bourgeois d’un autre continent ne semble pas cousu de fil blanc. Jusqu’à qu’elle ait le malheur de s’amuser à demander tout en jetant un coup de menton dans la direction de Sinnæus, un petit sourire sur le visage :
« C’est votre… animal de compagnie ? »
Bell rougit légèrement de colère et jeta un coup d’œil à l’orphe oiseau avant de se retourner vers elle.
« Je ne vous permets pas. » répondit-il sèchement, avant d’ajouter avec un regard accusateur : « Je pensais que les représentants de notre classe était censé être élevé correctement, mais il semblerait que vous deviez encore apprendre de nombreuses choses sur les questions qu’il peut être approprié de poser. »

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