Papotage autour d'une poule au pot

Au nord, entre Ephtéria et Balaïne, Aspasie est déposée en bordure de fleuve. Plaque tournante du commerce, c'est également une ville très prisée pour sa beauté sereine et ses plages paisibles.

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Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 06 Mar 2013, 16:53

Précédemment : C'est bon, on peut respirer !
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Antiphane se doutait bien d'une chose, mais il préféra le garder pour lui. Il ne voulait et surtout ne devait prendre aucun risque. Admettant qu'il se trompait, l'erreur serait fatale... Mais il avait une petite idée concernant cette petite. S'il ne se trompait pas, autrement dit si elle appartenait effectivement à la guilde des rebelles, cela expliquerait bien des choses, notamment leur rencontre qui apparemment n'était pas fortuite.

Pendant ce temps là, elle le toisait avec insolence, mais lui resta frigide. Il avait de nombreuses choses à cacher ? C'était le cas effectivement, mais c'était réciproque. Peut-être qu'il s'était en quelque sorte vendu à être trop indiscret, mais ses mensonges l'avaient également trahi. Ils étaient tous deux au même niveau.

Ce petit voyage ne faisait pas vraiment partie de ses projets. Mais encore une fois s'il ne s'était pas trompé, il gagnerait beaucoup au final. Tout à coup il pensa qu'il avait oublié de prévenir son frère de sa nouvelle quête. A cette heure-ci ce dernier devait se faire du soucis. Il savait Antiphane à Ephtéria pour la pendaison, il devait être également au courant de Fléau et de ses squames. Il avait là une double raison de s'inquiéter. Le tatoué se jura de lui envoyer une lettre une fois arrivé à Aspasie.

« Une sorte d'initiation ? »

Enfin Ciara s'était présenté et en dévoila beaucoup sur elle ce qui étonna Antiphane. Peut-être avait-il réussit à gagner sa confiance ? Ou alors elle se jouait une nouvelle fois de lui... Il était à ce stade perdu et ne savait que croire. Cependant il ne pouvait dans tous les cas dire que son histoire ne tenait pas la route, elle était même très cohérente. Il comprenait désormais pourquoi une si jeune personne voyageait seule.

« Je trouve ça dur pour un enfant, surtout s'il n'a aucun repère... » Elle cessa de le regarder comme gênée de se mettre à nue. Cette fois-ci Antiphane ne douta pas de sa sincérité. Elle semblait perdue malgré les apparences et lui parût tout à coup chétive.

« Bien-sûr que je le suis toujours ! » Il rajouta avec un sourire « Même si je ne doute pas que tu puisses te débrouiller toute seule ! Puis je n'ai jamais fait un tel voyage, ce pourrait être pour moi aussi une initiation. »

Antiphane n'avait pas cessé de fixer avec curiosité l'expression de Ciara quand il sentit le train ralentir. On pouvait dès lors entendre les gens récupérer leurs valises et certains commençaient déjà à quitter leur cabine. Il se prépara à descendre ne s'occupant pas vraiment de la petite. Il ne l'ignorait pas, il estimait seulement qu'ils avaient tous deux besoin d'être seul et de réfléchir avant de parler de choses sérieuses. Le train s'arrêta pour de bon et les portes s'ouvrirent. Il descendit à la suite d'une famille agitée et lorsqu'il fut sur le quai il se retourna pour attendre Ciara. Elle fut bousculée par une sorte de babouin qui prit cela pour une offense. Avant que quelqu'un ne s'énerve ou se blesse il s'interposa.

« Je te déconseille de t'en prendre à elle si tu tiens à ta dignité »

Antiphane le fixa avec insistance afin de le convaincre de renoncer à tout ce dont il pouvait penser. Celui-ci souffla, ce qui ressemblait plutôt à un grognement et s'éloigna. De sa poche on pouvait voir une bouteille d'alcool qui dépassait. Ils étaient à peine arrivés que déjà ils s'attiraient des ennuis. Une fois certain qu'il ne reviendrait pas, Antiphane se tourna vers Ciara.

« Ça te dit de trouver un endroit où manger ? »

Une fois installé il pourrait se consacrer à sa lettre afin de pouvoir l'envoyer.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 07 Mar 2013, 13:05

Le regard résolument fixé sur le paysage qui défilait à toute allure, Ciara préféra s'abstenir de répondre. Malgré les efforts d'Antiphane pour se montrer gentil, et malgré la patience dont il faisait montre face à son caractère insupportable, la jeune fille ne pouvait pas empêcher la colère de monter chaque fois qu'il tentait de la réconforter par des paroles rassurantes. Et peut-être justement parce qu'il avait deviné juste en évoquant son absence de repères, elle eut envie de le gifler et de le jeter par la fenêtre tour à tour. Les poings et les dents serrés, elle se contenta pourtant de regarder les plaines à travers la vitre en insultant Nideyle entière silencieusement.

Au bout d'un long moment pourtant, la cadence du train se mit à ralentir et quelques soubresauts leur indiquèrent qu'ils n'allaient pas tarder à entrer en gare. Dehors, quelques prés abritant du bétail paresseux se dessinèrent progressivement. Puis ce furent des maisons isolées, de plus en plus nombreuses, de plus en plus resserrées, jusqu'à la gare où attendaient les prochains voyageurs.

Sans un mot, Ciara suivit Antiphane à travers les couloirs, profitant du passage qu'il lui ouvrait. Une fois sur le quai, elle fut bousculée par l'un de ces imbéciles qui se prenaient pour plus importants qu'ils ne le seraient jamais, mais avant qu'elle ait eu le temps d'ouvrir la bouche pour lui expliquer sa façon de penser, le « cartésien » s'était interposé... en bonne escorte qu'il était, en fin de compte. Un peu surprise, la jeune fille ne put réprimer un sourire rien qu'à imaginer l'issu d'un combat entre les deux hommes s'il devait avoir lieu, et se mordit la lèvre pour ne pas avoir l'air de rire ouvertement de la situation.

« Merci. » fit-elle simplement lorsque tout fut revenu au calme.

Puis elle hocha la tête afin d'acquiescer l'idée de se trouver une auberge, son estomac grondant rien qu'à y penser.

« Il y a l'auberge du Moulin à Paroles pas très loin du Larme si vous voulez, mais il faut traverser toute la ville. L'Abbaye de Saint Illidàn est sur notre route, je peux m'y arrêter seule pendant que vous réservez à l'auberge. À moins que vous ne préfériez m'accompagner. »

Mais après tout, n'avait-il pas suggéré qu'elle était capable de se débrouiller toute seule ?

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 08 Mar 2013, 15:25

Il prit le temps de réfléchir à ce qui allait advenir. Désormais il allait devoir suivre Ciara telle son ombre et allait également devoir assurer sa sécurité. Il n'avait encore jamais pratiqué ce genre de service, tout bonnement parce qu'il n'était pas vraiment altruiste. Cependant à bien réfléchir, c'était peut-être une bonne chose que de se lier à elle si elle était véritablement une rebelle. Et même si elle ne l'était pas, elle semblait malgré tout liée à quelque chose de grand et c'est cette petite chose qui poussait Antiphane à agir de la sorte.

La gare était presque totalement déserte. Les derniers voyageurs arrivés étaient déjà partis rejoindre la ville, quant à ceux qui repartaient, ils étaient déjà montés dans le train. Il vit un petit garçon le front collé à la vitre et qui mangeait du chocolat. La journée arrivait à terme et la fraicheur commençait s'étendre. De petites lanternes s'allumèrent sans pour autant chasser le froid qui s'installait.

« L'auberge du Moulin à Paroles sera parfait, oui. » répondit-il avec simplicité après un petit moment d'attente.

C'était parfait, Ciara semblait connaître la ville. Il pouvait alors se permettre de la laisser seule le temps qu'il s'occupe de ses propres affaires. Comme il avait déjà pu le constater elle savait se défendre toute seule, elle était loin d'être le plancton qu'elle laissait croire ! Se dirigeant à petits pas vers la sortie, il rajouta.

« Si ça ne te dérange pas, on se retrouve là-bas dans... disons deux heures ? J'ai moi aussi des choses à faire, puis j'aimerai être seul. Mais si ça te pose problème, je peux t'accompagner jusqu'à l'Abbaye si tu le veux, » puis il rajouta. « Et tu peux me tutoyer, y a pas de problème. »

L'échos d'un miaulement se fit entendre dans le hall qui menait dehors. A nouveau Antiphane se mit à réfléchir sur la situation actuelle. Jusque là il ne s'était pas vraiment interrogé sur la mission de Ciara. Il était bien conscient qu'il n'avait pas à tout savoir, mais il restait malgré tout curieux de savoir pourquoi avait-elle besoin d'une escorte...

