Où cherchons-nous… ?

Imprenable cité ceinte de hauts remparts, Ephtéria est la capitale des peuples du nord. Elle abrite le château du Roi, sa cour, son armée, mais aussi son arène dont les sous-sols sont creusés des geôles tant redoutées.

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Re: Où cherchons-nous… ?

Messagepar Belladona » 18 Avr 2012, 16:09

La remarque d'Octanis concernant le fait que Vilal souriait plus maintenant qu'il était avec elle lui fit plaisir, le souvenir de cet instant où elle l'avait trouvé dans cette plaine désertique lui revenait en mémoire. Sur l'instant, elle avait juste pensé sauver un pauvre homme qui ne savait pas trop qui il était et voulait seulement le conduire à la ville la plus proche pour l'aider, et finalement, en quelques jours seulement, ils s'étaient liés l'un à l'autre bien plus qu'elle n'avait pu se lier à qui que ce soit. Un peu comme le jardinier qui tomberait amoureux de la fleur à qui il a donné tant d'amour et de soin... elle avait développé une sorte de dépendance envers lui et elle n'imaginait plus sa vie sans lui.

Reprenant ses esprits, elle avait quelque peu sautillé sur place de joie avant de voir l'énorme bestiole qui s'apprêtait à leur courir après. Lui sautant dessus sans se soucier des regards outrés qu'on pouvait leur lancer et indifférente à la remarque de l'orphe, elle avait réfugié son visage dans son cou et fermé les yeux pour ne pas succomber à la peur. Au delà d'une certaine taille, le cochon était devenu un prédateur à ses yeux et comme toute picaris qui se respecte, elle craignait plus que tout les prédateurs dans la mesure où elle avait trop peu de moyens de défense. Ce porc était bien trop gros pour que son poison puisse faire effet et il aurait largement le temps de la manger avant de se sentir patraque...

Elle sentit alors les mouvements de son compagnon - ou plutôt... du double de son compagnon, c'était un peu trop compliqué - qui s'élevait dans les airs, et elle se risqua à ouvrir un œil pour voir qu'ils étaient très proches d'un mur. Prenant peur, elle se réfugia encore plus dans son cou, indifférente qu'elle ne faisait qu'appesantir un peu plus encore l'orphe à gigoter ainsi, au risque qu'il ne puisse plus garder prise sur le mur. L'atterrissage fut alors un peu mou et pour cause, il avait sauté sur l'animal qui avait poussé un Grouiiiiinnnkk» de mécontentement avant de commencer à les poursuivre. Si Octanis n'avait pas besoin de se retourner pour le voir leur courir après, elle n'avait qu'à lever un peu la tête pour le voir, et il semblait particulièrement affamé.

Les mots se perdaient dans sa gorge, elle sentait la sève se répandre à toute vitesse dans son corps et probablement que sa peau se couvrait peu à peu de poison dans un geste défensif. Puis soudain elle se sentit décoller à nouveau et elle vit des caisses en bois tomber derrière eux, ralentissant un peu le porc sans pour autant le faire renoncer... puis le bruit des pas changea, signifiant qu'il arrivait dans la boue de l'enclot... de là où elle était, elle ne pouvait voir les autres porcs qui s'agglutinaient à l'idée d'avoir droit à un nouveau repas, mais rapidement, Octanis sauta de nouveau pour aller la poser sur le mur en hauteur, et dans un geste défensif, Belladona avait ramené ses jambes contre sa poitrine.

Sa peau luisait quelque peu, comme si elle était humide et elle semblait un peu fatiguée, alors que c'était lui qui avait fait tout le travail. La vérité était que cette peur avait accéléré ses fonctions vitales et la production intensive de poison n'avait pas vraiment aidé. Elle regarda autour d'eux, il y avait tout de même quelques badauds qui les fixaient étrangement alors qu'Octanis allait refermer la barrière pour ne pas que les porcs s'échappent, elle pouvait alors voir qu'il y avait tout de même de tout à Ephtéria, des gamins qui paraissaient assez pauvres et qui lorgnaient visiblement sur les fruits un peu pourris qu'on donnait aux cochons, mais surtout de ces riches gens habillés de beaux costumes, des femmes avec des robes tellement énormes que la picaris se demandait comment elles pouvaient les mettre, et surtout les enlever! Leurs mains ne pouvaient pas atteindre tous les fils qu'elles avaient dans le dos. Une des belles femmes semblait s'être salie à cause de la vitesse à laquelle l'orphe était entré dans l'enclot, projetant probablement de la boue sur sa robe chatoyante! En tout cas, le gentleman qui l'accompagnait avait sorti un mouchoir de la pochette de son veston pour mettre un genou à terre et débarrasser la jupe de cette boue disgracieuse, puis il se releva et l'entraina rapidement ailleurs pour ne pas risquer qu'elle ne se salisse davantage.

Son compagnon revenait alors près d'elle et lui demanda si elle allait bien. Toujours recroquevillée sur elle-même, les bras enlaçant ses jambes, elle hocha juste de la tête

«Oui, ça va. Mais fais attention, je crois que je suis couverte de poison...» - autrement dit, ce n'était pas le moment d'essayer de l'embrasser, elle allait devoir se laver un peu, peut être se rendre au puits, ou alors simplement aller près des différents canaux qui traversaient la ville. En tout cas, elle n'osait pas dire à Octanis qu'elle était fatiguée, aussi elle se pinça les lèvres quelques secondes en baissant les yeux d'un air un peu honteux

«Tu crois qu'il faut qu'on en attrape encore beaucoup?»

Peut être comprendrait-il le message, ou pas. Peut être que l'appât du gain lui ferait aller contre les sentiments de la belle plante pour continuer tout de même, quitte à continuer seul?

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Re: Où cherchons-nous… ?

