partie de campagne

C'est le plus reculé de tous les villages dépendant directement du Roi. Comme déposé ici au hasard au milieu des plaines fertiles, Banba a su se spécialiser dans l'agriculture et l'élevage.

partie de campagne

Messagepar Nilïn Matoé » 21 Oct 2010, 18:59

=>ce qui précède

La pluie tombe depuis quatres jours, les plaines rases prennent une allure fantomatique sous les trombes d'eau, et les chemins ressemblent à des rivières boueuses que nous remontons péniblement. Nos moyens ne nous ont pas permis de voyager autrement qu'à pied, ce n'est pas pour me déplaire d'ailleur. Mais mes compagnons semblent regretter, alourdis par leurs vêtements trempés qui leur collent à la peau, les faisant grelotter.

Quant à moi j'ai laissé libre cours à mes anciennes habitudes et je voyage le plus légèrement vêtu possible: un morceau de tissu noué autour de la taille et tombant à mis cuisse pour rester à peu prêt décente et éviter les problèmes, cela suffit. Je garde le grand pan de tissu qui me sert de cape à porté, au cas ou nous arriverions dans un endroit habité.
Mais pour le moment tout est désert, qui d'ailleur viendrait se perdre dans ces contrées reculées en cette saison? Les travaux des champs sont terminés depuis plusieurs mois, il n'y a plus rien à acheter ou à vendre. Et les habitants, comme des animaux coutumiers de l'hibernation, ont commencé à se replier vers la vie d'intérieur en attendant les meilleurs jours.


Le paysage gris et uniforme fait naitre l'ennui, les seuls divertissements pour le regard sont ces fermes qui semblent surgir de nulle part et que nous voyons de loin en loin sur notre route. Si elles n'étaient là rien ne nous aurait indiqué notre progression.
Garroth et ses deux compères, Rufian et Tygmin, sont de meilleur compagnie que je ne l'aurais pensé. Ils agrémentent le voyage de chansons et de discours absurdes qui ont l'avantage de rompre la monotonie. La seule choses dont j'ai à me plaindre est leur goût pour l'alcool, responsable de longues veillés dans les auberges et, très souvent, de l'impossibilité de prendre la route le lendemain matin.

Mais aujourd'hui nous touchons au but, un village se profile à l'horizon. Je regarde le clocher se garnir de détails comme nous approchons, puis les toits des premières maisons apparaissent. Ce ne peut être que Banba, l'endroit le plus peuplé de la région, et donc là ou nous aurons des informations.
Je m'enveloppe dans ma "cape" et prend soin qu'aucune épine ne dépasse, inutile de provoquer une esclandre chez ces campagnards, j'ai déjà donné dans ce registre.


Les rues sont vides, les habitations cotoient les étables d'ou sortent mugissements, grognements et autres cris que je ne reconnais pas. De la lumière filtres depuis les petites fenêtres des maisons, quelques curieux nous regardent passer. Mes compagnons pressent le pas alors que nous arrivons sur la place, je leur crie de ne pas me réserver de chambre juste avant qu'ils ne disparaissent à l'intérieur du batiment dont l'enseigne indique "auberge du cerf-cendré".


Je fais le tour de la place et me dirige vers un endroit ou il semble y avoir un peu d'animation, une bâtisse avec une cours ou jouent des animaux. Ils s'arrêtent quand ils me voient et nous échangeons des regards curieux, ils auront sentit mon côté animal. Etre entassé ainsi dans une si petite cours ne doit pas être plaisant, certains viennent même des forêts. Je me demande ce qu'ils font ici, tellement loin de leur habitat, au fond ils sont un peu comme moi. Je m'accroupie devant eux et colle mon nez contre le grillage, l'heure est aux échanges d'odeurs et les souvenirs de ma vie sauvage remontent à la surface.
Tandis que je rêve, un homme sort sur le pallier de la porte, côté rue, et m'interpelle:

-Bonjour, vous cherchez quelque chose?
-Heu... Oui, quelqu'un plutôt.