« Dis moi au fait, je ne veux pas paraître indiscret, mais pourquoi as-tu besoin d'une escorte pour ce genre de voyage ? Etant une prêtresse, qui te voudrais du mal ? »

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 09 Mar 2013, 01:11

En guise de réponse, Ciara leva les yeux aux ciel. Fantastique ! Non seulement l'homme tatoué agressait les gardes à tout bout de champ, la mettant donc en danger plus qu'il ne la protégeait ; mais en plus maintenant il la plantait là toute seule. Vous parlez d'une escorte, vous ! Elle n'en aurait pas eu que ça n'aurait pas été bien différent... Non mais vraiment.

Croisant les bras dans une vaine tentative de contenir sa colère, elle le fusilla de son regard gris qui trahissait toujours si facilement sa haine chronique pour toute chose sur Nideyle.

« Oh, je ne sais pas... vraiment pas. Ma carrure et mon âge devraient pourtant suffire à leur faire peur ou à susciter le respect partout où je vais. Suggéra-t-elle avec une ironie cinglante avant de se rapprocher, les mains sur les hanches. Si je veux que vous m'accompagniez ? C'est précisément votre rôle d'escorte, je vous signale ! Et tant qu'on y est, on ne tutoie pas une Prêtresse d'Alrik ! Je ne sais pas d'où vous venez ni qui vous êtes, mais une chose est sûre : ce n'est pas en Païlandune que vous avez grandit pour vous croire autorisé à vous montrer si familier. »

Et si stupide, faillit-elle ajouter tant Antiphane lui sortait par les yeux.

« Je vais à l'Abbaye, et vous venez avec moi. Et à ceux qui me bousculent ou m'attrapent le poignet, vous n'aurez qu'à expliquer qui je suis, plutôt que d'intimider tout le monde pour rien. Quelle image pensez-vous donner d'Alrik et de ses prêtresses en faisant étalage d'autant d'agressivité ? »

Et en matière d'agressivité, la jeune fille en connaissait un rayon !

Je précise une nouvelle fois que Ciara a définitivement un caractère de mouise. Ce n'est pas contre toi hein, c'est juste elle qui est une sale gosse ;)

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 09 Mar 2013, 14:49

Apparemment Antiphane avait été indiscret car une nouvelle fois Ciara fit des siennes. Il ne savait pas si elle avait une telle attitude à cause de son jeune âge ou bien si c'était parce qu'elle était une prêtresse. Dans le premier cas elle il était face à une adolescence en crise et dans le second à une religieuse qui se prenait pour une élue... A moins que ce soit les deux ! Il n'appréciait pas du tout la façon dont elle lui parlait, comme s'il n'était qu'un simple chien qui devait montrer les crocs si nécessaire. Il tentait de contenir sa colère, après tout ce n'était qu'une enfant... une enfant qui avait une tête à claque et à qui il manquait sérieusement une bonne éducation !

« Très bien... Allons-y dans ce cas. » répondit-il d'un ton cinglant.

C'était vraiment difficile pour un cortésian de se laisser mener de la sorte. Mais il se répétait intérieurement que c'était pour une fin bien précise. Aussi elle n'avait pas répondu à sa question et au lieu de cela, elle lui avait fait la morale. Antiphane persistait à se demander pourquoi avait-elle besoin d'une escorte, qui plus est ne devait pas la perdre de vue ne serait-ce que deux petites heures. Avec ironie il se demanda s'il devait l'accompagner aux toilettes tant qu'ils y étaient !

Ils rejoignirent Aspasie dans un silence glaciale. Le tatoué décida de ne pas lui adresser le moindre mot. Il ne voulait pas froisser Miss prêtresse ! Plus sérieusement, si elle tenait à passer un voyage plus ou moins agréable, elle devait changer d'attitude. Ce n'était pas à lui de faire des efforts, c'est pourquoi il décida que c'était à elle de faire un pas vers lui. Si cela se faisait, tant mieux, le pèlerinage serait d'autant plus agréable et rapide, sinon Antiphane serait également satisfait car rien de mieux que de ne rien dire et rester à l'écart !

Ils n'eurent pas à marcher longtemps car bien vite ils trouvèrent l'Abbaye. Antiphane avait de vagues souvenirs de cette ville industrielle. Si ses souvenirs étaient bons, elles tournaient principalement autour de la matière première afin de la convertir en biens d’excellentes qualités. Leur arrêt s'annonçait être reposant et ressourçant si l'auberge avait le même mérite qu'Aspasie.

Le cortésian appréciait observer ce qui l'entourait. Ce n'était pas dans un but touristique, mais uniquement dans le but de connaître les lieux, car c'était un savoir particulièrement utile lorsqu'il s'agissait de fuir ou de se cacher. Ils se trouvaient désormais face à L'Abbaye de Saint Illidàn et cela signifiait qu'enfin il allait se débarrasser provisoirement de Ciara. Ne plus la voir quelques heures allait certainement lui faire plus grand bien.

« Je me rappelle avoir entendu que vous n'aviez pas besoin de moi sauf si je souhaitais vous accompagner... Et ce n'est pas le cas. » Dit-il soudainement d'un toujours qui se voulait toujours aussi cinglant. « On se retrouve à l'auberge. »

Il la laissa devant l’enceinte qui protégeait le lieu sacré. Maintenant qu'elle était entre les mains de son Dieu Alrik, elle n'avait plus besoin de lui pensa-t-il avec dédain.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 10 Mar 2013, 02:32

Les yeux plissés et les lèvres pincées sur une colère galopante, Ciara laissa retomber ses bras le long de son corps et serra les poings. Le ton supérieur d'Antiphane lui donnait une furieuse envie de lui faire avaler sa pèlerine, ses chaussures et la locomotive encore haletante, et de lui enfoncer les yeux dans les orbites, de lui arracher ses tatouages avec les griffes et de lui passer la tête au composteur...! Seulement voilà, elle était trop jeune et surtout trop chétive pour faire subir ne serait-ce que le quart de ce qu'elle envisageait au « cartésien ». Aussi se garda-t-elle d'en rajouter, les lèvres tremblantes d'une rage prête à éclater.

Encore une fois, la jeune fille se retrouvait face à un adulte qui pensait tout savoir et n'avoir de leçon à recevoir de personne - et surtout pas de moins âgé que lui - prenant la mouche dès qu'on lui faisait remarquer sa stupidité. Bien entendu, pas une seule seconde elle n'envisagea qu'elle aurait pu expliquer son rôle au jeune homme sans s'énerver ni lui sauter à la gorge, préférant le détester de ne pas être fichu de lire dans ses pensées... déjà qu'il y parlait !

C'est donc silencieux qu'ils reprirent leur route. Le premier se retenant la seconde qui se retenait de gifler le premier... jusqu'à arriver sur le parvis de l'Abbaye. Et là...

« Eh !!! »

Mais Antiphane ne se retourna pas, et elle se retrouva plantée là, devant son Abbaye, seule. Le cœur battant d'abord de colère, puis d'une crainte soudaine, l'expression de son visage changea en quelques secondes. De la simple contrariété elle passa à l'angoisse, puis à une fureur plus grondante encore que celle provoquée quelques minutes plus tôt, lorsqu'ils étaient encore à la gare. Comment avait-il osé ?

Comment avait-il osé la laisser seule ? Encore, car au final sa vie n'était faite que d'abandons, de trahisons, et de promesses non tenues. Comment avait-il osé s'immiscer dans sa vie, la suivre partout où elle allait, insister quand elle ne voulait pas de lui, et lorsqu'elle acceptait enfin qu'il soit son escorte, la laisser là comme on attache sa monture au piquet avant d'aller à l'auberge ? Et comment osait-il prétendre lui donner rendez-vous à l'auberge après l'avoir plantée là sans faire ce pour quoi le pensionnat le paierait ? Ah !!! Elle n'allait pas se gêner pour envoyer un message à la Surveillante générale et dénoncer l'absence totale de professionnalisme de ce malotru !

Des larmes de colères lui brûlant les yeux, elle regarda Antiphane s'éloigner, se promettant d'aller dormir ailleurs et de repartir seule le lendemain. Comme on disait, mieux valait être seule que mal accompagnée !

« Mademoiselle ?
_ Oui...?
_ Un soucis ? Vous semblez troublée.
_ Oh... ce n'est rien.
Mentit-elle en secouant la tête comme si elle tentait par ce geste de reprendre ses esprit. Puis, portant sa main à la médaille à l'effigie d'Alrik qu'elle portait autour du cou, elle prit sur soi pour reprendre d'une voix plus calme que sa fureur intérieur ne le réclamait. Excusez-moi, je viens du Pensionnat Speranza d'Ephtéria. Je suis prêtresse d'Alrik et je dois effectuer un pèlerinage...
_ Oh !
S'exclama aussitôt l'homme de foi d'un air ravi. Soyez la bienvenue jeune fille. Entrez, entrez. »

Rassurée de constater qu'il y en avait au moins un pour prendre soin d'elle, Ciara remercia le prêtre par un sourire et le suivit à l'intérieur. Le contraste entre la luminosité blafarde d'après déluge et l'obscurité de l'Abbaye lui fit battre des cils quelques instants. L'intérieur était frais, sobre, silencieux. Sur les bancs, quelques pieux Aspasiens étaient occupés à prier, et les flammes des cierges faisaient danser de grandes lueurs orangées sur la pierre.