Messagepar Vilal vaen Octanis » 04 Mai 2012, 15:30

Intérieurement, je soupirais de soulagement. Elle semblait aller bien, et c'était l'essentiel. Néanmoins, elle disait aussi être couverte de poison, et il me semblait bien avoir remarqué que cela arrivait souvent quand elle avait une montée un peu trop importante d'émotions. J'espérais donc qu'elle ne disait pas aller bien dans l'unique but de me rassurer, même si maintenant la pression avait dûe redescendre un peu vue que les cochons étaient désormais en cache. Bien sûr, ils devaient encore en rester au travers de la ville, mais ce serait sans doute difficile de tous les appréhender. Et puis… dans le fond et personnellement je m'en fichais un peu dans la mesure où ce n'était pas ma ville, et que nous ne serions sans doute même plus là quand les rues seraient bondées de monde. Au moins, nous avions apportés notre contribution, et c'était déjà ça de prit.

Nous retirions alors notre cape pour enrouler la belle à l'intérieur, épongeant ainsi un peu le poison qui recouvrait son corps. De toute manière, ce n'était pas très grave, ce bout de tissu ne servait qu'à nous couvrir, et au vue de l'état dans lequel il était, nous n'allions sans doute pas tarder à nous en procurer un nouveau.

« On va s'arrêter là je pense. » Nous étions parfaitement calme, jetant un rapide coup d'œil en contrebas pour voir les bêtes tourner en rond, sans doute déçues de ne plus pouvoir se mettre quelque chose sous la dent. « D'ici que leur petite fête commence, ils auront sans doute encore besoin de cochons pour nettoyer les rues. Vu qu'elles vont sans doute ce salir de nouveau d'ici là… »
Nous nettoyons un peu mieux le corps de la jeune plante, retirant les traces de boues, sans pour autant trop toucher aux endroits susceptibles d'être couvert de poison : il suffirait que le tissu en soit imbibé et nous pouvions dire adieu à nos sens l'espace de quelques longues minutes… Et nous n'avions pas particulièrement envie de nous retrouver dans le même état que ce porc qui l'avait mordu tout à l'heure.

Une fois qu'elle était à peu près propre, nous plongions à nouveau notre regard dans le sien. Elle semblait un peu mélancolique, et nous nous interrogions sur la raison de ce malaise… D'un autre côté, elle ne devait pas être habituée à la civilisation si l'on pouvait dire que cet endroit était réellement civilisé alors effectuer des petits boulots ne devait pas vraiment être dans ses habitudes, loin de là. Cela pouvait donc être épuisant lorsque l'on était pas habitué, surtout que les Picaris n'étaient pas non plus réputés pour avoir une constitution très importante.

« Tu as une idée de ce que tu veux faire maintenant ? » Notre voix était un peu plus calme, légèrement plus douce même. « Tu veux te balader un peu en ville ? » Mais déjà, dans un premier temps nous revenions la prendre dans nos bras, la gardant pour le moment dans l'haillon qui nous servait de cape, et nous descendions souplement de l'autre côté, relâchant la belle en nous assurant avec qu'elle pouvait tenir sur ses jambes. Les passants nous regardaient étrangement, mais nous en faisions abstraction, jugeant plus important l'état de santé de Belladona. « Mais dis moi… Tu t'occupais comment avant ? » Là, ce n'était clairement pas moi qui parlait, mais bel et bien mon double. « Enfin, j'veux dire… J'suis pas idiot au point de savoir que les fleurs bougent pas beaucoup. Mais l'avantage des Picaris est quand même qu'ils peuvent bouger librement. 'fin, je sais pas grand chose à leur sujet, et je me demandais, c'est tout. »
Il était tout de même un peu étrange que mon double s'intéresse ainsi à elle, et je me demandais bien ce qu'il pouvait avoir en tête. Techniquement, la même chose que moi, puisque nous étions la même personne, mais j'avais bien souvent l'impression qu'il n'interprêtait pas mes désirs de la même manière, loin de là… Si j'avais encore ma mémoire, j'aurais sans doute été en mesure de mieux le comprendre, mais actuellement, il restait pour moi un mystère des plus complet. Aussi, je continuais donc d'observer, aussi bien afin d'en savoir plus sur moi-même que sur Belladona.

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Messagepar Belladona » 04 Mai 2012, 18:41

Les jambes toujours ramenées contre elle, la picaris sourit doucement à l'attention d'Octanis lorsqu'il mit son manteau autour de ses épaules, on pouvait lire une certaine tristesse dans son regard, mais elle essayait de le cacher comme elle pouvait en souriant. Il lui avait alors annoncé qu'ils allaient y aller et que ce serait suffisant pour aujourd'hui. Elle se laissa enlacer par l'orphe qui la souleva pour la ramener sur le plancher des vaches, elle s'était blottie contre lui avec douceur, appréciant la façon dont il prenait soin d'elle alors que normalement, il ne devrait pas être autant attaché à elle que Vilal. Une fois au sol, il lui demanda ce qu'elle voulait faire, baissant les yeux quelques secondes, elle ne prêtait pas attention aux regards qu'on leur portait

«Je ne sais pas trop. Il faudrait retrouver ce garde pour lui dire combien on en a attrapé si tu veux récupérer les ores?» - elle n'avait pas vraiment besoin d'argent de son côté, après tout, elle était herboriste, et même si elle n'avait pas trop besoin de travailler car il n'y avait pas tant de gens que ça qui croyaient au pouvoir des plantes. Levant ses yeux d'or vers Octanis, elle se sentit envahie d'un peu d'énergie à le savoir si proche... elle se rendait compte probablement qu'elle s'attachait à lui aussi, après avoir passé toute une journée à ses côtés, il lui avait montré ne pas être le monsieur désagréable et dur qu'il était à leur première rencontre.

Ils se mirent en route, la conversation continuant sur ce qu'elle faisait d'ordinaire de ses journées, elle baissa la tête pour réfléchir, c'est vrai qu'elle ne faisait pas grand chose en général, mais l'avantage d'être une plante était qu'elle n'avait pas trop de notion d'ennui. Elle pouvait rester des heures sans rien faire, juste à regarder ce qui se passait autour d'elle, même en pleine forêt.