Mon interlocuteur fronce les sourcils, la réponse n'est manifestement pas celle qu'il attendait. J'ai encore du mal avec les coutumes de ces pays...

-Je voulais dire, un animal de compagnie, vous les regardiez à l'instant.
-Ha! Heu... Non, je me demandais juste pourquoi vous en aviez autant.
-Mais mademoiselle! C'est parce que nous sommes une animalerie, nous les vendons à ceux qui veulent les adopter!


Je tourne le regard successivement vers les animaux et le vendeur, l'air effaré. Voici donc d'où viennent ces pauvres bêtes asservis que je vois de temps à autre, ils sont objets de commerce pour les civilisés. je n'ai jamais compris pourquoi les esprits-totem n'entrent pas en courroux face à ces pratiques.
Mes épines frémissent, mon côté porc-épic corrigerai bien cet être qui me présente son abominable métier avec tant d'aplomb. Si j'étais aussi sauvage que lui je l'offrirais bien à quelques panthères de mes forêts, comme jouet... Mais je me contente d'émettre un grognement indigné.
Il me regarde de travers, il n'a certainement pas l'habitude d'avoir si peu de succès. Avant que cela finisse mal je me force à sourire:

-Non merci, je vais en rester à ma première recherche.

Je tourne les talons et me dirige, dégoûtée, vers l'auberge.

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Re: partie de campagne

Messagepar Maître du Jeu » 22 Oct 2010, 15:35

Désolée pour le retard. Je fais court faute de temps, je préfère te faire avancer que te laisser poireauter :002: Grossomodo... essaie encore :022:


L'auberge n'a rien de luxueux mais offre la chaleur d'un foyer crépitant et un délicieux fumet flotte comme une promesse d'un repas succulent. Quelques clients partagent boissons et anecdotes en riant tandis que d'autres jouent aux cartes. Les villageois semblent bien se connaître et offrent un sourire accueillant à la nouvelle venue. Une serveuse lui tend la main pour lui désigner une table où sont accoudés Garroth, Rufian et Tygmin. Ils sont en grande discussion avec un homme un peu agité qui étaie chacun de ses propos par des éclats de voix mi-amusés, mi-inquiets.

« Mais puisque que vous dit que je n'ai jamais entendu parler d'un tel trésor, enfin ! Vous devez faire erreur, il n'a jamais été question de cela ici... Je suis désolé. Peut-être pourriez-vous mieux analyser vos indices...? En tous les cas, il semble que votre guide vous ait mené dans la mauvaise direction. Si j'étais vous... »

Mais il s'interrompit lorsque Nilïn arriva à sa hauteur.

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Re: partie de campagne

Messagepar Nilïn Matoé » 18 Nov 2010, 19:49

La porte de l'auberge est une barrière entre deux monde, l'un froid et humide, triste ; l'autre sec et chaud, emplis de sourires accueillants. Cette ambiance me semble être un excès de cordialité, il n'est pas facile de passer d'un opposé à l'autre. Je répond avec un sourire forcé et j'avance rapidement entre les tables. Dans mon dos j'entends les remarques venants des groupes de clients.

-C'est l'temps tout ça, c'est triste, ça fait les gens maussades.

Qu'ils pensent ce qu'ils veulent, c'est mieux ainsi.
La serveuse m'indique la table où discutent mes compagnons et en approchant j'attrape les dernières bribes de la conversation. L'homme qui parlait suspend une phrase aux allures calomnieuses en me voyant du coin de l'oeil. Quand il lève la tête ses yeux se fixent sur mon sourire glaciale.

-Bonjour, je me présente: guide incompétente de ce groupe d'outres toujours pleines.