« Excusez-moi de vous demander cela... Murmura subitement le Prête en se penchant ostensiblement vers elle. ... mais il ne devrait pas y avoir un adulte pour vous accompagner lors de votre pèlerinage ?
_ Il y en avait un.
Assura alors Ciara d'un ton étonnamment détaché et calme. Mais il était si pressé de se retrouver seul à l'auberge qu'il a préféré me laisser sur votre parvis comme un nourrisson dans son panier.
_ Vraiment ?
_ Vraiment oui, mais ce n'est pas grave, je trouverai une escorte plus fiable plus tard. Pour le moment, accepteriez-vous de m'aider un peu ? C'est mon premier pèlerinage et je vous avoue ne pas du tout savoir quoi faire. »


Bien qu'encore un peu choqué à l'annonce de la défilade de l'escorte d'une Prêtresse - surtout si jeune - le Prêtre hocha sa petite tête ronde avec gentillesse et entreprit de lui expliquer tout ce qu'elle devait savoir ainsi que comment s'y prendre. Au bout de deux longues heures, il la reconduisit jusqu'aux portes de l'Abbaye accompagné d'un commerçant débonnaire qui accepta de l'accompagner jusqu'à l'auberge de son choix.

Bien entendu, la jeune fille arrêta son choix sur toutes celles où elle ne risquait pas de croiser Antiphane... sans prévoir qu'Alrik en avait décidé autrement. Résultat : toutes les auberges qu'ils visitèrent étaient complètes, et deux d'entre elles leur conseillèrent l'auberge du Moulin à Paroles vers laquelle ils se dirigèrent. En arrivant devant le bâtiment pourtant, Ciara se retourna vers son accompagnateur pour le remercier, le saluer, et faire semblant de se diriger vers les portes avant de s'arrêter et le regarder s'éloigner jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Là, elle se retourna pour jeter un regard circulaire sur la rue.

Tout à coup, elle avait très envie de dormir à la belle étoile plutôt que de se retrouver dans la même auberge que ce sale petit déserteur...!

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 10 Mar 2013, 14:34

Lorsqu'il entendit Ciara crier, Antiphane décida de ne pas se retourner. Maintenant qu'il se retrouvait enfin seul il ne voulait plus chercher à savoir ce qu'elle voulait. Certainement lui faire la morale pour finalement lui dire qu'il devait l'accompagner. Il était persuadé qu'elle ne savait pas ce qu'elle voulait, outre le fait d'obéir au moindre de ses caprices. Elle avait bien précisé qu'elle pouvait s'en occuper seule, non ? Il était prévu que lui irait réserver des chambres et pourquoi pas un bon diner le temps qu'elle fasse ce qu'elle avait à faire.

Alors qu'il commençait à se faire tard il fut étonné de voir tant de monde dans la rue des va-et-viens. Il avait demandé son chemin pour l'auberge à un bonhomme de fort bonne humeur qui lui avait répondu que c'était un excellent choix. Il l'avait remercié et gratifié d'un sourire avant de prendre la direction indiquée. Le chemin n'était pas bien compliqué car il fallait simplement descendre ce qui semblait être la rue principale et l'auberge se situait sur la gauche lorsqu'on l'empruntait dans ce sens. Et cerise sur le gâteau, Antiphane n'avait pas à traverser le lac pour la rejoindre étant donné qu'elle s'arrêtait peu avant.

En s'y rendant il eut l'impression de visiter une usine qui avait la taille d'une ville. Aspasie était la ville de reconversion par excellence. Une matière arrivait en sa forme primaire et ressortait embellie, retravaillée... Il eut une pensée pour la petite Ciara. Peut-être ressortirait-elle plus travaillée, plus... mûre elle aussi ? Il remarqua d'ailleurs que les habitants avaient tous le sourire aux lèvres, ils semblaient tous être heureux de vivre par ici. C'était un peu effrayant, car on ne voyait que rarement une telle sympathie ailleurs.

Il ne put manquer l'enseigne de l'Auberge tant elle s'imposait aux passants. Une fois rentré à l'intérieur il prit soin de scruter chacune des personnes. Surpris, il ne vit personne de menaçant ni même de méfiant. Ils étaient tous réunis en petit groupe et discutaient laissant échapper un rire quelques fois. Un instant le tatoué eut peur d'être justement cet intrus qu'on dévisageait du coin de l'oeil. Mais lorsqu'il était entré, quelques têtes s'étaient retournées et on lui avait adressé un bref sourire ou alors les regards s'étaient perdus plus loin dans l'auberge. Ici il se sentait vraiment bien, serein et en sécurité.

Antiphane aimait avant tout le silence et la mobilité. Néanmoins il n'était pas mécontent d'être parmi toutes ces personnes dont la bonne humeur était communicative. Il rejoignit le bar et on vint aussitôt à lui.

« Bienvenue à L'auberge du Moulin à Paroles ! Que nous vaut votre venue ? Chercha à savoir l'aubergiste tout aussi chaleureux que l'auberge elle-même.
- Bonsoir, je souhaiterai réserver deux chambres s'il vous plaît.
- Notre ami est cortésian ! Dit-il tout haut. Ce n'est pas courant, mais sachez que ça nous fait plaisir ! Nous aimons notre ville et nous la quittons rarement, vous devez surement avoir beaucoup de choses à nous raconter, pas vrai ?
- Et bien... en réalité j'accompagne une prêtresse d'Alrik pour un pèlerinage. Avoua-t-il réalisant que l'auberge portait très bien son nom : L'auberge du Moulin à Paroles et il savait pourquoi maintenant. Et pour ces chambres, deux séparées s'il vous plaît, mais une à côté de l'autre de préférence.
- Ah oui, les réservations ! Je regarde ça de suite. »

Il se hâta dans ses papiers, mais malgré un désordre sans nom, il prit une feuille et s'attarda dessus.

« J'ai trouvé ce qu'il vous faut, par contre vous serez en face l'un de l'autre et pas côte à côte. Finit par dire l'aubergiste dans un sourire d'excuse.
- Ça suffira, merci. Puis il rajouta avant d'oublier. Au fait, vous n'auriez pas du papier pour une lettre aussi ? »

On lui donna ce qu'il cherchait et on lui indiqua sa chambre. Il y monta afin d'écrire dans le calme et d'être certain que personne ne lirait derrière son épaule. Il inséra la clef dans la serrure et eut la surprise de découvrir une chambre propre et bien chauffée. La pièce était assez petite, mais bien organisée. Un lit simple faisait l'angle tandis qu'une étagère était fixée juste au dessus sur laquelle se consumait une bougie propageant une faible lumière. Toujours dans la même pièce se trouvait une bassine pour la toilette et une table contre le mur sur laquelle il posa la bougie qu'il venait de prendre. Une fois installé il rédigea sa lettre où il expliquait sa situation, sa nouvelle mission et décrit également la ville en précisant qu'il la trouvait à son goût. Il lui expliqua qu'il ne connaissait pas encore l'itinéraire du pèlerinage et qu'il comptait lui envoyer une lettre à chaque ville qu'il visiterait.

Il mit la lettre dans l'enveloppe que lui avait aussi donné l'aubergiste. Ensuite il fit couler un peu cire de la bougie pour sceller maladroitement le paquet. Pour faire passer le temps il s'allongea sur le lit et se remémora sa journée riche en émotions. Il ferma les yeux, mais ne s'endormit pas même après avoir verrouillé la porte. Il resta longtemps ainsi à penser à tout et n'importe quoi, mais surtout à cette Ciara. Puis peut-être après deux heures, quelqu'un frappa à la porte. Il se releva, comme réveillé par un coup de tonnerre.

« C'est moi ! Révéla l'aubergiste comme si cela était une évidence. Nous allons dîner, si vous voulez vous joindre à nous ! 
- J'arrive. » répondit Antiphane qui sentait toujours son cœur palpiter dans sa poitrine.

Lorsqu'il fut réveillé, il retrouva la bonne ambiance qui régnait toujours à l'auberge. Il constata qu'il y avait encore beaucoup de monde et que, étrangement, personne ne semblait ivre. Certains semblaient avoir chaud, mais ils semblaient ne pas tendre à l'excès. Avec effroi il constata que la nuit était tombée dehors et il apprit qu'il avait dormi un peu plus de deux heures !