«Et bien... je travaille à l'herboristerie, alors je passe beaucoup de temps à chercher quelques plantes, il faut que je fasse attention à la façon dont je les cueille pour ne pas leur faire mal, toujours laisser de jeunes pousses pour assurer la descendance. Selon les espèces, ça me prend du temps. Mais sinon, je ne fais pas grand chose, je reste souvent allongée au soleil ou près d'un cours d'eau! » - elle n'avait pas levé les yeux de toute la conversation, elle ne savait pas si ce qu'elle avait l'habitude de faire était normal pour un picaris, pas plus que pour un humain, aussi elle n'osait pas trop s'exprimer de peur de paraître ridicule, elle l'était souvent il fallait le reconnaître, même si Vilal ne le dirait jamais.

«Même si les picaris peuvent se déplacer, de ce que je sais, ils restent la plupart du temps au même endroit, ils ne bougent que pour s'installer dans un endroit plus confortable, selon les saisons par exemple. Je suppose qu'il y en a qui aiment voyager, mais ceux que j'ai déjà rencontré avaient tendance à rester sur place quand même.»

Elle leva timidement les yeux vers Octanis jusqu'à ce qu'ils aient rejoint enfin le garde qui leur avait confié la mission

«Oh! Monsieur! C'est nous!» - elle se figea un instant et se tourna vers l'orphe, l'air un peu confus... «Euh.. on en a attrapé combien au fait?»

Même si elle savait compter, elle ne se souvenait plus du tout du nombre de cochons qu'ils avaient ramenés dans l'enclos.

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Re: Où cherchons-nous… ?

Messagepar Maître du Jeu » 06 Mai 2012, 15:58

Le soldat tourna mollement la tête et fronça les sourcils. Qui donc osait s'adresser à lui sur ce ton ? Il était soldat du Roi lui, on lui devait le respect. Non mais... Pour qui se prenait-elle cette... cette... Cette plante verte ? Reconnaissant la Picaris de tout à l'heure, le garde se détendit. Oui bon, celle-ci était excusée. Elle ne pouvait pas savoir la pauvre, elle devait sortir tout droit de sa forêt. Son copain chat aussi d'ailleurs. Secouant un peu la tête d'un air résigné, il leur fit l'honneur de venir vers eux, se faisant la réflexion que son métier l'obligeait à des concessions parfois dégradantes. Enfin, il fallait bien faire son travail... et eux venaient d'en faire un pire que le sien. Rattraper des cochons, pensez-vous ! Ils devaient vraiment être sans le sou pour s'acquitter de si basses besognes.

« Montrez-moi ça, je vais les compter. » Demanda-t-il sans enthousiasme ni mépris.

La routine du métier semblait avoir aspirée jusqu'aux intonations de sa voix. Il passa près des deux jeunes gens en faisant bien attention de ne pas les toucher. Compte tenu de leur état, ils seraient capables de salir son bel uniforme qui faisait se pâmer les filles et rêver les petits garçons. Ses bottes cirées provoquaient des « flosh-flosh » dans la boue alors qu'il avançait vers l'enclos, les grognements des cochons lui parvenant de loin.

« … trois, quatre, cinq. » Compta-t-il à voix haute, persuadé qu'aucun des deux ne savait le faire.

Bon, c'était déjà ça de moins qui traînerait dans les rues, car à l'allure où les volontaires se pressaient pour nettoyer Ephtéria de ses porcs, la tâche finirait bien par retomber sur les soldats à un moment ou à un autre. De ça, il en était persuadé... Et étant donné qu'il était soldat, il serait forcément de la partie !

« C'est pas mal, merci pour votre aide. Cela fera quinze Ores pour chacun : dix pour avoir aidé et un Ore par cochon. Sayah vous versera votre prime très bientôt. »

Il vérifia que la porte de l'enclos était bien fermée et se retourna vers ses deux volontaires couverts de boue. La capeline de Belladona ne ressemblait plus à rien. S'il était rentré dans un état pareil lui, sa femme l'aurait tué. Il eut quand-même un sourire. Elle était rigolote comme plante, elle avait l'air toute joyeuse d'avoir réussi sa mission.

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Re: Où cherchons-nous… ?

Messagepar Vilal vaen Octanis » 15 Mai 2012, 08:48

Nous écoutions tout ce que la belladone avait à dire, assimilant chaque information sans même pouvoir l'oublier. Vraiment, son existence était si… paisible. En soit, cela devait vraiment être ennuyeux comme vie, mais c'était à la fois ce qui la rendait si fascinante. Contrairement à nous autre, elle ne se souciait aucunement de biens matériels, d'un quelconque confort ou même encore de plaisir. Elle vivait simplement, et c'était ça qui était réellement impressionnant. Pourtant, comme elle était dotée d'une conscience lui étant propre, et également d'une certaine intelligence, on aurait pût penser qu'elle allait vouloir s'adapter au mode de vie des autres espèces, prendre goût à tout ce dont nous étions si dépendants, et pourtant… La seule chose qui semblait avoir changée, c'était l'affection qu'elle nous portait, et qu'elle ne voudrait probablement échanger pour rien au monde. C'était sans doute la seule attache qu'elle avait, le seul désir qui brûlait à l'intérieur d'elle, à tel point d'avoir décidée de changer entièrement sa façon de vivre, et d'avoir souhaité vivre aussi longtemps que nous… Nous ne pouvions même pas la sermoner pour ça, puisqu'au final nous étions nous même la cause de ce changement.

Nous allions lui poser une autre question au moment où elle interpella le garde de tout à l'heure, aussi nous décidions de remettre cela à plus tard, au moins le temps de voir la fin de cette interlude. Naturellement, nous étions craintif à l'égard de cet individu, restant sur nos gardes en nous apprêtant à lui sauter à la gorge à la moindre occasion, de saisir son arme et de la retourner contre lui. Mais nous ne trahissions rien, restant d'apparence parfaitement calme et amical. Nous le laissions donc se hâter à la tâche de… compter ? Il devait être un peu idiot pour ne pas remarquer du premier coup d'œil qu'il y avait cinq bêtes dans cet enclos, mais nous ne pouvions sans doute pas lui en vouloir pour ça, après tout ce n'était qu'un garde, un simple élément du décor qui n'avait d'autre occupation que de surveiller le bon déroulement des événements dans cette ville.

