La pluie tombe depuis quatres jours, les plaines rases prennent une allure fantomatique sous les trombes d'eau, et les chemins ressemblent à des rivières boueuses que nous remontons péniblement. Nos moyens ne nous ont pas permis de voyager autrement qu'à pied, ce n'est pas pour me déplaire d'ailleur. Mais mes compagnons semblent regretter, alourdis par leurs vêtements trempés qui leur collent à la peau, les faisant grelotter.
Quant à moi j'ai laissé libre cours à mes anciennes habitudes et je voyage le plus légèrement vêtu possible: un morceau de tissu noué autour de la taille et tombant à mis cuisse pour rester à peu prêt décente et éviter les problèmes, cela suffit. Je garde le grand pan de tissu qui me sert de cape à porté, au cas ou nous arriverions dans un endroit habité.
Mais pour le moment tout est désert, qui d'ailleur viendrait se perdre dans ces contrées reculées en cette saison? Les travaux des champs sont terminés depuis plusieurs mois, il n'y a plus rien à acheter ou à vendre. Et les habitants, comme des animaux coutumiers de l'hibernation, ont commencé à se replier vers la vie d'intérieur en attendant les meilleurs jours.
Le paysage gris et uniforme fait naitre l'ennui, les seuls divertissements pour le regard sont ces fermes qui semblent surgir de nulle part et que nous voyons de loin en loin sur notre route. Si elles n'étaient là rien ne nous aurait indiqué notre progression.
Garroth et ses deux compères, Rufian et Tygmin, sont de meilleur compagnie que je ne l'aurais pensé. Ils agrémentent le voyage de chansons et de discours absurdes qui ont l'avantage de rompre la monotonie. La seule choses dont j'ai à me plaindre est leur goût pour l'alcool, responsable de longues veillés dans les auberges et, très souvent, de l'impossibilité de prendre la route le lendemain matin.
Mais aujourd'hui nous touchons au but, un village se profile à l'horizon. Je regarde le clocher se garnir de détails comme nous approchons, puis les toits des premières maisons apparaissent. Ce ne peut être que Banba, l'endroit le plus peuplé de la région, et donc là ou nous aurons des informations.
Je m'enveloppe dans ma "cape" et prend soin qu'aucune épine ne dépasse, inutile de provoquer une esclandre chez ces campagnards, j'ai déjà donné dans ce registre.
Les rues sont vides, les habitations cotoient les étables d'ou sortent mugissements, grognements et autres cris que je ne reconnais pas. De la lumière filtres depuis les petites fenêtres des maisons, quelques curieux nous regardent passer. Mes compagnons pressent le pas alors que nous arrivons sur la place, je leur crie de ne pas me réserver de chambre juste avant qu'ils ne disparaissent à l'intérieur du batiment dont l'enseigne indique "auberge du cerf-cendré".
Je fais le tour de la place et me dirige vers un endroit ou il semble y avoir un peu d'animation, une bâtisse avec une cours ou jouent des animaux. Ils s'arrêtent quand ils me voient et nous échangeons des regards curieux, ils auront sentit mon côté animal. Etre entassé ainsi dans une si petite cours ne doit pas être plaisant, certains viennent même des forêts. Je me demande ce qu'ils font ici, tellement loin de leur habitat, au fond ils sont un peu comme moi. Je m'accroupie devant eux et colle mon nez contre le grillage, l'heure est aux échanges d'odeurs et les souvenirs de ma vie sauvage remontent à la surface.
Tandis que je rêve, un homme sort sur le pallier de la porte, côté rue, et m'interpelle:
-Bonjour, vous cherchez quelque chose?
-Heu... Oui, quelqu'un plutôt.
Mon interlocuteur fronce les sourcils, la réponse n'est manifestement pas celle qu'il attendait. J'ai encore du mal avec les coutumes de ces pays...
-Je voulais dire, un animal de compagnie, vous les regardiez à l'instant.
-Ha! Heu... Non, je me demandais juste pourquoi vous en aviez autant.
-Mais mademoiselle! C'est parce que nous sommes une animalerie, nous les vendons à ceux qui veulent les adopter!
Je tourne le regard successivement vers les animaux et le vendeur, l'air effaré. Voici donc d'où viennent ces pauvres bêtes asservis que je vois de temps à autre, ils sont objets de commerce pour les civilisés. je n'ai jamais compris pourquoi les esprits-totem n'entrent pas en courroux face à ces pratiques.
Mes épines frémissent, mon côté porc-épic corrigerai bien cet être qui me présente son abominable métier avec tant d'aplomb. Si j'étais aussi sauvage que lui je l'offrirais bien à quelques panthères de mes forêts, comme jouet... Mais je me contente d'émettre un grognement indigné.