« Est-ce qu'une petite fille est venue pendant mon absence ? Demanda Antiphane paniqué.
- Je suis certain que non, pourquoi cette question ? Serait-ce la personne pour qui vous avez réservé la seconde chambre ? C'est la prêtresse ? Finit-il par s'exclamer comme réjoui à l'idée d'héberger une telle personnalité.
- Oui c'est ça...
- Ne vous inquiétez pas, Aspasie n'est pas réputé pour être une ville dangereuse, même la nuit. Vous voulez commander ?
- Deux plats du jour si vous faîtes, merci. » Répondit machinalement le cortésian

Puis il décida de sortir de l'auberge. Paniqué il ne savait comment agir. Ne devrait-elle pas être déjà là ? Il se mit à regretter de l'avoir laissé toute seule. Il se sentait plus ou moins responsable étant donné qu'il s'était engagé à l'aider. Il retourna à l'auberge avec un plan en tête.

« Je vais la chercher, mais si elle vient ici, dîtes lui que je reviens dans trente minutes ! »

Puis à nouveau il sortit et prit le chemin inverse pour la retrouver.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 11 Mar 2013, 03:18

Comme dans chaque ville, on peut dire qu'il y a des gens aimables et de gros abrutis, y'a pas de soucis t'inquiète. Il n'y a qu'à Guttenvald que ce genre de description aurait fait tâche :D


Devant la porte du Moulin à Paroles, Ciara n'avait pas bougée. Indécise, elle hésitait entre pardonner à Antiphane et entrer au chaud ou bien s'entêter à ne plus souhaiter lui faire confiance et se priver du confort de l'auberge. En attendant elle demeurait là, silencieuse et pensive, jusqu'à ce qu'un couple de nobles parfumés à l'excès la tire de ses pensées. Les dévisageant sans comprendre, la jeune fille en fut quitte pour essuyer ce petit air suffisant qu'avaient les nobles dès qu'ils s'adressaient à plus jeunes et moins riches. Cet air que Ciara détestait - comme tout sur Nideyle pour être parfaitement honnête - et qui lui valut de les fusiller du regard lorsqu'elle daigna dégager le passage au beau milieu duquel elle se trouvait.

Ce n'est qu'alors qu'elle remarqua l'enfant qui suivait ses deux parents. Un petit garçon d'à peine la moitié de son âge, les cheveux lissés en arrière et du far sur les joues qui lui jeta un regard méprisant en passant à côté d'elle. Battant des cils une seconde, Ciara fit volte face et marcha tout droit, au hasard dans les ruelles entourant l'auberge. Elle tourna à plusieurs angles de rue, une colère sourde battant dans ses tempes alors qu'elle faisait tous les efforts du monde pour se calmer. Ce gamin et lui seul en une seconde à peine venait de réveiller sa haine latente.

Haïr les autres pour ce qu'ils avaient. Les haïr pour ce qu'ils n'avaient pas. Les haïr pour ce qu'ils étaient... et pour ce qu'ils n'étaient pas. Les haïr pour tout. Les haïr pour rien. Les haïr, parce qu'elle n'avait jamais su se protéger autrement qu'en haïssant tout ce qui l'entourait... elle y compris.

C'est donc les larmes aux yeux et le feu aux joues qu'elle se retrouva face au Larme. Les poings serrés comme souvent, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes à mesure que la colère se répandait en elle. Jusqu'à se faire mal, physiquement, car la douleur physique était toujours plus supportable que celle qu'elle ressentait moralement. Ah ! Il pouvait faire le malin, ce sale petit morveux de riche. Elle connaissait bien ce genre de gamin pourri gâté. Ses parents devaient céder à tous ses caprices et lui répéter à longueur de temps de ne pas fréquenter les orphelins qui ne l'étaient que parce qu'ils le méritaient. Oui, elle connaissait ce discours pour l'avoir trop souvent entendu. Lorsqu'elle avait fait vœu de silence, combien de confessions lui étaient parvenues et s'étaient ancrées en elles comme autant d'insultes auxquelles elle ne pouvait pas répondre.

Pauvre petits, disaient-ils à la Surveillante générale. Qui n'avaient donc rien de mieux à faire de leurs journées que de mendier, voler ou se prostituer pour gagner de l'argent, parce qu'ils ne savaient rien faire d'autre en plus de ne pas s'en donner la peine. Les jugements hâtifs et critiques d'adultes qui n'avaient jamais rien connu d'autre que la facilité, et pour qui les sens de mots tels que « survie » ou « compassion » échappait totalement lui avaient toujours été insupportables. Alors autant dire que leurs enfants véhiculant les mêmes idées lui donnaient de furieuses envies de meurtre. Eux avaient leurs parents. Eux avaient un toit... et leur chance n'était plus que mépris et arrogance, au mépris de la moindre valeur humaine...

...et elle les haïssait !
Eux, qui avaient tant et s'en vantaient sans humilité.
Ses parents, qui l'avaient abandonnée pour protéger leur réputation.
Artégal, qui avait anéanti l'admiration aveugle qu'elle lui portait.
Antiphane, qui l'avait abandonnée après avoir promis de la protéger.
Et Nideyle entière, pour vivre éhontément là où elle peinait à survivre.

De rage, Ciara donna un coup de pied dans une pierre qui vola dans la nuit avant de disparaître dans les flots vifs du fleuve. Malheureusement pour elle, la roche s'avéra plus solide que son orteil, et ce geste inconsidéré lui arracha un couinement de douleur. D'aucun aurait parlé de goutte d'eau... Ciara avait faim, froid, elle était émotionnellement épuisée après l'attaque de Fléau à Ephtéria et la pendaison d'Artégal, et physiquement à bout d'avoir dû courir pour sauver sa vie. Autant d'émotions et d'épreuves que ces nobles ne vivraient jamais... mais qu'ils ne se gênent pas pour la juger et savoir mieux qu'elle comment gérer ses blessures...! La jeune fille ferma les yeux, tentant une dernière fois de ravaler sa douleur. Cette fois pourtant, elle déborda en un flot ininterrompu de larmes...

Sur la rive du Larme, le parallèle aurait presque pu paraître poétique.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 11 Mar 2013, 18:33

C'est l'esprit troublé qu'Antiphane remonta la Rue des va-et-viens. Il n'était sur de rien, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour Ciara. Il avait l'intention d'aller directement à l'Abbaye afin de voir si, déjà, elle y était toujours et dans le cas contraire, savoir où elle comptait se rendre. Cette fois-ci même la bonne humeur des passants ne réussit pas à rassurer le cortésian. Pourquoi se sentait-il autant responsable ? Elle n'était surement pas la seule enfant à être isolé à Aspasie ! Son intuition lui soufflait-il qu'il lui était arrivé quelque chose ? Il regrettait vraiment d'avoir agit de la sorte avec elle. C'était étrange, il l'avait rencontré le matin même et il s'inquiétait pour elle. Habituellement, Antiphane ne s'attachait pas si aisément à quelqu'un.

Avec la nuit, les rues qui s'assombrissaient lui paraissaient devenir sinistres. Lorsqu'il avait laissé Ciara seule au portail de l'Abbaye il remarqua qu'il n'avait pas pris soin de l'observer. Mais maintenant qu'il se trouvait une nouvelle fois en face, il leva les yeux et découvrit ce qui semblait être un momunent inhumain tant elle était grande. Il resta planté sur place à fixer l'endroit où il l'avait délaissé. Cela semblait si grand ! Il était perdu ! Que devait-il faire ? Il n'arrivait pas à prendre de décision tant la confusion était envahissante. Soudain il entendit des pas au loin dans la nuit. Ça aurait pu être n'importe qui, mais il s'attendait à voir la petite silhouette de Ciara se détacher de l'ombre. Mais il remarqua avec déception que c'était un prêtre qui venait vers lui.

« Bonsoir, vous cherchez un endroit où dormir ? Demanda-t-il avec bienveillance.
-Je cherche Ciara. Elle était là tout à l'heure, seule. Est-elle toujours ici ? Chercha à savoir Antiphane angoissé.
-Non, elle est partie il y a quelques temps. Êtiez-vous son accompagnateur ? Elle a précisé qu'il l'avait abandonné.
-Non je ne l'ai pas abandonné... Vous a-t-elle dit où elle se rendait ?
-Elle semblait perdue, mais pas seulement. Elle paraissait être déçue, encore une fois. Pauvre enfant...
-S'il vous plaît, dîtes-moi où est-elle allée !
-Vous vous inquiétez pour elle, je me trompe ? Ne vous inquiétez pas, cette enfant est protégée par les Dieux et un commerçant a eut l'amabilité de l'accompagner jusqu'à l'auberge si je me souviens bien. »

A la fois soulagé de savoir ce qu'elle avait fait et inquiet de ne pas l'avoir croisé en route, une nouvelle fois il descendit la rue. N'auraient-ils pas du se croiser en chemin ? Peut-être que le commerçant avait fait un détour pour lui faire visiter le ville. Incertain, Antiphane posait son regard partout, s'attendant à voir le visage de Ciara se détacher de la foule qui se faisait maintenant rare à cette heure. En réalité il n'y avait presque plus personne. Tout le monde était confortablement installé au chaud devant une assiette fumante ou allongé dans un lit douillé.