Il nous remerciait alors pour notre bienveillante coopération, et d'un bref hochement de la tête nous décidions toutefois de faire preuve d'un minimum de courtoisie à son égard puisqu'il n'avait aucunement été offensant à notre encontre.

« Bon courage pour la suite, et bonne journée. » Puis nous nous murions à nouveau dans le silence, ne jugeant pas utile d'en ajouter plus. Sans parler du fait que nous ne voulions pas non plus trop attirer l'attention sur nous avec cet avis de recherche sur notre tête, il serait malheureux que quelqu'un puisse profiter de cette récompense.

Nous emmenions donc la jeune plante un peu à l'écart, lui prenant la main pour ne pas la perdre et parce que cela avait un côté romantique. Bon, certes cela devait être une notion bien abstraite pour elle, mais le simple fait de sentir notre contact devait lui être plaisant et rassurant, car au beau milieu de ce beau monde, elle devait être un peu perdue, même si elle paraissait bien souvent avoir une capacité d'adaptation assez… impressionante. Nous nous approchions donc d'un jardin publique, car c'était sans nul doute l'endroit le plus adapté pour une personne comme elle, et car au moins c'était un peu plus isolé. Par un temps pareil, aussi nuageux, il n'y avait pas non plus foule, et pour les quelques personnes qui étaient là, ils n'avaient même pas intérêt à nous chercher des crosses sinon ils allaient être justement acceuillis à coup de crosse. Mais au lieu de nous diriger vers un banc, nous préférions aussi bien pour elle que pour nous l'emmener au beau milieu de l'herbe, nous installant là, à même le sol. C'était au beau milieu d'une plaie verdâtre que nous l'avions rencontrée, et cela offrait donc un petit côté nostalgique… Mais mon double devait sentir mes pensées, car il aborda justement le sujet.

« T'as d'la chance, je suis d'humeur : je vais te parler un peu de Vilal, mais je te prévions c'est loin d'être tout rose. » Il utilisait vraiment des expressions un particulière, et je craignais qu'elle n'arrive pas toujours à saisir ce qu'il disait. « Tu n'es pas sans savoir que nous sommes deux dans ce corps. Ça a toujours été comme ça. Enfin, presque. » Il prenait une légère inspiration, mais je doutais vraiment qu'il soit du genre à faire ça pour se donner consistance. « Technique, ce corps est le mien, Vilal n'en a tout simplement pas. Il vit au travers de moi, et avant qu'il perde la mémoire, ce n'était que dans un seul et unique but : tuer. Je te rassure tout de suite, c'est pas nécessairement aussi violent que ça en à l'air. » Est-ce qu'il… disait vrai ? J'avais l'impression que je savais déjà où il voulait en venir, mais la suite m'effrayait tout de même. « Son seul désir était de tuer. Il tuait chacune de mes émotions, car au final c'était ce que je voulais. Il tuait chaque chose que je désirais, car c'était là aussi ce que je voulais. Il ne faisait qu'agir dans mon intérêt, car il était tout simplement la part de meurtre en moi, le côté sombre si tu préfères. Ce n'est même pas de sa faute, personne ne peux le blâmer pour ça, c'est tout ce qu'il est et tout ce qu'il ressent. Et finalement, si tu nous a retrouvée dans cette plaine, c'est parce qu'il avait essayé de se tuer, car mine de rien j'aimais cette part de moi, même si je devrais dire de nous. Malheureusement, c'est bien la première fois qu'il échouait dans quelque chose, et il est tout simplement devenu amnésique. »
J'étais… sous le choc. J'avais presque un mal fou à le croire… Enfin, à me croire. Mais pourtant, au fond de moi je savais qu'il disait vrai, qu'il n'avait tout simplement aucun intérêt à mentir. Et si je comprenais bien, dans la mesure où je tuais tout ces désirs, je m'étais tué moi-même car il désirait justement le meurtre… ? C'était vraiment quelque chose de paradoxale, et je ne comprenais vraiment pas pourquoi il disait cela à Belladona. Déjà pour moi qui était censé me connaître, j'avais un peu de mal à comprendre, alors pour elle… Mais encore une fois, il devait sentir la moindre de mes pensées, la moindre chose que je ressentais car déjà, il reprenait la parole.
« Tu comprends sans doute pas tout, mais je te demande pas de tout saisir. Je voulais simplement être honnête avec toi. Et… te demander un service. » Même lui, même Octanis qui était d'habitude si confiant et si sûr de lui, il semblait hésiter. « Ne le laisse pas redevenir ce qu'il était. Tu vas peut-être trouver cela cruel alors que c'est tout ce qu'il cherche, mais il ne doit pas redevenir ce qu'il était autrefois. Il a le droit de savoir, mais par n'importe quel moyen tu dois l'empêcher d'être le même qu'avant. Et si je te demande ça, c'est car tu es la seule qui a réussie à le rendre comme il est aujourd'hui. Moi-même, alors qu'il est pourtant censé être moi, je n'y suis pas parvenu… »
Nous détournions le regard, sans pour autant lâcher la main de la jeune pousse. Je ressentais son malaise, mon propre malaise. Et lui dans tout ça ? C'était notre corps ! Ses désirs, qu'est-ce qu'il en faisait ? D'accord, toute notre vie je n'avais fais que vivre pour lui, mais est-ce qu'il devait donc renoncer aussi facilement maintenant que j'étais là, différent, avec mes propres sentiments ?! Je voulais intervenir, mais il ne me laissait pas faire. Je voulais prévenir Belladona de lui demander ce qu'il comptait faire, mais je ne pouvais tout simplement pas, et j'avais donc l'impression qu'il me plantait un pieu en pleine poitrine. Que je me plantais ce pieu tout seul… J'espérais simplement qu'elle penserait à lui demander, je ne pouvais que m'en remettre à elle à cet instant…

Nous revenions poser notre regard sur le sien, lui souriant doucement. Nous la trouvions vraiment belle, encore plus qu'avant même. Est-ce que c'était parce qu'elle avait perdue quelques années, ou bien parce que le temps faisait que nous ressentions de plus en plus de chose à son égard ? Peut-être les deux… Notre autre main venait doucement se glisser jusqu'à son visage, caressant délicatement sa joue du bout du pouce alors que même Octanis semblait s'attendrir devant cette magnifique œuvre de mère nature. Notre sourire s'accentuait alors un peu plus.

