Papotage autour d'une poule au pot

Au nord, entre Ephtéria et Balaïne, Aspasie est déposée en bordure de fleuve. Plaque tournante du commerce, c'est également une ville très prisée pour sa beauté sereine et ses plages paisibles.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 11 Aoû 2013, 17:28

L'aubergiste posa une tasse de café sous le nez du cortésian. Ce dernier admira l'ondulation provoquée par le choc lorsque l'objet fut posé. Il pouvait y voir le reflet de son visage qui se déformait au rythme des remous. Heureux, il s'adressa un sourire niais. Pendant ce temps, Ciara réussit à négocier le prix des chambres et du repas. Il se tourna vers elle et poussa un « oh » admiratif. Grâce à elle, ils n'avaient rien à payer. Finalement ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée de l'accompagner.

« Dieu vous le rendra ! » il avait prit les mains de l'aubergiste dans les siennes, lui adressant son plus beau sourire. Puis il se tourna une nouvelle fois vers la prêtresse. « Pas vrai Pimprenelle ? Dieu lui rendra ? »

D'un pas qu'il voulait assuré il monta les marches des escaliers. Cependant il ne réussit pas à obtenir l'allure qu'il convoitait. Ses jambes se croisaient d'elles-même, tandis que ses mains cherchaient des points d'appui. La rembarre n'étant pas assez stable, il finit par poser les mains sur les marches supérieures afin d'avancer sans dégringoler. Heureusement, à cette heure là, la salle était vide. Tout le monde avait pris la direction des chambres ou était reparti.

Fier, il atteignit le haut des marches, indemne. Mais il réalisa qu'une nouvelle mission l'attendait, retrouver le chemin de sa chambre. Portant la main à son front comme pour se protéger d'un soleil éclatant, il scruta le couloir qui semblait s'étendre à l'infini. Mécontent et grognon il fourra ses mains dans ses poches. Il sentit de sa main droite un contact froid avec un petit objet métallique. Curieux il le sortit et découvrit une petite clef accompagnée d'un numéro de porte.

Une fois arrivé devant sa porte de chambre et avant même d'essayer de faire rentrer la clef dans la serrure, Ciara s'adressa à lui. Il fit un demi-tour sur lui-même et se retrouva face à elle. Elle demandait à dormir avec lui ? C'est-à-dire qu'il allait se retrouver dans une chambre en compagnie d'une femme ? Un long frisson parcourut son dos. Pourquoi cela l'effrayait tant ? Contre toute attente il approuva, décidé à accomplir sa mission jusqu'au bout. Ne l'avait-il pas déjà abandonné une fois ? Il s'en voulait toujours un peu, puis surtout il ne voulait pas qu'elle ait un nouveau reproche à lui faire.

« De toute façon on ne paye pas les chambres, donc... » dit-il la regardant mimer des animaux.

Puis elle rajouta avant de partir dans un fou rire qu'elle était recherchée par les rebelles. Les baies d'argus rendaient l'esprit d'Antiphane confus, mais il comprit qu'elle venait de dire quelque chose de spécial. Il resta un long moment à la regarder rire sur place. Mais l'état dans lequel il se trouvait prédominait sur tout autre pensée. Alors il rit à son tour, trouvant hilarant de la voir se tordre de rire de la sorte. Suffoquant tant il riait, il cherchait à faire sauter le verrou en tournant la clef un coup à gauche, un coup à droite. Une fois chose faite, il l'invita à rentrer. Il écarta ses bras comme s'il allait lui présenter une belle chose.

« Voici ma chambre ! Très modeste, mais cela suffira amplement ! Alors comme ça les rebelles vous recherchent ? »

Il ne s'agissait pas là d'une curiosité que l'on pouvait mettre sur le compte de sa mission première. Bien qu'il en était inconscient, c'était les baies qui le faisaient agir ainsi. Habituellement, il aurait abordé le sujet de manière plus subtile. Et il lâcha à son tour d'une façon la plus innocente.

« Je n'étais pas au courant pourtant, on m'en cache des choses. »

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 16 Aoû 2013, 01:28

Ciara laissa passer Antiphane avant de le suivre dans sa chambre. Les mains croisées derrière le dos, elle observa un peu la pièce avec un sourire qui s'élargissait à mesure que le Cortesian faisait la visite guidée. Rien de bien luxueux. Un lit, un chevet, une commode qui semblait également servir d'écritoire, une bassine pour se laver, et Antiphane. La jeune fille alla s'asseoir sur le matelas surélevé et laissa ses jambes se balancer dans le vide tandis qu'elle avalait ses deux dernières baies d'Argus. Entre euphorie et mélancolie, elle haussa les épaules à la question du cortesian.

« Oui, ils pensent que c'est de ma faute si Artégal s'est fait prendre... »

Et puis réalisant que cette accusation était totalement absurde, elle éclata de rire tout à coup. Penchée en avant pour se tenir le ventre, elle se rappela à voix haute la façon dont elle avait été reçue.

« C'était complètement ahurissant ! Ils se sont jetés sur moi en m'accusant de trahison... Riait-elle comme s'il n'y avait rien de plus drôle sur Nideyle. Je suis sûre qu'ils courent encore dans la forêt des Ombres en essayant de me rattraper ! »

Reprenant difficilement son souffle, elle sauta à pied joint sur la petite descente de lit avant de mimer on ne savait quoi. Un mort vivant peut-être, si on en jugeait la position de ses bras fléchis, un peu en hauteur et prêts à se déployer comme si elle allait attraper Antiphane. La bouche arrondie, elle prit une voix grave pour chanter un « Ouuuuh » fantômatique, imitant parfaitement les mouvements des arbres de cette maudite forêt. Puis elle éclata de rire à nouveau. Dans la chambre voisine, les clients frappèrent trois coups au mur pour leur signifier de se taire, et Ciara s'arrêta pour porter ses mains devant sa bouche et glousser en silence, un regard complice posé sur Antiphane. Lorsqu'elle retrouva un semblant de calme, elle tendit l'oreille comme pour vérifier que plus personne ne se plaignait du bruit qu'elle faisait.

« Et tu sais... reprit-elle en murmurant. Je suis tombée sur une plante verte dans la forêt des Ombres... »

Raide comme un piquet, elle fixait le cortesian avec insistance, l'air sérieux comme une statue... avant d'éclater de rire une troisième fois. C'est sûr, dit comme ça, il ne risquait pas de comprendre qu'elle avait en réalité croisé une Picaris...

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 16 Aoû 2013, 13:39

Même ivre, Antiphane prit soin de refermer la porte derrière lui. Ses angoisses étaient trop profondément enracinées en lui pour qu'il se permette de négliger ces détails. C'est avec autant de mal que la fois précédente qu'il fit tourner la clef dans la serrure qui semblait faire opposition. Une fois réussi, il claqua sa main sur la porte l'air de dire qu'il était bien plus fort qu'elle. Il se retourna surpris.

« Ils pensent que vous avez dénoncé Artégal ? Quelle drôle d'idée ! »

Lui savait qu'ils se trompaient tous, car il était le dénonciateur. Il avait fait pendre Artégal pour prendre la tête des rebelles et cela avait fonctionné à la perfection. C'est pourquoi il savait très bien qu'il existait des traitres partout, et ce, même parmi son propre rang. Elle se mit à rire, comme si cela était drôle. Elle était menacé par les rebelles et cela la faisait rire !

« Moi je vous crois, je sais que vous ne l'avez pas dénoncé, parce que... vous êtes drôlement gentille ! »

Et il se mit à rire à son tour, un peu comme s'il venait de sortir quelque chose de drôle. D'un sens, ça l'était car il savait qu'il était le coupable. Tout à coup il sentit son cœur se serrer. Il avait arraché le frère de Ciara et par sa faute elle était pourchassé par ses hommes qu'il ne connaissait toujours pas. Il sentit des larmes lui monter aux yeux, il n'eut cependant pas le temps de se mettre à pleurer car il observa avec un sourire enfantin Ciara mimer une sorte de hibou qui s'apprêter à s'envoler. Il applaudit à ce spectacle qu'il trouvait fort amusant.

