« Je… Je vais essayer. » En voilà une promesse qui lui semblait pas facile à tenir. Mais à tout prendre, il pouvait toujours essayer et s’il ne la tenait pas, il n’y aurait plus personne pour le lui reprocher. Même si quand Vrass parlait d’aller le chercher dans les limbes, le petit botaniste savait qu’il ne rigolait même pas.
En attendant, il se contenta de changer de place pour aller s’asseoir à côté de lui, la tête contre son épaule et accroché à son bras. Le soldat dans le même compartiment qu’eux faillit dire quelque chose mais apparemment laissa passer son comportement ; après tout ce n’était plus son problème à partir du moment où il les avait à Ephtéria sans qu’ils aient fait de dégâts, et pour l’instant, ils semblaient plutôt coopératifs.
La vision de Paély lui restait encore en tête mais Benedikt ne pouvait qu'être désolé pour elle qu’elle les ait vu se faire emmener. De toutes manières, il y aurait maintenant des gens pour s’occuper d’elle, contrairement à eux, qui auraient des bestioles pour s’occuper d’eux, et d’une autre manière.
Le petit botaniste n’avait que peu d’idée de ce qui se trouvait dans les arènes, même en ayant vécu à Ephtéria pendant longtemps, il n’avait jamais eu envie d’aller voir ça et n’avait que le souvenir des rumeurs et des racontars pour l’aider. Ce n’était pas vraiment rassurant, parce qu’en plus, les histoires des gens avaient clairement tendance à être exagérées.
Benedikt était presque sûr, en y repensant plus vieux, que même le roi Livian ni Sayah ne pouvait s’offrir le luxe d’avoir une armée d’enfants déchus de Drakmonniss. Mais qui sait, Sayah avait déjà prouvé qu’il était sacrément impossible à arrêter. Et le roi Livian n’était pas mal non plus.
N’ayant rien à faire et incapable de dormir, le petit botaniste se mit à essayer d’enlever le sang qui tâchait ses mains avec ses manches, mais entre les fers et ses manches elles aussi pleins de sang, il n’arrivait pas à grand-chose et se remit à pleurer en repensant au cadavre maintenant très roussi resté à Aspasie. Continuant de frotter ses paumes vainement comme une obsession, Benedikt se remit à parler à Vrass sans le regarder.
« Tu sais, je ne regrette pas de l’avoir tué. C’était un salaud. » souffla-t-il, le nez froncé. « Je le déteste. Détestais. Je le déteste toujours. C’est sa faute, je lui ai dit que j’allais le tuer s’il me lâchait pas, et il l’a pas fait, il s’en fiche, il croit qu’il peut faire n’importe quoi même si ça fait du mal aux gens, il croit que j’étais à sa disposition et quand je travaillais à la maison close un jour je lui ai dit non et il m’a mis un couteau sous la gorge pour m’obliger à faire tout ce qu’il voulait et c’est sa fau- »
« Dis, tu veux pas fermer ta gueule, un peu, pour voir ? » le coupa le soldat, apparemment agacé par les blablas du petit botaniste qui semblaient ne jamais s’arrêter. Cela eut au moins le mérite de lui faire reprendre son souffle, et Benedikt se contenta simplement de poser à nouveau sa joue contre l’épaule du tatoueur quelques minutes après, continuant de frotter ses mains rougies où le sang séché commençait à partir en minuscule lambeaux.