Il arriva essouflé à l'auberge et demanda à l'aubergiste si Ciara était passée. Ce dernier avait répondu gêné que personne n'était arrivé depuis son départ. Où pouvait-elle bien être ? Il était en colère, mais n'arrivait pas à l'exprimer tant l'angoisse de l'avoir perdu s'imposait à lui. Il croisa, par miracle, un couple aux airs nobles et leur enfant.

« Excusez-moi, n'auriez pas vu une petit fille de cette taille ? Demanda-t-il en montrant de sa main la taille approximative de Ciara.
-La mendiante ? Moi je l'ai vu ! Se mit à brailler le gamin. Elle était par ici, puis je l'ai vu aller sur la rive droite !! »

Antiphane se demanda sur le coup si la mendiante qu'avait mentionné le goss pouvait être Ciara. Même avec un doute il devait suivre cette piste, car c'était bien la seule qu'il avait. Mais dégouté par leurs réactions, surtout par leurs attitudes à vrai dire, Antiphane ne leur répondit même pas et continua sa route en direction du pont qui traversait la Larme. Il s'accrocha à l'espoir de la rattraper avant qu'elle ne soit trop loin, si bien-sûr il s'agissait bien d'elle. Au fond, Antiphane craignait que ce soit trop tard et qu'elle soit déjà loin. Soudain il vit une petite silhouette chétive qui sanglotait au bord du Larme. Avec soulagement il la reconnut sans le moindre doute. Mais pourquoi pleurait-elle ? Il s'approcha alors doucement d'elle et une fois qu'il fut à sa hauteur il prit le temps de réfléchir à ce qu'il allait lui dire.

« Je t'ai attendu à l'auberge tout à l'heure. Mais tu n'arrivais, alors je me suis inquiété... Tu sais, tout à l'heure je suis parti pour aller nous réserver une chambre pour toi et une autre pour moi. »

Il s'arrêta, craignant une crise de la part de l'adolescente. Puis il se rappela de ce qu'avait dit le prêtre.

« Je n'ai pas l'intention de te laisser continuer toute seule. »

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 13 Mar 2013, 01:18

Perdue, Ciara erra sans but, traversant sans y prêter attention l'un des ponts enjambant le larme. C'est ainsi qu'elle se retrouva sur la rive droite, avant de s'éloigner des rues trop fréquentées à son goût. Face au fleuve, épuisée, elle en était à s'être convaincue de passer la nuit ici, et son regard balayait le petit coin de berge où elle se trouvait à la recherche d'un abri. Le pied d'un saule pleureur lui parût suffisamment accueillant pour cela, mais au moment où elle allait se remettre en route pour se lover entre ses racines, une voix résonna dans sa tête, la faisant tressaillir.

Lui ?!!

Profitant de ce qu'elle lui tournait encore le dos pour le moment, elle se hâta d'essuyer ses larmes du plat de ses mains, séchant ses joues tant bien que mal et prenant une profonde inspiration afin de pouvoir parler sans trahir ses émotions à cause d'une voix chevrotante. Enfin, lorsqu'elle se sentit plus ou moins prête à l'affronter, elle fit volte face, le regard rempli de cette colère qui la caractérisait tant.

« Ah oui ? Commença-t-elle d'un ton froid, entre l'ironie et la remontrance. Me laisser seule, c'est pourtant ce que vous avez fait ! »

Elle s'approcha alors, d'un pas déterminé, et se planta juste devant le « cartésien ». Il la dépassait en taille, mais ça ne l'intimidait pas ! Les paupières encore gonflées par ses pleurs mais la voix plus assurée tant qu'elle adoptait les tons de la colère, elle reprit sans lui laisser l'occasion de répondre, ou pire, de s'excuser !

« Pour commencer je ne vous ai pas autorisé à me tutoyer ! D'une part je n'aurait pas dû avoir à vous le dire, et d'autre part je ne devrait pas avoir à le répéter. Si vous n'êtes pas capable de me respecter un minimum, c'est que vous n'avez pas compris qui je suis ! Je suis Prêtresse sous la protection d'Alrik, votre familiarité est une injure que vous faites à l'Infinitude que j'ai choisi de servir ! Alors oui, peut-être bien que je suis plus jeune que vous. Pour autant je ne suis pas une gamine, alors arrêtez de me traiter comme si j'étais la dernière des idiotes ! »

Les joues rouges, ses yeux brillaient non plus de douleur mais de colère et semblaient lancer des éclairs. Furieuse d'avoir été surprise alors qu'elle était vulnérable. Furieuse d'être prise pour une petite sotte sans cervelle. Furieuse face à la mauvaise foi de sa prétendue escorte et face aux injustices de la vie qu'elle ne supportait plus.

« Vous croyez que demander à ce que l'on m'accompagne est un caprice ? Réfléchissez, si vous êtes capable d'un tel exploit ! Je suis mineure, je suis orpheline, je suis vierge et je ne sais pas me battre ! Faut-il que je me retrouve au marché aux esclaves de Balaïne ou dans un bordel pour que vous réalisiez pourquoi j'ai besoin d'une escorte ?!! C'est très gentil, d'avoir réservé la chambre, bravo, quelle prévenance... Siffla-t-elle avec un cynisme proche de la fureur, avant de hurler sans retenue. JE ME DEMANDE BEN À QUOI ELLE AURAIT SERVI SI J'AVAIS ÉTÉ RAMASSÉE PAR UN SOUTENEUR !!! »

Sur ce, elle le bouscula rageusement et prétendit s'éloigner sans réellement savoir où elle allait, marchant seulement tout droit comme pour mettre le plus de distance possible entre elle et ce maudit tatoué.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 30 Avr 2013, 01:34

Antiphane constata tout d'abord une chose. Le don qu'avait la gosse pour dramatiser les choses. Lui qui était de nature soucieuse était détrôné par cette dernière qui envisageait le pire des scénarios possibles. Mais en plus d'être soucieux, le cortésian était également coléreux lorsqu'on abusait de sa patience. Il réussissait malgré tout à se contenir et était néanmoins incapable d'en donner les raisons. Peut-être le soulagement de la retrouver ? Aussi, il fut attendri de voir ses paupières boursoufflées par les larmes. Même si elle disait le contraire, elle restait une enfant qui semblait avoir peur d'être seule.

Elle le poussa sans force.

Mais pourquoi cherchait-il à la rendre attendrissante, émouvante et pathétique ? Elle ne faisait que brailler et se donner un air supérieur. Il la regarda s'éloigner vers l'inconnu. L'envie de la gifler le secouait, cependant l'effort qu'il déployait pour se contenir paraissait et était bien supérieur à ce désir qui ne ferait qu'envenimer les choses. Il vit la lune se refléter dans le Larme. Elle était comme fixée dans le ciel, figée dans le temps. Il n'y avait ni vent, ni nuage, donnant l'impression que tout avait cessé d'exister. Seule la silhouette de Ciara qui s'éloignait trahissait l'illusion. Il la rattrapa sans peine et marcha à ses côtés sans vraiment lui laisser le choix, car il avait bien compris que c'était lui qu'elle fuyait désormais. Après lui avoir piqué une crise parce qu'il n'avait pas été avec elle, voilà qu'elle ne voulait plus de lui... Décidément !

« Je... » Commença-t-il cherchant comment entamer cette discussion. « Je vous avoue qu'avec votre tempérament, j'ai du mal à vous voir autrement qu'en petite fille. Vous dîtes que ce n'est pas par caprice que vous devez être escorté et je veux bien le concevoir, mais il était inconscient de ne pas rejoindre l'auberge une fois sortie de l'abbaye... Mon devoir était de vous accompagner, certes » L'envie de rajouter – même si vous m'avez dit le contraire – le démangea, mais il réussit à s'abstenir. « Mais je n'y suis pour rien si vous agissez déraisonnablement ! Mon comportement n'était pas une raison pour que vous partiez seule de votre côté, parce que là effectivement vous aviez toutes vos chances de vous faire enlever, ou je ne sais trop quoi d'autre... »

Il se posta devant elle, l'obligeant à s'arrêter et à le regarder. Elle lui avait fait comprendre qu'il devait rester avec elle, c'était maintenant à son tour de lui faire comprendre qu'elle devait également faire un effort. Une chouette aux grands yeux vint se poser sur un portillon non loin du couple d'individus. Sa tête arrondie regarda une fois à droite, une fois à gauche avant de se poser sur eux son regard étincelant.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 30 Avr 2013, 23:51

Rien n'agaçait autant Ciara que d'être prise pour une gamine, à plus forte raison lorsqu'elle le méritait amplement ! Rien sauf peut-être d'avoir tort... Oui, c'était très agaçant ! Suffisamment pour lui faire détester Anitphane deux fois plus, et lui donner envie de le faire taire. Malheureusement pour elle, se boucher les oreilles pour ne plus l'entendre ne l'aurait pas menée bien loin. Alors elle se contenta de serrer les poings, imaginant mille tortures pour cet individu qui se permettait de lui remettre les pendules à l'heure. Comment osait-il avoir à ce point raison ? Ça devrait être interdit !

