Ses paupières se soulèvent des heures plus tard, quand la callopsitte se met à "chanter" d’une façon plus ou moins mélodieuse – ces oiseaux ne sont pas particulièrement connus pour leurs talents de cantateurs ! Il ne s’étonne même pas de voir le gros félin campé sur ses pattes et le tatoueur toujours endormi dans les bras de son cher et tendre - incompréhensible, pense Jonah sans toutefois être dégouté -, n’ayant pas fait trop attention à l’ordre des tours de garde des autres. Tant que lui était en premier, là où il voulait, il ne s’intéressait pas au reste !
Debout pour aller chercher le trésor ? On a vraiment l’impression que, pour Kallistrat, le trésor si convoité est posé sur un coussin de velours à un ou deux jours de voyage seulement, et qu’il n’attend que de se faire cueillir par ses grosses pattes poilues ! Mais un peu d’optimisme ne fait pas de mal, et le sourire de Jonah n’est pratiquement pas moqueur cette fois. Il avale son petit déjeuner composé de muesli aux fruits secs et d’un reste de sanglier de la veille – déjà cuit, hein, car la carcasse n’est plus mangeable et le trafiquant met un point d’honneur à ne pas poser son regard dessus (berk, des asticots). Puis tout le monde saute sur sa monture respective, excepté l’orphe lion, que Jonah rangerait pour sa part plus dans la catégorie monture que cavalier...
Le groupe avance assez rapidement, comme s’il s’était vraiment mis dans l’ambiance "voyage" maintenant, et effectivement, comme le pense Vrass, la présence de Kallistrat n’a pas l’air de trop plaire aux montures. Elles auraient pourtant du comprendre qu’il ne représentait plus une menace, non ? C’que c’est bête les animaux. Heureusement qu’ils ne feront pas tout le voyage avec elles ! Une fois à Banba, laisse tomber, ils grimpent dans le train. C’est plus sûr, et plus rapide, ça ne pue pas… Et ils pourront se reposer. Espérons que les animaux y sont acceptés, pense Jonah en lorgnant l’épaisse fourrure de la nuque du lion, qui trottine devant lui.
La journée se passe sans encombre. Ils ne font pas de mauvaises rencontres, pas de teigne ou quoi ; seulement une sorte de buse qui les suit pendant un certain temps, avant de se faire chasser à grands cris par le petit cacatoès blanc ! A se demander qui des deux est le rapace ! En revanche, il ne se trouve pas de lac sur leur chemin cette fois, ce qui fait qu’une fois en vue de Banba, leurs gourdes ne renvoient qu’un faible clapotis ! On peut dire que tout le monde est assez fatigué, et puis l’atmosphère de la journée a été pesante – au niveau de l’air, pas de l’ambiance – celle-ci, sans être particulièrement folichonne, est tout à fait supportable ! Et ce n’est pas toujours évident de papoter en pleine chevauchée, de toute façon.
Mais bref, Banba est maintenant en vue, alors que le soleil commence tout juste à glisser vers l’horizon. Et quelques gouttes se font sentir sur leurs fronts, tandis que les épais nuages au-dessus de leurs têtes se grisent de plus en plus. Ils vont se payer un bel orage, bientôt ! Espérons qu’ils seront déjà à l’abri dans l’auberge. A moins qu’ils ne prennent un train de nuit ? Faut voir les horaires…
Ils descendent de leurs dragonneaux et anticus au moment de passer les portes de la ville ; apparemment, il se tient une sorte de marché, mieux vaut le traverser pied à terre. Des tas de petits vieux paysans les matent d’une façon peu amène, mais étonnamment exempte de peur ou de respect ! Rien n’effraie les vieux, comme s'ils avaient déja tout vus ! Banba, plus de toutes les villes du nord, n’est pas réputée pour sa modernité… Les gens y sont tellement simples ! Agriculture, élevage, troc. C’est tout. On doit s’y ennuyer à mourir, non ? Enfin, au moins, ils ont le chemin de fer ; et c’est tout ce qui compte pour notre troupe.