« Vous savez je m'en veux terriblement pour ce que je vous ai fait... Je ferai en sorte qu'ils comprennent que vous n'y êtes pour rien. Je vous le promets. »

Lorsqu'on frappa contre le mur, Antiphane plaqua quant à lui ses mains sur ses oreilles pour couvrir le bruit qu'ils faisaient. Peut-être que s'il n'entendait plus le boucan qu'ils faisaient, les autres aussi. Il observa sa chambre qui était désormais plongé dans un silence profond. Il gloussa et n'entendit que l'écho de son propre rire, ce qui décupla son euphorie.

Puis l'heure vint aux confidences...

« Vous avez vraiment rencontré une plante verte ? Dans une forêt ? » A son tour il devint sérieux. Puis comme un enfant à qui l'on essayait de faire croire quelque chose d'absurde, il croisa les bras. « Vous vous moquez de moi ! Et si vous continuez je ne leur dirai pas ce que vous savez. Parce que je sais qu'ils m'écouteront. »

Son ton était toujours celui d'un enfant mais qui désormais narguait. Il s'assit lourdement sur le lit, faisant rebondir les coussins. Il eut un petit moment d'absence durant lequel il repensait à tout ce qui se disait. Il n'arrivait pas à saisir toute l'importance des paroles, un peu comme si chaque mot perdait de son impact sur lui. Il se tourna vers elle, reprenant petit à petit conscience des choses qui l'entouraient, puis il passa un bras sur ses épaules.

« Si vous voulez, je pourrai vous donner une moitié de ma taie d'oreiller. »

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 24 Aoû 2013, 21:19

Les deux mains sur sa bouche, Ciara pouffait comme l'adolescente qu'elle était. Les membres de son couvent en feraient une crise cardiaque de la voir faire étalage d'autant d'enthousiasme. Comme si rire était un crime. Comme si vouer sa vie à croire aveuglément en une Infinitude devait vous rendre plus austère qu'une porte de prison. Et bien non ! Et si la jeune fille s'était toujours bien gardée de se montrer expressive jusqu'à maintenant - quoi que ses crises de larmes et de colère aient été nombreuses depuis quelques temps - c'est tout simplement qu'elle n'avait jamais trouvé quiconque digne de confiance. Les fidèles pouvaient se confesser sans crainte que leurs péchés soient ébruités... mais elle, contrainte à la prêtrise, personne ne l'écoutait. Et surtout, personne ne gardait ses secrets. La seule fois où elle avait avoué sa peine à une amie du pensionnat, sa faiblesse était devenue une arme dans les mains de cette prétendue amie. Quelques temps plus tard, elle avait été exclue... et forcée au vœu de silence dans cet horrible couvent.

Mais l'alcool des baies d'Argus inhibait parfaitement ses craintes, et c'est les larmes de son fou-rire plein les yeux que Ciara se laissait aller sans réfléchir.

« Exactement... trèèès gentille...! Rit-elle avant de hoqueter d'une surprise amusée. Oh ! Vous aussi vous êtes gentille de m'aider ! »

Les mains derrière ses hanches, elle s'amusa un moment à balancer ses jambes dans le vide, chevilles croisées, les yeux rivés sur les volants de sa robe qui se gonflaient d'air à chaque mouvement.

« Je vous assure, une plante verte qui parlait ! Elle était avec une espèce d'homme chat pas aimable du tout, qui a essayé de me tuer. »

Elle fronça les sourcils en repensant à cette journée détestable. Accusée de trahison, puis clouée à un arbre par un asocial chronique. Il y avait eu le corps de ce Morphe aussi, et surtout ce sentiment d'abandon. Ce jour là, elle avait tout perdu. Rejetée par les Rebelles, sa seule famille. Accusée injustement de trahison alors qu'elle aurait tout donné à Artégal. Constamment repoussée par cet Orphe chat aussi. Comme un poids, sans repère, sans point de chute. Et il y en avait encore pour se demander pourquoi elle ne tolérait plus qu'on la laisse. Du rire, elle failli passer aux larmes. Mais c'était sans compter sur Antiphane qui la fit rebondir en s'asseyant sur le lit, ce qui la fit sourire de nouveau. C'était amusant, comme jeu.

« N'empêche que personne ne m'a suivi dans la forêt ! Déclara-t-elle fièrement en regardant le Cortesian droit dans les yeux. Ils ont eu peur à cause des légendes qui circulent sur les ombres. Tous des pleutres ! Artégal leur aurait collé des mandales pour leur apprendre, j'en suis sûre ! » Se remit-elle à sourire.

Artégal avait toujours été une brute épaisse, frappant - et tuant dans la foulée - avant de réfléchir. En fait la majorité du temps, il ne réfléchissait pas davantage après... Pourtant il s'était toujours montré patient et gentil avec elle. Ce qui fit réaliser à Ciara qu'en fin de compte, l'ancien chef des Rebelles était sans doute au courant de son lien de parenté avec elle. Elle soupira, ses émotions jouant à passer de la peine à la joie à une vitesse ahurissante. Le bras d'Antiphane sur ses épaules la rassura, mais ses paroles l'ennuyèrent un peu en revanche. Relevant le menton vers lui - bigre qu'il était près - elle eut un air presque suppliant.

« Oh non, vous avez promis d'être gentille et de m'aider. Je vous jure que c'est la vérité ! S'il vous plaît... »

Après une seconde d'hésitation, elle détourna le regard en se demandant s'il n'y avait pas dit quelque chose qu'il ne fallait pas. La fatigue aidant, elle jugea que non et souleva ses jambes pour les poser sur le matelas, souriant de satisfaction à l'idée de se reposer enfin dans un vrai lit. Elle joua même à rebondir un peu pour embêter Antiphane avant de se laisser littéralement tomber dans ses bras !

« D'accord... et moi je vous laisserai la moitié de la couette... »

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 16 Déc 2013, 01:13

Antiphane était sincère lorsqu'il passa le bras autour de Ciara. Cela signifiait beaucoup, pourtant il avait agit sans se poser de questions. Ce geste avait été naturel. A cet instant il avait ressenti l'envie, peut-être le besoin de serrer Ciara contre lui. Cela était contre ses principes. Pourtant dans certaines circonstances, les évènements poussaient à agir différemment. Si Antiphane n'avait pas mangé ces baies, jamais il n'aurait passé un bras autour des épaules de Ciara. Cela lui fit du bien. D'une certaine manière, à travers ce geste, il s'excusait et en même temps, elle l'aidait à supporter son propre poids.

« Je ne crois pas aux légendes. Ce ne sont que... de simples superstitions ! S'exclama-t-il en levant sa main libre. Mais les gens aiment raconter de belles histoires qui n'arrivent qu'aux autres. Mais au final, personne ne raconte sa propre histoire. Ce sont toujours des paroles rapportées. »

Lui fixait abruptement le mur d'en face tandis qu'elle leva son nez vers lui. C'est seulement parce qu'il sentit son regard sur lui qu'il la regarda à son tour. Sur le coup il vit deux Ciara et ne comprit pas pourquoi. Il recula doucement son visage du sien et les deux visages de Ciara se rapprochèrent jusqu'à en former un seul.

« Bien-sur, je tiens toujours mes promesses. Surtout que... j'ai une sorte de dette envers toi. Je me dois de t'aider, c'est un devoir que je me donne. »

Antiphane se détacha alors et s'allongea sur le lit. Il occupait la moitié du lit, néanmoins il avait prit soin de laisser une place à Ciara, comme promis. Monter les marches n'avait pas été une mince affaire, ouvrir la porte non plus. Il n'était plus vraiment maître de ses mots, mais il avait malgré tout le sentiment de rester lucide. Mais lorsqu'il s'allongea et fixa le plafond, le monde tout autour de lui se mit à tourner. Il chercha un point fixe, comme un marin cherchant l'horizon, afin de se stabiliser. En vain, car dès qu'il fixait un moindre repère, celui-ci lui échappait. En plus il sentait Ciara se balancer au bord du lit, ce qui lui donna réellement la sensation d'être à bord d'un navire qui s'opposait à la tempête. Enfin, il réussit à apaiser les remous.