« Désolé, pourquoi je te parle de ça. Tu dois pas trouver cette histoire super intéressante ! Hé hé. » Finalement, toujours fidèle à lui même. Il essayait comme il le pouvait de faire en sorte que la situation redevienne normale, mais moi je ne pouvais pas oublier les paroles qu'il avait prononcé avec notre corps. Je ne devais pas les oublier…

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Messagepar Belladona » 15 Mai 2012, 16:43

Le garde avait été plutôt méfiant au premier abord, puis il s'était mis à compter les cochons, regardant surtout si derrière le plus gros, il n'y en avait pas un plus petit qui se planquait! Puis il leur remit quelques ores en paiement de cette petite mission qui avait été assez longue pour pas grand chose finalement!

En tout cas, la picaris n'ayant pas vraiment besoin d'argent avec sa boutique qui fonctionnait plutôt bien, ne s'offusqua pas de la faible récompense et fut contente de voir qu'Octanis était gentil quand il voulait! Aussi se trouvait-elle plutôt guillerette malgré la fatigue, et avait donc saisi la main de l'orphe avec une certaine tendresse dans le regard alors qu'elle tournait ses yeux d'or vers lui. D'une certaine manière, elle aimait de plus en plus Octanis, parce qu'il ne se comportait pas comme au début quand elle l'a connu! Il avait l'air méchant et grognon là où Vilal était toujours doux et gentil avec elle... mais il changeait un peu, et dans la mesure où la fidélité n'était pas encore une notion très précise dans sa tête, elle ne pouvait pas vraiment savoir quoi penser de tout ça.

Ils étaient arrivés dans une sorte de grand jardin, et la belle plante fut ravie de voir qu'Octanis la conduisait directement sur l'herbe! Elle portait toujours sa capeline, aussi elle s'installa simplement en tailleur, position peu élégante probablement, mais plus confortable et de toute manière, sans le vouloir, le vêtement camouflait tout ce qu'il y avait à cacher. Faisant attention à ne pas écraser de fleurs sous son poids, elle commençait à regarder autour d'elle avec un certain intérêt, cherchant papillon, fleurs ou oiseaux en tout genre jusqu'à ce que l'orphe reprenne la parole et décide de lui parler de Vilal.

Son regard se mit alors à pétiller, et elle se pencha vers lui, étant plutôt attentive bien qu'une abeille passait non loin... mais petit à petit, ce qu'il venait à lui raconter lui faisait peur... Vilal était un tueur? Elle se recroquevilla sur elle-même, le regard triste alors qu'elle ramenait ses genoux contre sa poitrine pour enlacer ses jambes de ses bras, si elle avait eu un cœur, surement qu'il serait très lourd à l'heure qu'il est, mais rapidement, elle ne comprenait plus grand chose, ayant perdu sa concentration.

Elle n'avait pas dit le moindre mot de tout le récit, car il y avait une seule et unique chose qu'elle avait retenu: Vilal tuait ce qu'il aimait. Aussi, si elle comprenait bien, il allait devoir la tuer. Le problème était que sa vie était désormais liée à la sienne, et la picaris se demandait s'il viendrait à mourir en la tuant? Elle ne savait pas trop, aussi pour l'instant ses pensées étaient tournées sur la perspective de fuir, de fuir très loin, pour qu'il puisse vivre, et elle aussi d'une certaine manière, mais rapidement Octanis lui demanda quelque chose, et elle sortit de ses pensées pour le regarder, bien que son regard était désormais profondément triste...

«Oui?» - elle voyait bien qu'il avait du mal à s'expliquer, mais il lui demandait de faire en sorte que Vilal reste celui qu'il était aujourd'hui, elle baissa alors tristement les yeux, regardant ses orteils qui se glissaient dans l'herbe sans provoquer la moindre chatouille, elle gardait un regard plutôt fixe, ne sachant pas vraiment quoi répondre.

«Et si je n'y arrive pas? Si Vilal redevient celui qu'il était... il me tuera non?» - elle ne s'était même pas tournée vers lui pour lui poser la question. D'une certaine manière, ce n'était pas tout à fait vrai puisque c'était Vilal qui l'aimait, non Octanis, et Vilal tuait ce qu'Octanis aimait... mais elle n'avait pas tout compris là dessus, d'où sa réflexion. Elle se tourna alors vers lui, mais ne le regardait toujours pas.

«Et toi? Si tu voulais qu'il tue ce que tu aimes, c'est que tu le voulais bien non? S'il ne le fait plus, tu ne vas pas être malheureux?»

Elle aurait probablement pleuré si elle avait pu, mais la profondeur de son regard en disait long sur la peine qui l'envahissait. Jamais elle n'avait eu aussi mal, et comme la plupart de ceux de sa race, elle voulait fuir. Elle n'était pas courageuse, ce n'était pas le genre d'être qui allait se battre par amour, cherchant toujours à fuir pour se préserver et même pour préserver ce qu'elle aimait.

«Moi je vous aime tous les deux, et je ne veux pas que vous soyez malheureux, ni l'un ni l'autre. Il vaudrait peut être mieux que je m'en aille très loin, comme ça Vilal ne voudra pas me tuer.» - car mine de rien, elle se doutait que Vilal serait triste de devoir la tuer sous prétexte que c'était ce qu'il devait faire! Et il y avait ce risque qu'il meurt en agissant ainsi. Elle posa sa tête sur ses genoux, ne sachant pas quoi faire. Réfléchir, ce n'était pas son truc, elle n'était pas intelligente, elle n'était pas maligne, elle n'était pas capable de trouver une solution à ce que lui demandait Octanis. Elle pouvait seulement fuir, fuir très loin et ne jamais revenir...