Des larmes d'une rage mal contenue inondant ses joues, la jeune fille se figea lorsque Antiphane fit bloc devant elle. Parce qu'en plus il osait lui couper la route pour l'arrêter dans sa fuite vers elle ne savait où ? Son regard gris, à peine visible dans la nuit, se planta sur le visage bariolé de son escorte. Elle le détestait.

« Vous... » Commença-t-elle comme si elle s'apprêtait à l'ensevelir sous un flot d'insultes et de reproches.

Mais rien d'autre ne pu franchir le seuil de ses lèvres. Vous quoi ? Vous avez raison ? Elle baissa la tête, se retenant tant bien que mal de ne pas fondre en larmes. Pas devant lui qui l'avait abandonnée. Jamais elle ne lui ferait ce plaisir. Jamais elle ne se montrerait faible... et pourtant. C'était de sa faute, tout ça. Raison de plus pour le détester amèrement, d'autant plus que de s'entendre remettre à sa place était horriblement vexant. Seulement voilà, sa fatigue était telle que Ciara ne fut pas capable d'un exploit plus grand que d'éclater tout bonnement en sanglots sous les yeux étonnés de la chouette qui les observait.

Le visage enfoui dans ses mains, elle dû lutter encore quelques minutes pour se calmer, jusqu'à ce que la douleur laisse place à la honte de s'être montrée vulnérable. Son estomac gargouilla alors qu'elle frissonnait à un souffle de vent, mais les yeux résolument baissés, elle restait silencieuse à réfléchir. Deux choix se présentaient. Soit elle continuait de bouder bêtement, sauvait illusoirement son égo mais passait la nuit à grelotter le ventre vide ; soit elle s'excusait, se couvrait de honte et pouvait espérer dormir au chaud après un repas...

Finalement, elle opta pour un savant mélange des deux...

« Je suis fatiguée... »

J'ai conscience qu'arrêter ici ne fait pas avancer l'action, mais je ne voulais pas faire trop de choses sans laisser l'occasion à ton personnage de réagir. Si tu bloque n'hésite pas à m'envoyer un MP, j'éditerai pour nous conduire à l'auberge ;) Et bien joué comment tu lui as cloué le bec :p

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 06 Mai 2013, 12:07

Ciara sembla aussi chercher ses mots tout comme Antiphane auparavant. Néanmoins rien ne suivit le « vous » qu'elle avait prononcé avec haine. Puis elle se mit à pleurer une nouvelle fois. Même si ce n'était pas la première fois qu'il la voyait dans cet état, il ne savais toujours pas comment s'y prendre pour l'aider, ne serait-ce qu'un peu. Déjà il se demandait si l'aider n'allait pas l'énerver de plus belle. Il attendit donc que les pleurs ait cessé de la secouer.

Il était impossible d'anticiper la moindre réaction chez elle. Son humeur était des plus changeantes. En l'espace de trois secondes, elle pouvait passer de la colère, voire même de la haine aux larmes. N'était-ce pas là une preuve de sa fragilité ? Même s'il ne savait pas comment s'y prendre avec elle, Antiphane savait malgré tout qu'elle était vraiment sensible, et plus particulièrement vis à vis de ses propres sentiments qu'elle ne semblait pas tout à fait contrôler. Mais ne se trompait-il pas encore une fois ? Il n'avait fait que découvrir Ciara au cours de la journée et c'est pourquoi il se demandait avec une certaine angoisse ce qu'elle pouvait bien encore lui cacher.

Sursautant presque lorsqu'elle lui dit qu'elle était fatiguée, Antiphane remarqua seulement à ce moment qu'elle ne cachait plus son visage dans ses mains. Ainsi donc elle réagissait ainsi. Après tout, ces pleurs n'étaient peut-être que l'expression de sa fatigue. N'était-elle pas une enfant ? Il n'osait pas la toucher, de peur de provoquer une nouvelle réaction.

« Moi aussi, mais mangeons avant, sauf si vous préférez marcher encore un peu. »

Il ne précisa pas pourquoi, mais s'il était certain d'une chose quant à Ciara, c'est qu'elle ne supportait que très difficilement de montrer ses sentiments. Or aller à l'auberge les yeux larmoyants serait insupportable pour elle. Malgré sa proposition il fit demi-tour, incita même Ciara à le suivre d'un geste de la main. Si elle souhaitait se remettre de ses émotions, elle pourrait toujours marcher lentement. Antiphane marcherait à son rythme.

« Si vous préférez manger seule, je vous ai réservé une chambre. Sinon je pense que l'aubergiste se fera un plaisir de vous rencontrer. »

Il aurait aimé manger avec elle ne serait-ce que pour parler. Depuis le trajet en train, Antiphane pensait qu'ils avaient beaucoup de choses à se dire... Cependant, à moins de s'isoler tous les deux dans l'une des chambres, il était impossible de parler avec tous ces individus aux alentours. Aussi, tout comme Ciara, il était fatigué après une telle journée et l'idée d'aller se coucher après avoir mangé rapidement le laissait rêveur.

Ne va pas penser que si je poste juste après avoir appris que tu avais mal aux mains c'est pour te faire souffrir à répondre ;) Je pense pas être assez sadique pour ça...

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 08 Mai 2013, 18:52

Réfléchir n'était plus dans les capacités de la jeune fille qui se contenta d'emboîter le pas à Antiphane en silence. Chemin faisant, elle essuya ses larmes du dos de la main à plusieurs reprises tout en gardant le regard fixé sur ses souliers. Trop fatiguée pour haïr davantage Antiphane - elle s'arrangerait pour le haïr deux fois plus demain -elle décida qu'il serait peut-être plus facile pour elle de le laisser prendre les décisions de ce soir... et payer, dans la mesure du possible. Mais pour cela, il faudrait qu'elle se montre moins pénible qu'elle ne l'avait été toute la journée. Personne n'avait envie de se montrer généreux avec une peste, n'est-ce pas ?

Il lui faudrait donc jouer la gentille petite fille sage. Problème : depuis la pendaison d'Artégal, elle n'était définitivement pas d'humeur...

... oui mais on ne faisait pas toujours ce que l'on voulait, et s'il fallait choisir entre continuer de faire la tête et manger à sa faim, Ciara devait choisir.

Sur le seuil de l'auberge, elle s'accorda donc une petite pause pendant laquelle elle prit une profonde inspiration. Relevant courageusement la tête, elle affronta enfin le regard du tatoué.

« Je mange seule tous les jours de la semaine. Ça me changera de partager un repas avec quelqu'un... » Hasarda-t-elle en poussant la porte.

À l'intérieur, un fumet alléchant fit gronder son estomac alors qu'elle saluait l'aubergiste. La douce chaleur des lieux la fit frissonner. Après tout ce temps passé dehors à bouder, ce petit réconfort était le bienvenue. Balayant la grande salle des yeux, la jeune fille ne tarda pas à repérer un coin un peu en retrait, à l'abri des regards indiscrets derrière un paravent. Une petite table carrée et deux chaises au molleton carmin n'attendaient qu'eux. Adressant un regard d'invite à l'attention d'Antiphane, Ciara s'y dirigea sans tarder. Pas question que quiconque lui souffle cette place de choix !

Mais une fois assise, elle retomba dans un silence un peu embarrassé, une question qu'elle n'osait pas poser au bord des lèvres.

« Et... vous faites quoi dans la vie ? Mis à part escorte ? »

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 28 Mai 2013, 15:57

La laisser décider était la meilleure solution pour la mettre en confiance. Si elle s'arrêtait durant le chemin, il faisait de même. Lorsqu'elle s'arrêta dehors, devant l'entrée pour se donner du courage, il s'arrêta également. Avec soulagement il constata que l'auberge plaisait à la prêtresse, car elle se dirigea aussitôt vers une place de choix. Il fut même surpris de voir un coup d'oeil en sa direction l'invitant à la rejoindre. Il avait remarqué qu'elle n'avait pas osé le regarder dans les yeux une seule fois durant le trajet. Il s'exécuta, étonné, même si elle avait précisé qu'elle apprécierait de manger avec quelqu'un ce soir là, mais il n'était pas certain qu'il s'agissait de lui.