Il avait désormais les yeux mi-clos et se contentait d'écouter Ciara parler. D'ailleurs, il trouvait cela très agréable. Alors que ses mouvements lui faisaient subir les tourmentes d'un navire, sa voix l'emportait au-delà des sensations. En réalité Antiphane s'endormait. Mais son esprit, bien que brouillé, restait tout de même éveillé et il remarqua avec un pincement au cœur que la petite évoquait encore Artégal avec une certaine douleur dans la voix.

Il ne regrettait pas son geste, pourtant il ressentait une sorte de culpabilité. D'une certaine manière, il était responsable de son sort. C'était lui qui avait fait tomber l'ancien chef des rebelles et par conséquent, il était en partie responsable de la situation de Ciara. Voilà d'où venait ce sentiment qui semblait lui tordre le cœur. Cela expliquait aussi pourquoi il avait une dette envers elle.

« Je suis vraiment... désolé. Je ne voulais pas. Et pourtant, je ne regrette pas non plus. Je ne peux que m'excuser. »

Il avait posé sa main sur son front, comme s'il cherchait à dire quelque chose. Son regard semblait chercher quelque chose qui paraissait être bien au-delà du plafond. Ciara lui proposa aimablement une moitié de couette, mais il ne réalisa pas qu'il était encore sur le dessus du lit. De toute manière, grâce aux baies, il n'avait pas froid. Il glissa jusqu'au bord du lit afin de laisser la part du lit qui revenait à Ciara.

« Je suis si fatigué, je crois que je vais dormir. Lâcha-t-il dans un bruyant bâillement. Tu sais, moi je crois que t'es quelqu'un de bien Pimprenelle. »

Avant de fermer les yeux et de plonger dans un profond sommeil, il regarda au travers la fenêtre et observa le ciel étoilé. Il était si dégagé ! Il n'y avait pas le moindre nuage. Si Antiphane n'avait pas sombré aussi rapidement dans le sommeil, il aurait eu tout le loisir d'observer les astres célestes.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 04 Jan 2014, 14:20

Ce qu'Antiphane avait dit ou failli dire effleura à peine l'esprit de Ciara qui s'endormait déjà, trop ivre pour en supporter davantage. Aux portes d'un sommeil bien mérité après une journée riche en émotions, elle se contenta de glousser lorsqu'il l'appela une nouvelle fois Pimprenelle, puis tomba dans les bras de Morphé sans plus penser à rien.

Ce n'est que lorsqu'elle rouvrit les yeux le lendemain que la réalité lui revint comme une gifle !

Pour commencer, la première chose qui parvint à sa vue fut Antiphane contre lequel elle s'était blottie pendant la nuit. Totalement paniquée de se réveiller en pareille position, elle poussa un cri de surprise avant de bondir hors du lit. Encore empêtrée dans la couette, elle en fut quitte pour tomber à la renverse et se retrouver étalée sur le parquet, sur le dos comme une tortue en détresse. Furieuse aussitôt, elle se débattit avec une rage peu commune, agitant bras et jambes pour se débarrasser de cette entrave qu'elle estima avoir été placée là par Antiphane lui-même ! Non mais vraiment ! Lorsqu'elle parvint à se dégager, elle se releva et recula jusqu'à buter contre une commode, le regard fixé vers son « tortionnaire ».

« Que faites-vous dans ma chambre ?!! » Aboya-t-elle aussitôt.

Mais à ses yeux hésitant, le Cortesian remarquerait sans difficulté ses doutes quant à cette accusation. Contrairement à l'alcool, les baies d'argus n'avaient pas le désavantage des pertes de mémoire allant de paire avec la gueule de bois, et les souvenirs de la veille commençaient à lui revenir à présent que le sommeil s'estompait. Oui, bon. En fait c'était plutôt elle qui était dans la chambre d'Antiphane et non l'inverse. Zut !

« VOUS M'AVEZ SOÛLÉE EXPRÈS ?!! »

Là, tout de suite, elle était prête à lui jeter la couette à la figure tant elle se sentait trahie.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 04 Jan 2014, 16:55

Antiphane avait dormi comme jamais auparavant. A peine avait-il fermé les yeux qu'il s'était endormi l'esprit serein. Cette douce chaleur qui parcourait son corps lui donnait la sensation de flotter sur un nuage. Il s'était endormi tellement apaisé que ses rêves furent eux-même apaisants.

Le cortésian s'était enroulé d'une drôle de façon dans la couverture. Heureusement elle était assez grande pour envelopper Ciara qui dormait à ses côtés. Le jour étant bien avancé, le soleil s'infiltrait dans la chambre et éclaira son visage. Il fronça gentiment les sourcils tant la lumière était forte alors qu'il observait le papier peint. Mais cela était si agréable d'être réveillé de la sorte. C'était tellement agréable qu'il ferma à nouveau les paupières, cherchant à prolonger ce bonheur pourtant simple.

Mais cet instant de bonheur dura bien peu de temps. Il sentit un poids tomber tu lit, tirant avec lui la couverture. Il fut attiré à son tour vers le bord du lit. Ne comprenant ce qui se passait, il ouvrit soudainement les yeux, avant de les refermer brutalement, complètement ébloui. Que pouvait-il se passer dans la chambre ? Paniqué, il tenta de s'assoir, mais les couvertures l'empêchaient de se mouvoir comme il le souhaitait. Il réussit enfin à se débarrasser de toute cette chaleur si douce pour la peau.

Il ne réussit pas à voir celui ou celle qui troublait son réveil. Peinant à percevoir tant il était ébloui, il tapota d'une main un objet pour se défendre. Il valait mieux être prévoyant. Mais avant même d'avoir la possibilité de voir de qui il s'agissait il reconnut cette petite voix, pleine de reproches et de colère : Ciara.

Il se trouvait dans sa chambre ? Avec horreur il se rappela de la veille.

« Dans votre chambre ? Il sortit du lit, comme si celui-ci allait lui bruler le derrière. Excusez-moi, je ne sais pas ce qui m'est arrivé. »

Puis il se mit à chercher ses affaires, complètement troublé par la situation. Puis ses souvenirs lui revinrent au fur et à mesure qu'il cherchait. Il était dans sa chambre ! C'était à elle de se demander ce qu'elle faisait là !

« Mais, c'est vous qui êtes dans ma chambre ! Et je ne vous ai pas drogué, certainement pas ! »

Pourquoi aurait-il agit de la sorte ? Et puis en admettant que cela était le cas, pourquoi se serait-il drogué aussi ? A la fois rassuré de se retrouver dans une situation sans danger, mais inquiet par la tournure des évènements, il s'assit avec lourdeur sur le rebord du lit.

« Je vous rappelle que j'étais dans le même état que vous, hier soir. Donc ne vous énervez pas... je vous pris. »

C'était trop beau, il ne pouvait pas profiter d'un réveil aussi agréable que celui qu'il avait connu le temps de trente secondes. Il chercha dans sa mémoire douloureuse comment s'étaient-ils retrouvés dans cette situation. Les baies ! Il s'agissait très certainement des baies ! Celles qui avaient provoqué chez eux cette drôle de manière de glousser. Il se rappelait les avoir gagné à un jeu, il y a quelques temps. Il se reprocha son manque de précaution. Elles pouvaient être empoisonnées !

« Je crois qu'il s'agit des baies que je portais sur moi... Du moins je l'espère, car si je me trompe, cela signifie que nous avons été, effectivement, drogués. »

Et si cela était le cas, c'était vraiment très inquiétant.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 11 Jan 2014, 19:24

Les sourcils froncés au-dessus d'un regard accusateur, Ciara serrait contre elle la pauvre couette innocente comme si cela pouvait l'aider à garder son calme. Le réveil était brutal mais ses souvenirs lui revenaient à une allure folle, se bousculant dans son esprit encore un peu confus. Par Alrik, comment une telle chose avait-elle pu arriver ?!! C'est à peine si elle n'avait pas avoué clairement faire partie des Rebelles... à moins que ce ne soit le cas. Qu'avait-elle dit exactement ? Et pourquoi ? Serrant la couette de plus belle, Ciara fut en proie à une irrésistible envie de pleurer. De rage, de honte, de rancœur envers celui par qui tout cela était arrivé : Antiphane ! Et pourtant, elle ignorait encore à quel point il était responsable de tout ce qui s'était déroulé récemment...