«Je sais pas comment je pourrai faire. Je ne sais pas si je vais aimer Vilal s'il redevient lui-même, et si je ne l'aime plus, je vais encore t'aimer toi, et donc il me tuera! Je sais pas, je veux m'en aller... je sais pas... je sais pas...»

Elle posa son front sur ses genoux et se balança d'avant en arrière, en répétant encore et encore «je sais pas» sans rien pouvoir dire d'autre. Fuir. Elle pouvait fuir très loin grace à la perle dans ses cheveux, elle pouvait disparaître là, tout de suite, pouf! Très loin! Chez les Yellestranes peut-être, elle serait en sécurité là bas puisqu'elles n'aimaient pas les hommes, elles ne laisseraient pas Vilal approcher, surtout si la picaris le décrivait, mais est-ce qu'elle pourrait vivre maintenant loin de lui? Elle ne savait pas et elle ne faisait que répéter encore et encore ces mots...

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Re: Où cherchons-nous… ?

Messagepar Vilal vaen Octanis » 16 Mai 2012, 17:43

La réaction de la belladone n'était pas si surprenante, après tout n'importe qui aurait pût prendre peur en entendant un tel récit. Mais à dire vrai, nous avions espéré l'espace d'un instant que comme elle n'était justement pas comme tout le monde, elle parviendrait à passer au-delà de cette frayeur, et qu'elle pourrait donc comprendre… Mais comme tout le monde, cela ne l'empêchait pas d'être fragile psychologiquement, et donc d'avoir du mal à accepter cette histoire avec autant de facilité. D'un autre côté, moi-même j'étais encore sous le choc de l'information, ayant du mal à croire que j'avais pût être… une telle chose. Et pourtant, il m'aurait suffit de regarder mon physique : mes muscles et mes cicatrices, tout cela devait résulter d'un entraînement et d'un passé certainement douloureux pour que je sois ainsi forgé. Et puis, j'avais des réflexes qu'un être humain normal n'aurait sans doute pas de lui même à moins bien sûr de développer un nouvel instinct de survie… Maintenant que je le savais, il y avait tellement d'éléments qui auraient dû me mettre la puce à l'oreille, mais j'avais tout simplement été aveugle…

En tout cas, elle semblait clairement paniquée, et je devais admettre ne pas aimer cela, surtout quand on voyait de quelle manière elle réagissait. À cet instant, je ne savais pas si c'était mon cœur qui se resserrait ou bien celui de mon double, mais après tout cela ne faisait clairement aucune différence : lui comme moi n'aimions visiblement pas la voir ainsi. Et puis, elle pouvait être tellement imprévisible par moment que cela rendait cet instant encore plus stressant. Notre rythme cardiaque semblait s'emballer un peu plus à chaque instant, mais nous la laissions continuer, dévorés par ce regard triste qu'elle avait… C'était comme si la voir avec autant de peine suffisait à nous figer, à calmer la bête que nous étions, à nous paralyser totalement alors que pourtant, elle ne faisait concrétement rien qui en aurait été capable… Elle avait une telle influence sur nous, une force qu'elle était la seule à pouvoir dompter, et je comprenais ainsi nettement mieux où voulait en venir mon alter égo : si j'avais toujours été la bête meurtriére que j'étais autrefois, je n'aurais jamais réagis de la sorte, je serais tout simplement resté parfaitement impassible face à cette scène, et j'en étais donc certain, elle était bien la seule à pouvoir me calmer. Et puis… ses mots avaient très certainement un effet dévastateur sur notre esprit : sa voix était si douce, et même pleine de tristesse elle ne pouvait pas nous laisser de marbre. Justement, c'était sans doute car à cet instant elle semblait si abattue que nous ne pouvions que réagir ainsi, nous sentir si faible face à elle, alors que pourtant elle ne serait sans doute jamais capable de nous blesser, nous qui étions si fort… Sans parler des termes qu'elle choisissait, qu'elle nous dise nous aimer, ne pas vouloir nous rendre malheureux, et pourtant ne pas savoir quoi faire…

Nous nous rapprochions alors doucement d'elle, déposant nos deux mains devant nous, avançant presque à quatre pattes jusqu'à nous retrouver bien proche de la jeune plante. À partir de là, maintenant à genoux, nous la prenions doucement dans nos bras afin de la rassurer, lui caressant délicatement le dos de la main gauche et le dessus du crâne de la droite. Nous nous fichions pas mal qu'elle utilise son poison pour nous repousser, nous ne pouvions pas la laisser partir comme ça, ce serait tellement stupide…

« Attends… » Notre voix se voulait extrêmement douce, nous n'avions clairement pas envie de l'effrayer plus qu'elle ne devait déjà l'être. « Si je dis que tu es justement capable de faire en sorte qu'il ne redevienne pas comme avant, ce n'est pas pour rien. » C'était comme si il avait tout prévu depuis le début, à tel point que cela en était cruellement manipulateur. « Il n'est déjà clairement plus le même qu'avant : autrefois, il ne ressentait qu'une seule et unique chose, le meurtre. Mais maintenant, et je peux te l'affirmer car il est une part de moi, je sens bien qu'il y a tout un tas d'autres émotions en lui, et notamment l'une de celles qu'il t'a apprise, la plus importante même, l'amour. » Et pour une fois, je sentais bien qu'il n'était pas à l'aise pour parler de tout ça, bien que je n'arrivais pas encore à cerner la cause de ce malaise. « Et quand bien même il se souviendrait de tout, maintenant il y aurait toutes ces autres émotions qui l'empêcherait de tuer. Mais tout ça, c'est grâce à toi, et à personne d'autre. Alors tu es bien la seule qui peux le garder ainsi. »
Je comprenais un peu mieux où il voulait en venir. En soit, chaque être humain avait en lui tout un tas d'émotions, le meurtre y compris. Seulement, ce qui empêchait les gens de céder à cette pulsion, c'était justement les autres sentiments qu'ils ressentaient. Mais moi, j'étais clairement différent : dans la mesure où je ne connaissais que cela, je ne pouvais vivre qu'en voulant agir pour cela, et je n'avais eu aucune barrière pour me gêner. En fin de compte, c'était seulement un mauvais coup du sort si j'avais été ainsi, je n'aurais très bien pût vouloir exprimer qu'une seule et unique chose, comme par exemple l'amusement. Mais expliquer tout cela à la jeune plante pour le moment aurait sans doute été un peu compliqué dans la mesure où elle avait encore du mal à cerner ce qu'elle ressentait elle même.