Profitant du silence qui suit cette entrée, je me laisse tomber sur une chaise à côté de l'inconnu qui se tortille les doigts en évitant mon regard. L'ambiance est tendue, mes trois associés chasseurs de trésor hésitent aussi à prendre la parole. Rufian finit par sortir une carte de Nideyle qu'il pose devant mes yeux.

-T'as du entendre qu'on s'est planté, ça sert à rien de te le cacher. Alors, c'est quoi l'étape suivante alors?
-Demandez à votre "Monsieur Conseil", il a sûrement la réponse.
-Tu sais, faut pas te facher, c'est pas grave tout ça. Tu n'as pas pu nous mener bien loin de notre destination, Ivan a parlé de Banba.


Je tourne la tête vers le petit homme grasouillet qu'est Rufian. Le physique du parfait citadin pantouflard, paradoxalement il voyage souvent. Il connait beaucoup de choses mais ses petits yeux sombres noyé dans la graisse de son visage rond lui donnent toujours l'air de ne rien comprendre. Dans la situation actuelle cette dernière remarque n'est pas fausse. Garroth fait des gestes désespéré à côté de lui pour l'empêcher de continuer, mais il ne les voit même pas. Il s'échauffe tandis que je le fixe sans dire un mot.

-C'est vrai, on se serait tous égaré à ta place. Il faut dire qu'avec les propos d'alcolique que te servait Ivan, c'était pas simple. Pas vrai Tygmin? On y comprenait rien.

Tygmin feint de regarder ailleur, l'homme de Banba se lève et s'éclipse doucement sans oser dire au revoir, il va rejoindre une autre table un peu plus loin. Je dois dégager une aura particulièrement malsaine pour faire fuir ainsi les honnêtes gens, mais mon interlocuteur n'y voit rien, il mêle les gestes à la parole, bougeant les bras de façon ridicule.

-Moi j'aime bien marcher, ça ne me dérange pas que tu nous emmène pas tout de suite au bon endroit. Les longs trajets, les détours, ça fait voir du pays, et regardez ce beau village accueillant, des gens charmants non? Ca permet de faire des ren...

Je quitte ma chaise et fait lentement le tour de la table, j'attrape le bonhomme par le bras, il croise mon regard et le flot de parole qu'il débitait se tarit d'un coup. Trop tard malheureusement, j'ai quelques projets pour lui.
Je le traine vers la porte, la serveuse nous ouvre, contente que la suite ne se passe pas dans son auberge. Elle baisse la tête lorsque je passe devant elle et referme doucement la porte après que nous soyons sorti.


Les gouttes glaciales tombent en amas drue au gré du vent, nous fouettant le visage. Rufian se tient recroquevillé, les bras serré contre la poitrine, afin de se protéger du froid. Je le fixe sans parler, immobile, contemplant son visage qui rougit sous les giboulées de pluie. Plusieurs fois il hésite à parler: il regarde vers moi, passe sur mes yeux qu'il cherche au fond de l'amas d'épine qui me retombe sur le visage, puis il baisse la tête.
Après quelques minutes il n'y tient plus.

-Bon! Si t'as rien à me dire et que t'es juste contente de m'avoir amenée là pour passer ta mauvaise humeur ça suffit. On rentre non?

Un sourire se peint sur mon visage comme j'approche de lui et pose une main sur son épaule.

-Je commençais à avoir froid, je me demandais quand tu te déciderais.

Il me regarde avec des yeux ronds, la bouche entrouverte, toujours grelottant. A la vue de sa tête toute ma mauvaise humeur s'envole et j'éclate de rire.

-Allez, à demain, je viens vous chercher à l'aube pour que l'on trouve ce maudit bonhomme.


Enfin! J'ai eu du temps aujourd'hui :023: Mais j'ai épuisé mon stock d'heures de loisir et la suite ce sera un autre jour

Edit Seby : pas de soucis, cette chasse au trésor n'est pas limitée dans le temps. Joues à ton rythme

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