« Oui et bien... je m'énerve si je veux figurez-vous ! »

C'était tout ce qu'elle avait trouvé pour se donner un semblant de confiance en elle, et pour faire oublier qu'elle était en tort. Malgré tout elle avait conscience de ne pas être tout à fait crédible compte tenu des larmes qui lui montaient aux yeux. Des baies... Des baies ? Cette fois, sa colère salvatrice lui revint, et c'est avec son habituelle haine qu'elle se mit à hurler comme si son escorte était un traître sans nom.

« DES BAIES D'ARGUS ?!! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE DE CE QUE VOUS AVEZ FAIT ? Elle voulu jeter sa couette à la figure d'Antiphane mais le manqua, et en fut quitte pour serrer les poings de colère. C'est interdit sur Nideyle, à cause de vous je ne pourrai peut-être même pas finir mon pèlerinage si quelqu'un l'apprend ! Et en plus... en plus... »

En plus elle en avait trop dit ou pas assez la veille, elle s'en souvenait, et elle commençait à ressentir une réelle panique à l'idée qu'Antiphane la dénonce aux autorités.

« JE VOUS DÉTESTE !!! » Fut sa seule conclusion, avant de se retourner et de sortir en claquant la porte.

Une seconde plus tard pourtant, elle réapparu et se planta devant son escorte avec un air indécis - quoique toujours en colère.

« Et puis de toute façon je vous ai dit n'importe quoi hier soir... parce que... à cause de l'alcool... voilà ! »

Bon... elle avait déjà été beaucoup plus convaincante lorsqu'elle mentait, mais pour cette fois elle manquait cruellement d'arguments. Et sa colère ne l'aidait pas à garder la tête froide pour en inventer de plus crédibles.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 12 Jan 2014, 13:45

Ces baies étaient interdites sur le continent ? Il n'était pas au courant de ce détail là. S'il s'était fait arrêter en possession de ces baies, il aurait été arrêté et aurait, par conséquent, attiré l'attention sur lui. Ces baies auraient pu provoquer une catastrophe sans nom ! Finalement, le fait qu'elles aient été consommées de la sorte n'était pas une si mauvaise chose, désormais il ne courrait plus aucun risque. Il restait, cependant, à espérer que personne ne les ait aperçus dans un tel état avec ces baies.

Mais malgré sa demande de ne pas le brusquer dès le réveil, elle haussa le ton, ce qui lui fit l'effet d'une tornade dans sa tête. Ce n'était pas un effet de l'alcool ça, il n'était tout simplement pas très matinal. Comme sa tête lui tournait, il ne prêta pas vraiment attention à Ciara qui disait qu'elle le détestait. N'arrêtait-elle donc jamais ? Etait-elle seulement calme lorsqu'elle dormait ? Et même de cela, Antiphane n'en était pas certain...

La porte claqua à son plus grand soulagement, même s'il eut l'impression qu'on lui frappait le crâne, car il se retrouvait seul, dans une chambre calme. Il n'eut néanmoins pas vraiment le temps de souffler ou de réfléchir, car elle entrait à nouveau d'une manière qui lui appartenait si bien, d'une manière arrogante. Il sembla à Antiphane qu'elle bafouillait, un peu comme si elle cherchait à se justifier de lui avoir dit certaines choses.

Maintenant qu'elle semblait s'être calmée, Antiphane se sentit prêt à parler à nouveau.

« Je vous dis que je ne savais pas quelles étaient ces baies ! Et croyez-moi si je vous dis que, jamais je ne les aurais gardés si j'avais su qu'elles étaient interdites. »

Puis il se souvint de lui avoir dit certaines choses également. Il ne les avait pas dites clairement, cela dit. Cependant il était simple de comprendre qu'il avait avoué être rebelle, ou encore qu'il avait tué indirectement Artégal si on interprétait correctement ses propos. C'est-à-dire que sous l'effet de l'alcool, il avait été sincère. Si cet effet était le même chez Ciara, elle mentait nécessairement en disant avoir dit n'importe quoi.

Depuis la veille où il l'avait découverte pleurant Artégal, il avait ce doute en lui. Mais, être sa sœur ne faisait pas d'elle une rebelle pour autant ! De plus elle était une prêtresse, comment pourrait-elle être rebelle à la fois ? Ces deux fonctions ne pouvaient s'accorder, à moins qu'un des deux rôles soient une couverture... Il en conclut qu'il ne pouvait pas avoir de réponse par lui-même, il devait donc l'interroger sans pour autant être louche.

Il décida de laisser couler de l'eau sous les ponts. Puis lorsque ces évènements seront moins frais plus lointains, il reviendrait à la charge. Pour le moment, il allait jouer le rôle qu'il avait promis de respecter.

« L'alcool fait dire beaucoup de choses, il sourit. Puis parfois nous oublions qui nous sommes et l'on peut dire de nombreuses choses incohérentes. Puis on peut aussi croire avoir entendu certaines choses qui n'ont pas été dites. »

Il ramassa la couverture qu'il avait failli se prendre en pleine face juste avant et fit le lit rapidement. Il se rhabilla et lorsqu'il fut prêt, il s'adressa à Ciara.

« Il nous reste encore beaucoup de route pour votre pèlerinage qui ne s'arrêtera pas là. Je n'ai pas l'intention de vous dénoncer. »

Il ne gagnerait rien à la dénoncer. Il risquait juste de se mettre dans une mauvaise situation à son tour. Donc il était véritablement gagnant à ne rien dire.

« Je voulais savoir, vous devez accomplir votre mission en combien de temps ? Je me demandais si nous avions le temps de faire quelques boutiques. Je me rends compte que je ne suis pas convenablement équipé pour assurer votre protection. »

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 19 Jan 2014, 00:43

La mine à la fois boudeuse et renfrognée, Ciara se détendit pourtant lorsque son escorte lui affirma que l'alcool faisait dire n'importe quoi. La perche était trop belle pour ne pas la saisir, et c'est donc en oubliant son éternelle colère que la jeune fille mima une parfaite innocence. Peut-être un peu trop parfaite d'ailleurs...

« Exactement ! S'empressa-t-elle de surenchérir. Surtout les baies d'argus, elles sont vraiment très très très alcoolisées. »

Elle interrompit pourtant ses paroles lorsqu'elle entendit la suite des propos du cortesian. La dénoncer ? Reprenant son air méfiant, elle baissa les yeux comme une enfant fautive. En réalité elle se souvenait plutôt bien de tout ce qui avait été dit la veille. Elle particulièrement, s'était révélée non seulement très loquace mais aussi bien imprudente. Elle en avait trop dit, beaucoup trop même, et en était consciente. Et à moins d'être totalement idiot, Antiphane était obligatoirement au courant de son petit « passe temps » extra religieux. Fixant honteusement le bout de ses petits souliers vernis, Ciara se mit à réfléchir à toute allure. La réaction du tatoué l'étonnait. N'importe quoi l'aurait dénoncée sur le champ à sa place... mais pas lui. Pourquoi ? Peu d'explications s'offraient à elle. Soit il faisait également partie des Rebelles, soit il prévoyait d'y entrer... et dans ce cas leur rencontre n'avait peut-être rien d'un hasard. Relevant le menton, elle prit une profonde inspiration. Se lancer dans une telle conversation ne serait pas de tout repos.

Mais avant, elle devait se remémorer ce que lui - Antiphane - lui avait confié la veille au soir. Elle se souvenait surtout qu'il n'avait pas paru étonné de ses propos, mais un détail venait de lui revenir. N'avait-il pas promis de dire aux autres membres de la guilde qu'elle n'y était pour rien dans la capture d'Artégal ? Et donc...