Finalement, nous reculions doucement, l'attrapant par les épaules pour la regarder droit dans les yeux, ne pas détacher nos pupilles des siennes. Nous devions un peu avoir le même air qu'elle à cet instant, un regard triste que ne sillait guère aux yeux habituellement bestiale de mon autre personnalité. Mais il fallait croire que même lui avait ses faiblesses, des moments où il n'était pas capable de rester celui qu'il était habituellement.

« Je l'ai beaucoup trop privé d'une existence normale… Maintenant, c'est à lui de découvrir ce que c'est de vivre vraiment. » Il posait alors sa main droite sur la chevelure de la belle plante, lui ébouriffant légèrement les cheveux pour chercher à la rassurer. « T'en fais pas, je vais pas disparaître, je repasserais quand même pour dire bonjour. Mais c'est à lui de découvrir ce que c'est que vivre… Et à toi de le lui faire découvrir. Tu as beaucoup de choses à lui apprendre tu sais ? » Puis, sans vraiment lui laisser le temps de répondre, nous venions l'embrasser, pensant que c'était le geste le plus approprier pour vraiment lui redonner confiance. Nous agissions avec douceur et tendresse, ne cherchant pas à la brusquer, mais tout simplement à lui faire comprendre que ses craintes n'avaient pas lieu d'être. Je fermais doucement les yeux, puis…

…puis je les rouvrais, ne sentant plus la présence d'Octanis. J'avais de nouveau le contrôle de mon corps, et je pouvais cette fois-ci sentir toutes ces émotions me submerger. Si j'en croyais ce que disait mon alter égo, c'était bien la première fois que je ressentais des émotions, alors autant à la fois, et surtout si forte, j'avais l'impression de sentir quelque chose d'étrange au niveau de mon visage. C'était… humide, et tiède. Ça ne faisait pas vraiment mal, je pouvais même dire que j'avais comme l'impression que ça me soulageait, mais je n'avais jamais ressentit ça de toute ma vie, je le savais… Je ramenais une main au niveau de mon visage, touchant cette anomalie, pour finalement me rendre compte que c'était… de l'eau ? Est-ce que j'étais en train de pleurer ? J'avais déjà vu des larmes de ma vie, mais jamais sortant de mon corps, à tel point que j'avais toujours pensée que je n'en étais pas capable… Du moins, c'est ce dont je me rappelais en me voyant ainsi dans cet état. Je prenais donc Belladona dans mes bras, murmurant calmement, mais avec néanmoins une pointe d'angoisse dans la voix :

« Ne me laisse pas, s'il te plaît… Je te promet que je ne serais plus celui que j'étais avant… » Mais ce n'était que des mots, et elle pourrait très bien ne pas vouloir les entendre… Pourtant, je n'avais jamais été plus sincère.

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Re: Où cherchons-nous… ?

Messagepar Belladona » 16 Mai 2012, 19:43

Ce mot ne cessait de revenir, encore et encore dans sa tête... «tuer». Vilal n'existait que pour ça, et la picaris n'avait désormais plus que ce mot horrible qui refusait de la laisser tranquille. Totalement prostrée, elle paraissait comme en transe, n'écoutant plus vraiment ce qu'Octanis lui disait bien qu'en réalité il ne parlait simplement pas, visiblement effrayé de voir une telle réaction chez la jeune plante. Elle fixait l'herbe devant elle, comme si cette vision avait quelque chose de rassurant avec le destin qui l'attendait. Lorsque Vilal se souviendrait, il saurait qu'Octanis tenait à elle, peut être pas autant que lui, mais qu'il tenait à elle tout de même et voudrait donc la tuer.

Elle ne savait pas, elle ne savait plus, elle ne comprenait pas. Elle n'était qu'une plante, les émotions, les sentiments, les sensations, tout cela était nouveau pour elle, et comme toutes les fleurs, elle devait se protéger, l'instinct de survie était plus fort que tout et là, la seule pensée qui lui venait à l'esprit était donc la fuite.

Devait-elle partir là? Elle n'avait pas ses affaires avec elle, tout était dans la chambre, mais avait-elle besoin des quelques ores qui s'y trouvaient? Louis gardait la majorité des recettes de la boutique, et ne lui laissait qu'une part pour le cas où, mais cet argent était tout de même à elle, là bas, aussi elle pouvait partir là, comme ça. Et pourtant elle ne bougeait toujours pas.

Puis il y eut du mouvement, l'herbe semblait se déplacer près d'elle, les ombres se jouaient aussi des quelques fleurs éparses jusqu'à ce que son champ de vision soit obstrué par quelqu'un qui se plaçait devant elle. Et pourtant, elle ne regardait toujours rien, jusqu'à ce que les pupilles fendues se baissent pour qu'elle puisse y plonger son regard d'or. Jamais elle n'avait vu Octanis manifester de la peine, ou peut être de la peur, elle ne savait pas ça non plus, elle ne pouvait pas savoir, elle n'était qu'une plante stupide qui ne comprenait rien... et Octanis le confirmait en lui disant qu'elle ne comprenait pas ce qu'il avait voulu dire, que Vilal avait déjà changé grace à elle, et que même si elle en doutait, elle était capable de faire en sorte que Vilal ne redevienne pas comme avant.

Elle leva alors un peu plus les yeux pour le regarder, sa peau semblait presque brunir, mais ce n'était qu'une illusion, elle n'était pas fatiguée, ni assoiffée ni même affamée, au pire elle aurait pu planter ses lianes dans la terre si cela avait été le cas, juste une manifestation de cette peine ignoble qui la pourrissait de l'intérieur, au sens propre du terme probablement. Elle ne dit pas un mot, Octanis semblait mal, vraiment mal de lui imposer cela, il ne s'était surement pas attendu à ce qu'elle réagisse ainsi, se disant qu'elle au moins comprendrait puisqu'elle n'avait pas toutes ces pensées d'ordinaires humaines qui la tortureraient, mais cela avait été l'inverse, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait, elle avait encore plus peur, non seulement de Vilal, mais aussi de cette donnée inconnue qu'on lui imposait et qu'elle ne comprenait pas.