Quelques clients étaient déjà partis. Il ne restait que deux petits groupes, l'un jouant aux cartes bruyamment, l'autre échangeant des blagues en levant une choppe toujours pleine. On pouvait toujours retrouver cette bonne atmosphère chaleureuse, mais Antiphane apprécia l'intimité procuré par le paravent.

Une fois assis en face d'elle, il ne pouvait fuir son regard. Ils étaient coupés du reste de la pièce, d'où le silence. Désormais il n'y avait plus qu'eux, il n'était plus question du barman, de son Dieu Alrik, ni même de Artégal. Il était seulement question de Ciara et Antiphane. Il aurait souhaité parler pour mettre fin au malaise, mais il avait peur de la braquer comme il l'avait déjà fait. Il attendit donc qu'elle prenne la parole pour être sur qu'elle soit prête à parler. Si elle le voulait. Mais le tatoué s'imaginait mal rester tout un repas sans parler et à fuir son regard. Heureusement, elle prit la parole. Il se crispa en entendant la question. Il n'avait pas imaginé une seule fois qu'ils parleraient de lui. Pris au dépourvu il lissa machinalement la nappe pour se donner le temps de réfléchir. Que dire ? Une fois prêt à tenir un discours qui tiendrait la route, il se lança.

« Je gère un groupe de personnes en difficulté et qui ont des problèmes d'intégration. J'ai une maison où ils peuvent venir comme bon leur semble. Pour certains c'est une seconde maison et parfois même ils y trouvent une nouvelle famille. »

Il disait la vérité. Néanmoins il oubliait consciemment de préciser qu'il s'agissait d'un groupe de rebelles. Son explication était si vraie qu'il eut peur qu'elle fasse le rapprochement.

« Je vois beaucoup de... cas difficiles, j'y suis même habitué... » dit-il pour lui donner le sourire. Pourtant il avait presque dit le mot rebelle.

Le barman arriva à leur table se faisant tout petit. Ayant compris qu'ils cherchaient un peu d'intimité, il se faisait discret. Il s'excusa, confus, deux assiettes fumantes dans les mains. Prenant soin de retirer les serviettes, il déposa les deux plats devant Ciara et Antiphane qui entendait son estomac gronder d’excitation.

S'armant de ses couverts il entama son assiette sans retenu. De plus, cela lui permettait d'éviter la discussion et de prolonger l'interrogatoire qui le mettait mal à l'aise.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 31 Mai 2013, 23:42

Renonçant finalement à passer sa soirée à bouder, Ciara observait Antiphane avec attention. En fin de compte, elle venait de réaliser que c'était une chose qu'elle n'avait jamais pris la peine de faire depuis qu'ils s'étaient rencontrés à Ephtéria. Une moue embarrassé passa comme une ombre sur son visage fatigué. La pendaison, cette voix dans sa tête, le soldat, la fuite, les mensonges, Fléau, le train... mentir encore, à Antiphane comme à elle-même. Non, la journée n'avait pas été reposante.

« Ah... Fit-elle un peu froidement. Elle n'aimait pas trop la façon dont l'homme tatoué présentait les choses, l'air de dire qu'elle avait des problèmes et qu'elle serait la bienvenue chez lui. J'ai grandit à Banba en fait, mais mes parents m'ont envoyée dans un pensionnat à la mort d'un parent. Ils avaient subitement de l'argent alors ils se sont dit que ce serait bien que j'ai une meilleure éducation, et il devaient me rejoindre plus tard. Seulement une bouseuse de Banba à la capitale, vous imaginez bien que ce n'est pas très bien vu. Elle eut un sourire un peu ironique, comme si elle défiait Antiphane de deviner où elle voulait en venir. Je ne pense pas avoir de problèmes, moi. Ce sont les autres qui me les inventent. En l'occurrence, mes « camarades » de classe m'ont accusé de sorcellerie, alors j'ai été transférée au couvent. Eux aussi prétendaient être une seconde famille pour moi. Eux aussi m'ont servit qu'ils avaient connu beaucoup de cas difficiles. »

L'aubergiste arriva à ce moment là et déposa leurs assiettes devant eux en silence avant de s'éclipser. Délaissant son récit quelques instants, Ciara se jeta alors sur la nourriture après avoir lancé un bref « bon appétit » à son escorte. Les premières cuillères lui réchauffèrent l'estomac, le ventre, le cœur, et tout le reste de son corps un peu trop mince. Les joues roses de ce plaisir simple, elle consentit à ralentir l'allure pour se couper un morceau de pain qu'elle fit distraitement tremper dans le jus de sa poule au pot.

« Artégal était mon frère, je l'ai découvert en lisant l'avis de condamnation. Premier enfant de ma charmante mère... abandonné comme elle m'a abandonnée quand elle a compris que ma réputation de « sorcière » risquait de nuire à la sienne. Alors les familles, je les laisse aux autres. Le couvent ne m'a appris qu'à me taire et à vénérer une Infinitude qui ne doit même pas être au courant de mon existence... »

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 10 Juil 2013, 10:38

Antiphane écouta son récit d'une oreille attentive. Ne pas parler lui convenait parfaitement. Il levait le nez de son assiette parfois en faisant « Ah d'accord ! ». Par contre il ne montra aucun signe de compassion pour son histoire qui lui semblait réellement difficile. Pour elle la famille n'avait aucune valeur alors que pour lui, la famille et plus précisément son frère représentait tout.

Il prit une grosse bouchée de poule avec quelques morceaux de carotte lorsqu'elle lui apprit que celui qu'il avait fait condamner était son grand frère. Tout à coup son visage s'empourpra, il venait d'avaler de travers. D'une main qui sautillait au rythme de sa toux, il se servit un verre d'eau en renversant la moitié du pichet. Il but d'une traite le contenu de son verre et respira doucement. Une fois sa respiration apaisée et le morceau passé, il lui demanda sans attendre de réponse.

« Il était ton grand frère ? »

A ce moment il se sentit comme un monstre. Il n'était pas un homme au cœur tendre, mais il avait en face de lui la petite sœur de l'homme qu'il avait tué ! Peut-être lui avait-il arraché l'être qu'elle aimait le plus au monde, la seule famille qui voulait bien d'elle. A cause de lui elle était maintenant seule, toute sa famille l'avait abandonné. Il tenta de se rassurer en se rappelant ce qu'elle avait dit. Elle lui avait précisé qu'elle laissait les familles aux autres. Donc peut-être bien qu'elle n'était pas tant attachée à lui. Il voulait en avoir le cœur net.

« Et tu étais proche de ton frère ? C'est donc pour ça que tu le pleurais ? »

Même si elle n'avait jamais grandi avec lui, qu'elle venait d'apprendre qu'il avait été son frère, il restait naturel de pleurer, surtout lorsqu'il s'agissait d'une petite fille. C'est à ce moment qu'Antiphane comprit que Ciara n'avait peut-être rien à voir avec les rebelles. Lui avait pensé qu'elle pleurait Artégal uniquement parce qu'ils étaient véritablement proches et donc qu'elle connaissait ce qu'il était. Peut-être que la vérité était tout autre.

« Je suis vraiment désolé... » Il était coutume de présenter ses condoléances, mais Antiphane était réellement sincère étant donné qu'il se sentait coupable. « Si tu venais d'apprendre qu'il était ton frère j'imagine que tu ne le connaissais pas vraiment. »

La fatigue semblait l'avoir abandonné. Une bonne assiette suffisait à lui redonner assez de force pour prolonger la discussion. Il termina donc son plat, prenant soin de tout saucer avec son pain. Même s'il s'était étouffé avec sa poule au pot, elle ne restait pas moins délicieuse !

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 10 Juil 2013, 22:18

À présent que la faim ne la tenaillait plus autant, Ciara sentait ses tensions s'apaiser. Elle avait beaucoup moins mal à la tête et n'imaginait plus autant de manières de torturer Antiphane... même si certaines resurgissaient parfois à l'une ou l'autre de ses paroles. La jeune fille avait beau être rassasiée, elle n'en conservait pas moins son sale caractère et sa vision très personnelle du monde. Comme si elle était seule à ressentir la douleur, seule à comprendre et - en définitive - seule tout court. Les questions du tatoué l'obligèrent à massacrer sa miche de pain. C'était ça ou lui répondre par un sarcasme.

« Non. Je n'ai appris qu'il était mon frère que ce matin, en lisant l'avis de condamnation. »

Pour une fois qu'elle disait la vérité. Elle sauça encore son plat, l'air ailleurs. Difficile de nier que sa disparition l'avait affecté en revanche. Et ça, ce ne serait pas facile à justifier. Bien sûr, elle pouvait prétendre qu'une pendaison n'était jamais agréable à regarder, mais elle se souvenait parfaitement qu'Antiphane avait évoqué les Rebelles devant elle lorsqu'ils fuyaient Ephtéria... aussi se méfiait-elle de lui. Faire des efforts pour se montrer aimable et rendre ce pèlerinage un peu plus agréable pour lui comme pour elle était une chose. Révéler qu'elle faisait partie d'une guilde assassine recherchée par toute la garde de sa Majesté le Roi Livian d'Ephtéria en était une autre. Jusqu'à preuve du contraire, elle n'était pas suicidaire... ou pas de la façon dont on pourrait s'y attendre.