« C'est pour ça que vous êtes venu vers moi à Ephtéria. La guilde vous a demandé de me retrouver c'est ça ? Ils ont mis un contrat sur ma tête ? Je n'y suis pour rien dans la capture d'Artégal ! Je l'ai appris alors que j'étais en route vers BalaÏne sous ses ordres, et j'ai fait demi-tour pour m'assurer qu'il allait bien ! S'indigna-t-elle avant de monter le ton. Et j'ai essayé de le faire libérer à Ephtéria, mais toute seule je n'ai rien pu faire ! Aucun membre de la guilde n'est venu l'aider, alors ne me faites pas rire avec vos histoires de vengeance, parce que s'il y en a bien qui sont responsables de sa pendaison, ce sont ceux qui n'ont rien fait pour le sortir de là ! »

Son regard gris planté sur le visage bariolé d'Antiphane, elle le défiait sans la moindre crainte, en proie à ses éternels accès de colère envers toute chose de Nideyle.

« Vous n'êtes tous que des lâches ! »

Et pour la peine, elle alla ramasser le vair tombé au pied du lit et le jeta sur ses épaules avec humeur. De toute façon, elle n'avait pas l'intention de se laisser faire. Elle se vengerait... et ce peu importait les moyens !

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 19 Jan 2014, 18:33

Un sentiment qu'il ne connaissait que trop bien envahit le cortésian. Son cœur palpita dangereusement tandis qu'il sentait son visage blêmir. Ciara l'accusait explicitement de faire partie des rebelles. Aussitôt il se rappela en avoir trop dit. Même s'il n'avait pas dit clairement ce qu'il était, apparemment ses sous-entendus involontaires n'étaient absolument pas passés inaperçus.

La tête lui tournait et il était incapable de dire le moindre mot. Il avait comme l'impression que quelqu'un aspirait la vie en lui à l'aide d'une petite paille. Il se sentait partir tout en douceur, comme si Ciara cherchait à profiter de chaque sensation que cela pouvait lui procurer. Le regard qu'elle osait lui porter, pour une enfant, était d'une colère sans nom et accusateur. C'était bien là le problème, il était accusé justement. Voilà à peine un jour qu'il avait gagné la tête des rebelles qu'il échouait à sa mission. Qu'allait penser Gavroche ?

« Arrêtez ! Je vous en supplie arrêter ! »

C'est tout ce qu'il réussit à transmettre dans la tête de Ciara. S'il avait parlé, sa voix aurait tremblé comme une feuille morte. Mais sa voix resta malgré tout claire et sans appel. Il soupira tout en se laissant tomber sur le lit, s'asseyant comme s'il venait d'apprendre qu'il allait être abattu. Il devait réfléchir, et à tout vitesse. Sa vie en dépendait ! Il était totalement paralysé par la peur, mais peut-être était-ce grâce à l'angoisse qu'il réussit à parler.

« Comment osez-vous dire ça ? Nos chemins se sont croisés par hasard, je n'ai reçu d'ordre de personne ! Tout ce que je voulais, c'était m'assurer que cet homme soit pendu et mes raisons m'appartiennent, je n'ai pas à justifier ce que je fais, surtout à une enfant ! »

Il ne cherchait pas à être blessant, son but n'était pas de la faire pleurer, cependant il semblait perdre le contrôle de lui-même. Un instant il posa le regard sur elle, désorienté comme jamais. Une idée l'effleura. Peut-être que la tuer était la solution. Mais il baissa son regard, honteux d'avoir imaginé une telle chose. Elle restait une enfant, perdue par sa faute et... Ne venait-elle pas d'avouer clairement faire partie des rebelles ? Si elle considérait avoir été abandonnée par la guilde, se retrouvant seule pour aider l'ancien rebelle, c'est qu'elle était elle-même une rebelle.

Il sentit une vague de chaleur l'envelopper. Désormais il se sentait plus confiant, car il comprit qu'ils étaient tous deux dans un même bateau. Il n'avait rien à craindre d'elle. Si l'idée de le dénoncer la prenait, de ce fait elle avouerait être une rebelle également. Il jeta un bref regard sur le cadran juste au dessus du lit. La matinée arrivait à terme et il estimait qu'il était bientôt l'heure de partir. Cependant, certaines choses devaient être claires entre eux et il voyait même en elle une potentielle alliée.

« Bien, je crois qu'une discussion s'impose. J'ai effectivement souhaité la mort d'Artégal, mais pour des raisons personnelles et que je garderai pour moi. La guilde à laquelle j'appartiens... » Antiphane cherchait tout de même à ne pas dire exactement ce qu'il était. « … ne m'a pas ordonné de vous retrouver. Je ne vous mens pas lorsque je dis ne pas vous connaître avant notre rencontre. Ce que vous pouvez savoir, c'est que je sais que vous n'y êtes pour rien. Je peux vous aider à retrouver votre place au sein de la guilde. Vous pourriez refuser, mais je crois que se mettre à dos ces... gens n'est pas la meilleure solution. Vous pourriez profiter d'eux pour assurer votre propre sécurité. »

Il leva sa croupe, une nouvelle fois maître de la situation dans laquelle il se trouvait. La journée n'avait pas commencée comme il l'avait prévu. Il devrait certainement patienter encore un peu avant d'aller faire quelques boutiques. Ainsi donc, il n'était toujours pas équipé pour se protéger. Il se dirigea vers le meuble, là où se trouvait une assiette et des couverts, et prit un couteau qu'il plongea dans sa poche. Ce petit objet froid lui assurait une tranquillité d'esprit qu'il appréciait plus que tout.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 22 Jan 2014, 21:40

Le regard toujours aussi suspicieux, Ciara ressentit un bizarre soulagement lorsque Antiphane lui demanda d'arrêter. Immobile, elle l'observa alors un instant. Du peu qu'elle voyait de ses expressions, il avait peur. Pourtant il n'avait pas l'air de la craindre elle, pour ce qu'elle était ou pour les personnes avec lesquelles elle venait d'avouer être en contact. Non. C'était autre chose. L'appréhension d'un homme qui ne souhaite pas ébruiter une conversation... Pourquoi, sinon parce qu'elle la concerne directement ? Ciara croisa les bras, tout à coup plus assurée. Oui, mais si elle se trompait. Si elle interprétait ces réactions de la manière qui l'arrangeait ? Pourtant... Pourtant la veille, il lui semblait bien se souvenir qu'il avait dit... Elle secoua la tête, espérant sans doute chasser toutes ses pensées chaotiques de son esprit. En vain.

En réalité, ce fut une nouvelle intervention d'Antiphane qui la tira de son embarras. Relevant le menton, les yeux écarquillés fixés sur le cortesian, elle resta bouche bée une longue seconde avant de retrouver l'usage de la parole.

« Dites-moi que je rêve ! C'est vous qui l'avez dénoncé ? »

Elle décroisa les bras, la surprise cédant la place à une soudaine colère. Ciara avait la fureur facile, surtout lorsqu'elle s'entendait qualifiée d'enfant ! S'approchant alors à grands pas, elle repoussa Antiphane de toutes ses maigres forces comme elle avait sûrement du déjà le faire la veille. Elle avait beau ne pas savoir se défendre et n'avoir aucune formation au combat, elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir ce type de réaction lorsque la rage la prenait. Elle n'était alors plus maître de ses mouvements, et agissait par colère sans avoir le temps d'y réfléchir. Et là où Antiphane se serait sans doute attendu à une haine farouche après avoir été accusé de la pendaison d'Artégal, il n'en fut rien. Non, ce n'était pas cela qui venait de provoquer la colère de Ciara...

« JE SUIS PAS UNE GAMINE !!! » Hurla-t-elle simplement.

Et elle l'aurait probablement insulté de tous les noms d'oiseau qu'elle connaissait si le cortesian n'avait pas rapidement choisi la voie de la discussion, lui coupant l'herbe sous les pieds. Comment rester en colère plus longtemps après tant de révélations ? Certes il y avait encore des zones d'ombre... mais si peu comparé à leur première rencontre. Elle avait su. Elle avait appris à se méfier, et l'insistance d'Antiphane pour la suivre partout où elle se rendait l'avait intrigué. Elle avait su, même sans savoir. Il avait posé trop de questions. Il s'était montré trop patient. Reculant de nouveau, elle le toisa sans répondre. Trop d'indices lui parvenaient à la fois, au point qu'elle ne savait plus quoi penser. Comme si elle se trouvait face à la solution trop évidente d'une énigme, elle hésitait. À comprendre. À réaliser de quoi il était question.

