Aaaah Banba. On peut dire ce qu'on veut, les gens du Nord sont quand même vraiment particuliers parfois. Entre l'aubergiste qui me demande de prendre son fils sous mon aile - sans imaginer le sens que pouvait prendre sa phrase à mes yeux - et le fils qui veut se tirer de son trou perdu, je suis servi. Surtout que la mère n'est pas du tout contente à l'idée que son «bébé» lui soit enlevé pour filer vers le Sud dans une ville qui lui est totalement inconnue, et résultat, je m'étais mangé une belle baffe qui avait foutu le botaniste en rogne jusqu'à ce qu'elle fonde en larmes et s'excuse. L'incident était clos et on allait enfin pouvoir prendre notre petit déjeuner. Rapidement, l'aubergiste me porta une assiette bien remplie ainsi qu'une tasse de thé et plusieurs variétés de pommes à Benedikt. Je la remerciais chaleureusement alors qu'elle se décidait enfin à s'occuper de ses autres clients, et je ne me souvenais déjà plus de la baffe.
«Ah les femmes et leurs gosses... j'te jure.» - non mais c'est vrai quoi? C'est plus un bébé même s'il n'a pas l'air très costaud. Quand je vois le botaniste, il s'en est plutôt bien sorti après tout malgré sa carrure poids plume. M'enfin, peu importe. Au moins on pouvait reprendre des forces et je le voyais grimper à l'étage pour récupérer ses affaires, moi j'avais déjà pris les miennes et je l'attendais donc en bas. Il s'était arrêté devant l'aubergiste pour la rassurer une dernière fois sur le fait qu'on prendrait soin de son fils, et je souriais en croisant les bras en le voyant ainsi. Trop gentil.
Lorsqu'il revenait, il souhaitait se rendre à l'animalerie d'abord et je venais hocher de la tête négativement
«Faut que je passe d'abord chez Sayah. Maintenant que je n'ai plus le tatouage du flocon, il me faut des trucs pour mieux supporter la chaleur, et toi aussi. T'as pas idée de la température qu'il y a là bas. On ira ensuite à l'animalerie et on pourra partir directement de là bas.»
C'était plus simple de cette manière. On aurait même pu passer par Sayah pour obtenir nos montures, mais depuis qu'il y avait une nouvelle commerçante qui avait pris la boutique, c'était plus compliqué et le reptile se devait de la laisser faire ses preuves.
J'entraînais donc le gosse dans un premier temps vers la boutique de l'orphe au sang froid, poussant la porte d'un geste décidé avant de regarder autour de moi et avancer prudemment. Toujours se méfier de ces saletés de pompons ou de portefeuilles teigneux! On y perd facilement un doigt.
Je m'approchais alors du catalogue et je montrais un article à Benedikt
«Ombrelle du Mahjour... Une fois déployée, il fera toujours frais sous cette ombrelle, et ce où que vous vous trouviez.» - je me tournais vers le gosse avec un léger sourire amusé. Évidemment, faut pas rêver que je me balade avec une ombrelle hein? - «j'aimerais que Sayah nous bricole des sortes de capuches pour nous protéger la tête de la chaleur et ainsi mieux supporter le désert d'Ohime Quinah. Ce sera plus pratique qu'une ombrelle, surtout si on doit y aller à dos de hiéras.»
Où qu'il soit, l'orphe avait forcément entendu ma requête, ça nous ferait gagner du temps. Je baissais tout de même les yeux sur les autres articles, mais pour le moment, je ne voyais rien d'utile.