« J'aime autant ne pas en parler. Il s'agissait du chef des Rebelles selon ce même avis, et je n'ai pas envie qu'on me mêle à tout ça. Je ne le connaissais pas. Ma mère n'en a jamais parlé. »

Et ça par contre, ça méritait une petite explication. Mais comment exiger de sa mère qu'elle la regarde et lui avoue la vérité à présent qu'elle l'avait abandonnée comme une malpropre ? Si elle avait été orpheline de naissance encore... mais ça n'avait pas été le cas, et la déchirure n'en était que plus grande. Par moment, elle ne savait plus si tout cela était de sa faute ou non...

« Comment est-ce que vous faites ça, parler dans la tête des gens ? C'est une magie ? »

Yop ! Bon alors en gros j'imaginais que Ciara, faible comme elle est mais rancunière et revancharde à fond, voudrait apprendre à contrôler une magie (d'ici que j'atteigne 1.000 Ores par contre j'ai le temps). D'où sa question.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 07 Aoû 2013, 15:25

Elle dit elle-même qu'elle ne souhaitait pas être mêlée aux rebelles. Antiphane pouvait en déduire deux choses. La première, qu'elle n'avait effectivement rien à voir avec eux et par conséquent cherchait à rester innocente, d'autant plus qu'elle était prêtresse. La seconde, qu'elle était elle aussi rebelle et craignait d'être découverte à son tour, une fois jugée comme la petite sœur de l'ancien chef des rebelles. Le tatoué ne pouvait trancher, les deux possibilités étaient tout à fait plausibles.

Il baisse le regard sur son assiette et se demanda qui allait payer la note. En plus de payer la sienne il n'avait pas l'intention de rajouter celle de Ciara. Peut-être qu'elle bénéficiait de certains droits, comme manger gratuitement. Si ce n'était pas le cas, il comptait bien lui faire comprendre que sa note ne serait pas à ses frais. Il l'escortait simplement ! Où était l'intérêt d'être payé s'il devait payer tout ce qu'elle pouvait bien consommer ?

Il n'avait pas vraiment faim, mais rester à table lui donnait envie de continuer à grignoter. Il allait appeler l'aubergiste pour un dernier plat quand il trouva un petit sachet de baies dans sa poche. Heureux de sa trouvaille il les posa sur la table. Des petites bais allaient parfaitement faire l'affaire. Il en compta dix et fit deux petits tas de cinq pour les partager avec Ciara si elle le voulait. Antiphane n'était pas entièrement radin semblait-il. Mais avant de les lui proposer, il répondit à sa question en souriant. Il avait l'habitude à ce genre de question, il y avait très souvent le droit.

« Il ne s'agit là d'aucune magie. Ou si c'est le cas, elle est très ancienne et je ne la connais pas. Ce que je peux te dire, c'est que tout cortésian a cette faculté. Mon peuple ne peut parler comme vous, il ne peut que communiquer par la pensée. Si j'en crois mon frère, qui m'a raconté ceci lorsque j'étais plus jeune, nous parlions dans le passé, mais nous avons développé un langage sourd afin d'être plus discret. »

Il oubliait souvent qu'il ne parlait pas comme la plupart des personnes. Parfois même, il lui arrivait de croire qu'il parlait tant cela était naturel chez lui. Evidemment il ne se rendait pas compte de l'impact, car il a toujours été habitué à ce langage, mais pour celui qui n'était pas cortésian, ce pouvait être choquant d'entendre une voix dans sa tête pour la première fois. D'autant plus que les cortésians n'étaient pas associés à des gens fréquentables. Combien de fois Antiphane avait été agressé après avoir « violé l'esprit » de quelqu'un ? Combien de fois a-t-il été observé comme un démon qui s'appropriait l'esprit des gens ? Ce dernier avait observé avec le temps combien la cruauté pouvait être source d'imagination. Mais la cruauté était avant tout provoqué par l'ignorance.

« C'est la première fois que tu rencontres un Cortésian ? On me pose très souvent la question, mais généralement ce sont les enfants qui ne connaissent pas encore mon peuple qui s'interrogent. »

Puis il prit cinq baies dans sa main et les tendit à Ciara.

« En veux-tu ? Ce sont des baies que j'ai gagné... je ne sais plus trop où exactement. »

Ce qu'il ne précisa pas, notamment parce qu'il ne le savait pas lui-même, c'est qu'il s'agissait de baies d'Argus. Il prit sa part sans se soucier si Ciara avait accepter la sienne. Elle pouvait être rassasiée après une bonne assiette comme celle qu'on leur avait servi. Une fois avalé il sentit une douce chaleur monter en lui et une plus forte au niveau de la tête. Cela l'aurait certainement effrayé en tant normal, mais il n'était désormais plus lui-même dans un état normal. Il se sentait bien, son corps semblait ne plus peser autant qu'au début du repas. Sa tête était si légère qu'il ressentait un besoin presque nécessaire de sourire sans raison. Et lorsqu'il posait ses yeux sur un objet, il trouvait ça tellement amusant que son sourire s'agrandissait si cela était encore possible. Il s'adressa à Ciara regardant vaguement dans sa direction.

« Il faut pas s'empêcher de grandir, mange ! »

Antiphane l'incitait à manger ses baies si cela n'était pas déjà fait.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 11 Aoû 2013, 02:56

Son repas enfin avalé, Ciara se sentait mieux. La douleur qui tambourinait à ses tempes quelques heures plus tôt se dissipait, et même Antiphane lui paraissait moins énervant. Elle n'avait plus autant envie de lui arracher les yeux. Son regard se posa sur les petites baies semblables à des raisins qu'il venait de poser devant elle. Elle ne connaissait pas du tout les baies d'Argus, et se contenta de les regarder avec un mélange d'envie et de suspicion. Et si elles étaient empoisonnées ? Mais voyant que l'homme les mangeait, elle posa son index sur l'un d'entre eux et joua à le faire rouler au bout de son doigt.

« Je ne sais pas trop, au Temple les fidèles ne s'adressaient pas à moi. Je m'occupais surtout de nettoyer les présentoirs, le sol ou les bancs, alors je passais inaperçue. Et puis on m'avait forcé au vœu de silence, alors... personne ne s'arrêtait pour me parler. J'étais trop jeune aussi, je crois. Elle porta l'un des grains à sa bouche, savourant son petit goût sucré qui la réchauffait curieusement. Au confessionnal je n'entendais que les voix. Je serai incapable de vous dire si ceux que j'écoutais remuaient les lèvres ou non. »

L'air absent durant quelques secondes, Ciara fini par ramasser ses baies d'Argus et se lever. L'aubergiste lui tendit aussitôt sa clé.

« En face de celle de votre ami, comme convenu.
_ Euh... merci...
S'étonna-t-elle en cherchant Antiphane du regard. Ça ne risque pas d'être un peu cher, deux chambres séparées...?
_ Cher ? Oh non non non, l'auberge vous offre le gîte et le couvert, c'est la moindre des choses. Ce n'est pas tous les jours que l'on fait son pèlerinage. »
Annonça l'homme avec un clin d'œil.

Ciara accusa une seconde de surprise avant de le remercier avec un sourire. Elle monta ensuite à l'étage en picorant encore une ou deux baies d'Argus. C'était doux sur le palais, et autour, Nideyle semblait devenir aussi cotonneuse qu'un cocon. Sur la pallier, la jeune fille se retourna sur Antiphane, l'équilibre incertain, les yeux peut-être un peu trop embués et les joues sans aucun doute trop roses. Elle tenait encore deux baies d'Argus dans sa main.

« Est-ce que je peux dormir avec vous, parce que, je n'ai pas envie d'être toute seule, et puis j'aimerai discuter. Je n'ai jamais entendu parler de votre peuple, j'en suis sûre. Je me souviens des Orphes, et des Morphes aussi, et ceux avec les branches dans les cheveux... Mima-t-elle en plaçant ses mains sur sa tête pour les oreilles des Orphes ou les feuilles des Picaris, on ne savait pas trop. Et en plus ceux des Rebelles me cherchent... »

Elle porta aussitôt l'une de ses mains à sa bouche, l'air d'une enfant qui vient de révéler un secret par étourderie... avant d'éclater tout bonnement de rire ! Pour commencer Ciara n'avait jamais bu une goutte d'alcool de sa vie... ensuite sa petite taille ne l'aidait pas. Autrement dit à l'heure actuelle, il devait couler davantage d'alcool d'Argus que de sang dans ses veines.

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