Il me regarde de travers, il n'a certainement pas l'habitude d'avoir si peu de succès. Avant que cela finisse mal je me force à sourire:
-Non merci, je vais en rester à ma première recherche.
Je tourne les talons et me dirige, dégoûtée, vers l'auberge.
Quant à moi j'ai laissé libre cours à mes anciennes habitudes et je voyage le plus légèrement vêtu possible: un morceau de tissu noué autour de la taille et tombant à mis cuisse pour rester à peu prêt décente et éviter les problèmes, cela suffit. Je garde le grand pan de tissu qui me sert de cape à porté, au cas ou nous arriverions dans un endroit habité.
Mais pour le moment tout est désert, qui d'ailleur viendrait se perdre dans ces contrées reculées en cette saison? Les travaux des champs sont terminés depuis plusieurs mois, il n'y a plus rien à acheter ou à vendre. Et les habitants, comme des animaux coutumiers de l'hibernation, ont commencé à se replier vers la vie d'intérieur en attendant les meilleurs jours.
Le paysage gris et uniforme fait naitre l'ennui, les seuls divertissements pour le regard sont ces fermes qui semblent surgir de nulle part et que nous voyons de loin en loin sur notre route. Si elles n'étaient là rien ne nous aurait indiqué notre progression.
Garroth et ses deux compères, Rufian et Tygmin, sont de meilleur compagnie que je ne l'aurais pensé. Ils agrémentent le voyage de chansons et de discours absurdes qui ont l'avantage de rompre la monotonie. La seule choses dont j'ai à me plaindre est leur goût pour l'alcool, responsable de longues veillés dans les auberges et, très souvent, de l'impossibilité de prendre la route le lendemain matin.
Mais aujourd'hui nous touchons au but, un village se profile à l'horizon. Je regarde le clocher se garnir de détails comme nous approchons, puis les toits des premières maisons apparaissent. Ce ne peut être que Banba, l'endroit le plus peuplé de la région, et donc là ou nous aurons des informations.
Je m'enveloppe dans ma "cape" et prend soin qu'aucune épine ne dépasse, inutile de provoquer une esclandre chez ces campagnards, j'ai déjà donné dans ce registre.
Les rues sont vides, les habitations cotoient les étables d'ou sortent mugissements, grognements et autres cris que je ne reconnais pas. De la lumière filtres depuis les petites fenêtres des maisons, quelques curieux nous regardent passer. Mes compagnons pressent le pas alors que nous arrivons sur la place, je leur crie de ne pas me réserver de chambre juste avant qu'ils ne disparaissent à l'intérieur du batiment dont l'enseigne indique "auberge du cerf-cendré".
Je fais le tour de la place et me dirige vers un endroit ou il semble y avoir un peu d'animation, une bâtisse avec une cours ou jouent des animaux. Ils s'arrêtent quand ils me voient et nous échangeons des regards curieux, ils auront sentit mon côté animal. Etre entassé ainsi dans une si petite cours ne doit pas être plaisant, certains viennent même des forêts. Je me demande ce qu'ils font ici, tellement loin de leur habitat, au fond ils sont un peu comme moi. Je m'accroupie devant eux et colle mon nez contre le grillage, l'heure est aux échanges d'odeurs et les souvenirs de ma vie sauvage remontent à la surface.
Tandis que je rêve, un homme sort sur le pallier de la porte, côté rue, et m'interpelle:
-Bonjour, vous cherchez quelque chose?
-Heu... Oui, quelqu'un plutôt.
Mon interlocuteur fronce les sourcils, la réponse n'est manifestement pas celle qu'il attendait. J'ai encore du mal avec les coutumes de ces pays...
-Je voulais dire, un animal de compagnie, vous les regardiez à l'instant.
-Ha! Heu... Non, je me demandais juste pourquoi vous en aviez autant.
-Mais mademoiselle! C'est parce que nous sommes une animalerie, nous les vendons à ceux qui veulent les adopter!
Je tourne le regard successivement vers les animaux et le vendeur, l'air effaré. Voici donc d'où viennent ces pauvres bêtes asservis que je vois de temps à autre, ils sont objets de commerce pour les civilisés. je n'ai jamais compris pourquoi les esprits-totem n'entrent pas en courroux face à ces pratiques.
Mes épines frémissent, mon côté porc-épic corrigerai bien cet être qui me présente son abominable métier avec tant d'aplomb. Si j'étais aussi sauvage que lui je l'offrirais bien à quelques panthères de mes forêts, comme jouet... Mais je me contente d'émettre un grognement indigné.
Il me regarde de travers, il n'a certainement pas l'habitude d'avoir si peu de succès. Avant que cela finisse mal je me force à sourire:
-Non merci, je vais en rester à ma première recherche.
Je tourne les talons et me dirige, dégoûtée, vers l'auberge.