Son regard changea de nouveau, délaissant enfin la colère au profit d'un certain cynisme.

« Et qu'est-ce que vous croyez ? Qu'il suffira de le leur demander gentiment ? Vous ne pouvez rien faire pour moi au sein de cette Guilde. Personne ne le peut mis à part leur chef, et ce chef est mort, et vous êtes loin d'avoir la carrure nécessaire à le devenir à sa place ! À l'heure actuelle, faites-moi confiance, ils doivent tous être en train de s’entre-tuer pour prendre la tête des Rebelles ! Vous verrez... »

Elle tourna les talons afin de ramasser ses quelques affaires, jetant tout de même un regard méfiant au cortesian. Non. Lui aussi était trop détendu pour ne pas faire partie de la guilde. Son pèlerinage allait peut-être se révéler plus amusant qu'elle ne le pensait en fin de compte ?

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 26 Jan 2014, 13:33

Dans un premier temps, lorsqu'il lui affirma être certain qu'elle n'y était pour rien quant à la pendaison de l'ancien chef, Antiphane craignit que Ciara ne se mette dans une colère folle. Malgré son jeune âge et son aspect lunatique, elle restait tout de même très lucide. Ou bien s'il ne s'agissait pas de lucidité, c'était de la précipitation. Mais dans tous les cas, elle disait juste lorsqu'elle se demanda s'il était le responsable. Il décida de ne pas mentir, mais sans toutefois lui avouer la vérité, ce qui risquait de la mettre, définitivement, dans une colère meurtrière. Ce qui, après tout, pouvait se comprendre. Si elle avait tué Gavroche, enfant ou pas, à l'heure actuelle, elle aurait été morte.

« Je n'ai jamais dit l'avoir dénoncé ! Je sais seulement que ce n'est pas vous. » Même s'il l'avait dénoncé, il ne mentait pas en affirmant ne lui avoir jamais dit. « Pourquoi l'auriez vous fait ? Il n'y aurait aucune raison à ça, il était votre frère et votre dernière famille. N'importe qui le comprendrait, et je suis certain qu'on peut faire entendre raison à la guilde. »

Même en cherchant à estomper la colère qu'il avait pu provoquer, il vit une lumière foudroyante apparaître dans le regard de Ciara. Elle semblait avoir oublié le détail qui l'inquiétait tant. En réalité, sa colère était du au fait qu'il ait dit qu'elle était une enfant. Certes, il était exaspéré de telles réactions, étant donné qu'elle était réellement une gamine, mais il en était soulagé. D'une part, ils contournaient un sujet délicat et d'autre part il prit conscience qu'il pouvait toujours avoir un tour d'avance sur elle. C'est-à-dire qu'il pouvait à tout moment provoquer chez elle une colère incontrôlable, ce qui lui permettrait, comme à l'instant, de ne pas s'attarder sur des sujets trop fâcheux.

« Vous n'êtes pas une gamine, mais vous n'êtes pas une adulte non plus ! Et arrêtez de vous comporter comme une enfant, si vous ne voulez pas le paraître »

Même si elle était plus faible et plus petite que lui, elle réussit tout de même à le faire reculer jusqu'au lit. Mais il préféra ne pas répliquer. Sinon ils allaient entrer dans un manège sans fin, où chacun répliquerait pour avoir le dernier mot. Cependant, Antiphane n'avait pas envie de perdre du temps avec de tels comportements. Il ne se sentait pas le moins du monde menacé, et encore moins agressé, lorsqu'elle usait de sa force de mouchette sur lui. Voyant qu'elle n'espérait plus pouvoir rejoindre la guilde, il essaya de la rassurer.

« Je suis tout à fait d'accord avec vous. Seul le chef avait ce pouvoir, or ce même chef est mort. Donc s'il n'existe plus de pouvoir légitime pour ta réinsertion, il n'existe plus non plus de pouvoir légitime pour t'en exclure. J'ai bien l'impression que nous avons nos chances. »

Il ne savait pas comment faire exactement pour ne pas lui avouer qu'il était ce nouveau chef. S'il lui avouait, elle comprendrait aussitôt qu'il était lié à la mort de l'ancien chef. Et ce n'était pas une solution à envisager. Puis surtout, devenir officiellement le nouveau chef, faisait de lui une cible pour le monde entier, que ce soit contre le monde extérieur et même au sein de la guilde. Il était bien conscient que d'autres attendaient pour prendre le pouvoir. Ainsi, il allait devoir faire en sorte de contrôler absolument tout, légitimement, mais sans exposer son vrai visage.

Antiphane se promena dans la chambre, réfléchissant à toute vitesse. Il ignora le regard de Ciara, il n'avait pas à avoir peur d'elle. Leur situation était similaire, or si elle tenait, même un petit peu, à son existence, elle ne ferait jamais rien contre lui.

« Je ne sais pas si vous savez faire confiance aux gens. J'estime que se méfier de chacun est la plus belle des vertus. Mais parfois, il faut savoir accorder sa confiance aux gens, sans quoi nous n'avançons pas. Il faut juste bien choisir à qui accorder cette confiance. Ce que je veux dire par là, c'est que je suis persuadé que, si tu le désire toujours, nous pouvons te faire entrer à nouveau dans la guilde. »

Il était l'heure de partir désormais. Ce qui devait être dit avait été dit, les choses étaient claires désormais. Ou s'il restait encore quelques points sombres, cela n'allait pas changer la donne. Puis il ne fallait jamais dire toute la vérité, elle était bien trop puissante pour ne pas détruire une relation. Il ramassa à son tour ses affaires, vérifia rapidement s'il n'avait rien oublié, et lorsqu'il fit certain de tout avoir, il ouvrit la porte invitant Ciara à le suivre. Après tout, il était son garde, il devait prendre soin d'elle désormais.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 29 Jan 2014, 22:10

De nouveau, le regard de Ciara se durcit. Qu'Antiphane soit responsable de la pendaison d'Artégal lui était complètement égal. Qu'il fasse partie des Rebelles était le cadet de ses soucis. Selon elle, il n'était de toute façon pas assez malin pour survivre longtemps au sein de la guilde, aussi sans doute qu'il ne l'ennuierait pas longtemps. Son seul problème à l'heure actuel était la manie qu'avait le cortésian de la prendre pour plus sotte qu'elle n'était. Cela, elle ne le supportait définitivement pas.

« Et je n'aurais pas à m'énerver si vous faisiez preuve d'un minimum de respect ! Arrêtez de me prendre pour une idiote, parce que ce n'est pas grâce à vous que nous sommes sortis vivants d'Ephtéria pour commencer ! Et ce n'est pas moi qui ramène des baies d'Argus et qui les propose à n'importe qui sans savoir de quoi il s'agit ! »

Elle se plaça face à lui, défiante alors qu'il aurait suffit d'une gifle pour la recadrer.

« Vous vous considérez peut-être comme un adulte, mais vous êtes loin d'en avoir la sagesse et l'expérience... et le fait que vous me jugiez sur mon âge en dit très long sur votre maturité d'esprit ! »

Si elle avait été une gamine comme ce fichu tatoué se plaisait à le croire, elle lui aurait volontiers tiré la langue ! Mais ça n'avait jamais été son caractère. Effacée, discrète, Ciara avait toujours préféré garder le silence et observer. La meilleure façon d'apprendre. Et si en temps normal elle aurait préféré éviter de répondre à Antiphane et le laisser croire ce qu'il voulait sans s'occuper de lui, à présent qu'il lui faisait office d'escorte, elle était bien obligée de le fréquenter... et malheureusement, de lui parler. Les journées allaient être longues en sa compagnie, surtout s'il s'entêtait à croire qu'il avait raison sur tout. Elle croisa les bras et s'arrêta encore juste avant de sortir.

« Moi j'ai mes chances, je suis maline. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué ce n'est pas la solidarité qui caractérise le mieux cette guilde, alors ne vous inquiétez pas trop pour moi, je saurai me débrouiller. Je reviendrai, ça vous pouvez en être sûr... mais pas de la façon dont ils s'y attendent... »

Une lueur vengeresse fit étinceler son regard de façon un peu inquiétante avant qu'elle ne jette son vair sur ses épaules et qu'elle sorte dans le couloir en passant ni plus ni moins sous le nez d'Antiphane comme une petite princesse mal éduquée. En fait, elle s'arrêta même en chemin pour se tourner une dernière fois vers lui.

