Benedikt bouda un peu mais ne se remit pas à protester, bien conscient que c'était complètement inutile. Vrass était un winghox, et ce n'était pas deux côtes cassés qui allait le rendre moins têtu. Quelque part, c'était peut-être rassurant, le tatoueur n'était pas mal au point de laisser tomber sa tête de mule. Mais il n'avait pas tort en disant que même des winghox pouvaient être au courant d'une certaine relation entre lui et Benedikt, quelque soit le nom qu'on donne à celle-ci. Depuis qu'ils se connaissaient, on trouvait le botaniste là où on trouvait le tatoueur, et inversement. Ils suffisaient qu'ils demandent des infos à la bonne personne.
« Tu as intérêt à me promettre de rester quelques jours à la maison après, hein. Ordre de moi parce que je ne risque de jouer au docteur avec toi pendant un moment, sinon. » bouda Benedikt en s'asseyant à côté de lui, une fesse sur un talon. « Tiens-toi un peu plus droit ? Merci. »
Il appliqua une bonne dose de plantafix sur le torse de Vrass avant d'y rajouter un bandage, et le recouvrit ensuite pratiquement entièrement de produits de l'herboristerie pour une raison ou pour une autre, si bien que le tatoueur se mit à sentir la même odeur doucereuse de plantes que lui. Benedikt vérifia quelques secondes son travail et s'assit à califourchon sur les genoux de Vrass pour prendre son visage entre ses mains.
« Ne pense plus à cette histoire... Vous êtes les fils d'Amroth, j'imagine qu'on ne peut pas attendre plus de winghox élevés à Wingdrakk. Toi et Orlaf, vous n'êtes que la preuve qu'être quelqu'un de bien demande bien plus de volonté et de sacrifices. Je suis sûr que Orlaf savait tout aussi bien que d'autres que les infinitudes s'arrêtent rarement rétablir la justice sur cette terre. »
Le botaniste baissa les yeux et continua en murmurant : « Et puis je préfère que ce soit lui plutôt que toi... »
Malgré l'envie de couvrir le tatoueur de baisers et plus si affinités, la meilleure manière qu'il connaissait pour redonner le sourire à ce dernier, il fallait bien qu'il aille chercher Jake à un moment, et puis Benedikt n'avait pas trop envie de l'encourager à maltraiter son pauvre corps déjà en mauvais état.
« Allons chercher Jake, plus vite on partira, plus vite on sera à la maison. J'avais acheté des croissants, tu n'as qu'à en prendre un et j’emmènerais l'autre, moi je n'ai vraiment plus faim. »
Leur affaires étaient en ordre, et le botaniste avait déjà payé leur chambre un peu plus tôt, avec un supplément qui garantirait le silence de l'aubergiste. Celui de Anya, il l'avait par loyauté, et peut-être un peu plus de compréhension de sa part. De nombreuses heures avant que le soleil ne se lève donnait beaucoup de temps pour discuter et faire changer d'avis quelqu'un. Benedikt n'avait jamais vraiment d'arguments à avancer pour se défendre de quoique ce soit comme il était toujours le premier à se trouver des défauts, mais la jeune femme, elle, faisait ses propres conclusions.
Benedikt tendit une main au tatoueur qui finissait de s'habiller.
« J'ai hâte de récupérer Pomporo, en fait. Tu me dirais si tu peux discuter avec elle ? Enfin, je sais qu'il n'y a pas de raison, mais je trouve ça cool. Peut-être que je devrais me faire aussi un tatouage comme ça. »