Elle essaya de parler, mais n'y arriva pas, pas tout de suite. Octanis faisait de son mieux pour la rassurer, mais cette attention lui faisait finalement encore plus peur, et elle se décida alors à ouvrir la bouche pour de bon

«Et si tu finis par m'aimer? Et si je finis par t'aimer aussi? Ne va t'il pas me tuer parce que tu m'aimes justement? Ou parce qu'il pensera que je ne l'aimerai plus? Tu me demandes de mourir pour vous...» - elle ne réussit pas à finir sa phrase. Pourrait-elle mourir pour eux? Oui, mais si ça pouvait leur sauver la vie, là elle risquait de mourir pour rien du tout, juste à cause de ces sentiments et finalement parce qu'ils sont ainsi, rien de plus. Ils rencontreront alors quelqu'un d'autre et tout recommencera! Vilal détruira ce qu'Octanis aime et plus jamais ils ne se souviendront d'elle, alors qu'elle aura liée sa vie à la leur...

Elle vint poser son front sur ses genoux, elle avait mal. Elle ne connaissait pas cette sensation, il lui avait appris pleins de choses, mais pas ça, et elle aurait préféré qu'il ne le lui apprenne pas. Il s'approcha alors un peu plus, posant ses mains sur ses épaules pour lui expliquer un peu mieux, disant qu'il était prêt à laisser Vilal vivre un peu, et probablement voulait-il dire qu'il ferait de son mieux pour ne pas interférer entre eux, faire en sorte qu'elle n'aime que Vilal comme elle l'avait dit au début, qu'ils vivent tous les deux, qu'ils découvrent ensembles ce que la vie pouvait leur offrir... elle leva alors les yeux vers lui, mais rien ne semblait pouvoir faire disparaître cette profonde tristesse qui l'envahissait, c'est alors qu'il vint l'embrasser et elle voulut le repousser, pourtant elle n'y parvint pas, ses mains avaient peut être esquissé un léger mouvement, mais rien.. elle se laissa faire, comme un adieu avant de disparaître, mais lorsqu'il recula pour plonger de nouveau son regard dans le sien...

Il était revenu.

Elle eut alors peur et voulut reculer, fuir, est-ce qu'il allait se mettre en colère parce qu'Octanis l'avait embrassée? Allait-il vouloir la tuer tout de suite? Mais non, il s'approcha pour l'enlacer en lui demandant de rester, promettant de ne jamais devenir celui qu'il était avant... mais...

«Tu... tu te souviens de tout ce qu'il a dit?» - elle ne bougeait pas, elle avait étendu les jambes pour qu'il puisse l'enlacer, inconsciemment ou simplement ne lui avait-il pas laissé le choix sans qu'elle ne s'en rende compte, mais ses mains à elle restaient sur les côtés sans l'enlacer, elle était comme paralysée par la peur et attendit qu'il la lâche, reculant un peu en posant ses mains derrière elle finalement...

«Comment? Comment peux-tu le promettre? Je n'ai jamais aimé personne, mais je ne suis pas sure encore de ce que c'est! Peut être que toi non plus tu ne sais pas ce que c'est en fait et qu'au final, je ne t'ai rien appris du tout! Tu... tu pleures?» - elle ne l'avait pas remarqué, ses fines traces transparentes sur ses joues... elle se recroquevilla sur elle-même, ne supportant pas de le voir ainsi, et d'un coup, c'était comme si la peur avait disparu et elle s'avança d'elle-même pour le prendre dans ses bras, laissant ses bras entour son cou et le laisser ainsi reposer contre sa poitrine, il devait sentir la sève circuler assez vite surement, elle avait du se mettre à genoux pour le tenir ainsi.

«D'accord... je reste.» - elle ferma alors les yeux. Le soleil déclinait un peu et les gens rentraient pour diner ce qui n'était pas plus mal, elle n'aurait pas aimé qu'on leur jette des pierres parce qu'ils s'affichaient un peu trop...

«Rentrons s'il te plait...»

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Re: Où cherchons-nous… ?

Messagepar Maître du Jeu » 15 Sep 2012, 15:02

À quelques mètres, une faction de soldats portant l'uniforme de l'armée du Roi Livian d'Ephtéria les observait sans discrétion. Ils semblaient se concerter comme s'ils cherchaient à savoir si l'un des deux individus installés dans l'herbe était celui qu'ils cherchaient. Quelques hochements de tête plus tard, ils rompirent le petit cercle qu'ils avaient formé pour se diriger droit vers le couple, leurs bottes piétinant l'herbe tendre sous chacun de leurs pas. Si d'ordinaire ces hommes armés jusqu'aux dents faisaient pâlir d'angoisse les victimes sur lesquelles ils fondaient comme des vautours, cette fois pourtant il ne firent preuve d'aucune animosité malgré leur allure déterminée. L'habitude de se déplacer ainsi, sans-doute. En tous les cas – et sans le moindre égard pour les états d'âme de la Picaris ou l'intimité de la scène qu'il interrompaient – ils se plantèrent à deux pas de l'Orphe félin.

« Vilal vaen Octanis ? Vous vous êtes inscrit à un événement organisé par Sayah Cordylus visant à élire le héros de Nideyle. Nous sommes chargés de vous y accompagner, veuillez nous suivre. »

La voix sèche quoi que sans agressivité, l'homme qui venait de parler posa un regard autoritaire sur Belladona tandis que les autres la dévisageaient comme s'ils n'avaient jamais vu de Picaris de leur vie... ce qui était le cas.

« Nous sommes navrés mademoiselle mais vous n'êtes pas autorisés à l'accompagner. Sayah vous le rendra dès la fin de l'évènement. » Promit-il d'un ton presque aussi rude qu'un ours cherchant à se rendre aimable.



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