« En fait vous ne pouvez pas m'obliger à vous faire confiance, et comme je ne vous aime pas, je ne vous ferai pas confiance. Je reconsidérerai ma décision le jour où vous arrêterez de me traiter comme si j'avais neuf ans et demi. »

Et sans attendre de réponse, elle fila vers la grande salle où l'aubergiste se précipita vers elle pour leur servir leur petit déjeuner.

Je précise que c'est le reflet du caractère de Ciara hein. Pas la moitié d'une peste :D

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Antiphane Bevnadin » 01 Fév 2014, 21:08

La jeune fille lui passa devant le nez sans même lui laisser le temps de placer le moindre mot. Il serra très fort la clenche qu'il tenait d'une main. Sa prise était tellement forte que ses doigts devinrent blancs. Il l'entendit descendre les marches, mais lui resta planté devant la porte. Jusque là il avait su être patient, mais désormais il ne pouvait retenir plus longtemps la colère qu'il portait. D'un geste violent qu'il ne chercha pas à retenir, il ferma la porte dans un claquement qui fit trembler les murs.

Pourquoi devait-il supporter cela ? Pourquoi devait-il l'aider ? Il y a deux jours il ne connaissait même pas cette sale gosse et aujourd'hui il se laissait malmener par elle. Et il se demandait bien pourquoi, chose qu'il n'arrivait pas à comprendre. Antiphane ne pouvait se contenter de constater les choses, il devait trouver des raisons. Il devait expliquer pourquoi il agissait ainsi pour pouvoir le faire. Le cortésian n'était pas du genre à agir aveuglément, sans raison apparente. Il lui fallait donner un sens à ses actes. Pourquoi devait-il supporter Ciara ?

Il tourna la clef dans la serrure et ferma la porte. Il serra la petite pièce métallique au creux de sa main, imaginant qu'il s'agissait du cou de la gosse. Déjà il pouvait être certain d'une chose, s'il la tuait, il aurait nécessairement des problèmes derrière. Or il n'était pas du genre à agir aussi spontanément, du moins pas quand la situation n'était pas périlleuse. Et il doutait qu'elle vaille la peine d'avoir de telles problèmes, d'autant plus qu'elle se faisait passer pour une prêtresse... Cette idée était à rejeter, définitivement.

« Pourquoi la supporter ? » se répétait-il.

C'était une rebelle, ils étaient dans le même camp. Voilà un point commun et une vérité qui n'étaient pas négligeables. Antiphane était conscient que malgré le fait qu'ils appartiennent tous deux aux rebelles, cela ne faisait pas d'eux des amis pour la vie. Il aurait, et avait déjà certainement, des ennemis au sein de son propre groupe. D'où la nécessité de se faire des alliés. Or Ciara pouvait être une alliée de taille, elle qui était la sœur de l'ancien chef. Artégal... Voilà une nouvelle raison, il était responsable de sa mort et donc de la fuite de Ciara. Voilà pourquoi il devait l'aider, même si elle refusait. C'était étrange, car Antiphane n'était pas de ceux qui jouaient les saint-bernard, pourtant il se sentait en partie responsable de cette gosse. D'une certaine façon il culpabilisait et ça faisait étrangement longtemps que cela lui était arrivé.

Il dévala à son tour les escaliers, la tête pleine de raisons d'agir ainsi. Il n'allait pas la tuer, ni même l'abandonner, mais il n'allait pas la ménager pour autant. Si cette gosse avait des sauts d'humeur, elle devra comprendre qu'il n'est pas là pour supporter ses humeurs. Lorsqu'il arriva dans la grande salle, il vit Ciara qui avait déjà été servie. Il la rejoignit d'un pas ferme, tout de même plus précipité que d'habitude. Il s'assit en face d'elle, afin d'être sur de ne pas être ignoré et même si elle avait décidé de jouer l'aveugle, elle ne pouvait jouer la sourde, surtout lorsque quelqu'un pouvait s'adresser à elle par la pensée.

« Je vous manque de respect ? Vous me faîtes rire, déjà je vous vouvoie alors que désormais, vous comme moi, nous savons qu'il n'y a plus aucune raison à ça. Vous vous mettez en colère toute seule ! Vous ne supportez pas qu'on vous dise la vérité ou qu'on vous prenne pour ce que vous êtes. Et si nous sommes toujours vivants c'est bien grâce à la chance. »

Il était quelque peu de mauvaise foi, mais il ne supportait pas d'entendre que c'était grâce à elle qu'ils étaient toujours en vie. A ce moment là, on lui apporta son petit-déjeuner qu'il entama à la façon d'un glouton. C'est que les émotions donnaient faim ! Il avala à peine une bouchée qu'il reprit sa tirade.

« Je suis un adulte, moi. Et ce n'est pas parce que je suis adulte que je prétends porter toute la sagesse du monde, ni même la sagesse d'un dieu ! Je sais rester à ma place et me voir tel que je suis, moi. Tu te crois peut-être maline, tu l'es très certainement pour être encore en vie avec eux qui vous courent après. Mais ça ne veut pas dire que tu l'es, tu as tout simplement agit malicieusement jusque là. Demain tu pourras à tout moment faire une erreur qui te sera fatale. »

Il haussait le ton au fur et à mesure qu'il parlait. Il s'adressait à Ciara et uniquement à elle, et donc il ne craignait pas d'être entendu. Il était tellement pris par ses mots qu'il ne faisait même pas attention à ce qu'il y avait dans son assiette.

« Et ne me faîtes pas croire que vous n'avez pas confiance en moi... Si vraiment vous aviez des doutes à mon sujet, vous ne m'auriez jamais accepté comme escorte ! Et si je vous prenais réellement pour une gosse de dix ans, je ne vous aurais jamais accompagné non plus. Je ne suis pas ton supérieur, tu n'as rien à entendre de moi, mais tu peux écouter malgré tout. »

Si leurs routes devaient suivre un même chemin, Antiphane tenait à ce que les choses soient claires et, accessoirement, éviter le moindre malentendu ainsi que les gamineries. Il n'avait pas décidé de l'accompagner dans le but de contenir une jeune fille qui supportait difficilement sa crise d'adolescence.

Pareil pour moi ^^ Surtout qu'il était évident qu'il allait craquer à un moment donné, ça reste un cortésian et un Bevnadin !

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Sayah Cordylus » 08 Fév 2014, 13:28

~ Information ~

L'un de vous a choisi de son plein gré de participer à l'événement « Méli Mélo » organisé par Sayah Cordylus. Votre âme vous est donc empruntée quelques jours afin d'être transférée dans le corps d'un autre participant.
Prêt pour le voyage ?

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Ciara Steban --> Antiphane Bevnadin

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Vrass Rannveig » 08 Fév 2014, 14:01

* vient de: la Basse Ville - boutique d'herboristerie
http://nideyleforum.free.fr/kits/avatars/ciara.pngDirection la boutique de l'herboristerie donc. Il fallait qu'on se prépare mieux que jamais pour aller à Windrakk, notamment pour pouvoir se reposer dans les plaines, car une fois au marais des lucioles déjà, les bêtes sauvages sont beaucoup plus féroces et des tours de garde ne seront surement pas suffisants. Je poussais la porte de la boutique alors que Benedikt incitait Pomporo pour qu'elle reste bien dehors afin qu'elle ne lui flingue pas ses étagères, j'affichais un sourire amusé avant de lever le nez pour chercher la fameuse poudre sacrée.

Sauf qu'en levant le nez je me retrouvais plutôt face à un type que j'avais déjà vu par le passé, et pour cause puisque je l'avais tatoué, mais je ne me souvenais pas qu'il était aussi grand! J'écarquillais les yeux en m'agrippant à la table devant moi, un petit déjeuner était servi, du thé et des tartines et je repoussais violemment ma chaise en arrière, sauf que ça ne fit pas autant de bruit que je l'aurais pensé!
«Hein?» - je regardais mes mains, dépourvues de tatouages et petites, toutes petites! J'écarquillais les yeux avant de me lever et regarder autour de moi, je reconnaissais au moins le lieu, l'auberge d'Aspasie, mais je ne savais pas comment j'étais arrivé là!

«Bordel Sayah!!» - pas difficile de savoir qui est le responsable, c'est sa spécialité! Je tendais le bras devant le cortésian en le regardant d'un air mauvais avant de réaliser qu'en était debout, j'arrivais même pas à sa hauteur lui qui était assis, je devais vraiment pas avoir l'air impressionnant, surtout que je réalisais que j'avais une voix de fillette? Je suis dans le corps d'une fillette? Non mais c'est une blague?

«Bon.. faut que j'aille à la boutique de Sayah...» - je me calmais un peu, ça sert à rien de paniquer, sauf que je ne savais pas que le type en face de moi était victime d'exactement le même problème... oups? J'étais pas au bout de mes malheurs moi. Et surtout, j'étais en train de me poser la question, est-ce que j'avais en ce moment une gamine dans mon corps? Oh merde!

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 08 Fév 2014, 14:28

http://i38.servimg.com/u/f38/13/98/20/74/12083010.pngCiara s'était contentée de soupirer à la longue tirade d'Antiphane. Curieusement, elle qui se laissait emporter par des bouffées de rage folle à la moindre contrariété ne trouvait rien de particulièrement énervant aux propos du cortésian... si ce n'était qu'il la lassait. Il n'avait pas l'air de comprendre, persuadé qu'il était d'être plus grand, plus âgé, et donc forcément plus adulte que n'importe qui. Et même si Ciara avait été la première à lui manquer de respect en le traitant constamment d'imbécile, sa mauvaise foi l'empêchait de l'admettre.

« Ne me gâchez pas le petit déjeuner... » Voulu-t-elle soupirer afin de faire taire cette insupportable voix moralisatrice dans sa tête.

Mais contre toute attente, aucun son ne franchi le seuil de ses lèvres. Interloquée, elle ouvrit de grands yeux ronds et releva le menton afin d'interroger Antiphane du regard. Était-ce encore l'un des effets d'une nourriture empoisonnée ? La bouche entre ouverte, elle en lâcha sa fourchette qui tomba au sol. Devant elle s'agitait... elle-même...! Comme si elle se voyait à travers les yeux du cortésian. Sauf que ses réactions n'étaient pas les siennes. Sauf que son corps remuait tout seul, au mépris de sa propre volonté... comme s'il était habité par une autre ! Mais...

« Eh !!! S'indigna-t-elle silencieusement. Mais c'est mon corps !!! »

Ses lèvres remuaient en même temps qu'elle prononçait ces mots, par réflexe davantage que par utilité. Zut, et elle ne savait même pas si la personne qui se tenait en face d'elle l'avait entendue. Était-elle dans le corps d'Antiphane ? Mais alors, Antiphane était dans son corps ? Elle jeta un rapide coup d'œil à ses mains, et fronça les sourcils en apercevant la myriade de tatouages qui y couraient.

« Quelle magie est-ce là ? Reprit-elle du ton le plus furieux qu'elle pu trouver, comme si le fait d'être muette nécessitait de se montrer trois fois plus expressive. Vous n'avez pas le droit de me voler mon corps, rendez-le moi ! »

Sur le coup elle eut envie de gifler celui qu'elle prenait pour Antiphane, mais l'homme étant dans son propre corps, elle ne pouvait pas se résoudre à se frapper. Raaah, c'était compliqué !

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Vrass Rannveig » 09 Fév 2014, 10:04

http://nideyleforum.free.fr/kits/avatars/ciara.pngOh bordel que je déteste les cortésians! Sauf que je ne m'attendais pas à avoir ce type de voix dans la tête! Je m'attendais à la voix plutôt douce et grave de ce type que j'avais déjà «entendue» et à la place, ce fut la voix stridente d'une gamine qui me vrilla le cerveau! Par réflexe, j'avais mis mes mains sur mes oreilles même si ça ne risquait pas de faire grand chose avant de froncer les sourcils en serrant le poing en m'adressant à ce type avec une certaine hargne

«Oh la ferme! Si je pouvais, je te le rendrais ton corps! Tu crois que ça me fait plaisir de me retrouver dans le corps d'une gamine?» - je baissais les yeux en fronçant du nez, elle doit avoir à peine une dizaine d'années à tout casser, elle a même pas de poitrine! Ah il est beau le grand et fier winghox à se retrouver dans cet état! Je me redressais en tapant des mains sur la table - avec sa force de moustique, j'avais même pas secoué les couverts - avant de me pencher en avant vers ce fichu cortésian tatoué

«Bon, on va aller voir Sayah! Y'a que lui qui peut savoir pourquoi on se retrouve dans ce genre de situation!» - je me souvenais de la dernière fois que c'était arrivé, enfin non, je ne m'en souviens pas à proprement parler, car ce n'était pas vraiment quelque chose de physique, je m'étais retrouvé être profondément amoureux de cet imbécile de reptile! Mais je sais que c'est probablement son œuvre!
Je me fichais du petit déjeuner à peine entamé, et je me fichais de ce cortésian qui avait apparemment l'esprit de la gamine dans son corps, je commençais à partir d'un air déterminé - sans me rendre compte que je me comportais probablement comme la gamine aurait elle-même agi - pour quitter cette auberge et trouver la boutique de Sayah la plus proche.

Sauf que je n'étais pas trop habitué à ces petites jambes, et rien que pour arriver dehors, j'avais presque l'impression d'être déjà fatigué! Je regardais autour de moi, la ville avait l'air plus grande, plus imposante aussi, j'avais beaucoup plus de mal à me repérer d'un coup et je me demandais où il fallait que j'aille? Et merde! Sayah je jure qu'un jour, je vais te tuer.

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Re: Papotage autour d'une poule au pot

Messagepar Ciara Steban » 15 Fév 2014, 19:19

http://i38.servimg.com/u/f38/13/98/20/74/12083010.pngLa fermer ? Une gamine ? Non mais pour qui est-ce qu'il se prenait celui-là ? Furieuse alors qu'elle croyait avoir à faire au cortésian, Ciara... Antiphane serra les poings.

« Eh !!! Je vous interdis de me regarder de cette façon ! S'indigna-t-elle lorsqu'elle se vit baisser les yeux et loucher dans son décolleté. Et... Ah... attendez-moi...! » Eut-elle à peine le temps d'ajouter alors que son petit corps à la chevelure rousse filait vers la sortie.

Trottinant par réflexe, Ciara dans le corps d'Antiphane se retrouva plus vite que prévu face à la porte d'entrée. Et voyant que l'aubergiste les regardait d'un drôle d'air, elle se sentit obligée de la remercier pour son hospitalité. Le problème fut qu'elle s'adressa à elle avec sa voix de jeune fille dans le corps d'Antiphane, ce qui eut pour effet de terroriser l'aubergiste. Elle lâcha son plateau, faisant voler en éclat les assiettes qui s'y trouvaient, répandant le lait, les tranches de pain et la confiture sur les dalles en terre cuite. Les yeux exorbité alors qu'elle fixait les deux individus, elle se mit à hurler quelque chose à propos d'Amroth et de possession. Ce à quoi Ciara préféra s'enfuit à toutes jambes.

Elle dépassa son petit corps pas très haut - pas étonnant qu'on la prenne constamment pour une gamine - qui marchait avec une drôle de détermination dans sa robe rose à volants. On aurait dit qu'elle partait en guerre... rien à voir avec l'image de Prêtresse qu'elle se donnait habituellement. Et lorsque son corps s'arrêta, elle failli se rentrer dedans.

« Est-ce que tout va bien ? Je veux dire, est-ce que mon corps va bien ? Vous ne cassez pas tout de l'intérieur j'espère ? Gronda-t-elle en fronçant les sourcils. Et... j'y pense... Ce ne serait pas plus rapide de se rendre au puits à souhaits ? »

De son avis, les Infinitudes étaient un peu plus conciliantes que Sayah. Ceci dit, elle n'avait pas assisté à la façon dont Amroth avait exaucé celui d'une Morphe guépard quelques temps plus tôt...

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